Entretien avec un presque vampire [Tristan]

[Suite]

Ils abandonnèrent la voiture dont ils avaient « emprunté » les clés à quelques rues de l’immeuble où ils vivaient depuis l’hiver dernier. Le bâtiment était situé dans l’un des quartiers les plus cossus de New-York. Mélo et Lilian se partageaient le même palier, comme à la Nouvelle-Orléans. Ils vivaient au quinzième étage, et les larges baies vitrées du couloir leur donnaient chaque matin une vue étourdissante de la métropole.
- Tu crois qu’il va vraiment nous rejoindre ? demanda Mélo alors qu’il ouvrait la porte de son appartement avec une carte électronique. Son compagnon faisait référence à un jeune homme fraichement rencontré à la bibliothèque. Malgré leur entente très relative, Lilian avait tenu à lui proposer un entretient privé pour discuter de sa mutation.
- Je lui ai donné l’adresse, aucune raison pour qu’il nous abandonne maintenant.

Il s’avança dans la salle de séjour et jeta son trousseau sur la table. Si l’architecture du building était résolument contemporaine, adaptée à l’exigence de propriétaires bourgeois qui ne juraient plus que par une décoration minimaliste faite de blanc et d’acier, l’intérieur de Lilian appartenait à une autre époque. On plongeait soudain au milieu des années folles, dans le salon luxueux et distingué d’un dandy hors du temps. Le parquet était assez travaillé pour ressembler à un vieux plancher, la blancheur des murs était rehaussée par quelques motifs d’un rouge discret et, par effet de contraste, quelques affiches encadrées d’icônes post-punk. Des sculptures donnaient du relief au plafond et le mobilier était, lui aussi, marqué par un charme d’un autre temps. Pour son deuxième appartement, la nostalgie de son manoir en Angleterre l’avait saisie. Perdu dans une ville qu’il ne lui plaisait qu’à moitié, il avait voulu un lieu pour oublier, quelque chose de plus chaleureux que les tendances du moment. Le séjour n’avait rien, cependant, d’une photographie de grand hôtel. Des livres étaient posés, ouverts, écornés, à des endroits aussi divers qu’insolites, les bouteilles et paquets de cigarettes vides s’accumulaient sur la table de marbre blanc. Ses cendriers n’étaient pas vidés, plusieurs vinyles et disques jonchaient le tapis. Cette négligence était peut-être inattendue mais personne ne lui avait tellement appris à ranger. Une femme de ménage remettait de l’ordre une fois par semaine et, de toute façon, Lilian n’était jamais seul très longtemps.

Il débarrassa la table à la hâte, et ouvrit une nouvelle bouteille de chartreuse. La sonnerie tinta alors qu’il prenait place dans un fauteuil en cuir rouge pour se servir un verre. Il ouvrit la porte à l’aide d’une télécommande et attendit en buvant une longue gorgée.
- Alors, tu penses que ce type a le même pouvoir que toi ? demanda Mélo.
- Un don qui s’en approche en tout cas…
- Ce qui est certain, c’est qu’il n’a pas l’air très marrant, et puis son nom d’auteur… Je trouve ça un peu louche, ça sonne pas très fréquentable si tu veux mon avis.
- Hélas, je ne le crains que trop, dit-il dans un sourire. Mais je ressens le besoin d’étudier sa mutation.
- C’est toi qui vois ! Entreeez ! enchaîna son associé en entendant un coup à la porte.

Tristan parut et Lilian composa son visage le plus amène pour l’accueillir. Maintenant que le jeune homme était ici, il s’interdisait le moindre éclat. Son sujet entrait dans le secret et il était par conséquent préférable qu’il gardât une bonne impression des deux compères… S’il en avait seulement une… Un monde entier les séparait. Il était évident que cet individu taciturne n’était rien de plus qu’un pauvre ère qui essayait de se faire une notoriété en dehors de ses activités interlopes. Certains réussissaient, bien sûr. Mais ce dernier lui donnait l’air d’un éternel aspirant, d’une personne trop bloquée dans ses problèmes pour évoluer d’un point de vue spirituel. Il ne ressentait aucune affinité particulière vis-à-vis de lui et, néanmoins, son pouvoir les rapprochait plus qu’il ne se l’avouait. Il savait que ce « Prince Noir » comprendrait des expériences de vie qu’il ne pouvait confier à personne… mis à part à Mélo, qui écoutait et donnait toujours l’air de s’en ficher.

- Tristan ! Je ne t’attendais pas si tôt ! s’exclama-t-il en feignant la surprise. Installe-toi je t’en prie. Tu prendras bien un verre, une cigarette ?

Il accompagna ces paroles en lui tendant un paquet ouvert.

L'orientation en ville est de loin la meilleure compétence de Tristan, qui finit toujours par s'égarer.. Plan ou non, celle ci lui semble aussi compliquée qu'un gigantesque labyrinthe.. Pour illustrer cette affirmation, sa situation actuelle convient parfaitement : Après environs trente longues minutes de passé après avoir quitté les deux hommes, le pauvre enfant des ténèbres se retrouve malencontreusement au beau milieu du centre ville..Sachant qu'il doit se rendre de l'autre coté de la grande pomme, c est le pire qu'il puisse faire.. Parfois, on se demande vraiment comment il se débrouille pour se foutre dans un tel pétrin.. Franchement, pour quelles raisons il est incapable de se retrouver en ville ? C'est vrai çà et sans se vanter, tristan est plutot une personne d'une grande intelligence.. Alors bon, de suivre un plan n'est pas plus compliqué qu'une thèse de philo ou un de ses plus grands dessins.. Peut être mais n'oublions pas qu'il a toujours vécu en pleine campagne et qu'il se rend rarement en ville.. Excuse bidon ? En tout cas, ca ne l'empêche pas de ruminer intérieurement tendis que ses beaux yeux observent intensément une grande pancarte. Sur celle-ci, de nombreuses lignes multi couleurs y sont tracés, ainsi que de beaucoup de noms.. Rien qu'à voir la tête qu'il affiche, on comprend rapidement qu'il ne capte absolument rien de cette fichue carte ! Il a beau se creuser la tête, il ne s'y retrouve pas pour autant.. A tel point qu'il ne parvient même pas à se situer sur ce plan.. Sérieusement, il en a aucune idée et il commence déjà à avoir honte.. Quoi de plus normal entre nous, il y est depuis une bonne dizaine de minutes.. Certes ca ne fait pas beaucoup sur une journée ou sur une heure, mais bien assez pour attirer de nombreux regards.. Oh juste des passants trop curieux qui se demandent ce qu'il fou a rester planter là comme un gland ! Fais un petit effort vieux, grouilles toi un peu ! N'oublies pas qu'ils t'attendent et je commence à en avoir marre d'étre couverte de ridicule ! Raille sans cesse sa conscience, qui n'en peut plus d'attendre.. Apparemment, elle aussi est très désireuse d'en apprendre d'avantage sur ce fameux mutant.. A un point ou elle finit par l'obliger de demander les informations à quelqu'un.. Avec la chance qu'il a, c'est à dire aucune, il doit s'y prendre a quatre fois avant d'y parvenir.. Un homme d'un certain age qui lui explique dans les moindres détails et qui lui donne en plus un autre plan plus facile.. Après l'avoir remercié comme il se doit, tristan retourne rapidement à sa moto en reprenant la route.. Avec les feu rouges, les voitures qui conduissent mal ou trop vite, le chemin ne ressemble pas du tout a une bonne balade en forêt ! Et bah heureusement qu'il a une très bonne raison de faire, autrement il aurait lâché l'affaire depuis longtemps ! On ne peut le nier qu'il l'a fortement pensé pendant un long moment en se disant qu'ils ne sont que des étrangèrs a ses yeux.. Néanmoins cet argument n'est pas a la hauteur pour contrer sa grande curiosité, qui se meurt d'en savoir plus.. Un très long moment sur la route et le voilà enfin arrivé en bas de l'immeuble, ou une certaine satisfaction apparaît sur son visage.. Trois fois rien, juste un petit sourire de coin..

