S'ouvrir à de nouvelles perspectives [PV Alice Rigby]

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En ces temps de crise économique qui touchait durement le pays, ses citoyens avaient besoin de continuer à rêver, à croire que leur situation allait s'améliorer, et à s'imaginer sortis d'affaire. Et ce besoin de rêve, Christopher Witman était tout prêt à le leur combler. Les gens aimaient s'imaginer riches et puissants, qu'à cela ne tienne: Witman's, hautement renommée dans le milieu des vêtements de luxe, allait ouvrir une nouvelle boutique en ville, basé sur un concept légèrement différents des autres enseignes très sélect et huppées: cette échoppe proposerait ainsi des fac-similé des célèbres modèles de la société, mais dans des matières moins coûteuses, bien que confortables et agréables à l'oeil, avec une finition légèrement moins fine -toujours bien meilleure que celle des marques bon marché, et la différence n'apparaîtrait pas au commun des acheteurs, mais les habitués et les professionnels verraient immédiatement la différence- et avec une sous-traitance étrangère, contrairement aux costumes sur mesure faits sur place. Le tout avec un cahier des charges draconiens, afin de garantir une qualité intéressante pour la classe moyenne.

Et le prix était fortement affecté par tous ces changements: là où le costume luxueux moyen montait à près de 2000 dollars -et se vendait comme des petits pains dans la haute société-, celui-ci afficherait un honnête prix de 350 dollars. Plus que la normale, certes, mais à ce prix là et avec la renommée de la compagnie, il avait toutes ses chances de trouver son public rapidement. Et il en allait de même pour la gamme féminine. Ainsi était né le concept de la toute nouvelle filiale WitWear.

Une annonce avait été faite en conférence de presse la semaine passée, devant un parterre de journalistes avides de nouvelles plus réjouissantes après les évènements récents. Et cette nouvelle ligne était une preuve que malgré tout la vie continuait, reprenait son cours, que des postes allaient être à pourvoir, bref, les mauvaises choses n'avaient pas l'hégémonie sur le cours des évènements, et il restait encore des raisons de sourire. Cependant, pour être honnête, tout ce côté là passait bien au dessus de la tête du jeune PDG de la WitCom, qui n'y voyait qu'un créneau où s'insérer, et une opportunité de plus de dégager des bénéfices importants. Le tout en comptant sur ses appuis au Hellfire Club, lui permettant d'obtenir sa main d’œuvre à des prix défiant toute concurrence, et ainsi faire une entrée fracassante dans le code vestimentaire de la classe moyenne. Bon, on était loin d'une marque discount, évidemment. Mais celle-ci ne verrait sans doute jamais le jour au sein de la multinationale tant que Christopher Witman serait à sa tête. Lui ne s'abaisserait jamais à avilir les principes qu'il édictait pour sa compagnie tant qu'il serait vivant. Et il espérait avoir encore de longues décennies devant lui.

Ainsi, après rachat d'un local spacieux dans un des coins les plus commerçants de la ville, et quelques menus travaux, était venu le temps de l'inauguration de la nouvelle enseigne, qui projetait déjà l'ouverture de boutiques aux quatre coins du pays d'ici début 2013 si le lancement réussissait bien, ce qui selon toute probabilité serait le cas. Et pour l'occasion, il avait été décidé bien évidemment que nul autre que le Président Directeur Général se chargerait de la cérémonie d'ouverture, qui marquait un tournant décisif dans le renouveau de la filière textile de l'entreprise. Aussi le jeune homme dévoré par une ambition toujours croissante de grandeur avait-il dû ronger son frein et participer à l’ouverture du magasin, se fendant au passage d’un discours sur mesure, à l’attention des collaborateurs, mais aussi d’une foule de curieux venu voir en quoi consistait exactement cette nouvelle ligne de vêtements, et vraisemblablement être parmi les premiers à en porter en exclusivité.

« Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, je suis ravi de voir ici réunis en cette radieuse matinée de juillet pour assister à l’inauguration de la nouvelle enseigne de notre conglomérat, dans un domaine particulièrement cher à notre cœur et qui plus est historique, j’ai nommé les vêtements de qualité. Auparavant, la ligne de Witman’s, dirigée vers la haute couture, et la perfection du sur-mesure, grâce à un savoir-faire inestimable de nos collaborateurs, a su s’imposer au fil des années comme une des références en ce domaine, mais il nous semblait regrettable de ne pas savoir évoluer avec le temps, et se rendre plus accessible. Aussi, là où de grandes marques aux consonances italiennes on refusé d’innover -nous ne citerons évidemment pas Armani ou Versace, ce serait appelé de la diffamation, j’imagine-, nous avons pour notre part décidé de rendre accessible le luxe et la classe au plus grand nombre. Là où vous auriez pu auparavant rêver d’une manche, vous aurez les moyens d’acheter le costume complet, ou la robe et ses escarpins, sans avoir à rougir devant les amateurs de pièces italiennes. Et non seulement vous n’aurez plus à rougir la comparaison, mais en plus vous pourrez vous targuer d’être arrivés à une excellence similaire pour un coup bien moindre, et avoir gardé ainsi suffisamment de fonds pour faire une entrée remarquée en limousine de location à la même soirée.

Il me semble cependant important de préciser certains points : non, le prix n’aura pas comme répercussion une qualité médiocre. Chez Witman’s, le contrôle d’une qualité optimale a toujours été notre priorité, elle restera donc chez WitWear un des grands axiomes. Toutes nos tenues seront faites de manières à être confortables et résistantes, à l’épreuve du temps. Un petit bémol cependant : elles ne sont pas à l’épreuve des balles, le kevlar ayant été jugé par nos concepteurs trop peu seyant. Sur ce, la première enseigne de WitWear va maintenant ouvrir ces portes, en profitant de l’ouverture pour vous proposer des offres exceptionnelles, et je vous laisse en découvrir les rayonnages,et apprécier par vous-même ! »

Ce petit discours fini, l’homme d’affaire ouvrit symboliquement les doubles portes de l’entrée principale du magasin, suivi par ses employés dans un premier temps. Puis le feu vert fut donné, et ce fut la ruée dans l’instant qui suivit, hommes et femmes se précipitant dans les rayons pour découvrir la nouvelle gamme. Christopher Witman, pour sa part, s’amusa quelques instants à observer l’intérieur du magasin, fourmillant d’une activité fébrile, présage d’un succès très rapide de cette nouvelle filiale…

**Neutre Delta** Messages : 42 Date d'inscription : 26/04/2012 Age : 31

S'ouvrir à de nouvelles perspectives [PV Alice Rigby] Tumblr_m51uakEd9K1r3fhkp

Il était de retour. Non pas qu'il ait quitté New-York ou qu'il se soit absenté à un moment ou un autre de sa vie. Mais il était de retour dans celle d'une jeune blonde. Et elle comptait bien faire un retour tonitruant dans la sienne. Elle se tenait dans la foule amassée devant le nouveau magasin. Cette folie des grandeurs continuait apparemment à bien monter à la tête du jeune millionnaire mais pour une fois, ce n’était pas pour déplaire à Alice Rigby.

Quelques jours plus tôt, elle était tombée par hasard sur un article de journal qui faisait la une. Elle avait même dépensé quelques pièces pour se le procurer et lire tranquillement cet article de presse. Christopher Witman. Comment pouvait-elle ne pas oublier cet homme joueur et bien différent de ses semblables les mondains ? Lorsqu’elle avait vu ce nom, Alice avait fermé les yeux et des images détaillées lui étaient réapparues. Le gala, les jeux discrets auxquels ils s’étaient amusés, la robe et son collier, la danse, et puis, le restaurant et ces accidents. Elle avait rouvert ses paupières. Il lui fallait le revoir.

