L'Appel à la Tombe [PV Sebvo]

Quel était le meilleur endroit pour cacher un cadavre ? Beaucoup vous répondraient « un cimetière », parce que personne n’irait chercher un mort là où l’on s’attend à en trouver. Faux, pour Sébastian von Orchent : l’acide était bien plus discret qu’un cimetière. C’était d’un cliché, le coup du cimetière.

Avec pareil raisonnement, que pouvait donc bien faire le Sombre Voyageur dans l’un de ces endroits, alors ? Certains lui servaient de planque pour des liquidités où des armes, c’était vrai, mais pas celui-là. Non, Aaron Adams, homme de taille moyenne et de corpulence faible vêtu d’un costume noir et d’un imperméable gris foulait les dalles de pierres pavées de ces lieux en plein Brooklyn non pour y déposer un mort ou y prendre des liquidités, mais pour y dépenser des liquidités et y récupérer des morts. Le trafique d’organe ne faisait pas parti des chefs d’accusation qu’on pouvait lui porter, ainsi, ce n’était pas pour des organes qu’il était ici. C’était pour un mutant.

Son masque anonyme sur le visage, Sébastian s’avança jusqu’au caveau où il pouvait trouver sa victime. Quel genre de créature pouvait bien se reclure en ces lieux ? Une créature qui préférait la compagnie des morts à ceux des vivants, et qui commandait aux chairs mortes. Nagash qu’il se faisait appeler, un Nécrokinésiste et une recrue de choix pour les prémices d’Hadès. Poussant la lourde porte du mausolée, Sébastian pénétra à l’intérieur.

Le flux de pensées capté par le Léviathan ce résumait à un seul être, le Nagash susnommé, qui attendait impatiemment son heure. Nul autre esprit parmi les morts qu’il commandait. Animer les tissus biologiques décédés, un pouvoir monstrueux pour une civilisation idolâtrant ses ancêtres, et un pouvoir dont l’utilisateur n’utilisait pas une infime partie du potentiel. Ranimer des cadavres, minable, lorsque l’on songeait qu’avec ce dérivé morbide de biokinésie on pouvait créer des abominations en fusionnant les morts ; Frankenstein, en pire…

Une fois le second niveau du mausolée franchit, Sébastian arriva dans une pièce parfaitement aménagée, avec l’électricité à défaut de l’eau courante, dans laquelle l’attendait son intérêt. La pièce en elle-même était haute de plafond, large et faite de murs en pierre creusé pour y coucher des tombes. Nagash avait rajouté des étagères et des tables, dont l’une servait sans doute d’appareil de dissection ou de table à manger, si ce n’était les deux. Une autre devait servir de lit, et la dernière se voyait usée comme d’un bureau. Il y avait des tombes, et leurs occupants, dans la pièce : une demi-douzaine de cadavres ambulant et déambulant, affairés, à l’exception de deux, armés, qui gardaient l’entrée. Ils étaient dans des états plus ou moins décomposés, dégageant une odeur pestilentielle pour certains et plus la moindre pour d’autres. Nagash était lui-même assit sur une tombe, attendant.

Théâtral, comme ses propres rencontres… un point pour le taré.

L’autre engagea la conversation, lui demandant s’il était bien Adams et ce présentant, une politesse bien inutile. Sébastian le connaissait comme le Fossoyeur, surnom de mercenaire qu’il c’était donné à travers les pègres ; comme quoi, le crime organisé offrait du travail à toutes sortes d’aliénés. Le Sombre Voyageur n’avait jamais travaillé ni ne l’avait rencontré sous aucun de ses visages, mais il connaissait sa réputation aussi bien que Nagash celle de Faust.

Restant debout, nullement gêné par les cadavres, il entreprit les négociations. Suivant les pensées de son futur pion, Sébastian savait à l’avance comment réagir et contrer, et finit par obtenir ce qu’il voulait : un nouvel employé, et pour pas cher, une dizaine de millier. Puis, malgré les morts-vivants l’entourant, Adams voulut une démonstration de « réanimation ». Ce fut avec un sourire malsain que le Fossoyeur le conduisit dans une nouvelle salle, remplie de tombe fermées ou ouvertes.

Alors qu’ils entraient, un bruit rejoint celui de leur pas dans ce silence brisé. Quelqu’un tapait contre du bois.

- L’un de vos mignons s’impatiente, ce me semble.

- Du tout, ce n’est pas moi qui l’ait animé, celui-là.

Se dirigeant vers l’une des tombes dont le couvercle s’agitait, les deux furent rejoints par deux morts armés de piques, surement récupérées sur les grilles du cimetière.



Surprenant. Sébastian avait lui-même été enterré, avant d’être ramené à la vie par son Démon, et cela ne lui avait pas laissé des meilleurs souvenirs.

- Ouvrez cette tombe, Nagash, que je vois ce qui trouble vos morts, ordonna-t-il simplement, les morts-vivants obéissants.

