1 + 1 = ... 3 ??! Oo (PV Ernest) [DONE]

Cela faisait près d'une semaine qu'Esther était arrivée à l'Institut et elle commençait à trouver doucement ses marques. Après avoir fait le tour du propriétaire avec Ernest, elle était arrivé à la conclusion que l'Institut était trop grand pour qu'elle tente de s'en remémorer chaque recoin. Elle avait donc choisit de sélectionner l'itinéraire de quelques endroits essentiels, celui de sa chambre, de celle d'Ernest, de la salle de bain, de la cuisine et de la sortie vers la terrasse et le parc. Le reste passait pour quantité négligeable. Elle savait bien ou se trouvaient les espaces de détente comme le salon mais elle ne s'y rendait pas, jugeant l'ambiance trop adolescente, bruyante et un rien turbulente à son goût. Et puis, elle ne se sentait pas de points communs avec ces jeunes gens trop insouciants qui vivaient ici sans trop de sévérité comme dans un pensionnat de luxe. Elle se reconnaissait plus volontiers dans les élèves timides, réservés et mal dans leur peau que l'on voyait parfois s'isoler dans un coin ou l'autre de l'Institut. Ceux-là recevaient toujours un doux sourire de sa part. Les autres, c'était plutôt son indifférence qu'ils recevaient.

Esther avait décidé de se comporter comme une convalescente ou comme une dame du monde en villégiature. Après les épreuves qu'elle avait subies, elle estimait légitime de prendre une semaine ou deux pour se reposer et se changer les idées. Elle avait donc entreprit d'occuper ses journées par des activités inutiles mais apaisantes : ballades dans le parc, bains de soleil, séances de lectures confortablement installée dans un fauteuil et avait retrouvé ses activités complices avec Ernest comme au temps de la Confrérie. Elle passait chaque fin d'après-midi avec lui, sirotant du thé tout en jouant aux cartes, aux dominos ou au backgamon. Elle lui laissait ses temps de midi et ses soirées, consciente qu'il avait des amis ici et qu'il était important qu'il s'intègre bien avec eux. Elle après tout n'était qu'un électron libre sur lequel les rumeurs allaient bon train car personne n'osait lui parler mis à part les adultes de l'Institut. Les élèves se contentaient de la regarder, certains avec méfiance, certains avec crainte, d'autre avec un sourire qui pouvait passer pour de l'admiration ou de l'encouragement. Mais Esther n'avait cure de toutes ces réactions.

C'était une fin d'après-midi comme Ernest et elle commençaient à en prendre l'habitude. Ils jouaient une partie de manille en buvant du thé à la bergamote. Ernest menait au score. Esther avait la tête ailleurs. Depuis la visite de Daniel qui s'était soldée par leur nuit d'amour pour le moins... démonstrative, elle était résolue à révéler son existence à Ernest et cette fin d'après-midi détendue et chaleureuse était le moment rêvé. Esther quitta son air rêveur entre deux manches et entreprit d'aiguiser la curiosité de son fils.

- Tu sais Ernest, il y a beaucoup de choses qui ont changé en bien mieux dans notre vie ces derniers temps. Mais je crois qu'il y en a une en particulier qui a changé dans ma vie et je ne crois pas que tu aies déjà pu le remarquer.

Et devant l'expression étonnée de Ernest, elle ajouta avec un bon sourire :

- Veux-tu jouer aux devinettes?

Invité

L’arrivée d’Esther à l’Institut fut pour Ernest une source de bonheur auquel il n’était pas habitué. Depuis des années, il s’était senti mal dans sa peau pour différentes raisons. Et cela datait même d’avant l’éveil de son gène X. Peu à peu, il découvrait ce que c’était de ne plus être sans cesse tourmenté. Et il le devait aux autres. A chacun son rôle dans ce miracle en cours de reconstruction. Neko lui avait enseigné la passion, Rachel, la compassion, Karma, le sens du devoir, et sa seconde mère, l’équilibre, l’affection. Il n’était pas pour autant guérit. De la même façon qu’il restait en lui un peu d’enfance et d’innocence, la crainte du cobaye, le vice du sauvage, la rage du sociopathe auront toujours une petite place. Jamais il ne sera comme les autres. Mais, avouons-le, tout le monde ici était dans ce cas, tout le monde était unique et c’était ça la banalité mutante. Le tout était d’arriver à plus ou moins vivre ensemble. Altérion y arrivait maintenant. Il détestait les jeunes, jouait l’exécrable intello en classe, persistait à ne s’entendre qu’avec les adultes, mais c’était une façon de faire parmi tant d’autres. L’arrivée de sa mère avait un peu plus tendu ses relations avec ses camarades. On se moquait de lui, jamais en présence d’Esther bien sûr. Mais lui, au lieu de cacher à tous prix cette relation familiale comme l’aurait fait un adolescent classique, il était presque tenté de l’exhiber. Il adorait être détesté. Il répondait au mépris par le mépris. Il était si fort à ce jeu, lui à l’esprit aussi fourbe que vif. Bref, le fils de la maitresse de la nature était une petite crapule bourgeoise. Avais-je dit qu’il retrouvait son naturel distingué d’en temps, un poil forcé pour la forme ?

