Apollyon [PV : Caïn Marko]

Le Walhalla, ancienne partie des égouts, abandonnée puis réaménagée, était désormais un vaste réseau d’anciens réservoirs reliés par des tunnels, réservoirs en partis rénovés par du béton et des voutes, permettant l’établissement d’immenses pièces avec, au centre desquels il restait un grand trou ; l’arène. Car il s’agissait bien d’arènes, le Walhalla ; d’arène clandestines. Avant la drogue, avant la musique, les bars et autres activités plus ou moins illicites, le Walhalla était un réseau de combat clandestin.

Les règles étaient simple, mais lui n’était pas là pour combattre ; non, il était là pour tout autre chose. Quant on avait un nom et une réputation telle que celle de Faust, accéder à pareil lieu était d’une facilité déconcertante, même si ses relations avec les Cartel étaient pour le moins mortelles, il y avait de toute façon toute la pègre de NY présente ici, avec ses enclaves et ses débouchés. Faust était un ami des Russes, des Italiens, des Français, des Japonais, cela lui avait assuré nombres d’aillés dans ces lieux miteux, ainsi que de nombreux soft-conduit. Suffisamment pour y introduire sa corruption et ses plans.

Accéder au Walhalla était difficile pour le commun des mortels, car il fallait ou posséder une carte de membre, ou une invitation nominative et une carte d’identité, ou encore être parrainé par un membre. Les célébrités du crime organisé, comme Faust, pouvaient entrer sur références, mais ce n’était pas le cas de l’ombre qu’était Aaron Adams. Le faire entrer, même avec l’aide de Faust, n’avait pas été des plus simples.

Falsifier une carte de membre était impossible, et une invitation nominative impliquait qu’Adams dévoile un visage qui n’était pas sien, sans compter que ni lui ni Faust n’avaient de carte d’identité. Etre parrainé impliquait la présence physique du parrain, mais c’était finalement cette solution qui avait été choisie. Ce que les polymorphes étaient pratiques, Sébastian adorait ce genre de bestioles et le Léviathan lui avait promit des serviteurs doté de telles capacités. Cela lui évitait d’avoir à traquer un mutant durant des jours pour finalement s’en débarrasser peu après. La seule personne à c’être aperçue du subterfuge avait été Reader, le sous chef de la sécurité du Walhalla, un grand maigre télépathe ancien champion de karaté, qui pouvait voir la présence psychique du Léviathan. Malgré ses protestations, Faust avait été admit en ce cercle, et si les relations avec ce gêneur étaient pour le moins tendues, Sébastian n’avait pas encore trouvé le moyen de se débarrasser de lui. Ils en étaient arrivés à un point d’équilibre : Reader ne se mêlait pas des affaires de Faust ou d’Adams et ce dernier ne tentait rien contre lui. Attaquer un membre du Walhalla ? Non, Sébastian n’était pas fou, mais user de son influence pour le faire renvoyer ou exécuter pour espionnage ou encore lui faire connaitre un tragique et improbable accident (de travail ou pas) n’était pas à exclure.

Mais pour l’instant, tout était calme : Adams infiltré qui regardait les combattants pour sélectionner les meilleurs et leur faire une proposition. Oh, lui-même ne combattait pas ; on pouvait le proposer à Faust, mais Adams n’était pas un combattant. C’était une ombre au sein même du Walhalla, donc très peu n’avaient vu ne serait-ce que le masque blanc. Il aurait certes été plus simple d’user de Faust comme recruteur pour Adams, ce qui entrait parfaitement dans ses compétences, mais impliquer ses deux alter-égo dans la même affaire ne devait être fait qu’en cas d’extrême nécessité. Adams allait doubler bon nombre de mafieux quant son heure viendrait, et parmi les alliés de Faust, peu d’entre eux seraient ravi d’apprendre que leur mercenaire de confiance et celui qui venait de réduire leur empire à néant n’étaient qu’une seule est même personne.

C’était pour cela qu’il portait ce masque, ce masque blanc aux traits anonymes, en plus de son habituel costume noir. Il fallait protéger son visage, pour que lorsqu’Erasme Hobbes sortirait des ombres du projet Caesares, il n’y ait personne parmi les hommes de Sébastian qui ne soient capables de l’identifier ; ceux qui avaient vu le visage de Faust parmi les mafias reposeraient six pieds sous terre, c’était prévu.

Certain croient que Dieu à un plan pour chacun d’entre eux, une chose dont le Sombre Voyageur était sure, c’était que le Léviathan avait un plan pour chacun d’entre eux. Et ce soir, la cible répondait au doux nom de Caïn Marko, alias Juggernaut de la Confrérie des Mutants. Sébastian avait découvert sans trop de difficulté que pareille personne se battait dans un tel lieu, et en était même une sorte de champion, et il lui avait suffit de faire appel à ses contacts dans la Confrérie pour proposer un rendez-vous au mutant. Si l'on en croyait les rumeurs, il était invincible, rien de moins; tellement puissants que le patron du Walhalla lui avait demandé de ne plus combattre à moins qu'on le défi. Il allait au futur avoir besoin de ses compétences, et le recruterait dès maintenant.