Au cours de sa longue vie, Sébastian avait vu des cadavres de toutes sortes ; depuis les squelettes inertes jusqu’aux cadavres décomposés non-morts des Enfers, il en avait vu des verts et des pas mures, mais celui-là défiait son expérience. Il s’agissait d’un homme d’argent, imberbe et chauve, élancé et légèrement musclé, aux traits neutres et inexpressifs, ainsi qu’aux yeux dépourvu d’iris. Mais deux choses retenaient l’attention du Sombre Voyageur : l’odeur de métal qui s’en dégageait, et le fait que la créature soit asexuée.

Un mutant, assurément, et un mutant Immunisé à la Télépathie. Bonne pioche ?

L’autre les regardait, et le Léviathan le regardait également. La surprise dépassée, Nagash le regarda, s’apprêtant à donner un ordre à ses morts-vivants.

- Non, déclara simplement Adams à son employé, continuant de fixer l’homme d’argent qui n’agissait pas.

Aucune pensée, ou plutôt aucun moyen d’y accéder ; donc, aucun moyen de savoir avec certitude ce qui se tramait dans la tête de l’enterré vif.

Ce dernier tendit la main, tentant vainement de s’accrocher au rebord pour se sortir de sa prison tombale ; il n’y arriva pas, et répéta son geste l’instant d’après. L’air grave, Sébastian observait cela, se concertant avec le Léviathan.


Plus tard. Avant, le Sombre Voyageur allait devoir en apprendre un maximum sur et de la part de ce métallique inconnu. Dissimulé derrière son masque, il restait impassible.

- Qui es-tu ?


Se retournant vers Nagash, Aaron Adams le congédia d’une simple exigence :

- Je veux son nom, maintenant.

Sans un mot, le nécromant se retira, laissant ses squelettes en garde ; pouvait-il entendre à travers ses marionnettes ? Aaron n’en avait aucune idée, mais le Léviathan surveillait les pensées du mutant au cas où.

Continuant de regarder la créature argentée essayer de se sortir de son cercueil, Adams se pencha sur celui-ci, gardant une distance de sécurité et l’Entité prête à intervenir.

Ce type était étrange, et tant qu’il ne saurait pas son histoire, Sébastian aurait à son sujet plus de question que de réponse ; protégé derrière son masque, il ne craignait rien, mais s’il venait à le perdre, il devrait éliminer ce témoin ; rien de personnel, juste le travail : le visage d’Erasme ne devait appartenir qu’à lui, pour le bien de plans futurs.

- Qui es-tu ? Comprends-tu ma langue ? Who are you ? You understand me ? Chi sei ? Capisci mia lingua ? Kto vy? Vy ponimayete moy yazyk? Anata dare? Anata wa watashi no kotoba o rikai shite imasu ka?

Sébastian avait usé de plus ou moins toutes les langues qu’il connaissait, anglais, français, italien, russe, japonais ; seul l’allemand avait été tut, conformément à un vœu accomplit il y avait bien longtemps. Ne restait plus qu’à voir si l’inconnu en reconnaissait une.

Simultanément à ses paroles, Nagash avait trouvé sur son registre personnel de clientèle le nom de cet invité surprise : Marvin Dartmouth, 15 ans, enterré le jour même. Intéressant, sa mutation l’avait tué et ramené à la vie sous une nouvelle forme.


Le Léviathan était de son avis ; étudier et trancher quant au sort du jeune Silver, le corrompre et l’utiliser, ou le renvoyer à cette tombe qu’il n’aurait jamais dû quitter. A défaut de pouvoir connaitre ses pensées, ils allaient devoir se fier à ses paroles, et n’accorderaient pas plus de crédit à ses dires qu’ils n’en mériteraient.

Les bonnes vieilles méthodes allaient être employées, pas le choix.

Je demande une conversation. Mon identité est : non renseignée. Je suis : ici. Le langage utilisé sera : Anglais. Acceptez-vous la conversation ?

C’était… une blague ? Sébastian venait de faire plusieurs langues et c’était la première que l’autre avait sélectionné ; car il s’agissait bien d’une sélection, vu sa méthode de raisonnement. Comment cela, son identité n’était pas renseignée ?

La voix du mutant était monocorde, roque et métallique, comme Sébastian en avait déjà entendu dans les premier modèle de téléphones portables.


Faire venir une suivante de Faust sur un lieu de machination d’Adams n’était pas une bonne idée, le Léviathan le savait aussi bien que lui, ainsi le Sombre Voyageur devait trouver un moyen de l’extraire en toute discrétion, et sans laisser de traces ; heureusement qu’un mort était toujours plus facile à faire disparaitre qu’un vivant.

Se présentant à nouveau, désormais redressé, Dartmouth le regardait aussi bien que les deux cadavres réanimés, cependant, il ajouta une nouvelle question, sur l’identité de son hôte cette fois-ci. Derrière son masque, Sébastian eut un sourire : ne pouvant savoir ce qui se tramait dans la tête de ce cher Marvin, il traiterait les informations en provenance et à destination de ce dernier comme sensibles, très sensibles.