En se garant sur le coté, tristan remarque que le lieu est pas si mal que ca.. Les immeubles sont assez espacés des uns des autres et il y a une certaine belle vue.. Malheureusement, le temps ne lui permet pas de s'y attarder trop longtemps.. Alors quoi il s'empresse de monter a l'étage de l'appartement de lilian, avant de taper une fois comme un bourrin.. A première vu la porte est déjà ouverte comme l'ami de ce cloporte lui ordonne d'entrer.. Ce qu'il fait en remarquant que les pièces sont totalement opposées au reste de l'immeuble ! Émerveillé de cette décoration lui faisant rappeler l'ancienne époque, le prince noir se délecte pleinement des détailles qui se présentent a lui.. Néanmoins et le point noir c'est cette odeur de cigarette qui plane dans l'air.. Pas très agréable pour un non fumeur, qui ne tarde pas a rejoindre les propriétaires de ce lieu hors de commun.. Dès lors, Lilian lui propose une clope et une boisson.. La clope pour tristan ? Jamais de la vie ! Cependant et n'ayant beaucoup sué durant le trajet, il ne dit pas non.. Mais avant sa demande, il se pose tranquillement sur un siège en posant ses sacs a coté de lui..

« Un verre d'eau me suffira.. Après si vous aviez un jus de fruits, je veux bien.. »

Aucune remarque sur la réflexion de Lilian ? Ca en vaut pas la peine aux yeux du mutant sanglant, qui prend çà pour une belle ironie.. Il se contente juste de reprendre son exploration des lieux.. Rapidement vu que l'ambiance a totalement changer ! Euh comment dire que c est le bordel complet ? Comme tristan, il y a beaucoup de romans qui trainent un peu partout, ainsi que de diverses objets qui ne l'attirent pas.. En repensant a l'état de sa propre chambre, gabriel en est fortement amusé ! Ah, c est bien les artistes ambulants ca ! Ricane sa conscience qui ne se prive pas de relooker le bel homme en face d'elle.. Bah quoi ? Lilian est plutot pas mal dans le genre, dont on retrouve beaucoup de points communs chez Tristan.. Étouffant et n'en pouvant plus de respirer cette odeur de cigarette, il ne peut s'empêcher de tousser a plusieurs reprises juste avant de murmurer :

« hm, navré, je ne suis pas habitué a cette odeur … « 

[Mélo]

Il faut que je vous le dise, je suis assez déçu par la tournure des événements. L’idée d’ennuyer quelques universitaire était vraiment très plaisante. Je me délectais d’avance des mines déconfites que nos vieilles connaissances auraient tirées en nous voyant entrer. Oooh, comme j’aimais les tourmenter ! Quelles belles idioties auraient-ils dites sous l’influence de ma voix ! Hélas, au premier godelureau croisé, Lilian avait changé d’avis. Terminé l’amusement ! Ne restait plus qu’un jeune mutant passablement ennuyeux invité à l’appartement pour continuer à délirer à propos de ses histoires de vampires… Il n’y avait plus que la curiosité pour me sauver de l’ennui. Très franchement, je ne pense pas que ce nouveau personnage aura une chose plus drôle que son nom d’auteur à nous révéler. Qu’allions nous bien pouvoir faire de lui ? Voyez ! A peine entré, il commençait déjà à faire sa sainte nitouche, « et je ne fume pas, et je veux boire de l’eau »… Il m’annoncerait qu’il est vierge et mormon que ça ne m’étonnerait même plus. Ce n’était pas un Prince Noir, loin de là, juste cette princesse pulmonaire dont les familles royales ne savent jamais que faire. La petite nature se plaignait à présent de l’odeur de cendre froide qui, à l’en croire, lui soulevait les bronches. Et Lilian souriait toujours. Son stoïcisme m’impressionnait. De mon côté, je me sentis obligé de rouler des yeux et de me lever pour ouvrir une fenêtre en soupirant.

- J’espère que Sa Majesté le Prince Noir pourra supporter les courants d’air et la pollution sans attraper un vilain rhume, ai-je dit avec une ironie des plus roides.

Je n’étais pas souvent désagréable, mais supporter un individu comme celui-ci sans pouvoir m’en moquer était particulièrement pénible. Ma remarque me valut un regard de reproche. Lilian tenait à ménager son petit sujet. Joie ! Je mourrais d’envie d’utiliser mon pouvoir sur lui. J’en ferais mon pantin, un parfait bouffon qui se dériderait et se débaucherait enfin suffisamment pour me faire rire. J’avais les moyens d’en faire un bon compagnon. Pourquoi devais-je supporter ça ? Ah… Je me suis laissé retomber lourdement dans le canapé et j’ai attrapé une bouteille de blanc à moitié entamée pour la boire au goulot avec la plus superbe grossièreté.


Lilian reposa son paquet sur la table. C’était sans grande surprise que Tristan avait refusé de fumer et, à l’inverse de Mélo, il acquiesça tranquillement. Ce jeune homme n’était pas un compagnon de jeu. Tout le monde n’était pas non plus disposé à boire avant l’heure de l’apéritif. En tout cas, il le lui concédait pour l’instant. Mais, si ses réserves ne manquaient pas d’alcool, elles étaient assez pauvres en jus de fruits. Il n’aimait pas suffisamment les cocktails pour en garder de côté. Figé dans son rôle de bon hôte, il s’en excusa.