En cette fin d’après-midi, Ernest et sa mère jouaient donc sur la terrasse. L’hybride rat, à force de profiter du soleil, allait finir par être moins blafard. Bon, seuls ses mains, ses pieds et sa queue pouvaient bronzer, mais c’était déjà ça. L’esprit errant sur les événements de la journée, il était en train de gagner. Les paroles d’Esther le ramenèrent au moment présent. On voulait piquer sa curiosité, c’était chose faite.

-Quelque chose que je n’aurais pas remarqué ? Très bien, jouons aux devinettes alors ! fit-il, sur un ton léger.

Il se lissa les vibrisses, se donnant un air futé, puis repris.

-Est-ce quelque chose que tu m’as caché ou quelque chose que tu n’as pas eu l’occasion de me dire ?

Forcément, avec Ernest, il ne fallait pas s’attendre à des questions basiques. Il allait de soit qu’il était pleinement rentré dans le jeu à peine débuté et qu’il était à présent attentif aux réactions d’Esther.

Ernest n'avait ps eu be soin de deux, ni même d'une seconde pour se lancer dans la devinette. Il adorait ça car c'était toujours une bonne occasion de faire la démonstration de son esprit aiguisé. Esther étira un doux sourire face à ce petit rat désormais tiré à quatre épingles qui prenait la pose d'une intense réflexion, lissant ses vibrisses comme un dandy lisserait ses moustaches. Essayant d'affiner la recherche, il se mit à poser des questions.

- Est-ce quelque chose que tu m’as caché ou quelque chose que tu n’as pas eu l’occasion de me dire ?

Esther répondit sans hésiter.

- C'est quelque chose que je n'ai pas eu l'occasion de te dire. Tu avais déjà quitté la Confrérie lorsque c'est arrivé.

Et elle ne mentait pas. C'était le soir où elle était partie à la recherche d'Ernest qu'elle avait rencontré Daniel pour la première fois et qu'ils avaient vécu cette irréelle soirée hors du temps en buvant cocktails sur cocktails sans en ressentir l'ivresse. Certes, il y avait bien près d'une semaine qu'elle était rentrée à l'Institut mais elle avait pris la décision de choisir son moment. Elle ne pouvait pas annoncer une telle nouvelle à Ernest de but en blanc 10 minutes après être arrivée à l'Institut.

Elle le laissa poursuivre ses questions, ne voulant pas brusquer son cheminement de pensée. Il était important qu'il le découvre par lui-même afin qu'il puisse se faire à une idée qu'il pourrait avoir du mal à digérer même si Daniel lui avait assuré qu'il n'avait pas de raison de mal le prendre. Après tout, Daniel avait été une figure de père pour lui et s'il prenait la fantaisie à Ernest de mal réagir, ce serait plus par remord de l'avoir déçu que par réelle antipathie. Confiante dans son raisonnement, Esther continua de sourire à Ernest de ce doux sourire maternel qu'il avait fait naître sur son visage.

Invité

-D’accord. Donc, depuis que tu es ici, je n’ai toujours rien remarqué. Ça ne doit pas être d’une importance capitale, sinon, je pense qu’en l’espace de sept jours, tu aurais trouvé le temps de me le dire avant.

Il réfléchissait à haute voix, parce-que c’était un jeu, parce-que aussi il pouvait observer sa mère, poser des questions sans vraiment le faire et ensuite pouvoir se venter d’avoir trouvé facilement. De ses doigts griffus, il continuait de titiller ses vibrices, désormais plus par geste machinal que par désir d’entrer dans le rôle du petit futé distingué. Sans trop attendre, il enchaina sur une autre question.

-Bien. Est-ce que ce jeu de la devinette a pour seul but la distraction, ou a-t-il une visée... disons, pédagogique ? J’entends par-là, est-ce utile que je trouve par moi-même la réponse ?

Puis, il ajouta, au nom du défi :

-J’ai le droit à combien de questions ? Et qu’est-ce qui se passe si je ne trouve pas ? Tu sais, j’aime les enjeux. Ça rajoute tellement de piment.

Il ne fallait pas oublier qu’Ernest, pendant sa période de débauche, affectionnait les jeux sordides où l’on pouvait gager à peu près tout et n’importe quoi. Bon, ça n’allait généralement pas bien loin, enfin c’est relatif, et les perdants avaient surtout été dépouillé d’une bonne partie de leur dignité. Certes, Esther ne savait pas tout à ce sujet, son fils restait assez discret sur ses virées nocturnes, mais il suffisait parfois de voir dans quel état il rentrait à la Confrérie pour avoir la puce à l’oreille. Tout le sel du jeu, c’était le risque.
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- D’accord. Donc, depuis que tu es ici, je n’ai toujours rien remarqué. Ça ne doit pas être d’une importance capitale, sinon, je pense qu’en l’espace de sept jours, tu aurais trouvé le temps de me le dire avant.

