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 Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian]

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Icare
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Icare


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MessageSujet: Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian]   Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian] Icon_minitimeMar 4 Sep - 22:50

Un nom de famille, un visage... C'était tout ce qu'il avait pour jouer au détective en herbe. D'abord par curiosité puis par avidité de savoir et envie de le revoir, Josh avait cherché. D'abord dans les journaux, ce qui n'avait pas été facile vu qu'il y avait un article sur leur grabuge au musée. Oh ils n'avaient pas fait la première page mais c'était suffisant pour l'ange. L'homme mis à terre qui semblait haïr D'Eyncourt y était interviewé. Le jeune chanteur avait cherché des articles de lui, ayant apprit que c'était lui-même un journaliste et avait trouvé que l'un de ses sujets favoris se trouvait bien être Lilian D'Eyncourt. Voilà, nom et prénom... Le jeune mutant avait obtenu en prime son métier... Il avait une revue, pourquoi ce côté plume acérée n'étonnait pas Icare? Ce travail était parfait pour cet homme qui visiblement, n'avait ni sa langue, ni ses doigts dans la poche. Ce devait être le genre de métier qui lui permettait de se libérer totalement ou presque, d'être lui-même. Le genre de garçon un peu bohème, avec des principes bien à lui, le tout sans oublier le côté mauvais garçon. Avait-il parlé de son aventure avec lui dans le musée? Josh n'en savait rien, à vrai dire il ne souhaita même pas découvrir quel était le type de la revue. Cela l'intéresserait sûrement mais par pur plaisir quasi masochiste, le chanteur souhaitait garder le secret.

Pour conserver lui aussi sa part du mystère et parce que toutes façons Lilian ne connaissait pas son nom, le jeune homme rédigea une carte d'invitation pour un concert, sans préciser que c'était lui qui chanterait ni donner son nom bien sûr, ni même d'explications bateau comme "je suis ce type du musée avec qui vous dansiez, vous vous souvenez?"... Non, il laissa simplement un mot écrit en lettres courbées et élégantes, presque féminines, accompagnée d'une plume -l'une de ses plus belles-, laquelle avait coquettement été taillée au bout et plongée dans l'encre pour rendre la carte plus... plus spéciale disons, lui donner un goût de vrai.

"Vous avez dansé, j'en suis fort aise, et bien chantez maintenant."

La phrase était en français, juste pour conserver un peu plus l'ambiance fable de Jean de la Fontaine. L'enveloppe, toute simple et modeste ne laissait en rien présager la jolie lettre cartonnée, si ce n'était un détail... A la fin d'Eyncourt, le t continuait crâneusement en une petite courbe qui formait en réalité une tige, laquelle était entourée par des petits traits fins. Une plume. En effet pour en arriver à cette petite phrase et à la plume délicatement déposée dedans, il fallait l'ouvrir, et pour ceci poser son regard sur une image... Celle d'une main qui écrivait au plume trois petits points de suspension qui invitaient justement à l'ouvrir pour découvrir la suite promise.

****

Le concert avait lieu dans un bar plutôt chic. C'était la première fois que Jay avait un contrat aussi important. Il ne passait qu'en première partie bien entendu, et son succès s'il existait serait éphémère, laissant place à l'engouement pour un groupe plus expérimenté, mais c'était déjà merveilleux pour Josh. Un sacré décollage même! Sans compter que justement, le bar souhaitait qu'il se serve de sa mutation comme d'une signature, pour accompagner sa musique. L'endroit était en effet réputé pour accueillir des porteurs du gêne X. Des clients mal vus ailleurs qui se réfugiaient ici dans l'espoir de retrouver le goût de leurs anciennes soirées entre amis ou entre inconnus qui se lient autour d'une bonne boisson.

Icare commença, captant l'attention. La scène était éclairée sobrement, Josh était juste assis sur une chaise avec sa guitare; il ne chanta qu'une heure, laissant place aux véritables professionnels ensuite. Les premières chansons avaient été des reprises puis, voyant le public réceptif, le mutant avait lancé son répertoire... Les paroles étaient recherchées et poétiques, ce qui ravissait les gens un peu guindés de la salle. Assez littéraires, ses textes demandaient une certaine subtilité qui ne ferait certainement pas de lui la star de demain. Il y manquait l'expérience, sa voix était absolument magnifique mais pas portée au maximum, sans compter que s'il jouait très bien, Josh ne se flattait pas beaucoup assis sur sa chaise, tassé par le stress. Heureusement le garçon s'améliora et ses petits défauts d'autodidacte ne furent plus un souci. Il termina même en rejetant doucement son manteau et en s'envolant après avoir laissé sa guitare sur la chaise.

Ses cours avaient porté, il s'envola, léger et magnifique alors que sa voix montait, il passa légèrement le nombre de décibels normales qu'un humain pouvait utiliser mais n'exagéra pas non plus. Le tout était harmonieux sans faire mal à la tête sans exagérer. Lorsqu'il redescendit sur scène, les ovations raisonnèrent, moins fortes que pour le groupe qui allait suivre mais très encourageants tout de même. Il manquait l'expérience à ce chanteur en herbe mais pas le talent, le patron semblait content. Josh le remercia d'un signe de tête puis descendit, s'apprêtant à remettre son manteau. Sa manche glissa maladroitement plusieurs fois, il paraissait distrait, cherchant quelque chose du regard. A bien y réfléchir, pendant tout le concert il avait eu un petit air d'ailleurs, prouvant son manque de professionnalisme. En effet il ne s'était pas entièrement donné au public; trop occupé à chercher quelqu'un. Lilian...

était-il venu apprendre à chanter après avoir enseigné à Icare comment danser?
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Lilian D'Eyncourt
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Lilian D'Eyncourt


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MessageSujet: Re: Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian]   Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian] Icon_minitimeLun 17 Sep - 17:06

Six mois plus tôt, Le Scandaleux renonçait à sa neutralité vis-à-vis des mutants. Un petit différend au musée d’art moderne avait provoqué un véritable tapage médiatique, une guerre sans merci entre deux journalistes qui s’étaient jurés une mort sociale et professionnelle. D’un côté, Johnson, triste sire conservateur, produit pédant des hauts quartiers, levait un doigt accusateur sur l’attentat présumé d’une créature ailée. Ses calomnies arrivaient à point nommé, alors même que les mutants redécouvraient les plaisirs de la persécution. Lilian D’Eyncourt connaissait les faits par cœur. Jonhson avait volontairement provoqué l’esclandre en découvrant les ailes du jeune homme. Terrifié, le mutant les avait déployées droit sur son visage, de quoi rappeler au monde entier la brutalité naturelle d’êtres surévolués. Mais Lilian ne lui avait pas laissé le privilège d’un nouveau mensonge. Officiellement, l’ange avait profité de la confusion pour s’enfuir. L’affaire aurait pu se clore ainsi, dans les faits divers. Or, son collègue journaliste avait commis la bêtise de l’attaquer sur son propre terrain, en dénonçant sa sympathie pour les mutants. Qui savait s’il n’en était pas un lui-même ? avait-il osé avancer en ignorant les lois contre la diffamation. Evidemment, il ne se basait sur rien d’autre que son ressenti et Lilian avait répondu à sa manière. Tout avait commencé par un article écrit au vitriol dans Le Scandaleux. Les mots, adroitement maniés, ne démentaient rien, glissaient sur la question afin de tourner en dérision les « petites contrariétés de ce cher Johnson ». Vexé, humilié, l’homme avait jugé bon de se venger. Pas dans les journaux, non, ce serait risquer un procès. Il en avait parlé autour de lui, dans toutes les réceptions de la bonne société, en cherchant désespérément des preuves de ce qu’il avançait. Jonhson, ce parasite, avait ouvert la porte de l’Enfer. Récemment mis à pied, il suivait aujourd’hui une thérapie pour délire caractérisé…

Lilian gardait une impression mitigée de cette victoire. Sa couverture n’avait jamais été plus menacée. Voilà des mois qu’il refusait des articles pro-mutants, mais son silence sur la question éveillait les soupçons. C’était ennuyeux. Si les choses ne s’amélioraient pas, il lui faudrait revoir son mode de vie et passer dans la clandestinité avant que le BAM n’ait d’excellentes raisons d’ouvrir un dossier sur lui.
Une lettre, posée sur son bureau avec le courrier du matin, était venue lui rappeler cette étrange journée où, pour protéger l’un des sien, il avait risqué son image au musée. Le souvenir était agréable, à dire vrai. Ce fut une rencontre aussi brève que délicieuse. Le garçon s’était évaporé dans le ciel, il ne l’avait jamais revu et n’avait pas essayé de le retrouver. Rien ne durait. Il préférait savourer l’éphémère au lieu de transformer les bons instants en lassitude. Les fins étaient toujours décevantes lorsqu’elles étaient forcées par le temps. Mais l’autre jeune homme n’était visiblement pas de cet avis. Lilian n’avait pu retenir un sourire en identifiant son expéditeur et, surtout, en reconnaissant dans l’écriture la délicatesse qu’il avait tant appréciée chez son auteur. Ce n’était pas un garçon ordinaire. Il se sentait flatté d’être encore courtisé par une personne qui en valait la peine. Sa vie sentimentale était d’un vide absolu depuis si longtemps… Et cette lettre… Cette lettre lui faisait retrouver un semblant d’adolescence, le charme d’un jeu de séduction oublié dans les excès de soirées.

Il ne travailla pas beaucoup ce jour-là, trop occupé à étudier cette lettre et à se souvenir du temps où il s’amusait à des galanteries semblables. Son histoire avec Nathanaël était si loin à présent… Le lieu du rendez-vous était un bar qu’il fréquentait modérément à cause de sa clientèle trop mutante et d’une programmation musicale qui ne l’intéressait qu’occasionnellement. L’invitation au concert lui donnait cependant une bonne excuse pour annuler ses autres soirées. Le groupe principal était assez populaire pour dépêcher la presse et intéresser Le Scandaleux. Ce n’était pas d’une originalité folle, mais il évoluait avec un certain talent sur les scènes alternatives de New-York. La première partie, en revanche, lui évoquait peu de choses d’un point de vue musical. Son nom – Icare – lui donnait en revanche quelque idée sur la personne qu’il verrait apparaître sur scène.

