La curiosité est un vilain défaut [Pv Ernest]

Le moment était venu. Le match de Basket commencerait d'ici une heure. Des maraudeurs déguisés en civil attendaient ,dissimulés, au milieu de la foule. Même si les expressions dures de visages que certains pouvaient avoir naturellement ça ne serait sans doute pas suffisant pour lui mettre la puce à l'oreille. Après tout, il y avait toujours une faible proportion de supporter hargneux venus chercher la bagarre plutôt que supporter leur équipe, le genre de type à revenir avec une batte après le match pour en découdre eux même avec les supporters d'en face. Vu cette population "typique" un peu brutale et mal éduquée, venir ici pour un mutant comme Ernest serait synonyme de lapidation publique. Il devait bien en être conscient, ce n'était qu'un point de rendez vous mais la discussion n'aurait pas lieu dans le stade. L'espérance de vie de deux hommes rats étant dramatiquement faible dans cet environnement.

Bip, Tout est en place Monsieur.

Bien.

Sinistre avait judicieusement positionné ses indics aux niveaux des points d'accès du stade : arrêts de bus, arrêts de métro et entrées aux stades. Il serait alerté dès qu'on apercevrait l'homme rat. Il le rejoindrait en trombe sous l'apparence de Vermine, le "maigre" et ses hommes pourraient alors prendre congé. Ne restait donc qu'à attendre qu'Altérion tombe dans ses filets. Serait -il réceptif à ce que Sinistre lui proposerait ? Difficile à dire mais s'il avait accepté de venir jusqu'ici, il ne repartirait pas sans l'écouter et "payer" sa curiosité naturelle.

Bip, Il est à l'angle de la troisième.

Impatient, Sinistre se dirigeait en trombe à l'endroit indiqué pour constater à sa grande surprise qu'on l'avait induis en erreur .

C'est un hybride raton-laveur, idiots! Restez en alerte.

Les maraudeurs n'étaient pas recrutés pour leur capacité d'analyse mais Sinistre avait quand même parfois quelque doute sur les compétences de certains. Ce genre de mission sans importance était un bon moyen de filtrer les éléments incompétents et indésirables. Au pire, s'il avait besoin de leur pouvoir, il n'aurai qu'à les cloner. En cela la plupart de ses hommes étaient parfaitement interchangeables.

C’est avec un peu de retard qu’Altérion arriva au stade. Il descendit du bus, puis s’avança, circonspect. Comme à chaque fois où il s’aventurait hors des murs de l’Institut, il était déguisé. Et son déguisement, mi vrai, mi holographique, ne laissait rien voir de ses traits de rongeur. Il ne fallait pas oublier qu’officiellement, Ernest Lenoir, alias Crapule, était toujours un hors-la-loi recherché par le BAM. Une hypocrisie médiatique car c’est avec l’accord du BAM que le rat avait réintégré les rangs des élèves de Charles Xavier. Altérion vivait donc dans le secret, un secret de polichinelle peut-être, mais un secret tout de même. Ceci dit, son apparence avait de quoi susciter la curiosité de ceux qui l’apercevaient. La faute à son mètre quinze qui ne pouvait être changé sans risque de rendre l’illusion trop évidente. Bref. Ce qu’on vit descendre du bus, c’était un tout petit gars au large chapeau, aux amples habits et au visage qui disparaissait dans l’ombre, derrière de grosses lunettes. La nature mutante était évidente si bien que, déguisé ou pas, rester ici n’était sans doute pas très indiqué compte tenue de la dégaine des types qui entouraient le stade.

Ernest ne pensait pas à cela. Sa main errait non loin de la crosse de son pistolet dissimulé. Car il était armé. C’était pour ça qu’il était en retard, il avait fait un léger détour dans les égouts afin de se rendre dans l’une de ses anciennes cachettes. Il ne se ferait pas avoir deux fois. Sous-estimer ses clones était une cuisante erreur. De plus, sans trop se l’avouer, s’il était là, c’était peut-être pour tuer et redevenir unique. Tout dépendait de l’autre. L’étrange correspondance qu’il avait eue avec la soi disant Neko avait monopolisé une bonne partie de ses pensées ces derniers jours. Le clonage, l’Altérium, des problématiques qui appelaient des solutions... Les quelles ? Là était la question. Altérion était conscient qu’en ayant cette initiative, il se plaçait dans une situation délicate. Il se demandait jusqu’où il était prêt à aller. Sûrement déjà trop loin à son goût et il se sentait coupable. Pourtant, il avançait toujours. Il le devait.

