Don't let me alone ... [pv Squad + demande mp]

Et l'Ombre était reparti dans les ombres, et j'étais seule sur le quai, seule contre mon engin. Seule à observer les mecs descendre du ferry. L'un d'eux s'approcha. J'eus un mal fou à parler alors qu'il me demandait mon nom. J'étais épuisée, réellement. Je ne voulais qu'une chose, c'est dormir. Difficilement, je réussi à lui dire qui j'étais, et surtout ce que j'étais.

-Agente du secteur interne …

D'autres mecs défilèrent devant moi, disparaissant dans la nuit dans des voitures qu'ils avaient débarquées. Une mission très certainement. Je n'en savais pas plus. Je les observais alors que l'autre mec m'attrapait pour me soulever. Je manquais de hurler, alors qu'il m'avait saisi juste sous les bras, appuyant sur mes côtes déjà bien endommagées. Il s'excusa, me chargea le plus vite possible, m'allongeant sur le sol pour ne plus aggraver mes blessures. La PLS ? Même pas en rêve. Juste imaginer qu'il pourrait me la faire, j'en frissonnais. J'avais mal, et ne même temps, je ne sentais plus grand chose. Mon corps se laissait aller, je n'avais plus l'impression de le contrôler. Si étrange à expliquer. La douleur m'irradiait alors que le mec restait à mes côtés, me tenant la main, me parlant alors que son copain qui avait en vitesse chargé ma moto s'énervait visiblement sur son téléphone. J'étais sur une sorte de banc du bateau, à l'observer ce mec que j'avais couvert de sang. Il me surveillait que je luttais à nouveau pour rester éveillée, mais je n'avais plus la moindre énergie. J'avais déjà donnée pendant la balade en moto. Trente minutes à m'accrocher à un mec que je ne connaissais pas, dont je n'avais même pas vu le visage. Un mec que je ne reverrais certainement jamais.
L'autre me parlait, me disait des choses, je ne suivais même plus. Il me demandait ce qu'il c'était passé, il voulait savoir, mais je n'arrivais même pas à émettre des syllabes. J'étais juste allongée, dehors, à observer le ciel, le vent me balayait le corps et je sombrais peu à peu, dans un méandre plus noir encore que la nuit.

Plus que des impressions, des sensations. On tente de me réveiller, j'ouvre à peine les yeux. Des bruits, des voix, des images floues. Des lumières parfois dans cet enfer sans fin où je vole, des lumières éphémères. Je ressens une douleur alors qu'on me porte. Et la nuit disparaît.
Tout passe si vite, je bouge à peine. Je voie des lumières au-dessus de moi, qui défilent alors que je me sens avancer. Parfois des ombres, des têtes, du moins je crois, je ne sais pas, je ne vois rien, je perçois juste, parfois les images se forment quand j'entrouvre un œil mais disparaît aussitôt. Je ne sais pas où je suis, je ne sais plus où j'en suis. J'ai mal, je ne comprends plus rien. Je tente de ne pas sombrer. Et lorsqu'un homme se penche vers moi, me demande si je l'entends, je sombre …

Tout défile, tout mon passé à nouveau. Mon passé qui revient me hanter. Encore et toujours. Et elle, elle qui ne quitte jamais mes pensées. Neera. Elle est là, au-dessus de moi, et elle me tend la main. Toutes de lumière, elle m'observe. Pas un mot ne passe ses lèvres. Juste son sourire et son visage si cher à mon cœur. Doucement, je relève la tête. Doucement, je tends mon bras. Et elle touche ma main.

Cette lumière, elle me sort. Je regagne cette semi-conscience ou je tombe si souvent, elle qui me permet d'entendre, de sentir, de ressentir.
Allongée, j'ai encore mal, mais les douleurs semblent atténues, comme si le ''volume'' avait baissé. J'entendais des voix, plutôt calme. Je sentis un poids au-dessus de moi, une couette je crois. J'étais au chaud, presque bien si on oubliait ce qui me traversait l'esprit, tous ses signaux qui faisaient souffrir mon corps. Je sentais des odeurs. Le désinfectant notamment, une odeur que je détestais puis cette nuit … depuis la mort de ma mère.
Et doucement, j'ouvris les yeux.
J’étais encore dans les vapes, un peu perdue. La tête droite, je vis le plafond. Blanc, tout simple, mais sombre par le manque de lumière. Les deux seules présentes étaient à côté de ma tête, sur le mur. Aucune autre n'était allumée. Il faisait sombre. Et j'avais un peu le tournis. Mon regard se porta à droite. Une grande perche, avec une poche de sang accrochée, et un autre translucide qui contenait autre chose. J'entendais les gouttes qui tombaient dans le réservoir. Et surtout, j'entendais deux cœurs. Doucement, presque au ralenti, je tournais la tête. D'abord dans l'ombre, je distinguais bientôt la silhouette assise sur la chaise. Un homme, d'une certaine carrure, la peau sombre et un visage si familier maintenant. Malgré moi, je tentais de sourire, mais au lieu de ça, je me mis à tousser, puis à cracher à nouveau du sang dans la paume de ma main. J'eus besoin de quelques secondes pour respirer avant de pouvoir poser ma question presque trop évidente maintenant.

-Tomàs ?

Ma voix mourrait à moitié dans l’interrogation. Doucement, ma main se posa sur la couette, imprimant l’empreinte de celle-ci, une empreinte pourpre. Je me sentais mal, j’avais envie de vomir, et le tournis que je ressentais n’arrangeait pas les choses. Je n’arrivais pas à me faire une idée bien précise de l’endroit où j’étais. C’était si … flou.

-J’suis … où là ?

Mon autre main se posa sur mon visage. Une vive douleur crispa mon visage entier alors que je retirais ma main de mes blessures. Merdouille … Mais qu’est-ce qu’il s’était passé déjà ...

▬ Cela faisait quelques jours déjà qu'il avait eu entre les mains le dossier d'une certaine Maeva Hunter, dites Griffe. On lui avait confié son étude pour établir après quelques tests, ses compétence en matière physique, mentales, philosophique et morales mais surtout sa capacité à gérer des conditions de combat pour au final, satisfaire ou non sa demande d’intégrer le secteur intervention, le bras armé du Bureau des Affaires Mutantes. Cela faisait déjà quelques temps que Blake était dans ce secteur, il commençait à se voir donner quelques missions en tant que chef d'escouade et ce dossier était une preuve de plus que ses compétences étaient reconnues par sa hiérarchie. Son téléphone sonna, dans la poche de sa veste alors qu'il revenait pour passer la soirée et la nuit ici en cas d'urgence. Ce n'était jamais des moments facile, mais il fallait toujours être prêt, c'est le métier qui veut cela et le fait que Blake n'ait plus d'attache et aucune obligations dans la vie civile lui permettait de bien vivre ses conditions de vies. De plus, ce n'est pas comme ci, toute sa vie, on ne lui avait pas ordonné d'avoir ce genre de disponibilité. Il décrocha et la voix de son supérieur direct résonnait dans son oreille.

« - Oui, je suis sur place.
- L'agent Hunter a été retrouvé salement amoché sur le quai du BAM y'a pas longtemps. Elle était inconsciente donc on n'en sait pas plus, mais je veux que vous preniez cette affaire en main. Il y a coup et blessures sur agent donc prenez les dispositifs nécessaires. Il me semble que c'est votre dossier pour le recrutement, non ?
- Affirmatif, où est-elle ?
- Dans l'infirmerie, on s'occupe d'elle, interrogez-là pour savoir ce qui s'est passé et faites moi signe.
- À vos ordres. »

Tomàs accéléra légèrement le pas, le regard sévère. Il grimpa quelques escaliers, passa quelques portes et croisant quelques connaissances qu'il n’eut pas le temps de saluer. Il se demandait ce qui avait bien pu se passer mais gardait son sang froid, restant lucide. Il se dirigeait maintenant vers l'infirmerie, traversant quelques bureaux, tout en se questionnant sur le fait qu'un agent de la diplomatie se soit retrouvé sur le quai avec des marques de coups et de blessures au point de la faire tomber inconsciente. La première question était, pourquoi s'était-elle retrouver sur le terrain ? S'était-elle fait agressée en mission ou pas ? Et si elle s'était fait agressé pourquoi n'a-t-elle pas appelé le bureau pour que des secours viennent la chercher ? Il demeurait beaucoup de questions sans réponse alors qu'il poussa la porte battante de l'infirmerie, cherchant une infirmière.