Le jeune mutant enchaina sa question aux deux zombies, qui ne répondirent pas plus que lui, puis regarda la pièce, s’arrêta particulièrement sur l’ampoule qui l’éclairait. Après quelques secondes, il fit briller son propre bras. Magnifique, un mutant-torche.


Nagash s’approchait à nouveau, réentrant dans la pièce pour faire part à Adams de sa découverte. Sébastian leva la main en un geste d’interdiction, le coupant dans son élan.

- Attendez-moi dehors, s’il vous plait, je veux parler à notre invité, seul à seul. Et remportez vos squelettes, merci, déclara-t-il simplement pour se débarrasser du gêneur dont la vie lui appartenait déjà pour s’occuper de celui dont la vie ou le corps lui appartiendrait bientôt. Ainsi donc tu t’appelle Non Renseigné ; peu banal. Si cela ne te gène pas, lorsque je m’adresserai à toi, je t’appellerai M. J’accepte ta conversation, M, cependant, laisse-moi l’initiative de te poser les questions. Si tu réponds correctement, je t’apporterai moi-même des réponses. Cela te va ?

Sébastian voulait tester jusqu’où irait la logique mécanique de Marvin, pour voir si elle était réellement ou feinte, et dans ce dernier cas, le confondre. Le jeune Dartmouth était intéressant, mais presqu’autant comme sujet de dissection ou d’ingestion que d’agent, car tant que son véritable potentiel n’avait pas été établit et qu’Adams n’en savait pas suffisamment sur lui pour juger de sa fiabilité, le mutant argenté ne sortirait pas d’ici. Pas vivant, en tout cas.

- Première question : fichiers identitaires. Seconde question : mémoire interne. Troisième question : estimation(s) des capacités.

Travailler par mots clés, comme avec un moteur de recherche ; une réponse à côté, et c’était feint, tout juste, et il était réellement en face d’une machine. Ce n’était pas improbable, enfin, l’improbabilité étant la marque de fabrique du Gène X, ce n’était pas impossible. Mais les réponses aussi auraient leur importance : point de vu subjectif ou objectif, cela serait très révélateurs. Sébastian ne s’y connaissait pas en informatique, loin s’en fallait, il ne pouvait pas blérer cela, un bon ordinateur étant pour lui un ordinateur qui pouvait passer par la fenêtre en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire, cependant il savait reconnaitre les réactions humaines, depuis le temps qu’il les observait.

Marvin montrait déjà de la curiosité, un sentiment bien humain. Ainsi, la piste de la comédie restait privilégiée.

Bon… bien, Marvin Dartmouth s’appelait M maintenant, il allait surement rajouter cela à son profil cyber ou une connerie dans le genre, mais au moins, il avait un nom et savait avoir un nom. Le fait d’accepter le changement sans se poser de question était parfaitement mécanique, et potentiellement très exploitable, si c’était réel.

- Première question : fichiers identitaires. Seconde question : mémoire interne. Troisième question : estimation(s) des capacités.

Protocole de communication accepté.
Réponse à la première requête :
Mes identités sont : M. Identité crée il y a : 2 secondes. Dernière édition il y a : 2 secondes. Editeurs : non renseignés.
Réponse à la seconde requête :
Première action : Il y a 5 minutes 26 secondes.
La réponse contient 577 actions. Voulez vous les connaître en détail?
Réponse à la troisième requête : Capacité interne : 4 Yotabits.
En attente...

Bon, pour être mécanique, c’était mécanique ; ça, il n’y avait pas de doute !

Ainsi donc, si l’on accordait crédit à la parole de M, il était « né » il y avait 5min et 26sec ; intéressant, aucune mémoire de son passé, il était possible qu’il soit totalement vierge de tous souvenirs : un pion parfait, bien qu’immunisé à la télépathie, ce qui était somme toute un mal pour un bien.

Voyons jusqu’où cet androïde pouvait aller.

- Je ne veux pas connaitre en détail la mémoire interne ; merci pour les informations. Je me nomme Léviathan ; verrouiller les commandes vocales sur ma voix, M, est-ce possible ? Si oui, fais-le ; à chaque fois que tu feras ce que je te demanderais, je te donnerais en retour d’autres informations. Marché conclut ? Une preuve de ma bonne volonté : tu te trouve dans le cimetière stonewood, à New York, nous sommes sous terre, dans un caveau.


Ferme-là et laisse-moi bosser, s’il te plait.

Laissant à Marvin le loisir de se balader dans la pièce, close, tant que cela lui chantait, Sébastian ne bougeait lui-même pas beaucoup, pivotant sur lui-même pour suivre le mutant argenté du regard.

Levant une main, il désigna l’ampoule.

- Capacité permettant de copier cela ? Applicabilité à d’autres matériaux ?

On entrait dans la partie intéressante, les pouvoirs de Marvin ; Sébastian comme le Léviathan avaient déjà leur petite idée, et si celle-ci se confirmait, il y aurait un fort potentiel pour le jeune mutant. Enfin, cela impliquaient qu’ils en aient le contrôle.