Il regarda de gauche, de droite, vérifia encore sa montre pour avoir l’heure exacte. Ensuite, il s’isola légèrement, d’abord pour garder une vision d’ensemble, ensuite pour éviter les soucis. Qui verrait-il débarquer ? Un double de lui ? Une fausse chatte ? Il préférait de loin la première hypothèse, elle aurait le mérite d’être plus franche. En attendant, et bien il n’avait plus qu’à attendre.

Ernest avait déjà un peu de retard et Sinistre commençait à croire qu'il ne viendrait pas. il n'avait certes pas précisé de date mais il avait pensé que celle-ci s'imposait ... un match, un heure de lancement, bref la même heure pour se retrouver, pas besoin d'être sorcier pour deviner. Sinistre étendait sa toile psychique pour sonder les environs et voir si l'homme rat n'avait pas échappé à ses sbires, encore une fois. La foule était cependant nombreuse à cause de la rencontre tant attendue entre les deux équipes phares du championnat. Les supporters étaient venu nombreux et Vermine avait très bien pu profiter de la foule à son avantage pour passer outre le barrage mis en place.

Voilà que son émetteur sonnait à nouveau. On lui signalait un individu étrange sorti du bus sur l'angle de Main Street. Plutôt que de se déplacer pour rien cette fois-ci, Sinistre se focalisa un instant sur cette zone afin de s'assurer de la présence de l'homme rat. Son déguisement n'était d'aucun secours pour se cacher à cette faculté de détection, un avantage que Sinistre avait pu mettre plus d'une fois à profit. Le déguisement d'Ernest était plutôt bon et profiter de la technologie de camouflage de l'Institut était une bonne idée. Ne restait qu'à choisir le sien, pour que cela soit crédible il suffisait de chercher l'idée dans l'esprit même de l'homme rat. A quoi s'attendait il ? A quoi ressemblerait selon lui son mystérieux clone. De toute évidence, il serait pauvrement vêtu puisque recherché par le BAM. Il ne pouvait en aucune façon s'afficher naturellement, il devait se parer d'habits pour essayer de passer inaperçu.

Une idée grotesque jaillit dans ces myriades de possibilités. Qu'est-ce qui était suffisamment épais pour cacher tout un homme rat aux yeux des autres et lui permettre de passer incognito au milieu de la foule. Un costume de mascotte biensur. Les mascottes et les genres varient d'une année sur l'autre. Cette fois-ci, elle se présentait comme une gros grenouille bleue en peluche. Sinistre se métamorphosa à l'abri des regards depuis son poste d'observation avant de rejoindre l'homme rat. Ernest saurait il se douter de la supercherie ?
Après avoir traversé les deux rues qui le séparaient de sa cible, il lui adressa avec sa voix qu'il connaissait si bien, en chuchotant.

"Hey , par ici !"

La supercherie avait donc bien fonctionné, à partir de maintenant Ernest était pris au piège. Mais Sinistre le laissait maître de ses mouvements. Ca serait d'autant plus facile de lui créer de faux souvenir s'il s'inspirait de ceux déjà existants. Dans son plan, il finirait pas faire détruire les lettres à Ernest et lui créerait de faux souvenirs pour que cette journée se passe comme ce qui était écrit dans les différentes lettres. Une simple précaution, car même si Ernest n'avait montré les lettres à personne dans ce qu'il pouvait lire de ses pensées, ça n'empêchait pas que quelqu'un de l'institut soit venu les lires à son insu où tout simplement que le secrétariat prenne quelques précautions vis à vis des courriers envoyées aux étudiants. Après tout , il pourrait très bien faire l'objet d'une lettre à l'anthrax envoyée par les Purificateurs. Il fallait donc continuer de jouer le jeu aussi longtemps que possible.

