Les réussites de demain se préparent aujourd'hui {AfterLife}

Le Spectre existait pour servir. Il n’avait d’autres objectifs ou aspirations que celle-ci. Cependant s’il servait, de son vivant, Sébastian von Orchent, Héraut de la Prédation, ce n’était que sur ordre de cette dernière. Sébastian était un humain, un humain qui avait pour seule différence avec les autres d’avoir les faveurs de sa Créatrice, ni plus ni moins.

Afterlife, lui, n’était pas humain, il était bien plus proche du Spectre dans sa condition d’existence, mais il était différent ; libre ? Non, il avait une prison différente. Pas la servitude, car s’ils le faisaient pour des raisons différentes, les deux inhumains étaient serviteurs du même maitre, bien que cette servitude pour l’autre était un choix alors que pour la créature, c’était une nature. Non, Afterlife était lié à un autre humain, et ce lien, s’il n’était fait de servitude, était une véritable prison. Son objectif, le Spectre le connaissait, et le comprenait : la survie. L’autre Entité Psychique avait plus le respect du Spectre pour cela, il s’adaptait pour survivre, contrairement à tous ces humains, et c’était de ce fait logique qu’il s’en était retrouvé à servir une entité de l’évolution, par l’intermédiaire du Héraut de cette dernière. Le pacte ne lui avait pas échappé : la servitude contre la puissance.

Toutes les pièces du « plan » de sa Mère s’alignait pour tenir l’un des engagements du Héraut ; chose qui n’était pas faite par bonté d’âme, bien évidement.

Aujourd’hui, le grand jour était venu pour Afterlife, et le Spectre était une fois de plus le messager. Le Héraut avait été placé dans le coma par sa Mère, pour renforcer son esprit et permettre l’établissement d’un lien psychique plus important entre eux, lien dont la psyché désincarnée serait catalyseur, puisque pouvant absorbée l’énergie psychique supplémentaire, au lieu que cette dernière ne dévaste l’esprit de l’humain, qui lui était incapable de l’absorber.

Alors que la Prédation l’expliquait à son Héraut, le corps de ce dernier était transféré à un hôpital affilié au HellFire Club, désormais, jadis hôpital de la pègre que Sébastian avait pris son contrat, la Clinique Saint-ange. La réception donnée en l’honneur de l’anniversaire d’Erasme Hobbes, petit prodige de la politique qui, encore dans ces études, avait pu de par sa participation au Club des Damnés rencontrer et s’attirer la bienveillance d’un certain nombre de grands de ce monde, avait tourné court lorsque l’organisateur était tomber dans les limbes. Il n’était pas mort, non, mais simplement dans le coma.

Et dans ce même temps, le Spectre partait à la recherche de l’agent proprement dit. La psyché d’Afterlife lui était familière, car le cycle solaire d’habitation, pour parvenir à le repérer dans la foule d’esprits chaotique de la même manière que s’il avait possédé l’un des Vers Mentaux, avait été depuis longtemps accomplit.

Il ne fallut donc que très peu de temps à la créature pour trouver sa cible, et le temps étant encore plus relatif sur le plan astral qu’il l’était sur le plan physique, le Spectre pour interrompre très rapidement son « compatriote ». Il apparut sur le plan physique sans cérémonie aucune, nuance d’Essence encadrant des petites sphères lumineuses d’un bleu glacé dans une silhouette grouillante et féminine, son regard surnaturel ce portant directement à l’intention de la psyché désincarnée, indifféremment au décor.

- Le temps est venu, After Life, déclara-t-il simplement de sa voix surnaturelle.

L’entité psychique avait été nourrie en plusieurs occasion, c’était là tant un moyen de s’assurer qu’elle reste docile que d’augmenter progressivement sa force et celle de Sébastian. Elle avait également combattue les Psychneuein, les créatures ayant ordre de la malmener pour l’endurcir, non de la tuer, à la grande frustration de celle qui devait retenir ses coups. Un unique Psychneuein adulte avait la même puissance qu’un Télépathe mutant de niveau moyen, mais une maitrise se limitant à l’attaque psychique et à l’infection par une couvée d’œufs. En ce sens, un Télépathe pouvait les dominer, à condition de faire appel à la ruse, bien que les créatures n’en fussent pas dénuée non-plus. Afterlife avait donc affrontés, au niveau des capacités destructrices, de véritables télépathes mutants.

