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 Laissez-nous chanter [PV Lilian]

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Icare
Élève à l'Institut expérimenté(e) Beta
Icare


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MessageSujet: Laissez-nous chanter [PV Lilian]   Laissez-nous chanter [PV Lilian] Icon_minitimeDim 2 Juin - 20:24

Une invitation pour aller voir un concert, Icare en recevait de plus en plus souvent après être entré dans le monde de la musique. Les groupes ou chanteurs s'invitaient entre eux pour que chacun puisse découvrir le style de l'autre, discuter, s'arranger, bref, former une barrière entre la crise et eux. Le jeune homme avait commencé à se faire un nom dans le milieu, il n'avait pas faire d'éclat fulgurant mais progressait régulièrement grâce à son talent indiscutable et son caractère. Honnête, sympathique quoiqu'un peu trop discret dans ce genre de "métier", sans aller vers le public, l'ange restait disponible et surtout il ne piétinait pas sur les plates-bandes de ses collègues. Ceux-ci appréciaient particulièrement ce fait et avaient apprit en retour à considérer Icare comme un collègue plus que comme un concurrent. Le jeune chanteur quant à lui faisait des efforts pour se rendre aux concerts de ses compagnons de guitare et de voix pour se faire voir. N'ayant aucun agent, timide et encombré par un style très différent de base, Josh avait conscience qu'il ne pourrait pas éternellement vivre sur la petite communauté de "fans" qu'il s'était crée. Quelques personnes appréciaient sa musique, son apparence et son caractère mais ils se tourneraient vite vers d'autres chanteurs, trop rapidement pour que l'artiste ait le temps de conquérir d'autres coeurs avec son petit train train de chanteur de recoin.

Pour se lier avec les groupes donc, Icare fournissait l'effort de répondre à toutes les invitations, une des raisons pour lesquelles on l'appréciait également sans doute. Quitte à ne pas se faire employer, autant se faire des amis, c'était déjà ça. L'angelot prit donc une douche rapide, essora ses longs cheveux blancs puis choisit soigneusement une chemise trouée, un pantalon sage sans être trop chic non plus ainsi que son éternel long manteau qui gâchait malheureusement un peu son style.

L'invitation en main, le mutant se dirigea vers le bar, descendant dans le sous-sol avec une légère grimace. Le jeune homme n'aimait pas s'enterrer, il était fait pour être libre dans les airs et se sentait toujours prisonnier dans ce genre de petite mezzanine fermée avec la foule compacte pour le stresser d'avantage. Heureusement personne ne semblait prêter attention à sa petite personne, Icare se glissa dans le siège qui lui était réservé et attendit la suite. Particulièrement attentif, il n'avait qu'une idée en tête: évaluer le groupe sur scène sans essayer de briser l'ambiance comme certains chanteurs le faisaient. Ceux-là n'étaient pas de vrais artistes... Peu importe la difficulté que chacun connaissait, la crise, la jalousie éventuelle, quand on était un véritable amant de la musique, on écoutait, on savourait et on applaudissait. Ce que fit Icare qui trouva que le groupe avait vraiment un bon niveau, probablement au-dessus du sien. En fait, ce serait une bonne manière pour lui de sauter un pas car leur musique ne lui était pas inaccessible. Néanmoins le jeune mutant était trop timoré pour oser comme certains, pousser les portes d'un bar et arriver, CV en main, à l'aise, se proposer au culot, chose qui fonctionnait généralement bien dans ce milieu quand le talent suivait.

La soirée se déroulait bien, Icare avait oublié sa fatigue passagère, les efforts qu'il avait du fournir pour venir en ces lieux et applaudissait avec les 200 ou 300 personnes présentes. Le sous-sol l'oppressait moins, il était heureux d'écouter de la musique. Quelle riche idée que celle de lui avoir offert ce billet. Vraiment, il était comblé!

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Lilian D'Eyncourt
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Lilian D'Eyncourt


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MessageSujet: Re: Laissez-nous chanter [PV Lilian]   Laissez-nous chanter [PV Lilian] Icon_minitimeSam 8 Juin - 2:03

Six mois. Il n’en revenait pas. Les semaines filaient à une vitesse infernale. Il y avait eu l’hiver, la Russie, une demi-mort, et une période étrange, un instant gris où chaque chose flottait. Tout était resté en pause six mois. La perspective de reprendre sa vie d’avant après les événements de janvier l’avait plongé dans une sorte de torpeur. Ainsi, tout devait continuer ? Rien n’avait changé ? Que faire maintenant ? Sans abandonner ses affaires, Lilian était resté sur la terre de ses ancêtres jusqu’en avril. Il avait voyagé en Europe, retrouvé son manoir anglais, mené la bohème en oubliant toutes ses relations américaines non-professionnelles. Le Scandaleux avait continué de paraître grâce à l’efficacité de son équipe, sous la direction de Mélo, qui faisait toujours un excellent boulot. Son associé avait pris la relève en évitant les questions gênantes. Il avait l’habitude de ses mauvaises périodes, et comprenait instinctivement que cette longue parenthèse était nécessaire. Le jeune homme lui avait rendu quelques visites, en utilisant comme prétexte la nécessité de parler affaires en face. En réalité, il s’ennuyait de lui. A chaque « au revoir », Lilian l’avait senti perdu, angoissé, même. Ça ne pouvait plus durer… Son rapport malsain avec ce mutant était une conséquence de l’existence qu’il s’était façonnée. Mensonge, procédés malhonnêtes, secrets, fraude, assassinats, destructions morales, drogue, il revoyait tous ses mauvais pas, songeait parfois à disparaître, à tout recommencer, puis, ses vices le reprenaient. Pas question de tout perdre. Il fallait dissimuler son gène x, supporter la dépendance étouffante de Mélo parce qu’il était un atout précieux, néanmoins, il devait absolument revoir ses objectifs, relever la tête, se donner les moyens d’un pouvoir plus grand.

Et il devait changer. Au final, personne ne lui manquait, personne ne lui avait jamais manqué, à part Nathanaël bien entendu. La pensée d’un père dont le regard était braqué en permanence sur lui avait contribué à installer cette distance, il s’y complaisait bien. Aujourd’hui, tout cela n’existait plus et, contre toute attente, son passé recomposé laissait un vide terrible en lui. Plus de mystères à élucider, plus personne pour l’attendre, il était donc officiellement seul, libre, d’une certaine manière… mais il n’aimait pas cette liberté.
Au début du mois de mai, il avait bien fallu rentrer, rejoindre un Mélo hystérique, reprendre la vie sociale là où il l’avait laissée. Malgré son absence, rien n’avait changé. Les gens continuaient de faire la même chose, de répéter les mêmes blagues, ressasser les mêmes souvenirs, et ils avaient l’air heureux ainsi. Tant de monde s’était manifesté pour fêter son retour… Mais, à chaque sonnerie de téléphone, il éprouvait une vague déception. Une voix soufflait un nom, un numéro, qu’il aurait voulu voir apparaître sur son écran. Icare ne le contacterai jamais. Il avait arrêté de lui donner des nouvelles depuis son voyage, parce qu’il n’avait pas la tête à ce genre d’intrigues, il valait mieux en rester là, sur des promesses en l’air, comme toujours. Pourtant, une certaine obsession l’empêchait de passer outre. Il réfléchissait malgré lui à des stratégies pour reprendre contact. Le sms semblait trop banal, trop brutal après tout ce silence. Il devait provoquer une nouvelle rencontre arrangée, un scénario assez exceptionnel pour relancer une histoire qui semblait vouée à l’échec. La maturité d’un collégien… se disait-il en échafaudant des ruses plus invraisemblables les unes que les autres.

Le plan parfait lui était apparu la semaine précédente, au cours d’une soirée privée qui rassemblait toujours beaucoup d’artistes de la scène alternative. Il y avait ses entrées, ses amitiés, et y menait même une sorte de seconde vie. Qui se fichait de l’underground à part ceux qui la fréquentaient ? Or, un groupe qu’il suivait depuis ses débuts, les Blue Shadows, était à la recherche d’un nouveau chanteur, l’actuel, un minet squelettique, ayant obtenu une bourse d’études pour l’Australie. Lilian connaissait surtout la batteuse, la seule fille de la formation, une brune qui prisait par-dessus tout les chapeaux en tulle et le violet à lèvres. Malgré ses goûts très criticables, il y avait une intelligence dans son regard et une sorte de dignité qu’il aimait beaucoup. Alors, il avait vaguement parlé d’un mutant ailé à la voix d’Orphée. Elle s’était laissée tenter, avait accepté d’envoyer une invitation au chanteur sans chercher à en savoir davantage. Seulement, elle avait posé une condition, étrange, un brin sadique : « Chante sur un morceau avec nous. On ne t’a pas vu sur scène depuis tellement longtemps… J’aimerais t’y revoir. Tu pourrais être bon si tu le voulais. » C’était vrai. Ses facéties d’étudiant l’avaient parfois amené à jouer les rock stars le temps d’un concert ou deux. Il s’était amusé sur des reprises de post-punk, de batcave, des genres qui lui correspondaient bien, mais c’était avant tout un jeu de séduction, un moyen facile de se mettre en avant quand on connaît ses charmes. Pourquoi pas, après tout ? Icare risquait d’avoir un choc, c’était assez burlesque pour lui plaire. Il avait donc assisté à quelques répétitions du groupe, sympathisé avec la bande, dans l’attente du grand soir. Le genre musical devait – théoriquement – convenir au jeune mutant, une synthpop assez suave, teintée de romantisme noir. Les textes étaient bons, le groupe assez sobre, tout en évoluant dans les clubs ténébreux. D’ailleurs, leur son avait ce petit côté pop qui atteignait rapidement un plus large public. Pour ce concert, ils jouaient dans une salle assez connue de tous les labels indépendants, rien de très spécialisé en somme, et la grande majorité du public arborait un look des plus anodins.

Depuis la loge, il avait discrètement repéré Icare installé seul à une table de la mezzanine. Le voir l’avait quelque peu déstabilisé, et il s’était senti proche de se défiler pour ne pas avoir à s’exposer de cette manière devant lui. Un collégien… Oui, complètement. Mais il était trop tard pour reculer, et ce serait de toute façon ridicule. Et il entendit dans le micro le chanteur l’annoncer : « Le prochain morceau sera un duo sur une reprise de New Order. Alors maintenant, tout le monde peut applaudir Lilian ! ». Les répétitions avaient très rapidement fait naître une complicité qui excluait la chanson en solitaire. Ils s’étaient beaucoup amusés sur cette reprise, et, en dépit de la présence d’Icare, il fallait faire avec. Après avoir descendu une généreuse gorgée de gin pour se donner du courage, il arriva donc tout vêtu de noir, en jean et chemise, une petite croix pendue à son oreille, un micro en main, et les premières notes de Bizarre Love Triangle furent données.



Finalement, tout se passa à merveille. Le chanteur et lui s’envoyèrent la réplique en exagérant les regards suggestifs, le tout dans cet esprit glam qui ne se veut jamais sérieux. Les spectateurs montrèrent un enthousiasme réellement jouissif. Certains regards interrogateurs réfléchissaient sans doute à l’éventualité de l’avoir déjà vu sur une autre scène. C’était l’avant dernière musique avant le rappel, la salle déjà bien échauffée semblait soudain d’attaque à récupérer le double de son énergie pour une heure de plus. Cependant, il n’alla pas au-delà du contrat. Après les derniers applaudissements, Lilian sauta au bas de la scène et fendit la foule et monta tranquillement les marches d’un escalier de fer afin de rejoindre la mezzanine où se trouvait Icare.

- Ne m’en veux pas de t’avoir volé la vedette, on ne m’a pas laissé le choix, dit-il dans un sourire une fois devant lui.

L’avait-il déjà tutoyé ? Non. Mais ses affectations de langage n’avaient plus lieu d’être en cet instant. Il était encore trop imprégné de l’ambiance, de la bouffée d’adrénaline pour reprendre son masque de dandy énigmatique.


Dernière édition par Lilian D'Eyncourt le Ven 20 Sep - 21:30, édité 3 fois
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Icare
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MessageSujet: Re: Laissez-nous chanter [PV Lilian]   Laissez-nous chanter [PV Lilian] Icon_minitimeDim 30 Juin - 0:52

N'était-ce pas Lilian qui chantait ? Josh fut surpris par cette pensée soudaine qui l'avait mené à confondre le chanteur avec cette rencontre qui lui semblait lointaine. Il cligna des yeux, une fois, deux fois, trois fois pour éteindre la songerie inopportune qui l'avait mené aux hallucinations avant de s'apercevoir que le journaliste savait aussi manier sa voix. Éberlué, l'angelot hésita un bon moment entre deux tempos... Invitation au hasard ou préparée ? Après tout il n'était pas étonnant que le groupe lui ait envoyé un petit carton en tant que musicien, mais Lilian y était-il pour quelque chose ? Celui-ci aimait surprendre se rappelait l'ange en dessinant les fables de la Fontaine dans sa tête. Énigmatique, étonnant et même romantique, oh oui, Lilian pouvait avoir tout préparé. Néanmoins Icare décida d'en rester à la théorie, il ne voulait pas s'enorgueillir d'être le centre de toutes ces préparations. Mieux valait penser au hasard ou à l'opportunisme du journaliste qui n'avait pas eu à faire trop d'efforts pour lui faire plaisir. Une petite place glissée à son nom contre un service au groupe, en tant que journaliste, il devait bien les connaître après tout. Charmante intention toutefois et bien moins étouffante, inquiétante que l'idée d'un plan fomenté autour de sa petite personne... Jay était bien trop timide pour cela, de plus, il n'avait pas connu de relation depuis qu'il avait lâché son junkie de poète, lui aussi très romantique mais accompagné de tout le drame qui entoure certains artistes.

Le jeune homme applaudit le groupe avec enthousiasme, il avait finalement décidé de laisser ses questions au placard pour profiter de la belle musique. A ne pas en douter, cette petite bande évoluait à une sphère plus élevée que la sienne, lui qui demeurait encore un "débutant", bien qu'il commence à se faire un nom. Sans doute n'étaient-ils pas aussi timides que lui, aussi peu habitués à "gérer une carrière". Lui avait commencé en chantant près des bouches de métro avec son étui de guitare aux pieds pour récolter quelques piécettes. Ensuite, il ne s'était laissé approché par aucun agent, si peu nombreux fussent-ils. Sans doute effrayé par ce fameux drame qui entourait les artistes. Il n'avait pas voulu de professionnel pour l'entourer, peur de décevoir avant même de songer à une montée rapide qui l'entraînerait dans une spirale infernale. Icare avait la crainte de grandir, de trop approcher le soleil et de se brûler, mais avant tout, il ne souhaitait pas qu'on le surestime.

Sa petite place à l'ombre lui convenait, Josh avançait tout doucement, prudemment, un pied après l'autre, décidé à ne pas griller les étapes. Au pire, il choisirait effectivement un agent mais en qui il devait avoir toute confiance. Après avoir souffert de nombreuses désillusions avec le genre humain-porteur du gêne X ou non- le jeune homme était devenu une sorte de petit oiseau farouche, un peu à l'égal de ce merveilleux phœnix que le roi voulait posséder mais qui ne se laissait jamais attraper. Il remerciait déjà la providence de l'avoir fait un peu moins anonyme qu'avant, pourquoi chercher plus ?

Mais ce groupe, les Blues Shadows devait grandir lui, il devait continuer à faire profiter les gens de leur musique et étendre leur "pouvoir". Josh s'était laissé porter, aidé par l'ambiance des lieux ainsi que le public. C'était un excellent concert, tellement qu'il ne s'était pas vraiment aperçu de l'approche du chanteur du moment. Surpris, l'angelot eut un léger sursaut sur son tabouret, manquant de glisser. Heureusement il se rattrapa et fixa Lilian d'un air qui se voulait assuré bien que perçait un soupçon d'incertitude. De toutes manières son cœur battait trop vite, le Maître Pourpre comme pourraient le surnommer des journaux à sensation le devinerait rapidement.

-Bonjour. La vedette ? Quelle vedette ? J'étais simplement venu écouter un concert comme le stipulait cette invitation. Quelle chance de te trouver par hasard, forcé à chanter le jour même où je suis venu.

Le tutoiement de Lilian avait trouvé un écho, malgré sa timidité naturel, l'ange aidé par l'ambiance avait répondu de manière assez détendue. Il avait été surpris par l'arrivée de Lilian et restait étonné de le contempler, là, assis devant lui en tant que personne et non hallucination, mais la musique, son domaine, l'aidait à mieux se sentir. D'un petit geste de la main, le jeune homme repoussa son verre qu'il n'avait pas encore touché, sûrement pour attendre que Lilian en ait un également.

-Je suppose que vous avez besoin de vous désaltérer Maître Corbeau, que voulez-vous boire? - Fit-il en reprenant un vouvoiement de jeu de rôle, juste l'espace d'un instant pour retrouver l'ambiance des fameuses fables qui les suivaient depuis le début de leurs rencontres.- Je tiens d'ailleurs à ajouter qu'il est vrai que vous êtes le phœnix de ces bois.
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Lilian D'Eyncourt
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Lilian D'Eyncourt


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MessageSujet: Re: Laissez-nous chanter [PV Lilian]   Laissez-nous chanter [PV Lilian] Icon_minitimeMer 3 Juil - 19:14

Des dizaines de cœurs battaient la cadence autour de lui, mais il n’en retenait qu’un seul, le plus rapide d’entre tous, celui d’Icare. Son rythme saccadé le rassurait, il se sentait bienvenu, fêté par le corps délicat du chanteur. Et lui ? Partageait-il sa surprise, son excitation ? Au bord de l’essoufflement, il débordait d’un trop plein d’émotion, dissimulé par une prouesse d’abnégation. C’était un état étrange, second, proche de la transe de certaines drogues. Il lui arrivait trop rarement de quitter ses masques pour faire, rien qu’une fois, une chose dont il avait envie. Le naturel rimait avec danger. Ce soir, pourtant, il était heureux d’avoir franchi le pas de la scène et, enfin, d’être-là, face à un jeune homme qu’il n’avait cessé de fuir et de retrouver.
Il tira une chaise pour s’asseoir non en face, mais à côté de lui. La table était petite et ronde, sa désinvolture ne choquait pas. Après une année à se désirer, il était idiot de continuer à jouer les vierges effarouchées. Ils n’avaient plus quatorze ans. Pourtant, lorsque Icare lui déclara tout naïvement son bonheur de le retrouver grâce aux caprices de la fortune, Lilian replongea dans ses travers. Un jeu de dupes s’imposait encore. Personne n’y croyait et, cependant, la discussion avait quelque charme. N’était-elle pas plus belle ainsi ? Guidée par le hasard, par un lointain metteur en scène ? Il aimait devenir le personnage de ses propres compositions. Lorsqu’il voulait séduire, il s’arrangeait toujours pour donner l’impression d’une succession parfaite d’heureux événements. Il gardait le mystère. Son implication réelle importait peu, les souvenirs oubliaient les détails.

- Les Blue Shadows sont de bonnes connaissances. Je ne pensais pas qu’ils parviendraient à me faire monter sur les planches, encore moins pour nous réunir, dit-il avec un enthousiasme non feint.  

Se retrouver devant le mutant avait quelque chose de troublant. Il avait trop songé à cette situation pour l’imaginer possible. Icare ne décevait aucune de ses images mentales, au contraire, la réalité l’embellissait. L’avait-il réellement attendu ? Ce serait une folie si douce à connaître. D’autres hommes l’avaient-ils attiré dans leurs draps ? Des femmes ? Non, il ne l’imaginait pas avec une femme. On voulait toujours voir l’autre pur dans ces instants, ignorer les écarts passagers, célébrer la chasteté. Le mutant le voyait-il de la même façon ? L’idée le mettait mal à l’aise. Tout en espérant le revoir, Lilian avait gardé une vie désaxée, à la différence près qu’aucun homme n’avait connu ses faveurs depuis décembre. Ses pensées vagabondaient vers un ange inaccessible lorsqu’il était prêt de sombrer, et les perspectives de la nuit devenaient plus fades. Mélo ne faisait bien évidemment pas parti du lot. Mais pouvait-il seulement refuser ses avances ? Son associé ne le lâchait pas et, même s’il n’avait jamais été question de faire évoluer leur relation, il le découvrait plus insistant depuis qu’il essayait de s’en éloigner. Des années que leurs rapports stagnaient, bien enroulés dans un quotidien où ils ne pouvaient se passer l’un de l’autre. Il avait laissé couler trop de choses. Mélo n’était rien de plus qu’une présence rassurante dont il avait abusé dans sa fuite désespérée de solitude. Son ombre s’étendait sur la table, il la chassa en même temps qu’une mèche qui barrait sa prunelle.
Icare reprenait son vouvoiement en se plaisant à inverser les rôles. Maître renard devenait corbeau. Il n’avait donc rien perdu de leur dernière rencontre. Un sourire amusé arqua ses lèvres. D’un signe de main, il appela la serveuse et passa commande, une bouteille de blanc pétillant, pour la partager.