N'est ce pas ! Le supporter à qui il appartient dort tranquillement dans les poubelles un ou deux ruelles plus loin. On voit que toi, tu n'as pas eu à te trouver de costume, c'est pas plus mal ! Je propose de partir ailleurs, j'ai aucune envie qu'une meute de supporter en délire me traîne jusque dans le stade en me faisant danser pour leur équipe, enfin tu vois le genre ?
On avait une planque pas trop loin, si tu te souviens. Ca sera plus facile de discuter que de rester ici avec tous ces gens qui nous regardent non? Surtout que j'ai aucune envie de faire du bruit ici. Le BAM est toujours après nous, il faut rester discret. Viens, par ici , je me change et on descendra.

Avec sa démarche en apparence louche à cause de l'encombrement de la mascotte, Sinistre s'enfonçant dans une ruelle un peu plus loin en faisant signe à Altérion de le suivre. La situation était des plus ridicules mais il n'y en avait plus pour longtemps.

Allez viens ! On va pas rester là toute la journée ... J'ai retrouvé les travaux d'Ervald. Ce type était une ordure, mais aussi un sacré génie ... un cocktail de savant fou quoi . Je t'en dirai plus à la planque.

Sinistre fit mine de se changer un instant, envoyant une illusion dans le cerveau d'Ernest afin que le nouveau changement d'apparence soit parfait plausible. Ainsi dans un coin à côté de la benne, Ernest pouvait voir le costume, le toucher, le sentir sans qu'il n'existe réellement. Cette fois-ci, Sinistre arborait les traits d'un Ernest maigrichon et mal nourri, des vêtements simples et en piteux état bien qu'il semble avoir fait un effort pour paraitre présentable.
Il entreprît de pousser la bouche d'égouts que se trouvant à côté, lui envoyant un enième et impatient :

Alors tu viens ?

Les jeux étaient faits. A présent ,Altérion et Sinistre était dans la cachette à l'abri des regards. Pas le moindre géneur en vue, et donc personne pour venir à son secours ou pour témoigner de ce qu'il se passerait. En outre, les égoûts étaient suffisamment bien isolés pour que personne en surface n'entende quoi que ce soit. Sinistre lisait les pensées d'Ernest comme un livre ouvert. Il sentait son envie d'en savoir plus et aussi sa volonté de se débarrasser de son double. Ernest était un petit cachotier en fin de compte. Il avait une fois de plus trahi la confiance de ses amis de l'Institut en venant ici, en tenant secrète leur petite affaire. Au fond , il n'avait pas changé tant que ça de leur première rencontre. Il était un peu plus entraîné, mais au fond il avait toujours le même caractère, la même curiosité qu'il avait su déceler en lui. Il y avait tant de choses à faire. Par où commencer ? Ernest était quelqu'un d'intelligent et accepterait peut être de le rejoindre, si Sinistre lui offrait ce pour quoi il était venu ... l'Altérium représentait un immense potentiel mais aussi quelque chose qui appartenait à Ernest. C'est pour ça qu'il était venu ici, pour retrouver cette partie dont on l'avait privé.