Mais cela ne suffirait pas à lui permettre de reprendre le corps de l’humain qu’il convoitait. Il fallait qu’il apprenne à se maitriser, qu’il se renforce, mais qu’il soit renforcé également. Le transfert venait à ce point. Comme pour le Spectre, les Psychneuein et les Vers, le Léviathan était apte à modeler de l’énergie psychique pour créer des entités astrales, chose impossible pour l’esprit humain qui était déjà écrit, cependant cela impliquait qu’Elle pouvait également projeter de l’énergie psychique non écrite. Pour un esprit normal, cela n’était rien de plus qu’un danger, mais pour de créatures psychiques telles les Psychneuein, ou Afterlife, cela permettait de se nourrir, et donc de grandir.

Le jour où Afterlife allait grandir définitivement, et passer une étape, était venu. C’était amusant de se dire que c’est le « décès » de celui qu’il servait qui permettrait à l’entité de gagner son dû ; enfin, surement, puisque le Spectre ne connaissait pas l’amusement. Pour lui, ce n’était rien de plus qu’un échange de bons procédés : Afterlife avait servi, ils le payaient, et qui plus était, le paiement leur permettrait de gagner en puissance également, et potentiellement de garder une version plus performante d’Afterlife à leur côté.

Le Spectre ne faisait pas de plan, il n’était que l’observateur et le messager. Un observateur qui attendrait que son observé ait fini ses affaires et accepte de le suivre pour le conduire à la chambre d’hôpital où avait été déposé le corps inanimé de leur maître mortel à tous les deux. Et ce ne serait qu’une fois là-bas qu’il commencerait lui-même ses explications.

La chambre avait été volontairement isolée, et personne ne franchirait la porte. Les fausses jumelles Aube et Crépuscule gardaient l’entrée, sans pour autant en voir l’intérieur, et Pita comme Vince n’aurait pas encore fait leur visite. Les stores tirés ne laisseraient rien voir de ce qui se tramait à l’intérieur, et les médecins savaient que le facteur régénérateur de l’individu, qu’ils croyaient mutant, suffirait à le ramener

Le plan était assez grossier, et le fait que Sébastian n’eut été prévenu permettait simplement de jouer la carte de la surprise, et à un certain niveau, de l’emmerder également. La Prédation avait un rôle à jouer, tout comme ceux qu’Afterlife avait appris à faire, et ce rôle impliquait certains caprices, parfois, et il ne faisait de doute que pour Sébastian von Orchent, cette action en serait un.

Mais caprice ou pas, tout allait se dérouler comme prévu, car les réussites de demain se préparent aujourd’hui.

▬ Nous y voilà enfin. Comme le dit si bien le spectre, l'heure est venue. Je le savais et m'en doutais avant qu'il vienne. Je le présentais. D'abord grâce à mes missions et mes succès, mais aussi grâce à mes combats. J'avais atteint un niveau de maîtrise de mon corps inégalée jusqu'à maintenant et des preuves de ma loyauté qui ne pouvaient nullement être remises en cause par qui que ce soit. Mais trêve de vantardise, j'étais en train de régénérer d'un combat au Walhala que j'avais remporté de justesse contre un électrokinésiste talentueux. Une fois retourné au manoir ou plutôt – devrais-je dire – au Hellfire Club, je m'étais dématérialisé, patientant comme je l'ai fais alors de nombreuses fois depuis ces jours de décembre ou tout à commencé. Le spectre était arrivé à ce moment et je ne me doutais pas de plus de chose que de ce qu'il m'annonçait. Son corps féminin et sa neutralité exemplaire ne m'avait jamais gênée. Il me fut d'une grande aide lorsque des télépathes étaient présents pendant mes missions et que ma puissance et ma maîtrise n'étaient pas la même. Il était loyal lui aussi, envers Von Orchent, de sorte que je le perçoive toujours comme une de ses créations. Je ne lui ai jamais réellement posé plus de question pour la simple et bonne raison que cela ne m'aidait en rien dans mes plans.