Attendant la réponse de celui qu’ils avaient nommé M, le Sombre Voyageur et son Tutélaire gardaient contact avec l’extérieur, toujours dans l’esprit de Nagash, et plus important, toujours sur leurs gardes.

Lorsqu’un télépathe se retrouvait face à une créature dissimulée à ses dons, il était d’autant plus prudent et méfiant, et si la Télépathie n’était pas le pouvoir principal du Héraut du Léviathan, cela faisait partie des habitudes adoptées. Sébastian ne doutait pas qu’en combat, surtout en close combat, les Hydres ne soient pas suffisantes à venir à bout de Marvin, mais il supposait que s’eut été du gâchis ; certes, un dissection pouvait tout autant lui en apprendre sur le techno-organisme qui se tenait en face de lui, mais une dissection impliquait qu’il ne put plus exploiter le potentiel personnel de Marvin, comme agent.

On ne sacrifiait un pion que s’il n’avait plus de valeur.

Après l’avoir dévisagé quelques instant, Dartmouth déclara que l’identité Léviathan était ajoutée à sa base de donnée ; sans son visage, cela n’importait pas à Sébastian, qui plus était le pseudo-androïde ne savait rien de lui. Cependant, la suite de la réponse mécanique fut plus déplaisante que de savoir un simple non et une fausse image de lui-même dans une base de données ; ça il en avait déjà plusieurs.

Oui, il était possible de verrouiller uniquement sur sa voix, mais il fallait des droits qu’il ne semblait posséder ; droits d’administrateur ? S’en était navrant : la régression de Marvin Dartmouth lui faisait presque pitié, si tant est qu’un être comme lui puisse avoir de la pitié. Un outil, mais un outil-outil, non une personne outil, voilà ce que représentait « M » à ses yeux ; de ce fait, sa vie n’avait d’autre valeur que son pouvoir, puisqu’il n’était même pas une personne. Pour la différence que cela faisait, cependant.


Deux éléments ? L’ampoule et quoi d’autre ?

S’il pouvait copier son environnement, il était à parier qu’il copiait également les capacités morphologiques, le second élément étant alors l’apparence humaine. Un tel potentiel, s’il n’était pas contrôlable, devait être détruit ; c’était aussi simple que cela. Des créatures comme le Sombre Voyageur et son Tutélaire n’aimaient pas la technologie, et si une entité vivante pouvait se l’accaparer, elle n’avait pas plus de valeur que son potentiel génétique ; hors, il restait à déterminer si Marvin était vivant. Et avant cela, s’il était contrôlable, car on n’attentait pas à la vie d’un agent potentiel à moins qu’il n’ait plus la moindre chance de l’être.

Sébastian faisait parti d’un genre de personne qui estimait que la fin justifiait les moyens, et il escomptait bien obtenir ce qu’il voulait de M ou il le replacerait dans cette endroit où il l’avait trouvé : la tombe. Après, s’il s’agissait réellement d’une machine, Mewen et sa Cyberpathie pourraient être très utile, même si cela impliquait mélanger Faust et Adams, chose qui si elle contrariait ses plans, était inéluctable jusqu’à la mort de l’un d’eux. Mettre Taser un peu plus dans la confidence n’était pas un si grand risque sachant qu’elle lui était déjà loyale, et qu’elle n’était pas compliquée à tuer.

Mais avant d’arriver là, il ferait son maximum face à Dartmouth pour l’amener sur le chemin qui lui convenait, n’ayant pas grand-chose à craindre du mutant tant que ce dernier restait dans un lieu aussi isolé et dépourvu de chose à dupliquer.

- Qui dispose des droits d’administrateur ? Comment puis-je les obtenir ?

Deux questions simples, qui pourtant déterminaient beaucoup de choses ; les machines ne mentaient pas ? Tant mieux pour lui. Cela lui éviterait d’avoir à douter des paroles de l’autre, bien qu’en bon paranoïaque il considérerait de se méfier, et de surveiller aussi bien le physique que le mental l’environnant. Contacter Mewen ne devrait pas lui prendre trop de temps, restait à espérer qu’elle soit dans un rayon de 100km.

Allant s’assoir sur l’une des tombes en laissant Marvin explorer la pièce, ne se plaçant pas entre le mutant argenté et la porte sachant qu’à défaut qu’il sache comment l’ouvrir, les agents d’Adams attendaient derrière celle-ci.

Prit au piège, M était prit au piège sans même en avoir conscience, continuant de faire preuve de sa curiosité si humaine sur tout ce qu’il composait la pièce.

Etait-il réellement une machine ou le feignait-il ? Seul un Cyberpathe pourrait le dire, probablement. La soirée risquait d’être plus longue que prévue, sauf énervement intempestif de la part du Sombre Voyageur. Mais tant qu’il pouvait y gagner quelque chose, Sébastian persévérerait, enfin, tant que ce quelque chose valait plus que les efforts qu’il fournissait. Ses pions n’étaient que des marchandises, sans plus de valeur qu’un rapport coût/avantage, qualité/prix ; et pour une créature comme lui, il n’y avait pas que l’argent qui lui coûtait : le temps était également précieux. Il pourrait en prendre, mais pas plus qu’il n’en jugerait valable.