- Le phénix que je suis à pris feu ce soir, et ne compte plus quitter ses cendres. La relève du chanteur n’est pas faite pour moi.
Un silence passa. Le temps d’observer la salle, de surprendre quelques regards intrigués sur lui, le chanteur inconnu. Sa complicité manifeste avec Icare retenait toutes les velléités d’approche.
- Je ne pensais pas que tu garderais une mémoire si vive de notre dernière fois, ni qu’elle serait si lointaine à l’heure de nos retrouvailles. J’essayerai de ne plus disparaître.

Il ne donna pas davantage d’explication. Sa voix était à la fois douce et détachée, partagée entre un besoin d’aveux, de pardon, et l’envie de dissimuler, de tout reprendre comme si rien ne s’était passé.
La serveuse arriva sur ces mots avec une bouteille dans un seau de glace. Il la déboucha, se servit un verre et le leva en fixant Icare droit dans les yeux par-dessus le frémissement des bulles.

- Si tu souhaites toujours me revoir bien sûr, ajouta-t-il malicieusement. Comment as-tu trouvé ce concert ?

Bien qu’anodine, la question avait son importance. Il serait regrettable qu’Icare se montre hostile à la musique qui s’achevait sous les applaudissements un peu plus bas.


Dernière édition par Lilian D'Eyncourt le Ven 5 Juil - 20:02, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Laissez-nous chanter [PV Lilian]   Laissez-nous chanter [PV Lilian] Icon_minitimeMer 3 Juil - 22:43

Il arrêterait de chanter et de disparaître. C'était le résumé des projets de Lilian dans un futur proche. Dommage pour le premier cas, surprenant pour le second. Pourquoi cette confidence ? Icare lui avait donc réellement manqué pendant cette année ou n'était-il qu'un passe-temps qui trouvait son utilité pendant une période particulièrement vide ? A bien y regarder, Lilian paraissait trop entouré pour s'ennuyer un seul instant, à commencer par les Blue Shadows avec qui le jeune homme semblait entretenir une bonne relation. Le journaliste s'était donné trop de mal pour un simple souvenir agréable bien qu'il ne fallait pas non plus que cela lui monte à la tête. Josh se promit d'être prudent tandis qu'il hochait doucement la tête avec un mince sourire. Pour se donner contenance le blond but une petite gorgée de blanc. Il n'avait pas oublié son "ami" pendant un an, le contraire était donc possible également. Et puis tout en restant méfiant, pourquoi ne pas continuer le jeu ? Ils ne faisaient rien de mal et Lilian avait cette subtilité qui lui plaisait, une belle capacité à l'étonner et prendre des risques. Au moins le mutant s'investissait dans ses rencontres, c'était toujours agréable de le voir, de toutes manières vu sa réaction interne à l'annonce de la fin des disparitions, Icare ne pouvait renier un certain intérêt pour son vis-à-vis.

La séduction avec lui ne semblait pas avoir de but impératif même si le chanteur se disait qu'il ne fallait pas être trop naïf non plus, mais au moins ils s'amusaient et apprenaient. Jay trouvait que cette étrange relation lui apportait beaucoup, tant culturellement que socialement. C'est pourquoi, signant un drôle de contrat silencieux de présence, il leva son verre, invitant celui de Lilian à choquer contre le sien.

-Visiblement je ne suis pas le seul à m'en rappeler, nous avons donc la même mémoire, à la bonne heure. -Fit-il en omettant volontairement de répondre directement à l'invitation implicite de Lilian à sortir éventuellement avec lui. De ce côté là, le chanteur ne prendrait pas de mal interpréter et d'avoir la honte de sa vie. - Bien sûr que j'accepte de te revoir, je n'ai aucun mauvais souvenirs de nos rencontres et je ne pense pas que celle-ci sera désagréable, je n'ai donc aucun motif de refus

Souligna Josh d'un ton dégagé pour marquer le faire que le journaliste paraissait sur la même longueur d'ondes quant à leur rencontre. Il y avait donc bien l'esquisse d'un "quelque chose" derrière leur frivolité et leurs jeux. Parler d'amour était bien naïf et trop tôt, mais Icare devait bien reconnaître une attirance mentale comme physique. En voyant que Lilian se rappelait bien des détails de l'an passé il pouvait imaginer en se sentant moins futile que le jeune homme également était intrigué. Au moins, avec cette conclusion, le chanteur n'avait pas l'impression de se précipiter tout seul dans une songerie de gamine.

-J'ai bien aimé la dynamique du groupe, il m'est d'avis que les Blue Shadows ne vont pas sauter de joie en sachant que tu ne continueras pas. C'est vrai qu'ils ont un très bon niveau et commence à ramener du monde. J'aime bien leur musique, ça reste dans mon style aussi bien qu'un peu plus... Osé, dirons-nous. Après à plusieurs, le rythme est toujours plus entraînant.

L'ange n'était pas un professionnel, il ne savait pas comment s'exprimer en termes plus justes mais il possédait une sensibilité qui lui permet de mettre instinctivement le doigt sur ce qui fonctionnait ou pas. Quoiqu'il en soit, bien que Lilian aurait eu besoin d'un peu plus d'entraînement, il aurait fait un bon chanteur pour le groupe, signe qu'il possédait un bon niveau aux yeux d'Icare.

-Combien de temps t'es-tu entraîné pour arriver à ce niveau ? Je dirais qu'en travaillant 2 à 3 h par jour hors concerts je ne suis pas meilleur... Si tu me dis que c'est instinctif j'avoue que je serais un peu jaloux.


Fit-il en souriant, admiratif et taquin. Lui même était peu conscient de son incroyable talent. Toutefois, il n'en était pas à se fustiger, ni s’apitoyer constamment sur sa médiocrité, conscient d'être "bon". Le jeune homme n'imaginait simplement pas jusqu'où s'étendait son don parce qu'il n'estimait pas avoir besoin d'aller plus loin, ou pas tout seul dans les cas. Malheureusement en tant que Mnager il n'était pas très bon en revanche, trop timide et pas assez sûr de lui, sans compter qu'il n'était presque jamais dans l'optique d'entrer en compétition, il ne serait donc pas vraiment jaloux. C'était donc sincèrement que le jeune homme félicitait son collègue chanteur, fêtant son baptême sur scène et ses adieux aux projecteurs la fois en levant sa coupe.

-Tu devrais chanter, vraiment... Sauf si ça ne te plais pas, mais tu semblais plutôt dans ton élément. Pourquoi arrêter ? Le journalisme et la chanson ne vont pas de paire ?

Bon Lilian n'en ferait pas son travail à plein temps, mais il pouvait largement arrondir ses fins de mois et plus important encore, avoir un public qui l'apprécierait. En effet le jeune homme ne semblait pas avoir de soucis d'argent, peut-être que la popularité, les joies de l'ambiance lui donneraient envie de recommencer ?

-Et puis tu ne peux pas dire que le phénix ne renaîtra pas de ses cendres, si tu as accepté de chanter avec Blue Shadows, tu dois aussi le faire avec moi !

Enthousiasmé par son idée, le jeune chanteur releva la tête vers son ami, sa timidité envolée. Il semblait décidé à faire céder Lilian et se régaler à l'avance d'un duo. Porté par son amour pour la musique Icare était même prêt à sauter sur scène maintenant pour le faire. D'ailleurs la scène était en train d'être aménagée pour un Karakoé style Rock avec des musiques populaires. Oups... Tout à coup le bel entrain d'Icare s'affadit légèrement. En fait il n'avait pas songé que le "tout de suite" théorique se transformerait en pratique. Toutefois en guise de défi, le jeune homme conserva la tête droite, les yeux fixés dans ceux de Lilian même si son teint blanc ne savait cacher la rougeur qui habillait ses joues.
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Lilian D'Eyncourt
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MessageSujet: Re: Laissez-nous chanter [PV Lilian]   Laissez-nous chanter [PV Lilian] Icon_minitimeVen 5 Juil - 21:57

Tout en mesure, Lilian envoyait un message limpide au jeune homme. Son cœur s’y laissa prendre, et le sang s’élança dans ses artères. Oui, il s’était donné le temps de la réflexion. Si chaque pensée finissait par l’attirer vers ce bel ange, il devait aller au bout de cette rencontre, accepter l’engagement, laisser l’avenir décider de l’espérance de vie de leur relation. Il ne la voyait pas forcément durer, toute passion finissait par s’émousser, mais elle serait, en tout cas, plus longue que sa moyenne habituelle. Un an peut-être ? Ce serait un minimum pour rattraper toutes ces journées passées éloigné l’un de l’autre, à s’attendre, à espérer. La raison d’Icare le portait encore sur la réserve. Il ne lui lâcherait rien sans preuves, et Lilian se sentait d’abandonner une partie de ses démons pour vaincre sa méfiance. Il le voulait. A quoi s’arracherait-il de toute manière ? Au mensonge, à une luxure désordonnée, à ces errances qu’il aimait appeler « liberté ». Depuis l’adolescence, sa vie sentimentale évoluait quelque part au-delà du cercle commun, étendait une grande toile complexe dont les fils menaient inévitablement au vide. Que perdrait-il ? Rien d’autre que l’image du séducteur insolent, insensible, qu’il adorait montrer. Habitué à jouer la gamme de l’inaccessibilité, il trouvait pénible de donner à voir sa sensibilité au reste du monde. Elle ne serait plus seulement intériorisée, bien au fond de sa chair, mais incarnée en un autre être, celui-là même qui se disait prudemment prêt à le revoir. Un sourire satisfait effleura les lèvres de Lilian. Il semblait heureux, confiant, étranger à toutes les batailles que livraient son esprit.
N’était-ce pas attendrissant cependant ? Ils en étaient presque à se donner un nouveau rencart, à repousser toujours l’Instant, de crainte de faire le premier pas, de tomber, chacun, dans une situation sur laquelle ils perdraient toute maîtrise. Enfin…, essayait-il de relativiser, rien ne l’empêcherait de retourner à sa vie d’avant. C’était la même chose pour tout le monde non ? Une fois qu’une histoire se termine, on s’imagine que tout va s’écrouler puis, finalement, tout repart à zéro, on retrouve un état neutre et ordinaire, quelques souvenirs en plus.

Ils parlèrent de choses qui comptaient peu, du seul sujet auquel leur pudeur pouvait les rattacher : le concert. La musique convenait à Icare et il en était ravi. Il serait parfait dans ce groupe et son physique serait un merveilleux avantage pour les photos de presse. Tant qu’on laissait flotter une ambigüité sur sa sexualité, les filles en seraient folles. Avec un son plus rock’n’roll, le mutant saurait peut-être vaincre sa timidité, gagner de la présence sur scène et, surtout, toucher un plus large public qu’avec deux ou trois accords sur une guitare. Lilian le devinait, il avait besoin d’un entourage un peu plus déluré pour percer. Il approuva donc ses paroles en buvant une lente gorgée de blanc. Nul besoin d’en ajouter, il tirait d’excellente conclusion tout seul et, surtout, il enchaînait déjà sur d’autres questions. Voilà une chose qu’il adorait chez lui, sa parole très frivole dès qu’il se sentait approuvé et écouté. Icare lui donnait envie de parler, non de choses abstraites, mais de lui. Avec ses propos innocents, il mettait à jour des sortes d’évidences sur lesquelles il ne s’était pourtant jamais attardé. Son niveau de chant par exemple. Le jeune homme se figurait qu’il avait suivi un entraînement rigoureux. Il se sentit quelque peu gêné, après réflexion, de réaliser qu’il ne s’était jamais donné plus d’effort que ça pour avoir la voix juste. Il n’avait pas fait plus de six heures de répétitions avant la scène, le temps de se dérouiller et de s’accorder avec le reste du groupe.

- Je suis certain que tu te sous-estimes, dit-il simplement, comme s’il n’allait rien ajouter. Devrais-je te l’avouer au risque d’être jalousé ? Je n’ai répété que deux soirs avec le groupe mais, tu sais, je connaissais bien la chanson, elle convient à mon timbre de voix, il n’y a pas lieu de trouver la performance exceptionnelle… Et j’ai appris la musique dans ma prime jeunesse, si cela peut te rassurer, ajouta-t-il d’un air plus espiègle.

Avec une délicieuse naïveté, Icare lui suggéra de chanter, en soulignant qu’il semblait à l’aise sur scène. C’était vrai. Les destins à la fois tragiques et fantastiques de rock star des années 70 et 80 avaient toujours exercés une attraction énorme sur lui, il se sentait proche de ce monde, de la musique, de cette idée de dépasser sans cesse les frontières des possibles en se fichant éperdument des autres. Souvent, il avait été tenté d’y aller, certain de remporter le succès qu’il fallait grâce à tous les moyens qu’il pouvait mettre en œuvre… Mais les rêves étaient passés. Il se contentait de petites soirées dans l’underground, parce que là n’était pas véritablement sa place. Aussi jouissifs qu’étaient ces univers, il leur manquait souvent le niveau intellectuel dont il avait désespérément besoin pour ne pas s’ennuyer. Il préférait les écrivains et autres penseurs adeptes de la défonce. Ils allaient beaucoup plus loin dans leurs délires, là où les fantasmes populaires prenaient peur. Et puis, il y avait aussi son goût pour le pouvoir. Il voulait tenir les ficelles. Devenir une icône n’était pas régner sur un empire.
Les réflexions du jeune homme lui tirèrent un rire léger.

- Si je n’étais qu’un journaliste culturel, je suppose que la double casquette se tiendrait. Mais ma revue n’est qu’un passe temps, un caprice d’esthète. – Il fit tourner le vin doré dans son verre et étudia ses modulations avant de poursuivre. – J’ai hérité d’un groupe médiatique, je l’ai étendu, je suis à la tête de journaux que tu ne soupçonnerais même pas. Je peux me laisser aller à quelques lubies dans un cercle privé, cependant, mon statut ne me permet pas de tout mélanger. Un écart de temps en temps, je ne demande rien de plus.

Il vida son verre sur ces paroles. Des écarts, oui. Les personnes riches en faisaient des tas, mais elles ne les exposaient pas sur la place publique. Au travail, dans la presse, l’air sérieux était toujours de rigueur. Lilian échappait de peu à la règle, mais il restait dans les limites de la provocation, toujours ce qu’il fallait pour continuer à être pris au sérieux et redouté. Mais Icare lui avait fait une proposition très surprenante, assez osée même. Il l’invitait à chanter avec lui. Charmante ouverture. Il sourit, prêt à répondre sur le ton de la plaisanterie, avant de réaliser que la soirée se terminerait par un karaoké de classiques rock. Visiblement, son compagnon n’avait pas si bien calculé son coup. Avant même de voir les rougeurs sur ses joues, il sentit les premières manifestations de son trouble, et il faisait de son mieux pour ne rien laisser paraître. Comme il détesterait quelqu’un avec son pouvoir à la place d’Icare ! Néanmoins, il s’était jeté à l’eau une première fois, il pouvait bien continuer, quoiqu’il n’avait absolument aucune idée de la chanson à suggérer.

- Il n’est pas dans mes habitudes de refuser une faveur à une si bonne compagnie, dit-il en revêtant son visage le plus séduisant. Considérons cette soirée comme celle de tous les possibles. A toi l’honneur du choix.

Il se redressa et ouvrit gracieusement sa main à Icare pour qu’il en fasse de même.


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MessageSujet: Re: Laissez-nous chanter [PV Lilian]   Laissez-nous chanter [PV Lilian] Icon_minitimeVen 12 Juil - 3:38

Josh sourit en apprenant que Lilian s'était si peu entraîné, il n'était pas réellement jaloux bien sûr, seulement impressionné de voir que l'homme avait conservé la plupart des connaissances de sa prime jeunesse. Certains avaient cette capacité à apprendre pour la vie que lui-même ne possédait pas, sauf peut-être pour le vol parce que c'était sa première nature qu'il le veuille ou pas et la musique qui était sa deuxième vie. Le mutant était né pour cela, et c'était peut-être ce qui expliquait que ses dons n'aient en apparence rien à voir quand tout le monde semblait avoir une corrélation entre ses dons. Pour sa part, son pouvoir n'améliorait pas sa voix au sens propre mais elle ne faisait que la relever encore, souligner ses capacités de chant. Le jeune homme avait commencé par accepter ce don avant tout autre, il avait même utilisé celui-ci dans ses tous premiers concerts sur les deux dernières chansons. Mais les dons avaient-ils réellement un rapport avec la personnalité ? Difficile à croire quand il voyait Lilian, si raffiné, prévenant, affublé d'un pouvoir certes puissant mais assez horrible. En se souvenant vaguement de l'odeur de sang ainsi que du bruit léger de ce dernier qui grouillait sur la peau, le jeune homme sentit un haut-le-coeur. Heureusement il oublia rapidement cette vision pour s'intéresser à Lilian à nouveau. Ce dernier lui parlait de son pouvoir sur les groupes médiatiques mais également des limites qui en résultaient. Peu connaisseur le mutant s'étonna des barrières strictes qu'imposaient ce milieu en apparence si libre justement.

-Des écarts ? Quels genre d'écarts ? La musique peut-elle vraiment en être un ? Est-ce qu'on est un "délinquant du journalisme" quand on la pratique ? Pourtant c'est un domaine où l'on visite "tout"... De l'actualité aux arts, dans les reportages etc, ne faut-il pas vivre ces domaines pour mieux en parler ? Je pensais le journalisme beaucoup plus libre justement.

Fit-il en rougissant un peu, honteux de sa naïveté qu'il venait encore en plus d'afficher, friand de réponses et surtout de ce dialogue qui oscillait entre sérieux et détente. Jay était curieux, c'était ainsi que les professeurs étaient parvenus à le tirer de ses ennuis. Avant d'être une personne qui s’apitoyait sur son sort, le jeune homme adorait apprendre, surtout quand cela impliquait de s'intéresser à quelqu'un de passionnant comme Lilian.

-Est-ce que tu aimes être à la tête de cet immense empire ?-Demanda Icare, prenant petit à petit conscience de l'ampleur de celui-ci en pensant à combien le journalisme avait de poids dans ce monde.- Tu ne voudrais pas plutôt vivre de ton caprice ? C'est vrai, moi ça me ferais peur tout cet inconnu, ce terrain impersonnel...

Surtout à son âge, et Lilian ne devait pas être beaucoup plus vieux. Est-ce que son père l'avait formaté pour cela ? Josh avait du mal à croire que quelqu'un puisse imposer quelque chose à Lilian... Alors était-ce pour gagner de l'argent et mieux s'adonner à ses passions ? Possible, mais s'il fallait vivre caché, à quoi servait la monnaie ? D'ailleurs Lilian gagnait-il tant que ça ? Icare l'ignorait et cela l'intéressait peu en fait, c'était surtout le côté gestion et humain de la chose qui l'intriguait. Ayant toujours vécu sans le sou, le jeune homme s'estimait plus qu'heureux d'aller mieux aujourd'hui, au point de pouvoir payer son loyer dans les temps et d'avoir une tenue de soirée : celle qu'il portait maintenant... Et cerise sur le gâteau, pouvoir envoyer une centaine de dollars chaque mois à sa famille encore nombreuse et encore pauvre. Quel bonheur c'était, d'accord, un peu plus lui conviendrait, mais trop, cela commencerait à devenir gênant, surtout si c'était pour ne plus avoir le droit de pratiquer la musique.

-Bon... Une chanson au hasard... Euh ? Black Horse and the cherry Tree ?

Proposa le jeune homme qui considérait cette musique comme un classique. Assez entraînant pour faire vibrer une salle tout en restant sage, la musique lui paraissait plaisante, elle était à un niveau de "mouvement", un peu plus élevé que son habitude mais au moins il y avait de la guitare dedans. Le blond garda son manteau pour monter sur scène, il prit une guitare qu'on lui prêtait et s'accorda avec le groupe qui faisait la musique.