Mes plans, les voilà qui avançaient à grand pas maintenant que j'allais recevoir ce don psychique. Je le savais car c'était la seule option qui nous garantissait la plus grande réussite d'un combat contre Tomàs. Je le savais car à demi-mot le le Roi Noir me l'avait dit. Il m'y avait débord fait goûter,, pour vérifier si j'étais plus ou moins capable de l'assimiler et de m'en servir. Je ne suis pas idiot, je me doute que lorsque tout cela sera terminé le Roi Noir aura mit tous les pions nécessaires et le jeu parfait en place pour que je lui serve encore d'avantage. Mais finalement, ce constat n'était pas le miens, il était ce lui que la résultante de ma victoire donnerait. Oui, je suis optimiste car il semblerait que Tomàs Blale n'ait pas autant d'avance que moi. En revanche, les flashs s'étaient fait régulier ces derniers temps, choses qui a pu pousser Von Orchent à accélérer l'échéance. D'habitude les flashs ne survenaient que lorsque j'étais fatigué ou exténué et il m'offrent une vision d'une vie qui n'était pas ou plus la mienne. Cependant depuis quelques temps j'avais les mêmes sensations que ces flashs mais les visions étaient bien plus floues pour ne pas dire incompréhensible et inexistantes. L'hypothèse la pire que l'on pouvait formuler était que Tomàs Blake s'en servait pour me localiser ou en savoir plus sur moi.

Peu importe finalement, car Tomàs n'aura jamais le temps d'exploiter ce maigre avantage là où je sais exactement ce qu'il me reste à faire. Je suivis donc le spectre, sans broncher et sans traîner. À travers le plan astral tout est plus rapide, tout est plus proche mais aussi plus loin à cause du néant séparant les lueurs. Mais celle du spectre est proche, grosse et visible et je ne peux que la suivre pour éviter de me perdre. Lorsque cela se produit ce dernier peut toujours communiquer avec moi et ainsi éviter de perdre du temps. Nous évitons de passer près de nombreuses psychés comme des foules pour que je puisse m'y retrouver. Avec le temps, je parvenais à faire ces choses là de plus en plus facilement et instinctivement. Une fois arrivé je me rematérialisais, tombant de quelques centimètres sur un carrelage. Veste de costard et chemise blanche j'étais tout à fait présentable suivant les situation bien que celle-ci avait échappée à mes prévisions. Il était là, allongé sur le le lit d’hôpital dans ce que j'analysais comme un coma.

« Navré d'avance de ne pas paraître plus attristé mais j'avoue douter que vous soyez réellement mourant... »

Le synchronisme psychique est une pratique très désagréable, consistant à synchroniser mon schéma de pensée avec une créature créée par le Léviathan. De mon point de vue, cela peut être très variable comme sensation. Depuis l’impression d’apparition de nouveaux membres, pour les hydres, à la dissolution complète de mon corps, pour le Spectre. Cependant, le processus de synchronisme est également utilisable pour contrôler l’Essence, car lorsque mon esprit est victime de cela, je me rapproche bien plus du Léviathan qu’il n’est sain de le faire. Nous n’en sommes pas à un tel niveau, d’ordinaire, mais le Spectre pouvant contrôler l’Essence le formant, cela doit être possible. En tout cas, l’intérêt clair du synchronisme psychique et de renforcer encore le lien psychique avec ma Maitresse.

Je crois comprendre pourquoi Elle m’a mis dans le coma, et je sais que cela ne va pas me plaire. Les dégâts physiques, même mortels, ne m’atteignent plus quand je suis synchronisé, ils sont tout juste bon à me ralentir, car le lien psychique est si puissant qu’il maintient mon cerveau, ou plutôt mon esprit, actif, quelques soient les dégâts subit. Si dans le coma, l’esprit est plus résistant, et que l’on utilise le synchronisme psychique pour m’en sortir, le transfert devrait être non négligeable, et les risques de me tuer moindres… à moins que ce ne soit tout l’inverse, et que le surplus de puissance augmente les risques de destruction de ma psyché. Je ne pense pas, mais l’on ne me demande pas mon avis de toute façon.

Un instant auparavant, je suis aux Enfers, en train de tailler la discute avec l’aspect que prend le Léviathan lorsqu’il veut me parler en « face à face » ; la première fois, Elle a démontré pouvoir prendre n’importe quelle apparence, mais c’est contentée d’un moi « démoniaque », chose qui n’est pas plus mal, car je n’apprécierai pas forcément discuter avec un double parfait, et je n’accepterai jamais de discuter avec une copie d’Amanda.