**

Il arriva seul, dans une tenue qui le confondait presque avec les musiciens de la soirée. Les cheveux lâches, il avait souligné ses yeux d’un trait de khôl, portait un t-shirt noir et un pantalon sombre où apparaissaient par endroits les motifs d’une peau de serpent. Il s’installa au bar, de sorte à avoir la meilleure vue possible sur la scène, et commanda un mélange de cognac et d’amaretto. Malgré sa discrétion, quelques personnes vinrent le saluer. De vagues connaissances de soirées pour la plupart… Les étudiants et amateurs de musique qui l’entourèrent bientôt le mirent à l’abri des curiosités mal placées. Tous étaient heureux de le trouver ici et minaudaient qu’ils ne le voyaient plus assez en soirée. Il s’en excusa vaguement, le regard porté sur la scène. Lorsqu’il leur demanda le silence pour le premier chanteur, tous s’étonnèrent.
- Eh c’est une première partie, rien n’empêche de discuter !
lança une fille aux cheveux argentés et aux lèvres fuschia.
- Tous les plus grands talents ont commencé de cette façon, souffla-t-il d’une voix tranquille.
- Peut-être mais…
Mais il n’y avait rien à ajouter. La présence d’Icare était trop envoutante pour inspirer la raillerie. La mélodie de sa voix était d’un charme infini et, même s’il y avait du mutant en lui, on ne pouvait lui reprocher l’utilisation de son don. Il n’était pas usurpé. Le plus grand des poètes n’était-il pas un des leurs ? C’était de cette manière qu’Orphée avait su charmer la nature et les dieux. Lilian se laissa bercer par sa magie. La découverte était agréable, douce à son oreille. Les paroles déliaient une poésie intéressante et, même si la musique était moins aboutie et ne correspondait pas vraiment à ses goûts habituels, cela ne gâchait rien à la qualité de la prestation. Quand le jeune homme abandonna son manteau pour prendre son envol, il craignit un instant de le perdre à nouveau. L’idée ne lui déplaisait pas pourtant. Il aurait gardé la belle impression d’un rêve, n’était-ce pas séduisant ? Mais Icare se posa pour ouvrir les bras à son public et même lui adresser un regard. Lilian y répondit par un simple signe de tête. La petite bande qui l’entourait profita de la pause entre les groupes pour sortir à l’air frais. Il s’alluma une cigarette et aspira une bouffée, l’air pensif. Puis, comme si l’idée lui apparaissait soudain, il demanda au barman d’apporter une bouteille de brandy accompagnée de deux verres dans la loge du chanteur.
- Pouvez-vous également lui livrer ceci ? demanda-t-il en lui tendant un livre dont la reliure datait du XIXe siècle. Grâce à ses bonnes adresses, il avait trouvé un original des éditions de Lafontaine illustrées par Gustave Doré. L’ouvrage coûtait une petite fortune mais ce n’était pas de trop pour un inconnu. Sa petite mise en scène en place, il se leva et s’approcha des rideaux d’un pas lent. Il voulait laisser le soin à Icare de découvrir ses présents avant de se dévoiler.


Dernière édition par Lilian D'Eyncourt le Ven 21 Sep - 12:10, édité 1 fois
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Icare
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MessageSujet: Re: Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian]   Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian] Icon_minitimeMer 19 Sep - 15:27

Un petit coup à la porte surprit Josh qui disposait d'une petite loge. Il s'était installé dans ce lieu vidé de toute personnalisation mais propre et surtout insonorisé. Là un repas l'attendait, frugal pour lui qui n'avait rien pu manger depuis ce matin après tous les préparatifs et répétitions. Ce qui attira son regard toutefois ne fut pas la nourriture que son estomac réclamait, cordes ventrales toutes déployées, non, il s'agissait de deux verres et d'une bouteille de Brandy accompagnée crâneusement par un superbe ouvrage. L'ange le prit délicatement entre ses mains, laissant retomber son manteau sur la chaise qu'il avait tout d'abord eu l'intention d'enfiler. Absorbé par le recueil, le toucha délicatement la reliure et les dessins puis l'entrouvrit, déchiffrant avec peine le français parfois ancien qui ne lui facilitait pas la tâche. Josh parcourut ainsi plusieurs poèmes du bout des lèvres mais il s'attarda sur une illustration de Gustave Doré qui parlait pour le texte. Un corbeau perché sur un arbre regardait ébahit son fromage tomber dans la gueule d'un rusé renard. La nourriture en suspens était condamnée à tomber de la sorte depuis un bon bout de temps à en croire la date du bouquin. Qui avait bien pu faire ce précieux cadeau à l'ange? Ce dernier ne se posa pas la question trop longtemps, en réalité, depuis qu'il avait aperçut l'ouvrage il avait su... Lilian D'Eyncourt.

L'artiste parcourut le poème puis le dessin à nouveau, s'arrêtant sur chaque détail d'illustration et retraçant avec délicatesse les contours de l'image. Puis il s'appliqua à lire quelques mots en français tout en servant du Brandy dans les deux verres. Le chanteur ignorait si Lilian était encore dans le bar mais pour le remercier à sa façon, même si cela devait se faire dans la plus stricte intimité, il fit théâtralement glisser le verre de brandy qu'il avait rempli en premier vers la sortie et disposa l'autre devant lui, se mettant debout, le visage penché sur le livre, l'air concentré. Quelques mèches de cheveux s'échappaient de derrière ses oreilles, venant flatter le pelage de papier du renard comme pour lui donner du volume.

-Si votre ramage se rapporte à votre plumage. Alors vous êtes le phénix des ôtes de ces bois...

Les yeux du jeune homme dardèrent les rideaux, plissés. Il ignorait de toute évidence que Lilian était présent mais semblait s'amuser à jouer cette scène en véritable comédien. Le fait que ce deuxième verre soit présent avait alimenté son imagination, c'était pour lui, comme une discrète invitation. Peut-être que jamais son comparse ne se montrerait mais il avait signé une sorte de pacte, une rencontre en décalage en posant ce second verre. Josh s'approcha doucement sans se douter de quoique ce soit des rideaux, ceux qui étaient à côté de Lilian sans le voir ni chercher à se faire d'ailleurs, ignorant totalement que le journaliste avait suivi la livraison de ses offrandes de près. Le chanteur inclina légèrement la tête et fit une mini réverence, très sobre mais élégante avant de lever son brandy.

-Le corbeau honteux et confus, jura, mais un peu tard qu'on ne l'y prendrait plus.

Alors qu'il voulait se décaler pour faire mine de s'éloigner de bras envahissants, de nouvelles promesses mensongères comme celles de Kaleb, le mutant esquissa quelques pas en arrière, obtenant ainsi une vue d'ensemble et finissant pas découvrir Lilian. Surpris, le coeur battant à tout rompre mais s'efforçant à donner une impression de calme, Josh s'approcha lentement et découvrit le rideau.

-Mais il est surtout trop tard pour apprendre ses leçons. Monsieur d'Eyncourt...

Fit-il doucement en tendant son verre de Brandy au jeune homme pour l'inviter à sa table d'un petit sourire. En guise de remerciement il avait juste incliné légèrement la tête à nouveau, bien en face de ce dernier avec une lueur mi-amusée, mi-reconnaissante dans le regard. Enfin l'ange s'éloigna à pas furtifs pour tirer la chaise à son camarade et s'assoir sur la sienne, ses plumes glissant doucement contre le bois comme un nouveau rideau serti à une scène de théâtre bien particulière.

-Bienvenue dans mes bois maître Renard.

Acheva-t-il en levant doucement son verre pour offrir à l'homme l'occasion de trinquer. Malgré le fait que son coeur lui hurlait de se méfier du renard le chanteur souriait, très heureux de le trouver en ces lieux. Au moins il savait déjà d'avance que celui-ci était capable d'être un fieffé renard et un sacré danseur. Mi-canidé, mi-sauterelle donc, mais encore? se demanda la cigale ailée qui à défaut d'avoir chanté tout l'été, l'avait fait le temps d'une soirée avec pour objectif de plaire maître renard... Espérant ainsi que ce dernier soit trop séduit pour songer à se saisir du fromage.

La vie qu'était-elle au final? Une fable de compromis.
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Lilian D'Eyncourt
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MessageSujet: Re: Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian]   Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian] Icon_minitimeVen 21 Sep - 14:28

Comme un metteur en scène, Lilian observait la scène derrière les rideaux. Surpris par le livre et l’alcool, Icare avait laissé la porte de sa loge ouverte, lui laissant profiter à loisir de sa réaction. Elle fut très calme, toute en retenue. Ses mains effilées tirèrent doucement sur le ruban de soie et manipulèrent l’ouvrage avec la plus grande précaution du monde. On eût dit qu’il craignît de le voir tomber en poussière. Il tourna les pages jaunies, explora les gravures du bout des doigts et, sans renoncer à sa lecture, versa le liquide onctueux, à l’éclat incarna, dans les deux verres. Il poussa le premier au bord de la table. Savait-il qu’il était observé ? La déduction ne semblait pas compliquée. Quel intérêt d’un deuxième verre pour briller par son absence ? Il réservait ce tour à des conquêtes qui lui inspiraient l’indifférence. Provoquer l'attente et décevoir était un plaisir cruel, qui s’imaginait, mais ne se contemplait pas.

Icare s’arrêta à la fable la plus connue de LaFontaine, Le corbeau et le renard. Inspiré, il prononça les vers du courtisan dans un français hésitant. Il était adorable de l’entendre parler une autre langue, et celle du poète lui allait à merveille. Le regard du jeune homme se leva ensuite sur les rideaux, comme si la réplique lui était dédiée. Le verre à la main, il s’avança. Intrigué par ce petit manège, Lilian ne bougea pas. Visiblement, le beau chanteur se prêtait au drame. Homme de scène, il improvisait le rôle que les objets lui dictaient. Après un silence souligné d’une révérence, il déclama la fin de l’histoire, où le corbeau trompé regrette son élan de vanité. Cette mésaventure trouvait-elle un écho en lui ? Le corbeau était un oiseau après tout, et le renard… un fin sourire glissa sur les lèvres de l’anglais. Il apparut ainsi à l’ange qui tira le rideau. Son cœur rata un battement en le découvrant, mais il garda un air tranquille et lui tendit le verre en murmura que la leçon de la fable arrivait trop tard. Peut-être…, songea-t-il simplement en saisissant la boisson.

D’un pas léger, Icare retourna à la table et lui présenta une chaise. Lilian le suivit. Son regard pétilla un instant lorsqu’il l’appela « maître Renard ». Le garçon connaissait donc bien la morale de la fable, et il voyait en lui ce flatteur auquel il est si doux de céder malgré les leçons qu’on a pu vous enseigner. Méfiant mais faible face à lui, il n’avait pas tort de le penser. Lorsque D’Eyncourt ne se manifestait plus auprès d’une personne qui l’avait séduit, il n’était jamais une bonne idée de le retrouver. Il ne voulait pas faire de mal à Icare, ni souiller sa pureté. Il le décevrait. Mais il était effectivement trop tard pour revenir en arrière. La raison les abandonnait, et ils buvaient le cherry, sucré et moelleux, comme le nectar du fruit défendu.

- Je suis peut-être Renart, mais je ne suis pas un flatteur, susurra-t-il. Du moins, pas avec ceux qui m’inspirent davantage le compliment que la flagornerie. Vous nous avez montré votre belle voix, et tout le monde ici présent sera d’accord pour dire qu’il n’y avait rien d’autre qu’un phénix dans toute la splendeur de son âge. J’ai découvert un artiste très émouvant ce soir, et je tenais à boire à votre célébrité naissante. Santé ! acheva-t-il en français.

