Le revenant (Paladin et autres)

Trois ans... Trois années que je n'avais pas vu les gens que j'allais recroiser aujourd'hui. Trois ans que j'avais passé si loin de New York. L'avion venait d'atterrir. Je n'étais même pas encore arrivé que le stress m'empoignait déjà le ventre. Qui allais-je voir en premier? Qu'allais-je bien pouvoir leur dire? Malgré près d'un mois de préparation à cette date fatidique, c'était comme si je ne m'étais pas préparé du tout. Ce n'était pas moi d'être aussi mal à l'aise avec mes décisions. Ce n'était pas moi de disparaître aussi longtemps non plus et c'était là un détail à ne pas négliger. Je crois qu'il était là le problème en fait. J'avais l'impression que je n'aurais jamais dû quitter la ville, et encore moins le pays. Les trois dernières années avait été nécéssaires, il va s'en dire. J'ignore comment je me serais comporté si j'étais resté sur place après ce qui c'est passé. Il n'y avait qu'à revoir comment j'avais été, pendant des mois entiers, après le massacre de Central Park. J'imagine qu'on ne s'y fait jamais en fait. La mort n'est pas quelque chose à laquelle on peut s'habituer.

Le taxi décolle de l'aéroport, ma voiture n'est pas encore arrivée et je ne peux pas attendre deux jours qu'elle arrive. J'avais l'impression que je devais m'y rendre le plus vite possible. Ironiquement, j'avais tout de même un trac intenable. Les scénarios s'enchaînaient à une vitesse encore plus folle que les paysages qui passait par la fenêtre de la voiture d'un jaune cliché. Je ne me rendit compte de notre arrivée que lorsque le chauffeur me sortit de mes pensées pour me le signifier. Un peu gêné, je me suis confondu en excuses, prétextant, non sans fondements, le décalage horaire, et en lui laissant un bon pourboire.

-Dites donc. C'est pas de la petite barraque qu'il y a là, vous vivez ici? lança le travailleur en prenant le paiement, le sourire fendu jusqu'aux oreilles.

-On peut dire ça comme ça... répondis-je, encore un peu perdu dans mes pensées. C'est un peu comme une résidence d'été... continuai-je ironiquement.

Je descendis du véhicule et fixai le portail, encore ouvert aux vues du soleil qui ne faisait que tendre vers l'horizon. Le chauffeur eût même l'ammabilité de sortir ma valise du coffre et c'est en me la tendant qu'il me fit ses salutations:

-Je vous souhaite un bon été dans ce cas.

Il n'eût malheureusement droit qu'à un hochement de tête comme rétorque et avant je n'aie eu le temps de passer l'arche, le taxi était déjà reparti. Trois ans... Je me mis à marcher lentement vers l'enceinte. Il n'y avait personne à l'avant, probablement en cours ou ailleurs. Cela faisait un peu mon affaire. Avec un peu de chance, je pourrais peut-être même me réinstaller avant d'avoir à tomber sur quelqu'un que je connaissais. Et puis quoi encore? Je n'arrivais même pas à me rappeller la dernière fois où j'avais eu de la chance. Cela ne me ressemblait pas. J'avais l'impression de n'être que le masque de moi-même avec tous ces doutes dans mon esprit. Que pouvait-il bien arriver de si grave? Ce n'est pas comme si j'avais commis un crime. Je n'avais trahis personne, ni n'avais laissé personne dans l'embaras. Alors pourquoi me sentais-je si... coupable? Le sentiment de plenitude que m'accordait cet endroit entrait en un dur contraste avec le sentiment que j'avais d'avoir abandonné des gens à la merci de la folie de cette ville. Je continuais de m'avancer lentement vers l'entrée, montant, une à une, les marches du grand escalier menant au balcon principal. Peu à peu, je sentais mon esprit s'alléger, comme si mon appréhension s'envolait lentement. Je sentais le vent frais d'une fin de printemps me siffler la venue d'un été radieux. Les éffluves des plantes renaissant après un hivers difficile qui emplissaient mes narines de subtiles parfums. La grande porte se dressa devant moi et je restai sur place, les yeux fermés, à prendre d'énormes respirations pour me calmer, pendant quelques minutes qui semblèrent s'éterniser.