Il y a tant de choses à dire ... par où commencer ? Je sais ! Commençons par le début, par toi ! Tout commence, il y a un peu plus d'un an, Phobos capture le vrai Ernest Lenoir. Ervald commence à mener ses petites expériences pendant quelques jours. Il perçoit un grand potentiel mais sent également que les choses vont mal tourner ... Comment faire pour garder Ernest sans qu'on ne le pourchasse ? Une petite astuce en utilisant un collègue mutant à lui, un certain Calc. Il attend que Ernest s'endorme, et la Calc fait son petit jeu. Il utilise son pouvoir pour cloner Ernest. Une idée astucieuse puisque cette méthode lui permet de passer outre les problèmes de clonages de l'Altérium. En outre, il se retrouve avec un second Ernest identique ! Même corps au poil près, même ADN et ... même souvenirs. Il échange les corps et s'enfuit. Peu de temps après, il apprend ce qui est arrivé au labo comme il l'avait prévu. Il ne peut pas rester aux USA, ... non pas discret, d'autant que Ernest est recherché. Il part donc en Russie dans un trou paumé. Les gens là-bas ,ont suffisamment peur de rien pour que de simples rumeurs éloignent les visiteurs de son labo. Là , il mène d'horribles expériences en clonant plusieurs fois Ernest pour ses besoins, pendant que toi, tu restes ici, convaincu d'être le véritable Lenoir et mène ta vie. Un an plus tard, Ernest parvint à s'échapper, tuant Ervald et son complice ainsi que les clones attachés. Il incendie le labo et ce qu'il peut trouver et revient sur New York pour sa vengeance. Et ça nous ramène à la mésaventure à Mutant Town. L'original te tend une embuscade avant de mourir, explosé par ta copine.

Sinistre marquait une pause pour lui laisser le temps d'ingurgiter tout ça. Avant de sortir les pages du journal d'Erval qu'il avait conserver pour cette occasion. D'un geste, il pose le dossier sur la petite table et le fait glisser vers Altérion.

Maintenant tu te demandes sans doute qui je suis dans cette histoire? Si Ernest a tué tous les clones qu'il a pu trouver. Et bien c'est que je n'étais pas là-bas au moment où il s'est échappé. Mais dans ce cas, comment sais-je tout ça ? Et d'où viennent ses notes ? J'ai trouvé le journal en explorant les ruines du labo ,il y a quelques jours ... A vrai dire, on se connait déjà, puisque nous nous sommes déjà vu. Et je dis bien nous, et pas l'original !

Sinistre profite de cette révélation pour reprendre sa véritable apparence avec un sourire narquois sur le visage. La scène devenait une sorte de jeu sadique. Sinistre essayant de faire basculer Ernest dans les ténèbres. Ces révélations y parviendraient elles ,à moins que la soif de pouvoir ou la curiosité ne le fasse ?

Alors M Lenoir-bis, vous ai-je manqué ?

C’était ce qu’il craignait. L’autre Ernest, celui de Mutant Town, avait dit vrai. Il était l’original et lui, Altérion, une copie. Difficile à accepter mais le rat était trop rationnel pour rejeter en bloc ce qui devenait une évidence. Son regard glissait sur les écrits de Vincent Erval, achevant de mettre à mal ses derniers doutes. Une copie... un double... un clone... il n’avait même pas deux ans d’existence.

D’un autre côté, sa courte vie avait été bien remplie. C’était lui qui était allé à la Confrérie, lui qui avait été arrêté par le BAM, lui qui s’en était évadé, lui qui avait par la suite rejoint l’Institut, rencontré Rachel et désiré se racheter. Il n’était pas une coquille vide. Il était juste un être sans famille, une création imitant une personne aujourd’hui disparue. Il n’y aurait plus de prétendant à cette place désormais, sauf lui car, d’après les dires de son interlocuteur, il ne restait qu’un clone : Altérion.

Quand Sinistre dévoila sa véritable apparence, Ernest fut forcément surpris. Il ne s’attendait pas à le voir ici et maintenant, même si la conclusion du récit était de nature à le mettre sur la voie. Il eut un geste de recule mais dans son dos, il y avait le mur. Instinctivement, il songea à son pistolet mais y renonça tout de suite. Résister, fuir, face à un tel télépathe, c’était inutile et il le savait. Il s’épargna donc le ridicule de ces tentatives vouées à l’échec et retrouva son calme.

« Alors c’était vous... Avec le recule, je vous reconnais dans ces lettres. Il n’y avait que vous pour faire ça, que vous pour trouver les mots, le sujet, l’accroche... «

Il parlait avec froideur mais respect. Mister Sinister n’était pas n’importe qui et il n’arrivait pas à éprouver beaucoup d’antipathie à son égard. Il avait encore en mémoire, forcément, sa captivité dans son labo. Il avait eu à sa disposition une chambre, pas une cage. Le scientifique était resté correct, se démarquant de Phobos ou de Vincent Erval même si tous trois convoitaient l’Altérium. Altérion déposa les papiers sur la table rudimentaire et poursuivit.