- Je crains de ne pas en avoir… Mais il me reste du sirop de menthe ou d’orgeat si tu veux.

Le regard de Tristan scrutait la pièce avec une certaine attention, s’arrêtant sur le titres des romans ouverts sur le tapis - soit, entre autres, une étude d’Apollinaire, une vieille édition de Lautréamont et un roman de Jakubowski -, quelques bouteilles renversées, des piles de revues prêtes à s’effondrer… Puis, une toux le pris et il laissa entendre que l’odeur de la cigarette lui était difficilement supportable. C’est à ce moment que Mélo se leva pour ouvrir la fenêtre d’un geste brusque et lancer une remarque bien piquante. Lilian se crispa. Il comprenait l’exaspération de son ami. La folle journée qu’il lui avait promise était reportée à plus tard et il venait d’accueillir la personne la plus ennuyeuse de la bibliothèque avec l’interdiction formelle de continuer à se jouer de lui. Oui, ce mutant sanglant n’était définitivement pas très drôle. Il avait ce profil très renfermé des personnes qui ne se sont jamais amusées et ne font pas le moindre effort pour que cela change. En somme, ils avaient devant lui un malheureux qui pense se complaire dans son marasme. Se promettant de rattraper le coup dès son départ avec Mélo, le jeune anglais se contenta d’un sourire. S’il se référait au regard que son invité posait sur lui, il ne devrait pas avoir de mal à lui faire oublier la mauvaise humeur de son compagnon.

- Et je suppose que j’y suis trop habitué pour ne pas me rendre compte que l’air de mon appartement est complètement vicié. Nous avons un peu « fêté » avant de venir à la bibliothèque, ce qui explique l’état assez déplorable du séjour. Alors, qu’est-ce que je te sers ? demanda-t-il en se levant. Et, tout en ouvrant une armoire vitrée pour prendre un verre il ajouta sur le ton de la conversation : Bien sûr, je ne pense rien t’apprendre en te disant que tu es entouré de deux mutants.

Le monde change et les gens aussi, c'est ce qu'on appelle l'évolution.. Celle ci se fait aussi bien intérieurement que extérieurement des êtres ou de l'environnement.. L'évolution, le renversement, comme pour toutes choses, ils comportent des points positifs et des points négatifs.. En ce qui concerne l'enfant des ténèbres, bien qu'il n'aura jamais le courage de l'avouer, çà lui fait plutôt du bien ! Sans compter son désire de se sociabiliser d'avantage à la confrérie, ni le fait qu'il souhaiterait se mettre en partenariat avec plusieurs maisons d'éditions, le changement s opère encore face a Lilian.. Sachant qu'ils étaient tous les deux partis sur de mauvaises bases, tristan s'était efforcé d'établir cette conversation avec lui.. Avec tout ce qu'il a appris sur cet individu, il se voit bien content d'être parvenu à surpasser ses mauvaises habitudes. Hormis leur passion dévorantes pour la lecture, qui pourrait éventuellement lui être favorable pour la suite, c'est bien la mutation qui est au cœur de ses intérêts.. il est évident qu'il ne saurait pas donné tant de mal s'il n'aurait pas eut le même pouvoir que lui.. Car étant donné qu'il est quasiment sur qu'il possède le même don que lui, il va peut être en apprendre sur son pouvoir.. tendis qu'une certaine petite attache vis a vis du jeune homme grandit de minute en minute, une sorte d'irritation se produit vis a vis de son compère.. Faut avouer que les allures de ce fameux mélo ne lui correspondent absolument pas !

Oh que non, sa manière de faire lui déplais fortement ! A sa réplique juste après avoir ouvert la fenêtre, Tristan est a deux doigts de lui répondre méchamment.. Oh, il lui aurait juste dit de ne pas émettre de jugement sans connaître la personne.. D'accord, le prince pourpre en avait fait autant vis a vis deux, mais c'était plus pour les emmerder pour qu'ils dégagent.. Non plus sérieusement, de le considérer comme un garçon pourrit gâté montre bien qu'il ne sait quedal sur lui ! Parce que jamais il n'a eut cette vie la bien que sa famille et son parrain l'ont bien aidé a un moment donné.. A la place de cette réplique, il se contente juste d'émettre un petit soupire en laissant mélo de coté.. Oui, généralement il ignore ce genre de personnes en se disant qu'ils n'en valent pas la peine.. Perte de temps et pas question de gâcher cette entrevue pour ses beaux yeux lui dit malicieusement sa bonne conscience qui veille constamment sur lui.. En bon hôte de maison, Lilian se montre un peu plus compréhensible que son compère : il acquiesce juste avant d'émettre ses propositions en boisson non alcoolisé.. Cependant une autre occupation attire d'avantage l'esprit de tristan, qui réagit pas tout de suite aux propositions de Lilian.. Faut pas chercher bien loin que c est un roman qui l'occupe.. Oh un de ceux de Lilian qu'il s'était permis de prendre pour lire le résumer.. Pas si mal que ca se dit il avant de le reposer en sentant le gêne monter en lui.. Ca ne se fait pas de prendre un trucs sans permission ! Lui même rale quand on lui fait sur ses affaires..

«  Navré.. vaine curiosité qui m'a pousser.. Sinon je me contenterais bien d'un verre de menthe .. »

finit il par dire avec un sourire crispé.. Si mélo le sermone encore une fois, il aura raison de le faire ! Ouais bon ca va, c'est pas un crime non plus! Raille-t-il a sa conscience avant de se redresser sur son siège.. Soudainement, il repense à un trucs fort amusant : Oh trois fois rien, juste que Lilian semble avoir de bonnes réserve en boissons alcooliques alors qu'il n'a que deux trucs sans alcool.. C'est pas beaucoup aux yeux de Tristan, qui aurait bien pris une grenadine avec de la limonade.. Enfin bon, la menthe ne lui déplaît pas non plus.. de toute facon avec le choix entre de la menthe et d'ogoart, le choix est vite fait ! Revenons maintenant a la dernière révélation de lilian, qui n'est pas une surprise non plus.. Deux mutants, il l'aurait aisément parrié.. L'ennuie c est qu'il n'a pas la moindre idée sur le pouvoir de l'autre mutant.. Enfin lui, il s'en fiche un peu en sentant ses nombreux mauvais regards qui lui jette depuis tout a l'heure.. En se disant qu'il va bien finir par arrêter, a moins d'être totalement débile, le prince noir relance la conversation en s’éclaircissant la voix :

«  tout a l'heure vous me parliez que votre sang peut se durcir et se chauffer dans votre corps, pouvez vous me dire exactement de quoi il s'agit.. Et quelles en sont les avantages ? Voir les inconvénients »

Certes, ce n'est pas vraiment le meilleur moyen de faire passer le message mais il n'a pas spécialement envie de se prendre la tête avec des tournures de phrases.. bah quoi ? Pourquoi se casser la tête ? Parfois, il est bon de se contenter de petites choses simples et du moment ou lilian le comprend.. On s'en fou ?