Assit dans une alcôve sur un lourd fauteuil de bois et de cuir, il attendait dans les ombres d’une pièce d’observation qu’on lui amène le Juggernaut, observant un combat qui se déroulait en dessus, réfléchissant. La plupart des combattants du Walhalla étaient valables, voir plus, le Fléau devait donc être d'un niveau bien supérieur. Mais comment savoir lequel ? En plus d'être invincible, de ce qu'il en avait comprit, Marko était immunisé à la Télépathie. Le Léviathan savait une chose mieux que quiconque : il ne fallait pas déchaîner de bête qu'on ne pouvait contrôler. Sébastian allait prendre le risque.

« À leur tête, comme roi, elles ont l'Ange de l'Abîme ; il s'appelle en hébreu "Abaddôn", et en grec "Appolyôn". » ; Apocalypse selon St-Jean, Chapitre 9, Verset 11

Des pas, de lourds et bruyants pas, résonnèrent derrière lui, dans son dos, alors que le Juggernaut approchait, leur disparition ne laissant place qu’à une voix bien plus rustre encore, qui se présenta brièvement. C’était pire que ce qu’il croyait, pire que ce qu’on lui avait raconté : le Fléau ne disposait certes pas de la moindre subtilité, mais aussi d’un manque flagrant d’éducation se reportant peut-être sur ses capacités d’analyses. D’ordinaire, cela n’était pas gênant, c’était même un plus du point de vue du Sombre Voyageur car lui facilitait grandement la vie, mais dans le cas d’un mutant comme celui-là, cela pouvait s’avérer problématique s’il se décidait qu’il était trop fort pour recevoir des ordres ou accomplir de basses-œuvres comme tuer quelqu’un ou tenir une position.

On n’exagérait pas sa réputation de rustre et de barbare, visiblement, à l’inverse de celle de ses pouvoirs, tel que lui confirma le Léviathan : il n’était pas immunisé à la Télépathie, cependant il y avait quelque chose d’étrange dans ses pensées. Ils auraient besoin d’un contact physique pour passer les couches supérieures, mais pour l’instant, à part cette étrangeté non-identifiée, les pensées du Fléau restaient aussi brutes que son apparence.

Sébastian n’était même pas surprit d’être tutoyé par un être tel que cela, détail qui rejoignait un point précédemment évoqué ; cependant, le Sombre Voyageur était prêt à passer outre l’impolitesse d’un tel homme de main s’il s’avérait efficace, chose qui ne faisait aucun doute aux vues de sa réputation toujours.

- N’hésitez pas à vous assoir, Mr. Marko, j’admire vos pairs en train de s’amuser en contrebas. Est-il vrai que vous êtes interdit d’arène à moins que l’on vous défie ? Cela doit être frustrant, mais les compensations à la hauteur, non ? Je crois savoir que vous avez accès aux stocks de boissons, cependant laissez m’en vous en offrir une, ne serait-ce que pour la forme.

Aaron fit une pause, laissant le temps au Juggernaut de répondre et agissant en conséquence.

- Mon nom doit vous être inconnu, Mr. Marko, mais à la différence de mon visage, il ne le restera pas : je suis Aaron Adams, et je dois avouer que votre CV est plus qu’alléchant pour un homme dans ma position. On ne croise pas chaque jour de mutant « Invincible ». Je pense que vous savez déjà quels sont mes intérêts pour votre personne : je tente de monter ma propre affaire, ici, à New York, et des guerriers tels que vous pour protéger mes intérêts sont rares, et seront payés en conséquence. Je connais votre affiliation à Magnéto et sa Confrérie, cependant je sais aussi que bon nombre de leurs agents font aussi du mercenariat durant leur temps libre ; est-ce votre cas ? Car si oui, je voudrais vous proposer un emploi sur du long terme, qui n’entrera pas en concurrence avec celui de vos maîtres actuels, cela va de soit.

L’avantage avec les gens comme Caïn Marko, c’est qu’outre les sous-entendus implicites et autres closes cachées dans les tournures de phrase qu’ils n’avaient pas la capacité de relever, c’était qu’ils étaient généralement directs et concis. Pas de risques qu’ils tentaient de la jouer plus fin que leur employeur et leurs tentatives d’arnaques se voyaient comme une vache dans un couloir, où dans le cas présent, comme le Fléau dans une fiesta pour le don du sang et d’organes.

Bien que limitée aux pensées de surface par la taille du portail, la Télépathie du Léviathan était d’une infinie utilité dans les phases « politiques » comme dans les phases martiales, permettant d’anticiper les réponses et de connaitre les réactions des autres protagonistes. Il y avait toujours cette petite tracasserie qu’était les autres télépathes, mais le seul officiel d’ici savait très bien qu’il ne fallait pas s’en prendre directement au Léviathan et qu’il n’était pas apte à luter sur le terrain des intrigues.

Sébastian attendrait la réponse de son invité avant de poursuivre, avisant au mieux ses propositions et ses répliques pour conclure cet acte commercial d’une importance majeure, mais nullement indispensable à la suite de ses plans.

Le Juggernaut s’assit avec autant de délicatesse que sa personne le laissait présager, broyant son séant de sa force (ou de son poids, qui pouvait également être élevé vu le colosse), même si les renforcements tinrent bon, au moins cette fois là.