«  - Je cherche l'agent Hunter
- Ah oui, elle est là bas, elle est encore inconsciente je crois.
- D'accord merci. »

Il traversa la salle, arrivant près du mur ou Griffe se trouvait allongée, sur un lit. Elle était en effet inconsciente même si son visage provoquait toujours ce même effet à Tomàs. Il interpella alors une autre infirmière, qui s'occupait d'un autre blessé, par balle, visiblement dans la pièce d'à côté.

« - Excusez-moi.
- Oui ?
- Qu'à-t-elle ?
- Et bien, quelques côtes endommagées, une hémorragie externe et des coups et lésions, rien de très grave mais elle est très sonnée et inconsciente. Il lui faudra du repos. Vous êtes ?
- Agent Blake je suis chargé de savoir ce qui lui est arrivé. Vous pouvez confirmer qu'il s'agit d'une agression donc ?
- Oui, parfaitement, elle s'est fait frapper, par un homme ou peut-être plusieurs.
- Je vois, je vous remercie. »

Il s'assit sur une chaise, à côté du lit, la tête contre le mur se trouvant derrière lui, les bras croisés, patientant le réveil de Griffe. Au bout de quelques minutes, elle ouvrit les yeux, regardant autour d'elle. Elle toussa et cracha du sang avant de demander où elle se trouvait. Tomàs lui laissa un peu de temps, ne la brusquant pas trop rapidement de questions. Il savait qu'elle irait bien, il n'était donc plus inquiet et ne voulait pas montrer de l'inquiétude sur son visage.

« Tu es à l'infirmerie du BAM »

Il la fixait, l'air sérieux et les sourcils froncés. Attendant donc quelques secondes avant de reprendre.

« Comment te sens-tu ? »

Il restait assis là, s'étant tout de même penché en avant et ôtant sa veste pour la déposer sur le rebord du lit, à côté d'une pancarte du médecin indiquant les doses prescrites. Elle avait une injection de sang et une poche à côté d'elle dont Blake ne se préoccupa pas.

« Tu peux me dire ce qu'il t'es arrivé ? »

Peut-être avait-elle oublié. Elle n'avait pas perdu totalement la mémoire c'était certains étant donné qu'elle se souvenait de son prénom. Mais des blackout peuvent être très fréquents dans ce genre de cas et nuire totalement à la mission qu'on avait confié à Squad et qu'il prenait doublement à cœur : part sens du devoir et par amour, sentiment qu'il s'avouait doucement à lui même le gardant secret et ne le montrant pas.

Je l'observais, un peu désorientée. J'avais l'impression d'avoir du coton dans le crâne, étouffant mon esprit et mes sens. C'était si étrange, vraiment. Je rêvais encore ou quoi. Il était pourtant là, devant moi d'après ce que je voyais. Sauf que je savais même pas si je pouvais m'y fier.
En fait, je ne fus sûre de moi que lorsque j'entendis sa voix, voix qui m'arracha un semblant de sourire. Ce n'était pas un rêve. Tant mieux, et dommage à la fois.

« Tu es à l'infirmerie du BAM »

Au BAM … l'infirmerie …
Je ne me souvenais même pas du voyage, de comment j'avais fait pour arriver là. Des flashs, c'étaient tout ce qu'il me restait. Rien de plus. Je l'observais, essayant de me souvenir pourquoi j'étais là, et surtout pourquoi mon corps me lançait ainsi. Qu'est-ce qu'il s'était passé … je ne m'en souvenais même pas.
Ses yeux me fixaient, j'avais l'impression qu'il était en colère, sauf que je ne comprenais pas pourquoi. J'avais fait quelques choses de mal ? Je ne savais plus, j'avais un trou, un putain de trou. Mais comment je m'étais fait ça ? Qui ou quoi …
Et d'autres questions encore me venaient alors que j'avais un peu de mal à soutenir ce regard que je pensais presque accusateur. Depuis quand j'étais ici ? Depuis combien de temps j'avais ses blessures et surtout, ou était … ma bécane …
Tout se mettait à tourner dans mon crâne alors que je tentais péniblement de recoller les morceaux. Trop compliqué, si confus …

« Comment te sens-tu ? »

Je relevais un peu les yeux vers lui, alors qu'il se pencha, s'approchant plus de moi. Et une autre question me vint à l'esprit, à propos de lui, de cet homme qui m'avait raccompagné la dernière fois et que je n'avais même pas pu remercier. Et aujourd'hui, il était encore là, devant moi. Depuis combien de temps il pouvait bien m'attendre là, assis à mon chevet ? Alors qu'il enlevait sa veste, cette question tournait dans ma tête. Une question assez pertinente.

-J'ai l'impression d'avoir … pris de plein fouet une remorque …

Je respirais encore assez mal. C'était compliqué, j'étais oppressée, vraiment. Ça me faisait mal, chiant, rien que ça …
Des images violentes, sombres et douloureuses me revenaient à l'esprit. Des images étrangement familières, des images … des coups … un homme … Karl …

« Tu peux me dire ce qu'il t'es arrivé ? »

Je portais mes mains devant mes yeux, lentement. Elles étaient encore couvertes de traces séchées et pourpres, et mes bras également. Ce sang … cette odeur, si tenace … ce n'était pas le mien.
Doucement, je posais mes mains à plat à côté de moi pour me redresser. Avec difficulté, je réussi à me redresser, pouvant ainsi mieux observer autour de moi. Et mes yeux revinrent vers lui alors que je me tenais le ventre, à l'endroit où mes côtes me faisaient souffrir.
Ça repassait doucement, par instant. Karl … il m'avait encore trouvé … il avait encore … ses coups, c'était eux … Mais ce sang …

-Je …. j'étais de perm et …

C'est ça, la perm … Ma moto, la route, la boite. La soirée avait si bien commencé. Ça aurait dû continuer mais j'avais voulu rentrer … les images défilaient, doucement. Puis son visage. Un frisson me parcourut le corps, m'électrisant la peau. Le premier coup …

-On m'a … il m'attendait … dehors.

Karl m'avait retrouvé. Une putain de grande baffe dans ma gueule. Il m'a retrouvé, encore. Et il s'approche, il veut ce qu'il n'avait eu, et qu'il n'aura jamais. Ses potes …

-Ils … Quatre … je pouvais pas …

Les images, les souvenirs s'accélèrent. Les frissons s'accentuaient, vague après vague, toujours plus fortes … il s'approche, ses mains me touchent, il tente de m'embrasser et je le repousse furieusement.