Un instant après, je suis dans la réalité, dans ce que je pense que la forme la plus appropriée pour ma Maitresse : le Spectre d’Essence. Les lumières qui clairsement ce dernier virent du bleu froid au vert phosphorescent, alors que mes yeux s’ouvrent sur une même couleur ; la puissance psychique est si dense qu’elle apparait sur le plan physique, seuls les plus puissants Télépathes peuvent faire une chose pareil, je le sais. Ce n’est qu’un détail, cependant, alors que dans le mélange de l’esprit du Spectre et du mien, je perçois les dernières paroles d’Afterlife.

- Non, c’est un fait… je dispose d’un réel problème avec le côté « définitif » de la mort…

Ma voix et celle du Spectre sont en parfaites synchronisation, un seul esprit parlant à travers deux êtres. Pour la plupart des gens, posséder deux corps en simultané est appréhendable, et s’il est vrai que c’est très perturbant les premières fois, on finit par s’y habituer, comme tout le reste.

Cependant, l’intérêt de me synchroniser avec le Spectre tient également au fait qu’il possède ses propres pouvoirs télépathiques, et qu’il est capable d’entrer en symbiose avec un organisme vivant. C’est dans son esprit que je trouve toutes les réponses concernant ce qui va suivre : je vais l’unir à moi pour augmenter encore la résistance de mon esprit, et je contrôlerais l’Essence le composant tel que je le supposais lorsque j’étais encore dans le coma.

L’Essence du Spectre ce dissipe et vient en moi, se liant à mon système nerveux et à mon cerveau tout en m’offrant une vue toute autre sur moi-même, celle d’un symbiote contemplant son hôte de l’intérieur. Intéressant. J’ai accès à plus d’informations sur mon fonctionnement que je ne l’aurais cru, et cela m’apprend une chose également : où se situe l’Essence dans mon corps.

La voix du Léviathan raisonne comme un ordre dans ma tête, m’indiquant qu’il est temps. En effet, il est temps.

Je m’assois machinalement en travers de mon lit, et je te regarde de mes yeux inhumains. Ni mon souffle ni mes battements de cœur n’ont changé, seule mon activité cérébrale c’est démultipliée. J’arrache négligemment les appareils de mesure et me lève à nouveau. Quelques pas, tout aussi mécanique que précédemment, tel un pantin dont on tire les ficelles, et je me place devant toi.

- Le temps est venu pour moi de saigner un peu plus que du nez. Et le temps est venu pour toi d’avoir la dernière récompense. Nous œuvrons aujourd’hui pour un avenir que j’espère commun. Tâche d’en tenir compte, After Life… car je sais ce qu’il y a de l’autre côté, et je sais que tu ne veux pas le découvrir.

La concentration se fait plus intense alors que le transfert commence, et que le lien qui, usant de mon esprit comme routeur, transmet de l’énergie psychique si dense qu’elle en apparait sur le plan physique. Cette énergie verte s’élance de mes yeux, mais de mes narines et de ma bouche également, vers toi, pour t’enrober et te baigner pour s’unir avec toi et te laisser la réécrire.

Est-ce douloureux ? Pour toi comme pour moi, je n’en sais rien, je ne ressens plus rien, dans mon état, même si le Spectre a conscience que mon intégrité physique se dégrade. Elle se dégrade doublement, car alors même que le transfert menace de me détruire petit à petit, les poutres qui renforcent le portail sont ôtées des mains de l’architecte de tout cela. Tous mes muscles sont crispés, mais le transfert continue, et il n’est rien que nous puissions faire, ni toi ni moi, pour l’arrêter ; mourir, peut-être ?

Nos deux destinées sont entre les mains du Léviathan, ou de la Prédation… intéressant, une désignation personnelle, autre que le démoniaque surnom dont je l’ai affublée. L’esprit du Spectre connait quelques réponses, mais je les sais sans importance, sans quoi Elle ne m’aurait pas accordée leur découverte.

Je sais que je dois tenir, mais les dégâts commence à se faire sentir, et plus que le nez et la bouche, les yeux également commencent à saigner. Ce sang noir et corrompu, car tel est le mot ; car l’Essence me corrompt, et bien qu’imitant mon sang et mes gènes, elle n’en reste pas moins contrôlée par le Léviathan, et donc, un poison.

Tel n’est pas le cas de l’énergie qu’Elle, car comme Elle le dit Elle-même : mes pions l’intéressent moins que le sien. Nourris-toi, After Life, nourris-toi de ma damnation. Nourris-toi de ma damnation et ne me déçois pas.