Il fit tinter son verre contre celui de l’ange. Sa politesse et sa prévenance rappelaient sa bonne éducation anglaise, sa diplomatie très calculée. Il était un habile bonimenteur auprès des imbéciles butés qui, par leur stupidité, entravaient ses projets. Cependant, il n’avait personne à duper devant lui, rien d’autre qu’un jeune homme particulièrement charmant qui avait su le toucher.

- Heureux que votre amour des fables soit resté intact.

Ajouta-t-il dans un sourire en portant la liqueur à ses lèvres. Où cette rencontre devrait le mener ? Il n’envisageait rien de précis. Son compagnon n’était pas le seul à avancer à tâtons. Plus il l’observait, plus il l’attirait vers un passé qu’il pensait oublié. Mais ces souvenirs brisés, piétinés, avaient cette saveur dont les gens vivants parlaient tant.


Dernière édition par Lilian D'Eyncourt le Dim 14 Oct - 14:11, édité 3 fois
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Icare
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MessageSujet: Re: Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian]   Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian] Icon_minitimeJeu 11 Oct - 3:52

L'ambition n'était pas ce qui pouvait qualifier Icare. Le jeune homme ne recherchait pas la célébrité mais simplement le plaisir, pouvoir pratiquer son art à plein temps puisque payé pour, il n'aurait pas besoin de travailler dans autre chose et se contenter de la musique comme loisir. Le mutant était toutefois heureux de monter en grade car cela améliorerait considérablement sa situation financière ainsi que celle de ses parents. Chaque mois, le garçon envoyait une petite partie de ses gains aux siens. Il avait beau en avoir voulu pendant longtemps à ceux-ci de l'avoir interné à l'institut, Josh avait apprit à tempérer ses sentiments. Il prenait petit à petit du recul par rapport à cette époque difficile, et de toutes manières frère de 9 enfants dans une famille pauvre, il avait un sens des responsabilités aigu. Les Guthrie n'étaient pas riches, il y avait encore des enfants à la maison, des mutants qui plus est, la vie n'était donc pas si facile.

Le jeune homme profitait donc de cette soirée pleinement, il était seul avec Lilian et non enfermé dans une petite maison avec 9 frères et soeurs bien qu'il les adore tous autant les uns que les autres. Il leva son verre de Cherry, souriant doucement en réponse à l'étrange maître renart moderne qu'il représentait. Icare ne répondit pas aux compliments mais on le voyait touché. Il prenait cela avec timidité et honnêteté à la fois, sans fausse modestie ni fierté abusive. La tête légèrement baissée, ses yeux contemplant le verre, Josh attendit silencieusement que les paroles achèvent agréablement leur chemin et savourait également l'instant. A l'évocation de l'amour des fables qu'il portait, Icare passa à nouveau ses mains fines sur la couverture du livre. Il prendrait son temps ce soir au lieu de courir d'un bord à l'autre entre l'institut, les bars, sa famille, son entraînement quotidien qu'il soit physique ou concernant le chant. Oui, la vie du garçon était bien chargée et ce devait être pareil pour Lilian. Pour une fois le temps semblait s'être arrêté ou tout du moins calmé pour ne pas verser dans le cliché. En effet le jeune homme n'avait aucune envie que tout se stoppe, il était au contraire curieux de voir ce qui allait se passer, sans penser à mal, ni à rien de spécial d'ailleurs. Oui vraiment, Josh voulait se sentir libre, ne pas se donner de fausses idées. Il n'attendait rien de spécifique de cette rencontre. C'était presque une nouveauté pour lui d'être aussi tranquille. Souvent stressé à cause de ses problèmes pendant l'adolescence, de la situation familiale compliquée, de ses difficultés à s'accepter, Jay était souvent sur les nerfs. Aujourd'hui non, et cela se voyait amplement à travers son silence paisible.

Par pur respect pour la déclaration de son interlocuteur d'ailleurs, Icare ne lança aucun remerciement éperdu, il se contenta d'un hochement de la tête aussi discret que sincère qui valait tous les mercis du monde.

Doucement le jeune homme releva la tête vers Lilian, 5 minutes étaient passés depuis que Lilian s'était tu. Rien ne filtrait dans la loge. Pourtant le silence ne lui semblait pas pesant et il espérait que ce soit de même pour Lilian. Néanmoins Icare coupa la scène qui se déroulait sous ses yeux où il était à la fois spectateur et acteur. Poussé par son envie d'en savoir un peu plus par son vis-à-vis?

-Pourquoi avoir choisi d'écrire sur la réalité puisque vous aussi vous aimez les fables apparemment? Et à part ces articles alors, écrivez-vous quelque fiction?

Demanda-t-il tranquillement, avide de savoir pourquoi Lilian avait choisi d'être journaliste, mais aussi s'il était écrivain à ses heures perdus. Le jeune homme se demandait quel style de romans aimait son interlocuteur, que ce soit pour lire ou écrire. Icare déposa son verre sur la table, le faisant légèrement tourner de ses doigts.

-En tout cas pas de problèmes, j'ai bien reconnu votre verve. Ce qui ne vous crée pas que des amis... Depuis quand connaissez-vous ce type? Il vous soupçonne d'être un mutant. A vrai dire, je n'en sais rien, ça m'ait égal mais j'avoue que cela ne m'étonnerais pas. Mais peu importe. J'aimerais mieux savoir comment vous vous êtes connu et votre premier accrochage.

L'histoire semblait en effet plus intéressante et amusante. Icare avait conscience que cela pouvait être douloureux pour Lilian mais Lilian n'était pas un garçon comme les autres. Honnêtement le jeune chanteur ne le voyait pas se renfermer sur lui-même pour ça. Au contraire selon ses articles sa confrontation avec l'autre journaliste semblait plutôt le contenter. Et puis si c'était vraiment trop personnel, l'artiste ne doutait pas que ce dernier saurait le lui dire franchement.

En tout cas, la conversation était entamée, avec délicatesse, tact mais aussi personnalité par Josh. Il avait réellement envie de découvrir Lilian, pas en commençant par les sentiers battus comme son âge, de quoi étaient faites ses journées, son lieu de vie, non directement par ses passions, son esprit.
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Lilian D'Eyncourt
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MessageSujet: Re: Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian]   Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian] Icon_minitimeDim 14 Oct - 16:53

Tout en observant le jeune homme silencieux, Lilian s’abandonnait à quelques pensées mélancoliques. Il avait longtemps essayé de chasser Nathanaël de sa mémoire. Ce garçon, d’un an son cadet, lui avait laissé des souvenirs aussi tendres qu’amers, un sentiment d’amour non pas inachevé, mais trop parfait pour exister. Aujourd’hui, il devinait que son adolescence avait exagéré sa passion. Pourtant, le « et si ? » revenait dès qu’il réétudiait les scènes encore vibrantes sur sa peau. Il n’aimait pas la conclusion de l’histoire, son comportement imbécile lorsque, lassé par ses caprices, le jeune homme lui avait préféré un autre, un être insipide. Quelques mois plus tard, il quittait l’Angleterre pour l’Amérique sans lui dire au revoir. Nathanaël avait quand à lui choisi de poursuivre ses études en Australie, et, d’un accord tacite, ils s’étaient définitivement effacés de leurs vies. Pour la première fois, il y songeait avec une certaine sérénité. Les belles rencontres étaient rares mais, d’une manière ou d’une autre, on reconnaissait toujours ceux qui ne seraient pas un nom de plus sur un répertoire. Ce soir, il s’en remettait à la fatalité. Depuis combien de temps n’avait-il pas partagé un moment d’intimité hors du monde anonyme de la nuit ? Il n’était pas prêt à recevoir quelqu’un dans sa vie, et sans doute qu’il ne le serait jamais, cependant, il éprouvait le besoin, face à Icare, de passer du temps avec une personne choisie, véritablement désirée.

La question du jeune homme le tira de sa torpeur. Il ne s’était pas préparé à une réflexion de ce genre et une hésitation gênée précéda sa réponse. Que dire ? Il était clair, à la manière dont il écrivait ses articles, que le journalisme n’était pas sa vocation la plus évidente, et il serait d’ailleurs bien incapable de travailler pour une presse codifiée. Son journal lui permettait seulement de donner libre cours à ses talents pamphlétaires. Il avait parfois songé au roman, s’était essayé à la fiction, comme presque tout le monde, mais il n’avait rien à inventer. Sa vie lui avait déjà inspiré de fausses autobiographies, avec d’autres noms et un scénario plus romanesque, mais la pudeur retenait toute velléité éditoriale. Il préférait en rester à ses articles, caché derrière des piques qui ne disaient rien de lui.

- La plupart des gens aiment la fiction mais tout le monde n’est pas fait pour en écrire, déclara-t-il finalement. Je ne saurais expliquer pourquoi, évoquer un défaut d’imagination ne serait qu’une excuse, donc je dirais simplement qu’un éclat manque à ma plume pour que je puisse briller dans ce registre-là. Je préfère la tailler pour l’ironie, et croyez-moi qu’il n’est pas simple de se renouveler tous les mois pour continuer à amuser ses lecteurs. Et vous ? Faites-vous autre chose que des chansons ?

A propos de son goût pour la polémique, Icare revint sur « ce type », le cher Johnson. La rencontre était banale. Ils avaient discuté, le courant n’était pas passé, et le journaliste avait commencé à lui faire la guerre. Malheureusement, il n’avait rien de grandiose à raconter.
Un sourire s’étira sur ses lèvres lorsque le jeune homme profita des soupçons de Jonhson pour lui exprimer les siens. Etrangement, il lui faisait déjà assez confiance pour ne rien lui cacher de sa situation.

- Oh, l’affaire avec Johnson n’est pas très intéressante. C’est un journaliste souvent dépêché sur les vernissages en sa qualité très surfaite d’amateur d’art. Nous nous sommes donc retrouvés à la même réception il y a un an et en avons déduit, au cours d’une discussion assez brève, que nous ne serions pas des amis de la profession, expliqua-t-il d’une voix légère. Et, lorsque je n’aime pas quelqu’un, j’ai une fâcheuse tendance à me jouer de lui en toute occasion. N’ayant aucun humour mais pourvu d’une susceptibilité propre aux imbéciles qui se veulent fins, Johnson a très vite exprimé le désir de me discréditer à tout jamais… en m’identifiant comme mutant par exemple. A l’origine, ses soupçons n’ont aucun fondement. Mais, dites-moi, pourquoi pensez-vous que j’en suis un ? Parce que je vous ai défendu ?