-Il me voulait … j'ai tenté de … il m'écrasait … m'étouffait … ma tête … ça faisait … ça fait mal …

Mes mains se posèrent sur mes tempes, je les écrasais dessus pour tenter de calmer la douleur que je ressentais soudain, alors que je plissais les yeux. Je me rappelais de ce moment, ou mon crâne fut presque fracassé contre le mur. Je me rappelais de ce qui hurlait en moi. D'elle et …

-Les tambours …

Ça avait hurlé …

-Les tambours …

Ça avait hurlé à la guerre …

-Je … il … j'ai …

Je me recroquevillais alors que j’avais l’impression que mon crâne allait exploser. Ça le faisait si mal … je tremblais, je pleurais presque tant ça me faisait mal … j’avais envie de hurler et mes mains tremblaient tant je les appuyais sur mes oreilles …

-J’ai … mal …

▬ Cela n'allait pas être aisé de connaître véritablement ce qu'il s'était passé pour Griffe ce soir là. Elle était encore très sonnée, bouleversée et perturbée ce que l'on peut aisément imaginer en voyant les blessures qu'elle avait. Elle a beau être une mutante, une agente du Bureaux des Affaires Mutantes et une ancienne militaire formée au combat, le fait est qu'elle s'était fait frapper, tabasser même serait plus juste. Il fallait donc s'attendre à ce que le ou les personnes qui ont fait cela soit fortes ou nombreuses. Il y avait aussi la possibilité qu'elle se soit fait attaquer par surprise mais si on en croyait ses performances de son dossier, c'était pas le genre de personnes que l'on pouvait facilement prendre par surprise. Elle se redressait, tant bien que mal, regardant ses mains en disant plusieurs choses qui n'étais pas réellement compréhensible. Elle disait s'être fait percuter par un camion mais si on en croyait les infirmières, elle s'était bel et bien fait frapper et non renverser par un véhicule. Son impression devait être erronée et simplement due à la confusion engendré par la douleur.

Tomàs restait impassible, les mains devant lui, penché dans une attitude d'écoute il savait très bien par expérience que dans ce genre de réveil, le fait d'être assailli de questions n'arrangeait rien, ni dans la rapidité des réponses, ni dans leurs justesses. Il avait vu beaucoup de personnes dans des centres hospitalier ou des hôpitaux militaire à qui il devait sous-tiré des informations à propos de l’ennemi et son expérience lui disait clairement que Griffe était dans ce genre d'état de choc auquel seul le temps et la patience était récompensées. Il ne dit donc rien, la laissant se remettre, elle continuait à dire des choses que Tomàs enregistrait. Des phrases et des choses pas très compréhensibles pour le moment mais il était prêt à parier que cela aurait son importance plus tard, lorsque les esprits de Griffe redeviendraient clairs. La chose la plus étonnante fut cette histoires de tambours, cela relevait plus du délire que de souvenirs de l'incident. Cependant, on ne pouvait pas entendre de nom, cela voulait dire qu'elle ne connaissait pas son agresseur ou plutôt ses agresseurs qui étaient au nombre de quatre. Il fallait en être certains. Le fait qu'elle puisse potentiellement les connaître ou qu'elle ait pu les identifier pourrait faire avancer les recherches très rapidement.

Le visage de cette jeune femme était emplis de souffrance et elle conclu par ce qui semblait alors évident. Tomàs ne dit rien, saisissant la main de Griffe pour tenter de la rassurer. Elle était recroquevillée sur ce lit d'infirmerie, tremblant de ton son corps et gémissant. Il saisit donc l'une des mains de Maeva, la regardant avec un regard sérieux mais bienveillant tout en lui laissant le temps de revenir à elle.

« Tout va bien Griffe, tu es hors de danger. Prends ton temps. »

Il conclu par un sourire alors que sa voix grave et chaleureuse résonnait dans la pièce. Une infirmière passa vers elle, manipulant les poches tout en faisant signe à Tomàs d'y aller doucement. Lorsqu'elle repartit, il repris alors.

« Quatre dis-tu, peux-tu me dire qui ils étaient ? »

Un sentiment de colère envahit alors Tomàs, progressivement. Il montait en lui depuis qu'il avait appris la nouvelle et cela s'intensifiait avec cette nouvelle qui arrivait, disant que quatre hommes l'avait agressé. Ce sentiment de colère et de vengeance, il le repoussa, pour ne pas se précipiter et ne pas transmettre sa rage à Griffe. Il fallait qu'elle se sente rassurée, en sécurité pour le moment. Il fallait qu'elle explique à Tomàs ce qu'il se passait pour qu'il puisse intervenir en personne si il le fallait. Il regardait cette jeune femme meurtri et il était évident en y regardant de plus près que le traumatisme ne venait pas simplement des événements de ce soir. Il y avait autre chose même si pour le moment l'agent afro-américain ne pouvait pas en dire plus. Même si il ne connaissait pas la vie de Griffe, il pouvait voir dans ses yeux qu'elle avait souffert également autrefois. C'est ce genre de chose que l'on peut voir que lorsqu'on a nous même vu cette souffrance, profondément ancrée dans les êtres et qui peuvent venir jusqu'à leurs guider leurs actions, leurs vies. Tomàs avait fait le deuil de tous les événements douloureux et sa vie et de son enfance, il ne voulait plus être l'instrument de sa souffrance et avait repoussé tout cela, pour l'oublier. Ce n'était peut-être pas la meilleure chose à faire, mais pour l'instant, cela lui convenait.

C'était si compliqué, tant le bordel dans mon crâne. J'avais tellement mal. La douleur se mêlait à des souvenirs, à croire qu'ils tentaient d'enfoncer la porte de ma mémoire. Les images et les sons étaient entrecoupés de hurlements, de hurlements bestiaux …
Les tambours … les tambours de guerre …
Stop … Stop …

Soudain un contact doux, chaud sur l'une de mes mains. Je sursautais brutalement, tentais de m'éloigner, voulant même frapper pour me libérer avant que je croise son regard et arrête mon mouvement. Il m'avait fait peur, je l'avais presque oublié. Mon cœur s'était emballé, ma respiration était courte après ce ''brusque réveil''. Sa main, je la regardais alors qu'elle était sur la mienne. Ça me semblait si étrange. Mais je ne l'ai pas repoussé, mes doigts se sont repliées sur elle et je la serrais de mes maigres forces, pour qu'il ne s'enfuit pas, ne partes pas, que je ne sois pas seule.

« Tout va bien Griffe, tu es hors de danger. Prends ton temps. »

Il était si gentil. Protecteur à mon égard. J'avais l'impression qu'il veillait sur moi, comme l'autre jour, ce soir-là dans le gymnase. Son sourire, rien que ses lèvres se redressant légèrement, ça m'éclaircissait un peu l'esprit, calmant ma douleur, semblant l'anesthésier un peu. Étrange phénomène, qui semblait envahir mon corps qu'une quiétude que je ne connaissais plus depuis un moment.
Si prenant dans un sens que je ne vis même pas l'infirmière entrer et qu'elle me fit sursauter aussi, me faisant resserrer mon étreinte sur sa main. Je ne la regardais pas, je fixais le vide, pas loin de Tomàs mais je ne le regardais pas dans les yeux, le temps qu'elle s'occupe de tout puis enfin, lorsqu'elle s'en alla, releva les yeux vers lui.
Et le chaos avait disparu, la douleur aussi, j'étais … bien.
Et je ne comprenais, baissant les yeux lentement pour regarder nos mains.

« Quatre dis-tu, peux-tu me dire qui ils étaient ? »

Et ça recommença, et mon esprit se remit à tourbillonner. Pourquoi ? Pourquoi je n'arrivais pas à juste, simplement me souvenir. Pourquoi ça me faisait si mal au crâne … je plissais les yeux alors que je voyais la scène. Des coups, Karl qui m'étrangle, les autres qui … je me souviens plus … à la place, je vois les tambours.

-Karl et … je ne sais pas …

Je revois ce mec, qui avait passé sa vie à me chercher, pour tenter de m'avoir, à chaque fois. Mais je ne voyais que son visage avant. Pourquoi cette soirée s’arrêtait dans mon esprit après que ma tête ait frappé contre le mur ? Après les tambours …
Pourquoi j'avais si peur de ses tambours …

-Karl ... C'est lui … qui a voulu me …

Les frissons … une autre question me parcourait l'esprit : que leur étaient-ils arrivés après ? Et contre quatre pauvres mecs, comment n'avais-je pas pu me défendre … pourquoi ne l'avais-je pas fait ?
Les tambours …

-Il m'a cherché … pendant des années, toujours pour la même … chose. Il me voulait …

Tenter d'après de raconter ce que je voyais, après on tentera de voir le reste. C'est en y pensant que je me sentais aussi mal, que la douleur revenait, sans que je sache pourquoi.