-On a qu'a se partager les paroles si tu veux.

Fit-il avec une boule au ventre, espérant ne pas décevoir Lilian, ni par le choix de la musique qui lui était vraiment venu à la tête en sauveuse vu son état de stress, ni pour sa prestation. Heureusement le stress disparut quand il commença à chanter, parvenant à faire monter sa voix une gamme en-dessous de celle de la chanteuse tout en conservant heureusement sa justesse. Laissant sa place à Lilian, bien que sa propre voix tente de la recouvrir car plus profonde, Jay trouva qu'ils faisaient un bon duo, restait à voir ce que son compagnon de soirée penserait. Au fur et à mesure, le jeune homme retrouvait ses capacités de scène, porté par le rythme il bougeait plus que d'habitude au lieu de rester planté au milieu avec sa guitare. Il évoluait avec fluidité, ses cheveux blonds clair balayant le vide avec allégresse et son sourire semblant s'élargir sans limite. Jetant un regard à Lilian pour s'accorder sur un "hou hou" "hou hou", Jay reporta ensuite son regard sur la salle... Jusqu'à la fin qui se termina gentiment. Espérant avoir plu à son ami, le mutant ailé retrouva un brin de sa timidité, descendant vite de scène comme s'il s'apercevait maintenant que des gens le regardaient. Maintenant ses yeux étaient fixés sur son camarade, attendant son avis. Le seul qui l'intéressait vraiment même si par habitude et passion il s'était donné pour tout le monde. Bon ça restait une petite chanson, sans sa longue préparation ni ses exercices, une routine qu'il n'avait pas brisée depuis très longtemps d'ailleurs. A l'idée de ne pas s'être vraiment entraîné ni d'avoir travaillé, le jeune homme retrouva son stress. Cependant il sourit quand même, après tout le but était de s'amuser, non ? Pourtant il espérait tellement avoir plu à Lilian. Stupide réaction d'adolescent. Tellement stupide et désespérant, n'est-ce pas ?

[HJ : J'espère que tu ne tiendras pas rigueur à Icare pour mes connaissances honteusement limitées en musique xD ]
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MessageSujet: Re: Laissez-nous chanter [PV Lilian]   Laissez-nous chanter [PV Lilian] Icon_minitimeMar 16 Juil - 23:58

Un délinquant du journalisme. L’expression était amusante. Apparemment, Icare n’avait toujours pas compris la nature réelle de ses activités. Comme la musique, les articles n’étaient qu’une fantaisie de plus. Des grattes papiers musiciens qui officiaient dans un petit groupe, il en existait des tas, évidemment. Ils appartenaient à la classe moyenne invisible. Ils réussissaient à leur échelle, se sentaient même importants parfois, lorsqu’ils pouvaient parader dans un vernissage avec une carte presse. Mais ce n’était que du vent, de la suffisance provinciale. Ils brassaient l’air, s’agitaient, n’intéressaient qu’eux. D’autres, plus humbles, attendaient secrètement de réussir dans leur première passion. Ils l’évoquaient parfois. Puis la vie les rattrapait, ils finissaient en grande école, prenaient l’habitude de vivre à cent à l’heure et oubliaient, la plupart du temps, leurs rêves adolescents. Les gens finissaient toujours par regretter de n’avoir pu vivre de leur art. Plus pragmatique, Lilian estimait que l’ombre appartenait aux talents avortés. La muse touche peu d’élus, les grecques l’avaient compris et le monde contemporain, engoncé dans le mensonge du "la même chance pour tous", ferait bien de s’en souvenir. La célébration de l’individu créait trop d’âmes frustrées. Il préférait évaluer les dons des autres plutôt que s’en inventer. La vision d’Icare était trop idéaliste, comme toujours, et il avait plaisir à entendre cette sourde révolte contre l’univers et le genre humain. Sa ferveur lui redonnait un semblant d’espoir. Il voyait un instant à travers ses yeux. Tout n’était peut-être pas aussi prédestiné. Seulement, la logique revenait, la logique altérait le charme des belles paroles.

- Tout est conciliable, tant que l’envergure reste modeste, dit-il posément. Mais, comme un grand musicien finira par faire d’une passion son métier à plein temps, un journaliste au sommet de sa gloire devra suivre sa voie, et n’aura plus le temps de d’investir dans un groupe. Par ailleurs, je ne suis pas vraiment dans la profession. C’est un air que je me donne. – Les sourires revenaient, le sérieux l’abandonnait. - Je fais peut-être un piètre critique d’art à ton sens, mais une certaine sensibilité peut se soustraire à la création, l’artiste a toujours besoin d’un point de vue extérieur et désintéressé sur son œuvre.

Comprendrait-il ? Sa conscience des choses était limitée à son expérience de vie. Un fossé immense les séparait. Malgré ses allures délicates, le mutant ailé était presque un enfant des rues, un saute ruisseau devant un prince. Ses questions se bousculaient. Lilian ne se sentait pas réellement entendu. Les valeurs de sa société n’étaient pas les siennes. Il devait observer par lui-même, la théorie ne les avancerait pas et, au fond, son ignorance le rassurait. Icare arrivait sans préjugés, il ne pouvait le cerner, lui laissait le temps de se dévoiler à son rythme, en lui permettant de garder une partie de ses secrets. Un jour, ils réaliseraient peut-être l’incompatibilité flagrante de leurs profils, mais il ne voulait pas y songer. Ce soir, le garçon était une agréable distraction. Il ne demandait qu’à le découvrir, à le voir grandir. Car son esprit était très jeune. Il y avait tant à faire avec lui.

- Mais je ne vis que de caprices ! Je m’amuse beaucoup dans ce que je fais. Rien n’est impersonnel, je suis sur mon domaine, chaque jour est une nouvelle partie.

Si Icare avait quitté le lycée avec une guitare sur le dos, il était évident qu’il n’arrivait à comprendre que l’on puisse prendre du plaisir dans un travail de gestion, d’administration. Lilian avait toujours adoré cela, les spéculations, les repas d’affaires à couteaux tirés, les poignards dans le dos, la vaste bataille navale qui se déroulait chaque semaine dans les hautes sphères. Comment aurait-il pu prendre une autre voie ? La liberté impliquait une certaine forme de désœuvrement, et l’inactivité était le pire de ses maux. Sans occupation, il déprimait. Les divertissements finissaient aussi par l’achever tant il ne connaissait pas la mesure. Et, dans le registre « bêtises de soirées », il avait donné, parfois assez tristement d’ailleurs. Il était inutile de le mentionner. Ils ne fonctionnaient pas de la même manière, ce n’était pas plus compliqué.
De toute façon, le sujet était clos. Ils le rouvriraient plus tard, au hasard d’une autre discussion. Personne ne s’échapperait cette fois, le temps était de leur côté et la nuit prenait une tournure inattendue… Un karaoké… Que penserait Mélo s’il savait ? Il imaginait déjà son sourire goguenard, une pique bien sentie et entendait par avance son rire au fond de la salle. Mais serait-il réellement moqueur ? Il devait arrêter de tout ramener à son jugement muet. Peu importait ce qu’il ferait ici. Personne, à part Icare, n’en saurait jamais rien. Celui-ci, très hésitant, venait d’ailleurs de proposer une chanson. Le titre le déstabilisa assez pour contraindre son visage à une parfaite neutralité. Il ne s’attendait à rien de très réjouissant, mais entendre le choix final rendait le décalage plus concret. C’était un morceau qu’il n’aurait jamais pu fredonner seul, néanmoins, il ne le détestait pas. Il n’en pensait rien de précis et l’important était de mettre Icare le plus à l’aise possible. Très conciliant, il se composa donc un nouveau sourire et souffla :

- Il sera fait selon tes souhaits.

Il suivit le jeune homme sur scène. Bien décidé à jouer le jeu jusqu’au bout, Icare prit une guitare. Il connaissait la partition par cœur, c’était une agréable surprise. Son enthousiasme l’aida à se mettre plus facilement dans l’ambiance de la chanson. Il laissa à son compagnon l’honneur de commencer afin de se caller plus facilement sur son timbre. Comme toujours dans ces rares moments, il se contenta de chanter à sa manière lorsque son tour arrivait, juste, mais en réinterprétant les modulations. Sur la base d’une voix féminine, il ne pouvait qu’improviser au mieux, et ne devait surtout pas essayer d’être précis. Ce genre de complicité partagé était une grande nouveauté, mais, finalement, renoncer aux conventions avaient du bon. Il se sentait plus léger à la fin de la performance, dans un état qu’il n’aurait su dire s’il l’avait déjà vécu au cours de son adolescence. Peut-être. Il entretenait très mal sa mémoire des sensations. Entendit-on des applaudissements ? Il n’aurait su le dire. Une fois la musique coupée, son attention resta sur Icare, sur ce cœur dont il entendait les battements résonner dans toute la salle. Jamais son pouvoir ne s’était connecté aussi violemment à quelqu’un. Les pulsions étaient rapides, désordonnées, le mutant ailé passait d’un état à l’autre, de la joie à la peur. La gêne les menaçait. Après l’insouciance des planches, venait le doute, le risque d’un retour à la parole maladroit, les compliments hésitants, l’embarras d’avoir passé un moment fort sans savoir de quelle manière lui donner suite… Vraiment ? Après ce qu’ils venaient de faire, la pudeur ne devait plus revenir entre eux. Ils avaient déjà suffisamment feint la discussion amicale, comme si rien ne s’était jamais passé, comme s’ils attendaient encore leur premier baiser. Le moment était idéal.
En revenant vers Icare, Lilian préféra un baiser aux compliments. Le contact fut franc mais rapide, à la fois naturel et fuyant. Il ne brusquerait rien, surtout en public.

- Que dirais-tu d’aller faire un tour dehors ? demanda-t-il sans transition.

Icare voudrait peut-être commenter leur duo, mais Lilian ne trouvait pas les mots, comme souvent lorsqu’il vivait une émotion qu’il ne pouvait analyser clairement. Même s’il semblait très détendu, l’idée de rester plus longtemps dans la salle l’oppressait. Il avait besoin de faire quelque chose d’autre, changer d’air, quitter le bruit et les nuages de fumée.


Dernière édition par Lilian D'Eyncourt le Jeu 1 Aoû - 20:37, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Laissez-nous chanter [PV Lilian]   Laissez-nous chanter [PV Lilian] Icon_minitimeVen 26 Juil - 0:26

-Pourquoi piètre critique d'art ? Je trouve que ta manière de voir les choses est très juste En effet, pour le dessin, la musique, le chant, la sculpture, l'écriture... Tout auteur a besoin d'un point de vue extérieur. Finalement le journalisme c'est une sorte d'art qui se réalise à travers et sur l'Art sous toutes ses autres formes. J'aime bien l'idée.

Alors le journalisme serait un genre de mutant de l'art, affublé d'un gêne X qui lui permettait de commenter un peu tous les domaines. C'était une oeuvre collective et pour cela bien sûr, il fallait quelqu'un qui dirige, un chef et le rôle allait plutôt bien à Lilian bien qu'Icare le trouve un peu jeune. Après certains mutants semblaient bien moins que leur âge, chose qui risquait de lui arriver avec son propre gêne X. Décidément, son ami était difficile à comprendre, il semblait apte à faire de l'ennuyeux une nouvelle forme d'art. Son travail de bureau le passionnait et Josh avait envie d'en savoir plus, il peinait à comprendre mais était volontaire. Cependant ce soir, il était temps de clore le chapitre pour passer à autre chose. Lilian leur évita l'étape du retour au pot, celui autour duquel deux personnes ne sachant pas s'exprimer tournicotaient pendant un bon moment, au point parfois que le cactus qui se trouvait dedans avait tout le loisir de grandir, de piquer les intéressés et de les séparer définitivement.

Sortir dehors ? C'était banal, fréquent lors de soirées comme maintenant où chacun pouvait éprouver le besoin de s'aérer. Jay qui était une personne définitivement aérienne comprenait, il était même soulagé d'avoir cette possibilité. Cependant le chanteur devinait aussi que ce "oui" ou ce "non" aurait un impact sur la suite des événements. Qu'était-il sensé faire une fois dehors ? Le jeune homme se retrouvait bêtement démuni, il ne savait pas du tout s'il était sensé essayer de plaire à son interlocuteur, faire comme si de rien n'était. Le bisou sur la bouche, franchement peu naturel entre deux garçons simplement amis-non ? C'est vrai ?- le rassura un peu tout en le faisant rougir plus violemment que jamais. Hey monsieur D'Eyncourt, les gens ne regardaient pas mais ils étaient là... Et puis c'était quoi ce bisou ? La folie du moment, un "tu me plais" ?. Au moins il ne se fourvoyait pas sur ce qu'il pensait être de l'attirance réciproque. Certes cela semblait plutôt évident aux vues des cadeaux de Lilian comme le livre des fables de La Fontaine ou encore ce qu'il songeait encore être une invitation déguisée au concert... Mais le chanteur avait perdu l'habitude de ce genre de jeu s'il l'avait seulement connu un jour après le décès de Julia. Avec elle aussi, tout était "faux". Il restait à Icare quelques illusions de séduction avec un poète qui le prenait pour sa muse, alcoolique et drogué dont le jeune homme avait du se résoudre à se défaire, se dépareillant de sa douceur habituelle pour se mettre à l'abri. Lilian était brillant, apparemment équilibré, comment était-il sensé faire ?


-Ok, tu as raison, il fait chaud ici.


Cliché et tellement porteur de sens à la fois. Josh venait d'accepter de se mettre à découvert dans tous les sens du terme. Il allait de lui-même sur le terrain qui permettrait au prédateur de mieux le chasser. En avait-il lui même envie ? Voulait-il jouer sciemment le rôle du corbeau. Ou plutôt celui de l'agneau de la Fontaine face au loup de la rivière en amont cette fois ? Se faire dévorer était-il douloureux ? Icare fit un effort pour enclencher la suite des événements, se frayant un passage jusqu'à la rue bondée du public qui venait fumer et discuter. Cependant, comme des papillons de nuit, ils se cantonnaient aux abords de l'établissement. Le jeune chanteur pris le risque de s'éloigner un peu, acceptant que l'ombre le dévore en partie, laissant l'autre en suspend pour Lilian, éventuellement. Il se sentait comme l'adolescent qu'il n'avait jamais vraiment été, courtisé, désireux de répondre mais sans passer pour un garçon facile et tellement hésitant à la fois. Esquissant encore quelques pas dans une petite rue adjacente, le mutant retira son manteau avec soulagement, retirant la courroie de cuir qu'il mettait encore parfois, surtout dans les endroits bondés ou un geste de trop pouvait le faire mal réagir... Comme dans un certain musée lors d'une certaine première rencontre avec un certain journaliste par hasard.


Soupirant de bien être, Icare laissa glisser la courroie au sol et étendit doucement une de ses ailes puis l'autre pour les libérer totalement, dénouant ses épaules. En général il ne procédait pas à sa libération sous un regard, se cachant, tant pour se faire que pour s'emprisonner. Gêné mais décidé à être sincère et éviter de tourner autour du pot, Icare se lança courageusement dans ses aveux.

-Je ne sais pas trop ce qu'on est sensé faire. C'est ridicule, en plus je m'enfonce dans le stéréotype plus je te parle là... Mais j'ai pas l'habitude, enfin, j'sais pas vraiment ce que tu attends, ce que j'attends. Je crois que je suis aveugle en plus d'être un peu con là.


Fit-il en se demandant s'il devait rendre la pareille à monsieur D'Eyncourt, mais en privé cette fois. Le bisou l'avait étonné, rassuré même, désormais les "et si" reprenaient leurs droits. Certes ça avait quand même été un baiser sur les lèvres mais dans l'enthousiasme d'un moment, et surtout était-il sensé y répondre ? Est-ce que ce n'était pas, comme les caprices du journaliste, un sujet clos ? Enfant qui faisait la loi, son hésitation toute adolescente, son manque de confiance en lui le forçaient à rougir devant Lilian sous la lune claire. Le jeune homme avait l'impression d'être pourvu des dons de son compère tant il sentait son coeur cogner dans sa poitrine. Désireux d'être à la hauteur et de casser un peu le cliché dans lequel il s'enfonçait, le mutant qui était également en train de s'enfoncer contre un mur par instinct s'en détacha légèrement pour venir piquer un bisou à son ami.


-Bon je tente. Voilà... Et maintenant ?

Au moins il avait esquissé le premier pas, avoué qu'il ne savait pas quoi faire d'autres mais était apte à apprendre. Lilian lui plaisait, lui en revanche se détestait. Etait-il lui-même sans cette spontanéité qui le caractérisait ? Mais qu'y pouvait-il vraiment ? Il était chanteur et ne faisait que chanter des histoires. N'était-ce pas au journaliste de les mettre en forme ?
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MessageSujet: Re: Laissez-nous chanter [PV Lilian]   Laissez-nous chanter [PV Lilian] Icon_minitimeVen 2 Aoû - 15:37

Le monde, les regards indiscrets, Lilian n’y avait pas songé un seul instant. S’il gardait une certaine pudeur et refusait les effusions indécentes en public, il embrassait qui il voulait. Adolescent, il en savourait toujours ces moments de douce provocation. Maintenant, garçon, fille, il ne faisait plus la différence. Il oubliait que certains préféraient garder leurs attirances discrètes. Etait-ce le cas d’Icare ? Il le sentait si troublé qu’il en venait à craindre d’avoir repoussé un peu trop vite les barrières de sa pudeur. Les étranges maladresses du jeune homme avaient le don de le déstabiliser. Et, la moiteur gonflait l’air, les basses pulsaient, les bouches criaient, les gens s’agitaient, des pensées couraient dans sa tête. Il n’arrivait plus à les attraper. Tout débordait. Il ne voulait plus être ici, l’expérience de la scène le laissait nerveux. Il fallait sortir, passer à autre chose, créer une autre ambiance. Ils en avaient terminé avec ce concert. « Que dirais-tu d’aller faire un tour dehors ? » Sa demande, un peu abrupte, avait reçu une réponse favorable. Icare trouvait qu’il faisait chaud. Le double sens évident lui arracha un léger sourire. Ils progressaient enfin. A l’extérieur, une autre histoire commencerait. Comment s’y prendraient-ils ? Il ne s’était jamais posé ce genre de question. D’habitude, ses relations débutaient assez naturellement. Chacun suivait son instinct, il se passait quelque chose, sur une durée plus ou moins longue. Personne ne posait jamais de règles, personne ne s’inquiétait de rien d’autre que de l’instant.

Il contourna les fumeurs et les premiers éméchés qui stationnaient devant la salle – là où la fête était toujours plus folle – pour rejoindre Icare dans une ruelle. Le jeune homme cherchait l’ombre, un semblant d’intimité pour venir à lui tout entier, comme le superbe mutant qu’il était. Libérées de leur étau, ses ailes se déployèrent. Il ne les avait pas vues d’aussi près depuis leur première rencontre, quand un journaliste véreux avait eu la mauvaise idée de marcher sur la veste qui les couvrait.

- Tant que tu ne t’envoles pas à nouveau…, dit-il en avançant une main caressante vers ses plumes pour répondre à sa tirade paniquée.

Ce qu’ils étaient censés faire ? Icare était peut-être plus innocent qu’il ne le pensait. Il lui rappelait quelques jeunes vierges qu’il s’amusait parfois à conquérir. Il le savait plus expérimenté et, pourtant, l’approche devrait rester la même, attentions et douceur étaient de mise. Il était généralement très doué à ce jeu. Seulement, il ne s’amusait pas. A force de se moquer des autres, de séduire sans buts ni passion, il avait quelques difficultés à user des mêmes techniques sur un ton sérieux. Le bel ange ne l’aidait pas. Ses paroles bloquaient ses gestes. Ses doigts glissaient sur ses ailes. Dans ces moments, les mots étaient souvent traîtres, les mots méritaient d’être effacés, il n’était plus temps de réfléchir, juste de se laisser porter.
Tout à sa gêne, Icare s’éloignait contre le mur. Il revint soudain, en déclarant qu’il « tentait ». Un baiser léger frôla ses lèvres, puis, à nouveau incertain, il l’entendit lui demander son approbation, comme s’il redoutait encore le faux pas. Un tel manque de confiance le dépassait. Ne lui avait-il pas donné suffisamment de preuves ? Il avait déjà obtenu plus pour tellement moins d’efforts…

- C’est tout ? Je ne te cache pas que j’en espérais plus, souffla-t-il d’un air faussement déçu. Maintenant, je veux profiter de cette nuit. Je reviens de loin, j’ai été absent depuis trop longtemps.