Esther pouvait suivre le raisonnement d'Ernest qui réfléchissait à haute voix et il n'allait pas vraiment dans le meilleur des sens. Il pensait à une broutille alors qu'il n'en était rien et il était important de le remettre sur la voie.

- Ne saute pas trop vite aux conclusions Ernest.

Elle marqua une petite pause en captant le regard étonné de son fils.

- Certaines choses importantes tardent à être dites parce qu'on attend le moment propice pour le faire. Ces derniers jours ont requis de ma part une trop grande attention. J'ai du remplir les formalités d'inscription, me familiariser avec les lieux, m'entretenir avec mon référent du programme d'intégration ainsi qu'avec un agent du B.A.M. et j'ai du parer au plus pressé en rachetant d'urgence quelques vêtements et des objets de toilette puisque je suis arrivée ici les mains totalement vides. Et puis j'ai préféré prendre le temps de se retrouver, de reprendre notre connivence et nos habitudes d'autrefois. Maintenant que tout cela est fait, je crois que nous pouvons parler clairement et calmement.

Elle ponctua son discours d'un sourire encourageant. Après tout, il ne fallait pas qu'Ernest s'alarme pour ce qu'elle espérait être une bonne nouvelle. Ernest hocha la tête.

- Bien. Est-ce que ce jeu de la devinette a pour seul but la distraction, ou a-t-il une visée... disons, pédagogique ? J’entends par-là, est-ce utile que je trouve par moi-même la réponse ?

Esther prit quelques secondes pour réfléchir.

- Je crois qu'il est plutôt pédagogique. Disons que je crois que tu serais moins surpris si tu trouves ma devinette par toi-même.

Spontanément il demanda des règles du jeu supplémentaires comme un petit garçon qui veut assurer ses chances de victoire.

-J’ai le droit à combien de questions ? Et qu’est-ce qui se passe si je ne trouve pas ? Tu sais, j’aime les enjeux. Ça rajoute tellement de piment.

Esther tiqua légèrement contrariée par cette réaction spontanée qui faisait resurgir le truand qu'Ernest avait été lors de son passage à vide à la Confrérie. Les jeux de hasard avaient été monnaie courante pour lui et une de ses principales distractions de petit truand outre d'autres que Esther soupçonnait plus sordides mais qu'elle n'avait jamais cherché à savoir. Le dégoût de la mère face aux dépravation de son enfant. Elle voulait se donner l'illusion de conserver à Ernest une image le plus proche possible de la pureté. Elle fronça donc le sourcil devant cette recrudescence de sâle habitude.

- N'es-tu pas capable de jouer pour le simple plaisir du jeu? Tu ne prétends tout de même pas parier avec ta mère j'espère?

Elle avait haussé un sourcil réprobateur tandis que le ton de voix s'était légèrement durcit afin de lui signifier son mécontentement. Mais elle détourna l'orage en répondant plus calmement à ses questions. Il ne fallait pas porter ombrage à ce moment important. D'autant plus que sa réaction lui avait fait penser à une de ces mères juives qui brandissent leur statut de mère pour sermonner leur enfant en essayant de lui faire avoir des remords.

- Tu as droit à toutes les questions que tu désires et je ne me contenterai pas de répondre en "oui" ou en "non". Il n'y aura pas d'enjeu si ce n'est celui de la question et si tu ne trouves pas... et bien je te dirai de quoi il s'agit.

Elle conclut le plus naturellement du monde en baissant les yeux et en s'appliquant à boire les deux gorgées de thé qui restaient dans sa tasse.

Invité

Ernest, cette fois, demeura silencieux. Il s’était fait engueuler, avec grande douceur certes, mais engueulé tout de même. Du coup, il trouva un intérêt soudain à la contemplation de sa propre tasse de thé, déjà vide. Il boudait vite, c’était comme ça. D’abord, il avait un peu honte, il se trouvait stupide d’avoir fait pareille demande. Esther, dans les faits, avait depuis longtemps pris l’autorité d’une mère sur son fils. Et ce fils ne voulait pas la décevoir, jamais. Mais ça ne l’empêchait pas de tenter le petit chantage affectif en affichant clairement, et parfois exagérément, son attitude contrite. Enfin là, c’était juste de la bouderie.

