Once upon a time, au neuvième étage (PV Ashfield Crew) --6 mois plus tot--

L’Ascenseur montait doucement, sans un bruit. Elie croisait les bras, songeur, pour ne pas changer. Un bouquet de fleurs dans sa main droite patientait sagement. A ses côtés, Ben, pour ne pas changer non plus. Peut être Elie avait il donné le ton, mais comme il n’avait rien à dire en particulier, il préférait observer son frère découvrir l’ascenseur de fond en comble. Heureusement, les neuf étages étaient passés relativement rapidement, ce qui permit de désolenneliser un peu l’atmosphère ambiante. Les portes s’ouvrirent, laissant apparaître un couloir qu’ils connaissaient bien.

Sortant le premier, Elie jeta un coup d’oeil alentours, comme il en avait l’habitude. Sans doute une déformation professionnelle que de vérifier qu’aucun détail ne soit susceptible d’attirer l’attention. Beaucoup de travaux avaient été à l’œuvre ces derniers temps, et Elie n’aimait pas trop l’idée que le bâtiment perde de son patrimoine nostalgique en subissant trop de changements. Le nouvel ascenseur par ailleurs, il n’avait jamais pu s’y faire. Il avait eu bien trop l’habitude de l’ascenseur qui grinçait et tombait en panne régulièrement pendant des années. Cela avait un côté rassurant, de savoir que certaines choses ne changeaient pas. Lui, n’habitant plus ici, n’y voyait bien sur pas le côté pratique. D’autant qu’un de ses jeux préférés pendant un moment, avait été de parier sur le fait que l’ascenseur était en panne. Et puis, monter neuf étages à pied voire en courant était sa petite récompense sur fond d’entraînement. Parfois même, il faisait fit de la vérification, prenant directement les escaliers. Mais ces jeux étaient bien loin, et aujourd’hui, il s’agissait de ne pas arriver en sueur à destination, car le jour était particulier.

Parcourant le palier, les portes défilaient, et dans la mémoire d’Elie, les visages des voisins qui les avaient aimés, aidés, détestés. Les commères, les sympathiques, les antipathiques, les attentionnés… Bien peu d’entre eux étaient encore présents aujourd’hui. C’était pourtant le cas de Mona Szaltzer, dîte Tata Mona. Cette voisine, celle d’en face, ils l’avaient souvent vue pendant leur enfance. Elle comblait merveilleusement les lacunes d’emploi du temps des parents et fut en fait leur Nounou. Elle était adorable, Tata Mona. Elle avait toujours le sourire et aimait la jeunesse. Déjà âgée, à l’époque elle n’avait pourtant pas pris une ride. Un peu plus âgés, les triplés lui en avaient fait voir de toutes les couleurs, mais tout le monde gardait d’excellents souvenirs de l’époque.

Face au 907, à la porte de Tata Mona donc, le 906, la destination. Bien que le "6" était tombé, on voyait encore la trace du chiffre disparu. Ce défaut avait le don d’agacer Elie. Il n’aimait pas l’idée qu’on pense que l’appartement était mal entretenu

"’Me gonfle ça…’Faut vraiment qu’on pense à le remplacer…" Dit il sans énervement apparent, en désignant la plaque sur la porte. Ce qui avait encore plus le don de l’énerver, c’était de répéter cette phrase à chaque fois qu’ils venaient, et d’être le premier à l’oublier.

Elie pris la clé de l’appartement qu’il avait en poche avant de faire machinalement un essai sur la poignée de la porte. Celle ci s’ouvrit, sans résistance et sans surprise.

"Elle est là!" Dit il à son frère avec un léger sourire. "Elle", c’était Cathy, l’aide à domicile.

Cachant son bouquet de fleur dans son dos, Elie passa la tête dans l’entrebâillement de la porte avant d’ouvrir plus grand. Le petit couloir d’entrée débouchait à l’autre extrémité par le salon, d’où l’on voyait déjà le fauteuil sur lequel se tenait leur mère. En avançant plus, Elie vit qu’un bouquet de fleur était déjà posé sur la table, à côté d’elle. Elle regardait inlassablement par la fenêtre, une de ces choses qui ne changeait pas, mais qui n’était pas vraiment rassurant. Seth était déjà passé, apparemment… Un pincement au cœur fit alors son apparition, mais n’eut pas le temps de poser ses valises, car Cathy entra alors dans la pièce par la porte de la cuisine.

"Bonjour Cathy!" Dit Elie en lui tendant le bouquet de fleurs. Après tout, elle le méritait bien.