-Ils … ils m'ont attendu dans la rue …

Les insultes, ses mecs qui se rapprochent, ses mains qui me touchent … je resserrais mon étreinte sur sa main encore alors que …

-Je ne voulais pas lui faire du mal, j'ai tenté de fuir … je ne voulais pas … qu'il me touche …

Son odeur, ses mains … elles me répugnaient. Karl en avait des râpeuses, poisseuses, mal fichues. Alors que celle je tenais entre mes doigts... Je refusais de la lâcher.

-Il m'a étranglé … ma tête, il l'a écrasé contre le mur … mais je ne voulais pas le laisser …

Je recommençais à avoir du mal à respirer. Et à entendre à nouveau ses tambours …

-Et … je …

Les tambours résonnaient dans mon crâne alors qu'à nouveau, je cherchais à comprendre … la douleur se répandait dans mon corps, les yeux fermés, je cherchais, je vous savoir, je ne lâchais pas sa main.

-Les coups … ils n'arrêtaient pas …

Mais pourquoi autant de douleur, pourquoi ses hurlements, pourquoi …
Les tambours … Les tambours … Les
Et je rouvris soudain les yeux. Je me souvenais. Tout, je comprenais, et je savais, enfin. Ce que ressentaient ses tambours, ce qu'ils étaient. Doucement, je lâchais ma tête, les yeux écarquillés, et laissais ma main tomber doucement par terre. Mon regard se posa à nouveau sur mes mains. Puis sur Tomàs, je plongeais littéralement dans ses yeux. Mon visage, livide, plus encore qu'avant était décomposé par ce que je savais maintenant. . Les traces de sang sur moi, que je sentais dans mes cheveux, tout ça … Ce n'était pas le mien.

-Je … il … j'ai …

Je n'arrivais pas à parler tant je tremblais. C'était presque trop pour moi. Tout ce que j'avais enduré, le combat aussi bien interne qu'externe … et la libération …
Et le sang

-Il est mort … murmurais-je, mes yeux grand ouvert rivés sur les siens.

Le sang, je m’en rappelais maintenant.

-Elle … Je l’ai … tué …

À peine plus qu'un murmure … une sorte de sentence prononcée par mes lèvres …
J'avais cédé, une fois de plus, et m'étais oubliée, trop faible pour lutter contre …

▬ Elle continuait de dire ce qui lui revenait sans réellement reprendre ses esprits elle était toujours ailleurs déconnectée par le choc qu'elle avait subit. La discussion et les informations que Squad pouvait tirer de Griffe n'étaient pas suffisante pour en tirer des conclusions et lui permettre d'agir. Il avait pourtant tenté de lui agripper la main pour la reconnecter au présent par sa présence et essayer de la calmer. Ce n'était pas en vain, elle resserrait son poing sur ses doigts de plus en plus fort au fur et à mesure qu'elle continuait de lâcher des bribes de mots sur les événements qui l'on amenés dans cet infirmerie. Mais ce n'était pas non plus suffisent pour qu'il ait toutes les informations et qu'il puisse prendre des décisions et agissant avec le peu de pouvoir exécutif qu'on lui avait conféré pour l'affaire. Cela faisait depuis quelques temps qu'il était dans le secteur et in connaissait quelques personnes dans l'intervention, des hommes de confiance à qui il pouvait déléguer un travail tout en gardant ses yeux clos lorsqu'on lui permettait de déléguer bien sur. Mais il ne savait rien, il ne savait toujours rien même lorsque Griffe commençait à serrer sa main tendue de plus en plus fortement. Mais il ne fallait pas tomber dans le défaitisme il restait sur la bonne voie elle ne délirait plus vraiment et cela concordait avec la situation. Un nom, enfin il avait un nom ou plutôt un prénom : Karl. Il avait aussi une autre information importante. Une information grave et qui pouvait tout changer. Squad s'arrêta, regardant ses pieds pour réfléchir. Il laissait Griffe serrer sa main ne s'en préoccupant plus il fallait juste qu'elle reprenne encore un peu plus ses esprits. Il marqua donc une pose, avant de reprendre, toujours d'une voix grave. Il ne fallait pas la bombarder de question et donc bien choisir ses mots.

« Où cela s'est passé ? »

C'était en effet l'une des informations clefs qui lui manquaient. Si il savait où tout cela s'était produit il pourrait demander les rapports d'incidents dans cette zone et envoyer une patrouille. Car si Griffe disait vrai, il y aurait des suites à cette affaires d'agression. Si Griffe avait réellement tué ses agresseurs, les choses deviendraient beaucoup plus corsées qui plus est si ses agresseurs sont humains. Car le fond de l'affaire était bel et bien là. Griffe est une agente du Bureau des Affaires Mutante, une agente mutante qui plus est. C'est donc au BAM d'agir directement. Blake savait trop bien comment certaines agences gouvernementales, la police et l'armée se comportait dans se genre d'affaire. La seule organisation qui pouvait traiter cela sans bavures ou incidents médiatique, d'autant plus si meurtre il y a, c'est le Bureau des Affaires Mutantes et uniquement lui.

Malgré cela, autre chose motivait Tomàs, d'un point de vue personnel il voulait rassurer Griffe, lui montrer qu'il était à ses côté. Il n'était pas dupe, il savait très bien que leur lien n'était rien, il l'avait simplement vu une fois, il avait été en charge de son dossier et l'est encore. Mais il avait surtout vu dans cette femme un trouble qu'il comprenait tout à fait car il vivait aussi la même chose. Il voulait la protéger de tout cela car il était l'un des rares à pouvoir savoir que ce qu'elle était capable de faire n'était pas du entièrement à elle mais à sa mutation et c'est la même chose pour Blake. Lorsque Tomàs était agressé dans la rue, plus jeune - et qu'il savait qu'il ne devait pas répondre par l'agression sous peine d'envenimer la situation ou que des représailles se dirigent vers sa famille - il n'arrivait pas toujours à contrôler ses doubles qui prenaient le dessus et tuaient les agresseurs. C'est leur rôle cependant, c'est le but de sa mutation de le défendre par des projections mentales, mais cela n'était pas facile à encaisser par la suite. Cette file l'avait touché et il se reconnaissait en elle, c'était un sentiment plus complexe qu'il n'y paraissait et cela, Tomàs le réalisait peu à peu.

Je ne bougeais plus, en proie à un tel trouble. Comment avais-je pu oublier cela ? Que je m'étais encore une fois retrouvé sous son emprise, encore une fois, j'avais disparu pour ne devenir plus qu'une chose à sa merci. Sans pour la lâcher, j'arrêtais de serrer sa main à lui rompre les os, parce que j'avais peur, peur de lui faire mal à lui aussi, comme je l'avais toujours fait aux gens à qui je tenais. Neera, mon ami qui avait manqué de mourir par balle, Tatiana que je n'avais su secourir, et tant d'autre … tous ceux qui m'approchaient mouraient sans cesse.
Et si ça lui arrivait, à lui aussi ? Je relevais les yeux vers lui, avant de les baisser, brutalement. Pas lui, je ne voulais pas que ça lui arrive. Je le refusais, catégoriquement. Plus de morts …
Avec lenteur, comme par prudence, je relevais la tête pour voir son regard, essayer d'y lire quelques choses. Mais rien, il regardait le sol, sans un mot. Je ne savais pas quoi conclure. Mes mots, je n'aurais pas dû … il allait. Je ne savais pas quoi penser, je ne savais pas ce qu'il pensait, ce qu'il pouvait bien penser de moi, maintenant qu'il savait ça. Je devais avoir l'air d'un monstre à ses yeux. J'étais dans le coltard, et surtout, je ne savais plus comment faire, quoi dire pour rattraper le coup. Cet homme, je ne voulais pas le perdre, pas lui, pas maintenant !
Pas un mot échangé depuis quelques minutes, je ne savais pas quoi faire. Je ne bougeais pas, regardant le vague, en espérant trouver une réponse, quelques parts. Je n'osais relever le regard pour voir à nouveau ses yeux. Je n'osais bouger. J'allais le perdre, lui que je connaissais si peu mais pour qui pourtant j'avais de l'admiration, de la fascination. Je ne voulais pas que ça s'arrête là, pas maintenant. Je ne voulais pas lâcher sa main.
Sa voix, il se mit à parler à nouveau, et sa voix ne changeait pas, il ne semblait rien laissé transparaître dedans. Rien …