« Quelle ironie. Vous vouliez me cloner. A l’époque, même vous n’aviez pas conscience que j’étais déjà un clone. Quoi qu’il en soit, je ne peux rien contre vous, mais vous ne pouvez rien me faire non plus. Vous êtes trop intelligent pour l’ignorer. Vous avez vu Rachel en action. Vous avez vu sa puissance. Elle volera à mon secours si nécessaire. Alors pourquoi ce rendez-vous ? Pour me dire la vérité ? Pour l’Altérium plutôt n’est-ce pas ? »

En cet instant, Ernest ne saisissait pas très bien le but du docteur. Etait-ce un piège qu’il avait tendu ou bien un rendez-vous qu’il avait organisé ? Voulait-il discuter ou imposer ? Le rat regrettait d’avoir ainsi agit. Le scientifique l’avait mené par le bout du museau. Face à lui, il n’avait même pas l’avantage de l’intelligence.

Ernest était quelqu'un d'intelligent et savait bien prendre du recul par rapport à la situation. Bien qu'ayant été déjà kidnappé par Sinistre, il n'avait jamais souffert de sévices de sa part outre sa captivité forcée, donc il se montrait naturellement inquiet mais surtout curieux de cette nouvelle rencontre. Biensur il avait vu juste, Sinistre était là pour l'Altérium mais pas simplement. A présent qu'il possédait davantage de connaissance grâce aux travaux d'Ervald, il serait sans doute en mesure de cloner efficacement Ernest. Du moins, créer un clone qui fournirait de l'Altériu avec une durée de vie moins limitée que le précédent.

Ironie ? J'appellerai plutôt ça un noeud du destin. Nous étions amenés à nous revoir évidement mais surtout à progresser .Le clone était aussi parfait que possible : identique à la cellule près, même souvenirs et pas la moindre marque qui aurait pu laisser penser le contraire. Un Hold up de grande classe en soi. J'imagine que ni les membres de la Confrérie ni l'Institut n'ont vu de différence non plus.

Ernest avait raison. Sinistre ne s'aviserait pas de kidnapper Ernest, mais pas par peur de l'Institut. Il avait toujours sur se dissimuler à eux. Puissants ou pas, les X-mens ne trouveraient que des ombres. La vrai raison était purement pratique, il n'avait pas besoin d'Ernest pour aller plus loin dans ses projets, il lui suffirait d'un peu d'ADN d'Ernest qu'il avait déjà mais surtout d'un peu d'Altérium pour créer son clone. Il ne voulait tout simplement pas s'embêter à garder Ernest enfermé une fois de plus avec tous les problèmes que cela peut susciter. Avoir aperçu la manifestation des pouvoirs de Rachel de loin, lui avait suffit.

Pourquoi la vérité ? Et bien, je dispose à vrai de tout ce dont j'ai besoin pour faire mes recherches sur l'Altérium. Mais en toute honnêteté, je sais que tu es quelqu'un d'intelligent et de débrouillard. Je sais aussi que l'Altérium t'obsède toi aussi pour tous les tords qu'il a pu te causer. Maintenant que tu sais la vérité, plus rien ne te retient à l'Institut, ta mère adoptive. Les gens que tu croyais connaître, aimait le vrai Ernest pour sa manière de pensée. Depuis ton clonage tu agis et penses comme il l'aurait parce qu'on t'a forcé à le faire en te donnant son passé. Mais maintenant, tu peux choisir de faire ce qui te plaît sans te soucier de ce passé ... Je sais que l'Institut t'empêche de mener des recherches sur l'Altérium et bien je ne te propose pas moins que de me rejoindre !