Cette histoire de devinette prenait une dimension nouvelle et c’était aussi pour ça qu’il ne disait plus rien. Il était intrigué au-delà du simple cadre du jeu. Mais de quoi pouvait-il bien s’agir pour que Cérès utilise ce procédée ? Mine de rien, son stratagème avait fonctionné : il savait sans l’avoir demandé que c’était quelque chose d’important. Et avant, sa mère avait dit « dans notre vie. » Il pouvait exclure tout ce qui la concernait uniquement, comme la dégénération de sa mutation déjà révolue. Notre vie... à chaque fois qu’elle mettait en parallèle sa vie avec celle d’Ernest, c’était pour évoquer un désir de normalité et de foyer familial, tout ce qui était impossible à la Confrérie. C’était forcément ça. Maintenant, ne restait au rat que de procéder par élimination. Il était à l’Institut avec elle. Il vivait de nouveau dans un cadre convenable. Il avait repris sa scolarité. Il était soigné pour ses problèmes psychologiques. Elle, elle pouvait veiller à son bien-être. Que manquait-il ? Altérion releva la tête. Et posa sa question.

-Est-ce que tu... comment dire... est-ce que c’est relationnel ? Y’a quelqu’un dans ta vie ? Un homme ?

Il n’osa pas aller jusqu’à dire un père. Mais il était sûr d’être sur la bonne voix. Ça commençait à le faire flipper.

La petite tirade d'Esther fit reconsidérer à Ernest le sérieux de la devinette. Les yeux perdus dans sa tasse de thé, il s'était mit à réfléchir bien plus intensément. Pour un peu, Esther aurait pu voir de petits rouages s'agiter à l'intérieur de son cerveau. Ses sourcils prirent alors une petite moue inquiète tandis qu'il demandait d'un air embarrassé :

- Est-ce que tu... comment dire... est-ce que c’est relationnel ? Y’a quelqu’un dans ta vie ? Un homme ?

Esther eut un doux sourire tandis qu'elle relevait le visage d'Ernest vers le sien avec une caresse de la joue toute maternelle.

- Tu sais que tu es excellent à ce jeu quand tu t'en donne la peine?

Elle retira sa main de la joue d'Ernest pour tirer doucement sa tasse de ses petites pattes griffues. Elle prit alors ses mains et les tint enlacées dans les siennes.

- Je l'ai rencontré après ta disparition de la Confrérie. C'était lors d'une de mes recherches nocturnes où j'essayais désespérément de te retrouver. Il devait être deux ou trois heures du matin. J'étais découragée et je ne voulais pas encore rentrer. Je ne sais pas ce qui m'a poussé à le faire mais je suis rentrée dans un bar de nuit. Même si je savais que je ne pourrais pas m'enivrer, j'avais envie de boire. j'avais besoin de réfléchir au calme et ce bar d'un autre âge, pour ainsi dire désert me semblait être le havre de paix idéal que je recherchais.

Elle marqua une petite pause, scrutant le visage d'Ernest pour voir si ces révélations ne le mettaient pas mal à l'aise. La curiosité semblait heureusement prendre le pas sur la crainte et il n'affichait pas une mine trop déconfite, du moins en apparences. Elle poursuivit alors.

- C'est là que je l'ai rencontré. C'était un peu irréel, comme dans ces vieux films des années cinquantes. Il était accoudé à l'autre bout du zinc. Nous avons échangé un regard puis deux puis il est venu me parler le plus naturellement du monde. Il ne m'a rien demandé de personnel. C'était comme si nous savions que l'un comme l'autre nous étions là pour nous déconnecter de notre réalité merdique.

Elle se recula un peu dans son fauteuil, croisa les mains sur son ventre et leva les yeux au ciel comme si elle cherchait à mieux savourer son souvenir.

- Nous avons parlé toute la nuit. Il y avait quelque chose d'incroyablement fort entre nous, comme si nous nous étions connu depuis toujours. C'en était presque magnétique. C'était grisant, enivrant, irréel. J'avais le sentiment de vivre comme dans un rêve et ce sentiment m'a donné l'audace de l'embrasser à plusieurs reprises. Nous nous sommes quitté sans savoir rien l'un de l'autre si ce n'était notre prénom et le fait que nous étions mutants tous les deux... Et nous nous sommes revus à plusieurs reprises, assurés de se découvrir sans les décors de nos vies et de nous aimer pour ce que nous étions et non pas pour ce que nous paraissions être.

Elle marqua une nouvelle pause et reporta son attention sur Ernest.

- Ce n'est que bien plus tard que j'ai découvert quelle incroyable place il avait indirectement et inconsciemment tenu dans ma vie... et dans la tienne car tu le connais.

Elle se tût, laissant Ernest digérer cette grosse information et voir quelle était sa réaction et qui lui viendrait spontanément à l'esprit.

Invité

Ernest écoutait le récit de sa mère. Il ne perdait pas un mot, pas une intonation. Il eut bien vite oublié la petite remontrance au profit de cette énigme qui se révélait être d’une importance de premier ordre. Mais qui diable était cet homme ? Au début, il ne se le demanda pas vraiment ou plutôt, une autre impression occulta cette question. Il essayait de s’imaginer sa mère dans ce bar de nuit. Il n’y arrivait pas. L’image qu’il avait de Cérès ne correspondait pas à ça. Lui, il pouvait être dans un bar, pas elle. Elle, c’était la nature, le détachement du monde citadin ou le laboratoire, la recherche, le savoir. Tout ça était très spirituel en somme, pas le bar. Altérion se gratta la tête. Face à cette difficulté à imaginer, son esprit chauffait. Tout le monde changeait, il avait changé alors quoi de plus normal que sa maman change aussi ? Le tout, le concernant, c’était de savoir quoi en penser. Pour l’instant, ça faisait bizarre. L’amour, bon sang, l’amour ! Non, vraiment, c’était difficile à concevoir. Il ne doutait pas de la véracité de ce qu’il entendait, mais il ne réalisait pas, ou ne voulait pas réaliser. Jalousie, déjà ? Concurrence ? En tout cas, méfiance.