« Où cela s'est passé ? »

Avais-je perdu sa confiance ? Je venais de lui avouer un meurtre et il semblait pas réagir, rien du tout. Pas même une réaction, et surtout aucune émotion. Je n'osais parler, de peur de faire plus de bourde encore. Tomàs. Ce nom, je ne voulais l'oublier. Je ne voulais perdre cet homme.

-Je …

Toujours de l'hésitation, toujours un soupçon de crainte dans ma voix. La peur, plus subtile que la colère, mais au moins aussi dangereuse. J'étais trop faible pour qu'elle sorte. Et les médicaments, les analgésiques qui stoppaient ma douleur l’endormaient au plus profond. Une bête blessée est bien plus dangereuse, surtout quand elle n'a plus rien à perdre. C'est ce qui était arrivé tout à l'heure. Parce que je ne m'étais pas rendu de ce que j'aurais perdu si … c'était si dur à expliquer mais j'aurais sûrement perdue bien plus que je ne le sentais, que je ne le pensais.
Et enfin, sans relever les yeux, les laissant au-dessus sur nos mains mêlées, je réussis enfin à parler :

-J'étais dans une discothèque, sur la … 10th Avenue, au croisement entre la 10th Avenue et la West 33rd Street. Dans la ruelle de derrière, ils doivent … encore être là-bas … je crois, je ne sais plus.

Doucement, je portais sa main contre mon visage, la tenant déplier pour la poser sur ma joue. Ce contact, si calme, si doux, pendant un instant me fit oublier tout ça. Une seconde ou je ne sentais que ce contact sur ma joue. Je ne bougeais plus. Je ne voulais pas pleurer pourtant elles auraient pu jaillir à cet instant. Je voulais juste ne pas bouger. Juste rester ainsi, et sentir sa chaleur.

-Ne me laisse pas seule, s'il te plait.

C'était égoïste de ma part, mais c'est ce que je voulais, vraiment. Qu'il reste, un peu plus, pour ne être comme j'avais toujours été.

▬ Sa main contre sa joue. Tendrement elle restait là, sur ce lit, plus calme, les esprits plus clairs, les troubles estompés. Et ce contact si anodin réveilla ce sentiment de protection que Tomàs ressentait envers Griffe. La dernière pièce du puzzle de ses sentiments fut dévoilée lorsqu'elle lui demanda de rester à ses côté, de ne pas partir, de ne pas la laisser. Il n'en avait pas l'intention, il ne voulait absolument pas la laisser seule alors que tant de choses lui étaient arrivés cette nuit là. Mais il se rendit alors compte qu'un profond désir, une pulsion paternelle se mêlait à ce sentiment d'amour. C'était bien plus complexe qu'il ne le pensait mais inconsciemment il savait. Malgré tout, il ne réagit pas plus, lui laissant sa main en gage de sa confiance et dégainant son téléphone de l'autre main pour composer rapidement un numéro. Il avait la dernière pièce de l'autre puzzle, celui de l’enquête, celui de la vérité sur ce qui était arrivé à Griffe et le pourquoi de son choc psychologique.

Tomàs connaissait celui qui devait être en patrouille dans ce secteur, il le connaissait même plutôt bien. C'était un collègue avec qui il discutait souvent et ils venaient tous les deux du même régiment de l'armée, le 75ème. Pour Tomàs c'était encore un lien qui lui rappelait cette période dans tout cet univers administratif et très codifié qu'est le BAM. Passer de l'armée à une police c'est pas une mince à faire et il y a beaucoup de chose que Squad devait bannir de ses réflexe de vie. C'était en quelques sortes les mêmes choses que nécessite le retour à la vie civile après un séjour en Afghanistan ou en Irak. Il faut réapprendre à vivre, à se comporter, à dormir sur ses deux oreilles et ne plus avoir peur du lendemain. Arrêter de scanner les comportements des civils dans la rue, arrêter de vérifier les sorties, les rues, les numéros. Arrêter tous ces réflexes. Pour le Bureau des Affaires mutantes c'était le même chose, il fallait se soumettre au code, aux règles qui différencient l'Intervention de la guerre. Ne pas tuer mais neutraliser, faire des sommations et ne pas tirer pour tuer. Tout cela, Squad l'avait réappris grâce et en même temps que ce type, qui patrouillait près de cette discothèque où Griffe s'est faite agresser. Il porta le téléphone à son oreille, fixant griffe d'un œil sincère, un léger sourire pour la mettre en confiance.

« Spark ? C'est Blake. Ouais... Tu patrouilles ce soir, non ? Ou... Ouais, tu serais pas vers la 10ème en ce moment ? Je veux que tu fasses un tour vers le discothèq... Ouais, vers les ruelles derrières. Quoi ? Y'a déjà les flics ? Vérifie ce qu'il fond et tiens moi informé. Y'a eu une agression sur un agent et certainement le cadavre d'un agresseur... Ou... Ouais vérifie que la police départementale fasse pas de connerie c'est notre affaire.  Merci vieux. »

Il reporta son attention sur Griffe. Il ne savait pas quoi lui dire. Maintenant plus tard, cet avenir incertains et cette gène certaine. Mais même sans trouver les mots, il lui avoua tout dans son regard, du moins il essaya. Voulant la rassurer, la conforter et la réconforter. Il caressa ce visage troublé avant de lui dire.

« T'en fait pas Griffe, je t'abandonne pas. Je suis là. Et quand tu pourras le faire, j'aimerais que tu me parles de ce Karl. »

Elle en avait parlé, mais c'était lorsque ses paroles étaient hachées et difficilement compréhensibles. Mais Tomàs pensait que désormais, c'était possible pour Maeva de lui parler de cela, de lui parler du passé, car il se doutait que le mal venait de là. Il se doutait que cette souffrance était ancrée et profonde et il la comprenait, voulant la protéger et l'aider.

Je ne bougeais plus, gardant sa main contre ma peau froide. Juste ainsi, écoutant les secondes passé, rythmés par nos deux cœurs distincts. Le mien, même plus calme allait encore plus vite que le sien. Pas un mot, pas un soupir. Juste deux personnes l'une en face de l'autre. Ça dura quelques instants qu'il ne se décide à le rompre, et à prendre son téléphone. Je le laissais faire, les yeux fermés pour ne sentir que sa douceur. Et alors qu'il composait le numéro, je relevais les yeux vers lui, avant de baisser les yeux à nouveau, de le laisser parler, de juste tenir cette main contre moi.
Et quand enfin ça s'arrêta, il raccrocha et je relevais doucement la tête. Est-ce qu'il était encore en vie, lui et ses hommes … et qu'est-ce qui pourrait bien m'arriver, là, maintenant ? Tomàs était là, Mais une question tournait dans mon esprit, quand peu. Était-ce l'agent ou l'homme devant moi ? Je ne savais pas, c'était étrange. Je le sentais si proche, son visage plus … moins fermé que la dernière fois, étrange, complexe, différent. Sa main, je la sentis soudain se mouvoir, et la caresse me fit pencher la tête, comme pour me lover plus encore contre sa main. Je le laissais faire, ne souhaitant qu'une chose, que ça n'arrête pour l'instant. Car si j'avais perdu le contrôle ce soir, en cet instant, je me sentais à l'abri, en sécurité, comme s'il pouvait me protéger de tout.