Son regard pétillait de curiosité. Il vida son verre et s’en resservit un fond en passant un bras par-dessus le dossier de sa chaise. Ses deux interventions manquaient encore de naturel. Sans doute moins à l'aise qu'il le laissait paraître à travers son débit facile et teinté d'ironie, Lilian gardait un rôle séduisant qui fuyait les réponses trop personnelles. Derrière les murs de la loge, le public commençait à s’agiter. L’entracte prendrait bientôt fin et ils réclamaient à force de cris la tête d’affiche sur scène.


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MessageSujet: Re: Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian]   Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian] Icon_minitimeMar 6 Nov - 20:30

-Et bien disons que je vois mal le gêne X épargner quelqu'un d'aussi "original" que lui. Non... Vous seriez trop banal en humain. Quoique, le fait qu'on s'attende à vous savoir mutant alors que vous ne l'êtes pas est également original en soi. Enfin je n'en sais rien-Josh haussa les épaules avant d'affirmer ses premiers propos, bluffant à moitié bien entendu car il ne pouvait rien savoir sur l'état génétique de son nouvel "ami". Toutefois l'idée d'un Lilian Mutant persistait dans son esprit.- Mais je suis comme persuadé que vous l'êtes. Après tout qu'est-ce que je risque en disant cela? Je crois qu'au stade où se trouve l'humanité, tous ses enfants sont mutants d'une façon ou d'une autre.

Icare sourit, cherchant tout en l'écoutant quel pouvoir il pourrait bien attribuer à ce cher monsieur d'Eyncourt. L'évolution du jeune homme était tout de même remarquable quand on l'avait connu tremblant, effrayé et haineux envers les siens, envers lui-même. Désormais bien qu'il restait assez méfiant, le chanteur était résigné à son sort et même curieux de savoir. Pour lui c'était une évidence, une bien méchante triche de la vie qui n'était qu'une mauvaise joueuse. D'un autre côté on s'arrêtait seulement à son apparence physique sans connaître les détails. Beaucoup le pensaient d'ailleurs incapable de voler, car le gêne X n'était pas réputé pour sa bonté d'âme. On le songeait juste affublé d'une déformation qui le rendait mi-animal mi homme, angélique pour les poètes bien plus rares. Peu se doutaient que sa métamorphose allait bien au-delà, touchant également ses yeux adaptés, ses poumons, la capacité de sa cage thoracique doublée ou encore son sang plus oxygéné et son coeur plus vigoureux. Personne enfin ne savait qu'il avait un pouvoir lié à la voix ainsi qu'une régénération qui n'avaient rien à voir avec son premier don, chose assez rare car les mutants possédaient en général deux capacités -encore plus rarement 3- liées entre elles. Icare était un cas spécial pour la science, heureusement on n'avait pas encore eu l'idée d'en faire un cobaye.

-Peut-être pourriez-vous coupler ces deux talents? L'ironie et l'imagination dans un livre sur l'ironie justement? Votre plume serait à son aise, baignant dans son éclats et s'éloignant du style qui en manque. Mais j'avoue qu'avec un peu d'insolence, je me permettrais de vous demander de laisser juger les autres avant de le faire vous-même. Sérieusement, j'aimerais beaucoup voir vos écrits si vous vous y êtes bien sûr déjà essayé. Je l'espère car déclarer ce manque d'éclats sans rien tenter serait un crime contre l'art.

Josh le taquinait, il aimait bien cette présence si spéciale, toutefois il ne disposait pas de la loge à volonté bien que le temps imparti soit assez généreux. Le jeune homme avait envie de profiter de Lilian, pas dans le sens commun du terme qui laissait penser au capitalisme humain... Non simplement de son aura, de sa conversation doucement feutrée en sachant se piquer de malice de temps à autre. De malice et d'ironie bien sûr.

-Je me suis tenté à quelques autres types d'écrits mais c'est dans la chanson que je me sens le mieux en effet. J'ai donc lâchement abandonné mes efforts pour me consacrer uniquement à cette poésie orale. D'ailleurs j'aime bien celle qui reste dans les livres et qui se lit en silence ou avec une voix posée sans artifices derrière... Mais moins, je trouve que la voix est trop importante, l'écrit est agréable mais a moins de relief. Enfin sous ma plume en tout cas. Pour mes chansons, à savoir si quand je parle, elle parlent aux gens, je ne pourrai pas le dire sous peine d'être le plus fieffés des menteurs. Trop modeste ou trop orgueilleux. C'est bien connu, rares sont ceux qui ont le don de s'auto-critiquer avec justesse, je ne possède pas ce don malheureusement.

Un pouvoir quasiment mystique qui relevait presque du gêne X quelque part. Est-ce qu'un artiste comme Mozart devait ses dons à sa génétique défaillante? Cela semblait logique mais la poésie de l'histoire s'en trouverait mise à mal. Tout se mêlait, talent, gêne X, maladie, mutant... Tout pouvait être dû au hasard, à l'acquisition, à la naissance ou au travail. Vraiment à bien y réfléchir, le monde entier tournait autour de ces questions sur les mutants. On y revenait toujours.

-Non je ne pense pas que le fait que vous m'ayez défendu vous accrédite comme mutant-fit-il pensivement en revenant de ce fait à la question du gêne X à laquelle il réfléchissait depuis tout à l'heure pour offrir une réponse digne à Lilian.-Ce serait d'un banal affligeant que de se baser sur ça. Digne d'un roman à l'eau de rose. Non, vraiment, mon hypothèse est peut-être stupide et mon argument encore plus idiot mais je vous crois mutant simplement parce que je ne vous imagine pas sans cet énième secret à cacher... Sans ce mystère en plus. Vous, sans cette nouvelle couche de mystère? C'est tout simplement inimaginable.

Car la nature dotait toujours maître Renart de tous les atouts possibles, et nul doute que même le gêne X en était un pour un être aussi malin. Lilian représentait à ses yeux tous les secrets de l'humanité, les mystères, pourquoi ne serait-il pas doté de celui qui faisait la une de l'actualité? Cela n'aurait pas de sens.
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MessageSujet: Re: Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian]   Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian] Icon_minitimeVen 7 Déc - 21:42

Trop original pour être humain ? En un sens, cette idée, bien que dictée par une fascination exagérée, le séduisait. Il n’y avait jamais songé, mais son attitude le trahissait peut-être d’une certaine manière. Comme les gays se reconnaissaient entre eux, un code particulier, inavoué, passait entre les mutants. Au fond, Lilian aurait probablement été très différent sans l’inquiétude et la fierté de sa mutation. Mais, à dire la vérité telle qu’il la pressentait, il ne se voyait déjà plus vivant. Ses capacités régénératrices lui avaient épargnées quelques overdoses. Il avait toujours considéré son pouvoir comme à l’origine de tous les maux, car il portait la mort avec lui depuis sa découverte. Cependant, son moral l’aurait trainé bien plus bas s’il ne le possédait pas. Inutile de le cacher, de le nier très longtemps, Icare savait. « Original » prenait un autre sens, celui des choses qu’on ne nomme pas, et qui, à ces moments, se devinent derrière n’importe quel adjectif. Un sourire énigmatique éclaira ses lèvres. Il ne contredisait rien, pour l’instant.

Si peu de personnes osaient lui attribuer ouvertement le gêne x, nombreux étaient ceux qui lui supposaient de réelles activités littéraires et artistiques. Ah… Hélas, Lilian ne s’était pas rabattu dans le journalisme par dépit. Il s’y plaisait beaucoup. Il était ce critique agaçant dont on ne pouvait brûler l’œuvre en retour. Ses prétentions ne dépassaient pas celles d’un pur esthète. A trop analyser, on ne fait pas un bon écrivain, l’inspiration se noie dans la prose des autres. Il ne voyait pas l’intérêt de dépasser ses maîtres. De la fiction ? Son âme n’était pas celle d’un conteur. A choisir, il préférait la poésie, les textes courts qui ne servaient à rien d’autre qu’à coucher le sentiment d’un instant, apaiser la douleur qui le serrait parfois. Son adolescence était ainsi parsemée de textes étranges, sombres, terribles. Il avait gardé une dizaine de carnets dans un coin de sa chambre en Angleterre. Nathanaël conservait peut-être quelque part les épanchements sublimes – quoique ridicules à son esprit – de ses lettres. Depuis l’Amérique, ses confidences étaient plus rares, moins morbides. Elles versaient la lassitude d’un jeune homme fatigué de ses errances musicales, alcooliques et charnelles. Oh, il aurait pu publier son propre Journal d’un drogué, s’il l’avait souhaité. Nul doute qu’il aurait trouvé assez d’adolescents paumés pour s’identifier à lui et le porter en tête des ventes quelques semaines. Mais cette idée le mettait mal à l’aise. Quelques groupes dont il appréciait les compositions avaient déjà mis des notes sur sa prose, gracieusement offerte sous couvert de contrats signés par un autre nom. Personne n’en savait rien. Le dirait-il à Icare ? Curieusement, l’idée lui effleura l’esprit.

- Je vous ferai peut-être écouter des textes écrits par ce qui me semble souvent être un autre moi, souffla-t-il, en gardant, encore et toujours, cette insupportable touche de mystère. J’aime la poésie, et je veux l’entendre portée par une voix forte, sensible, et une musique qui en donne toute la dimension. Ceux qui cherchent à la faire revivre telle qu’elle fut au XIXe siècle ne sont que de vieux grincheux… Mais vous avez, rassurez-vous, assez de qualités pour la partager avec votre public, fut-ce grâce à un talent particulier…

Il regretta un instant de n’avoir aucun texte anonyme à envoyer à ce jeune homme. Sa prose était trop écorchée pour ses mains d’ivoires. Il fallait autre chose, un retour vers le romantisme tragique qui gonflait le cœur de Nathanaël, vers un lyrisme que seule son adolescence pouvait encore écrire.
Par association d’idées, ils en revinrent à l’obsédante question de la mutation. Icare démentait ses fausses suppositions. Il exagéra son pressentiment naturel. L’admiration le poussait toujours à voir en Lilian un être exceptionnel, une divinité qui dépassait les humains et même les mutants, un être irréprochable, nimbé d’un mystère quasi-mystique. D’ordinaire, provoquer ce genre d’effet l’amusait. Cependant, à trop l’élever, le jeune homme se mettait hors de sa portée. Il ne voulait pas cela. Il l’avait provoqué malgré lui.

- Je suis, il est vrai, un être de mystères… qui, sans tous ces non-dits, se révélerait cruellement semblable à tous les autres, ne vous méprenez pas tant sur mon compte. – Il soupira. – Vous lisez si bien en moi que je suis heureux d’être face à un ami. Je suppose que je dois trop à mon pouvoir pour qu’un bon observateur puisse l’ignorer. D’une certaine manière, la nature humaine est une chose éteinte depuis longtemps en moi. Mais je suis un mutant de la pire espèce, plus proche du démon ophidien que de l’ange à la voix d’Orphée.