Silencieux, cet ascenseur. Très silencieux. Trop silencieux. Les atmosphères solennelles, soyons honnêtes, ne lui avaient jamais vraiment réussi. Par respect pour son frère cependant, Ben avait tenu sa langue pendant le court trajet. Il savait bien que le moment n'était pas à la plaisanterie, c'était justement pour ça que le silence lui pesait un peu. Heureusement, la cabine arriva à destination avant que ses tortillements sur place se transforment en numéro de contorsionniste (au sens propre du terme) et il suivit Elie dans le couloir, les mains dans les poches. Rien de plus naturel que cette configuration bien rodée, et pourtant, l'observateur très attentif aurait pu remarquer qu'il semblait manquer quelque chose pour atteindre une harmonie parfaite. Quelle plaie d'avoir des frères aussi concernés par leur job respectif, il en manquait toujours un !

Elie râla, ouvrit la porte et finit par rentrer, laissant le photographe pensif dans le couloir. Il fixait les chiffres la tête penchée, visiblement très inspiré...

...

"Désolé, il marche trop vite ! Je suis là aussi !"

Quelques minutes s'était écoulées déjà depuis l'entrée de son frère quand enfin, Benny passa le seuil, rangeant dans son sac ce qui semblait être un drôle de couteau suisse. Il n'avait pas de fleurs pour la jeune femme qui s'occupait de leur mère depuis un long moment déjà, mais il lui colla un gros baiser sonore sur la joue. Après tout, c'était lui qui lui était le plus redevable, elle lui avait permis de s'enfuir de l'appartement familial sans être poursuivi par les remords dus à son égoïsme.

Tout comme Elie, le photographe nota la présence d'un autre bouquet de fleurs. Aucun des frères n'aurait pu oublier ce jour spécial, même s'ils n'avaient pas réussi à se réunir au même moment. Semblant ignorer l'état de sa mère, Ben se pencha vers elle pour la serrer affectueusement dans ses bras. Elle n'était plus que l'ombre de la femme qu'il avait connu enfant et ça faisait bien longtemps qu'elle ne le voyait plus du tout mais ça n'était pas une raison. Quand le jeune homme se redressa, il avait passé un collier fait de boutons colorés au cou de Cassandra, et il la contempla avec satisfaction.

"T'es toute belle comme ça !"

Ça avait un petit côté collier de nouilles mais ça n'était pas fait maison. Ni acheté d'ailleurs. Plutôt... emprunté dans une boutique quelconque, et Ben envoya son sourire le plus innocent à son flic de frère quand il croisa son regard.

"Comment elle va ?" Interrogea-t-il Cathy. Pas de réponse et il soupira, claquant des doigts devant les yeux de la jeune femme qui l'avait zappé. Hello ! Comment elle va ?"

C'était encore plus rapide quand il était avec un de ses frères, les gens avaient tendance à... fusionner leur présence. L’infirmière avait gloussé quelques remerciements en serrant les fleurs contre elle et était en train de les arranger dans un vase, elle lui adressa un sourire d'excuse, reposant son ouvrage :

"Il n'y a pas tellement d'évolutions, comme vous voyez. Elle n'a pas non plus réagi à la date."

Ben chercha le regard d’Elie. Ce qu'il y avait de bien avec ses frangins, c'est qu'ils n'avaient pas forcément besoin de parler pour se comprendre.

Elie fit un petit sourire attendri en voyant sa mère parée du collier de son frère. C’était tellement lui, ça, toujours à ramener des improbabilités touchantes. La chambre de Cassandra était remplie de choses diverses, quasiment toutes en provenance de la planète Ben. Elie était constamment fier de son frère. Il avait cette capacité d’avoir toujours des petites attentions et le souci du détail (d’un certain point de vue), alors que lui-même devait faire abstraction du peu d’attention qu’on lui prêtait à cause de son pouvoir. Elie jeta un œil au bouquet de fleurs qu’il avait amené, originellement pour sa mère. Quel manque d’originalité de sa part !.. Tous les ans, il ramenait un bouquet de fleurs, toujours si impersonnel. Seth semblait avoir amené la même chose que lui, mais d’une certaine manière, il avait l’excuse de ne pas avoir le temps de chercher plus. En y regardant de plus prêt d’ailleurs, ce bouquet ne ressemblait pas au style qu’il envoyait généralement, plein de froufrous et de tape à l’œil affreusement coûteux. Peut être avait il choisi de la faire plus sobre…