Etudier l'Altérium en toute liberté pour le compte de Sinistre était une proposition sans doute alléchante. Sans compter le fait qu'Ernest n'aurait plus à se soucier de son image et de sa prétendue rédemption pour des choses qu'il n'avait pas faite. Il pouvait se soulager de son passé, se contenter d'être lui et être accepté. Et cerise sur le gâteau, il en apprendrait plus sur son potentiel que jamais et serait libre de l'exploiter.

Alors qu'en dis-tu ? Laisse de côté cette rédemption que tu cherches pour des fautes que tu n'as jamais commises. Fais ce dont tu as envie, sans ce soucie d'un passé qui n'est pas le tien ...

La pierre venait d'être jetée au milieu de la mare. Ernest était en pleine réflexion pesant le pour et le contre. Comme Sinistre l'avait deviné, ce ne serait pas une décision facile à prendre pour lui et quelque soit sa décision, il perdrait quelque chose que ce soit une partie de sa vie incarnée par ses prétendus amis ou une autre représentée par l'Altérium.

Pose toi quelques simples questions ? Dans la mesure où tous tes chois ont été dicté par les souvenirs d'un autre. Que représentent ils maintenant ? Une histoire qu'on t'aurait raconté, rien de plus. L'histoire d'un jeune homme qui a toujours vécu en paria, rejeté d'abord par sa famille, ayant vécu dans la souffrance toute sa vie. Et toi qui, tu prétendrais vouloir en hériter ? Tu cherches une rédemption qui n'est pas la tienne. Ta vie entière est un mensonge. Le seul moyen de commencer la tienne est de partir dans ta propre direction. Un choix que l'original n'a pas pu prendre. Ainsi tu ne seras plus que la simple suite logique de ce qu'il aurait fait. Tu auras une existence à part entière. Et puisque ton existence même, provient de l'Altérium ,parce qu'on a voulu se l'approprier, récupérer ce qui t'a fait naître c'est comme reprendre le contrôle de ta vie.

C'était une cheminement logique. N'étant pas le véritable Ernest mais une copie, ce monde s'écroulait. Il n'avait aucune raison de se sentir responsable de ce que son double avait pu faire pas plus qu'il n'avait de légitimité à aimer ses propres. Neko par exemple s'était attacher à l'original. Prendre être lui pour se rapprocher d'elle c'était vivre dans le mensonge. De même que vivre à l'Institut sans dévoiler qu'il était un clone serait leur mentir à tous. En outre, il avait maintenant du sang sur les mains par l'intermédiaire de Rachel. Par sa bêtise , l'original était mort. Lui qui voulait reprendre sa vie, se l'était faite voler par son clone et de manière définitive. Il ne pouvait même pas se défendre de ne pas l'avoir tué de lui même. Après tout, ne l'avait il pas désiré au fond de lui même ?

Il aurait été facile de manipuler Ernest mentalement mais il était d'autant plus satisfaisant de le voir se torturer l'esprit. Et s'il venait à le rejoindre de lui même, il n'aurait pas à se soucier de le surveiller outre mesure. Un avantage en soi, non négligeable qui valait la peine de toute cette opération.

Sinistre sentait la tourmente dans l'esprit de l'homme rat. Cette décision était tout sauf facile à prendre pour lui. Il essayait désespérément de se persuader de penser pour l'une ou l'autre des options qui s'offraient à lui. Mais les sentiments sont souvent capricieux et si tôt, il se croit décider que le doute le ronge de nouveau pour le refaire pencher la balance. Une suite de ressentis et d'idées se bousculent dans ce balai de pensées. Puis Ernest tente de reprendre ses esprits en se refermant sur lui même. En redevenant lui même, un homme intelligent et calculateur, froid qui tient ses émotions de côté. Il considère finalement la question de Sinistre de manière la plus pragmatique possible, pesant le pour et le contre uniquement d'un point de vue concret : avantages, inconvénients, sans tenir compte de ses amis ou d'autres considérations de ce genre.