Etrange, cette facilité avec laquelle il lui cédait, à demi-mots, des pans de son existence. Il voulait lui parler, non pour suivre un jeu théâtral, mais pour exister autrement qu’à travers un personnage.
Les premières guitares résonnèrent dans l’entrebâillement de la loge. Il faudrait hausser le ton pour continuer à s’entendre.

- Me permettrez-vous de fermer cette porte ? demanda-t-il alors en gardant les bras croisés sur la table.


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MessageSujet: Re: Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian]   Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian] Icon_minitimeVen 7 Déc - 22:13

-C'est amusant, j'aurais du m'en douter. Mes yeux ne se posent toujours que sur des démons. Et quel genre êtes-vous donc? Un succube? Un suppôt? Ne me répondez pas Satan, le titre est déjà attribué. Et puis au final, qui vous dis que les anges sont des "anges"? Du peu que je sais de la religion ou de la mythologie, ce sont des êtres sans âmes, d'une beauté infini mais d'une bonté inexistante. Ils punissent sans vergogne dès que leur maître le leur dit. Si tenté que ces anges et ces démons existent... Moi je dirai plutôt qu'il y a les êtres humains, juste eux, et les anges et les démons ne sont que des sous-races... Des types d'hommes. Et parfois il y a métissage.

Josh avait définitivement opté pour cocher la case "mutant" avant même que ce dernier ne l'avoue enfin de vive voix. Son interlocuteur n'y était pas revenu de suite mais le pressentiment était devenu trop fort pour être ignoré. Ce non-dit relevait de l'aveu avant que finalement, cela se fasse, cependant le jeune homme ne saurait deviner le don ou la malédiction qui avait été imparti au journaliste. Il imaginait un pouvoir cinglant qui déchaîne ses foudres sur les imprudents, quelque chose d'assez offensif, de tranchant comme la verve du garçon. Pas une espèce de don timoré comme lui pouvait posséder. D'ailleurs le chanteur avait remarqué que le gêne X correspondait souvent au caractère de l'individu. Qui forgeait qui au final? Était-ce inscrit en eux depuis le début? Est-ce qu'Icare avait aimé la musique parce qu'il possédait une sorte de pouvoir de la voix? Etait-il né claustrophobe à cause de son gêne X ou par hasard? Si c'était la deuxième solution, alors ses ailes avaient poussé pour pallier à cet enfermement tragique. Mais parfois le "don" apportait aussi des malheurs pire qu'une mutation visible... Des maladies, des déformations absolument affreuses. Pourtant certains de ces mutants étaient bons dans le fond, alors que d'autres magnifiés par leurs pouvoirs étaient des monstres comme le Violoniste.

Le mystère demeurait épais pour celui qui n'avait que des connaissances succinctes sur ce gêne X qui l'avait pourtant percuté de plein fouet; modifiant trois aspects de sa personne, de sa vie. Sa régénération, sa voix et ses ailes... Et pourtant Josh savait si peu de choses encore, il avait tout à apprendre sur le sujet, s'ouvrant tout doucement, timidement.

Et c'était la même chose pour le contact humain, le mutant peinait à évoluer correctement. Amant d'un poète torturé qui se droguait puis ami d'un amour en devenir mort avant d'éclore, il ne savait presque rien sur l'amitié ou ce sentiment tant recherché par les poètes. Poètes appréciés par Lilian visiblement. Doucement le jeune homme hocha la tête, acquiesçant rêveur en songeant à Verlaine, un auteur français qu'il appréciait pour sa mélancolie sans violence. Alors que Baudelaire lui semblait trop effrayant. Il admirait cet homme, cette plume, mais préférait se tenir éloigné de sa noirceur, chantant plutôt les sanglots longs des feuilles d'automnes pour sa part, ou quand le coeur lui le dictait, la joie d'un printemps retrouvé.

Mais pour le moment, cette saison bénie s'était perdue dans les méandres d'un regard soudainement direct, un regard qui s'était posé après avoir voleté, volage autour de sa personne. Lilian était autre, Lilian était lui-même. Icare se demanda un instant dans quoi il allait encore s'embarquer, probablement une conversation qui allait le retourner pendant un bon moment sans lui laisser de répit. Il était fait pour côtoyer les démons après tout. C'était eux qui l'appelaient, qui l'attiraient malgré lui.

Le jeune homme ne pensa plus à quitter la loge, il l'avait pour une durée limitée certes mais on lui laisserait sûrement l'occuper le temps que l'autre chanteur termine son concert, ils avaient environ une heure devant eux. D'un pas léger comme à son habitude, l'ange alla clore la porte sur eux, revenant à la table et s'asseyant avec sobriété. Une certaine lourdeur dans son regard en attente contrastait avec ses mouvements aériens. Les bras croisés en face de sa personne, Lilian semblait attendre la tranquillité pour s'exprimer. Icare lui l'assura d'un petit signe de tête, puis il attendit, attentif et sage... Oubliant d'admirer la divinité pour découvrir l'homme.
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MessageSujet: Re: Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian]   Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian] Icon_minitimeLun 24 Déc - 0:11

Il était vrai que son regard avait changé. Le souci de paraître enfui, il perdait de son éclat. Un voile léger le recouvrait. Son jeu tombait, il n’essayait plus de faire semblant guidant, l’air de rien, les réactions de son interlocuteur. Comme Nathanaël autrefois, Icare le désarmais par une sorte de résignation intelligente et douloureuse. Le sourire hésita sur ses lèvres. Leur commissure trembla un instant à la pensée qu’ils avançaient à découvert depuis le début. Déjà au musée, Lilian avait senti un jeune homme naturellement porté vers les individus dans son genre. Malgré son attirance, il était resté sur la réserve et il avait cru lire au fond de ses prunelles limpides, la marque d’une blessure au-delà des mots. Son compagnon aurait peut-être laissé tomber sa méfiance à force d’habiles manipulations. Il le devinait prêt à sombrer dans les mensonges d’un beau parleur, car là était sa faiblesse. Cela l’ennuyait. Il ne voulait pas le briser, pas sans le prévenir. Icare ne s’étonna pas de sa révélation. « C’était amusant », disait-il en cherchant à dissimuler son amertume, son impression d’être définitivement condamné à passer entre les mains de séduisants bourreaux. Il était déjà presque entendu, alors qu’aucun geste ne les rapprochait, qu’une histoire se nouait entre eux. L’idée le mettait mal à l’aise. Depuis sa majorité, ses aventures étaient le fruit de hasards plus ou moins heureux. Elles avaient parfois été assez belles, ponctuées de galanteries, d’adorables attentions mais, il savait généralement à l’avance que les choses s’arrêteraient dès qu’il le déciderait. Quelques exceptions, sentant la supercherie, l’avaient délaissé avant. Il en gardait la blessure un temps, un prétexte à la mélancolie sentimentale qui embellissait la réalité d’un amour-propre bafoué.

En l’entendant lui demander quel type de démon il était, il songea à tous les numéros de téléphone qui sommeillaient dans son répertoire, à sa manière odieuse de les classer. A côté des relations professionnelles et amis proches, se tenait la liste des conquêtes. Elle était régulièrement mise à jour. Un petit cercle d’élus se rangeait dans la catégorie « à revoir », d’autres étaient encore à tester et le reste passait tout simplement en liste noire. Il avait de quoi s’amuser pour les années à venir. Avait-il besoin de courtiser ce jeune homme ? Oui, ça n’était pas un caprice… Pas tout à fait. Mais il le ferait souffrir à cause de ce qu’il était.
En lui proposant de fermer la porte, il scellait leur destin d’une manière plus équivoque. Icare se leva pour le faire, comme s’il lui donnait d’avance son consentement. Vaguement égaré entre ses pensées et l’étrange développement du jeune homme, Lilian invoqua d’abord le secours par la boisson. Hélas, le cherry se vidait et l’eau-de-vie n’enchantait pas longtemps le palais. Jetant quelques regards autour de lui, il repéra rapidement un frigo et se leva à son tour pour l’ouvrir. Les packs de bière l’intéressaient peu, il savait d’expérience que les personnes comme Icare n’étaient pas de grandes adeptes de cette boisson. Heureusement, le bar avait aussi laissé deux bouteilles de vin blanc à leur disposition. Il en prit une et la posa sur la table.

- Nous pourrions peut-être poursuivre avec un spiritueux plus frais, dit-il en mettant sa paume sur le bouchon afin d’activer discrètement son pouvoir.

Le sang s’infiltra à travers le liège pour l’expulser doucement puis, afin de ne pas incommoder Icare, il l’envoya d’un geste de la main dans la poubelle au bout de la pièce. Il était évident que la trajectoire de l’objet était guidée par une autre force que celle d’un lancer mais, après tout, ils s’étaient tous deux avoués leurs origines mutantes.

- Je ne parlais pas d’anges au sens mythologique. Vous savez comme moi que ce titre est décerné aux êtres qui ne connaissent pas la méchanceté, dit-il simplement en servant un verre au jeune homme. La bonté, comme vous dites, est un véritable trait de noblesse chez les personnes qui savent y allier un esprit lucide. Quant à moi, je me garderais toute comparaison avec Satan, j’incarne moins le mal que la démesure. Vous pourrez me voir comme un incube, je suppose que ce serait juste, une créature de l’enfer noyée dans la luxure, même si une âme romantique serait tentée de prétendre le contraire.

La malice dansait à nouveau dans ses prunelles. Il prit un verre et chassa la gravité en initiant ce petit jeu qui l’amusait tant lorsqu’il se préparait à séduire.

- Ainsi, le terrible Méphistophélès aurait déjà croisé vos pas ? Je crains que nous ne le connaissions tous à notre façon…, ajouta-t-il sans transition, en retrouvant son sérieux aussi rapidement qu’il l’avait quitté.


Dernière édition par Lilian D'Eyncourt le Jeu 17 Jan - 22:37, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian]   Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian] Icon_minitimeMer 16 Jan - 23:24

Une odeur de fer emplit la pièce, une odeur que le jeune homme connaissait que trop bien. Il se rappelait l'avoir eu dans les narines lorsque Julia était décédée dans ses bras, le sang était tellement présent qu'il avait imbibé son esprit à jamais et le chanteur sentait la moindre goutte de ce liquide carmin quand il était à proximité. Le jeune homme se souvint également de ces soirées houleuses où, haineux envers sa propre race et sa propre personne, il tailladait ses ailes, lesquelles mettaient plusieurs jours à s'en remettre. La mort de Samuel Paares avait échappé à son regard, mais lorsque la nouvelle était tombée, automatiquement une odeur de fer s'était imposée dans ses narines. Icare connaissait le sang, mais il ne le haïssait pas.