Très distrait, Tristan avait commencé à feuilleter un roman de Lydia Lunch alors qu’il attendait une réponse. Lilian ne s’en formalisa pas. Après tout, les livres avaient leur place aux quatre coins d’un salon, ils attiraient l’attention, poussaient forcément ses invités à les prendre et les parcourir. Serrés dans une bibliothèque, personne n’osait y toucher sans demander la permission. Mais le jeune homme s’excusa de son impolitesse, soit qu’il n’avait pas l’habitude d’être reçu, soit qu’il s’imaginait dans un milieu très guindé.

- La curiosité culturelle n’est jamais un défaut, prend ce que tu veux, dit-il en haussant les épaules tout en lui préparant son verre.

Il avait toujours une certaine satisfaction à verser de l’eau sur l’émeraude du sirop. C’était un plaisir visuel des plus anodins. Le vert cru et chimique de la menthe lui semblait magnifique. Il l’apporta au mutant et revint au doux jade de sa chartreuse. De son côté, Mélo continuait à boire avec l’intention manifeste d’être assez ivre pour dormir jusqu’au milieu de la nuit. Sage décision. Ils reprendraient leurs activités à une heure plus festive. Lilian n’avait plus la tête à rire. Confronté à un pouvoir semblable au sien, il n’arrivait plus à garder sa légèreté. Plus le temps passait, plus sa mutation devenait capricieuse. En un an, beaucoup de choses avaient changées. Il sentait que sa vie finirait par prendre un tournant sur lequel il n’aurait pas la moindre emprise. Alors, qu’en était-il de l’autre « vampire » ? Son amour peu réfléchi pour les vampires lui donnait un air plus à l’aise, comme s’il tirait une réelle fierté de son gène x. A en voir la manière dont il en avait parlé, ce sujet n’était pas tabou à partir du moment où il se découvrait en présence d’un mutant. Lilian en déduisait qu’il possédait les avantages sans les inconvénients. En tout cas, ses mains ne présentaient pas les sillons rouges qui traversaient les siennes. Mais pourquoi ?
Aussi avide que lui, Tristan le relança sur le mutant dont il lui avait parlé. Cette fois, il ne doutait plus. Il l’assimila directement à cette personne. Un sourire s’étira sur ses lèvres et, se calant bien confortablement dans son canapé, il murmura :

- Ton raisonnement n’est pas stupide, mais il est inexact. Je n’ai pas de pouvoirs de ce genre et je préfère éviter de parler au nom d’un absent. Je ne t’ai parlé de moi par aucun moyen détourné, cependant, il est vrai que mes capacités devraient aussi t’intéresser.

Il retira l’un de ses gants pour lui montrer les veines fortement visibles sous sa peau. Elles n’étaient pas bleus, comme celles des personnes à l’épiderme trop clair ou trop fragile, mais d’un rouge violacé. Sans rien ajouter, il laissa son pouvoir s’activer. Les veines gonflèrent jusqu’à percer doucement la peau et s’ouvrirent, passant du pourpre au rouge luisant. Et, comme toujours, les choses se compliquèrent à cet instant. Le sang commença à ramper à l’extérieur, Mélo sauta du canapé en s’exclamant qu’il ne servirait pas de cobaye Lilian serra le poing pour forcer tous ses vaisseaux à se refermer. Il ne resta bientôt plus qu’un mince filet de sang brillant sur le dos de sa main.

- Mon sang est aussi très malléable, mais mon corps le rejette fréquemment pour aspirer celui des autres, expliqua-t-il calmement. Je dois contrôler ma mutation en permanence pour qu’elle ne vide pas aléatoirement les personnes qui m’entourent, mais j’en suis dépendant, un peu comme un vampire même si, pour le coup, cette ressemblance m’amuse fort peu. Voilà pour le plus grand inconvénient. L’avantage étant qu’une bonne régénération sanguine est une source d’énergie immense.

Il baissa ses yeux sur sa main et y traça quelques arabesques avec la ligne de sang qui s’y mouvait. Même si le jeune homme face à lui comprendrait peut-être mieux la manifestation de son pouvoir, et lui épargnerait les mines écœurées qu’il avait l’habitude de rencontrer. L’évocation de ce sujet lui laissait toujours une impression étrange, comme s’il le trouvait parfaitement déplacé.

Tels que des bonbons devant un enfant, ou du nutella devant un gourmand , mettre une tonne de livres sous le nez de l'enfant des ténèbres est une très mauvaise idée.. Son esprit, ses yeux pleins d'avidités ainsi que sa concentration ne cessent de se focaliser dessus.. Impossible pour le moment d'en s'en détacher, malgré les nombreux rappelles de sa conscience et la présence des deux mutants.. Depuis tout à l'heure, il se meurt d'envie d'en reprendre deux ou trois dans la main, afin de se délecter pleinement de leur résumé.. Terrible ce tristan, décidément il est incapable de se tenir correctement en groupe.D'accord, il faut bien l'admettre que Lilian ne lui facilite pas la tache.. C'est vrai quoi, il n'est pour rien s'il y a un beau panel de roman sous son nez, qui sont tout à fait dans son genre qui plus est. Cependant et bien que son hôte semble compatissant vis à vis de son attitude, il parvient à atténuer ses désirs. En quittant ses rêves, son monde littéraire, il revient en douceur a la réalité.. a cet instant, il pousse un profond soupire en jetant un œil sur ces deux individus.. Mélo, comme d'habitude, lui lance de mauvais regards du genre de dire ' c'est quand que tu te barres ? ' ou encore ' espèce de sauvage tiens toi tranquille'.. En sommes, rien de très sympas bien que le prince noir en a rien à foutre.. Oh que non, il a bien compris le comportement de Mélo, dont il juge que c est qu'une perte de temps de s'intéresser a lui.. Alors que sa grande curiosité n'a pas été satisfaite vis à vis des romans, la voilà qui prend un malin plaisir à admirer le pouvoir de Lilian.. Le sang coulant sur le bras, Tristan affiche un petit sourir.. Satisfait de ce qu'il peut voir, il ne peut que se féliciter de sa grande patience.. Sérieusement, il faut en vouloir pour rester avec ceux la.. Surtout mélo dont la crédibilité a largement baissé a la vue du sang.. euh comment dire qu'il s'est écarté des deux hommes en pleurnichant.. Petite nature va ! Tsheu, que de la guele.. Se moque la petite conscience de tristan, qui en fait autant intérieurement.. Lui avoir peur du sang ? Voila donc une belle contradiction avec sa nature de mutant, si jamais cela devait arrivé un jour. Cependant, cette petite démonstration est bien loin de ses attentes.. Au fond de lui, il s'attendait a un trucs vraiment spectaculaire.. Dans le genre de l'enfant des ténèbres pour épater harmony ? Oui, si on oublie le petit défaut qui gache tout.. Oh, juste qu'un jour il a voulu faire gros pour qu'elle l'admire d'avantage.. malheureusement ca s est terminé en drame : tristan a du rester cloué au lit pendant trois jours à cause d'une grande fatigue.. pour l'heure et bien qu'il soit aussi dans la maîtrise du sang, il ne peut que se rendre compte de la grande différence : Lilian ne peut pas faire des objets et tristan n'a pas besoin de sang ! Une constatation assez amusante dans le fond.. Sans s'en vanter, il trouve également qu'il possède beaucoup plus .. En voyant les éventuels avantages dans son pouvoir, il ne peut qu'en s'intéresser.. Sur quoi et entre deux grandes gorgées de menthe, qui lui procure un grand bien, il livre enfin ses impressions sur ce qu'il vient de voir... Comme souvent, il ne pèse pas ses mots sans faire attention aux conséquences de ses actes..