Cela faisait une semaine que Morgan avait affronté Lady Deathstrike et fait la connaissance de William Kaplan, aka Wiccan, qui avait changé ses pouvoirs radicalement et lui avait brièvement donné un sursaut de puissance qui avait consumé 6 années de son espérance de vie, le laissant légèrement vieillis. Il avait récupéré assez vite de ses blessures mais quelques contusions étaient encore visibles sur son visage, à la machoire et à la tempe, de petites plaies et ecchymoses. Sa lèvre inférieur était légèrement fendue mais rien qui ne soit irréversible. Il avait coupé sa longue barbe et ses cheveux longs, qui avaient poussé dut à son vieillissement accéléré, pour ne garder qu'une petite tignasse blond sombre et une barbe dorée de taille raisonnable, rehaussant son visage bronzé d'une lumière virile.
Il avait pour ordre de se reposer dans sa chambre, c'était la consigne des instances médicales de l'Institut. Son "vieillissement" était encore sous surveillance et analyses, et la nouvelle forme de son pouvoir encore en étude. Mais Morgan avait peu de considération pour ce genre de remontrances, quand bien même il suivait les ordres de l'Institut il gardait son libre arbitre sur certaines choses. Il avait donc pris sur lui d'aller piquer une bière dans la cuisine et de la siroter du côté de la piscine, esperant croiser par hasard William, en maillot de bain, et pouvoir profiter de la vue, voir aborder la conversation. Il était lui-même vêtu d'un maillot short qu'il avait gardé comme souvenir matériel de l'Australie, noir avec des motifs bleus et blancs. Son corps, autrefois fin et élancé, avait été sculpté par son entrainement de X-man, et il pouvait maintenant compter sur une musculature harmonieuse, des cuisses saillantes aux trapèzes légèrement rehaussés, son torse étant recouvert d'une pilosité courte et blonde qui, plutôt que d'ombrer son corps le rendait plus clair, brillant dans la lumière. Néanmoins, la beauté de ce corps était entaché par la perte de son bras gauche, remplacé par un bras d'énergie jaune et translucide, comme fait de gélatine ou d'eau, et qui se formait à la base de l'épaule, dissimulant la plus grosse partie de sa blessure mais pas l'entièreté, des cicatrices clairs jurant sur sa peau hâlé, remontant jusqu'à la base du cou et sur le pectoral gauche.

Quand Star approchait de l'Institut, Morgan se prélassait au-dessus de l'eau, flottant sans trop y penser à quelques centimètre de cette dernière, enrobé d'une très fine pellicule d'énergie qui lui permettait de voler et ajoutait à sa peau des reflets dorés et des irisés. Son Plasmoïde, c'est à dire la masse d'énergie qu'il pouvait désormais produire, se déplaçait autour de la piscine comme une méduse, souple, diaphane et gracieuse. Il y avait quelques élèves dans la piscine, mais Paladin sentait que William était toujours dans l'Institut. Il ne viendrait sûrement pas. L'un des élèves, voulant rire un bon coup et sachant Morgan de bonne compagnie, se jeta à côté de lui pour l'éclabousser. Mais Morgan, bien que les yeux fermés sous les lunettes qu'il avait revêtu, l'avait sentis venir avec son don radar. Après avoir échappé à la mort et perdu plusieurs années de sa vie en quelques minutes, il avait plus que jamais envie de s'amuser et d'agir comme un jeune. C'est pourquoi, réagissant promptement il attrapa le jeune homme par son bras avant qu'il ne touche le sol et s'éleva à 10 mètres de haut, le jeune homme hurlant et suppliant de le reposer.

On attaque jamais un X-man ! Pas même pour l'éclabousser !

- Monsieur soyez sérieux ! me lâchez pas !

Je sais pas, demandons aux filles ...

Il se retourna vers les donzelles prenant le soleil au bord de la piscine et leur montra sa prise en le tendant un peu plus haut, ce dernier essayant de se raccrocher avec les pieds à son bras d'énergie dans des torsions grotesques.

vous en pensez quoi mesdames, on lui enlève son slibard ou on le lâche dans la flotte ?

- Oh m'sieur Stronghold, le lâchez pas il vous éclabousser ...

Raison de plus, ça va vous refroidir !

Comprenant que le professeur était d'humeur à mettre la pagaille, les jeunes filles commencérent à ramasser leurs affaires en pleine hystérie, I-phone et autres ustensiles électroniques de moindre importance aux yeux de Morgan. Mais quelque chose d'autre avait attiré son attention. Quelque chose qu'il n'avait pas ressentis depuis si longtemps qu'il en lâcha le jeune homme, lequel commença sa chute en hurlant comme une fillette avant d'être rattrapé à 2 mètres de l'eau par le Plasmoïde de Morgan, qui par prudence lui avait dés le début ordonné de protéger cet élève. Morgan n'y faisait de toute manière plus attention, car dans son champ de detection était rentré une personne qu'il n'avait pas revu depuis tellement d'année ...