« T'en fait pas Griffe, je t'abandonne pas. Je suis là. Et quand tu pourras le faire, j'aimerais que tu me parles de ce Karl. »

Ce morceau de phrase, rien que ses quelque mots qu'on ne m'avait jamais dit, et je dus me retenir de verser une larme. L'abandon. Ça faisait partie des choses que je craignais le plus au monde. Je ne pouvais que le croire puisque que oui, il était là, à mes côtés, sa main contre mon visage. Comment pourrais-je douter, je n'étais pas en état, ni physique, ni psychique pour tenter de le faire. Ne pas le croire revenait à briser ce qui ce soir était la seule chose qui me faisait tenir, le peu d'espoir que j'avais maintenant, grâce à lui.
Alors, doucement, je lui posais cette question, en fixant avec, presque de la tendresse ses yeux sombre en amande :

-Est ce à l'homme ou à l'agent que je parle ?

Même si je croyais avoir la réponse avec cette main sur ma peau, avec ce regard, son visage sur lequel je lisais tellement plus que la dernière fois mais je restais méfiante. On disait souvent que je faisais confiance trop tôt. Et là, ce n'était même plus de la confiance, c'était tellement plus fort, alors je posais la question.

-J'ai besoin de savoir, Tomàs.

I'm suppose to be the soldier, who never blows his composure...

▬ Il était arrivé à destination. Sortant de sa voiture, une arme de service sous son manteau, l'agent patrouillant dans le secteur et répondant au nom de Spark, avait été interpellé par les lumières, vives, qui provenaient des voitures de polices New-yorkaises. Il y avait du grabuge et c'était dans ses attributions de demander des comptes aux agents de police qu'il rencontrerait et le tout grâce à sa plaque d'agent gouvernementale du bureau des Affaires Mutantes basées au Triskelion. C'est dans cette même base que Tomàs se trouvait. Instigateur de la demande faite à Spark il avait pourtant raccroché son téléphone, n'attendant plus qu'un coup de fil de son collègue et non moins ami pour poursuivre ce qu'il voulait absolument terminer à savoir l'affaire Hunter. Elle était assise en face de lui, si proche, serrant toujours sa main contre sa joue. Mais dès lors, une question pertinente bouscula complètement les priorités et les préoccupations avouées de Squad. Une question qui ne se préoccupait pas de ce qui devrait être le sujet principal de leur discussion mais au contraire, qui se préoccupait du sujet central de leurs lien, de leurs relations et de leurs vies. Ils étaient liés depuis ce jour par quelque chose qui restait à définir ou du moins, à avouer au grand jour.

L'agent Spark continuait d'avancer sur la 10ème avenue avant de prendre dans une ruelles, derrière une voiture de police garée là. Il interpella alors un agent avec un ton sec : « Dites-moi ? Qu'est-ce-qu'il s'est passé ici ? ». L'agent de police pensait que c'était un simple civil un peu trop curieux mais après avoir vu le badge, il se résolu à lui dire ce qu'il s'était passé : « Un mutos... heu... Un mutant, a tué un type sous les yeux de ses potes ». Spark resta perplexe et se dirigea vers la scène du crime alors que derrière lui, le policier saisit un talkie-walkie pour prévenir son supérieur de l'arrivée du BAM. Il allait sans dire que les deux corps de police ne s'aimaient guère.

L'homme ou l'agent, c'était une drôle de question pour Tomàs. A-t-il une fois dans sa vie agis différemment en tant que soldat ou en tant qu'homme ? Rien n'était moins sur, depuis de nombreuses années, il n'était rien d'autre qu'un soldat, ni un homme, ni un être humain. Il y a de cela quelques années, il savait pertinemment qu'il était une arme au service de sa patrie et rien de plus. Mais le plus étonnant c'est qu'il ne s'en souciait pas. Beaucoup de soldats ont des attaches, des familles qui leur permettent de retrouver le sens de la vie en dehors des champs de batailles et des mots qui reviennent en boucle comme l'honneur, le devoir et les missions. Mais Tomàs n'avait rien de tout cela, pas d'autre vie, rien, à part celle d'être un soldat, celle d'accomplir son devoir. Et alors les choses auraient-été différentes lors de son entrée dans le Bureau des Affaires Mutantes ? Non, pas le moins du monde, son devoir et ce que l'on attendait de lui pouvait être différent le fait est qu'il n'était devenu rien d'autre qu'un agent. L'homme n'exista que lorsque cette fille avait réveillé en lui des choses qui ne peuvent être accomplies par un agent gouvernementale. Pour la première fois depuis des lustres, il sentait un autre devoir s'emparer de lui, celui de devenir humain.

« Je... C'est peut-être con à dire, mais tu es la seule personne pour qui je me fous complètement de cette plaque et... de ce titre d'agent. »

Il sorti sa plaque de sa poche, machinalement, la jetant sur le bord du lit.

« Je tiens beaucoup à toi parce que je sais ce que tu endures mais pas seulement... C'est pour ça que je prends cette affaire au sérieux. Pas... Pas parce que je joue le rôle du flic, je... je sais pas le faire. »

Après avoir baissé sa tête pour fixer ses chaussures, il secoua la tête dans un sourire. Il se trouvait idiot mais quitte à l'être autant l'être jusqu'au bout. Se penchant vers Griffe il lui déposa un baiser sur le front, évitant son regard, pour un temps seulement. À quelques kilomètres de là, Spark restait au aguets, il n'aimait pas la tournure que prenait les choses. Les flics voyant qu'il était seul le regardait d'un air accusateur. Malgré tout, ses pouvoirs pouvait toujours lui permettre de se défendre si les choses dérapaient. En face de lui, des ambulanciers constataient le décès d'un hommes alors que des policiers interrogeait un groupe d'individus. Il ne pouvait pourtant pas entendre cette conversation, mais il ne semblait pas que les policiers ait interpellé ces individus mais plutôt que ces derniers faisaient une déposition aux policiers sur les faits. Il était clair que le gars avait été tué mais d'après ce que Squad lui avait annoncé il y avait anguille sous roche et une enquête était nécessaire.

Un long silence semblait s'installer alors que j'attendais sa réponse. Je regardais ses ans pendant quelques secondes encore avant de baisser le regard, pour ne pas le gêner. Je ne savais pas comment agir avec lui. Je ne voulais pas le brusquer, le presser, ni rien. Même si c'était récent, je ne voulais pas faire d'erreur. J'attendais sa réponse, anxieuse, je ne voulais pas me faire d'illusions, pas cette fois.