Le pouvoir de Ben commençait déjà à faire des siennes. Parlant dans le vide, il dut s’y prendre à deux fois avant de pouvoir être entendu par la jeune femme. Afin de faciliter quelque peu la perception de son frère par Cathy, Elie s’écarta légèrement du groupe afin de revenir vers le couloir d’entrée. Celui ci était tapissé de photos et dégoulinait de nostalgie. Elie se mit dos à lui et croisa les bras en direction de Cathy, afin d’écouter sa réponse. Rien de bien étonnant d’ailleurs. Pas de changement, c’était à prévoir, la question avait été posée machinalement de toute manière. Le regard des frères se croisa, comme de coutume et sans faire de conclusion, Elie se retourna à nouveau vers le couloir. Souvent, il s’attardait sur une photo en particulier, témoin des années de bonheur de la petite famille, avant que tout ne bascule.

"Et vous, comment va la vie?"Demanda Cathy en ouvrant la fenêtre. Puis, se tournant en particulier sur Elie :"Tu m’avais dit être sur une affaire compliquée, est ce qu’il y a du nouveau?"

L’affaire en question leur avait pris plusieurs mois et avait été épuisante à tout niveau. La plupart des agents y participant avaient d’ailleurs eu la possibilité de prendre quelques jours de repos pour évacuer. Bien qu’Elie soit généralement un acharné, ce repos bien mérité fut accueilli sans résistance.

"Affaire classée!" Dit il en souriant "Mais bon ,tu sais, on en fini jamais vraiment… Ben, ici présent (Elie pointant son frère du doigt tel le néon d’une enseigne), m’a encore pas mal aidé d’ailleurs. Sans lui j’aurais vite pris tout ça trop à coeur."

Il était important de régulièrement associer Ben aux conversations, parfois même s’il n’avait rien à voir avec la tambouille. Mais cela lui laissait plus facilement l’occasion de s’y immiscer. Faisant à nouveau demi tour sur lui-même, Elie se dirigea vers la cuisine.

"Quelqu’un veut quelque chose à boire?" Demanda t’il dans sa lancée

«Rien pour moi merci!" Répondit Cathy "Vous restez ici un peu? J’en profiterais bien pour aller faire quelque courses si ça ne vous dérange pas…"

"Non, bien sur que non vas y" Dit Elie de la cuisine "Prend ton temps, on va rester avec Maman un moment." Puis avisant son frère "Ca te va Ben?"

Cathy était aide à domicile à temps plein. C’était surtout grâce à Seth qu’ils pouvaient se permettre ce genre de folie financière. Ils étaient de toute manière bien d’accord sur une chose : rien n’était trop pour leur mère, et ils lui éviterait à tout prix d’aller en centre spécialisé. Ainsi Cathy avait sa propre chambre dans l’appartement familial (ils avaient d’ailleurs un arrangement financier à ce niveau) et était d’une certaine manière la co-locataire de Cassandre. Selon Elie, qui considérait sa mère plutôt dans une sorte de sommeil, QUAND elle se réveillerait, elle serait bien plus heureuse d’apprendre qu’elle n’avait pas été abandonnée, et Elie n’aurait pas honte d’avoir cette impression.

Ressortant de la cuisine, deux verres à la main, Elie en tendit un à son frère alors que Cathy se préparait à partir.

"Au fait Cathy, les fleurs là, elles sont de Seth, non?" Il désigna le vase du menton "Il est passé quand?"

« Bien sûr que non ! Il a été envoyé hier, et je sais encore ce que je fais, je crois. Alors vous cherchez et vous me rappelez quand vous l'aurez trouvé » dit Seth, visiblement agacé mais qui tentait de parler assez bas pour que personne ne l'entende. Il avait dans la main une figurine de baseball qu'il avait reçu pour son cinquième ou sixième anniversaire et qui n'avait jamais trouvé sa place dans son nouvel appartement. Il avait préféré la laisser ici, dans la chambre qu'il avait partagée avec ses frères toute son enfance, une sorte de mausolée de ce temps béni où leur seul soucis était de savoir qui allait arriver le plus vite à la table du déjeuner.

La conversation terminée, il reposa la figurine sur le meuble poussiéreux et se dirigea vers la porte de la chambre qu'il avait fermée pour conserver toute la confidentialité de cet appel professionnel. Alors qu'il allait ouvrir la porte, il reconnut dans le salon la voix de ses frères qui discutaient avec Cathy. Il était persuadé qu'il ne les croiseraient pas en choisissant une heure si matinale. Son frère n'avait-il pas quelques malfrats à arrêter ? Et l'autre n'avait-il pas quelques entretiens qui lui permettraient enfin de mettre un sens à sa vie ?