Après, forcément, quand il fut mentionné que le rat connaissait le fameux homme mystère, il revint au centre des préoccupations. Qui ? Des hommes, Lenoir en conaissait pas mal. Il se souvenait de tous, forcément. Il était facile d’en écarter la majorité mais ce n’était pas assez. L’adolescent secoua la tête, en proie à une sorte d’entorse cérébrale. L’affectif compliquait tout. L’amour rend aveugle, il était bien placé pour le savoir. Il n’était pas sûr que ce soit une bonne chose, l’arrivée de cet homme. Il fallait quelqu’un de très bien pour Cérès, quelqu’un de digne d’elle. Mais s’il était trop bien, c’était peut-être aussi un problème. Toujours la méfiance, la peur de perdre l’exclusivité sentimentale. En fin de compte, arrivant au point mort de ses réflexions, il s’exprima, assez anxieux Il avait oublié le jeu. Il voulait juste savoir..

-C’est qui ?

Malgré toutes ses précautions, Esther se rendit compte qu'elle n'avait pu faire en sorte de départir Ernest d'une certaine angoisse. Elle s'en rendit compte lorsqu'elle entendit le timbre légèrement chevrotant de la voix du rat.

Très doucement, elle prit la main de Ernest et ménagea sa réponse.

- Il s'agit de quelqu'un que tu connais bien parce qu'il t'a un jour tendu la main comme il me l'a tendue à moi. Si je suis sortie aussi rapidement du Bureaux des Affaires Mutantes en m'en tirant à si bon compte, c'est grâce à son intervention.

Elle ménagea un nouveau silence.

- Est-ce que le nom de Daniel Hopes t'évoque quelque chose?

Elle savait pertinemment bien que oui mais elle tenait à ménager le plus possible Ernest. Maintenant que les dés étaient jetés, elle retint sa respiration, attendant un peu plus fébrilement que ce qu'elle n'aurait voulu laisser paraître la réponse de son fils. Elle était à deux doigts du bonheur le plus parfait comme de nouveaux ennuis relationnels en perspective.

Invité

Quand Esther évoqua le Bureau des Affaires Mutantes, Ernest sut. Daniel Hopes, forcément. Jamais il ne l’aurait trouvé sans cet indice et pourtant, maintenant, il avait la conviction qu’il n’aurait pas pu en être autrement. Daniel... visage du passé ? Non, celui de la culpabilité. Daniel... chaque jour, ou presque, il le voyait dans ses rêves et baissait la tête sous les reproches. Daniel... la seule autre personne dans sa vie à avoir acquis une forme d’autorité naturelle sur lui. Deux pères, l’un suicidé, l’autre déçu... terrible pensée. Daniel, figure distante aussi. Jamais il ne l’avait revu depuis sa fuite de l’Institut. Et voilà que l’être tant respecté, tant redouté, s’approchait. Quel était son jugement sur sa conduite ? En avait-il assez fait pour ne serait-ce qu’atténuer ses fautes ?

La main d’Altérion serra plus fort celle d’Esther. Le jeune mutant n’eut qu’une réponse en forme de question.

-Est-ce qu’il m’en veut ?

Il déglutit avec difficulté, jugeant presque inutile d’ajouter quoi que ce soit. Sa mère devait déjà tout savoir. Ses mots le laissaient entendre. Il lâcha tout de même une phrase de plus.

-Daniel a tant fait pour moi et moi, tant fait pour le décevoir.

Il soupira.

-

Esther retenait son souffle. Pour un peu elle en aurait presque transpiré! Ernest semblait tellement tendu depuis quelques instants. Sa petite main griffue s'était refermée sur la sienne, la serrant fort dans un geste de retenue, comme s'il avait peur qu'Esther s'en aille ou ne lui soit enlevée. Elle referma à son tour ses doigts sur les siens mais plus doucement, cherchant à le rassurer sur sa présence et son amour.

Ernest déglutit péniblement tandis qu'il questionnait Esther :

- Est-ce qu’il m’en veut ? Daniel a tant fait pour moi et moi, tant fait pour le décevoir.

Esther eut un soupir de soulagement à l'intérieur d'elle. Cette question traduisait que la seule chose préoccupait Ernest, c'était de savoir ce que Daniel pensait de lui non pas parce qu'il pourrait éloigner sa mère de lui mais parce que celui qui lui avait servi de figure de père il avait encore de l'importance à ses yeux et qu'il regrettait les circonstances dans lesquelles ils s'étaient séparés. Esther eu le plus chaleureux, le plus maternel et le plus tendre des sourires.