Pourquoi ? Eh bien, premièrement parce qu’il était riche. C’était un don pour la jeune fille de finir dans la poche de ceux-ci, même si cette poche semble bien grande et qu’elle se retrouve tout au fond. Elle n’avait pas eu de nouvelles de Matthew Coffin et son toutou Japonais depuis trop longtemps maintenant pour être sûre qu’il ferait tout ce qu’il lui avait promis. Deuxièmement, c’était un moyen pour elle de se retrouver de nouveau sur une couverture de journal. Le lendemain de leur soirée, les deux jeunes gens étaient apparus sur bien des couvertures comme étant les « souverains des mondanités nocturnes de New-York ». Ces couvertures, Alice les avait bien gardées. Et troisièmement, Alice resterait Alice cette fois. Anya était bien morte et enterrée. Pas question de rejouer les bourges fardées et superficielles, non. Et si cette sortie pouvait lui faire un peu de pub pour son groupe…

Après s’être concertée avec les membres des Ruthless Children, elle avait réussi à annuler tous leurs projets du samedi soir pour être sûre que rien ne viendrait la presser. Devant les questions de ses camarades, elle s’était contentée d’hausser les épaules en leur rappelant qu’elle avait aussi une vie privée à gérer. Aucun d’eux n’était dupe et ils savaient tous que quelque chose de tordu se tramait. Mais aucun d’eux ne s’aventura dans une véritable inquisition, sachant trop bien ce qui les attendait au bout de celle-ci.

L’adolescente s’était préparée. Ou plutôt, elle avait passé une montagne d’heures à se préparer. Elle savait trop bien qu’un maquillage trop différent pourrait la remodeler autrement aussi, elle prit soin de ne pas trop farder et d’avoir la main bien leste sur ce problème. En revanche… La question se corsa pour les vêtements. Comment était-elle censée s’habiller ? Rester Alice, oui, mais elle allait quand même entrer dans un magasin qui était inspiré de fringues pour les riches. Longtemps, elle avait contemplé la robe qu’elle avait gardée. Cette magnifique pièce de la collection Witman avait été réajustée pour elle. Mais s’habiller ainsi, ça n’était pas Alice. Et puis se ramener avec de la haute couture dans un magasin de prêt à porter ? C’était pas se foutre de la gueule du monde tout ça ?

Elle avait donc préféré s’habiller en mode « simple » mais avait tout de même tenu à se respecter avant tout. Elle portait un petit haut beige assez transparent sous lequel elle avait pris soin de mettre un soutien gorge noir. Comme ça, elle gardait son côté provoc’. Un jean et des escarpins vertigineux sur lesquels elle ne se sentait pas toujours à l’aise. Mais il allait falloir faire avec. Elle avait remonté ses mèches blondes dans un chignon fait à la va-vite qui sera facile à défaire. Puis, elle avait enfilé une veste en cuir noir manches trois quarts. Quelques colliers fantaisie d’une longueur assez imposante venaient orner son cou. Puis, elle choisi un sac à main en cuir noir délavé qu’elle posa sur son coude. Elle s’observa quelques longues minutes dans le miroir et fila.

Apparement, tout New-York s’était passé le mot. Une foule gargantuesque attendait devant le nouveau bâtiment. L’heure était pourtant matinale… Mais un événement tel que celui-ci faisait bouger des foules. Witman restait celui qu’il était, malgré tout ce qu’il voulait parraître. Alice n’eut aucun mal à le reconnaître. D’abord en retrait sur l’estrade, puis, s’approchant du micro pour faire son discours. Il avait gagné en maturité et ses traits en portaient la trace. Mais il restait le même homme qu’elle avait connu.

Alors que le discours commençait à se faire long, la jeune fille posa ses yeux sur les deux W entrecroisés qui surplombait la foule, fixé au mur du bâtiment. Elle réfléchissait à un moyen d’attirer l’attention du jeune homme sans se faire mettre sous les verrous. Aussi, elle attendit patiemment, allumant une cigarette.

