Il y a des choses qu'il est tout simplement impossible d'oublier. Ce genre de souvenir est beaucoup plus souvent qu'autrement très douloureux. Ils relèvent souvent de nostalgie, de sentiments de perte et, plus rarement à une grande joie. Heureusement pour moi, il y avait beaucoup plus de bons souvenirs de l'institut que de mauvais. Il y a trois ans, quand je suis parti, je ne le voyais pas sous cet angle mais, avec le recul, mes années à l'institut étaient gravés de rires et d'excellents moments. Là où les choses se compliquent, c'est lorsque se sont certains de ces souvenirs de miel qui vous hantent.
Je me reveillai en sueur avec l'impression d'être tombé d'une soixantaine d'étage avant d'atterrir dans mon matelas. Me redressant instinctivement, l'air perdu et désemparré, je tentai de reprendre mon souffle qui avait été coupé dans le procesus de réveil. Une respiration, deux respirations et mon visage se crispa dans une grimace de douleur. Je balançai mes jambes hors des couvertures, posant mes pied sur le bois frais du placher et déposant mon front entre mes mains. Les coudes posés sur mes genoux, je tentais de chasser les images oniriques qui hantaient encore mon conscient malgré le sommeil si abruptement interrompu. Je croyais pourtant avoir fait mon deuil, pourquoi donc était-ce si difficile? Malgré le fait de ne pas avair été mis dans la même chambre que lors de mon premier séjour, les souvenirs étaient très fort. Peut-être était-ce les murs? L'odeur? L'atmosphère? Je n'aurais pu le dire mais, le fait de revenir ici déclenchait certainement tous ces cauchemars. Je croyais que j'étais guéri du vide que j'avais ressenti durant les deux premières années de mon exil en Australie. M'étais-je trompé? Je soupirai lentement et relevai la tête pour regarder successivement chacun de mes camarades toujours endormis puis le levé du soleil attira mon attention et m'arracha même un sourire en coin. Il y avait encore de belles choses qui n'avaient pas été touchée par la haine et la destruction.
Je me dressai et me dirrigeai vers ma commode pour y prendre un short noir et un T-shirt gris. Alors que je m'habillais, une autre constatation m'arracha un sourire. Si quelqu'un qui m'avait connu à l'époque me voyait se lever à l'aube pour aller courrir, il n'en reviendrais certainement pas. Il s'en était changées des choses en trois ans. J'ouvris la fenêtre après avoir enfilé mes souliers de course et passai dans l'embrasure pour me jeter dans le vide. Je profitai de la seconde de chute. Cette impression de liberté infinie, je ne m'en lasserai jamais. J'évitai, par contre, le dur contact avec la réalité de la chute, c'est à dire avec le sol, en me téléportant vers le terrain de sport. Aussitôt mes pieds prirent contact avec la piste, je commençai à jogger. Mes pensées obscurcies par ce lourd rêve se dissipèrent lentement alors que mon cerveau passait à l'automatisme et la répétition du mouvement de course. Le rythme de mon chauffement s'accélérait à mesure que s'accumulait l'adrénaline dans mon corps.
Il me pris un peu plus d'une vingtaine de minutes avant de m'arrêter, essoufflé, la sueur perlant sur mon visage. Je repris la direction du bâtiment pricipal, marchant lentement, laissant mon esprit vagabonder au gré de ce que mes sens pouvaient capter. Le soleil était maintenant bien visible et il baignait de sa lumière le parc, faisant projeter de longues ombres à tout ce qui s'y trouvait. Les chauds rayons de l'astre assèchaient l'humiditer de ma peau. Je passai la grande porte et retournai dans ma chambre en m'assurant de ne réveiller personne. Je repassai à la commode pour me saisir de vêtements frais et me dirriger à la salle de bain. Un des bons côtés de me lever tôt était que je n'avais plus à attendre pour me doucher.
Je vevint après presqu'une demi heure, fin prêt à attaquer la journée, dans ma chambre et me saisit de mon livre de chevet dans la faire intention de lire un peu en attendant que le manoir s'éveille. Ce n'est d'ailleurs qu'après le reveil de tous mes co-chambreurs que la journée commença pour de vrai.