Le fait qu’un inconnu comme Adams connaisse nombre de chose sur lui n’inquiétait pas outre mesure Caïn Marko, qui jugeait qu’on ne pouvait l’atteindre grâce à cela et qu’il n’était pas dur d’obtenir pareilles informations sur lui, ici, au Walhalla. Sébastian sourit derrière son masque, car les plus précieuses informations sur le Fléau, ce n’était point ici qu’il les avait trouvées. La vindicte entre Marko et Xavier était l’un des points les plus intéressants de cela, et pourrait être le point d’orgue de quelques projets à l’avenir, projets nuisibles à l’Institut comme aux X-Men ; surtout aux X-Men d’ailleurs.

Le Juggernaut plaça nettement sa supériorité face aux combattants des arènes, à défaut de leur manquer de respect il se mettait clairement en valeur, démontra sa vanité et son orgueil ; défauts tout autant appréciés qu’ils pouvaient aisément servir ses intérêts, songea le Sombre Voyageur. Marko expliqua qu’à défaut de regretter les combats, c’était les compensations qu’il appréciait. Encore un vice exploitable, magnifique.

Le Fléau se voyait comme le maitre incontesté du Walhalla, et aimait cette idée. Voilà qui pouvait arranger les machinations du Léviathan comme leur poser problème, bien qu’il y aurait un moyen de régler cela à l’amiable.

Cherchant de mémoire s’il avait déjà entendu parler d’Aaron Adams, chose impossible puisque cette identité n’avait pas un mois, Caïn eut une réflexion des plus amusante :

*Monter sa propre affaire ? Va encore y avoir un tour de chaises musicales chez la mafia*

Il y était presque : il n’était pas question d’un tour de chaises musicales, mais d’un jeu complet ; et Sébastian n’avait pas l’intention de lever ses fesses de la dernière chaise pour la jouer à la loyale. Il allait faire s’effondrer des empires et décapiter des dynasties, le projet Hadès devant lui permettre d’avoir la pègre de New York dans le creux de sa main. Lorsque Shaw lui avait demandé de servir d’intermédiaire entre les mafias et le HellFire Club, le chargeant de la gestion des organisations criminelles, il n’avait dû entrevoir le bain de sang et les ambitions mises dans ce plan : c’était plus facile de gérer la pègre si on la contrôlait, et prendre le contrôle du monde souterrain de la plus grosse ville du monde réclamait plus que de simple soldat et de petites manipulations : du meurtre à grande échelle et une véritable guerre de l’ombre, une guerre impliquant les agents d’Adams et des membres du BAM et de la NYPD bien rencardés, en plus d’une potentielle intervention Confrériste qu’il espérait obtenir par le biais d’un arrangement avec le futur Cavalier Noir du HellFire Club, qui devait provenir des Acolytes de Magnéto en cas d’alliance entre la Confrérie et le Club. Mais pour l’instant, il était dans la phase de recrutement, et il était venu recruter son champion et plus puissant soldat, selon toute probabilité.

Alors Bourdu, qu'est-ce que tu proposes ?

Le Juggernaut en avait marre, sa patience ne tenant pas la dizaine de minutes. Voilà qui risquait encore d’être plus problématique. En tant que mercenaire, il ferait ce qu’on lui disait contre la somme convenue, mais s’il était trop instable mieux valait éviter de tirer sur sa laisse au risque de la lâcher.

- Vous devez comprendre qu’il ne s’agit pas là d’un contrat de mercenariat ordinaire, Monsieur Marko. Je ne vous offre pas une mission et un CDD, je vous offre un CDI : une rémunération mensuelle en échange du fait que lorsque j’ai besoin de vos services, vous intervenez sans poser de question. Pour votre salaire, mensuel toujours, j’avais pensé à une chose simple : un million. La prime du BAM sur votre personne est à un million, je me fierais à leurs estimations sachant qu’elles me semblent sous-évaluées, car un barbu faisant un spare avec deux aéronefs en valait vingt-cinq fois plus jusqu’à récemment. Cependant il s’agirait là d’un salaire de début, à mesure que mes revenus augmenteront, il est probable que les vôtres en fasses autant. Cependant, j'aimerai une chose de votre part : du respect, car même si vous êtes à part, je ne parviendrais jamais à m'imposer si mon meilleur guerrier n'a aucun respect pour moin. Considérez que cela fera parti des conditions de l'emploi. Qu’en dites-vous ?

On n'achète pas de respect, on le gagne.

Primate. Ce n’était même pas un barbare, car eux avaient le sens de la société, eux savaient qu’il existait un code de conduite à tenir en présence de leurs congénères, eux savaient que si le respect ne s’achète pas, il fallait faire preuve d’un minimum de cette qualité pour que l’on nous la rende en retour.

Le Juggernaut ne respectait que deux choses : la force et le pouvoir. Donc il ne respectait pas grand monde, mais s’estimait beaucoup lui-même. La vanité et la stupidité ; il avait peut-être beaucoup de force, mais le pouvoir, que croyait-il ? Il n’était qu’un pion du monde, comme le reste, un pion de Magnéto, qu’il respectait pour ce qu’il avait fait et pour le charisme de ce leader du plus grand mouvement terroriste du globe. Il était le pion de Charles Xavier aussi, car l’on ne pouvait être le plus puissant Télépathe au monde et n’avait de plan et de projet, et le Fléau le respectait pour cela aussi. Il respectait trois personnes, quatre s’il s’incluait, ce qui prouvait bien une chose : il était seul.