«  Hm, je m'attendais à mieux .. m'enfin.. c'est sympathique comme don.. si on oublie l' inconvénient.. Mais je n'ai toujours pas les avantages de votre pouvoir ?»

En clair, il commence à se lasser des banalités et aimerait vraiment passé aux choses sérieuses.. Tiens en parlant de ca, pourquoi ne lui ferais tu pas une petite démonstration de tes pouvoirs tristan ? Demanda innocemment sa conscience.. Bien qu'il en meurt d'envie, il se retient pour deux raisons : Premièrement, il ne tient pas spécialement à se faire passer pour un gros vantard et puis Lilian l'avait déjà vu faire à la bibliothèque.. Et puis si mélo a peur des pouvoirs de lilian, qu'est ce que ca donnera s'il voit le sang de tristan former une tête de mort juste devant lui.. Oh ca ne serait pas une si mauvaise idée dans le fond.. C'est vrai quoi ? Ca le calmera ! Enfin bon, il le ferait seulement au bon vouloir de son interlocuteur.. Là, il se contente juste de boire sa boisson en recommençant son inspection dans la salle.. Les romans se font de plus en plus nombreux, les titres attirent son beau regards. Il y a vraiment de tout chez lilian, a croire qu'il s'est retrouvé dans une petite bibliothèque.. Sauvage en vu du bordel qu'il y règne.. L'enfant des ténèbres reprend doucement la parole a l'instant ou il repense au métier de l'autre maitre du sang..*

«  Hurm, je vois que vous lisez un peu tous les styles.. cependant, est ce que vous aviez un auteur que vous appréciez fortement ou un genre ? »

Mélo ne s’était jamais démarqué par son courage mais sa peur était tout à fait compréhensible. Il avait été témoin des ravages du pouvoir de Lilian sur des inconnus. Son sang était parfois trop vorace pour être maîtrisé, comme si une autre volonté opérait en lui. Néanmoins, l’héritier D’Eyncourt avait progressé depuis ses derniers déboires. Il prenait sur lui, acceptait les « inconvénients » de sa mutation et surveillait son appétit. Il changeait. Ses perceptions évoluaient. Doucement, les aventures d’un soir, autrefois cherchées pour leur compagnie, lui inspiraient d’autres désirs. La nuit de plaisirs se définissait par des libations sanglantes. La dépendance qu’il avait toujours crainte devenait nécessitée. Il se sentait mieux pourtant. Absorber le sang d’un autre lui apportait un grisant sentiment de complétude. C’était un réconfort qu’il n’avait jamais trouvé dans les bras de personne et aucune drogue n’égalait l’apaisement qui suivait. Pour la première fois, il avait même trouvé un remède à ses insomnies. Dans ces moments, il s’endormait avec l’impression que tout allait pour le mieux. La culpabilité le frappait au réveil… mais, finalement, il songeait que cette prise de conscience n’était qu’une mécanique imposée, destinée à le maintenir dans une norme qui, de fait, n’était pas la sienne. Il commençait à l’oublier. Grâce à Mélo, il traitait les humains comme des pigeons. De là les considérer comme du bétail bien gras, il n’y avait qu’un pas.

Tristan, qui n’avait pas encore eu le privilège de Mélo, jugea sa démonstration indigne de son déplacement. Il s’attendait « à mieux » et trouva, non sans condescendance, son pouvoir « sympathique ». Un sourcil levé, Lilian l’observa calmement. Ah ? Il ignorait que ce mutant un peu trop fier de ses capacités voulait transformer cette rencontre en un concours viril des plus primaires. C’était donc à celui qui se montrerait le plus spectaculaire ? Le plus puissant ? Il ne l’avait pas invité pour se prouver quoique ce soit à lui-même. Le jeune homme savait peut-être créer de nombreuses choses avec son sang, et ce devait être mignon à voir, mais si son talent se limitait à la métamorphose, il ne partait pas plus gagnant qu’un autre contre lui. Comme il lui demandait ses « avantages », Lilian se donna le temps de la répartie. Il allait mettre quelques points au clair avant de poursuivre.

- Mon très cher Prince Noir, dit-il d’une voix doucereuse, je pense que nous avons dépassé ce stade où il s’agit d’en mettre plein les yeux à l’autre en un temps record. Je n’ai pas l’habitude d’user de mes pouvoirs à tout va et, avec une mutation aussi offensive que la mienne, je ferai un bien piètre prestidigitateur… Sauf si tu veux bien me servir de cobaye. Mais parlons d’abord des avantages… Je peux solidifier le sang et le diriger hors de mon corps, le propulser à la vitesse d’une arme à feu, le réchauffer dans une moindre mesure, cependant, j’utilise principalement une capacité à augmenter et renforcer la concentration en plasma. Je peux ainsi créer une matière élastique, collante dont il est difficile de ses débarrasser. Elle devient aussi une extension de mon propre corps et me permet d’aller là où je ne le pourrai pas. Quand à mon désavantage, il a l’avantage d’affaiblir, de provoquer des malaises et de me rendre particulièrement sensible au langage du cœur… Autrement dit, je peux entendre en cet instant toutes les variations de ton pouls selon le flux de ta circulation.