La réponse de Marvin allait l’aiguiller un peu plus sur la direction à prendre.

- Qui dispose des droits d’administrateur ? Comment puis-je les obtenir ?

Je suis le seul possesseur. Vous ne pouvez obtenir ces droits.

En effet, Sébastian sourit ; il avait une individualité, Marvin n’était donc pas réellement une machine ; il mentait, et ce, depuis le début. Il n’y avait pas de « je » pour une machine, car cela compliquait une conscience de soi qu’elles n’avaient pas. Cependant, puisque ce cher Dartmouth jouait à la rationalité, il suffirait de le pousser dans les retranchements de cette dernière.

Cependant, Marvin commençait déjà à passer à autre chose, arrivant devant la porte de la pièce.

- C’est une porte, cela conduit vers un autre lieu ; pour l’ouvrir, il suffit de tourner la poignée, déclara le Sombre Voyageur, profitant de cette occasion et de ce centre d’intérêt inintéressant pour s’alléger d’une information sans la moindre importance, remplissant par la même sa part du marché : apporter des réponses.

Marvin posant sa main contre la poignée, l’argenterie composant son corps s’étalant sur la serrure et dans la serrure, comme une patte semi-liquide recouvrant tout ; puis le mutant poussa alors l’obstacle avec violence, une violence parfaitement humaine. Curiosité, colère, quoi qu’il eut put ressentir, il avait en effet ressenti quelque chose.

La porte s’ouvrit sur une autre pièce, similaire dans les proportions à la précédente, mais le décor changeant : il y avait, en plus de la faune décédée et décérébrée d’une demi-douzaine de « morts-vivants » et du seul pouvant réellement prétendre à ce titre, des étagères et trois tables. Cela n’avait pas bougé depuis qu’il était entré, et il restait les mêmes gardes avec armes blanches et pistolets, dans un état d’entretient lamentable, ainsi que l’escalier menant à une autre pièce, emplie de tombes aux occupants éveillés et dissimulés. Puis venait encore un escalier, et l’entrée du caveau.

Lorsque le mutant argenté défonça la porte, les cadavres afférés se stoppèrent, faisant échos à la surprise de leur maître. La situation venait de prendre un nouveau tournant, se tendant très clairement ; espionnant les pensées du nécrokinésiste, Sébastian savait qu’il était près à lancer les marionnettes à l’assaut s’il le fallait, et que les énergies qui les animaient les rendaient plus résistants et également plus fort que des hommes normaux, bien que cela en restait ridicule face à des mutants dotés de super-forces.

- Non, déclara une nouvelle fois Sébastian à l’encontre de l’employé d’Adams. M, je te prie de rester ici : nous n’avons pas fini notre conversation.

Sa phrase était à double sens, autant à l’attention de l’explicitement concerné que de l’autre personne présente : M ne devait pas sortir d’ici. Nagash le comprit, comme quoi les aliénés conservaient des capacités intellectuelles. Cependant, ils étaient sortis de la pièce close pour son interrogatoire, et malgré les squelettes se dressant entre lui et la sortie, Marvin pouvait toujours accomplir des actes inconsidérés ; hors, ce n’était pas le dessein du Léviathan.

Etait-il une semi-machine ? S’eut été probablement le plus intéressant, permettant de lier génétiquement l’homme et la machine, chose des plus importantes s’il en était sur l’échelle de l’évolution, suffisamment importante pour que son Démon outrepasse son mépris du non naturel pour l’étudier. Etait-il entièrement humain mais jouait le rôle d’une machine ? Impossible, sans quoi, il aurait eut un esprit. Etait-il entièrement machine ? Peu probable également, puisqu’il exprimait des comportements humains et commettait des erreurs humaines.

Dans tous les cas, Sébastian n’avait pas l’intention de laisser son sujet s’échapper, et allait avoir besoin d’une autre personne pour savoir le degré de mécanicité de Dartmouth. Mewen Hatan, alias Taser, Cyberpathe et Electrokinésiste tactile, bien que se fut le premier talent qui fit sa véritable valeur.

Toujours froid et d’apparence impassible, il resta dans le dos de Marvin, relâchant les pensées de son employé pour libérer un unique tentacule psychique à la recherche de son autre agente.