- Oh Ernest... Bien sûr que non il ne t'en veut pas. Il est exactement dans le même état d'esprit que toi. Il s'en veut car il pense ne pas avoir fait tout ce qu'il fallait pour t'éviter de retomber dans les griffes de la Confrérie.

Esther se sentit alors incroyablement soulagée. Rien ne semblait empêcher les retrouvailles d'Ernest et de Daniel sous les meilleurs auspices. C'est avec un sourire rayonnant qu'elle reprit.

- Vous êtes tous deux dans le même état d'esprit, persuadés que la faute incombe à chacun de vous. Pourquoi ne pas faire table rase du passer et repartir à zéro? Il serait tellement heureux et... et moi aussi! Imagine quelle chance incroyable c'est pour moi. L'homme que j'aime qui se révèle avoir été un père pour mon fils! Une vraie famille à nous trois!

Soudain une ombre passa sur le visage d'Esther. Enora... Daniel lui avait dit que Ernest et elle n'avaient pas eu d'excellentes relations par le passé. Et si il était question de former une famille, la pupille de Daniel devait faire partie de l'équation. Il la considérait presque comme sa fille. Or si elle ne savait pas comment elle serait accueillie par "l'autre femme" dans la vie de Daniel, elle craignait que les relations entre Ernest et Enora ne bousculent le fragile équilibre familial qui semblait se mettre en place. Elle choisit cependant de ne pas en parler à Ernest tout de suite. Elle voulait voir comment il envisageait ses retrouvailles avec Daniel.

Esther chassa donc son nuage et se força légèrement à retrouver son sourire.

Invité

-Ce n’est pas facile pour moi d’effacer ce que je ne peux oublier. Ce sera toujours là, quelque part. Nuit après nuit, Daniel critique ma conduite. Et chaque reproche est si lourde de vérité que je ne sais quoi dire, quoi faire...

Ernest lâcha la main de sa mère. En un réflexe machinal, il chercha quelque chose pour capter son attention errante. Ni la tasse, ni le jeu n’y parvinrent. Finalement, il contempla ses doigts anthropomorphes. Les griffes courbes, les pâles phalanges... c’était ce qu’il y avait de plus humain en lui, exception faite de son regard sanglant.

-Je crois savoir que Daniel, dans l’ombre, a appuyé ma réinsertion à l’Institut. La procédure, débutée par Karma, est presque passée comme une lettre à la poste, enfin de ce que j’ai pu en constater. Pourtant, je peine toujours à le réaliser. Comment peut-il encore veiller sur moi ? Quand nous nous sommes rencontrés, j’étais un clochard dans les égouts. Maintenant, je suis un criminel promis à la perpétuité si je m’écarte du droit chemin. J’ai tellement changé depuis la dernière fois où je l’ai vu...

Altérion poursuivait l’observation de ses mains. Sa fourrure en couvrait le dos, jusqu’à la base des doigts, à la manière d’une mitaine. Ses paumes restaient glabres jusqu’aux poignets qui, eux, étaient entièrement velus. Les bras disparaissaient ensuite sous les manches de son impeccable costume. Puisque le jeune mutant ne releva pas la tête, il ne remarqua rien de l’ombre passée sur le visage de Cérès.

-Il faut qu’on se voit, qu’on se parle. Il faut que je m’excuse. Est-ce possible ? Il est au BAM, il ne peut pas se rendre ici comme il veut, non ? S’il te plais... s’il te plais, parles-moi de lui.

Le sujet lui était difficile mais il savait ne plus pouvoir se défiler. Le moment était venu de crever l’abcès.

- Ce n’est pas facile pour moi d’effacer ce que je ne peux oublier. Ce sera toujours là, quelque part. Nuit après nuit, Daniel critique ma conduite. Et chaque reproche est si lourde de vérité que je ne sais quoi dire, quoi faire... Je crois savoir que Daniel, dans l’ombre, a appuyé ma réinsertion à l’Institut. La procédure, débutée par Karma, est presque passée comme une lettre à la poste, enfin de ce que j’ai pu en constater. Pourtant, je peine toujours à le réaliser. Comment peut-il encore veiller sur moi ? Quand nous nous sommes rencontrés, j’étais un clochard dans les égouts. Maintenant, je suis un criminel promis à la perpétuité si je m’écarte du droit chemin. J’ai tellement changé depuis la dernière fois où je l’ai vu...

Devant l'amertume de cette pensée, Esther comprit que le fossé qui séparait Ernest de Daniel était peut-être plus grand que ce qu'elle s'imaginait mais que ce dernier n'était que le fruit de l'imagination d'Ernest. Elle choisit de calmer le jeu et de rassurer Ernest.