Le sang était ce qui avait maintenu Julia en vie avant qu'il ne quitte ses veines, et le sang l'avait apaisé même si c'était une paix souillée qui envahissait son âme quand il se mutilait. Le chanteur n'était pas même dégoûtée car le liquide carmin qui s'était étendu sur ses mains et qu'il avait parfois l'impression de sentir à nouveau était une partie de son amie. Dès lors, comment cette source rouge pouvait-elle être sale? De façon plus prosaïque, le mutant se souvint aussi du taudis dans lequel son premier petit ami se piquait pour prendre sa drogue. Une gouttelette émanait de ses veines trop bleues, engendrant à nouveau l'odeur caractéristique. L'image, étrangement, le gêna plus car il préférait encore le flot rouge qui l'avait enveloppé comme une cape chaude, une dernière étreinte de Julia à cette goutte impure, imbibée de produit néfaste.

Revenant à la démonstration de Lilian, il s'aperçut qu'il avait légèrement reculé, car l'afflux en dehors du corps signifiait bel et bien la mort. Cependant Lilian ne se vidait pas de la rivière pourpre, au contraire, il contrôlait son torrent. Fasciné, Josh se demanda s'il pouvait faire revenir en lui les tâches qui s'étaient étalées sur le bouchon jeté. Mais il ne le demanda pas, encore trop abasourdi par cette révélation de pouvoir.

Si Josh avait pensé à un pouvoir lié à l'écriture, il fit immédiatement le lien avec l'encre. L'encre de vie, tout simplement. Lui possédait les plumes tandis que Lilian produisait l'encre. C'était à la fois cliché et poétique mais le chanteur ne décidait pas vraiment de ce à quoi il avait envie de penser, c'était venu frapper son esprit et bien que l'éclair lancinant quittait peu à peu la place, l'idée restait.

Doucement le chanteur s'approcha de l'homme qui ressemblait parfois à un dieu mais qui restait un homme dans le fond. Il observa sous toutes ses coutures le journaliste comme pour trouver une preuve visible de sa mutation. Sa main remonta le long du poignet de Lilian, cherchant ses veines pour sentir si là, le torrent grondait plus vite et plus fort que celui des simples mortels qui n'avaient aucun contrôle. Ayant satisfait sa curiosité et répondu à ses questions, le mutant s'éloigna légèrement, inclinant la tête.

-C'est normal, l'humanité toute entière a passé un pacte avec lui. Les démons s'invitent dans nos coeurs et nos âmes, mais les anges les craignent. Comme vous le dites vous-même, ces personnages sont mythologiques, car qui n'a pu rencontrer la méchanceté dans ce bas monde? Et si cela existait vraiment, ce serait une bonté falsifiée, car on ne connait une chose que lorsque l'on a vu son contraire. Qui peut se prétendre heureux sans avoir vu la peine? Qui peut être sage sans avoir été déraisonnable? Et qui peut être bon sans savoir ce qu'est la méchanceté pour comparer?

Souffla doucement le poète, lui aussi très sérieux. Il était dans un état de séduction inconsciente, répondant simplement à Lilian. L'homme qu'il avait en face de lui l'attirait irrémédiablement, tant physiquement que sur le plan intellectuel, mais pour l'instant l'Ange avait trop à découvrir de l'Incube pour simplement chercher à la dévêtir. Ramenant les coupes à eux, le jeune homme versa un peu de sirupeux à parts égales. Les petites bulles lui sautillèrent au visage, le faisant cligner des yeux. Icare n'était pas un amateur d'alcool, mais il savait de temps en temps apprécier le bon vin ou le champagne, surtout quand c'était un soir de fête. Ce soir n'était certes pas la nouvelle année, mais un nouveau départ sans doute.

-Quelqu'un d'autre sait? Je veux dire pour vos dons? Bon nombre seraient prêts à vous craindre, à vous jalouser ou à essayer de profiter. Je dirais 1/3 pour chacun des cas. Quant à moi, je n'ai pas que mes plumes de parure, mon sang m'est incontrôlable, mais l'une se tarie, une autre source se crée.

Icare trouva rapidement quelque chose de coupant, sa boucle de ceinture, il entailla légèrement son bras, le liquide fleura et l'odeur revint à ses narines, mais alors que la tâche séchait rapidement, la plaie se referma. Icare ne révélait pas ce second don à n'importe qui; mais puisque ses ailes étaient une évidence, il devait aussi une révélation de mystère à Lilian pour qu'ils soient quittes.
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MessageSujet: Re: Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian]   Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian] Icon_minitimeDim 20 Jan - 17:29

L’odeur de son hémorragie et la noirceur soudaine du bouchon de liège avaient d’abord fait reculer son compagnon. Quoi de plus normal ? Il maîtrisait un fluide qu’aucune personne censée ne voulait voir hors du corps. Le problème n’était pas de s’avouer mutant, il était plutôt fier de ne pas appartenir à la sous race des êtres humains, mais, parfois, il rêvait d’un pouvoir plus amusant. Il enviait les chanceux qui s’exhibaient devant des yeux ébahis. Voler, cracher du feu, tordre des objets par la force de sa pensée, ... Un monde de possibilités rendait le gène x attirant. Sans avoir perdu à la loterie de la puissance, Lilian avait très vite compris qu’un don comme le sien l’exclurait de toutes les bonnes sociétés. Personne ne souhaitait un homme capable de vous vampiriser parmi ses relations professionnelles, à moins de chercher un tueur à gages. Le meurtre était un domaine dans lequel il excellait. Ses assassinats – souvent - involontaires n’avaient jamais laissé les moindres traces. La conscience d’un tel talent l’avait poussé à étudier les multiples manières de faire croire à une mort naturelle. Mais, à part pour quelques situations extrêmes, il feignait de n’en rien savoir et refusait de laisser sa mutation prendre le pas sur sa vie. Son destin n’était pas celui d’un assassin et il ne voyait pas l’intérêt d’écarter ses rivaux en les supprimant. C’était ennuyeux. Son plaisir résidait en sa certitude d’avoir une domination morale sur qui le défiait. Détruire, oui, mais à condition de laisser la proie agonisante aussi longtemps qu’il la tenait, c’était le seul moyen de s’élever dans une société comme la sienne, où les manipulateurs étaient rois.

Icare n’avait aucune idée du prix de la révélation qu’il lui faisait. En un an, seuls quatre mutants étaient entrés dans la confidence. Il ignorait toujours pourquoi Alice, une élève de l’institut avait eu le droit de savoir. C’était un acte irréfléchi qu’il regrettait parfois en songeant à ses conséquences possibles si elle venait à parler. Orsso était un homme de parole comme on en rencontre peu. Le mois dernier, il avait cédé face à un mutant qui partageait un don proche du sien. Un imbécile auquel on ne pouvait se fier mais qui, justement, lui assurait la sécurité de l’idiot.

Une main, celle du jeune homme, le tira de ses réflexions. Elle passa sur sa mitaine et caressa les veines de son poignet. Rien, ne pouvait trahir au toucher la manifestation de son pouvoir. Cependant, il ne put retenir un geste de recul. Des raisons troubles se disputaient dans son esprit. La plus claire de toutes était qu’il détestait l’idée d’un doigt frôlant la cicatrice de son adolescence.
Icare partit ensuite dans un discours philosophique qui s’écartait quelque peu du message qu’il avait voulu exprimer. Bien sûr, il n’avait jamais voulu parler d’êtres angéliques à force d’être préservés du monde, comme il en existait peut-être encore dans la haute bourgeoisie du siècle dernier. Il lui semblait simplement que certaines âmes étaient plus douces que d’autres. Par exemple, les tourments de son enfance le rendaient souvent monstrueux. Mais le malheur n’engendrait pas toujours des démons. Sans s’étendre davantage, il approuva le chanteur en invoquant un auteur.

- Il me semble que Balzac a fait une réflexion de ce genre dans la Comédie Humaine, en imaginant un ange sur terre, il ne voyait qu’un homme terriblement ennuyeux, vierge de toutes les passions et incapable de rien éprouver. Mais nous pouvons connaître la méchanceté sans avoir jamais cédé à la brûlante tentation d’être mauvais.

Quand à lui, il ne jubilait pas de la douleur des autres. En fait, il se contentait plutôt de remettre les choses là où elles devaient l’être lorsqu’une personne s’écartait du droit chemin. La règle était simple, on ne se moquait pas de lui et on évitait d’entraver ses projets.
Si quelqu’un savait pour son don ? Ah, Icare avait la déduction rapide, c’était très appréciable. Il avait, de plus, l’avantage d’un pouvoir de régénération. Quelle belle mutation ! Lilian leva son verre mais interrompit son geste lorsque le jeune homme se coupa délibérément le bras. Ses veines se gonflèrent aussitôt, prêtes à aspirer le fluide qui s’offrait. Même s’il arrivait à se contrôler, la nervosité le saisissait lorsqu’il approchait une personne blessée. Une petite voix lui soufflait : « prend-le, juste un peu », et il fallait résister, en ayant l’air le plus naturel possible. Cette fois, pourtant, l’entaille légère le troubla au point de lui faire agripper violemment la table. Avait-il à ce point baissé sa garde ? Oh, comme il avait envie de ce sang… Il ne se détendit qu’une fois la plaie bien refermée.

- Excusez ma réaction, souffla-t-il en retrouvant contenance, c’était assez impressionnant… - Il bu son vin en une gorgée. – La génétique vous a donné un don superbe. Vous seriez terriblement envié si les humains n’étaient pas si fermés… Je suppose que la régénération agit aussi sur votre sang ? C’est le cas pour moi. Et, pour vous répondre, des personnes savent oui, je ne suis pas un mutant solitaire, un tel don est difficile à porter. J’ai quelques amis mutants et je connais certains réseaux. Néanmoins, je me dévoile peu pour des raisons évidentes : je travaille avec des humains dans un domaine où l’on ne peut vivre sans réputation. Personne, en dehors de mon cercle de confiance, ne doit connaître mon pouvoir. Je ne suis pas dans la mafia, mon rôle n’est pas d’être redouté de mes collaborateurs, bien au contraire.

Malgré sa capacité à parler comme si tout allait pour le mieux, son visage avait pâli. Icare n’avait pu ignorer son attitude. Il le trouverait peut-être assez étrange et inquiétant pour s’enfuir. Ce serait la meilleure chose à faire, et Lilian n’avait jamais tant maudit les aléas de sa mutation.


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MessageSujet: Re: Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian]   Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian] Icon_minitimeDim 20 Jan - 20:12

-On a tous nos fardeaux. Mon pouvoir me vient de mes ailes selon les estimations d'un scientifique de l'institut Charles Xavier; mon sang est normal. Mais... Oui il doit aussi se régénérer, j'ai déjà gravement été blessé, au point de perdre beaucoup de sang; surtout que je n'ai pas guéri de suite. Il m'a fallu quelques jours je crois... Et je pense que si seule ma peau ou mes ailes se "reformaient"... Je serais mort.