Il ne s'agit pas de te laisser seul. Si tu rejoins mon organisation, je n'aurai aucun mal à te cacher de l'Institut ou du BAM. Tu parles d'un refuge mais moi, je parlerais plutôt d'un pénitencier de luxe. Après tout, tu ne peux y séjourner que parce qu'il existe un accord entre le BAM et l'Institut, rien de plus. La preuve, il n'est pas possible d'en sortir quand tu le souhaites. En outre, le BAM doit certainement garder un oeil sur tes escapades n'est-ce pas ? Et puisque l'Institut t'empêche d'exploiter ton potentiel, quel avenir t'offre t'il ? Au mieux, tu feras parti du paysage : un homme rat, sans la moindre particularité au delà de son apparence, condamner à rester de côté, à regarder d'autres plus appréciés que lui raffler les honneurs, le pouvoir, les femmes ... etc. Quel avenir crois-tu avoir là-bas ? Au milieu de tous ces autres mutants qui ont eux accès à leur potentiel ? Tu seras un simple laissé pour compte, rien de plus !
En me rejoignant, tu auras à ta disposition tout ce dont tu as besoin pour étudier l'Altérium et repousser tes limites. Les travaux d'Ervald laisse entrevoir les possibilités qui te sont offertes, mais tu n'y auras accès que si tu es prêt à franchir le pas. Pour ce qui est de sa puissance, tu as déjà pu en avoir un aperçu... Te rappelles tu de ce qui est arrivé à ton corps, à ceux qui ont été en contact avec l'Altérium ? Imagine que tu sois capable de contrôler l'Altérium pour changer ton propre corps, améliorer tes capacités , ne serait-ce pas la meilleure revanche sur la vie ? Les documents en ma possession suggère que tout ceci est possible. En outre, j'ai moi aussi de nombreuses connaissances sur le gêne X et j'ai également poursuivi mes recherches sur l'Altérium. Si tu me rejoins, je serai en mesure de t'offrir un premier aperçu de la puissance qui est à portée de mains . Alors qu'en dis-tu ?

Ernest s'était attaché à une nouvelle personne depuis leur dernière rencontre et pas des moindres. Il lui faudrait trouver un moyen de lui faire couper ses liens. Sans cette ultime ressort qui le liait à l'Institut, Ernest sombrerait cette fois dans les ténèbres.

Ernest devinait juste. La télépathie était un atout indéniable pour manipuler les gens et parvenir à ses fins même sans avoir à altérer leurs pensées. Le télépathe est si proche de sa victime qu'il a toujours un coup d'avance sur elle. Avec l'expérience, il peut même anticiper la manière dont il va réagir pour peu qu'il soit suffisamment psychologue. Pour quelqu'un de si vieux que Sinistre, il va s'en dire que ce n'est qu'un jeu d'enfant de retourner les passions, les désirs ou la culpabilité de l'homme rat contre lui. D'une main insidieuse, il oriente la discussion en choisissant les mots, les tournures de phrases de manière à frapper le plus efficacement possible Ernest. Désir, peur, amour, il va s'en dire que tout se chamboule dans sa tête mais c'est juste un jeu auquel Sinistre s'adonne. Un brin de flou, un soupçon de réflexion, bref, tout s'embrouille mais ce n'est qu'une façade, une manière de rendre crédible la situation mais s'il ne fait pas garde, Ernest finira par arriver de lui même, là ou Sinistre voulait l'emmener dès le début.

Pour entretenir le doute, il lui suffit de répondre aux questions de l'homme rat sans faire de référence trop flagrante aux pensées qui animent l'homme rat, de ne rien qu'il ne puisse savoir sans lire les pensées de l'instant présent. Ceci est un jeu de dupe dont la seule récompense sera la chute d'Ernest si Sinistre poussait plus loin ses manigances.

Il va de soi que tout ceci est un échange réciproque puisque les découvertes sur l'Altérium serviront autant
tes projets que les miens. Ainsi aurait-je une visibilité sur les travaux que tu seras amenés à faire dessus. En outre, il faut garder à l'esprit que tu seras membre de l'organisation et en ce sens tu auras effectivement des obligations et des comptes à me rendre. . . Mais ceci n'est pas non plus un esclavage, tu auras ton mot à dire et jouiras d'une liberté d'action et de mouvement des plus satisfaisantes. Enfin , ceci est un contrat à terme. Ne crois pas qu'on puisse quitter l'organisation autrement que dans un cercueil. Tu as du entendre parler de ce qui est arrivé à l'une des X-mens récemment ? Ceci est un exemple. Ne crois pas qu'on puisse impunément me trahir. En ce sens tu ne pourras dévoiler aucune information sur tes nouvelles attributions ou tes travaux à qui que ce soit si ce n'est à moi. Tu devras également rompre les liens qui te rattachent à l'Institut , trop dangereux.