Pour qui se prenait Adams ? Pour personne. Pour personne car il n’était personne, un masque blanc anonyme, car il n’était qu’une silhouette, car il n’était qu’un outil. Comme le serait le Juggernaut, soit outil soit obstacle, ce n’était pas différent de tous les autres. Quel pouvoir avait-il pour être si sur de lui ? Celui d’avoir vu l’Enfer et d’en être revenu, celui de contempler l’éternité et de savoir que, malheureusement, elle passerait sur lui sans l’atteindre. Il avait le pouvoir du mystère et de la superstition, il avait le pouvoir de son intelligence et de son immortalité.

Oh, il n’était pas inquiétant en lui-même, n’ayant rien d’impressionnant physiquement. Il n’était pas Faust, avec ses démons et sa cruauté, il n’était pas Green, avec ses compétences d’enquêteur, il n’était pas Hobbes avec ses espoirs et ses croyances. Adams était un fantôme, et c’était cette invulnérabilité de celui qui n’est rien qui effraierait ses ennemis.

La vision des choses du Juggernaut était plus simple que celle de l’enfant qu’il était, il croyait qu’il n’avait qu’à ce servir. En quoi tuer Adams lui aurait-il rapporté quoi que ce soit ? Il n’avait pas son identité, il n’avait pas ses connaissances. Comme si l’on pouvait se balader avec des millions sur soi… Idiot. Aujourd’hui, il fallait bien plus que dire « la bourse ou la vie » pour obtenir quoi que ce soi. La seule place où le géant n’aurait pas dénotée était dans les jeux du cirque, à l’époque romaine.

Montrez-moi ce que vous valez.

Bien, ils avaient déjà progressé : Caïn le vouvoyait. Il apprenait vite, certes c’était des choses basiques, mais Sébastian était près à lui reconnaitre chaque progrès.

Les pensées du Juggernaut renseignèrent le Sombre Voyageur sur la véritable volonté de celui-ci : pas un combat, juste des présentations. Il ne voulait pas être traité comme le « dernier des larbins », il était bien trop fier pour cela. Il faudrait se montrer malin, et loyal, pour monter en grade, cela ne le différentierait pas de Charon ou de Blink.

L’argent l’intéressait, mais il croyait qu’il y avait des moyens d’en gagner facilement. C’était vrai, être payé un million mensuellement et ne pas être sur que l’on ait à lever le petit doigt, c’était l’un des moyens les plus simples et les plus faciles.

- La confiance, elle se mérite aussi, monsieur Marko ; et quant on fait affaire, il est plus avisé de faire preuve d’un minimum de respect : il ne coute rien et peut rapporter beaucoup. Je n’ai pas la moindre raison de vous respecter et vous ne m’en donnez pas plus, pourtant je le fais. C’est le respect pour votre personne et vos talents qui me font proposer aussi cher vos services, car je ne saurais que vous rappeler les évènements récents, et votre échec à enlever un gamin, défait par un seul X-Man. Nombre de bruits courent sur vous, The Unstoppable Juggernaut, et tous ne vous sont pas favorables. Soit vous êtes un mercenaire, et vous vous comportez comme tel, je vous paye et vous agissez conformément à l’ordre de mission, soit je crains que notre affaire soit compromise. Je ne vais pas révéler mes plans à chaque homme, si puissant fut-il, alors que nous ne sommes pas encore dans le même camp. Et puis, obéir sans poser de question, est-ce véritablement si différent de ce que vous faite pour Magnéto ? C’est l’estime qui ce gagne, Monsieur Marko. L’estime.

Sébastian avait parlé d’une voix égale, n’instant pas sur les échecs ni sur les réussites, considérant simplement, objectivement, les faits. Il n’était pas là pour froisser le Fléau mais voulait lui faire comprendre que pour une bonne entente mutuelle, il valait mieux poser de saines bases.

- Je n’ai pas la prétention d’être un guerrier, et encore moins un de votre calibre. Je n’ai pas grande prétention de toute façon. Je suis Aaron Adams, un nom, un simple nom. Ni visage ni passé, je suis un fantôme. Mais un fantôme qui s’intéresse à l’avenir. A l’avenir de cette ville et de sa criminalité. A un avenir dans lequel j’ai un rôle à jouer, et je vous en offre un également. Cela n’est pas plus compliqué que cela, Monsieur Marko.

L’art des demies-vérités, l’un des jeux préférés de Sébastian : il ne mentait pas, mais il ne disait pas non-plus la vérité. Adams n’était pas un guerrier, c’était un politicien, c’était Faust le guerrier. La seule tâche qui ne résumerait jamais la vie d’Adams serait le projet Hadès. Adams n’avait aucune identité, pas de visage ou de passé, car le Sombre Voyageur ne lui en avait pas créé : il n’en avait pas besoin. Il n’avait pas d’autre existence.

Le Juggernaut réagit à ses paroles par un semblant de raisonnement philosophique qu’il serait intéressant d’approfondir plus tard, ne serait-ce que pour lui prouver qu’il pouvait être plus qu’un tas de muscles, ou alors que le cerveau était le muscle le plus important de tous. Toujours était-il qu’il c’était avéré trop sarcastique, et que la colère de Caïn Marko montait. Il était persuadé que personne n’avait été présent, et à défaut d’avoir lut les souvenirs, n’ayant accès sans contact qu’aux pensées instantanées, Sébastian avait des espions suffisamment doué pour se renseigner sur tout et n’importe quoi, non seulement dans son réseau personnel, mais aussi dans celui du Club des Damnés.