- Les choses sont différentes maintenant Ernest. Tu le dis toi même. Tu as changé. Tu as grandi et tu as gagné en maturité depuis. Tu as fais d'énormes progrès. Ne te vois pas comme un criminel. Ces crimes ne sont que le reflet des troubles psychologique dont souffrait un enfant aux prises avec une mutation complexe, livré à lui même, à la fois traqué et rejeté par tous. C'était l'oeuvre de Vermine. Mais désormais Vermine n'est plus. Ernest Lenoir a refait surface. Tu es toi désormais et ton envie de t'en sortir ne fait qu'ajouter au mérite qu'il faut te reconnaître depuis que tu as daisi l'opportunité qui s'offrait à toi.

Elle marqua une petite pause.

- Et puis surtout tu n'es plus seul maintenant. Quoi qu'il puisse arriver, tu seras mon fils avant d'être quoi que ce soit pour Daniel Hopes et je compte bien faire en sorte que ceci soit clair entre lui, toi et moi.

Ce discours sembla faire effet auprès de l'esprit tourmenté d'Ernest. Il redressa la tête et interrogea sa mère.

-Il faut qu’on se voit, qu’on se parle. Il faut que je m’excuse. Est-ce possible ? Il est au BAM, il ne peut pas se rendre ici comme il veut, non ? S’il te plais... s’il te plais, parles-moi de lui.

Esther fut satisfaite de sa réaction et décida d'encourager chacun dans ce déballage. Il fallait que tout soit dit pour repartir sur de bonnes bases.

- Ne t'inquiète pas. Même s'il est très pris ces derniers temps, Daniel ne rate jamais une occasion de venir à l'Institut. Et il ne part jamais sans m'avoir vu ne serait-ce que 5 minutes. De plus, j'ai son numéro personnel et peux l'appeler quand bon me semble. Je lui dirai que tu désires le voir et lui parler. Nous trouverons rapidement un moment pour que vous puissiez vous expliquer en toute tranquilité.

Invité

Ernest demeura dans un silence pensif, partagé entre le désir d’aller vite et celui de fuir ce qui, désormais, était inévitable. Ce n’était pas simple d’avancer. Ce face à face allait lui coûter. Mais si ça pouvait le libérer... lui ôter un poids de plus... Une étape vers la paix intérieure. Il rit, nerveux.

-Quelle drôle de famille on va faire. Toi, moi, lui... Y’a que le gène X pour provoquer des assemblages pareille, la famille recomposée version de luxe. Ho, mais j’y pense, y’a Enora aussi ! Elle est comme une fille pour Daniel, tu le sais bien sûr. Ho mon dieu, je vais avoir une sœur ! Faut que je me prépare à quelques claques. C’est que je l’ai pas ménagée la Enora. Elle va faire une de ses têtes ! Et moi donc...

Esther n’avait pas eu besoin d’introduire le sujet d’Enora, Altérion avait désormais une idée assez claire de la situation. Et le principal problème, pour lui, restait Monsieur Hopes. Il se tordit un peu les doigts sous son stress mal dissimulé mais ça n’irait pas plus loin pour l’instant. Cérès avait su trouver les bons mots pour éviter le pire.

-Tu me diras quand une date sera fixée. Et... heu... qu’est-ce qu’il sait exactement de mon comportement à la Confrérie ? Je veux dire, les jeux d’argent, d’alcool et, hum, d’autres choses, je veux dire.

C’était une question un peu délicate sachant que sa mère elle-même ne savait pas tout ou, plutôt, ne voulait pas tout savoir. Et, à vrai dire, ce n’était sans doute pas le bon moment pour tout dire.

Ernest semblait un peu plus apaisé. Il n'était plus secoué de frissons nerveux et ses gestes étaient moins secs et anxieux. Esther se sentit intérieurement soulagée de voir qu'Ernest retrouvait son calme. Visiblement l'info passait à la digestion et la peur de voir Ernest sauté un plomb s'écartait doucement. Il devenait plus rêveur maintenant. Il réfléchit un certain temps avant de sourire et de parler.

- Quelle drôle de famille on va faire. Toi, moi, lui... Y’a que le gène X pour provoquer des assemblages pareille, la famille recomposée version de luxe.

Esther eut un sourire indulgent.

- Tu sais Ernest, ce sont souvent les familles les plus improbables qui sont les plus harmonieuses car chacun de leurs membres se sont choisis et n'ont pas été imposés les uns aux autres par la naissance. Je crois que tu devrais te réjouir de la situation plutôt que de t'en préoccuper.

Soudain Ernest tiqua.

- Ho, mais j’y pense, y’a Enora aussi ! Elle est comme une fille pour Daniel, tu le sais bien sûr. Ho mon dieu, je vais avoir une sœur ! Faut que je me prépare à quelques claques. C’est que je l’ai pas ménagée la Enora. Elle va faire une de ses têtes ! Et moi donc...