Sebastien Smith, aka Star, avait été un amis et un flirt à sens unique de Morgan avant qu'il ne soit X-man. Il avait pour lui un certains sentiment d'attirance, une affection et une estime certaine, si bien que son visage s'éclaira d'un sourire rare. Ils avaient affronté pas mal de choses ensemble, et avaient notamment tenté de sauvé l'ex petit ami de Sebastien au cours d'une mission suicide dans une base annexe de la Confrérie. Mais peu après, Sebastien avait quitté l'Institut, et Morgan ne pouvait que le comprendre. Cela faisait trois ans, c'était peu de temps avant sa passation, et le fait que son bras ait été définitivement perdu était en partie dû à l'absence des pouvoirs de soin de Star. Mais Morgan n'en éprouvait aucun ressentiment. Il était juste heureux de sentir à nouveau sa présence.
Et il savait exactement comment l'accueillir ...

Reprenant le contrôle de son plasmoïde il l'attira vers lui dans un mouvement fluide, laissant tomber l'élève qui se tenait dessus, qui s'enfonça dans l'eau dans une hurlement étouffé. L'énergie jaune claire aux aspects liquides s'enroula autour de Paladin, formant une armure médiévale d'une hauteur de trois mètres. Flottant en son centre, Paladin n'était pas reconnaissable, les remous iridescent de son énergie floutant son identité, on ne pouvait repérer qu'une silhouette au torse nu. L'armure, flottant dans l'air, s'envola vers l'entrée à toute vitesse. Il repérât son ami, qui comparé à lui-même avait peu changé au niveau physique, et atterrit devant lui en faisant trembler le sol sous le choc. Puis, pointant son doigt tel un accusateur, haute et imposante, l'armure d'énergie fit apparaître dans son autre main un massif marteau d'énergie alors que la voix de Morgan s'élevait, déformé par l'écho de son habitacle et ainsi méconnaissable :

QUI ES-TU, INTRU ?!!

Je déposai mes valises au sol pour avoir la possibilité de pousser la grande porte qui faisait obstacle à mon retour. Un sourire se dessina lentement sur mon visage alors que j’apposais mes mains sur le bois dans la ferme intension de pousser et d'en finir avec le suspens insoutenable. Je me surpris même à avoir hâte d'entrer. Il est vrai que le stress je ne le ressentais pas très souvent, ou peut-être était-ce l'impression que m'avait toujours laissé le fait qu'il se dissipait toujours au moment fatidique. Quoi qu'il en soit, je poussai ces foutus portes et m'apprêtai les genoux pour me ressaisir de mes bagages. Cependant, le destin, vous savez celui qui ne vous accorde jamais de chance, en décida autrement en faisant atterrir un géant entre moi et l'embrasure. De façon complètement instinctive, je fit un pas vers l'arrière et me dématérialisai pour réapparaître au bas de l'escalier.

(Paladin) QUI ES-TU, INTRUS ?!!

Maintenant qu'il y avait une distance sécuritaire entre moi et cette menace potentielle, mon cerveau recommença à analyser la situation. Le colosse avait la forme d'une armure de chevalier digne des films mais, elle n'était clairement pas faite de métal.

-C'est pas vrai, je suis à peine arrivé et c'est déjà le chaos... me murmurai-je à moi même, avant de hausser la voix pour que le gardien m'entende. Je ne suis pas là pour me battre! Je m'appelle Sebastian Smith et j'ai la permission d'entrer. Regardez, dis-je en sortant la clef de mon ancienne chambre, j'ai même la clef de ma chambre.

J'espérais de tout mon cœur qu'il s'agisse d'une mauvaise blague parce que je n'était clairement pas revenu pour ça et si cette chose voulait réellement se battre, j'avais quelques nouveaux tours dans mon sac qui allait en surprendre plus d'un. J'avais levé mes mains en signe de capitulation pour éviter d'envenimer les choses mais, je continuais d'analyser ce que je voyais et c'est là que je me rendit compte qu'il y avait quelqu'un dans cet amas jaune et visqueux. Avec Lucas, on avait mis au point des techniques de diversion plutôt efficace, étant donnée la nature très défensive de mes pouvoirs, pour surprendre l'adversaire. Je n'arrivais pas à distinguer les traits de cet homme mais, une chose était certaine, il n'allait pas m'empêcher de rentrer dans cet établissement que je considérais encore comme chez moi et c'est pourquoi, sous l'impulsion d'une idée, la suite se produisit:

Je plissai les yeux pour mes cerner les contours de cette personne et saisir ou se terminait son corps et ou commençait son armure. Puis abaissant un peu mes mains je mis en marche mon pouvoir. L'homme qui se trouvait dans cette espèce de gélatine se transforma en une nuée de particule bleue et luisante et se volatilisa. Ces mêmes petites étoiles apparurent juste devant moi et, presque dans le même mouvement, je saisis la nuque de l'homme dans ma main gauche et fermai mon poing droit dans la ferme intention de mettre ce bourrin hors d’état de nuire. C'est dans la fraction de seconde précédant ma frappe que je le reconnus:

-Plasm?! lançai-je, surpris, en arrêtant mon mouvement d'attaque sur le champs.