Puis, des applaudissements fusèrent de toutes parts et le jeune Witman se dirigea vers l’entrée du bâtiment pour ouvrir les portes. Le personnel entra… Puis, la précipitation se fit voir. Heureusement que cette ouverture ne se faisait pas en période de soldes, on aurait retrouvé bien plus de fringues arrachées que de chiffre d’affaire. La jeune fille jeta son mégot et se laissa entraîner par la foule dans le bâtiment.

Witman était toujours là. Pour l’instant. Combien de temps allait-il rester avant de se décider à partir ? La jeune fille jura. Il lui fallut une idée, et très vite. Et cette idée, elle la trouva en quelques secondes, quand ses yeux se posèrent sur cette femme… Ou plutôt, la robe qu’elle tenait à la main. Alice n’en revenait pas. Elle s’approcha rapidement de l’étendoir et se saisit le plus rapidement possible d’un des modèle à sa taille. LA robe. Sa robe. Le tissu semblait différent et les coutures bien moins performantes. Mais elle tenait son idée. Seul le temps lui manquait.

Elle se précipita alors dans les cabines d’essayages encore vides car tout le monde se hâtait dans le magasin. Elle enfila rapidement la robe et s’observa dans la glace. Parfait. Elle détacha ses longs cheveux blonds. En un sens, Anya était de retour. Mais c’était bien Alice dans cette robe. Elle sourit à son reflet, enfila de nouveau ses escarpins et sortit de la cabine. D’un rapide coup d’œil, elle remarqua la présence de Witman et celle d’un employé non loin de lui. Elle sourit en coin et s’avança alors vers cet employé. Il lui faudrait trouver les mots justes pour attirer le regard du PDG de WitCom… Mais elle pouvait y arriver.

« Excusez-moi ! »

Le membre du personnel se tourna vers elle. Witman, se n’était pas gagné. Mais la jeune blonde ne se démonta pas et poursuivit.

« J’aurais aimé avoir un petit conseil de professionnel sur cette robe. J’ai peur qu’elle ne pose pas tout à fait bien. Et puis, quels bijoux puis-je porter avec ? »

De vagues allusions. Si Witman avait entendu ses mots et qu’il daignait lui accorder un regard, peut-être viendrait-il lui parler. Mais tellement de si et de peut-être ne sont-il pas le résultat de coïncidences effrénées ?

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Telle une vague inexorable, la foule se déversa à l’intérieur du magasin en quelques instants, y générant un chaos presque insupportable, pure entropie mêlant vacarme, mouvements brusques, chocs… Cependant, en cet instant, Witman ne voyait pas cette cohue comme un ensemble de personnes, mais bien comme un chiffre d’affaire intéressant pour l’ouverture de sa nouvelle enseigne. Aucun d’eux ne méritait vraisemblablement sa considération, aussi ne s’attardait-il sur aucun membre de cette foule compacte. Ils n’en valaient pas la peine. Le petit peuple avait besoin de rêver, Chris lui en offrait l’occasion, mais sûrement pas par bonté d’âme : seule la perspective d’élargir sa clientèle et atteindre un chiffre d’affaire toujours plus conséquent le motivait, comme souvent dorénavant. Son accession à un des postes dirigeants du Hellfire Club n’avait en effet fait qu’exacerber un ego déjà fort conséquent, ainsi que sa soif de pouvoir et son appât du gain. Des honorables ressources et contacts dont il disposait auparavant, il était désormais passé à des moyens colossaux à portée de main, qui même s’ils ne lui appartenaient pas nommément, lui ouvraient de nouvelles perspectives comptant toujours plus d’opulence et de mainmise sur le domaine des affaires.

Au bout de quelque minutes, déjà, les premiers clients commençaient à affluer à la caisse, avides de pouvoir se targuer d’avoir acheté le premier article WitWear, et les statistiques commencèrent à être compilées. Les premiers résultats semblaient fort satisfaisants, les gens ayant tendance à repartir avec une facture plus élevée qu’ils ne l’avaient escompté de prime abord, mais bien contents à la perspective de pouvoir portée de la simili haute-couture en soirée. Evidemment, par souci d’exclusivité WitWear n’empièterait jamais sur la collection Witman’s de l’année en cours, mais ceci n’incommoderait pas ses clients « ordinaires », déjà bien heureux de pouvoir se parer d’imitations de luxe. Et ceux ayant les moyens de s’offrir les originaux ne seraient pas incommodés par la sortie d’une sous-gamme de l’année passée, ayant déjà acquis les modèles de la nouvelle collection.