Affolé à l’idée de Télépathie, le Juggernaut se changea, faisait apparaitre une immense armure pourpre sur son être, au plus grand plaisir du Léviathan et de son Héraut :il n'y avait eut aucun des mécanismes mentaux habituels d'utilisation de pouvoir comme chez les mutants.


Intéressant, en effet. Un Héraut également ? Le Héraut d’un autre Démon ? Ou bien de quoi d’autre ? Les créatures couramment nommées Entités pouvaient avoir des myriades de noms et d’apparence, et un démon n’était rien de plus que ce que l’on nommait démon. De qui ? De quoi ? Tant des questions…

Se levant brutalement, le Fléau le saisit à la gore de deux de ses doigts, le soulevant pour le porter près de son casque, le Sombre Voyageur en profitant pour examiner ce dernier. Des loquets, il cherchait juste des loquets. Parfait, le casque pouvait être ôté. Sébastian savait comment venir à bout du Juggernaut, même s’il ne pouvait pas y arriver seul.

"Un homme sans passé n'a pas de présent ni de futur ! Vous n'êtes rien ni personne et ne serez jamais qu'un clown avec un masque... L'avenir se joue dans les mains des forts et vous n'en êtes pas un... Donne moi une bonne raison de ne pas tapisser le mur avec le contenu de ton crâne"

Adams ne dit rien, parfaitement conscient qu’ici, même le Juggernaut ne pouvait rien contre lui : on ne tuait pas au Walhalla, c’était les règles. Et même Caïn Marko n’enfreignait les règles ici. Il le relâcha, Aaron faisant un pas en arrière, pour reprendre son équilibre, avant de commencer à rire. A rire, d’abord légèrement, puis avec plus de folie : il n’y avait pas la moindre joie dans ce rire, il n’était qu’un écho, un écho du passé et de la cruauté, un écho du Léviathan.

- Bien… Très bien… déclara-t-il après quelques secondes de son rire funeste. Vous voyez, Monsieur Marko, vous devenez de plus en plus sincère avec moi. Je sais que mes paroles ne vous ont pas fait plaisir, mais combien osent, même parmi ceux que vous considérer comme vous amis, vous témoigner le respect d’être sincère envers vous ? Les échecs comme les réussites forgent un être, et il n’y a pas à en avoir honte. Il en va des règles de ce monde : toute action entreprise peut connaitre deux fins, la réussite ou l’échec. La seule raison que vous avez de ne pas me fracasser le crâne est que le Walhalla interdit le meurtre en son sein, et que même vous êtes astreint aux règles. Vos menaces sont inutiles, car une fois encore, je n’ai pas de visage, donc vous ne pouvez pas me détruire. L’avenir ne se joue pas entre les mains des forts, mais de ceux qui sauront s’y adapter, Monsieur Marko. La mutation est la preuve ultime de cette théorie. Je ne suis rien ni personne… qu’en savez-vous ? Je suis un masque, c’est pour une bonne raison. Ce masque me protège mieux que votre casque ne pourra jamais le faire. Je n’ai besoin de nul artifice face à vous car vous m’avez sous-estimé. Car vous me sous-estimez encore.

Comme la pègre : ils se croyaient intouchables, et même s’ils avaient vents des agissements d’Aaron Adams, ils auraient la même réflexion que ce cher Caïn : en quoi un clown avec un masque pourrait-il avoir le moindre avenir ? C’était cela, sa plus grande victoire, se draper dans les ténèbres et contempler leurs condescendances, car lorsqu’ils comprendront, il sera trop tard.

- Vous n’êtes pas un mutant, n’est-ce pas ? Vous êtes… autre chose. Comment s’appelle-t-il ? Votre maître. Non pas celui que vous servez en ce bas monde, mais celui qui vous prête son pouvoir. Je sais beaucoup de chose, Monsieur Marko, car en tant que fantôme, je foule cette terre depuis longtemps déjà. Mais… j’ai aussi vu l’autre côté du miroir.

Ses questions étaient parfaitement rhétoriques, car s’il ne s’attendait pas à avoir un nom, le Héraut du Léviathan avait déjà tiré ses conclusions. Il devrait se renseigner le plus possible sur le Juggernaut, car s’il était sous la tutelle d’une autre créature supérieure, ils seraient amené à se recroiser, et pas forcément dans des conditions passifiques.

Retournant à son siège comme si de rien n’était, Sébastian s’y rassit, s’accoudant pour poser sa main opposée à la direction dans laquelle se trouvait le Juggernaut contre le bord de son masque.

- Je n’ai pas besoin de vous indiquer la sortie, cependant je pense que vous resterez, n’est-ce pas, Monsieur Marko ? Peut-être pas pour le contrat, mais au moins pour comprendre. Le Savoir c’est le Pouvoir.

Ce n’était pas pour rien qu’Aaron Adams avait tenu à rencontrer le Juggernaut dans une alcôve privée : outre le fait que ses plans ne concernaient personne d’autre que lui et qu’il tenait à rester discret, cela lui permettait semblable démonstration de confiance en soi ; confiance en soi qui confinait à la folie, il en convenait parfaitement, mais Adams n’était qu’un rôle, peu lui importait ce qu’on pensait de lui.