▬ Me voilà fixé. Fixé sur énormément de chose que je craignais et que je supposais de part une analyse profonde et scientifiquement rigoureuse de tout ce que je pouvais savoir sur moi-même et sur ce que je représentais dans ce monde physiquement parlant. Une entité psychique dépasse les lois classiques de physique mais tout cela peut être expliqué en créant de nouveau concept, de nouvelles théories. Alors que le Roi Noir m'injecte sa puissance psychique dans toute mon âme désincarnée j'y vois plus clair, comme une révélation évidente : une conclusion m’explosant au visage parce que j'ai mené l'exact expérience. Tel un gaz je ne suis que particules psychiques volatiles sur un plan astral qui est plus vaste que ce que j'en perçois. Je me disperse, petit à petit, perdant une partie infime de moi-même, certes, mais une partie quand même si bien que je ne puis avoir une espérance de vie fixe car l'effritement de ma psyché n'est que très variable, dépendant de l'utilisation de mes capacités et de la puissance que j'utilise. Pour éviter cet effritement il me faut un bocal pour enfermer le gaz que je suis, une enveloppe charnelle. Cependant et contrairement à certaines entités psychique me ressemblant dans leurs natures, je ne puis posséder n'importe qui et habiter dans un corps. Je n'ai pas cette capacité pour le moment et je ne puis l'avoir de manière certaine même avec de l'aide extérieur. Il existe donc un seul bocal dans lequel je peux rentrer et c'est mon propre corps. Bien que je sache quasiment tout cela j'avais des doutes et surtout des craintes quand à l'augmentation brutale de ma concentration et densité psychique de part des manipulations que le Roi Noir pouvait me faire grâce à ses pouvoirs plutôt mystérieux. Je sens la puissance influer en moi et au bout de quelques temps je vois déjà mon enveloppe pseudo-charnelle simulée à l'aide de mon esprit se désagréger sur le monde physique. La douleur m'indique clairement que je ne peux maintenir cette forme avec un afflux de puissance tel qu'il est comparable à une attaque psychique pouvant me laisser pour mort. Car oui, c'est là qu'est le danger. Cette concentration d'énergie psychique visible sur le plan physique est clairement, à mon niveau de résistance, blessant pour mon intégrité psychique. La conséquence de cela c'est que cela fragilise de manière fulgurante la cohésion de ma psyché qui s'effrite alors bien plus rapidement. C'est donc à ce prix que se jouera pour moi la victoire. Devenir rapidement plus puissant mais ne pas avoir de seconde chance car si Tomàs parvint à gagner suffisamment de temps, je ne serais plus qu'un vague nuage éparpillé aux quatre coins du plan astral. Mon corps se désagrège donc pour que je ne réside plus que sous forme d'âme errante enveloppée d'une énergie qui est la mienne et à la fois qui m'est étrangère. Je ne sais pas combien de temps cela me prendra pour réécrire tout cela mais il faudra d'abord plusieurs heures pour que je récupère des sérieuses blessures que j'ai subit lors du transfert. Je suis comme inconscient bien que cela ne s'applique que très mal à une entité psychique. Je ne peux plus communiquer et je ne vois même plus les maigres choses que je puis voir dans ce néant astral. Douloureux ? Oui, mais ce n'est qu'une information qui me permet d'en tirer quelques conclusions et quelques conséquences de certains actes. Dans ce cas précis, je sais précisément que je suis à la limite de la mort mais qu'à mon réveil, je serais bien plus fort car l'adage disant que ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort s'applique parfaitement dans cette situation.

[RP Terminé pour moi.]

Je suis sur une ligue, entre lumières et ténèbres, entre le grisâtre d’un monde et la noirceur d’un autre, il n’y a pas de lumière au bout du tunnel. Que je me tourne d’un côté ou de l’autre, l’horizon est mort, l’horizon n’est que mort. Pour ceux que je vois, pour ceux que j’estime, pour ceux à qui je tiens. Tout finit toujours par la mort. Laisser son emprunte dans l’Histoire est la seule forme d’immortalité humaine, mais change-t-elle réellement pour l’individu ? Il n’est pas immortel, son nom et ses actes, oui, mais lui s’en retournera à la poussière, et au Néant. Ainsi va le monde, ainsi va la vie, c’est un équilibre simple et immuable. Mais comme toujours, il y a des exceptions. Vivre une éternité de battements de cœur n’a aucun sens, c’est se condamner à regarder ceux des autres s’arrêter et le nôtre dépérir ; mais ne peut-on faire plus ?