« Je... C'est peut-être con à dire, mais tu es la seule personne pour qui je me fous complètement de cette plaque et... de ce titre d'agent. »

Ces paroles me firent relever la tête. Et je l'observais, alors qu'il sortait sa plaque pour la lancer sur le lit. Ça semblait très si étrange de le voir faire ce geste. Je me sentais presque trop faible. C'était étrange. Toutes ses barrières que j'avais dressé contre les autres pendant tant d'années, tous ses masques …

« Je tiens beaucoup à toi parce que je sais ce que tu endures mais pas seulement... C'est pour ça que je prends cette affaire au sérieux. Pas... Pas parce que je joue le rôle du flic, je... je sais pas le faire. »

Et il baissa à nouveau la tête, tout en souriant. J'aurais voulu savoir ce qu'il pensait à ce instant bien précis. J'aurais voulu pouvoir entrer dans son crâne pour entendre ses pensées, le connaître, vraiment. Alors que je voulus répondre, tenter de trouver quoi dire à cela, il se pencha, et ses lèvres se posèrent sur mon front. Mes yeux se fermèrent durant cet instant. Je savourais, comme ce soir-là, au gymnase. Son odeur me semblait si douce, rassurante. Je voulus parler à nouveau, mais avant qu'il ne s'éloigne, j'attrapais son cou et l'enserrais de mes bras, la tête sur son épaule, les larmes naissant à mes yeux, un câlin, une étreinte douce, que je voulais rassurante pour lui. Je lui devais tant. Il avait été là, il l'était encore. Il ne me repoussait, il ne me fuyais pas, malgré ce qu'il avait vu en moi. Et je me sentis si apaisée avec lui. Je serrais son cou doucement, me serrant contre lui, comme pour être à l'abri, protéger par lui, ressentir sa chaleur à travers ses vêtements. C'était doux, tendre, juste rassurant, juste apaisant. En sécurité. Contre lui, j'avais l'impression que rien ne pouvait m'arriver. Mon cœur battait plus fort, ma respiration se faisait un peu plus courte alors que je sentais quelques larmes couler. Il était là, là pour moi. Et c'était l'homme, personne d'autre.

-Merci … Tomàs …

Mon corps me lançait, mes côtes tout particulièrement mais je m'en moquais. J'allais un peu mieux déjà, et comme avant, je faisais fi de la douleur. Je voulais rester là, les yeux clos, sans même tenter de contenir les quelques larmes qui coulaient. Je ne voulais plus me cacher, ça me faisait tant souffrir. Tous tentaient de lire en moi, de forcer ce passage vers ce que j'étais vraiment. Daniel avait tenté, et j'avais ruiné sa moquette. Même s'il comprenait certaines choses par ses déductions, il ne pouvait tout voir. Sauf que si je devais être moi-même avec une seule personne, je voulais que ce soit lui.
Je resserrais mon étreinte alors que je laissais ses mots s'échapper, entre deux sanglots :

-Merci d'être toi.

▬ L'agent Spark devait agir de la meilleure des manières pour en aucun cas s'attirer d'ennuis. Il était seul et il savait pertinemment que la police départementale n'était pas en bon terme avec le BAM. Ils avait aussi qu'il y avait eu un meurtre, causé par un mutant et donc que la présence d'une autre mutant, quelque soit son autorité, n'était certainement pas bien vue par les gens se trouvant ici. C'était bête, mais voilà à quel niveau en était réduit les affinités entre personnes dans Manhattan après les événements cumulés de Mutant Ton et d'Yggdrasil. Les tensions étaient à leurs combles ou presque et une petite étincelle pouvait mettre le feu au poudre. Cette étincelle pouvait très bien être ce meurtre, ce cadavre, ces policiers, les potes de la victime vraisemblablement pas innocents dans toute cette affaire et surtout lui : Spark. Dans sa tête, l'agent listait ce qu'il devait faire en premier. Cela tenait sur les doigts d'une main, la première chose était de prendre les identités des témoins. La deuxième était d'analyser la scène de crime et les environs et la troisième était de tout en référer à Squad une fois de détour dans sa voiture d'où il a un visuel sur la ruelle et donc sur les événements tout en restant en retrait.

L'agent s'approcha donc de la scène de crime, s'adressant d'une voix forte au autorités déjà présentes tout en agitant sa plaque à nouveau.

« - Bonsoir, agent Spark, Bureau des Affaires Mutantes.
- Je doute que cette affaire soit la votre.
- Je le crois au contraire. Outre le fait que votre collègue m’ait informé que vous disposiez déjà de l'information selon laquelle ce serait un mutant qui aurait tué cet homme, j'ai reçu un appel du Triskelion m'indiquant une agression d'agent gouvernemental par un groupe d'individu non identifié pour le moment. Hum... Veuillez m'excuser, je voulais parler d'un agent gouvernementale faisant parti du... Bureau des Affaires Mutantes.
- Peu m'importe, mon seul constat est un individu mort et des témoins de la scène.
- Et qui sont donc vos témoins ? Eux ? Pouvez-vous me montrer vos papiers je vous pries messieurs ? »

La discussion continua. Spark tenta de se démêler tant bien que mal pour obtenir des informations mais cela n'allait pas être simple. Devant la difficulté de la tâche et le manque de responsabilité, d'autorité ainsi que d'autorisations lui permettant de ne pas avoir à ligoter les agents de police pour leurs extraire ce qu'ils auraient pu savoir, Spark décida d'appeler Tomàs. C'était la chose la plus judicieuse qu'il pouvait faire. De toute façon, il n'était qu'un agent d'intervention, tout cela n'était déjà pas nécessairement dans ses attributions.

Griffe s'était agrippé à son cou, dans un geste affectueux guidé par la fatigue, l'amour et toutes les épreuves qu'elle avait endurée aujourd'hui, mais qui avaient réveillée ses démons passés. Tomàs la serra tendrement, ressentant la douleur de ses blessures au sens large et les partageant. Dans cette communion il ne pu s'empêcher de plisser les yeux, pour souffrir avec elle. Malgré tout, le téléphone n'allait pas tarder de sonner et même si Tomàs ne le savait pas, il le pressentait. Il était bien où il était, son cœur battant un peu plus fort, mais il fallait qu'il agisse.

« Dis pas de bêtises... Repose toi un peu, tu as de belles blessures. »

Après avoir relâché l'étreinte et accompagné Griffe jusqu'à son oreiller pour qu'elle s'adosse, Tomàs décrocha son téléphone qui venait justement lui apporter les nouvelles.

« Ouais ? Hein ? Mort ? Sur ? Ok... Et les flics y sont déjà ? Ouais... forcément. T'inquiètes je préviens le boss... Ouais, merci ils devraient pas tarder. Ouais. Merci bien. Fais pas le fou de toute façon on a pas mal de choses de notre côté. Merci vieux. »

Puis après même avoir raccroché il appela celui qui lui avait confié cette mission.

« Agent Squad au rapport pour l'agression de l'agent Hunter. Oui, l'agresseur principal semble être mort. La police départementale est déjà sur les lieux. Il faudrait une petite équipe de l'investigation avec les droits nécessaires sur les lieux pour épauler l'agent d'intervention que j'ai envoyé en premier pour m'informer de la situation. Oui, j'attends... Oui ? Ok. Terminé. »

On pouvait remarquer que Squad restait très militaire dans ses dialogues avec la hiérarchie. Quoiqu'il en soit il s'inquiétait pour l'avenir de Griffe. Si elle avait tué ce gars, il était probable qu'elle ait des ennuis. De plus, il ne savait pas comment elle pourrait réagir après avoir entendu que l'un de ses agresseurs, vraisemblablement le dénommé « Karl » était mort.

▬ Troublée, certainement. Comment pouvait-il en être autrement elle venait d'avoir la confirmation de son meurtre et même en temps qu'agent du Bureaux des Affaires mutantes, cela pouvait toujours faire un choc. De plus, elle semblait connaître celui qu'elle avait tué, tué lors d'une pulsion due à sa mutation, Squad pouvait en mettre sa main à couper. Le problème c'est que tout allait devenait plus complexe et que la simple intervention de Tomàs Blake n'était plus suffisante. Bien sur, cela faisait longtemps qu'il ne ressentait plus grand chose en apprenant la mort de quelqu'un ou de tuer quelqu'un de ses mains. Mais lorsqu'il avait débuté dans l'armée et lorsqu'on l'avait envoyé au front, pour la première fois il ressentait ce malaise, cette nausée, ces frissons et cette immense culpabilité du à notre perte soudaine d'humanité. Elle ne le regardait plus peut-être parce qu’elle avait peur que Tomàs la juge mais il serait mal avisé de le faire car de son côté toute sa vie il avait fait des choix douteux.