Toujours énigmatique, Lilian attira le mutant contre lui. Il laissait l’interprétation libre, donnait l’impression de maîtriser d’avance toutes les étapes de leur soirée. Au fond, il portait un très lourd fardeau, un presque amant blessé au plus profond de son cœur qui n’avait visiblement jamais été aimé à sa juste valeur. Depuis combien de temps attendait-il ? Il se sentait presque coupable de l’avoir abandonné à sa détresse sentimentale, d’avoir couru d’un lit à l’autre par peur de s’engager dans une relation compliquée pendant qu’il posait un voile de plus en plus épais sur sa sensualité. Qu’avait-il fait ? Mais, surtout, que faisait-il ? Il n’avait pas les moyens de l’aider. Il ne ferait rien d’autre que l’apaiser un temps, pour mieux le laisser retomber. Et, ensuite ? La fixité absolue n’était pas plus enviable. Il le sentait fragile et terriblement désirable entre ses bras. Alors, il l’embrassa, avec une réserve calculée pour faire monter peu à peu la tension des corps. C’était aussi agréable que dans ses souvenirs. Oui, Icare lui rappelait qu’un baiser pouvait être autre chose qu’un échange ennuyeux de salives sans saveur, il pouvait devenir brûlant, étourdissant, unificateur. C’était trop. Il était à nouveau comme un adolescent qui enclenchait un mystère de la vie dont il ne maîtrisait pas les aboutissants. Leurs lèvres se séparaient pour mieux se retrouver et le temps s’étirait. Mais, au bout du compte, il fallait bien dire quelque chose. Il mêla ses doigts aux cheveux du jeune homme et fit basculer sa tête dans le creux de son épaule.

- Les probabilités de nous retrouver étaient si faibles que je m’en veux presque d’avoir eu cette chance.

C’était un demi-aveu. Après des mois d’absences et la poursuite de sa débauche, il pouvait revenir presque les mains dans les poches vers cette personne qu’il gardait en réserve pour ce fameux jour où il se sentirait prêt d’arrêter les bêtises un temps. A croire qu’il vivait dans un conte médiéval. Il se trouvait assez scandaleusement béni des dieux. Mais, le plus scandaleux, était surtout qu’il n’avait jamais douté pouvoir le retrouver un seul instant.


Dernière édition par Lilian D'Eyncourt le Ven 20 Sep - 22:06, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Laissez-nous chanter [PV Lilian]   Laissez-nous chanter [PV Lilian] Icon_minitimeDim 11 Aoû - 6:18

[HJ : Pourquoi j'ai l'impression que même mes soûlards font fleur bleue ? --' Rolling Eyes ]


Les mots de Lilian fleuraient bon la poésie. Josh avait envie d'y croire, il était vrai que leurs retrouvailles avaient quelque chose d'exceptionnel. Toutes leurs rencontres avaient une connotation spéciale d'ailleurs. La danse dans le musée, son concert dans le bar avec le livre de La Fontaine, et aujourd'hui où ils avaient chanté ensemble. Le doute planait de plus en plus lourdement, Lilian n'avait-il pas su qu'Icare venait ? Ou n'aurait-il simplement pas poussé le groupe qui semblait ami avec lui à inviter le mutant ailé ? Mais qu'importe la réponse, prémédités ou hasardeuses les retrouvailles permettaient au chanteur d'envisager le pardon. Évidemment, sans en avoir réellement conscience, il avait été déçu de l'absence de Lilian, bien sûr il était également fautif de ne pas l'avoir contacté plus mais après avoir fait le pas en l'invitant à son concert il n'avait pas voulu insister. Ce n'était pas toujours au même d'avoir l'initiative, sans quoi il finissait accro à l'autre qui s'en défaisait rapidement. Aujourd'hui le retour semblait plus franc, Lilian n'avait plus l'air de vouloir jouer. Dans quoi s'embarquait donc Josh ? Aucune promesse sur la longueur mais du sérieux, c'était certain. Il y avait quelque chose de bien plus satisfaisant que du jeu ou un simple béguin entre eux.

Icare par expérience avait apprit à ne plus chercher l'exclusivité directement, aussi était-il loin de s'imaginer quel appartement pourrait leur convenir ou encore quel voiture familiale choisir. Cependant le jeune homme avait bel et bien testé inconsciemment son ami et ce depuis son propre concert. Il cherchait quelque chose où il y avait un minimum de sentiments quand même, peu adepte de relations de jeux. Non, Josh avait été trop éprouvé par l'Amour à sens unique ou le peu de considération pour la notion de couple. Sans exiger de Lilian un futur collés ensemble ou la fidélité, il espérait bien que leur relation signifierait plus que de l'amusement et du sexe. Ce soir, oui, quelque chose de profond se passait entre eux, son aîné prenait le temps de le séduire et de le rassurer. L'artiste décida de lui pardonner et de lui donner sa confiance, sans que cela soit inconditionnel mais il avait décidé de se laisser aller. Le journaliste avait une façade de garçon je-m'en-foutiste mais il n'était pas Antoine le poète drogué, le risque était à prendre.

Répondant au baiser, sans avoir besoin de parler après que Lilian l'eût fait pour eux, le mutant entrouvrit un peu plus ses lèvres, indiquant à son ami qu'il lui offrait une clé. Il le laissait le découvrir plus, tout en restant chaste. Avec son aîné, Icare souhaitait prendre son temps. Ce n'était plus un test mais le plaisir de se découvrir doucement, une langueur agréable où l'esprit était aussi important que le corps. Repoussant tendrement son ami, Josh le ramena contre lui, posant sa tête contre l'épaule de son aîné lorsque ce dernier l'y invita, le laissant en toute confiance caresser ses plumes douces. Mains portées autour du coup de ce dernier, le chanteur profitait simplement de ce moment tendre.

Le jeune homme gardant enlacé son camarade rejeta la tête en arrière pour le regarder à nouveau. Un sourire malicieux sur les lèvres, il battit une fois de ses ailes. Lilian pouvait d'ailleurs ressentir en reflux, toute la puissance de ces dernières qui se répercutaient dans les muscles de son dos, il battit à nouveau des ailes, avant d'enchaîner une troisième fois, semblant chercher à embarquer Lilian bien qu'il peinait à cause du manque d'élan et de leur position. Il put néanmoins les faire légèrement décoller avant de retomber lestement sur ses pieds à quelques 30 centimètres du sol. Une bouteille venait d'exploser sur le mur non loin d'eux.

Une bande de soûlards venait de débarquer, sans même prendre conscience de leur présence, ceux-ci s'amusaient à jeter leurs bouteilles vides, visant une ombre dans la nuit où des chats invisibles. Toutefois les deux amoureux finirent par être remarqués. Sans prendre note des ailes d'Icare ou du fait qu'ils étaient bien deux garçons enlacés, un des hommes entraîna les autres vers une bagarre. Il avait simplement envie de décharger son agressivité et ces deux amoureux semblaient parfaits pour son esprit engourdi par l'alcool. Peut-être était-ce leurs silhouettes minces qui invitaient les poings d'inconnus à les fracasser ? Ou le simple fait d'être là. Peut-être aussi celui d'être deux hommes finalement et des mutants. Peu importe, toujours est-il que ricanant et prononçant des phrases parfois à peine compréhensibles et parfois bien trop compréhensibles justement, entre menaces et insultes, le petit groupe de 5 se dirigea vers Lilian et Jay. Ils s'arrêtèrent à 2 mètres environ, ne semblant plus vouloir porter de coups, ou tout du moins pas tout de suite, préférant s'amuser avec les mots. Impossible de savoir si finalement ils allaient en venir aux poings.


-Visez un peu ça les mecs, ça roucoule ici. Rou rou rou, rou, rou rou.

-Ouais, ça lui a même fait pousser des ailes tiens.

-Oh ouais ahaha... Et toi-Fit la seule femme du groupe à Lilian.- Qu'est-ce que ça te fait l'ÂmouuuuuRRRRR ? T'as quoi dans ta collection ? Tu chies des arc-en-ciel ? It's soooo cuuuute


-Mutos et gay, ahahaha vos parents ont raté un truc sur vos gênes là. Vous êtes pas gênés d'être des erreurs ? Ahahaha gêne et gênés... Hic


-Hey c'pas cool Bernie, faut pas être Momophobe... Ni Mutosphobe. Moi j'les aime bien. Vous faites quoi ici les z'oziaux ? Hein ?

Instinctivement, faisant rire la bande, Icare se mit en avant, déployant une aile pour protéger Lilian. Il avait toujours eu ce trait de caractère protecteur, quand bien même il avait peur et que cela pouvait se voir au frissonnement de son corps. Néanmoins le jeune homme courageux voulait faire face bien qu'il ignorait totalement quoi répondre, ignorant tout de ce monde agressif et sale alors qu'il l'avait fréquenté en côtoyant la rue. C'était comme si ce genre de choses ne pouvait pas s'accrocher à ses plumes immaculées et qu'il ne savait rien faire d'autre qu'attendre le combat physique pour enfin réagir. Le tout s'était passé très rapidement, bien entendu Josh avait conscience que Lilian était certainement plus apte à répondre avec sa langue acerbe mais aussi à se battre. Cependant il avait agit par instinct, et ne souhaitant surtout pas être la demoiselle en détresse, le chanteur serra les poings, sur la défensive, contemplant les soûlards en chien de faïence.
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MessageSujet: Re: Laissez-nous chanter [PV Lilian]   Laissez-nous chanter [PV Lilian] Icon_minitimeMar 1 Oct - 21:28

Lorsqu’il songeait à ses quelques embrassades au coin d’une rue enténébrée, il n’en retirait pas une très grande fierté. L’échange était sale, brutal, alcoolisé, souvent indécent. Mais il devait remonter jusqu’à de très lointains souvenirs, à ses premières années d’université, quand ses virées nocturnes ne connaissaient pas la moindre limite. Il avait tellement besoin de se sentir exister, d’oublier, de s’imaginer au-dessus de toutes les lois. Le repos n’était pas venu avec l’âge. Il s’était calmé par obligation, avait appris à contourner plus subtilement les conventions, à ne plus se cacher la béance qui s’ouvrait en lui. Il n’admirait plus la destruction des autres, il continuait à prendre et jeter les corps avec l’impression de subir, lui aussi, les événements. Il ne luttait plus contre sa propre vanité. Ses illusions passées, seule la répétition mécanique de tout ce qui composait son quotidien, sa vie, lui permettait de tenir encore le coup, d’être un peu plus qu’une existence vide sans point d’attache.

Les choses étaient-elles en train de changer ? Non, la lucidité ne le quitterait pas. Que pouvaient-ils faire d’autre que courir après des chimères jusqu’à la fin ? Sur les lèvres d’Icare, les possibles vibraient. Il aurait souhaité pouvoir y croire. L’histoire avait toutes les chances d’être belle, dans une autre peau. Pourtant, il ne l’abandonnerait pas. A trop avancer au bord du gouffre, on finit par ne plus le voir. Et, même s’il ne se relèverait jamais vraiment, il avait besoin de s’essayer, un temps, à une certaine forme d’insouciance. Il ne cherchait plus son père. Quels buts concrets poursuivaient-ils encore ?
Comme pour accompagner ses pensées, l’ange battit des ailes, le força à s’accrocher à lui tandis qu’ils s’élevaient doucement à quelques centimètres du sol. Heureusement, il n’avait pas l’intention d’aller plus loin. Malgré son attirance pour les ailes de son compagnon, ce genre de romantisme l’inspirait très peu. Dans le ciel, il ne maîtrisait plus rien.

Mais, de retour sur la terre ferme, il fallait affronter une déconvenue d’un autre ordre. Ses soirées alcoolisées ne l’avaient jamais rendu tolérant vis-à-vis des ivrognes. Certains égarements étaient amusants, intéressants, d’autres, profondément ennuyeux et affligeants. Il ne supportait pas les ébriétés abrutissantes qui vous rendaient un homme souvent simple d’esprit, ou trop réservé le jour, totalement incontrôlable. Malheureusement, la bande qui essayait de les prendre à parti appartenait à la mauvaise catégorie, et, pire, semblait composée d’adeptes d’une consommation sans mesure ni finesse. Des épaves dont l’histoire se noyait sous des litres de vodka bon marché, rien de plus.
Il fut cependant étonné de les entendre filer la métaphore des ailes avec une presque cohérence. Ce n’était pas très intelligent, mais il s’attendait à des attaques plus crues, moins recherchées. Visiblement, les humains avaient un problème avec leurs pouvoirs et leur homosexualité affichée. Dans leur inconscience, ils tenaient à le leur signaler. Voilà qui était proprement idiot. Lilian n’avait jamais été confronté très clairement à ce type de situation. Il était rare de le trouver avec un homme en pleine rue, et il ne montrait jamais ses pouvoirs. Cependant, que les cinq individus le prennent pour un mutant était une très bonne chose. Il n’avait donc pas besoin de se retenir. Vu leur état, il était inutile de leur donner la réplique. A ce stade, le but n’était plus d’apaiser le dialogue, mais de l’empêcher.

Il s’apprêtait à faire un pas en avant lorsque l’aile de son compagnon lui barra la route. Il sentait la peur d’Icare et, pourtant, le jeune homme avait le désir visible de lui prouver sa force, et le réflexe de le protéger. C’était touchant, sans doute. Dire ce que cette réaction lui évoquait était impossible dans l’immédiat. Il ne s’était jamais posé la question de savoir s’il attendait ou non des sentiments de cette nature. Alors, d’une main, il écarta les plumes du mutant. Icare n’avait pas l’habitude de gérer les crises et deux choses le contrariaient profondément. Il ne pouvait tolérer d’être injurié et dérangé par des sous-êtres comme ceux-là. Trop de bêtises lui heurtaient l’esprit. Il ne voulait pas en entendre davantage, c’était insupportable. Et il n’appréciait pas que l’on cherche à mettre l’ange en danger, surtout en sa présence.
Malgré une colère profonde, il sut garder un calme apparent. Mais ses prunelles ne dissimulaient rien. Elles étaient d’un froid terrifiant, éteintes, comme si plus rien ne persistait en lui. Il ne se prononçait jamais en faveur des réactions à chaud. Parfois, cependant, il contournait ses propres règles. Et, après les aventures avec Orsso, l’action lui manquait un peu. Ses dons pouvaient le mettre à l’abri des gêneurs. Il serait idiot de s’en priver. D’un coup, trois liens sanguins jaillirent de sa main. Ils s’enroulèrent comme des lassos autour des trois gorges les plus proches et, attirèrent violemment leurs victimes vers le sol. Pas assez pour leur briser la nuque, évidemment. Juste de quoi les forcer à embrasser le bitume et leur couper la voix.

- Belle est la magie de l’alcool n’est-ce pas ? déclara-t-il d’une voix très posée.On boit, on se sent grand, important, on se croit assez fort pour défier des mutants. Vous avez de la chance dans votre bêtise, je me contenterai d’une mise en garde… dans ma grande mansuétude, je vais même vous épargner l’oubli d’un éventuel blackout.

Les trois personnes à terre eurent quelques convulsions paniquées et il relâcha leur emprise. Dans l’obscurité, les traces violacées de strangulation se voyaient à peine. Ils devraient cependant avoir le larynx abîmé et la parole coupée pendant les prochains jours. Leur impossibilité de répliquer était, en cet instant, un pur bonheur.


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MessageSujet: Re: Laissez-nous chanter [PV Lilian]   Laissez-nous chanter [PV Lilian] Icon_minitimeMer 23 Oct - 18:28

[hj: Dédolé pour les fautes s'il y en a, je suis sur un clavier español] Les liens de sang surgirent à la faveur des lampadaires peu vaillants dont la lumière tremblotait. Icare se sentit soudainement agressé par une odeur-certes légère-de sang, il replia l'aile que Lilian avait précédemment repoussée, observant la scène sans savoir que faire. Son beau courage court-circuité jusqu'à la peur qu'il ne ressentait absolument plus Jay se contenta de regarder les trois lascars tomber au sol en s'étranglant. L'Ange tendit la main en avant dans un semi réflexe pour arrêter Lilian. Après tout il ne le connaissait pas vraiment, et si ce dernier avait le goût de la vengeance au point de tuer ? Le jeune homme sentit ses souvenirs affluer, notamment une certaine rencontre au musée. Le chanteur avait pour habitude de choisir les mauvais garçons, il avait donc de quoi s'inauiéter en voyant Lilian si belliqueux avec un don fort inquiétant. Cependant d'après ce dont il se souvenait, son ami avait la langue acerbe, mais il n'avait pas violenté le journaliste qui s'étouffait. Qui s'étouffait comme les trois sbires cloués au sol. L'évidence lui tomba dessus d'un coup. Se pourrait-il que son ami ait fait la même chose à l'individu bien qu'aucun lien de sang n'eût été jeté.

Pourtant, même si c'était probabe, l'artiste ne se decida pas à condamner Lilian. Le critique n'était pas mort, ni traumatisé visiblement puisqu'il avait encore lancé des accusations à Lilian dans son journal. De plus les trois imbéciles pourraient déjà être décédés si le journaliste l'avait décidé. La scène accompagnée de ses pensées s'était déroulée sur un laps de temps très court, suffisamment pour que les deux autres ivrognes commencent seulement à réagir. Comme d'habitude Icare paraissant une proie facile les motiva, et comme d'habitude, ils firent l'erreur de s'attaquer à ce qui semblait plus doux encore que son regard ou son visage androgyne... Ses ailes. L'erreur à ne pas faire. Sous les plumes, se cachaient des muscles et des os puissants qui portaient sans soucis son poids et 70 kilos supplémentaires. Avec l'élan le jeune homme n'eut pas de mal à faucher le premier ennemi. Ce dernier s'écroula avec un bruit mat une demi seconde après que l'articulation eût frappé son menton. Un craquement qui hérissa le plumage de Jay se fit entendre, alors que l'autre emporté par son enthousiasme précédent chutait sur le derrière. Probablement regrettait-il de s'être lancé et coupant son élan, il était lourdement tombé sur le sol. Jay s'approcha, mais hésita à frapper, son adversaire étant désarmé. La colère pourtant grondait, pourquoi les avaien-ils interrompus ? Pourquoi les insulter, les attaquer, en un mot gâcher la soirée ? Dans un zeste de révolte, le jeune homme s'agenouilla face au dernier malotru et lui attacha les mains avec sa propre ceinture, lui retirant son pantalon, le laissant en culotte en guise de punition. Ce n'était pas bien méchant comparé à ce que ces abrutis leur avaient fait mais Josh était un gentil dans le fond, il pensait que ce dernier intègrerait bien la leçon avec le spectacle que lui avaient offert ses amis. Normalement ils ne porteraient pas plainte non plus étant donné leur taux d'alcoolémie-et probablement d'autre chose aussi-. Bref, aucun danger pour Lilian et Icare donc.

La soirée se terminait un peu en queue de poisson à cause de ces individus, sauf si les deux amis décidaient de lui donner une autre fin. Josh se rapprocha du journaliste, son plumage précédemment gonflé par la colère se remettant doucement à sa place. Pressant un peu le bras de son comparse mutant, Josh détourna les yeux. La mâchoire de son adversaire n'était vraiment pas belle à voir, il y avait été fort, peut-être un peu trop d'ailleurs.


-Viens.

Proposa doucement Josh d'une voix rendue timide par l'altercation. Il avait la gorge sèche et le coeur en chamade.

-Je connais un petit café sympathique, il ets ouvert toute la nuit et presque désert.