Tandis qu’il parlait, Mélo faisait des moulinets avec sa main comme pour se moquer de cette énumération. Lilian ne s’en offensa pas. Ce n’était qu’une taquinerie. Il avait besoin de donner toutes ces informations à Tristan pour voir comment sa mutation se manifestait et, peut-être, obtenir des réponses. L’idée d’une grande démonstration dans l’appartement ne lui disait rien de bon. Il préférait utiliser ses pouvoirs dans un contexte réel, comme on usait de n’importe quel talent et, par exemple, ce n’était pas parce qu’il connaissait le piano qu’il était tenu de jouer du Chopin pour le prouver. Tristan devait se contenter de le croire ou, à la limite, lui donner un peu de son sang.
Cependant, le jeune homme en était retourné à ses livres pour lui demander son auteur et son genre préféré. Question ordinaire à laquelle il était toujours très difficile de trouver une réponse synthétisée. Une centaine de noms lui venaient en tête mais, comme toujours, il en revenait à ses classiques.

- Francis Scott Fitzgerald a toujours été un modèle pour moi, celui vers lequel je reviens toujours. J’ai aussi un goût particulier pour la causticité d’Evelyn Waugh, la cruauté de Jean Genêt, les contes fantastiques d’Edgard Poe, les terribles chants de Lautréamont et, d’une manière très générale, je dirais que j’aime tout ce qui sort de l’ordinaire… Tout ce qui ne plaît pas aux gens ordinaires. - Il ponctua cette phrase d’un sourire et vida sa chartreuse. – Et toi, quelques lectures moins vampiriques à signaler ?

Ce n'est qu'un enfant, un enfant qui ne grandira jamais.. Impossible pour lui d'entrevoir le monde des adultes.. Laissez le donc dans son monde, il ne vous fera rien du moment ou vous ne commencez pas à lui chercher des pépins.. Tristan, ah cet enfant des ténèbres éternellement insatisfait.. Capricieux, arrogant, malicieux, il ne vous montrera jamais son contentement avant qu'il en soit pleinement ravi. Il faut l'admettre, Lilian est tombé sur le mutant le plus chiant du monde.. Il était bien déterminer à trouver ses fichus avantages de son don, l'unique raison de sa présence. Enfin, il n'est pas facile à vivre lui aussi en repensant aux premiers instants de leur rencontre..Equitable, si ce n'est qu'une nouvelle grimace s'affiche, sans gêne sur son visage.. Après quoi, il pousse un long soupire en hochant tristement la tête.. Encore pas content ? Qu 'est ce qui peut lui déplaire ? Réponse évidente lorsqu'on suit son beau regard : Mélo en train de trembler comme une feuille, encore sous le choc du pouvoir de Lilian.. Malgré ses moqueries intérieurs et sa pitié à son égard, il ne peut se douter qu'il y a anguille sous roche.. C'est évidant que l'autre mutant cache un grand potentiel dans son pouvoir, qui s'est abstenu de montrer pour le moment.. C'était effectivement dans cet objectif, à savoir connaître ce qu'il cachait, que le mutant sanglant l'avait quelque peu provoqué. Néanmoins, il s'était un peu atténuer dans sa soif de connaissance.. En tout cas, s'il n'aurait pas eut toute cette magnifique lecture, le prince noir n'aurait pas lâcher l'affaire. Quoi qu'avec ce qu'avait longuement expliqué lilian, moqué par cette poule mouillée de Mélo, sa déception s'atténue un peu.. Durcir son sang afin de pouvoir l'expulser hors de son corps tel qu'une balle de pistolet ? Créer une sorte de plasma grâce à son liquide vital ? Voila ce que Lilian lui révèle enfin.. Des mots plaisants, qui ne lui échappent aucunement.. Après avoir reposer le roman qu'il avait reprit, l'enfant des ténèbres se redressa sur sa chaise en croisant les doigts devant son visage. Ensuite, il s'était contenté de l'écouter du début à la fin, sans même prendre en compte le comportement débile de mélo.. Il sert à rien, il est grotesque ! Se plaint sa conscience, comme si elle n'avait rien d'autre à faire. Le sang peut donc se transformer en plasma ? Très intéressant aux yeux du mutant sanglant, çà pourrait éventuellement être une bonne protection.. En gros, il est en train de songer à une sorte de bouclier. Un éventuel exercice pour son prochain entraînement la prochaine fois.. En se remémorant les dits de lilian, Tristan trouve un point commun avec son propre pouvoir : Ils peuvent tous les deux projeter le sang hors de leur corps d'une grand vitesse.. Finalement cette provocation, puéril au passage, n'est pas si anodin.. Car contrairement à ce que beaucoup de personnes pourraient pensé, il n'y avait eut aucune once de prétention dans la petite provocation de Gabriel.. Ce dernier n'avait fait que le pousser un peu en le choquant afin de parvenir à ses fins.. Alors que son esprit s'est encore perdu dans de veines pensées, tristan saute une nouvelle réponse.. De toute façon et en le connaissant, il n'aurait pas grand à rajouter en trouvant qu'il a fait le tour de la chose.. Oui parce qu'il n'aime pas spécialement s'étendre sur un sujet, ce qui est l'un de ses plus grands soucis quand il se retrouve en groupe.. Asocial ! Lui répéte régulièrement sa conscience à chaque fois qu'il se retrouve dans ce genre de situation.. Fréquemment, faut l'avouer..

«  Hm.. Je pense que vous aviez un grand potentiel en vous.. Seulement, vous ne savez peut être pas l'exploiter comme il se doit.. Après, pardonnez moi si je fais erreur de mes propos.. »

A-t-il finit par dire dans un murmure a peine audibile.. Encore une fois, l'enfant des ténèbres rentre dans un terrain quelque peu dangereux.. Effectivement et depuis tout a l'heure, il semblerait qu'il joue avec les nerfs de Lilian.. Que ca soit volontaire ou non.. En clair, il peut se prendre une belle baffe a tout moment, bien que ca ne soit pas dans le genre de son interlocuteur.. Non, à l'inverse de lui, il est plutôt a l'aise dans cette conversation, semble tout prendre a la légère.. La preuve, il n a rien dit quand mélo se foutait ouvertement de sa guele. Une chose que n'aurait pas supporter l'enfant des ténèbres.. Sans oublier qu'il s'adapte à la mauvaise manie de tristan, qui est qui change tout le temps de sujet de conversation d'un seul coup.. En parlant de cela, ce dernier se voit ravis en apprenant qu'il n'est pas le seul à aimer les nouvelles de Poe.. Un auteur assez spécial aux yeux de nombreuses personnes, qui pourtant possède beaucoup de talents..