J’ai accepté une éternité de servitude en échange de quelques années pour une personne que j’aime, qui ne m’aimera pas pour cela, pour ce que j’ai fait. Je T’ai offert ma vie, ou plutôt ma mort, Léviathan ou quelque soit Ton nom, mais cela signifie-t-il que j’ai renoncé à un destin ? Je sais qui je suis, je sais qui Tu es, mais jouons carte sur table, au moins une fois : as-Tu jamais voulut mon esclavage et ma servitude, tel qu’AfterLife me les a donnés ? Ou n’est-cela là qu’une nouvelle mise en abîme de ma propre condition ?

J’ai mes objectifs, j’ai mes buts, et si tenir ma part du contrat en fait parti, il en n’est d’autre que tu ne m’as pas contredis. Pourquoi ? Pourquoi tenter de te servir de cette Psyché Désincarnée comme catalyseur pour pouvoir augmenter mes pouvoirs ? Ce n’est pas logique, si tu cherche réellement à retrouver les fragments de ton être, faire varier leurs positions en mon être ne changera rien pour toi.

Combien de temps ? Une seconde ou une éternité ? Combien de temps pour le nourrir ? Combien de temps pour me modifier ? Combien de temps te faudra-t-il, Léviathan, ou combien de temps t’a-t-il fallut ? Je ne saurais dire, non que je sois perdu, mais je baigne dans une ignorance probablement plus grande que les fausses vérités dont dispose AfterLife.

AfterLife qui se dégrade très rapidement, mais dont je perçois encore l’esprit, cette chose bien plus étendue que la pathétique forme pseudo-humaine dont il peut se doter, grâce à la symbiose de ta créature. Suis-je humain ? Lui ne l’est pas, pas plus que le Spectre ou Toi, Léviathan, mais je commence à me questionner sur ma propre nature. Entourés de monstres à se comporter comme vous, ne le devient-on pas ? N’est-ce pas la Ton but ?

Tu n’arriveras pas à me déshumaniser à nouveau, Tu n’arriveras pas à me rendre aussi froid qu’auparavant, mais Tu n’essais même pas, n’est-ce pas ? A quoi tout cela rime-t-il ? Suis-je seulement plus qu’une expérience ?

Qu’importe si mon esprit est en train de s’effondrer comme le sien, qu’importe si la puissance que tu lègues est telle qu’elle nous dégrade tous les deux, nous érodant comme un flot sur les galets ; je sais que je vais survivre, c’est le seul point sur lequel je peux Te faire confiance : ma survie. Comme AfterLife, je te suis plus utile en vie, à servir tes objectifs, alors je vivrais. Je vivrais, et je m’adapterais. Est-ce là l’enjeu ? S’adapter ? Chasser ? Tu es la Prédation, après tout, non ?

Je crois que je commence à te comprendre, à te comprendre enfin, Léviathan. Mon Léviathan.

Le lien s’interrompt et je tombe au sol, je ne vois plus rien, mais la douleur, je la sens. Si je souffre, c’est que je vis, et si je vis, c’est que tu as réussi. Reste à savoir à quoi. Suis-je en train de muter ? Qu’as-Tu fais à mon corps ? Notre lien est devenu plus stable, je suis devenu plus puissant. Comme AfterLife, n’est-ce destiné qu’à cela ? A mieux te servir ?

Tu as eut ce que tu voulais de moi en ce jour, tout comme j’aurai ce que je veux de lui en un autre, mais entre-nous, ce se sera jamais terminé. Les réussites de demain se préparent aujourd’hui ; quelle est Ta réussite, Léviathan ? Quelle est Ta réussite à me voir effondré dans ce nuage de Ton Essence…

C’est la clé, comme toujours, la clé de Ta compréhension comme la clé de ma puissance, l’Essence. Tu m’empoisonnes un peu plus, Tu enserre tes griffes un peu plus dans mes chairs, mais cela ne m’indique pas pourquoi. J’ai l’espoir de faire d’AfterLife un allié, est-ce Ton but également ? J’ai l’espoir de l’éduquer, est-ce le Tien également ?

Il semble qu’il y ait nombre de parallèles à faire entre lui et moi, ainsi pour l’heure suis-je à son instar : inconscient. Mais comme toujours, ce qui ne me tuera pas me rendra plus fort, car nous nous adapterons, car telle est la clé de la survie. Car telle est la clé de l’Evolution.

Evolution… Prédation… je crois que je comprends… enfin…