C'était l'idéal pour manger un morceau, étant donné qu'il ne l'avait pas fait avant le concert, pensant rentrer directement. Et puis Josh aimait l'ambiance aussi calme que bonne enfant qui y régnait. A voir si Lilian aimait ce genre de "plan" ou préférait des trucs de son âge comme les boîtes, à moins qu'il n'en ait assez et veuille rentrer ? Josh lui dirait donc sobrement au revoir, car il était hors de question de se donner le premier soir. La bagarre les avaient rapprochés, c'était un fait, mais Lilian lui plaisant, le mutant ailé voulait plus qu'une nuit, il voulait découvrir son interlocuteur avant d'envisager autre chose. Sans parler de couple, Josh espérait bien obtenir d'autres rendez-vous, il suffirait d'éviter les petites ruelles sombres et voilà. Quel idiot il avait été de se fourer là. D'ailleurs en y repensant, Lilian aurait pu être un monstre et profiter de lui. Fustigeant sa candeur une fois de plus, le jeune homme nota quand même la bienséance de son compagnon dans un coin de sa tête. Cela donnait envie de lui faire confiance, au moins un point positif.

-À moins que tu aies d'autres projets ou une autre idée ? Je te dois bien ça après cette belle soirée, et cet épisode rocambolesque. Je suis ton obligé.

Acheva-t-il de dire, ne se rendant pas compte cette fois qu'il faisait encore preuve d'une certaine maladresse dans ses propos qui pourraient être mal interprétés. Heureusement, celui qui lui avait offert le livre des fables de la Fontaine était un chevalier galant, n'est-ce pas ?
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MessageSujet: Re: Laissez-nous chanter [PV Lilian]   Laissez-nous chanter [PV Lilian] Icon_minitimeMer 20 Nov - 0:58

Etait-il capable de tuer sous l’effet de la colère ? Non, certainement pas. Ses sentiments ne s’emballaient jamais à ce point, et s’il existait un réel sadisme chez lui, il s’exprimait par un besoin d’écraser, de soumettre, de graver un souvenir durable, pénible, dans l’esprit de tous les importuns qui croisaient son chemin. Heureusement, Icare n’interpréta pas son geste de cette façon. D’autres s’étaient trompés avant lui. Ils y voyaient une sorte d’indulgence qui venait tempérer la lourdeur qu’il semait dans l’atmosphère au moment de passer à l’acte. D’une manière ou d’une autre, on l’imaginait prêt à commettre le pire. Une fois cette impression détrompée, tout passait. Lilian s’en amusait presque. Il en tirait le meilleur avantage possible, et songeait parfois que si des cadavres s’égrenaient derrière ses pas, la réalité de ses homicides n’avait rien de très éclatant. Au fond, il n’avait jamais tué que par défaut ou accident.
Ses souvenirs étaient lamentables. Il les chassa d’un sourire en contemplant les trois rampants à ses pieds. Là, au moins, ils étaient à leur place. Mais, lancés par le chaos général, les deux autres ivrognes s’étaient jetés vers Icare sans se douter que la bataille serait si courte. Il n’eut pas le temps de se retourner que, déjà, un homme volait quelques mètres plus loin et l’autre, choqué, se laissait tomber à terre avec un regard dilaté du plus haut comique. La scène était grotesque. Icare maintint le niveau en liant et déshabillant partiellement leur dernière victime. Lilian l’observa avec une curiosité mêlée d’amusement. Une certaine légèreté s’invitait au milieu du règlement de compte. Il se représenta les officiers de polices sur les lieux du crime, perplexes, et trouva le tableau très drôle.

- Tout cela tourne à la farce antique, commenta-t-il en sortant son i-phone pour prendre un cliché. Qu’allait-il en faire ? Le mettre sur facebook ? Non, bien sûr, mais il gardait encore ce fichu réflexe de se dire « Je dois montrer ça à Mélo ». Finalement, il était peut-être plus dépendant qu’il ne le pensait. Icare était adorable, mais c’était un gentil garçon. Il ne pourrait jamais répondre à son cynisme, ni rire de son ironie déplacée.

Le pouls de l’ange battait très vite. La peur avait laissé place à une vive montée d’adrénaline, à cette nervosité prédatrice que tous les êtres humains gardaient en eux. Pour quelques minutes, la bête avait pris le contrôle. Mais il devait la refouler, redevenir douceur, avancer une main pudique sur son bras, lui demander de s’éloigner d’une voix réservée. Son corps disait encore tout le contraire. Il l’entendait si fort que son propre sang lui soufflait que rien n’aurait été meilleur que céder aux instincts et le plaquer plus franchement contre un mur.
Ce n’était ni le lieu, ni le moment. S’il avait séduit Icare, il était encore loin de la conclusion. Elle serait plus subtile. Lorsqu’il entamait ce genre de jeu, sincère ou non, Lilian tenait à écrire une belle histoire. Il polissait chaque scène jusqu’à la perfection. D’une certaine manière, il ne pardonnait pas aux ivrognes d’avoir ruiné l’une des étapes. Ce qu’il avait prévu pour la suite ne fonctionnerait plus. La chronologie des événements était perturbée, il n’avait d’autre choix que celui de s’en remettre à Icare.
Le jeune homme lui proposait un détour par un bar de quartier un peu plus intime que la salle de concert. Un lieu familier l’aiderait probablement à se remettre de ses émotions.
Il l’attira contre lui et l’embrassa du bout des lèvres tandis qu’il lui offrait à demi-mots de se plier à tous ses désirs. Très clairement, ses autres projets se limitaient à l’attirer chez lui et ne pas le laisser repartir avant une heure avancée de la matinée. Hélas, la proposition s’enchâssait mal avec les événements. Il attendrait. Il mentirait.

- Je ne me priverais pas d’une occasion de découvrir l’un de tes cafés fétiche, dit-il en plaisantant. Après ce que nous venons de vivre, il me semble qu’un endroit calme s’impose, et toutes les enseignes que j’ai l’habitude de fréquenter par ici sont désespérément bruyantes. Où veux-tu donc m’emmener ?

Il passa négligemment à côté des humains qui se relevaient en titubant. L’un d’eux lui lança un regard chargé de haine, avant de se faire surprendre et reculer. Ses doigts frôlaient ceux d’Icare dans l’attente d’une direction à suivre.
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MessageSujet: Re: Laissez-nous chanter [PV Lilian]   Laissez-nous chanter [PV Lilian] Icon_minitimeSam 21 Déc - 23:24

L'adrénaline s'éteignit doucement, Josh sentait moins le sang battre ses tempes, après avoir galopé dans ses veines il semblait se retirer comme pour se reposer, le bout de ses ailes avait même l'air froid, raidi. La fatigue était la depuis un moment mais c'était maintenant que le jeune homme se rendait compte de sa présence. Pour autant il n'était pas abattu, plutôt joyeux même pour un garçon qui détestait se battre et qui sortait tout juste d'un conflit. Lilian avait-il su le séduire sans même le vouloir ? En pleine action sans dépasser les bornes, utilisant une sorte d'humour grinçant que Josh avait apprécié inconsciemment. Ceux qui lui voulaient du mal avaient le visage tordu de douleur, enfin ils payaient, quelqu'un l'avait protégé. Sans leur souhaiter plus de mal, l'ange se sentait humainement transporté par cette roue qui tournait, jouer les demoiselles en détresse n'était pas dans ses habitudes mais c'était plaisant de temps à autre. Un chevalier servant était descendu des cieux pour lui, avec un bouquin de la Fontaine, une place de concert et le désir de le défendre, sans compter celui de le suivre. Ravi, Icare eut tôt fait d'être persuadé que son ami approuvait totalement son idée. Y avait-il un meilleur moyen de rétablir le calme que la douceur d'un chocolat fondant coulant dans votre gorge ? Délaissant les intrus sans la moindre vergogne, juste pour cette fois où ce n'était pas lui qui se tordait de douleur au sol, le jeune homme attrapa les doigts de son camarade, il se sentait invincible avec ce garçon à ses côtés.

La honte viendrait plus tard, il retrouverait son caractère d'angelot naïf pour plaindre les coupables, mais pour le moment l'ange en question se montrait plus humain que jamais, goûtant au fruit de la vengeance. Dans ses pas précipités pour quitter les lieux sordides il y avait aussi la volonté de quitter ses problèmes, comme si le gang représentait ses soucis d'antan. Maintenant, sans devenir sanguinaire, le jeune homme était décidé à ne plus se laisser marcher sur les plumes. Lilian lui apprenait qu'il n'était pas toujours en tort, un "rien" qu'on pouvait bafouer. D'ailleurs peu importe qu'on les voit ensemble, ce n'était pas criminel, loin de là. Flottant sur son petit nuage, le mutant remit son manteau in extremis, mais il conserva longtemps sa main à demi plongée dans celle de son compagnon, s'éloignant légèrement avant de se rappeler à lui d'une petite pression pour mieux fuir après. Ce ne fut qu'en gagnant une grande artère que le chanteur s'éloigna du journaliste, on ne pouvait pas changer d'un coup après tout... Son air doux et éthéré était d'ailleurs revenu sous la lumière tamisée de la cafétéria espagnole dont il venait de franchir la porte. Choisissant un box isolé dans des lieux eux-même vidés de toute clientèle, il se dandina un peu sur son siège pour arriver au bout et leva son regard azuré vers la serveuse. Innocemment heureux à la simple idée de se régaler d'une tasse de chocolat épais et de churros.

-C'est un ami chanteur qui a fait des tournées en Espagne qui m'a parlé de cette tradition, quand on sort toute la nuit, le matin on se retrouve pour déjeuner du chocolat et des churros dans une cafétéria. Bon la nuit n'est pas fini mais je n'ai pas beaucoup mangé ce soir, et puis j'adore l'ambiance ici, pas toi ?

Teintes chaudes mais discrètes, comme un cocon de coton, tout paraissait flotter ici, jusqu'à la serveuse qui malgré son embonpoint évoluait avec légèreté dans son domaine. Une musique d'ambiance relevait doucement le goût des churros qu'Icare savourait par avance. Retirant son manteau, le jeune homme laissa sa parure blanche s'étaler nonchalamment sur la banquette, sachant que comme client attitré -il venait souvent ici après ses concerts.- le patron ne ferait que le couvrir d'un regard de père poule. Icare avait choisi cet endroit pour cette raison, ici ils seraient tranquilles, vraiment tranquilles.

-Ça te plais ?

Interrogea le mutant désireux que son ami se divertisse autant que lui. De fait, Josh était conscient que ses goûts ne correspondaient pas à tout le monde et que parfois, les gens s'ennuyaient avec lui.

-Où as-tu appris à te défendre et à maîtriser tes dons ?

Osa-t-il, tout simplement parce qu'il ne s'attendait pas à ce que cette question sorte des ses lèvres. Traîtresse, cette dernière avait su se faire oublier de l'esprit pudique de l'artiste pour jaillir au moment inopportun. Comme Josh aimerait posséder l'assurance de son aîné, savoir quand est-ce qu'il était en tort ou en droit de se sentir victime pour mieux se défendre et cesser d'être la dite victime. Comment pouvait-il punir sans dépasser les limites. D'où venait vraiment cet intrigant garçon qui manipulait la voix, la plume et l'épée ?
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MessageSujet: Re: Laissez-nous chanter [PV Lilian]   Laissez-nous chanter [PV Lilian] Icon_minitimeMar 24 Déc - 1:26

L’adorable créature ailée, le jeune homme à l’âme d’enfant qu’il poursuivait (à temps partiel) depuis un an, était beaucoup moins affecté que prévu par la condamnation sans appel des humains trop imbibés. Lilian observait ses réactions avec intérêt. La découverte ajoutait enfin un goût plus acidulé à sa conquête. Ce n’était pas pour lui déplaire. La candeur ne le séduisait jamais très longtemps, elle devait se montrer boiteuse, vacillante, révéler un caractère fort, une rage contenue, la tentation refoulée du mal, de la destruction. Trouver ce genre de chose chez les être trop lisses d’apparence était toujours un véritable plaisir, mais un jeu risqué, un peu comme l’invocation de démons, on ne savait jamais très bien ce sur quoi on allait tomber en réveillant les bêtes les mieux gardées. Il ne voulait pas faire d’Icare un nouveau Mélo, ni une autre Délia. Cependant, le chanteur semblait plus raisonnable. Pour une fois, il avait été soutenu, avait même tenu tête à ses persécuteurs, et il en retirait, à vue d’œil, un profond soulagement. Le pousser au combat ne serait pas une bonne idée. Il n’était pas fait pour cela, serait capable de devenir fou, peut-être excessif, s’il se forçait. Mais Lilian songeait qu’il devait apprendre à se défendre seul. Le danger grandissait toujours un peu plus pour les mutants. Il ne serait pas forcément là pour le protéger et, surtout, il avait besoin d’un entourage dépendant, des amis et amants capables de gérer leurs propres affaires sans, au hasard, se faire capturer bêtement, passer à table sous la moindre menace, devenir des boulets dont il devrait se débarrasser. Tandis qu’il le tirait par la main vers son bar préféré, le malheureux n’avait pas la moindre idée du traquenard dans lequel il était tombé. Recevoir la confiance du jeune D’Eyncourt était aussi flatteur que risqué.  

A quelques rues de là, le bar était coincé entre d’autres enseignes interchangeables. Il ne l’aurait jamais remarqué sans le jeune homme. De son point de vue, ce n’était qu’un troquet abstrait dans lequel on échouait au hasard d’une soirée trop arrosée, ce que l’ange lui confirma plus ou moins en s’installant dans un box à l’écart des éventuels clients. Un lieu de fin de soirée avant les douze coups de minuit, ne précipitaient-ils pas un peu les choses ? Se dit-il amusé. Mais Icare était d’un enthousiasme assez touchant. Visiblement, rien ne lui ferait plus plaisir en cet instant que se gaver de pâtisseries en profitant de l’ambiance juste avec lui. Il était vrai, d’ailleurs, que la cafeteria était agréable, en désaccord total avec les ruelles sordides qu’ils venaient de quitter. Les tons orangés l’agressaient un peu, mais le côté très typique offrait un beau voyage dans l’espace. Il n’irait pas jusqu’à dire qu’il prisait ces décors par-dessus tout, trop porté vers les bars plus sales ou tamisés, mais il lui concéda au moins une chose :

- Un aller simple pour l’Europe latine, que demander de plus pour poursuivre dans l’insolite ? Il est vrai que je n’aurais jamais mis les pieds ici, probablement à tort. Nous avons tous nos désespérantes petites habitudes. Mais je suis certain qu’il me serait très difficile de me sentir incommodé dans un lieu qui t’es si agréable.

Il ponctua sa phrase d’un sourire des plus charmeur, en passant, une fois de plus, à côté de la véritable question. Le « oui ça me plait » est trop ennuyeux lorsqu’on a le goût de la flatterie.

- Tu m’excuseras en revanche de ne pas te suivre pour un chocolat chaud, je préfère continuer à célébrer cette nuit sous les feux de Bacchus.

Comme Icare l’avait si bien dit, la soirée était loin d’être terminée, et il avait une très bonne excuse pour ne pas avouer qu’il ne raffolait pas des boissons sucrées, en particulier lorsqu’elles impliquaient du chocolat et du lait. Une bière ou un vin rouge feraient très bien l’affaire.
Mais, avant qu’il n’ait pu envisager de passer commande, son compagnon le surprit avec une question aussi pertinente qu’inattendue. Pris de court, Lilian eut un instant de perplexité qui n’avait plus rien de calculé. Il revit la facilité et l’efficacité avec laquelle il était intervenu pour neutraliser les ivrognes. Tout lui avait semblé tellement naturel qu’il avait totalement oublié un détail très important : un homme d’affaires comme lui n’était pas censé maîtriser des techniques offensives avec une si belle aisance. Ses quelques séjours en terrain dangereux, aux côtés d’Orsso, l’avaient beaucoup changé. Il n’hésitait plus avant d’utiliser ses pouvoirs. Avec tous les cobayes que son père lui avait très aimablement dressé sur sa route, il avait eu de quoi éprouver ses limites sans le moindre souci. Néanmoins, après cette observation personnelle, il préféra en revenir à ses exercices plus originels et conventionnels, en vérifiant qu’aucune oreille indiscrète ne l’écoutait.

- Pour un mutant comme moi, il n’est pas très bon de laisser sommeiller ses pouvoirs sans s’inquiéter de la manière dont ils peuvent s’utiliser, il n’y a pas de meilleur moyen pour se laisser submerger et causer des catastrophes dans un moment de panique. Comme beaucoup d’adolescent de notre espèce, j’ai eu quelques soucis qui m’ont forcé à me prendre en main. Je m’exerce seul depuis de nombreuses années pour être capable d’affronter ce genre de situation sans perdre le contrôle, autrement, je serais aussi bien un danger pour les autres que pour moi-même.

Même s’il omettait un certain nombre d’éléments, quelques motifs moins louables, et surtout la « suite », ses aveux restaient très sincères. Ce n’était pas pour le plaisir de la puissance qu’il avait commencé à s’exercer. Il avait surtout compris après ses premiers accidents que, sans une maîtrise correcte de sa mutation, il risquait de tuer au moindre pic de colère et, pire encore, se faire enfermer à vie comme un criminel à cause du danger qu’il représenterait pour l’humanité et, à quinze ans, quand on a personne pour nous protéger, ce genre de crainte compte beaucoup.


Dernière édition par Lilian D'Eyncourt le Ven 27 Déc - 14:08, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Laissez-nous chanter [PV Lilian]   Laissez-nous chanter [PV Lilian] Icon_minitimeMer 25 Déc - 20:23

-Ça se tient, -Répondit Icare dont la rougeur des joues suites aux flatteries commençaient à peine à disparaître.- moi aussi j'aurais dû y songer, mais j'étais alors trop égoïste, je ne pensais qu'à mon malheur, pas au mal que j'aurais pu causer aux autres.

Continua-t-il en un souffle après avoir écouté le récit de Lilian. Pendant un moment il s'était complètement tu, demeurant immobile et pensif comme s'il essayait de s'imaginer le journaliste adolescent en plein exercice. Est-ce qu'il avait eu une salle secrète pour travailler comme les supers-héros ? Ou s'était-il contenté des obstacles offerts par la ville. Et pour les conseils, des vidéos sur internet ? Des films, des forums ? Tout était possible de nos jours pour qui le souhaitait et possédait le talent de base. Josh avait un don moins dangereux que son ami, pour autant ses ailes mal maniées au début avaient causé d sacrés dégâts, de la même façon que la panique avait tendance à lui faire tout casser sur son passage, il aurait pu briser une mâchoire, ou encore crier plus fort que prévu et faire s'écrouler un bâtiment manquant de solidité. Le chanteur en avait conscience maintenant, mais pas dans le passé, raison pour laquelle on l'avait interné de force à l'Institut Charles Xavier, et raison pour laquelle aussi Julie était morte... Cela restait une hypothèse bien sûr, rien ne prouvait que son père n'aurait quand même pas pété les plombs, lui qui, détestant les mutants, avait appris que sa fille sortait avec le troisième fils d'une famille probablement toute porteuse du gêne X. Le jeune homme décida d'être franc à son tour, n'ignorant pas que ses révélations feraient mouche, restait à savoir dans quel sens.

-Et tu n'as jamais pensé à l'institut Charles Xavier ? L'école était déjà connue pour ça à l'époque, et puis ils étaient habitués à ces situations. J'y ai été interné de force parce que j'étais dangereux pour moi-même, pour autrui aussi. Depuis j'ai eu un entraînement mais sûrement moins important que le tien. Je n'ai jamais eu envie de devenir un super héros moi.

Fit-il en souriant légèrement, se souvenant de l'évanouissement de Lucinda qui avait apprit que Page puis Samuel allaient définitivement s'engager comme X-Mens. Par chance, Josh bien que "potentiellement puissant" n'avait jamais émis ce désir. Désormais il s'en tirait en chantant, suffisamment connu pour vivre de cela et leur envoyer un peu d'argent. De son côté, l'angelot essayait d'aider ceux qui croisaient son chemin, ce n'était rien comparé à ses aînés mais c'était déjà ça. Vivre dans l'honnêteté, la dignité avec le plus de vertues possible, sa famille ne lui en demandait pas plus. Quelle chance il avait eu.

-J'ai 9 frères et soeurs, nous sommes 8 mutants, on pense que soit mon père soit ma mère en serait un éventuellement, avec pour don, celui de donner naissances à des enfants porteurs du gêne X. Ils ont été très tolérants avec nous par la force des choses, c'est surtout moi qui ait fait la connerie de tout compliquer... En fait j'étais carrément le moins tolérant, et toi ? Comment ça s'est passé ? Enfin si tu veux en parler, je sais que dans la majorité des cas, ça ne se passe pas vraiment bien. Tes parents n'ont jamais essayé de t'aider ? Pour te maîtriser comme tu dis par exemple ?