Le secteur d'investigation reprendrait alors le relaie, interrogeant Maeva pour de plus amples détails, voilà ce qui était ressortie de la courte discussion de Blake avec son supérieure. Et d'un autre côté, c'était bien normal, ce n'était pas dans ses capacités d’enquêter sur quelque chose d'aussi complexe même si il ne pouvait s'empêcher de rassembler tous les éléments qu'il disposaient. Il avait confiance en Griffe et il croyait ce qu'elle lui disait même si elle avait des fois du mal à le dire. Elle s'était faite agresser par un groupe d'hommes c'était certains d'après les médecins et connaissant son pouvoir, il n'y avait pas de doute qu'elle ait pu perdre un instant le contrôle, se défendant tant bien que mal contre ses agresseurs extérieurs et aussi son agresseur intérieur. La légitime défense devrais aller en sa faveur et il était certains que les témoins de la scène étaient encore sur les lieux. Spark les gardait à l’œil et une autre équipe du BAM viendrait à son soutien pour clarifier la situation. Avec un peu de chance, des témoins de la scène seront trouvés dans les rues ou même des caméras de surveillance.

« Il va falloir que vous la laissiez se reposer »

C'était l'infirmière qui s'était rapproché du lit, s'adressant à Tomàs directement, le sortant soudainement de ses pensées. Oui, bien évidemment, Griffe était dans un état de choc et ses blessures n’arrangeaient rien. Une nuit de sommeil ne lui fera pas de mal au contraire mais pourtant, Tomàs avait du mal à se résigner de partie. Il ne voulait pas l'abandonner seule, ici, avec ses démons et sa culpabilité grandissante sur ses actes.

« Oui, une seconde je vous prie. »

Encore un peu de temps, c'est tout ce qu'il demandait. Il ne voulait pas partir en voleur et il voulait la rassurer une dernière fois. Elle lui avait demandé de ne pas la laisser seule et il lui avait dit qu'il était là. Alors il la regarda, avant de lui dire d'une voix calme :

« Il faut que tu te reposes. Essaie de ne plus penser à ça et... je m'occupe du reste de toute façon. Des gens de l'investigation passerons te poser aussi des questions mais tu n'as pas à mentir ni à te sentir coupable, je sais que tu ne l'est pas. Fais-moi confiance. »

Du bout des doigts il releva le menton de Griffe pour croiser son regard ou plutôt pour qu’elle croise son regard à lui. Il voulait lui témoigner la confiance qu'il avait en elle et surtout il voulait qu'elle ne se sente pas coupable et que les remords ou la culpabilité ne la ronge pas alors qu'elle était affaiblie par son passé et ses blessures.

« Ça va aller, d'accord ? »

Perdue dans mes pensées, dans ma honte et mes idées noires, c'est la voix de l'infirmière qui m'en sortit soudain quand elle vint me voir pour annoncer à Tomàs qu'il fallait qu'il parte. Je relevais soudain les yeux vers elle (en évitant soigneusement ceux de l'homme à côté de moi), toujours silencieuse pour tenter de la supplier de cette manière. Je ne voulais pas son départ, je voulais qu'il reste. Il venait de me dire qu'il ne partirait pas, mais si elle le demandait, le ferait-il ? Je ne tournais toujours pas mon regard vers lui, j'avais peur, je recommençais à trembler, les douleurs endormie par les médocs commençaient à se réveiller, et mes vêtements encore souillés de sang et trempés par le combat et la fuite me refroidissaient peu à peu le corps. Une bonne douche, une longue douche chaude, pour me purifier, pour réfléchir, ça après, ce serait si bon, et si seulement, je pouvais la prendre avec lui. Aucune pensée étrange ne me venait à l'esprit alors que je pensais à cela. Ce n'était pas comme avec les autres hommes, lui … c'était lui, sa présence, sa douceur que je voulais sentir en permanence proche de moi.
L'infirmière ne semblait pas comprendre ma prière silencieuse, je désespérais, je ne voulais pas qu'il parte, je ne voulais pas me retrouver seule, pas ici, dans cet endroit qui me rappelait tant de souci. Ces odeurs, ses bruits, semblables à tous les hôpitaux ou j'avais vu mourir tant de personnes chères à mon cœur. Je haïssais ses endroits, je détestais en franchir le seuil et là, j'étais en plein milieu, et j'allais m'y retrouver à nouveau seule.

« Oui, une seconde je vous prie. »

Je faillis tourner la tête vers lui quand j'entendis ses mots. Pour un peu, j'aurais souri, en d'autres circonstances, je lui aurais souri en le regardant dans les yeux. Dans une autre situation, je lui aurais sûrement dit merci mais pas là, je ne bougeais toujours pas même si intérieurement, je sentais une petite pointe de chaleur, à l'endroit du cœur. L'infirmière céda et tourna les talons en acceptant, allant probablement s'occuper de quelqu'un d'autre. Je ne savais de qui il s'agissait, mais pourvu qu'il la retienne, le plus possible.
Je ne tournais pas la tête vers lui, je me trouvais à nouveau avec lui, mais j'étais terrifiée. À croire que ma tête était devenue un merdier pas possible. J'avais reçu des coups et avais été, d'accord, mais tout ce qui tournait dans mon esprit, et dans mon cœur … c'était pas à cause des coups. J'aurais aimé lui prendre une main cependant je n'esquissais aucun mouvement.

« Il faut que tu te reposes. Essaie de ne plus penser à ça et... je m'occupe du reste de toute façon. Des gens de l'investigation passerons te poser aussi des questions mais tu n'as pas à mentir ni à te sentir coupable, je sais que tu ne l'est pas. Fais-moi confiance. »

Lui faire confiance … je sentis soudain sa peau sous mon menton, qui voulait me redresser et me tourner vers lui. Un instant d'hésitation avant de suivre ce mouvement et de voir son regard, de croiser ses yeux si doux alors que les miens, encore humide des larmes versés un peu plus tôt semblaient suppliants, fatigués. Je ressentais la fatigue qui j'avais voulu refouler, je ressentais la douleur que les médocs ne cachait plus et que je commençais à accepter. Il savait … pourquoi me faisait-il confiance, j'aurais pu dire n'importe quoi, m'aurait-il cru ? Je lui faisais confiance, depuis ce jour où nous nous étions rencontrés, ou nous avions tenté de nous tuer mutuellement. Depuis ce moment où je m'étais endormie contre lui. Lui faire confiance, je le pouvais. Mais me faire confiance, à moi, je ne pouvais pas, je n'y arrivais pas. Parfois, j'avais essayé, mais ça ne marchait jamais, à chaque fois, je m'éloignais plus de moi, me perdant. Comment pourrais-je ?

« Ça va aller, d'accord ? »

Je le regardais. Pourrais-je lui dire oui ? Qui sait quand est-ce que j'allais perdre à nouveau le contrôle. Je ne le savais pas moi-même. Je ne savais quand est-ce que je changerai à nouveau, mais je connaissais à croire que ça ne saurait tarder. Par ses crises que j'avais faites, par ses instinct que j'avais laissé me submerger plusieurs fois déjà.
Doucement, j'hochais la tête avant de tenter de le rassurer. Je cherchais sa main, que je serrais doucement avant de dire, avec un semblant de sourire.

-Merci beaucoup, Tomàs.

Je tentais d'aller l'air bien, mais ce masque était assez peu convaincant. Je voulais être la vraie Maeva devant lui, mais ce masque que je tentais de porter n'était là que pour le rassurer, qu'il puisse partir sans s'inquiéter.

-J'ai survécu à bien des choses, Tomàs, alors va-y, et merci d'avoir été là pour moi. Je te ferais bien la bise, mais j'ai un peu peur de ta réaction,dis-je en souriant, un air rieur sur le visage.

Je voulais le faire rire, sourire au moins. Du moins, j'espérais l'avoir rassuré, un peu. Bientôt, il partirait, et je voulais ne pas l'inquiéter, je n'aimais pas qu'on se fasse du souci pour moi.