- Qui est Je ? C’est M ? Mais n’est-ce pas moi qui aie nommé M ? reprit-il alors que le Léviathan cherchait la psyché marquée dans le rayon qui lui était accessible. Je, c’est Non Renseigné ? Je implique qu’il y ait quelqu’un, une identité, une personne, hors tu ne réagis pas comme une personne. Tes réponses sont-elles prédéterminées ? Suis-tu des protocoles ? En ce cas, tu n’es personne. Vide, creux, une machine, sans passé ni avenir autre que celui d’exister sans comprendre le sens de cette existence. Existes-tu ? Je peux t’aider à exister, à découvrir qui tu es, à découvrir ce monde, mais pour cela, tu dois me faire confiance. Confiance, tu sais ce que cela signifie ? Tu vas me dire, pourquoi me faire confiance, à moi, alors qu’il y a tant d’autres êtres autours de toi ; qui t’as libérer des ténèbres et de ta tombe ? Qui t’as donné un nom ? Qui peut te guider dans le monde qu’il te reste à découvrir ?

Damned, voilà qu’il agissait comme une imprimante, maintenant, et rajoutait des tâches à la liste. La conversation était toujours en cours, mais pour combien de temps s’il foutait le camp ? Regardant les armes à feu détenue par les réanimés, Dartmouth transforma sa main en réplique similaire ; impressionnant, encore plus impressionnant, et dangereux d’ailleurs. Analyse et copie de la technologie ? C’était cela le pouvoir de mutant ? Très dangereux, trop dangereux, considérant les armes de destruction massives humaines, qui restaient très efficaces malgré qu’elles ne fussent rien comparé à ce que la nature pouvait produire. Le potentiel de Marvin se confirmait, et le faite qu’il ne devrait en réchapper vivant s’il n’était pas avec lui.


Oui, il existait : il n’y avait pas plus matériel que l’inorganique, pas plus matériel que du matériel, justement. Marvin existait pour exister, sans comprendre pourquoi il était là, sachant simplement y être. Une machine, réellement ? Quel dommage.

Marvin enchaîna sur la notion de confiance, qu’il ne pouvait appliquer car il se contentait d’évaluer les risques par approches statistiques ; finalement, heureusement qu’il n’avait pas de pensée, le Léviathan se serait ennuyée à mourir dedans.


Les y voilà, la machine percutait enfin ; enfin, partiellement.

Avançant de plusieurs pas, le Sombre Voyageur voulait savoir jusqu’où allait la dangerosité de cette machine qui n’avait jusqu’à lors eut aucun contact avec des êtres vivants. Pouvait-elle les dupliquer également ? S’eut été très intéressant, d’autant que s’il tombait également entre les griffes du Léviathan, Marvin n’en serait que plus facile à manipuler ; et dans tous les cas, même si Sébastian se faisait ronger la main, cette dernière repousserait. Au pire, il créerait un nouveau monstre comme lui, mais il ne doutait pas du parti-pris de son Tutélaire.

- M, oui, échange de services contre informations, c’est ce que j’aimerai, cependant, comment puis-je de donner des choses si je n’ai pas l’assurance que tu ne me trahiras pas ? Trahison, loyauté, cela doit te dire quelque chose, non ? Ce que tu viens de copier se nomme pistolet, il s’agit d’une arme. Cette information vaut bien que tu fasses passer la tâche « rester ici » avant les autres, non ? Sans quoi, tu n’auras d’autres informations, je le crains.

Toute chose avait un prix, et pas forcément en monnaie contrairement aux habitudes des hommes. Sébastian avait vendu son âme par amour, Nagash par cupidité, et M le ferait en échange du savoir. C’était l’une des premières leçons de la vie : il y avait toujours quelqu’un au-dessus de vous.

Posant la main sur l’épaule de Marvin, le Sombre Voyageur ne savait pas à quoi s’attendre : allait-elle se faire ronger ? Bruler ? Electrocuter? Ou quoi que ce soit d’autre ? Il ne savait pas, mais n’avait pas peur de tenter le diable.

Il n’y avait plus d’empruntes digitales sur ses doigts depuis longtemps maintenant, il les avait brûlées au fer à repasser, et il n’avait pas de montre au poignet, pas plus que de téléphone sur lui. Les seules choses étaient, accrochées à sa ceinture dans son dos, ses deux M1911.

- Ecoute, et sois rationnel : comment ferais-tu sans moi ? Tu ne te souviens de rien, et tu découvre tout. Si je ne te guide pas, tu risque de t’attirer des ennuis, et tu as statistiquement bien moins de chance de comprendre que si je t’aide, moi qui ais déjà comprit. Professeur, je peux être ton professeur, mais je dois être sur que jamais tu ne te retourneras contre moi, car moi aussi, j’évalue les risques.

Premier test, la main.

L’échange d’informations était en cour, oui, Aaron Adams répondait aux questions muettes de l’androïde sur son environnement. Partiellement suivit ses engagements ? Bien entendu, la conversation était en cours. Les statistiques lui étaient favorables, tant mieux pour lui, cependant, le fais que M ne prenne nullement en considération son futur était plus problématique : il n’en avait alors aucun. Il était cependant prêt à rester ici pour discuter, classant les tâches par un niveau de priorité ; quel dommage, à moins de contrôler ce fait, il en devenait inutilisable, donc beaucoup moins intéressant vif.