Esther eut un petit sourire crispé. A dire vrai elle était tout aussi anxieuse qu'Ernest à l'idée de savoir comment Enora allait réagir. Cependant Ernest par son attitude venait de lui insuffler beaucoup de courage et l'avait rassurée. La cellule familiale dont elle rêvait était à portée de main. Ernest ne semblait pas du tout hostile à l'arrivée de Daniel comme nouvelle figure de pater familias malgré le précédent échec de leur relation. Enora restait la seule à convaincre. Peut-être que cet état de faits l'inciterait à au moins composer avec Ernest et elle? Après tout, contrairement à Ernest qui avait eu une expérience houleuse avec Daniel, Enora n'avait encore jamais rencontré Esther. Cependant, son passé de confrériste pourrait très certainement lui nuire sans compter que la jeune fille pouvait se laisser aller à une jalousie bien naturelle... Esther soupira. Décidément, rien n'était jamais simple dans la vie. Ernest la tira de ses rêves.

-Tu me diras quand une date sera fixée. Et... heu... qu’est-ce qu’il sait exactement de mon comportement à la Confrérie ? Je veux dire, les jeux d’argent, d’alcool et, hum, d’autres choses, je veux dire.

Elle posa sur Ernest un regard plus attentif. Son visage n'exprima rien, fermé, inerte, absent. Esther avait toujours volontairement fait la sourde oreille et fermé les yeux sur les travers très adultes de Ernest. Elle savait certaines choses, elle se doutait de certaines autres mais elle n'avait jamais chercher à en savoir plus et même évitait les situations susceptibles de lui renvoyer à la figure une image d'Ernest autre que celle de l'adolescent de plus en plus équilibré qui se tenait devant elle. Elle lui répondit donc d'une voix étrangement absente alors que son regard le fixait mais regardait dans le vide.

- Daniel est une des têtes pensantes du Bureau. Il doit très certainement en savoir plus que moi...

Elle marqua une petite pose durant laquel Ernest eut un petit geste mal à l'aise.

- Quoi qu'il en soit il a eu la délicatesse de ne pas m'en parler.

Puis, revenant à une attitude plus naturelle, elle tenta de le réconforter.

- Et puis tu sais, Altérion est très différend de Vermine ou même de Crapule. Daniel sait que toi-même, tu es très différent du mutant décrit dans les fichiers criminels du BAM. Ce genre de dossiers garde des traces négatives à des fins purement judiciaires. Les efforts, les mérites et les changements n'y sont pas écrits...

Invité

Oui, cette rencontre ne pouvait être que forte en émotion. Maintenant qu’Ernest la savait proche, il la redoutait de plus belle, tout en étant pressé qu’elle arrive. Ce serait sans doute la dernière étape fondamentale pour reformer cette base saine. Ne plus redouter le jugement de Daniel, mieux, devenir son fils... c’était presque surréaliste. Lui, l’ex-Confrériste, fils d’une tête pensante du bureau...

-J’vais vraiment devoir me tenir à carreaux... songea le rat, d’un ton mi-pensif, mi-amusé.

Avec un peu de chance, un jour, aux yeux du BAM, il serait autre chose qu’un criminel dépravé. Combien de temps cela allait-il prendre ? Combien de d’années pour effacer les erreurs de quelques mois ? Détruire, c’était si facile. Construire, c’était une autre histoire. Au moins, il pouvait espérer. Au moins, il avait un avenir. Il soupira. La nouvelle de Cérès allait encore lui trotter dans la tête un bon moment mais, pour l’heure, il ne savait plus trop que dire. Il était curieux de savoir ce qui s’était concrètement passé entre sa mère et Monsieur Hopes, mais il ne demanda rien à ce sujet. Ça ne le regardait pas, au fond.

-Bon, on termine cette partie ? C’est moi qui mène.

Après cet intense moment de réflexion, Ernest arriva à sa propre conclusion.

- J’vais vraiment devoir me tenir à carreaux...

Esther fut profondément contente de se rendre compte qu'une pointe de satisfaction, peut-être même de joie se faisait entendre dans la voix d'Ernest. Si la joie de voir une cellule familiale se reconstruire autour de lui l'emportait sur la crainte de revoir Daniel, alors elle estimait son rêve sauvé. Avec un sourire très doux, elle conclut à son tour :

- Reste toi-même avant tout et aucun problème ne surviendra.

Ernest lui rendit son sourire puis demanda d'une voix espiègle :

- Bon, on termine cette partie ? C’est moi qui mène.

Esther reprit sa main, regarda ses cartes et l'état du jeu. Elle joua un 8 de carreau pour libérer une carte cachée. Elle y trouva l'as d'atout. Avec un sourire finaud, elle susurra :

- Pour le moment, pour le moment...

[FIN DU TOPIC]

» Les "rat"rouvailles... (PV Ernest)
» A bon Chat, bon Rat [PV : Ernest]
» Etre ses choix. ( Pv Ernest Lenoir)
» Absence d'Ernest Lenoir
» Bons Baisers de Paris [Pv Ernest]