Curieuse histoire à laquelle il manquait encore bien des pièces de puzzle, néanmoins Josh ne tenait pas à tout précipiter. Même si son ami lui semblait plus équilibré que le poète qui lui avait servi de premier petit ami, le jeune homme devinait des fêlures chez son camarade. Pourquoi seraient-ils aussi attirés l'un par l'autre sinon ? Et puis cette façon de parler de la solitude, pourquoi n'avait-il eu personne pour travailler avec lui ? Volonté ou obligation ? Difficile de se faire des amis avec un pouvoir comme celui de Lilian, c'était encore autre chose que d'avoir des ailes dans le dos. Saisissant sa tasse de chocolat chaud pour trinquer avec Lilian -et lui offrir une porte de sortie au cas où si ce dernier refusait de lui répondre, histoire d'ignorer ses propos tout en gardant sa dignité.- Icare reposa ensuite l'objet sur la table, attaquant un premier churros avec "férocité". Fut un temps, ce genre de petit plaisir anodin lui était totalement inaccessible. Sa famille était bien trop pauvre, au point que certains jours ils ne mangeaient qu'une fois par jour. Pas le genre d'assistés comme voulaient le faire croire les "riches" agacés que leurs impôts payent la nourriture de ceux qui "foutent rien". Même si le père Guthrie travaillait, joindre les deux bouts était impossible à l'époque, les enfants se passaient donc les vêtements entre eux, Icare n'arrangeant pas vraiment la chose en bousillant trois chemises la semaine de manière inexplicable. Cachant sa mutation, le garçon avait reçu de bonnes volées pour s'amuser avec les habits de la sorte, sans en prendre soin. Il se rappelait d'ailleurs de la main robuste de son père bien appliquée à épouser sa joue de gamin mal fagoté. La pire claque avait été le jour où son géniteur l'avait surpris en pleine mutilation mais après, il avait serré son fils contre lui en pleurant pour tâcher de le rassurer. Une famille soudée malgré tout, au point qu'aujourd'hui encore, les plus âgés aident leurs parents de leur mieux pour que les cadets connaissent une vie plus décente que la leur. Paige, Samuel et Josh avaient été ceux qui avaient le plus souffert de la faim, chacun avait réagit à sa façon. La dernière fois que le jeune mutant avait vu sa soeur, elle était richement vêtue, de manière à faire oublier ses origines. Sam était fidèle à lui même, et Icare aussi. Savourant le moindre cadeau, le moindre dollar dépensé dans un "caprice" comme ce café.

Comment avait été l'enfance de Lilian ? Josh aurait aimé le savoir, et il s'apprêtait déjà à écouter une histoire tout en savourant un deuxième churros, lequel laissait ds traces de sucre sur ses lèvres encore rosies du froid qu'ils avaient quittés. Après un temps d'hésitation et avant que ne surgisse le récit, si tenté que le journaliste se lance, le jeune homme osa enfin dire ce qui attendait depuis ses premiers aveux concernant l'entraînement du mutant sanglant.

-Je n'ai sûrement pas ton potentiel, après tout mon gêne X n'est pas offensif mais... Est-ce que tu pourrais m'apprendre à me défendre aussi ? J'ai vu que tu savais te maîtriser, tu ne fais pas du mal sciemment, c'est ce que je voudrais... Me défendre, parce que je ne pourrais pas toujours jouer les princesses en danger. Ne t'en fais pas, je travaillerai dur !

Si à l'institut, cela ne l'avait jamais intéressé, probablement parce qu'il était trop impressionné par les profs souvent X-Mens d'ailleurs, il souhaitait s'y aventurer avec Lilian. Ce serait un point commun qu'ils partageraient en plus, la possibilité de le voir un peu plus souvent et non trois ou quatre fois dans l'année, et puis Josh avait réellement envie qu'on lui retire son étiquette de victime idéale. Ne restait plus qu'à savoir si le "samouraï" solitaire accepterait de prendre un Padawan.
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MessageSujet: Re: Laissez-nous chanter [PV Lilian]   Laissez-nous chanter [PV Lilian] Icon_minitimeVen 27 Déc - 23:09

A en juger l’immobilité d’Icare, il ne s’attendait pas à ce genre de réponse. Qu’un adolescent ait la présence d’esprit d’apprendre à utiliser seul son pouvoir sans paniquer, ni demander de l’aide était assez invraisemblable. Mais les circonstances de sa mutation étaient particulières. Il avait tué, il s’était senti trop coupable pour en parler. A qui, de toute manière ? Autour de lui, il entendait les gens faire des différences entre les mutants « plutôt cool » et ceux qu’il était normal de chasser. Après le drame, il était convaincu d’appartenir à la seconde catégorie. Son parcours commençait mal. Il savait par avance qu’on le traiterait comme une bête de foire, dans le meilleur des cas. Là où il vivait, tout le monde se méfiait de lui. Il était l’héritier orphelin d’une fortune qu’on lui jalousait. Les pires rumeurs traînaient sur sa famille, et son comportement à l’école ne poussait pas à la sympathie. Forcément, un enfant qui ne se sent pas aimé reporte sa colère sur ses camarades. Il préférait encore garder le secret sur sa véritable nature que prendre le risque de la révéler. Icare avait déjà vu les séquelles de cette période compliquée, où il s’était finalement jugé trop monstrueux pour mériter de vivre. Le gène x en avait décidé autrement, en tuant une seconde fois, et en le sauvant d’une anémie fatale. Depuis, il s’était pris en main, en s’exerçant dans une chambre fermée à double tour d’abord, puis en aménageant grossièrement les sous-sols de son manoir, tout en suivant parallèlement, et avec des enseignants cette fois, des cours d’escrime et de tir. Chose qu’il aurait certainement fait s’il était resté humain, mais qui prenait davantage de sens avec ses dons. Icare se disait trop égoïste pour avoir adopté la même attitude dans ses jeunes années. Mais même s’il tenait à ne pas provoquer d’accident, qui avait-il toujours cherché à préserver en premier lieu ? Lui. Il n’avait jamais pleuré sur le sort de ses victimes, même si son absence d’émotion le perturbait. Il s’était forcé à éprouver de la culpabilité sans résultat. Non, l’idée que les gens le rejetteraient, le traiteraient de monstre parce qu’il avait fait ça, supprimait le reste. Il ne voyait que leur haine. Et elle l’horrifiait. Voilà ce qu’il était, un adolescent sociopathe et désespéré. Avait-il réellement changé ?

Icare s’étonnait qu’il n’ait jamais essayé de contacter l’institut Charles Xavier, dont on trouvait quelques succursales en Europe. Il y avait songé, bien sûr, mais une sorte de honte le retenait. Il ne se sentait pas assez à l’aise avec son pouvoir, avec ce qu’il avait déjà provoqué surtout, pour l’assumer aux yeux de tous. Et puis, il n’avait pas été seul jusqu’à la majorité. Un cousin éloigné avec lequel il avait pu renouer contact avait découvert sa mutation un peu plus tard que lui, et, en partant sur les traces de ses parents, il avait trouvé le moyen de contacter d’autre mutants, appris à en repérer certains de son âge, à s’en faire des alliés. Il avait compris que sa survie dépendrait d’un bon entourage. Les confidences de son compagnon lui arrachèrent cependant un léger sourire. Le pauvre, on l’avait traîné dans un internat pour mutants de force.

- L’institut Charles Xavier est moins réputé en Angleterre, dit-il simplement. Et puis, tu sais, pour certains pouvoirs, les mutants ne sont pas plus tolérants que les humains. C’était, du moins, ce dont j’étais persuadé à l’époque.

Il n’était pas utile de préciser le reste. Il n’avait jamais parlé de ses assassinats involontaires, pas même à Mélo. A force de le connaître, on devinait que ses premiers pas avec sa mutation n’avaient pas été sans incidents assez graves, mais il était impossible de le confirmer.

S’ouvrant un peu plus, Icare lui expliqua qu’il venait d’une famille composée de 9 enfants, excusez-nous du peu. Lilian se souvenait que le jeune homme était très loin d’être fils unique, mais le chiffre restait impressionnant à entendre. Neuf gamins… Comment pouvait-on procréer autant ? Et, surtout, en ayant conscience d’être totalement démunis. Tandis que les classes moyennes hésitaient de plus en plus à assumer ne serait-ce qu’un seul enfant, les parents d’Icare n’avaient pas perdu leur temps… Et, vu l’état de misère dans lequel tout ce beau monde semblait vivre, c’était totalement idiot. La bêtise atteignait même des sommets lorsque l’on savait que, non contents de s’occuper de petits humains, les géniteurs avaient dû gérer une armée de mutants aux pouvoirs aléatoires… Lilian se contenta d’écouter et acquiescer. Même s’il restait sceptique quand à ce choix de vie très bancal, Icare avait au moins la chance d’être entouré d’une famille cohérente et aimante. Il ne pouvait pas en dire autant. Car la question redoutée tomba. Le mutant ailé s’intéressait à son passé. Le « et toi ? » le fit passer d’un masque poli à une expression plus soucieuse. Il entrouvrit les lèvres sans savoir quoi répondre. D’habitude, il restait très évasif, ou mentait à moitié. Mais à quel point pouvait-on dissimuler la vérité à une personne que l’on voulait proche de soi ? S’il devait revoir Icare, il ne tenait pas à s’emmêler dans trop de semi aveux qui finiraient par lui donner l’impression de le connaître de moins en moins. En même temps, il n’aimait pas parler de ses jeunes années.
La serveuse lui offrit une vague échappatoire en lui demandant s’il voulait quelque chose. Il commanda une pression quelconque, encore plongé dans ses hésitations.

Visiblement mal à l’aise avec ses propres questions, le chanteur passa à autre chose. S’il avait noté un point chez Icare, c’était qu’il ne supportait pas les silences gênés. Cependant, il semblait que sa dernière demande lui brûlait aussi les lèvres depuis un moment. Pouvait-il lui apprendre à se défendre ? Devenir une sorte d’enseignant ? Malgré l’aspect très inattendu de la demande, il la prit avec un très grand pragmatisme. Il avait déjà proposé son aide à des mutants peu expérimentés dont il sentait le grand potentiel. Il ne demandait qu’à être entourés de mutants de confiance, aux pouvoirs assez polyvalents pour le sortir de toutes les difficultés, et le jeune homme à la voix d’Orphée avait un talent certain. De plus, à cause du danger qu’il représentait en utilisant ses dons de manière trop erratique, il était presque soulagé de le savoir décidé à progresser. Il ferait de son mieux pour l’aider à tirer le meilleur de son pouvoir, cela en toute discrétion. S’il avait appris à faire mal sans blesser sévèrement, c’était, précisément, pour faire mal… et neutraliser sans laisser de traces.

-  Ton gène peut certainement devenir offensif, le tout réside toujours dans l’utilisation que tu souhaiteras en faire. Cela t’étonnera peut-être, mais j’ai déjà aidé une mutante à maîtriser ses capacités. Mon but ne sera pas de les développer, simplement de connaître toutes leurs possibilités présentes, et d’en tirer un parti efficace… Ne jamais blesser si tu peux mettre un ennemi à terre par des procédés plus doux… Je déteste les dommages collatéraux.

Parfois, il regrettait la brutalité de ses semblables. Les discours sur la tolérance étaient merveilleux, et la plupart se fichaient d’être repérés, mais, en presque « traître à la cause », il estimait qu’ils étaient plus forts en se dissimulant aux yeux du monde. La belle époque était celle où les humains les prenaient encore pour des dieux ou des sorciers.
Il prit la bière que la serveuse avait déposée sur la table sans qu’il ne la remarque et but une gorgée, avant d’oser livrer quelques éléments de sa vie à Icare. Les phrases tombèrent, laconique, atones.

- Mes parents étaient des mutants. Malheureusement, je n’ai pas pu profiter de leur expérience. Pour faire simple, je dirais qu’ils sont morts quand j’avais une dizaine de mois. Leur fortune et leurs dernières volontés en cas d’accident m’ont permis de vivre dans ma maison familiale avec des gouvernantes.
Ou, comment plomber l’ambiance en moins de trois minutes ? Voilà pourquoi il n’aimait pas donner ce genre d’informations. Lorsqu’il y était contraint, il le faisait toujours avec le moins d’émotions possible pour passer l’envie aux gens de s’excuser. Comme il sentait qu’il ne pouvait pas terminer d’une façon aussi abrupt, il ajouta :
- Matériellement, je n’ai jamais manqué de rien, seulement, j’étais au milieu d’humains, et il m’a fallu un certain temps pour comprendre que mes pouvoirs étaient leur dernier héritage.

Ce dernier élément impliquait beaucoup de choses, et pouvait éclairer les motivations de ses entraînements solitaires, mais il ne se sentait pas de tout expliquer à Icare. Il attendrait les questions ou se tairait à jamais.


Dernière édition par Lilian D'Eyncourt le Jeu 9 Jan - 22:51, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Laissez-nous chanter [PV Lilian]   Laissez-nous chanter [PV Lilian] Icon_minitimeLun 30 Déc - 23:49

-Humpf, je comprends, d'ailleurs je crois que ça reste vrai... Enfin dans certains endroits, facile dans ce cas de confondre l'institut Charles Xavier. Après tout, j'en avais aussi une très mauvaise opinion, et puis j'étais sûrement un des mutant les plus intolérants qui soit même si c'était dû à la peur plus qu'autre chose. Mais lorsque cette "époque" où tu pensais ça s'est finie, tu n'as jamais pensé à les recontacter ?

Le jeune homme savait que dans certains lieux, un type de mutant était accepté et les autres refusés, alors que dans d'autres bas-fonds ce serait le contraire. Entre eux, les porteurs du gêne X formaient des groupes parfois ennemis avec les autres, par exemple ceux qui avaient des séquelles physiques alors que les secondes non, des dons puissants ou des dégénérescence, cela allait jusqu'aux mutants qui se pensaient supérieurs car leur apparence et force se trouvaient améliorées contre ceux qui avaient un physique devenu très disgracieux. Bref, les déclinaisons étaient infinies, signe d'une humanité encore bien présente chez les Évolués qui se plaisaient tant à se différencier des homos sapiens. Ils avaient la même intolérance.

-Oh

Se contenta Jay lorsque son ami le sortit de ses pensées en évoquant ses parents décédés. Le jeune chanteur n'enchaîna pourtant pas avec le "désolé" de circonstance. Premièrement ce serait stupide parce qu'il n'y était pour rien dans ce meurtre, deuxièmement cela ressemblait à de la pitié condescendante tant c'était cliché, le type de phrase que l'on sortait par automatisme, de si nombreuses fois que même lorsqu'on le pensait, on ne semblait pas être sincère. Et troisièmement, Icare savait intérieurement les risques qu'il prenait en parlant avec une personne de son passé. Chacun avait ses blessures, lui-même avait eu le droit à une famille aimante, mais cette même famille en ayant décidément trop d'enfants lui avait fait connaître la pauvreté ainsi que la mauvaise réputation. Les Guthrie étaient souvent détestés à cause de leurs enfants mutants qu'ils peinaient parfois à gérer et qui "terrorisaient" la ville, les gamins étaient gentils bien sûr, mais leur nombre dépassait souvent les géniteurs et leurs pouvoirs faisaient des dégâts. Difficile de ne pas avoir des voisins grinçant des dents du soir au matin lorsque de drôles de bruits raisonnaient à longueur de temps dans votre demeure trouée de partout. Tantôt Paige brisait un meuble en deux en frappant de son poing diamanté, plus tard Samuel fendait le mur du son en décollant tel un boulet de canon dans le jardin, et que dire du pauvre Josh qui cassait tableaux sur tableaux, encombré par ses ailes dans cette toute petite maison déjà remplie de gamins. Bref, tout ce que pouvait faire le mutant, c'était offrir à son aîné un petit silence, non pas gêné mais respectueux avant de continuer à avancer à ses côtés. Ainsi le chanteur suivit l'histoire de son ami, s'intéressant à sa vie entourée de gouvernantes, se demandant bien comment chacune d'entre elles avait pu être. Tous deux avaient eu une vie résolument différente décidément.

Lilian avait grandi seul mais riche alors que Josh avait cumulé pauvreté extrême et entourage nombreux au point d'être parfois étouffant. A 9 difficile de trouver sa personnalité et pire, de l'exprimer. On devait toujours penser à la communauté avant de songer à soi, à ses petits soucis existentiels ou son espace intime inexistant. Lilian avait aussi grandi parmi des humains tandis qu'Icare n'avait connu que des mutants, à part ses parents qui n'avaient jamais fait preuve de pouvoirs -sinon celui de procréer des enfants porteurs du gêne X peut-être- et sa soeur Joëlle qui s'était très vite mise à haïr les siens, jalouse de ses frères et soeurs. Certes Mélinda qui ne faisait que voler à 50 mètres à faible vitesse et les suivants n'avaient pas eu un gêne X très puissant, la force semblant se dégénérer avec le nombre à partir du troisième enfant -soit Josh- mais ils restaient quand même des mutants. Les seuls humains que l'ange avait côtoyé étaient Julia et son père, lequel avait tué sa propre fille en essayant de l'assassiner. Pour le jeune homme, le monde était clairement remplis de porteurs du gêne X, les Homo sapiens devenant la perle rare alors qu'ils étaient plus nombreux proportionnellement parlant. Une vie très différente donc pour les deux garçons qui se retrouvaient dans cette cafétéria espagnole, avec cette même attirance commune. Un journaliste et un chanteur, un garçon lucide et terre à terre avec un autre rêveur et parfois naïf. Comment faisaient-ils pour s'entendre ou ne serait-ce qu'avoir une conversation en commun ? Jay appréciait le croisement en tout cas. Finalement oui, ils avaient des choses à se dire.

-Et comment tu l'as compris ? Comment et quand as-tu découvert tes différences ?

Demanda Josh en un souffle, totalement pris dans l'histoire bien qu'encore une fois, il ne force nullement son vis-à-vis à répondre. Évidemment, le jeune homme prenait très au sérieux les souffrances de Lilian, de même que ses obstacles rencontrés, mais pourquoi s'y attarder ? Il y avait une suite, juste entre son enfance et leurs retrouvailles, là maintenant, et c'était à son ami de décider s'il voulait lui apporter encore des détails. L'angelot ne trouvait pas utile de s'attarder sur la compassion, son regard azuré voulant tout dire, fixé sur Lilian alors que son souffle s'était raccourci. Son attention marquait son respect mieux que des petits mots de consolation qui ne consolaient personne en général. Son attention montrait à Lilian qu'il n'était plus seul, au moins pour ce soir. Quant à sa question, sans qu'il n'en ai même conscience, Josh avait laissé sous-entendre via le pluriel qu'il parlait à la fois du gêne X et de son homosexualité.

Lapsus révélateur que le maître des mots relèverait peut-être, quitte à faire rougir l'angelot jusqu'aux racines de ses cheveux, histoire qu'ils retrouvent leur couleur de feu l'espace d'un instant. Jamais le jeune homme n'avait eu une discussion aussi profonde sur la découverte des différences de quelqu'un, et surtout pas en ce qui concernait ses préférences sexuelles. Le gêne X c'était quelque chose, ça s'en était une autre. Deux coming out pour le prix d'un, à effectuer auprès de la famille et des amis. "Je suis mutant", "Je suis gay". Bien qu'il ne soit pas non plus totalement coincé, Josh n'avait pas encore réellement fait le deuxième, le premier aveu étant évident, le second ne se disait que du bout des lèvres lorsque la situation l'exigeait, comme lorsque Kaya avait essayé de le "violer" dans sa chambre par exemple. C'était donc une première pour le chanteur qui se laissait emporter par la conversation, se détendant au fur et à mesure, au point de se sentir prêt à parler librement. Enfin jusqu'à ce que son tour vienne sûrement.

-M'entraîner ? -Demanda-t-il, revenant doucement à la réalité, prenant un petit temps pour remettre l’aparté à sa place.- Oh merci ! Je ne veux pas être "offensif", mais "défensif" ce serait bien. En tout cas c'est cool que tu aies aidé d'autres mutants ! En plus je suis totalement d'accord, blesser en cas de légitime défense seulement, on n'a pas à faire justice soi-même ! En plus on a le B.A.M maintenant, on peut l'appeler s'il y a un souci. Se défendre et les appeler pour qu'ils ramassent le vilain à terre, la classe non ?