Il avait assuré ses arrières, étant un visiteur, pas un combattant, il n’avait pas le droit – du moins en tant qu’Adams – de combattre. Encore une fois, Faust était le combattant, et Adams le politicien.

Caïn parla à nouveau interpelé par ses propos. Sans même la télépathie et même le visage caché derrière son saladier anti-télépathique, le Fléau n’était pas difficile à décrypter. Oh, il aurait put d’un revers de main virer le masque, mais cela n’aurait donné naissance qu’à un autre masque, celui tout aussi anonyme fait de chair, dénué de nez ou de bouche, qui servait d’heaume à la Peau de Démon. Invoquer l’organisme, surtout partiellement, ne prendrait pas une seconde au Léviathan. Le visage d’Erasme Hobbes avait d’autre dessein qu’être celui d’Aaron Adams.

Montrer son vrai visage ? Cela devait faire plus de trois quart de siècle que son vrai visage était mort, et que nul ne l’avait réellement revu. Marko servait quelqu’un de différent, et voulait savoir non pas si c’était également le cas de Sébastian, mais jusqu’à quel point ils étaient semblables.

"Je suis le hérault de Cyttorak et toi , qui sers-tu ?"

Cyttorak… Faust en avait entendu parler, mais n’avait pas prit au sérieux l’existence de cette divinité. Peut-être aurait-il dû, surtout sachant comment la rencontre avec Marionni avait tourné par la suite, toujours était-il qu’il ne l’avait pas fait. Et le Léviathan n’avait nulle connaissance de cette créature non-plus.

Bien, ils allaient faire appel à l’un de leurs agents, histoire de ne pas le payer pour rien.

*Edda ! Réveille-toi. Je veux savoir tout ce que tu sais sur Cyttorak, maintenant !*

John Edda, surnommé par Vince « le Prof’ », ancien conservateur de musée avec de nombreux contacts dans le milieu, avait il y a une dizaine d’année émit l’hypothèse sur l’existence d’Entité empirique et/ou supérieure, et mené des recherches sur ces dernières. Il avait eut la mauvaise idée de s’intéresser de trop près à d’étrange reliques, et avait découvert la vérité sur sa théorie en la personne du Sombre Voyageur, qui le tenait par la terreur et l’argent depuis lors.

Le Prof’ avait une sainte horreur de la présence du Léviathan dans sa tête, et il existait peu de personne envers qui l’Entité ce montrait plus désagréable et cruelle que lui, bien consciente de la peur qu’elle lui inspirait. Menaces et plaintes fusèrent dans son esprit, mais Sébastian n’y prit pas attention, attendant des réponses et en ayant à donner.

Etre honnête ? Oui, cela ne rapprocherait pas le Juggernaut de Faust puisque le patron de celui-ci était inconnu de la plupart, bien qu’il s’agisse supposément de Méphistophélès et que le mercenaire réponde que c’était le Léviathan sans trop de difficultés. Mais il allait surtout être honnête car c’était une marque de respect, et que le Juggernaut commençait à en faire preuve, alors autant l’encourager.

Leur marché n’était pas encore révoqué.

- Ces créatures ont bien des identités et des apparences, Monsieur Marko, car elles aiment en changer, et que les mortels leur en attributs de nouvelles à chaque religion. Elle a porté nombre de noms, mais celui qui doit vous êtes le plus évocateur est Léviathan. La Gueule de l’Enfer, la Bête de l’Apocalypse, le Dragon voulant entrer au Paradis… les humains lui ont attribué tant de rôles au fil des siècles.

Les pensées d’Edda concernant Cyttorak lui parvinrent enfin : Démon ou Divinité, probablement de la destruction. C’était maigre, très maigre, mais il faudrait du temps au Prof’ pour faire des recherches plus poussées, mais il allait faire aussi vite que possible.

- Il s’agit d’une figure mystique bien plus connue que vôtre tutélaire, mais cela ne signifie rien. Cyttorak… Cyttorak, répéta-t-il en portant la main au menton de son masque, réfléchissant. J’ai déjà ouïe dire son nom, mais sans plus. En tous les cas, transmettez-lui mes salutations et celles de mon maître, cela fait près d’un siècle que je n’ai rencontré d’autre démon.

Le Léviathan ne connaissait pas Cyttorak, la réciproque était tout aussi improbable, et si l’Entité de Sébastian n’avait nul plan à l’encontre d’une autre divinité, l’inverse restait possible. Il n’y avait qu’à attendre pour voir.

Le casque du Juggernaut ne faisait pas que le protéger de la télépathie, il dissimulait également fort bien son visage. Heureusement qu’il y avait nombre d’autres moyens de traduire le ressentit d’un être, et si Sébastian n’en maîtrisait qu’une infime partie, elle était déjà suffisante la plupart du temps. Là non, cependant. Mais il n’avait pas besoin de télépathie ou d’observation pour savoir que sa réplique avait laissé Caïn Marko perplexe : qui ne le serait pas face à telle déclaration ?

Il n’avait qu’à attendre sa réaction pour savoir ce que le colosse en concluait, et il verrait bien. Et cette réponse ne se fit pas attendre, le Juggernaut devenant à nouveau impoli.