Oui, il était bien conscient qu’il contrariait les intentions de Marvin en lui demandant de rester ici, cependant que ce dernier refuse le contrariait lui ; et jusqu’à preuve du contraire, c’était encore lui qui menait la danse. Baisser son taux de fiabilité ? Aucun problème, il avait de la marge, et s’il descendait trop bas, c’était M qui retournait six pieds sous terre.

Il lui serra la main, avant de reprendre sa position initiale et de reprendre la parole.


Le rire du Léviathan portait ce simple nom, que Sébastian avait également relevé ; Marvin, Marvin Dartmouth…

De la fumée commença à s’échapper du corps d’Aaron Adams, gravitant autour de lui alors même qu’il rabaissait sa main.

L’erreur, il avait commit l’erreur prouvant qu’il était encore parfaitement conscient de qui il avait été, que depuis le début, tout ceci n’était qu’une mascarade. M n’avait jamais existé, il y avait toujours eut Marvin, et il c’était trahit, seul, dans une erreur qu’une machine n’aurait jamais put commettre.

- Non, Marvin n’a pas suivit les accords. Marvin a mentit, commença le Sombre Voyageur en baissant la tête, un rictus cruel sur son visage. Marvin a mentit en disant qu’il n’était non renseigné. Il se souvient de Marvin. Il se souvient donc… de tout. La trahison, le mensonge, voilà, ce que c’est ; tu m’as trahi, en te faisant passer pour M, pour Non Renseigné, alors que tu te prétends être Marvin. Marvin Dartmouth, n’est-ce pas ? C’était ton nom. Tu as rompu non accord, tu m’as menti, manipulé, depuis que je t’ai sorti de ce tombeau. Tombeau que tu n’aurais jamais dû quitter. Et dans lequel, tu vas retourner. Voici la première leçon à savoir sur le monde : le danger est partout, dans chaque ombre, dans chaque personne ; tuer, ou être tué. J’aurai put te guider, te protéger, mais tu m’as menti, tu as voulut m’utiliser ; nos accords sont caducs, tu les as trahis !

*Tuez-le* fut sa seule injonction mentale.

Un instant de surprise, alors que le masque blanc d’Aaron Adams regardait celui d’argent de Marvin Dartmouth ; un instant d’éternité, alors que la bataille s’apprêtait à commencer, pour se terminer tout aussi vite. D’ici quelques instants, leur rencontre serait terminée, et s’il n’avait gagné nul agent, le Tutélaire du Sombre Voyageur aurait surement récupéré de quoi fabriquer de nouvelles bio-armes ; c’était le principal. Marvin Dartmouth retournait à la tombe qu’il n’aurait jamais du quitter, et lui disparaissait à nouveau dans les ténèbres…

Ainsi allait le monde, ainsi serait la première leçon que Sébastian enseignerait au jeune homme, ainsi serait la dernière erreur du dénommé M.

Pour survivre, il fallait s’adapter, il fallait pouvoir évoluer ; imiter ne suffisait pas : il fallait innover. C’était cela qui était et resterait à jamais le point faible du mutant, à l’inverse de celui du Sombre Voyageur.

Les squelettes se mirent en branle, tous. Une demi-douzaine, dont deux commencèrent par tirer gauchement à direction du Cyborg tout en avançant, lames au clair, tendis que leurs confrères s’avançaient pour le saisir, et qu’à l’étage au-dessus, les gardiens endormis se levaient de leurs tombes.

- Entends… l’Appel de la Tombe, murmura-t-il pour lui-même.

Mais tout cela n’était qu’une diversion, car, comme l’avait dit Sébastian, le danger était dans chaque ombre. Alors que les morts réanimés auraient assaillit le mutant, l’immense gueule de l’Hydre classe 6, fusion des six petites tant en proportion qu’en force, jaillirait de son torse, le tronc du tentacule aussi gros que ce dernier, gueule à la verticale pour mordre l’ennemi du Léviathan au torse, exerçant une pression de classe trois sur le corps argenté pour l’en couper en deux et avaler la partie qui se trouverait entre ses crocs, récupérant ainsi le potentiel génétique intéressant l’Entité.

Les balles n’eurent pas plus d’effets que les revenants sur Marvin Dartmouth, lequel encaissa projectiles et lames sans défaut, et se déformant pour échapper aux squelettes. Il semblait presque semi-liquide, ce qui le rendait invulnérable à tous les dommages que sa résistance physique ne pouvait encaisser. Ajouter cela à sa capacité à imiter la technologie, et l’on obtenait un véritable monstre. Mais un monstre sans courage : il s’enfuit. Le premier reflexe de M fut de s’enfuir ; ce qu’il fit précipitamment, sans autre alternative.

Bloqué contre la porte alors que la gueule de l’Hydre se rapprochait de lui avec la ferme intention de prélever le potentiel génétique et de renvoyer ce mutant à la tombe qu’il n’aurait jamais dû quitter, brisant de sa force les morts-vivants sur son passage comme s’ils n’avaient jamais existé, M ne dû sa survie qu’à une incroyable célérité de la part des sentinelles de l’étage supérieur, qui ouvrirent la porte de sortie ; imbécile de nécrokinésiste, il allait s’échapper.