S'enthousiasma Icare qui exagérait rien qu'un peu pour le simple plaisir. Il se sentait vivant avec Lilian, comme si un début de rébellion soufflait dans ses cheveux si blonds. Il avait l'impression de retrouver un peu de sa "rousseur" mais au fond de son coeur, comme des flammes qui dissipaient son allure qui lui paraissait parfois insipide. Un ange blond aux yeux bleus, rien de plus cliché, nianian... Rien à craindre d'eux, dans le monde d'aujourd'hui, de véritables victimes faciles, une proie toute désignée. Sans s'attribuer la beauté ou la vertu de ces êtres légendaires, Icare songeait qu'il possédait leur allure fragile qui appelait trop l'attention, et il devait casser avec cette image. Oui il voulait vivre et ne plus être le gentil petit garçon qui s'occupe de ses 6 frères et soeurs à distance plus petit que lui. Bon, évidemment, apprendre à se défendre n'allait pas le pousser à devenir égoïste et ne plus envoyer d'argent, mais il existait aux yeux d'une personne qui voulait lui enseigner une chose, à lui, et à lui seul. Tout ça, seul lui saurait le faire dans la famille-enfin même si Paige et Samuel en tant que X-Men savaient se battre.- ce serait son rendez-vous, son truc.

-Je te promets de mettre toute ma volonté, et si jamais je t'ennuie ou quoique ce soit on arrêtera. C'est toi qui commande chef, je suis à vos ordres !

Lança le jeune homme avec un petit sourire malicieux, n’imaginant bien sûr pas à quel point sa déclaration pouvait être détournée. Restant un bon moment immobile, le regard reconnaissant, le chanteur n'osait pas demander ce qu'il devait offrir en échange à Lilian, pour autant ses yeux disaient clairement tout son contentement et, dans sa position, un churros menaçant de s'écraser dans son chocolat, le mutant semblait effectivement attendre un ordre... Ou un indice sur la façon de payer le journaliste pour sa gentillesse.
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MessageSujet: Re: Laissez-nous chanter [PV Lilian]   Laissez-nous chanter [PV Lilian] Icon_minitimeVen 10 Jan - 0:47

- Quand cette époque s’est terminée, j’avais déjà fait mon chemin, expliqua-t-il calmement pour éloigner le sujet épineux de l’institut. L’idéologie des x-men n’est pas la mienne. J’ai trouvé les miens, des personnes qui n’ont pas plus envie que moi d’être impliquées dans des guerres entre mutants.

Pas plus qu’il ne tenait à être analysé en détail par le cerebro. Même s’il avait parfois envié la liberté des étudiants de l’école Charles Xavier, Lilian aimait vivre caché. Il se sentait plus fort aux côtés de mutants qui, comme lui, avaient choisi de ne pas se dévoiler. Au fil des ans, un réseau complexe s’était formé autour de lui. Malgré ses airs de possesseur du gène x isolé, le jeune homme ne manquait pas de contacts. Certains le prenaient même encore pour un humain. Il maintenait l’ambigüité, convaincu des conséquences dramatiques qu’aurait la révélation de sa nature pour sa carrière. Montrer l’exemple, ouvrir la voie de la tolérance, n’était clairement pas dans ses ambitions. S’il soutenait parfois la cause de ses semblables, il ne le faisait jamais à découvert, mais il agissait néanmoins à son échelle, en modérant la haine de l’opinion publique lorsqu’elle devenait dangereuse pour sa sécurité et celle de sa « famille ». Quand un journaliste conservateur était remercié, quand un purificateur mourrait au coin d’une rue, il n’était jamais très loin.

Trop troublé par l’annonce de la mort de ses parents, Icare abandonna un instant l’idée d’un entraînement. Il écouta son histoire morcelée, qui laissait deviner plus qu’elle ne disait son passé. Remonter la vie de Lilian était un exercice compliqué. Les informations étaient livrées incomplètes, dans le désordre. Certaines avaient même une fâcheuse tendance à se modifier dès qu’un nouvel élément entrait en ligne de compte. La plupart des personnes auxquelles il avait bien voulu se livrer un peu avaient fini par renoncer, se contentant d’une sorte de puzzle composé en partie de pièces blanches, ou redessinées approximativement.
Il avait craint une avalanche de questions, mais son compagnon, sut garder assez de réserve pour se renseigner finement. Il ne revint pas sur le décès de sa famille, ne s’enthousiasma pas à propos de son héritage, s’intéressa tout simplement à la découverte de « ses » différences. Le pluriel lui arracha un léger sourire, surtout quand les nerfs du jeune homme se crispèrent et laissèrent entendre malgré eux que la curiosité n’avait rien de désintéressé. Lilian se sentait étrangement à l’aise avec l’ange. Suspendu à ses lèvres, le mutant semblait si avide de comprendre toutes les zones d’ombre de son existence, qu’il était encore une fois tenté de se livrer plus que de raison. C’était une chose qu’il appréciait terriblement chez lui. Il la savourait davantage à chaque rencontre. Personne ne l’écoutait avec tant d’intérêt. Même s’il tenait le rôle du « fort » à ses côtés, il semblait que son image n’en perdrait rien s’il se dévoilait. La plupart des gens, à l’inverse, lui faisaient indirectement comprendre qu’elles s’attendaient à le voir rayonner en toutes circonstances, même Délia, même Mélo. Depuis la Russie, il souffrait de vivre comme si son année d’absence n’était qu’une longue remise en forme.

Mais Icare revint sur l’entraînement. Il retrouva son alacrité habituelle. Il s’y voyait déjà, s’imaginait terrasser quelques vilains mutants et Lilian le couvait d’un regard paisible. En cet instant, il le trouvait réellement adorable.

- Il faut beaucoup de discipline pour ne pas céder à la tentation de l’attaque. Une fois libérés, nos pouvoirs ne demandent qu’à s’exprimer dans toute leur violence. Je t’apprendrais à la contrôler… - Il approcha l’index de l’avant bras du jeune homme et y fit glisser son ongle jusqu’à sa main. – Tu verras que ce n’est pas plus compliqué que transformer une griffure en caresse… Des ordres, je ne pense pas t’en donner, mais je saurais provoquer les bonnes situations pour t’y aider.

Il leva un regard espiègle sur lui. Soudain, l’entraînement ne semblait plus qu’un prétexte pour relancer le jeu de séduction et faire remonter d’un bond le désir entre eux. Mais ses mots n’avaient rien de paroles en l’air. Avant de penser à des exercices concrets, Icare devait reprendre confiance en lui, remettre les gens sur les bons rails était l’un de ses talents. Quand son influence n’était pas destructrice, elle avait tendance à renforcer la volonté des personnes qu’il acceptait dans son quotidien, sans doute à cause de toutes ces limites qu’il osait franchir dans une apparente insouciance.
Sa main se referma doucement sur celle du jeune homme. Il laissa la séduction en suspens pour retourner vers les confidences. Outre son besoin de parler, il savait que chaque nouvelle révélation lui faisait gagner des points. Icare baissait ses défenses d’heures en heures, mais, avec lui, les beaux discours trouvaient leurs limites. Il ne se conquerrait qu’à condition de se laisser prendre au piège avec lui.

- Pour répondre à ta dernière question, la découverte de mes différences s’est plus ou moins faite toute seules. Elles se sont manifestées au début de mon adolescence. La mutation est arrivée un jour où des révélations sur les circonstances de la disparition de mes parents m’ont bouleversé. Je ne peux malheureusement pas t’en parler ici. – Cette affirmation était plus ferme. Pour cette fois, il fermait définitivement la porte de cette histoire. – L’autre… à vrai dire, je ne peux pas le situer clairement. Disons qu’un garçon a eu le don de me charmer très jeune mais, déjà à l’époque, ça ne ressemblait qu’à une évolution assez logique. J’ai pris goût à la provocation très jeune, et j’adorais jouer avec ce genre d’ambigüité parce que j’avais remarqué qu’elle dérangeait… Tu as le droit de trouver cette attitude un peu idiote, dit-il d’un autre à la fois désolé et amusé après une courte pause.

Il laissait le soin à Icare de poursuivre comme il le souhaitait, à propos de sa propre expérience, ou d’autre chose. En tout cas, si Lilian était toujours mal à l’aise sur le sujet de sa mutation, il n’avait aucune difficulté à parler de sa vie amoureuse, même s’il noyait toute la partie sentimentale sous un ton léger, voire superficiel. Il fallait, une fois de plus, creuser quelques apparences pour découvrir ce qui s’y terrait vraiment. Son attirance pour les garçons, par exemple, ne lui avait jamais posée de problème, mais son premier amour masculin pouvait témoigner des difficultés qu’il avait eu à s’imposer aux côtés d’un compagnon, tiraillé entre la passion, la provocation, et l’envie de parader avec les plus belles filles de son école, parce qu’il pouvait les avoir, et ne s’en privait absolument pas. Malgré sa vie commune avec un homme depuis plusieurs années, on ne pouvait pas dire que l’âge lui avait permis de faire un choix très clair. Au fond, son refus de l’engagement était peut-être aussi lié à ce refus qu’il avait toujours eu de s’arrêter à une seule et unique possibilité.


Dernière édition par Lilian D'Eyncourt le Mar 21 Jan - 22:36, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Laissez-nous chanter [PV Lilian]   Laissez-nous chanter [PV Lilian] Icon_minitimeDim 12 Jan - 21:12

-Oui, c'est vrai, pas plus compliqué que faire un pas. C'est ça qui fait peur.

Glissa Icare songeur tout en écoutant Lilian. Le jeune homme fut parcourut d'un frisson lorsque les ongles de son ami coururent jusqu'à son avant-bras, serrant doucement la main de ce dernier, le mutant resta pensif un petit moment, récapitulant les phrases du journaliste dans sa tête. Il avait également hoché machinalement la tête en ce qui concernait ses confidences sur l'institut, oui, ça tenait la route, c'était tout à fait compréhensible. Charles Xavier était le leader d'un mouvement idéaliste et altruiste qui ne pouvait pas plaire à tout le monde. Médiatisé, l'institut était braqué par les feux des projecteurs aujourd'hui, personne n'était dupe quant à ce qu'il cachait derrière ses murs. Des enfants surdoués mais génétiquement parlant, s'y inscrire, c'était plaquer "mutant" sur son front. On se faisait tôt ou tard remarquer, sans compter le suivi que l'école effectuait automatiquement qui pouvait parfois paraître dictatorial. C'était un échange de bon procédé, foyer, sécurité contre une certaine surveillance, puisqu'après tout, l'école devait bien prendre soin de ses ouailles d'une manière ou d'une autre. Josh comprenait donc le désir d'indépendance de son ami, lui-même aurait apprécié être un anonyme parmi les anonymes, sauf que l'enjeu avait été différent pour lui. Même sans s'inscrire il aurait tôt ou tard été remarqué vu sa mutation visible, impossible de jouer sur l’ambiguïté bien longtemps. De plus, vu son état psychologique du moment, l'institut avait été la meilleure voir la seule alternative. Oh oui, malgré sa naïveté l'angelot savait ce qu'était la violence. Tandis que ses doigts se déchaînaient sur ses ailes, arrachant plumes et peau, son gêne avait répondu avec tout autant de force, faisant repousser le tout dans une grand souffrance, dévorant son énergie avec avidité comme pour se venger. Le jeune mutant continuait aujourd'hui de penser que le gêne X n'était pas un don, mais il avait compris qu'il valait mieux faire avec, l'accepter pour en tirer le meilleur parti.

-Oui, ce gêne a le chic pour apparaître quand nous sommes bouleversés. Dans toute histoire de mutant, le "X" intervient à un moment aussi précis que fatidique dans l'équation semble-t-il. Pour ma part, mon corps m'y préparais depuis longtemps, je suis tombé malade vers 10 ans. Mon dos était comme rempli d'arthrose, j'avais l'impression d'être un petit vieux de 90 ans. Plus rien ne tenait, parce que tout mon squelette a été remanié, se poussant pour faire de la place aux ailes, et je ne te parle pas du trou dans les omoplates qu'elles ont creusé comme la mer qui brise les rochers. C'était infernal, comme nous n'avions ni argent, ni assurance, on n'a pas vraiment pu pousser les examens. Ensuite vers 11 ans j'allais mieux, j'avais même une capacité respiratoire exemplaire après avoir été compressé des mois comme si je m'étouffais, pour cause ! Le vent glacé ne me piquait même pas les yeux, et je respirais facilement au milieu des bourrasques. Par contre à 12 ans, tout a recommencé, et c'est la nuit de mon anniversaire, lorsque mon père est parti pour un repas avec un potentiel patron, qu'elles sont sorties. Je n'ai rien raconté, sans doute par vengeance. Seul ce jour là alors que j'ai 9 frères et soeurs, il fallait le faire,b je ne saisissais pas le pourquoi de cet abandon. Je suppose qu'étant en pleine entrée de puberté et dans une famille nombreuse, j'essayais d'affirmer mon identité et que tout tournait autour de ma petite personne...

Icare sourit à demi, peu clément envers l'adolescent difficile qu'il avait été. Sans faire de crise, au contraire très discret, presque absent durant ces années là, Josh avait été un mystère pour sa famille. Sans rien leur dire, il avait combattu son gêne X en se mutilant, tandis que ce dernier se mutinait avec tout la violence dont Lilian parlait. Ensuite, lorsque son père avait découvert sa première différence, il l'avait giflé avant de le prendre contre son coeur en le traitant d'imbécile. Oui vraiment, Icare avait été idiot, il s'était mis en difficulté seul là où certains n'avaient pas sa chance d'avoir des parents compréhensifs. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

-J'ai vraiment été un petit con à ma manière à cette époque ! Pour ce qui est de l'autre différence, non, ta réaction n'a pas été idiote, en fait c'est souvent comme ça. Les premiers cachent leur homosexualité par tous les moyens, au point d'inventer des plans bidons pour éloigner ceux qui sont sur la piste, ne faisant que les aider, soit ils jouent la provoc'. C'était une "arme" sympa pour un journaliste comme toi qui aime déranger finalement. Ce genre de trucs révèle bien les personnalités finalement, je trouve que tu as été courageux d'assumer comme ça. Autant ta mutation que ta sexualité. Pour ma part, ma famille ne sait pas encore, mais là c'est plus parce que je n'ai pas eu l'occasion que pour le courage. Je stresse un peu à l'idée du Coming Out c'est sûr, mais maintenant j'ai une bonne raison de le faire, hein ? Je crois que je l'ai découvert après la mort de Julia qui était ma petite amie. J'étais trop jeune pour m'apercevoir qu'elle ne me "plaisais" pas, je l'idéalisais comme une Dame au temps de l'Amour Courtois, l'embrasser sur le dos de sa main suffisait. Mais après son décès, je suis devenu ami avec un garçon de l'institut et parfois, juste être son copain ne me suffisait pas. J'avais envie de plus, de plus de choses qu'avec une "Dame" du temps de la chevalerie mais il est parti lui aussi... Après j'ai eu confirmation avec un genre de poète, là c'était lui qui m'idéalisais, j'étais "sa" muse, enfin jusqu'à ce que son goût pour la boisson devienne trop prononcé. C'était à moi de tout faire, y'avait plus d'argent et il commençait à être aussi agressif que jaloux. J'ai reçu une gifle un jour, je n'ai rien dis, c'était le stress sûrement, mais au premier coup de poing je me suis tiré. Je l'ai laissé là sans pitié pleurer à mes pieds. J'crois que je l'avais déjà en moi, ce que j'ai éprouvé ce soir pour ceux qu'on a laissé par terre. La rancune, le goût d'inverser les rôles, de me venger même. Je ne veux pas être une victime. Je veux avancer ! Et je crois qu'avec toi ça serait possible, sans qu'on se fasse plus de mal que de bien... Enfin oui, je pense...

Jay avait effectivement envie de parcourir un bout de chemin avec le journaliste. Il admirait autant ses forces que ses faiblesses, car quelqu'un sans trous sombres dans sa vie n'avait finalement pas de mérite. Sans le porter aux nues comme un dieu, parce qu'un dieu parfait était aussi inaccessible qu'ennuyeux, le chanteur aimait l'humanité de Lilian. Aussi entier qu'extraverti et provocateur, d'un autre côté, il était mystérieux, laissant à chacun le soin de tisser des hypothèses sans les étayer toutes d'un coup. Un personnage loin d'être lisse, intrigant, qui donnait envie d'aller vers lui pour le découvrir mais sans précipiter la chose. Bref, Lilian n'était apparemment pas de choisissent le monde entier comme ami, et encore moins comme chéri. De quoi se sentir honoré finalement. Enfin ils étaient bien partis pour être ensemble, pas vrai ?

-Juste pour en revenir à ce qui "dérange", encore une fois ce n'est pas stupide. La musique aussi sert à ça, les chansons à dénoncer, critiquer, déranger. C'est ainsi qu'on avance je crois, d'abord le choc puis l'acceptation. Et de toutes façons, chacun est comme il est. Si personne n'était là pour provoquer, la vie serait bien lisse. En plus je t'imagine bien avec ton copain du moment à 15/16 ans en train de vous embrasser sur une estrade en boîte de nuit ou de vous tenir la main à l'école. J'aurais aimé voir la tête des autres.

Déranger les moutons au point de leur faire perdre quelques bouts de laine au passage, marrant. De quoi tisser une petite couverture que l'on tirait à soi, pour devenir le héros honni de certains, aimé d'autres. Lilian avait été lui-même, franc, honnête, il avait vraiment vécu son adolescence au lieu de se renfermer dans sa chambre avec sa musique comme lui. Quant aux circonstances de l'apparition des pouvoirs de son ami, Icare devinait bien que cette partie d'histoire devait être sombre. Malgré son envie de savoir de quoi il en retournait, Josh laissa la question en suspens. C'était comme lorsqu'on souhaitait tourner la page de son bouquin, continuer jusqu'au bout en faisant abstraction du reste mais que la fin du voyage arrivait et qu'il fallait ranger ses affaires. Ce n'était pas le moment. Lilian en parlerait un jour s'il le souhaitait et le chanteur savourerait d'autant plus ses confidences qu'elles venaient directement de lui, sans qu'il l'ait poussé à les faire. Un bon livre ne se lisait pas d'une traite mais se gardait précieusement sous l'oreiller pour les meilleures soirées, celles ou l'on était dans de bonnes dispositions, prêts à l'analyse ou à recevoir le hasard en pleine figure. Ce même hasard qui vous balançait tout un paragraphe parlant, sortant du lot, sublime et terrifiant de vérité. Celui-là qui se savourait quand le livre et le contexte l'avaient décidé.

Engloutissant son dernier morceau de Churros, Josh fit passer le tout avec une gorgée de son chocolat aussi épais que sucré. Il s'en tira inévitablement avec une petite moustache brune qu'il récolta du bout de la langue, rougissant un peu d'avoir utilisé celle-ci au lieu d'une serviette. Seulement avec Lilian, il avait envie d'être naturel, pas exagérément pudique, sans compter une espèce d'envie un peu honteuse... Le séduire, user d'un charme dont il n'était pas forcément conscient. Sentant qu'il plaisait bien malgré lui, le chanteur ne parvenait pas à être "naturel" justement, ou il l'était plus qu'il ne l'avait jamais été alors, calculant sans y penser certains de ses gestes pour attiser la gourmandise de son ami. C'était léger et subtil comme son petit coup de langue peu provocateur car finement passé sur ses lèvres, presque enfantin comme geste même. Baissant un peu la tête sur son chocolat chaud, des mèches lisses encadrant son visage, Josh demeura ainsi un instant, semblant pensif avant de redresser la tête, secouant légèrement sa tignasse si blonde pour dégager ses yeux, comme pour les offrir à Lilian. Dans une tentative timide pour entrer dans le jeu subtil de la séduction, le mutant avança sa main jusqu'à l'avant-bras du journaliste, emprisonnant ses doigts dans les siens encore libres. Ainsi chacun était prisonnier et geôlier. Il ne savait pas ce qui était sensé se passer par la suite mais ces avancées à petits coups lui plaisaient; ça faisait du bien de ne pas se presser dans une société où chaque seconde devait être rentabilisée.

-Je crois que je vais aller dormir après, je suis fatigué.