Mais ceci n'est pas à voir que du côté sombre. En échange de tes bons et loyaux services, tu auras un toit, de l'argent, le matériel et les ressources pour étudier l'Altérium, sans compter la sécurité et la discrétion que pourront t'offrir l'organisation et ses membres. Tu seras libre d'aller et venir dès lors que j'aurai établi les protections qui protègeront les informations cruciales. Il y aura sans doute également une période d'adaptation et d'apprentissage pour
comprendre notre mode de fonctionnement. Alors qu'en dis-tu ?

La question serait maintenant à trancher. Ernest avait obtenu ce qu'il voulait, une description des avantages et inconvénients pour chacun des choix possibles. Serait-il maintenant enclin à se prononcer pour les maraudeurs ?

Ernest se révèlait finalement décevant. Il n'étais pas capable d'abandonner ses prétendus amis et s'attachait à cette illusion encore et encore. Pourtant l'Ernest manipulateur et sournois se cachait toujours sous la carapace. Sinon il n'aurait pas de difficultés à simplement refuser la proposition de Sinistre. Cette Rachel, pourquoi Ernest y attachait une telle importance ? Il ne se connaissait que depuis quelques mois. Elle était certes venue l'aider mais elle était si faible psychologiquement qu'elle viendrait sans doute sauver en furie n'importe quelle personne qu'elle connaisse un tant soit peu. Comme Ernest ... d'ailleurs, à croire que les personnes seules s'accrochent d'autant plus au peu de proches qu'ils ont comme s'il voulait compenser un manque.

Effectivement tu ne peux accepter, mais je sais que tu n'accepteras pas. Tu as changé depuis notre derrière rencontre, tu t'es affaibli. Tu t'es amouraché des X-mens de l'Institut, cette Rachel. Crois-tu qu'elle pourra à elle seule ,combler le vide dans ta vie. Dire que tout au long de la discussion, tu n'as même pas une simple pensée pour ta mère adoptive Cérès. Alors qu'à notre précédente rencontre, tu ne pensais qu'à elle. C'est ridicule. Tes sentiments pour Rachel sont tout aussi factices que ceux que tu avais pour Cérès. Mais tu t'en rendras compte bien assez tôt. Tu es seul Ernest, tu l'as toujours été. Tu cherches à combler un manque pour un besoin qui n'existe pas. Qu'est devenu le confrériste intrépide et manipulateur qui comptait sur sa seule ressource ?

Sinistre n'avait pas besoin d'Ernest pour créer un clone parfait cette fois. Simplement de son altérium. Il avait découvert notamment dans les travaux d'Erval que l'Altérium était en fait une molécule instable dans sa composition. Après analyse du précédent clone, il avait confirmé que la formule chimique de son Altérium était différent de celui d'Ernest par comparaison avec sa base de donnée. La conclusion tombait sous le coude. Les clones d'Ernest génère une premire version d'Altérium de manière aléatoire ou presque et s'auto-conditionnent sous l'action de la molécule pour ne plus en changer. Ainsi, s'il injectait de l'Altérium au clone juste avant activation de son gêne X, il aurait donc un vrai clone d'Ernest et une source d'Altérium fiable. Les autres implications étaient qu'il serait sans doute possible d'obtenir différents Altériums en faisant différents clones mais il y avait déjà suffisamment de choses à faire avec celui d'Ernest avant de chercher à en améliorer la formule.

Soit, je te laisse partir comme tu le souhaites. Mais je vais prendre un échantillon de ton Altérium avant. Vois ça comme une assurance ...