«  Bons choix de lecture à ce que je vois .. Pour une fois, je ne peux qu'être en accord avec vos dits.. Autrement, à par les vampires, j'aime beaucoup m'adonner a des lectures de poèsies comme Baudelaire ou Verlaine.. Mais généralement je peux lire de tout du moment ou on ne retombe pas dans la banalité.. »

En marquant une petite pause dans son discourt, le prince noir reprend un peu de sa boisson.. Enfin trois bonne gorgées qui vident le verre tout entier.. Et ouais, ca part très vite ! Se moque intérieurement sa petite conscience quand elle voit la tête d ahurit qu'il tire.. Bref, pour en revenir à la suite de cette rencontre, tristan se contente de poursuivre dans le même sujet.. le seul qu'il peut tenir assez longtemps sans être en panne d'inspiration ou complètement lassé..

«  Sinon.. j'allais vous demandez si vous faites beaucoup de conférence ou si vous avez éventuellement .. »

Humf pas le temps de finir sa phrase, voilà que mélo fait encore des siennes .. décidément, il ne pourra jamais se tenir tranquille plus de dix minutes..

Il ne se souvenait pas avoir déjà détaillé son pouvoir aussi précisément. Ses amis intimes le découvraient à force de le côtoyer et les autres n’en savaient rien, ou trop peu pour en parler. La gêne et la pudeur expliquaient en partie cette discrétion. Mais, en réalité, Lilian aimait garder une longueur d’avance sur ses adversaires. Sans preuves, personne ne pouvait affirmer qu’il était un mutant, et, sans témoins, ses talents étaient impossibles à identifier. Tristan était un grand privilégié. Il lui faisait confiance dans la mesure où il n’avait pas le profil d’une personne calculatrice ou intéressée. Quelles raisons aurait-il de le compromettre ? Ce jeune homme était seul, il connaissait son pouvoir, il s’inquiétait peu de ses motivations. Inutile de se torturer l’esprit, son nouveau compère ne cherchait rien de plus qu’une discussion avec un semblable. Tout cela se finirait, en théorie, par une poignée de main et un échange de numéro.
Après avoir satisfait la curiosité de son hôte, Lilian médita un instant la remarque qu’il lui retourna. Certes, la mutation de son sang ouvrait des possibilités intéressantes et le grandirait – d’une manière ou d’une autre – en évoluant. Tristan se reprit par peur de l’avoir froissé, mais il ne le releva pas. Aucun potentiel n’était jamais assez exploité par définition. Prétendre le contraire revenait à refuser d’avancer. Le jeune homme face à lui tirait une satisfaction visible de sa nature. Bel exemple d’acceptation dans ce domaine, il n’avait aucune raison de se sentir insulté ou déconsidéré, au contraire, il entrevoyait dans ces mots le début d’une nouvelle époque.

- Je suppose que tu as raison, répondit-il tranquillement. Nous suivons le modèle d’une société basée sur l’humain les premières années de notre existence, il est parfois difficile d’accepter de vivre selon les exigences d’un pouvoir dont on ne peut mesurer les conséquences. J’essaye de rester responsable, c’est le meilleur moyen de ne pas finir en cellule.

Car on ne pardonnait pas à un mutant d’être dangereux pour la société. Il avait commis son premier homicide involontaire à treize ans, et provoqué la mort de sa gouvernante quelques mois plus tard en essayant – ironie du sort – de mettre fin à ses jours. La méconnaissance de certaines mutations ne pardonnait pas.
Mais son hôte ne semblait pas disposé à débattre là-dessus. Il essaya de l’engager sur le sujet moins grave de la littérature et lui demanda de citer quelques références. Lilian lui avait épargné les noms trop obscurs, il avait testé le jeune homme avant et savait qu’aucun grand débat ne serait possible. Avec le nom de Poe en fin de liste, il lui offrit de quoi rebondir en approuvant ses lectures. Puis, il lui donna le nom de poètes français bien connus.

- L’œuvre de Baudelaire est assez fascinante et je dois dire qu’en matière de romantisme, il n’est pas de nom plus évocateur si l’on se rappelle la volonté première des chefs de file, malheureusement vite égarés dans des nostalgies païennes et monarchiques. J’avoue connaître Verlaine d’un peu plus loin. Pour le symbolisme, je retiens surtout Rimbaud. Mais lis-tu le français ? La poésie perd, hélas, beaucoup dans une traduction.

Le français était une langue que Lilian maîtrisait relativement bien. Il l’avait commencée au collège par amour pour les lettres et, d’une certaine façon, pour honorer le souvenir de ces ancêtres inconnus qui avaient fuit leur pays à l’époque où paysans et bourgeois brûlaient les châteaux.
Et, comme si leurs histoires de mutation étaient oubliées, Tristan revint sur les conférences avant de se faire interrompre par Mélo qui, s’étant levé d’un bond, déclara qu’il préférait écouter la chaîne parlementaire plutôt que les entendre bavasser plus longtemps. « Ainsi soit-il », avait soufflé Lilian en le regardant partir.

- Je supposes que tu te sens comme débarrassé d’un abominable parasite, lança-t-il à Tristan l’œil brillant. Pour te répondre, j’aime fréquenter les auteurs et les artistes, me tenir au courant des nouveautés culturelles et dernières recherches universitaires. Nous avons la chance de vivre dans un pays très riche et j’ai choisi une profession qui me permet de couvrir les événements que je juge intéressant. Même si, aujourd’hui, je n’avais rien de particulier à écrire, sauf peut-être, un billet satirique. Mais, en m’excusant de revenir au sujet initial, je me posais une question depuis tout à l’heure, comment vis-tu tes dons au quotidien ?

Il se redressa pour se servir un autre verre et fit quelques pas dans la pièce en ramassant les livres qui trainaient et les poser au-dessus d’une pile qu’il étudia avec attention en attendant la réponse de Tristan.

Connaître avant de porter un jugement, telle est la grande devise de l'illustre prince noir.. Elle se confirme de jour en jour, à chaque moment ou il pose le pied sur le sol.. Et surtout a travers de ses rencontres, bien qu'elles soient rares .. En connaissant un peu plus ce jeune lilian, son point de vue se transforme petit à petit vis à vis de lui.. D'un mauvais gamin sans intérêt, stupides et emmerdeur, il passe d'un homme cultivé et très passionnant.. Oui çà aurait pu être les termes de Tristan, s'il avait eut le courage de lui dire ouvertement.. Encore une fois, il préfère rester dans le silence, tout en dévorant des yeux les nombreux romans dans la pièce. Il en a pour tous les gouts ici, je pense que vous devriez facilement ouvrir une grande bibliothèque à vous deux.. Se moque intérieusement sa conscience en repensant aux nombreux romans qui tronent dans la chambre de Tristan.. Une grande et belle collection dont il en est fier ! Il faut l avouer qu'après ses longues années de lecture, il ne peut s'en vanter de son panel.. Tout comme lui, le mutant sanglant est très content d'avoir à faire a un amoureux des romans, touchant tous les styles qui plus est ! Baudelaire, rimbeaud, verlaine ? Quels grands maitres des mots faisaient ils a leur époque malgré le courant qui circulait.. Jamais, l'enfant des ténèbres aurait la prétention de les égaler un jour.. C'est tout bonnement impossible et temps mieux dans un sens ! Ca lui laisse le loisir de se délecter pleinement de leurs écrits, aujourd'hui encore.. En parlant de ca, il semblerait qu'il y a encore l'un de ces grands poètes sur sa table de chevet.. Romantiques, marquant et fascinants, le prince noir n'a pas besoin d'arguments pour se ranger du coté de Lilian. Il pense exactement la même chose que lui, si ce n'est leur pouvoir de rendre le moche en beau.. Cela s'illustre d'ailleurs parfaitement avec le poème ''la charône'' de baudelaire.. Les yeux admiratifs du sujet de conversation, pour une fois, changent soudainement d'expression..