Il se passa la main dans les cheveux et souffla bruyamment. Il sortit de la pièce en direction du couloir qui donnait sur le salon et arrive au moment où Elie s'enquérait de la provenance des fleurs posés sur la table. En guise de réponse, Seth entra dans la pièce. Cathy ne comprenait pas la situation. Elle ne comprenait pas pourquoi les trois frères n'étaient pas au courant de leur passage respectif. Elle n'avait pas eu le temps de discuter avec Seth puisqu'il était parti quelques instants après son arrivée s'enfermer dans la chambre afin de prendre un appel qui semblait très urgent. Ainsi, elle se retourna vers Seth, le regard interrogateur en guise de toute réponse.

« Hey » salua t-il l'assemblée avant d'aller passer une main chaleureuse dans les cheveux de Ben.

Il alla à côté de sa mère et lui prit la main avant de s'asseoir à côté d'elle, face à ses frères.

« Je pensais que vous seriez venus plus tard. Ça fait peut-être un peu trop de monde d'un seul coup pour maman. »

« Je comptais partir de toutes façons... Je vais faire les courses » dit Cathy, finissant de s'habiller à la hâte et qui semblait comprendre qu'il était temps pour elle de partir. Elle fila en cuisine pour chercher quelques sacs nécessaires à ses emplettes.

Seth sourit et reporta son regard sur sa mère, l'air attendri. Il lui tenait toujours la main, et caressait du bout des doigts le bracelet qu'elle portait : un bracelet fin et discret en or blanc. Ce bracelet était nouveau, très nouveau.

L’entrée de Seth fut soulignée par son frère d’un cri de joie alors qu’il brandissait deux bras victorieux. Bras qui retombèrent bien vite d’ailleurs, mais enfin, l’intention était là. C’est que Ben, après avoir embrassé sa mère, s’était vite laissé tomber dans le canapé, à sa place favorite. Celle où il avait, à force d’acharnement et de pratique intensive, creusé un trou juste à la taille de son derrière. Des années pour arriver à ce résultat parfait ! Et quelques batailles avec les frangins pour la préserver de leurs perfides attaques. Des jeux de gamins, à l'époque où leur mère était encore capable de leur tirer les oreilles pour qu'ils arrêtent leur bazar. Aujourd'hui, elle ne risquait pas de dire grand chose, quand bien même il s'évertue à s'affaisser le plus possible, espérant enfin entendre un "tiens toi droit !" qui ne viendrait jamais.

"Oh l'autre hé, répondit-il avec bonne humeur à son frangin toujours aussi soucieux de tout, en lui envoyant gentiment un des coussins du canapé dans le torse, sous-estime pas maman, elle a réussi à t'élever j'te signale !"

Quelques secondes auparavant, ignorant que leur aîné (d’au moins… pfoulala, dix minutes peut-être !) était caché dans la chambre, Ben et Elie avaient repris leurs petites habitudes de visite. Le flic entretenait une conversation polie et civilisée, juste ce qu’il faut pour ne pas passer pour un sauvage, et Ben, pas sauvage pour deux sous pour sa part et ce quelles que soit les circonstances, y allait de ses petits commentaires absurdes, une fois de temps en temps, quand le stratagème du frangin fonctionnait suffisamment pour que Cathy tourna les yeux vers lui.

Le photographe avait acquiescé et Elie lui avait fourré un verre entre les mains.

"Pas de problème pour moi ! Confirma-t-il à la jeune femme. T'inquiètes Cathy, je surveillerai qu'il fasse pas de conneries."

Non, pas vraiment pressé de partir. Il s'était toujours senti bien ici, en tout cas quand il n'était pas tout seul avec son légume de mère. Après tout, cet appartement resterait toujours sa maison. D’ailleurs il ne l’avait pas quitté il y a si longtemps et c’était quand même plus cosy que l’immeuble qu’il squattait actuellement. Aucun des frangins n’aurait apprécié l’expérience et pour l’instant, il avait évité le sujet : après tout, il n’y avait pas de quoi en faire toute une histoire, il avait rencontré un groupe de punk à chiens super sympas dans ce squatt ! Mais entre ça et l'absence visible de vrai boulot (parce qu'il paraît que manger à l’œil dans les restos n'en était pas un), il risquait de se faire tirer les oreilles. Et il les avait sensibles.