Le gérant de cette nouvelle enseigne, un jeune arriviste bourré d’ambition et d’idées novatrices, choisi justement pour ces traits de caractère, s’approcha du président directeur général, l’apostrophant sans la retenue à laquelle on aurait pu s’attendre de la part d’un employé. La proximité d’âge devait jouer, mais le jeune mutant se promit de ne pas oublier de notifier ce détail, un petit rappel à l’ordre ne serait pas de trop en temps voulu. Mais il n’eut pas le temps d’envisager une remontrance que son interlocuteur fut pris à parti par une personne extérieure à la conversation, soulageant Christopher d’une conversation qui devenait de plus en plus lourde. Il semblait d’ailleurs au jeune homme qu’il fût temps pour lui de quitter les lieux, ayant rempli son office et confirmé ses attentes, lorsque quelque chose l’interpela. Une intonation dans la voix, une formulation particulière ? Il n’en savait rien, mais une chose était sûre, quelque chose avait retenu son attention.

Désirant satisfaire sa curiosité titillée, Witman se retourna lentement, et capta un regard d’un vert iridescent qui raviva instantanément un souvenir enfoui au fond de sa mémoire. Car s’il en a croisées des jeunes femmes, au cours des innombrables soirées auxquelles il avait assisté, peu lui avaient laissé un souvenir aussi mémorable que l’invitée surprise qui s’était glissé dans la peau d’une princesse slave. Et alors que le gérant tentait plus ou moins poliment de la rembarrer, la réponse à la question de la jeune femme sortit d’elle-même de la bouche du PDG, à la grande surprise de son employé :

« De l’or blanc, bien évidemment, couplé à un saphir vert sans doute, pour rehausser le regard. Maintenant, l’œuvre du joaillier se devra de rester suffisamment discrète pour ne pas mettre en valeur les quelques inévitables imperfections de la robe, cela va sans dire… »

Et devant le regard ébahi de ses subalternes, le patron vint prendre la main de cette jeune cliente inconnue de tous, avant de la conduire dans un coin du magasin à l’écart de la foule, préservé de la cohue par l’absence de présentoirs dans cette partie de la boutique. Un léger sourire s’épanouit quelques instants sur son visage avant qu’il ne se décide à poursuivre la conversation, relativement à l’abri des oreilles indiscrètes :

« Nos petits jeux commencent déjà à remonter. Plus d’accent slave ce soir, j’imagine. En ce cas, sous quel nouveau nom dois-je vous connaître ? Et que me vaut l’honneur de cette visite, si tant est qu’elle me soit destinée ? A moins que cette boutique ait suffit à attirer votre attention, et que vos goûts n’aient significativement baissé ? »

**Neutre Delta** Messages : 42 Date d'inscription : 26/04/2012 Age : 31

Il s'était retourné. Le cœur de la jeune fille aurait pu avoir un raté mais il n'en fit rien. Ses yeux, après avoir croisés ceux de Witman, se reposèrent sur cet employé, ce prétexte à la discussion. Un petit sourire en coin se dessina lentement sur ses lèvres et, par dessous ses longs cils ornés de noir, elle vit qu'elle avait ce qu'elle avait souhaité. Oui, Alice Rigby était fière de son coup.

Alors que l'employé s'apprêtait à répondre, ses mots furent renvoyés au fond de sa gorge par l'intervention du PDG. Les yeux de la jeune fille se reposèrent sur lui, cherchant désormais à se faire mystérieux plus que curieux. Mais la réponse du milliardaire lui suffit pour comprendre qu'il se souvenait d'absolument tout. Elle n'aurait donc pas besoin de le "stimuler" un peu plus que nécessaire. Bien. Ça l'arrangeait.