Murmura doucement Josh, un voile passa devant ses yeux. Sa régénération n'avait rien de superbe, Julia s'était suicidée en le pensant mort tandis que lui s'éveillait à nouveau. Et quand il avait essayé de mourir pour la rejoindre, il n'avait pas pu, se régénérant à chaque fois. Quant à la réponse directe faite à Lilian, il commençait à saisir pourquoi Lilian lui la posait. Craignait-il de lui faire du mal avec son don? Sans doute, c'était forcément lié, d'une façon ou d'une autre. Ne pouvant s'en empêcher, Josh continua sur sa lancée, si Lilian s'était confié, lui aussi le devait, et plus que ça, il en avait besoin.

-Vous connaissez certainement Shakespeare. Et bien... Julia et moi l'avons vécu, mis à part que Julia n'a pas survécu. Son père a voulu me tuer, il m'a tiré une balle qui devait m'achever, Julia s'est tuée dans mes bras, et quand je me suis relevé, tout était fini pour elle. C'est ainsi que j'ai découvert ce "don". J'aurais préféré avoir une régénération qui guérit les autres.

Acheva doucement Josh sans complainte inutile, sans rajout dramatique. Il n'avait fait qu'énoncer la stricte vérité. Mais s'il avait son fardeau, Lilian aussi. Le jeune homme ne le fuit pas, si le journaliste était vraiment mafieux, il n'aurait pas eu ce teint pâle ni ces mots d'excuses. Encore une victime de sa mutation. Cela lui rappelait le cas évoqué d'un garçon qui produisait de l'acide et le projetait avec les mains, sauf que l'acide lui rongeait le corps et l'exposait à une mort prématurée. 5 ans, c'était ce qui lui restait de vie, et cette dernière ne serait pas de tout repos. Icare se souvint aussi de cet homme, un ami de Warren Worthington qui avait un don d'empathie particulier, il ressentait toutes les souffrances d'autrui, physiquement et mentalement, ce qui l'avait tué avant qu'Angel ne puisse le sauver. Dans l'incident, ce dernier avait perdu sa mémoire ponctuelle, l'oubliant de ce fait, et devant supporter une deuxième annonce du décès de son ami. La vie était cruelle, avec les humains, comme avec les mutants.

-Le gêne X ne fait pas le mutant, c'est son utilisation qui en fait l'homme.

Dit-il, se remettant encore du choc provoqué par l'image de Lilian qui s'était agrippé à la table comme s'il allait avoir une crise cardiaque, tout cela à cause d'une goutte de sang. Pour maîtriser le liquide carmin, il devait sans doute devoir prendre aux autres, se nourrir comme un vampire. L'idée mettait Josh mal à l'aise mais il devait absolument l'accepter pour mieux comprendre le personnage. La première question à se poser était de savoir si Lilian avait besoin de sang pour survivre, s'il avait soif comme les êtres de la nuit légendaire ou si c'était un "simple" désir ardent. Certains mangeaient ou buvaient sans faim après tout. Certes, il s'agissait là d'une activité "plaisante" bien particulière mais admettons.

-Vous avez déjà essayé les poches de sang? Vous m'avez parlé de régénération, vous seriez immunisé contre les maladies ou infections? Car la banque rejette très souvent des poches non compatibles pour les transfusions, elles sont faciles d'accès.

Josh était très terre à terre, mais en tant que l'un des rares connaisseurs du don de Lilian, il devait désormais l'appuyer, mais pour commencer, autant prendre conscience de l'étendu du don. Sortant de l'atmosphère triste et pleine de compassion-pour peu qu'ils y soient entrés.- le jeune homme optait pour une discussion active et pratique qui devait lui permettre de saisir le fonctionnement de Lilian. Tant pour le rassurer quant au fait qu'il se sentait à la hauteur de le côtoyer que pour l'être réellement. Pour s'habituer, après tout cela faisait parti de lui. Le but n'était pas d'essayer de le changer mais de pallier à ce gêne X apparemment récalcitrant. Et puis ils ne pouvaient pas juste discuter poésie, il fallait bien agir, rester pragmatique et reposer les pieds sur terre. Même un mutant volant et rêveur comme lui avait de temps en temps besoin de débarquer sur la terre ferme.

-Est-ce que ça aurait une chance de calmer l'envie, c'est de l'envie ou de la douleur?

Songa-t-il soudain, en se demandant si le fait que du sang s'échappe des veines ne faisait pas plutôt souffrir le mutant. Et s'il n'était pas totalement vampire mais plutôt empathique du sang qui se mourrait? Condamné à s'éteindre sans organisme pour le nourrir et le protéger? Dans ce cas, sa proposition serait caduc et pour Lilian, aucune solution ne se profilait...
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MessageSujet: Re: Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian]   Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian] Icon_minitimeMar 22 Jan - 14:55

Et il resta. Disons le franchement, Lilian aimait supposer et craindre des choses qui n’arriveraient pas. La fuite du jeune homme était une issue tragique séduisante, mais il avait pris soin de l’attacher avant de se mettre à découvert. L’ange resterait, comme toutes les personnes qui l’avaient un jour trouvé sincère et perdu sous sa piquante désinvolture. Mais combien étaient toujours là ? S’il aimait qu’on essaye de le comprendre, il détestait se faire aider. Icare portait la souffrance dans son regard. Sa douleur le fascinait. Ses fêlures, loin de l’assécher, donnaient du relief à sa beauté. Brisé, il réussissait à maintenir la vie en lui, et se gardait de l’ascèse qui vous dégoûtait du monde.
Malgré le trouble provoqué par les caprices de sa mutation, la discussion suivit son cours. Le chanteur dégagea les ombres de son passé. Il avait donc été recueilli par l’institut Charles Xavier, auquel Lilian ne s’était jamais beaucoup intéressé. Personne n’était venu le secourir lorsque ses pouvoirs s’étaient manifestés de la façon la plus horrible qui soit. Il avait dû se débrouiller seul, ce qui lui avait au moins épargné l’influence des partisans de cette école. Et qu’avait donc vécu Icare pour frôler la mort de si près ? La malchance le poursuivait. Il ne voyait pas d’autre explication. Celui-là avait un don pour s’attirer des ennuis que son esprit peu sinueux ne pouvait dominer. Ironiquement, sa mutation palliait sa fragilité. Les êtres comme lui étaient rares, en effet, car la justice sociale ne leur permettait pas de survivre.

- Mon sang se coagule très rapidement. D’une certaine manière, la mutation m’a sauvé aussi, souffla-t-il.

Et lui, serait-il encore en vie aujourd’hui ? Il ne le pensait pas ou, du moins, il n’en aurait plus pour très longtemps. L’overdose ou le suicide étaient les fins les plus probables de sa vie d’humain, tant ses pensées excessives conspiraient à sa propre destruction. Même s’il finissait par dépasser ce stade et, sans doute, gagner en maturité.
Icare se livra plus entier pour lui expliquer les raisons de ses blessures. Le père d’une certaine Julia avait voulu le tuer, et la jeune fille s’était tuée de chagrin. Le drame était, comme le disait l’ange, très shakespearien. Inutile de poser davantage de questions pour comprendre. Un mutant s’était entiché d’une humaine et avait réveillé une haine des plus primales chez le père. Il fallait bien qu’une personne aussi gentille soit vue comme une espèce nuisible pour être tirée comme du bétail.

- Un pouvoir inutile puisque vous seriez mort avant d’en faire usage, répondit-il très prosaïquement. Julia serait morte de toute façon. Peut-être que les choses auraient été différentes si vous aviez été humain, comme elles l’auraient été si vous étiez né femme, dans une autre famille, dans un autre pays… La mutation vous a sauvé, elle a fait votre force, elle est votre don. Julia est la victime de son père et de sa propre bêtise. Qui ne peut dominer son désespoir, n’a pas les armes pour survivre. Vous avez peut-être été l’élément déclencheur de sa mort, mais personne ne se tue sur un simple coup de tête.

Il savait que ce genre de discours passait difficilement quand l’affection rendait aveugle. Seulement, Icare n’avancerait jamais en gardant ces faux regrets. Lilian n’avait pas peur des mots durs, mais il les prononçait souvent sans la moindre empathie, avec une arrière fond de moquerie qui déchargeait sa conscience – il avait donné les outils à l’autre – tout en le rendant détestable : on ne l’écoutait pas puisqu’il était méprisant. Cette fois, il chassa l’ambigüité derrière laquelle il se cachait et dévoila les cicatrices de son poignet pour prouver au jeune homme que ses mots n’étaient pas gratuits.

- Certains idiots ont parfois plus de chance que d’autres.

Ainsi, ils étaient à égalité, même si Lilian se contentait de suggérer au lieu de dire, il ne fallait pas non plus trop lui en demander.
Comme Icare essayait de s’intéresser un peu plus à son pouvoir, il lui donna l’éventualité de se nourrir avec des poches de sang. Oui, il n’hésitait pas à le faire lorsque l’occasion se présentait, mais le plaisir était très différent, et, elles n’étaient pas si facile d’accès que le chanteur le prétendait. Il fallait pouvoir s’en approcher fréquemment sans jamais éveiller de soupçons, chose très contraignante pour un homme de sa position. Et son envie ne se contrôlait pas toujours. Icare avait très vite compris la « soif » qu’engendrait sa mutation. Entre envie et douleur, la frontière était finalement très ténue.

- J’ai déjà essayé oui, dit-il après un silence. Mais ça ne fonctionne que très moyennement. Pour moi, le sang de ces poches est comme mort, il est immobile, je ne le sens pas comme je sens actuellement le votre. Rien de dangereux, ne vous inquiétez pas, j’ai juste une perception très fine de la circulation sanguine, ce qui me rend surtout très empathique. Quant à cette soif que vous avez devinée, elle n’a pas toujours été là. Autrefois, ma régénération n’était pas assez rapide pour me permettre d’utiliser mon pouvoir sans prendre du sang aux autres, car une fois sorti de mes veines, je ne peux plus l’y faire retourner. Mais, par une évolution que je n’explique pas très bien, mon corps manifeste souvent le besoin de rejeter mon sang pour prendre celui des autres. Je fais au mieux pour le renouveler sans causer d’incidents, et je suis effectivement immunisé à toutes contaminations. En ce moment même, mon organisme travaille à supprimer l’alcool que je bois, ce qui me désole un peu, ajouta-t-il avec un sourire.
Il vida son verre et, pour chasser l’inquiétude d’Icare, il murmura, le regard espiègle :
- Mais je ne vous vampiriserais sans votre autorisation. Je crois juste que je vous aime bien et que personne ne devrait à l’avenir s’aviser de vous tirer dessus.

Et puis, Icare n’avait manifestement pas grand-chose à craindre de lui si son organisme recyclait ce qu’il perdait. C’était une chose qui le laissait étrangement rêveur.
Derrière la porte, le groupe annonçait la dernière chanson. Il y aurait probablement un rappel puis, on leur demanderait de quitter la loge. Le temps filait trop vite et il n’avait aucune idée de ce qu’il pourrait faire ensuite. Rien, songeait-il. Il serait plus sage de rester sur le souvenir d’une belle discussion pour l’instant.