Qu'est ce qu'il a enco.. Mélo, encore toi ? Ouf, heureusement que c est la dernière fois qu'il interrompe la conversation, autrement tristan se serait vraiment énervé contre lui.. Non mais on le sait parfaitement bien que sa patience a des limites a pas dépasser et la.. Bah, son comportement est insupportable.. A un point ou le prince noir est a deux doigts de lui répliquer froidement que c'est temps mieux pour tout le monde.. Jugeant cette attitude purile et gamine, sa conscience l'arrête a temps.. Alors quoi, il se contente seulement de lui lancer de mauvais regards, avant de pousser un long soupire.. Enfin seul a seul, ca soulage ! Ca lui permettra éventuellement de se confier d'avantage a Lilian au sujet de ses pouvoirs, et de la confrérie éventuellement.. Bah quoi ? Si jamais il s'avère qu'il a quasiment les mêmes idées que l'idéologie de magneto, ca pourrait devenir une recrute très intéressante.. Non non, il ne profite pas du tout de l'occasion.. Roh ca va, il peut bien se le permettre depuis le temps qu'il n'a rien fait pour la confrérie.. Opportuniste, certes mais il sait reconnaître les bons moments.. Pour l'heure, il revient au conférence littéraire ! Oui parce qu'il trouve qu'il en a pas assez dans le mois, qu'il ne cesse de raler lorsqu'il en loupe une..

«  Des conférences ? Cela m'intéresse fortement..par semaine, je parviens a peine à en faire deux.. mais je crains que ca soit suffisant.. Pour satisfaire ma soif de connaissance dans ce domaine bien entendu... Vous aviez un planning précis pour les conférences ou bien ? »

Autrement dit, l'enfant des ténèbres est encore en train de se plaindre de son manque de lecture.. A croire qu'il a pas assez ce qui est une aberration ! Bah quoi ? 25 romans en une semaine même pas et il en veut encore ! Cherchez pas, c est du tristan tout craché qui en redemande toujours plus.. En gros, c est un éternel insatisfait des romans.. c est pas plus mal, ca lui permet de s'ouvrir sur le monde, de mieux le comprendre.. En parlant de cela, il ne peut s'empêcher de faire cette petite reflexion a lilian tout en sirotant son nouveau verre de menthe..

«  Hm.. je vis ma mutation comme je vis dans les romans.. en gros, je m accepte comme je suis et j'en tire toujours profits.. Après tout pourquoi se rejeter sois même ? Beaucoup de grands philosophes en parlent, mais ca ne doit pas être une grande nouvelle »

A lire dans les yeux de Lilian, l'enfant des ténèbres se doute bien qu'il en est pas vraiment satisfait de son état de mutant.. Dommage d'ailleurs, ca lui empêche de voir l'étendu de son pouvoir, de vivre plainement sa vie en tant que mutant.. Ca ca fait un moment que le prince noir avait fait ce grand pas.. Grâce a tous ses romans d'ailleurs.. comme quoi, il est utile de se nourrire d'histoire a longueur de journée..

Ah… Qu’il était facile de faire son petit effet avec quelques références bien placées ! Tristan avait visiblement perdu toute envie de le faire passer pour un imbécile, et même de lui donner la réplique d’ailleurs. Ils s’accordèrent d’un seul hochement de tête. Ses mots à propos du romantisme l’avaient – semblait-il – laissé méditatif puisqu’il n’essaya pas de répondre à sa question. Peu importait, Lilian avait une petite idée de la réponse. Cette conversation n’avait qu’une fonction séductrice. Elle l’intéressait fort peu. Ce n’était pas avec ce jeune homme, auteur comme trop de personnes pouvaient l’être, qu’il débattrait des grands noms de la littérature et de l’avenir du livre. Non, il préférait s’en tenir à son pouvoir. Or, Tristan ne démordait pas de ses conférences. L’ennui était que ce mot était parfaitement flou, même accompagné de l’indice « littéraire ». Des écrivains venaient présenter leurs livres tous les jours et, dans une ville comme New-York, les études universitaires ne manquaient pas. Mais personne ne s’intéressait à tous les auteurs contemporains et passés. C’était une pure absurdité. Une fois de plus, l’autre mutant agissait en parfait dilettante qui se dirigeait à l’aveugle vers tous les événements accompagnés du mot livre… Il s’étonnait qu’il n’ait pas son propre réseau, même si la métropole était vaste et qu’il y vivait peut-être depuis peu.

- Eh bien il suffit de consulter régulièrement les programmes des lieux culturels qui reçoivent des universitaires, des auteurs ou accueillent des festivals et de faire sa sélection. New-York en a pour tous les goûts. Je ne pourrais rien faire d’autre que te donner une liste d’adresses si tu ne connais pas encore assez bien la ville.

Après tout, ce serait un moyen comme un autre de rester en contact. Ils pourraient se donner des nouvelles sans en avoir l’air. Ce genre de relation était celle qui fonctionnait le mieux. La vie professionnelle laissait peu de temps à la construction d’amitiés sincères. Il avait tendance à perdre de vue les personnes rencontrées en soirées qui n’avaient qu’une discussion autour d’un verre à lui offrir. Les numéros restaient dans son téléphone, et il ne les utilisait jamais. Puis, il oubliait leur nom, ou songeait qu’il était trop tard, et les effaçait.
Retournant à son canapé, Lilian ouvrit l’ordinateur portable qui reposait sur la table basse et lança distraitement quelques dossiers musicaux en écoutant Tristan réagir à sa question sur la mutation. « Pourquoi se rejeter soi-même ? », parce que les belles paroles et bons sentiments ne faisaient pas la réalité.

- Beaucoup de grands philosophes ne s’adressaient qu’aux humains, dit-il avec une pointe de sarcasme.