Elle n'eut pas à reprendre la suite de ses paroles car, d'une main déterminée, il l'entraîna légèrement à l'écart. En passant devant le patron de la boutique qui semblait avoir reçu un électrochoc doublé d'une paire de claque, elle lui lança un clin d'oeil provoquant et très certainement déplacé. Mais elle avait la plupart des cartes en main actuellement et savait qu'elle n'avait plus aucun rôle à jouer. Witman risquerait d'être surpris sur bien des choses actuellement. Et la surprise, c'était l'alliée qu'Alice préférait de tous.

Il l'entraîna à l'écart. Là où il était sûr que personne ne viendrait les déranger. Alice avait suffisamment observé le magasin pour se repérer et savoir où ils se trouvaient. Elle n'avait qu'à assembler les différentes images qu'elle avait emmagasiné et une sorte de carte en 3D se dessinait dans sa tête. Ça, c'était le côté pratique du moment.

La voix de Witman était posée. Presque mélodieuse. Alice imprima alors le moindre petit détail dans ses paroles, se focalisant sur ce qu'elle devait répondre. Gardant un léger sourire qui lui assurait un petit air supérieur, elle se garda de couper le PDG et écouta ce qu'il avait à dire jusqu'au bout. Puis, d'un geste qui se voulait à la fois doux et ferme, elle libéra son bras de la main du jeune homme. Ce geste se voulait implacable et signifiait surtout au jeune homme qu'elle ne serait pas son jouet aujourd'hui...

"Eh bien... J'ai effectivement laissé cette chère Anya dans mon placard et sa robe avec. Donc, les R roulés, aussi séducteurs soient-ils, seront aux abonnés absents pour aujourd'hui."

Ses yeux étaient braqués sur lui. Elle était pleine d'assurance. Peut être autant d'ailleurs que le jour où elle s'était ruée sur son bras pour entrer dans un gala de charité et se trouver une place dans le "monde". Mais une question la taraudait pleinement. Devait-elle se présenter en tant qu'elle même? Elle restait la seule des deux à ne pas réellement savoir à qui l'autre avait à faire. N'était-ce pas un atout à garder dans sa manche du moins, pour le moment.

"Ce que je fais là? Bah comme tout le monde quoi. Je viens voir si la qualité WitWear est telle qu'elle était promise."

Elle sourit légèrement. Le milliardaire la mettait apparemment sur un petit pied d'estale où elle n'avait pourtant guère sa place. Après tout, Alice se voyait comme une orpheline, nageant dans l'inconnu et vivant au jour le jour. Et le changement n'était pas prévu pour demain... A moins qu'elle ne parvienne à se faire connaître aux yeux de beaucoup et sa musique, l'espérait-elle, serait là pour ça. Il était peut être temps de montrer à Christopher Witman que les gens ne sont pas forcément ce que l'on pense d'eux qu'ils sont. Et surtout, que ça ne fait pas d'eux des moins que rien que l'on écrase d'un coup de pied.

"Du peu que je m'en souvienne, mes goûts n'ont guère baissés. À part la robe dont vous m'avez fait cadeau, mon armoire est vide de toute marque de haute couture - vous pouvez presque vous estimer heureux d'en faire partie. En réalité, vous n'avez guère eut le temps de m'apprécier à ma juste valeur, je crois, parce que les milliardaires de votre trempe ne prennent jamais le temps de se baisser pour voir qui nous sommes, nous, dont vous pensez qu'on dépend totalement de vous. Alors je suis la pour l'ouverture de votre magasin qui vous a coûté un doigt... Ou peut être moins. Mais en fait, j'espérais bien vous retomber dessus pour vous proposer la seconde manche de notre jeu autrefois fait selon vos règles..."