Lança-t-il sans arrière-pensée cette fois. Josh ressentait en effet comme une chape d'épuisement qui venait de lui tomber dessus. Le concert, la bagarre et maintenant la douceur presqu'exagérée du chocolat chaud qui endormait ses sens. Sans oublier Lilian qui semblait l'entourer entièrement de sa présence, bien qu'il ne tienne que ses doigts. C'était comme une couverture douillette, un nuage dans lequel le chanteur avait envie de se blottir pour se réveiller doucement le matin et prendre réellement conscience de tout ce qui s'était produit. Le mutant fit glisser quelques pièces de monnaie sur la table, payant sa consommation mais aussi celle de Lilian sans rien lui dire "je t'invite" ou quoique ce soit, naturellement sans y songer. Pour autant, il ne s'enfuit pas dans la nuit noire, restant scotché à son siège, comme s'il attendait la bénédiction de son ami ou au moins le renouvellement de sa promesse de ne pas fuir. Ou alors que les adieux s'éternisent pour disparaitre peut-être ? Il n'en savait trop rien en réalité mais sa fatigue s'était à présent couplée à une certaine langueur, il ne voulait pas quitter Lilian. Comment concilier les deux ? Comment fermer les yeux sans pour autant finir cette journée ?

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MessageSujet: Re: Laissez-nous chanter [PV Lilian]   Laissez-nous chanter [PV Lilian] Icon_minitimeMer 22 Jan - 0:57

Ah… Ses quelques révélations avaient définitivement délié la langue d’Icare. Heureux de pouvoir s’épancher sur sa vie, le jeune homme s’engagea dans une longue tirade. D’ordinaire, les bavards l’épuisaient. Il les évitait, trouvait tous les moyens possibles et imaginables pour s’en débarrasser. Mais l’ange était différent. Il n’essayait pas de se mettre en avant, d’admirait pas implicitement la grandeur de sa prose. Il accomplissait, au contraire, quelque chose d’important. Tous ces mots n’avaient qu’un but, ne rien lui cacher, lui livrer son existence dans tout son entièreté. Lilian ne perdit pas un détail. Sa voix était agréable, il aurait pu continuer longtemps sans le lasser. Juste écouter, ne s’occuper de rien, laisser l’histoire glisser à travers ses pensées, ne pas se soucier du prochain semi mensonge qu’il devrait lui tourner… Icare n’avait pas connu une mutation facile. Elle avait impliqué des changements physiques douloureux au début de la puberté avant de se révéler. Ses descriptions lui donnaient presque la chair de poule. Le pauvre avait porté ses changements comme un fardeau. Pour des raisons différentes, il semblait aussi difficile du point de vue d’un enfant de dix ans de trouver un quelconque avantage à toutes ses souffrances que de sauter au plafond en se découvrant un don pour tuer involontairement son entourage. Au début, cependant, Lilian n’avait rien vu venir. Son sang avait eu tout le loisir de lui jouer de mauvais tours plus tard. Il s’était déjà confié là-dessus. L’ange connaissait l’impression de manque qui l’envahissait très souvent lorsqu’il ne « nourrissait » pas l’appétit de son gène. L’apparition des ailes s’inscrivait dans une histoire assez banale, une forte émotion provoquée par de la jalousie enfantine. Il aurait aimé pouvoir en dire autant. Mais, au final, tous les scénarios qu’il imaginait se finissaient mal. Comment son pouvoir aurait-il pu se révéler sans causer de dommages ?
Sans rien ajouter, il rendit au jeune homme un demi sourire, hocha doucement la tête pour confirmer son intérêt, et l’inciter à poursuivre sur sa lancée. Comme pour les mettre sur le même pied d’égalité, Icare lui concéda qu’il avait, lui aussi, eu des attitudes de sale gosse.

- Hélas… Je crains qu’il n’y ait pas plus égoïste qu’un préadolescent, souffla-t-il entre deux phrases.

Lorsqu’il passa au thème de l’homosexualité, Lilian sentit que l’ange avait furieusement besoin de se dévoiler. Une pointe d’émotion en plus accrochée au cœur, dont il savourait les battements, le chanteur lui exposa tous ses déboires. Mais, avant, il lui reconnut un certain courage, celui d’avoir assumé ses désirs dès leurs premières manifestations… D’autres lui avaient déjà tenu ce genre de discours. Il ne les comprenait pas. Son attirance pour les garçons ne l’avait jamais effrayée, elle n’était qu’une différence de plus, un pied de nez à une société qui l’ennuyait. Et puis, il était allé si loin si vite… Il avait suffit d’un baiser par provocation à tout juste dix ans, de la lecture de quelques romans d’apprentissages datés du XIXe siècle, d’un jeu lubrique qui était allé trop loin. La réalité était légèrement moins romantique que ses propos. S’il s’était effectivement découvert des sentiments amoureux grâce à Nathanaël, il avait mené des expériences très tôt, à peine plus tard qu’avec les filles, et sans trop clairement savoir pourquoi. Peut-être par simple défi envers les adultes. A quoi bon l’exprimer ? Qui pourrait comprendre des actes qu’il était lui-même incapable d’interpréter ? L’important, était ce que son compagnon imaginait à partir de ces éléments. Ils lui donnaient la force de lâcher l’idée d’un coming out à sa famille, en glissant même un sous-entendu à son égard.

- Ne précipitons rien, je ne suis pas encore bon à marier, plaisanta-t-il en saisissant l’ouverture au vol.

Au moins, pour lui, les choses avaient été plutôt simples. Tout le monde connaissait ses goûts dès le collège, on l’avait toujours regardé de travers, mais personne ne l’avait attaqué là-dessus. Ou plutôt, certains avaient essayé. Mais, à douze ans, Lilian était déjà féroce. Tenter de l’humilier revenait à se prendre un revers deux fois plus violent. Il avait très vite appris à mettre les rieurs de son côté, ainsi que les filles, ces chères amies qui lui avaient longtemps offert une superbe couverture. Il avait eu tellement de copines que ses aventures masculines passaient au rang de caprices tolérable. Et sans doute qu’il aimait cette situation. Les gens voulaient toujours vous ranger dans une case ou une autre. On vous accordait rarement la bisexualité autrement qu’en théorie. Or, il refusait une assimilation trop définitive à une communauté gay dont les critères physiques comme les références ne lui correspondaient absolument pas. Il ne se sentait même pas concerné par leur militantisme pour tout dire. Lui, il n’était qu’un esthète, un amoureux de la beauté sous toutes ses formes. Nathanaël, par contre, était parti dans ce genre de délire. Parmi les très nombreuses tensions de leur relation houleuse, son manque d’implication était au premier plan. Il refusait toujours les débats, traitait la plupart des homosexuels d’imbéciles pleurnichards et, surtout, n’avait jamais, de toute son adolescence, accepté d’officialiser leur couple. Peut-être que se mettre en marge de manière trop évidente le dérangeait un peu… Et cette réserve allait de pair avec un refus encore plus clair de l’engagement. Tout cela pour emménager deux ans plus tard avec un homme dont tout le monde savait qu’il était un amant régulier. Il s’était montré idiot. Peut-être même que, finalement, sous ses airs, il s’était menti à lui-même plus longtemps qu’Icare, d’une manière plus pernicieuse, sans se priver de rien, mais en niant parfois certaines évidences. Des évidences qui se présentaient à nouveau devant Icare, devant un homme. Avait-il jamais désiré une femme à ce point ? Non. Il aimait leur corps, mais c’était différent. A  chaque fois que la possibilité de faire sa vie avec une personne du sexe opposé se présentait, il se dérobait. Un jour, peut-être. Il n’attendait pas une catégorie précise de personne après tout, juste des êtres d’exception, même si la théorie se déformait souvent avec la réalité.

En tout cas, il trouvait, comme il l’avait deviné, un jeune homme meurtri par ses anciennes histoires. Ses pas avaient croisé celui d’un alcoolique… qu’il avait cependant su quitter à temps. Un seul homme, une seule expérience qu’il devait lui faire oublier. Icare n’avait, une fois de plus, pas opté pour la simplicité. Que pouvait-il lui promettre ? D’être meilleur ? Il ne garantissait rien… Possible… Juste possible. Néanmoins, sa déclaration le touchait, et provoquait en lui un sentiment des plus étranges. Au détour de cette longue conversation, le mutant ailé commençait clairement à lui parler comme s’ils venaient de se mettre en couple, et il n’avait aucune réplique pour le railler, le remettre à sa place, lui dire d’arrêter de rêver. Pire, il ne trouvait tout simplement rien à répondre. Trop de pensées contradictoires le heurtaient. Il ne s’était pas senti aussi désemparé depuis longtemps.
Une plaisanterie d’Icare à propos de son « copain » d’adolescent lui rendit la parole, et un sourire plus amusé. Il ne le contredirait pas. Des provocations avec des garçons, il en avait fait à de très nombreuses reprises, parfois même au nez de Nathanaël, qu’il avait décidément passé de longues années à faire souffrir.

- Il y a eu quelques épisodes, concéda-t-il. Mais si nous avons choqué des personnes, je ne l’ai pas vu. J’avais plus agréable à regarder dans ces moments.

La tête des autres, il s’en moquait pas mal, tant qu’il était certain d’énerver quelques personnes en donnant ce genre de spectacle. L’instant n’en devenait que plus savoureux et puis, il venait de trouver l’occasion de reprendre la séduction. Icare s’y livra d’ailleurs à sa manière, selon une technique qu’il avait souvent constaté chez des filles sûres de leurs charmes et faussement innocentes. Ses gestes devenaient plus compassés, plus languides. Il posa une main sur la sienne et quelque chose, par rapport à son comportement passé, lorsqu’il faisait un pas vers lui, avait changé. Son cœur gardait un battement régulier. Cette fois, aucun doute, il l’avait apprivoisé, et ses derniers mots prenaient une toute autre portée. Bien sûr, elle était inconsciente. Mais le jeune homme ne semblait pas prêt à le quitter, il attendait autre chose et le petit bar n’était plus un environnement idéal. Les pulsés sanguines, très discrètes, qu’il entendait, étaient celles d’un désir encore ronflant, mais bien présent. Comme pour précipiter le départ, il posa des pièces sur la table, et ne se leva pourtant pas.

- Il n’y a plus rien à attendre de cette nuit en ville. Si tu es prêt à marcher dix minutes pour rejoindre ma voiture, nous serons rentrés rapidement.

Il se redressa, posa une main sur l’épaule d’Icare et l’embrassa rapidement. Puisqu’il les avait presque mis ensemble au cours de son grand monologue, pourquoi ne pas en tirer parti en l’attirant chez lui le plus naturellement et insolemment du monde ? Là, il retrouvait ses réflexes habituels de tombeur habitué au succès. Sa technique n’était jamais aussi tendre, cependant, la réussite reposait toujours sur l’exclusion totale d’un refus.
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Icare
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Laissez-nous chanter [PV Lilian] Empty
MessageSujet: Re: Laissez-nous chanter [PV Lilian]   Laissez-nous chanter [PV Lilian] Icon_minitimeMar 28 Jan - 20:13

-Moi non plus ! Mais ça fait un objectif à long terme en tout cas !

Reprit Josh, saisissant lui aussi l'occasion au vol de "rassurer" Lilian. Non, son intention n'était pas de le souler de paroles jusqu'à devenir aussi enivrant que son premier copain alcoolique, et non, il n'était pas le type de garçon à prendre les premiers mots brillants d'un compagnon potentiel pour une alliance. Le jeune homme avait remarqué que Lilian plaisantait, d'ailleurs c'était un fait plutôt rare étant donné sa nature de stressé continuel. Au lieu de s'excuser 100 fois, il continuait gentiment la conversation sur le même ton, profitant de cette remarque pour signifier ses intentions. Pour autant, si ces dernières étaient claires, on ne pouvait pas en dire autant pour la situation. Icare ne savait absolument pas à quel stade en était leur relation, si on pouvait parler de relation. Se concentrant sur ce qu'il connaissait, autrement dit leur attirance réciproque, le mutant ailé poussa un petit soupir en se laissant aller contre son siège, à demi somnolent. La fatigue qui l'avait gagné s'en irait probablement dehors, sous la morsure du froid, mais pour l'instant il écoutait avec plaisir les phrases courtes de son ami, baigné par la musique et cette ambiance floue dans laquelle il se trouvait. Jamais le jeune homme n'aurait imaginé que la soirée finirait ainsi, d'ailleurs il remarqua qu'il s'était fait cette réflexion un bon nombre de fois. Depuis le début du concert, en passant par la découverte de Lilian au même endroit, l'échauffourée puis ce chocolat chaud dans son bar Espagnol favori. Tout semblait lui échapper, un peu comme avant lorsque le mutant faisait office de victime systématique. Pourtant, ce terme lui plaisait, là, tout de suite. Il aimait que Lilian le guide, profitant de son expérience tant pour les combats de rue que dans le domaine amoureux. Visiblement ce dernier avait connu bien plus d'aventures que Josh, ce qui n'était pas vraiment difficile à vrai dire. Le journaliste avait également un certain talent dans le jeu de la séduction. De façon plus ou moins innocente-mais surtout moins- sa main s'était rapproché de la sienne tandis qu'il soutenait se moquer du regard des autres car le sien se calquait sur quelque chose de plus agréable à observer. Le chanteur se doutait que son ami parlait de son adolescence, mais au vu des actes de son interlocuteur, il se permit de prendre le compliment pour lui également. N'étaient-ils pas justement en train de provoquer, là, maintenant ? Certes dans un bar aux trois quarts vide, endormi de surccroît avec des gestes restant discrets mais tout de même, Josh ne se souvenait pas avoir été aussi clair sur sa sexualité en public, d'ailleurs il ne fallait pas oublier le baiser en bas de la scène plus tôt dans la soirée. Décidément, Lilian avait gardé son côté "mauvais garçon", ce qui amusa grandement Josh. Au moins avec ce dernier, il ne risquait pas de s'ennuyer.

Pour autant, ce dernier assurait ne pas avoir abusé de la provocation étant adolescent avec ses "quelques épisodes" du moment, voilà qui était surprenant. Sans doute que ses conquêtes ne se sentaient pas à l'aise avec leur sexualité et que le journiliste, respectueux, s'était abstenu de claironner leur homosexualité sous tous les toits. Heureux de se constat, Josh lança un regard un peu "trop" tendre à Lilian. Conscient de son acte le jeune homme se repentit aussitôt et baissa la tête pour faire taire son espoir naissant d'avoir ferré le bon cette fois. Non, effectivement, aucun des deux n'était à marier, et Icare comptait bien avoir des preuves de conduite acceptable avant de s'engager réellement, mais encore fallait-il qu'il soit crédible dans ce qu'il avait précédemment avancé. Jouer les princesses totalement sous le charme ne l'aiderait pas à appuyer son indépendance, or il devait montrer à Lilian que rien n'était gagné avec lui !

Moui, enfin, à part le fait de pouvoir l'emmener partout comme un petit chien en laisse. Jay ne savait vraiment plus comment réagir lorsque son ami lui proposa de le suivre jusqu'à sa voiture. D'un côté le chanteur voulait se montrer ferme sur ses intentions, il n'était pas un garçon facile qu'on arnaquait facilement. De l'autre, en jouant trop les effarouchés, il risquait de lasser Lilian, ce qui n'était clairement pas son but. Tous deux se côtoyaient depuis un an environ mais de manière très épisodique. L'admirable endurance remplaçait-elle les occasions manquées ? Se connaissaient-ils vraiment au final ? C'était là une très bonne question, sauf que pour y répondre, la seule manière était de suivre le mutant, non de le fuir en attendant la prochaine rencontre fortuite.

Icare hocha donc de la tête et se mit dans les pas de son ami qui le guida jusqu'à son véhicule. Le jeune homme se sentait honteux comme un adolescent qui pèse déjà le pour et le contre de sa prochaine bêtise à faire. Il se rendait bien compte que répondre à la question de la connaissance n'était pas tout ce qui l'intéressait; quelque part il avait envie de suivre Lilian discuter ou aller plus loin. Peu importe ! Josh ne souhaitait juste pas rentrer à l'Institut ou dans son appartement en ville. À l'école des mutants il y avait Kaya ou Enora mais toutes deux allaient mal en ce moment. Le chanteur trouvait important de les soutenir mais il avait aussi besoin de souffler. Entre la porte constamment fermée de la première et les larmes de la seconde ressassant la mort de son mentor, l'angelot avait vraiment besoin de récupérer un peu pour reprendre son rôle de confident. Il était "humain" après tout et oui, la perspective d'une nuit agéable lui revenait plus que celle d'un oreiller mouillé de sanglots.

Enfin nuit agréable... Jusqu'au moment d'aller se coucher car Josh n'était pas aussi dupe. Il avait toujours considéré l'acte comme un devoir conjugal puisque n'y avait jamais pris de réel plaisir. Son ex semblait apprécier en tout cas parce qu'ils passaient souvent "à table" enfin surtout les premiers temps quand le poète n'était pas aussi attiré par l'alcool et les drogues. Le jeune homme sentait pourtant autre chose dans cette demande, Lilian lui semandait clairement son avis, prenant son opinion en compte et ça c'était nouveau. Bien sûr son ex ne l'avait pas forcé, il l'avait séduit également mais grâce à son assurance pour tout, pas le temps passé à attendre qu'il se décide. Et puis il restait l'envie toute simple de rester avec Lilan aussi... Josh avait grandi, mûri, il aimait avoir le choix désormais, celui-ci semblait fait en tout cas ! Appartement aussi vide que froid, amies toujours désespérées ou découvertes pour achever cette nuit comme il faut ? Jusque là, le journaliste n'avait pas fait dans le conforme sans pour autant lui déplaire, loin s'en faut.

Aussi lorsque les deux garçons arrivèrent à la voiture, en signe de consentement, comme une réponse un peu décalée au baiser de Lilian lorsqu'ils avaient quitté le bar, Josh frôla sa main. Il s'aperçut qu'avec tout ça, il n'avait pas remercier son camarade pour le chocolat et les churros. Jusqu'à maintenant, tout semblait naturel entre eux. Le chanteur savait que la prochaine fois il inviterait son ami et vice versa. Être sur un même pied d'égalité et non dans l'ombre comme avec son poète d'ex, ça ne lui déplaisait pas.

-Ne va pas penser que je suis à marier maintenant que je monte dans ta voiture. J'ai les plumes frigorifiées.

Lança un peu nerveusement le chanteur, conscient que cette petite phrase était sans doute de trop. Seulement, suivre un garçon sur son terrain, sans témoin, il savait ce que cela pouvait donner... Une relation malsaine comme avec le poète ou une tentative de meurtre dixit le Vampire. Il était donc plus difficile qu'il n'y paraissait pour le jeune homme de se laisser aller à autant de confiance. Cependant le combat de ce soir lui avait donné du courage. Cumulé à toutes ses mésaventures, ce dernier prouvait que le jeune homme savait se débrouiller, sans compter que s'il avait voulu lui faire du mal son comparse aurait déjà pu le vider de son sang dans la loge lors de leur précédente rencontre. Que risquait-il donc réellement ? Un viol ? Mouais, il était consentant d'avance, même avec cette idée de devoir conjugal à accomplir. Icare ne serait pas celui qui poussait à l'acte, mais il fallait avouer que ça ne le gênerait pas outre mesure. En fait le chanteur était même curieux d'avance de voir comment c'était avec ce singulier personnage. Les mains qui se frôlent, les baiser papillons chastement - ou moins- volés avaient titillé son instinct. Sans être un pro de la chose parce qu'il l'avait peu fait et sûrement pas avec la bonne personne, Josh n'était pas non plus né de la dernière pluie. Le sexe ne pouvait décemment pas le rebuter après tout ce qu'ils avaient vécus. En fait le jeune homme connaissait même mieux Lilian que son ex parce qu'ils avaient parlés eux au moins, et donnant-donnant, pas à sens unique comme avec les lamentations du poète. Son ex n'était vraiment pas mauvais en art, mais les vers sur son propre désarroi ça allait un moment ! Avec le jeune homme qui l'invitait dans sa voiture, Jay avait eu des moments de peine, mais il avait aussi rit, du monde, des aventures de son ami ou de sa propre condition. Oui, le désir de découverte était là. S'engouffrant par la porte ouverte, le mutant ailé s'aperçut qu'une seule crainte demeurait vraiment. Avec cette envie presque honteuse, rarement ressentie auparavant et donc tout aussi nouvelle que ce qu'il avait vécu ce soir; Il ne voulait surtout pas passer pour un garçon facile.
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