Morgan observait Sebastian à travers les reflets de son armure, ce qui lui donnait une image légèrement déformé et une couleur plus jaune. Dans son armure, Paladin avait ses sens légèrement réduits, en particulier l'odorat, et sa vue comme son ouïe étaient légèrement déformés par le scaphandre d'énergie qui l'englobait. Il se fiait donc plus à ses capacités de detection qu'à ses sens humains. Néanmoins il avait de quoi remarquer que, tout en ayant vieillis, son ami n'avait rien perdu de sa superbe ou de son physique d'ange. En revanche, la sensation de picotement qui lui parcouru l'échine démontra qu'il n'avait rien perdu de sa réactivité.

L'étrange sensation de téléportation que provoquait les pouvoirs de Sebastian avait déjà été experimenté par Morgan il y avait bien longtemps. Il n'avait à vrai dire pas subi de téléportation depuis un bon moment et cela ne lui avait pas manqué. Non pas que la sensation en soi soit désagréable, ce qui l'était c'était la surprise de se retrouver instantanément dans un autre lieu alors qu'on en avait rien décidé. Cela relevait d'une déstabilisation particulière, que seul pouvait comprendre ceux qui en avait vécu les circonstances uniques. Quoi qu'il en soit, il sentit la main de Sebastian sur sa nuque avant que ses autres sens ne s'adaptent, mais ce contact lui donna un accèss direct pour les capacités de radar qui faisait sa nature, et il perçu l'hostilité mitigé de son faux adversaire aussi sûrement qu'une migraine. La blague avait plutôt mal tourné ...
Mais heureusement, et presque miraculeusement, il fut démasqué avant que son ami ne lui porte un coup de poing qui aurait pu être ravageur si la peau bronzée de Morgan n'était pas recouverte d'une fine couche d'énergie, donnant à sa peau des reflets dorés comme si du métal transparent la recouvrait, et qui protégeait son corps de dommages mineurs tel que celui que Sebastien s'était apprêté à lui administrer. Regardant avec un grand sourire son ami, toujours le bras levé de surprise et sa nuque dans sa main gauche, il se jeta contre lui et enserra son torse de ses deux bras, celui d'énergie et celui de chair, le soulevant littéralement à une vingtaine de centimètre du sol sans aucun effort avant de le reposer, un sourire gigantesque creusant dans son visage le plus heureux des ravins.

- Sebastien ! Abrutis va, t'allais me taper dessus toi !

Il s'écarta de lui pour le regarder, tandis que derrière lui son Plasmoïde d'énergie, laissé sans contrôle, se déplaçait et ondulait comme une créature marine, flottant de-ci de-là, rappelant tantôt une méduse, tantôt du Flubber. Morgan bomba le torse en posant ses mains sur ses hanches, arborant sa demi-nudité avec la fierté sans pudeur qui faisait se débordement de joies.

- On ne m'appelle plus Plasm, on m'appelle Paladin ! je suis un X-men maintenant, j'suis même connu à la télé, attention à qui tu t'adresses ! T'as fait comment pour me reconnaître avec la barbe ?

Il se gratta la barbe de la main jaune translucide qui remplaçait désormais sa main gauche. Et il se rappella soudain que le torse qu'il exposait avec tant de fierté était, sur l'une de ses épaules, zébré de quelques cicatrices, et que le bras d'énergie qui y prenait sa base ne cachait pas pour autant que Paladin avait perdu son bras d'origine, ce que Star ne devait pas savoir. Mais il ne laissa rien paraître et garda son grand sourire, se contentant de continuer avec cette phrase :

- T'as raté tellement de chose ! Et puis, que t'es t'il arrivé !? tu étais où ? je veux tout savoir !!! Allez, viens au bord de la piscine j'ai des bières, je porte tes bagages c'est dans mes cordes ...

D'un coup de tête il désigna l'énergie jaune qui continuait de bouger librement derrière lui, et qui à son appel mental se dirigea tel une masse d'eau ondulante et ovale vers les sac de Star, qu'elle engloba en elle avant de se remettre à flotter derrière Morgan. C'était la moindre des choses qu'il pouvait faire, il était tellement heureux de revoir Sebastien qu'il ne savait pas comment le lui montrer. Le regardant encore une fois le regard pétillant et plein d'étincelle il lui donna un petit coup de poing dans l'épaule en se grattant les cheveux avec ce tic de gêne qu'il avait toujours arboré.

- C'est tellement bien de te revoir ... j'arrive pas à croire que t'es réel.