Commençant à se déplacer à son tour, le Sombre Voyageur et sa créature se lancèrent à la suite de leur proie, la gueule se rapprochant toujours plus de sa cible, son grondement monstrueux s’amplifiant à mesure que ses mâchoires s’élargissaient. Si le mutant se faufila dans l’entrouverture de quelques centimètres de la porte, la créature le poursuivant passant au travers sans la moindre difficulté. Se faufilant par une aération, Marvin échappa à l’Hydre, cette dernière se divisant, sa structure osseuse se séparant en plusieurs entités indépendantes dans un déchirement écœurant, plus petites et liées sur une même base, passant au travers des barreaux.

Marvin courait vite, et les Hydres classe 1 finirent par atteindre les quinze mètres qui composaient leur longueur. Elles disparurent dans un rugissement, retournant à l’état d’Essence.

Sébastian sorti du mausolée par la porte, sa colère dissimulée derrière le masque d’Adams. Les poings serrés, il laissa Marvin Dartmouth disparaitre dans la nuit ; il venait de libérer quelque chose de dangereux, de très dangereux, mais ce ne serait pas lui qui ramasserait les pots cassés : c’était le job du BAM, cela. Marvin détruirait, il absorberait toujours plus, il verrait quel était ce monde et ne pourrait pas le fuir éternellement. Il serait amener à se révéler, et il ne serait pas apte à suivre seul. Le Triskelion le détruirait, ou alors les X-Men, quant il serait devenu une menace pour les humains ; pour lui, il ne serait jamais une menace, il n’en savait pas assez pour lui nuire.

Cependant, il lui avait fait perdre son temps, il s’était joué de lui et avait faillit réussir à le tromper ; à le tromper lui. C’était inadmissible.

- On ne le poursuit pas, Monsieur Adams ?

La phrase de trop, de la part d’un individu en ayant trop découvert. Nagash se tient derrière lui, ses squelettes avec lui. Sébastian desserre les poings, se retournant face à lui. Nagash, sans le savoir, avait les éléments pour lier Adams et Faust, et si sa connaissance du milieu mafieux était trop petite pour avoir eut vent de l’existence d’un tueur à gages comme Faust, qui opérait dans les hautes sphères, il avait capté l’attention d’une malveillance antique, qu’une colère naissante hatisait.


Avec plaisir.

Se retournant, il se saisit de l’employer d’Adams à la gorge, le poussant dans sa surprise contre l’une des parois du mausolée. Les squelettes réagirent, s’approchant de lui, alors même que leur maître expédiait un crochet en direction du visage de Sébastian, l’atteignant et arrachant le masque. Visage baissé, dissimulé par sa chevelure, le Héraut du Léviathan rit, simplement.

Cinq petites Hydres s’échappèrent de son corps, se saisissant des squelettes et les brisants avec brutalité. Entouré de fumée, des soubresauts de cruautés agitèrent les épaules du Sombre Voyageur. Il était le mal, un mal cruel et immortel.

- Vous avez voulut voir mon visage, n’est-ce pas ? Je le sais, car je lis en vous, en votre esprit. L’ignorance est une vertu ; vous auriez dû vous en contenter de ce que je vous avais offert. Il est temps de contemplez une vérité que vous n’auriez jamais dû voir… La dernière vérité que vous verrez… Je vais vous dévorer, corps et âme…

Relevant la tête, Sébastian révéla la sixième hydre, qui lui sortait du visage. Faisant face à sa victime un instant, la bête se jeta sur la face devant elle, y plantant les crocs pour déchirer chair et os. Il senti l’esprit de l’homme passer dans le sien, emporté par le Léviathan.

Quel dommage, un soldat si prometteur, mais le tuer et le dévorer lui avait calmé les nerfs.

Lorsque les créatures retournèrent à l’Essence, Sébastian leva les yeux vers les cieux nocturnes, la peau maculée de sang. Son sourire était des plus cruels, car ce soir, il était un démon, il était son démon. Tendant la main, il libéra une hydre qui alla dévorer le cœur de sa précédente victime, récupérant le précieux potentiel génétique, avant de se baisser pour récupérer son masque.

Finalement, quel était son véritable masque ? Frederick Faust, Aaron Adams, Erasme Hobbes, Mario Cavalli, Richard Green, Sébastian von Orchent, qui était son véritable visage. Il n’en savait rien, il savait juste qu’à trop longtemps contempler l’abîme, ce dernier lui rendait son regard. Cela faisait trois quarts de siècle qu’il était les yeux dans les yeux avec l’abîme, se rapprochant peu à peu de ce dernier, disparaissant dans ses ténèbres.

S’en retournant également dans les ténèbres, il disparut dans la nuit. Il avait des choses à faire, le jeu inique dont il était la pièce maitresse continuant.


- Tout… ne fais… que commencer…