C'est ça ... je lui passerai le bonjour. En attendant tu es loin d'être un gabarit. Qu'est-ce qui me dit que tu n'as pas simplement lu mes pensées tout à l'heure ? Qu'est-ce qui me prouve que t'es pas juste un cinglé qui se prend pour un démon ?

Aaron soupira, simplement.

- Je vous en pris, à défaut de me respecter, faite montre de la politesse la plus élémentaire. La différence entre un guerrier et un barbare tient au code de conduite de ce dernier, et je suis sur que vous faites parti de la première catégorie, celle qui a de la valeur. Maintenant, réfléchissez à ceci, Monsieur Marko : les démons ne sont rien de plus que ce que nous nommons démons, et lorsque j’ai parlé de rencontrer un autre démon, il n’était ni question de vous ni question de moi, mais des choses qui rongent nos corps et nos âmes, des choses qui usent de nous pour influencer l’échiquier qu’est ce monde. J’ai perdu mon humanité lorsque je suis mort la première fois, elle m’a été arrachée par la créature dont je suis le Héraut. J’ai vu des choses que l’Homme ne devrait jamais voir, forcément que j’y ai laissé des parties de mon être : s’il est vrai que ma santé mentale n’est pas des plus saines, je n’en ai rien perdu de mon intellect. Les confessions que je vous fais ici vous place, alors même que nous ne sommes pas alliés, à un niveau de connaissance bien supérieur à tous mes autres hommes réunit. Maintenant, si j’étais Télépathe, qu’est-ce qui m’aurait empêché, à par le respect pour votre personne et vos capacités peut-être, de manipuler vos pensées pour que vous me suiviez sans poser de question ? Et puis, vous êtes les Juggernaut, n’êtes-vous point immunisé à la Télépathie comme on le chante dans vos louanges ? Instoppable, inarrétable, invincible presque. Force et Endurance illimités, résistances physiques et psychiques, le champion d’un Dieu d’un panthéon bien au-delà de celui des humains. Avec un tel curriculum vitae, je ne comprends pas que vous vous préoccupiez du destin des hommes. Cela nous fais donc venir à la question principale concernant les êtres comme nous : qu’est-ce qu’il veut de vous. Pourquoi Cyttorak vous a choisit, si vous le savez, tant mieux pour vous, j’ignore personnellement pourquoi mon Démon c’est entiché de moi, mais ce qu’il attend de vous, vous le savez ; aussi bien que ce que je sais qu’elle attend de moi. Peut-être servons-nous des forces contraires, opposés, mais je ne le pense pas. Vu vos pouvoirs et vos fréquentations, je pense que vous êtes la Guerre incarnée. Je vous fournirais une guerre, comme l’a fais Magnéto, mais je vous fournirai une guerre qui a une fin. Celle de Magnéto est pour le bien de son peuple, un peu qui vous est autant étranger qu’à moi, c’est louable, et votre engagement en son sein et tout aussi louable. La mienne vise à assoir un empire sur la vermine de cette ville, c’est bien plus égoïste j’en conviens, mais voyez sur le plus long terme : je vous offre une place dans un empire mafieux, je vous offre une chance d’étendre une influence qui vous serai non-seulement profitable, mais à la Confrérie aussi. Ne venez pas me chanter que les Terroristes et les Pègres s’accordent et s’aident, aucun des mouvements des deux camps n’est capable de s’entendre et de s’unifier. S’il faut du soutien à la Confrérie, pour des armes, de la contrebande, du trafiques, des renseignements, la pègre pourra lui être utile. Ma pègre pourra lui être utile. Je ne vous offre pas qu’une chance de faire ce pourquoi vous exceller, je ne vous offre pas que de l’argent et une place dans une nouvelle hiérarchie de l’ombre, je vous offre une chance d’entrer dans une cour qui vous était jusqu’à lors inaccessible. Mon offre est d’un million par mois, car mes ressources sont à l’heure actuelle limitées. Qu’adviendra-t-il lorsque mon empire naitra ? Je respecte mes hommes, je respecte mes alliés, et j’estime les meilleurs d’entre eux. Nous sommes peu nombreux à l’heure actuelle, mais lorsque l’empire grandira, notre nombre le suivra. Et si vous recevrez toujours des ordres, vous pourrez en donner, et les compensations seront à la hauteur de votre mérite. Il y aura toujours quelqu’un au dessus de vous, c’est une règle élémentaire, quant bien même vous seriez le dernier homme de l’univers, Cyttorak vous dominera toujours. Etre le chef n’est pas le plus intéressant, car c’est une position exposée et dangereuse, être le second, c’est bien plus facile. Je fais cela car c’est ce que mon Tutélaire souhaite que je fasse, car cela fait parti d’un de ses plans qui de toute manière me dépasse de loin. Aidez moi, et plus que la richesse et le pouvoir sur les hommes, je pourrais me pencher à aider aux desseins de votre maitre, aussi bien le mortel Magnéto que l’immortel Cyttorak. Qu’en dites-vous ?

J'ai beau être le héraut de Cyttorak, contrairement à toi, je suis mon seul maître maitre. Je me moque bien de la Confrérie, autant que de leurs idéaux. Ca n'est jamais qu'un passe temps et du soutien pour atteindre mon but. J'accepte de travailler pour toi. Biensûr, je veux l'argent promis mais je veux autre chose ... je veux monter une équipe de mutants et de combattants hors norme pour mettre à mal l'institut et tuer Xavier. Si je rejoins ton organisation en plus de la confrérie, j'entends pouvoir profiter de ton réseau de contacts pour rencontrer d'autres mercenaires ... Alors marché conclus ?