Dernière édition par Lilian D'Eyncourt le Jeu 21 Fév - 23:43, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian]   Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian] Icon_minitimeMer 20 Fév - 23:30

-Et si je vous donnais l'autorisation?

Avec un petit sourire énigmatique en toute réponse en plus de cette simple phrase, Icare se dirigea vers la porte. Il avait écouté attentivement toutes les paroles de Lilian et ne pouvait que compatir, sans tomber dans le domaine de la pitié non plus. Alors il préférait utiliser une sorte d'humour qui amènerait aussi le journaliste à accepter ou non de le revoir. Le jeune homme n'avait pas peur d'être vampirisé étonnamment, mais au final l'était-ce réellement? Josh connaissait beaucoup de choses sur la douleur physique ou mentale, il en avait connu des tortures. Celle-ci lui rappelait le Musicien qui volait la vie à ses victimes, seulement le chanteur espérait bien changer la donne en s'offrant un jour, s'il le souhaitait, cela ne faisait pas de lui une victime n'est-ce pas? Quant à Lilian il ne devait pas rester celle de son pouvoir de plus en plus gourmand visiblement, restait à savoir quand l'évolution cesserait. Lui-même avait cru que son "cri" serait son unique don, avant de voir pousser ses ailes et de devenir quasiment immortel.

-Mais pas ce soir...

La phrase tomba, sentence légère en faveur de "l'accusé" qui était passé aux aveux. Le jeune homme hocha doucement la tête comme pour affirmer ses propos et sa promesse dont l'accomplissement serait jugé par le temps. Le temps qu'ils se remettent de leur rencontre, qu'ils se retrouvent au hasard ou que l'un d'eux ose organiser la prochaine entrevue qui sait? Icare sourit d'un air entendu, c'était lui qui avait fait le premier pas ce soir, la courtoisie exigeait que Lilian esquisse le prochain. Seulement respecterait-il lui-même cette convenance? Ils n'avaient jusque là observé aucune règle de la société tout en sachant rester galants l'un envers l'autre. Cette pièce, leur bulle, avait vu la naissance d'un autre monde avec de nouvelles règles. Josh se languissait par avance de revoir son mystérieux visiteur et il se demandait déjà quelles seraient les circonstances de leur prochain rendez-vous.

-J'aviserai les prochains tireurs de l'opinion que vous avez émis à ce propos, c'est promis.

Fit-il avec un nouveau sourire; amusé de prendre des sujets aussi graves de façon sereine et presque volage. Finalement sa main délicate actionna la poignée, il saisit sa guitare et le livre de La Fontaine, mais avant que leurs deux silhouettes apparaisse à la vue de tous, Josh s'approcha du journaliste et déposa un petit baiser, très léger sur le coin de ses lèvres.

-Merci pour le livre, bonne soirée.

Termina l'ange, comme si le recueil était l'élément phare de cette soirée, alors qu'il n'était qu'un détail. Cela dit, il entrouvrit un peu plus la porte, laissant à Lilian l'occasion de retarder encore un peu leur adieu ou le précipiter en l'ouvrant définitivement.
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MessageSujet: Re: Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian]   Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian] Icon_minitimeVen 22 Fév - 0:59

Parler de sa mutation à des presque inconnus la rendait de plus en plus tolérable. Elle n’était qu’une prolongation de lui-même, une seconde peau collante, poisseuse, dont il essayait de se débarrasser pour dissimuler la vérité. Les apparences l’avaient toujours sauvé, pensait-il. Ses talents d’hémokinésiste étaient tout sauf séduisants, puissants, peut-être, mais trop contraignants. Les gens se méfiaient d’un homme capable de contrôler le sang. Ils avaient raison. Son pouvoir attirait la mort et, sans être un meurtrier psychopathe, il commençait à l’aimer. Les souvenirs de son expédition dans les Rocheuses lui revenaient souvent. Lorsque des monstres de laboratoire s’étaient jetés sur lui, il avait pu les neutraliser en absorbant sans retenue une incroyable quantité de sang. Comme il s’était senti vivant ! Dire qu’il n’avait pas cherché à reproduire l’expérience depuis serait mentir. D’un soir à l’autre, il lui arrivait de s’agenouiller près d’un sdf pour une étreinte sans lourdes conséquences. Les problèmes éthiques du début s’effaçaient doucement, mais il feignait de les garder intact. Parfois, il se demandait si cette nouvelle passion détruirait son âme et il souriait amèrement en se retournant sur les cadavres de son passé. Il n’avait jamais surévalué la vie humaine, au contraire. Non, sa seule crainte était d’être découvert, d’être condamné par l’opinion publique et détesté, comme un enfant pris en faute. Il courait après un amour qu’il ne comprenait pas, mais, une fois débarrassé de ses obsessions, Lilian levait le voile sur une conscience paresseuse, à peine fonctionnelle.
Froid de cœur, il ne l’était pourtant pas. Un côté artiste le tenait. Il ne se voyait pas comme un sociopathe, juste comme un être désabusé et ennuyé de tout. Sa cicatrice parlait d’elle-même. S’il était capable de tuer, c’était aussi que l’idée d’en finir lui faisait peu de choses. Il était heureux d’ailleurs qu’Icare ne l’interroge pas davantage à ce sujet. Le jeune homme garda une réserve délicieuse pour rebondir très adroitement sur des mots chargés d’ambigüités. Qu’importait l’horreur de ces dernières années, il y avait plus important. Le badinage était la seule chose qui comptait.

La perspective de goûter au sang de l’ange lui décocha un sourire plein de malice. Cependant, Icare refusait de s’abandonner à la facilité et, comme s’il craignait d’avoir enclenché cet engrenage terrible qui devait mener à quelques scènes torrides avant l’aube, il fit retomber toute la tension en annonçant son départ. Bien qu’un peu contrarié, Lilian conserva son air réjouit. La partie n’était pas encore gagnée, il aimait cela, et les envolées d’amour platonique qui flattaient tant l’esprit en attendant la victoire. Au fond, le sexe était une chose si facile à avoir qu’il aimait chérir des histoires inaccessibles. Après, ce n’était plus drôle, il se lassait toujours, sauf avec Nathanaël, qu’il n’avait cessé de prendre et de rejeter par peur, sans doute de voir la passion s’étioler. Etait-il plus mature aujourd’hui ? Il en doutait. Il valait mieux continuer à rêver, mais Icare semblait déjà trop charmé pour ne pas le tenter. Non… Il serait bien trop dommage de laisser filer ce garçon, de perdre une occasion peut-être unique de vivre quelque chose de réellement intense pour combler un temps le vide qui le dévorait. Le baiser qu’il déposa au coin de ses lèvres ouvrait déjà un monde de voluptés. Lilian s’était laissé agréablement surprendre. L’habile créature avait pris les devants pour ne pas se retrouver au pied du mur. Mais, Icare lui accordait encore le temps de la réplique. Une main sur la tranche de la porte, il attendait une sorte de réaction.

Sans un mot, Lilian se leva, avança droit sur lui pour cueillir ces lèvres trop vives, et il se passa ce qui arrivait toujours lorsque deux êtres terriblement attirés l’un par l’autre cédaient à l’expression de leurs désirs, un début ému et hésitant, une vague résistance, puis le baiser plus franc des cœurs qui s’emballent. Il avait oublié à quel point cela pouvait être grisant, au point d’être un acte complet en soit, affranchi du reste. Il avait fallu que la porte entrouverte ne se claque sous le poids de leurs corps pour revenir au présent, aux hourras du public et à l’heure du départ, car il ne retiendrait pas le jeune homme, il aurait trop à perdre en le possédant trop vite.

- Bonne soirée. Nous nous reverrons certainement, dit-il en s’éloignant de lui et en ouvrant la porte. Un signe de main, un vague sourire en coin, et il était parti, sûr de retrouver le contact du jeune homme facilement lorsqu’il le souhaiterait. Il attendrait une semaine ou deux, et lui écrirait une lettre sans proposer de rendez-vous. Rien ne pressait même si, les mauvais réflexes faisaient déjà surface et le poussaient à chercher un regard ami dans la salle, une personne qui, comme lui, n’avait finalement pas très envie de se retrouver seule avec elle-même à la fin du concert.
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MessageSujet: Re: Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian]   Nous avons dansé? Et bien chantons maintenant [PV Lilian] Icon_minitimeMar 14 Mai - 14:52

Le contact fut bref mais intense, changeant de nuances au milieu de cette action à la fois unique et multiple. Le chanteur offrit une idée des autres capacités de sa langue en titillant gentiment les lèvres de son comparse. Juste pour lui voler un peu de son goût. Lilian était-il amer? Sucré? Salé? Acide? Icare aurait penché pour de la gourmandise saupoudrée d'un peu d'épices. Une combinaison originale qui empêchait le sucre de devenir écœurant et l'acidulé de trop piquer. Ces prémisses contenaient moult promesses futures. Icare ignorait quand il reverrait le journaliste, mais il aimait à penser que ce "bonjour" qu'ils avaient à peine eu le temps d'esquisser se transformerait en "adieu". Josh avait trop envie de connaître le mutant sanglant pour renoncer à sa présence facilement. Pourtant ce soir, il ne fit aucune difficultés, décollant ses lèvres de celle de son interlocuteur pour le laisser ensuite vaquer à ses affaires. L'artiste récupéra sa guitare, repoussant ses longs cheveux derrière son oreille pour se redonner contenance. Il passa son manteau par-dessus ses épaules. Finie la liberté, il en avait assez eu pour aujourd'hui, il ne fallait pas la gaspiller sous peine de la voir disparaître.

En traversant le bar, le chanteur s'aperçut vaguement que Lilian courrait les lieux du regard. Était-ce son imagination ou une réalité? Une petite pointe de jalousie transperça son coeur sans qu'il ne sache pourquoi. Sans doute parce qu'il regrettait que le journaliste ne lui appartienne pas ce soir. Tout du moins sa partie la plus vénale le ressentait ainsi alors que son esprit jouait plus finement... Préférant la douce souffrance de l'attente et la prudence qui le poussait à connaître Lilian avant de se jeter dans ses bras. Un brin de dignité également l'empêchait de jouer les amants transis, il tenait à son image et ce fut finalement le mystérieux artiste qui gagna la partie. Sans regrets donc, ces derniers ayant achevés de se noyer dans l'amertume éphémères, le jeune homme s'évapora dès la sortie du bar.

Dans l'ombre, l'ange tourna une dernière fois la tête, ses cheveux blancs offrant une étrange lumière aux lieux qui en étaient normalement privés. Un petit sourire se logea sur ses lèvres tandis qu'il reprenait sa route, sa guitare sur le dos, et son coeur ailleurs.
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