"Toi aussi tu relookes mam' ?" Interrogea-il avec enthousiasme le frérot qui était sorti de sa cachette, avisant de son œil de lynx l'éclat brillant avec lequel jouait Seth. Manque plus que tu lui fasses une couronne de fleurs avec ton bouquet !" Lança-t-il à Elie, très sage dans son coin près des photos.

"En tout cas, pour une fois que vous êtes ni en réunion, ni en train de sauver le monde, je crois qu'il va neiger ! A la votre !" Et glou le verre. C'est qu'on avait une bonne descente dans la famille. Enfin ce spécimen là en tout cas.

[HJ: dsl du délai les frérots, j'ai un peu abusé là...]

Elie resta sans voix lorsque son frère apparu de nul part. Cathy n’eut pas le temps de répondre à sa question que son frère y répondit tout seul comme un grand. Elle se contenta de rouler légèrement les yeux en souriant, signe qu’elle était plutôt satisfaite d’avoir « omis » de préciser qu’ils n’étaient pas les premiers arrivés, espérant que cela leur serve de leçon pour le manque de communication. Un sourire apparut sur le coin des lèvres du jeune policier, visiblement ravi de cette présence inattendue. Seth sortait d’une chambre annexe, celle qu’ils occupaient petits. Cela n’étonna guère Elie qui avait remarqué que Seth semblait toujours trouver une excuse pour y faire un tour à chaque visite. Cette nouvelle arrivée précipita un peu Cathy vers la sortie, sûrement également en résonance avec la remarque de Seth. En guise de réponse un coussin fut envoyé sur lui par son turbulent de frère. Elie hocha la tête vers Cathy pour répondre à son au revoir de la main au moment où elle sortit.

Seth, aux cotés de leur mère mettait en surbrillance le « brand new » bracelet dont elle était parée. Elie ne l’avait pas remarqué. Cette fois ci c’était officiel : il fallait vraiment qu’il fasse un effort sur les cadeaux. Il n’avait jamais été ni très doué pour cela, ni très riche non plus, ce qui le limitait généralement au bouquet de fleur naze du type de celui qu’il avait ramené. Certains diraient que c’était le geste qui comptait… Si Ben avait accepté ce concept de la plus pure manière qu’il soit, Seth n’en était clairement pas adepte, et Elie détestait passer pour le radin de service par son manque d’originalité. Aussi, ne fit il aucune remarque sur le bracelet afin de ne pas laisser à son frère l’occasion (consciemment ou pas) de le lui rappeler. Seth n’était pas méchant, mais i lavait parfois des remarques qui pouvaient être difficiles à digérer. Manque de bol, il devait compter sur le tact légendaire de son deuxième frère pour être achevé à coup de massue. Légèrement gêné, la seule échappatoire qu’il trouva fut de pointer son verre en direction de Seth dès que leurs regards se croisèrent, manière de lui proposer à boire. Sans attendre de réponse d’ailleurs, il reparti direction la cuisine, afin de préparer un troisième verre. Connaissant son frère un simple jus de fruit ne serait sûrement pas assez sophistiqué. Il prépara donc un petit cocktail maison vite fait.

"Ca va le boulot?" Plaça t’il astucieusement à travers la cuisine.

De retour, il tendit le verre à Seth au moment où Ben remarquait l’exceptionnalité de l’instant. Les voici effectivement seuls, toute la famille réunie, ce qui était somme toute assez rare ces derniers temps. Autant donc profiter du moment au maximum. Elie déposa un baiser sur la joue de leur mère avant de lever son verre.

"Tchin" Fit il à son tour avant d’avaler une gorgée.

"J’étais débordé ces deux dernières semaines" Dit il en se les remémorant "Et les prochaines semaines risques d’être du même acabit…"

Une affaire mêlant mutants et trafic d’armes se profilait à l’horizon, mais la fraternité n’étant pas motif d’exception du le secret professionnel, Elie n’en dit pas plus, comme d’habitude…

Contemplant la scène en parfait omniscient, Elie eut le sentiment qu’elle devait être immortalisée.

"Tu nous prend en photo avec Maman?" Demanda Elie avisant Ben qui n’était jamais très loin de son appareil.

La dernière photo qu’ils avaient tous ensemble remontait sûrement à plus d’un an, et peut être la prochaine aurait le même délai d’attente. Qui sait ce qui pouvait se passer d’ici là…