Sébastian ne put s’empêcher d’envier Marko que Cyttorak soit une envie bienveillante refilant des pouvoirs abyssaux au premier venu, même s’il ne croyait pas à cette histoire : ces êtres, les Entités, avaient toujours un plan derrière la tête, le maître du Juggernaut était juste moins interventionniste que le Léviathan. Mais ne pas avoir à supporter une voix étrangère dans sa tête, surtout quant cette dernière avait pour hobby la torture dans l’objectif d’endurcir et de déshumaniser, devait être agréable.

Cependant, chose à la fois positive et négative, Le Juggernaut ne semblait croire en rien : pourquoi être à la Confrérie s’il s’en moquait ? C’était surement un jeu, ou une manipulation de son Tutélaire. Si le Léviathan avait eut le moindre loisir de laisser Sébastian faire joujou seul avec ses pouvoirs, ce dernier était près à parier qu’elle aurait joué de l’échiquier divin pour qu’il soit amené à faire les choix qu’elle voulait ; heureusement qu’elle n’avait pas ce pouvoir, et devait donc cohabiter avec lui : au moins, il avait une chance de s’opposer à elle, ou tout du moins d’être conscient d’être un pion.

Sans morale ou éthique, le Féaux était plus facilement utilisable, car il agirait tant qu’il recevrait sa part, indifféremment à ce qu’il devait accomplir, mais d’un autre côté, il pouvait se retourner contre Adams, n’ayant pas plus de loyauté envers lui qu’envers Magnéto. Dommage, et regrettable, on ne pourrait jamais lui faire confiance, et sans confiance, pas de responsabilités.

- Il va de soit que vous ne serez pas le seul, même si vous serez sans doute le plus puissant, mercenaire à officier dans mon organisation. Montez votre équipe à loisir, je ne vois pas pourquoi je vous empêcherai de tuer Charles Xavier. A vrai dire, j’y suis même favorable, et vous aiderai peut-être dans la tâche : il fait parti des rares créatures de ce monde à pouvoir comprendre mes plans, ce qui est très mauvais pour mes affaires. Cependant, vous ne détruirez pas son Institut. Déjà, car cela impliquerait d’affronter tous les X-Men, en plus du BAM, et que je ne sacrifierai pas inutilement mes meilleurs agents, vous comprit ; ensuite, parce qu’il est tellement plus facile d’abattre un homme, que d’abattre son œuvre. Un attentat ou un enlèvement est bien plus facile qu’un assaut en règle sur une place forte contenant probablement autant de dangereux mutants que la Confrérie, voir plus, et appellerait une réplique du BAM, voir pire, une alliance entre le BAM et les X-Men, ce qui ne serait ni bon pour la Confrérie, ni pour moi. Autre point, réfléchissez à une chose : tuer Xavier ne serait-ce pas servir sa cause ? Vous en feriez un martyr. Personnellement, je me moque de la guerre humain-mutant, donc cela ne me dérange pas, et si tel est votre cas, alors nous sommes d’accord : Xavier, pas l’Institut. Qui plus est, ces lieux sont plein de jeunes mutants corruptibles et prometteurs. Dites moi comment vous voulez l’argent, par virement bancaire ou par espèce, dans le second cas où et quant dois-je le livrer, et le marché sera conclus. Je préfère éviter les lieux « publiques », comme le Walhalla. Notre contrat ne doit pas s’ébruiter, vous le savez surement, ainsi je compte sur votre plus grande discrétion à mon sujet, cela fait parti du marché. Enfin, il ne faudra également un moyen de vous contacter en n’importe quelle circonstance, de préférence, rapidement.

Sébastian se tut ; il avait obtenu ce qu’il voulait, et même plus, de nouvelles informations sur une autre Entité ainsi que la connaissance d’un Héraut. Le Prof aurait beaucoup de recherches à faire, mais il était payé pour cela.

Une fois les informations récupérées, le Sombre Voyageur se leva, faisant face au Juggernaut.

- Je suis confiant dans le fait qu’aucun de nous ne regrettera notre arrangement, et que notre collaboration est plus que prometteuse, Monsieur Marko. Et pour le masque, patience, peut-être qu’un jour vous verrez au-delà. Le temps et le secret sont mes meilleurs alliés, aussi, je vous demeand.

Laissant le Fléau sortir le premier par politesse, il s’en alla à sa suite, jusqu’au bar.

- Je sais que vous avez accès aux stocks de boissons, mais pour la forme, laissez-moi vous en offrir une, Juggernaut. Et ne vous inquiétez pas, cela n’est pas déductible de votre prochain salaire.

D’un signe de la main au barman, Adams l’invita à prendre la commande du Héraut de Cyttorak, payant la somme requise.

- A votre santé, mon cher. Pardonnez-moi de vous laisser, mais je suis attendu autre part, déclara-t-il avant de s’éloigner, disparaissant dans la foule.

Oh, Sébastian s’attendait à être suivit, ce fut pour cela qu’au tournant d’un couloir sombre, il changea de forme, la Peau de Démon le recouvrant, le grandissant d’une dizaine de centimètres et changeant son visage, alors que le masque heurtait le sol…