Le regard de la jeune fille se faisait cette fois malicieux. Elle ne mâchait pas ses mots. Mais elle l'avait prévu. Elle avait plus que hâte de retourner dans la cabine récupérer son jean et être enfin bien dans sa peau et tenir tête comme il le fallait à ce pompeux monsieur Witman... Encore fallait-il pour cela qu'il se prête véritablement au jeu... Et ça, rien n'était plus incertain.

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Il était au dessus de tout ça. Il avait dépassé ce stade depuis longtemps, maintenant, se plongeant dans la vie active bien plus qu’il ne l’avait fait auparavant, et laissant le soin à d’autres jeunes héritiers de défrayer la chronique dans la presse à scandale. Après tout, il n’avançait plus écrasé dans l’ombre de son père, dorénavant, et avait fait ses preuves auprès de ses pairs. Mais de tellement plus grands objectifs avaient surgis avec les premiers mouvements du Hellfire Club, qu’il avait décidé de recentrer son attention sur le monde des affaires dans le but d’obtenir des résultats concrets, et laisser de côté une grande part de l’attrait qu’il avait eu pour les longues nuits de débauche.

Il était au dessus de tout ça. Seule lui importait dorénavant la prospérité de son entreprise, les immenses profits qu’il réalisait malgré cette période de récession économique où tout un chacun tentait de réaliser des économies de bouts de chandelles, de manière plus ou moins hypocrite, certains réinvestissant les économies ainsi réalisées dans les dernières babioles et collections de vêtements à la mode, et Chris s’en donnait à cœur-joie de le leur fournir.

Il était au dessus de tout ça. Mais d’un autre côté, la curiosité qui le dévorait parfois n’était jamais repue que temporairement, et la jeune femme qui se tenait en face de lui n’avait lors de leur rencontré révélé qu’une infime parcelle de sa personnalité, au vu de cette nouvelle rencontre, ce qui ne faisait que raviver les questions qu’il avait pu se poser à son sujet depuis cette fameuse soirée. Et l’aplomb dont elle faisait preuve en répondant effrontément, allant même jusqu’à remettre en doute la qualité de ses produits, était un élément de plus en ce sens.

Le ton presque moralisateur du petit monologue que lui tint ensuite la belle blonde fut loin d’être à son goût, et cela se vit clairement sur son visage, qui se ferma instantanément, mais l’évocation d’une seconde manche eut bien évidemment l’effet d’attiser ses démons intérieurs, qu’il se hâta toutefois de tempérer, prenant le temps de peser le pour et le contre. Chris devait faire face à de nombreuses obligations. Rien d’insurmontable, mais son besoin de tout contrôler à chaque instant afin de s’assurer que la machine WitCom tournait à plein régime l’empêchait généralement de s’adonner à ses anciens passe-temps ces derniers mois. Il faut dire que les résultats étaient là, ce qui ne l’avait pas incité à lever le pied un seul instant. Et passer une soirée en sa compagnie serait totalement contre-productif, c’était l’évidence même. Mais d’un autre côté, le souvenir de sa dernière rencontre avec la charmante blondinette avait de quoi lui faire anticiper le déroulé grandiose d’une hypothétique nouvelle soirée, et le mystère dont elle semblait vouloir nimber cette proposition était tentant, lui faisant considérer la possibilité de se prendre la soirée pour décompresser un peu de cette pression si particulière à ceux qui évoluent dans les hautes sphères de la finance. Soupirant presque, il prit donc sa décision.

« Un lieu particulier, une heure de rendez-vous ? »

Se tournant vers son assistant, il lui signifia ces quelques mots.

« Je serai indisponible pour la soirée, veillez à ne me déranger que pour les urgences. »

Faisant à nouveau face à la jeune femme, un sourire en coin s’épanouit sur son visage alors qu’il lui adressait la parole.

« J’espère cependant que le résultat sera à la hauteur des attentes que je place en cette soirée, et de tout ce que vous avez réussi à me faire miroiter en l’espace de quelques instants. Je dois vous avouer être particulièrement difficile et facilement en venir à m’ennuyer. D’aventure, si tel était le cas, je partirais sur le champ. »

Ces paroles étaient pensées du début à la fin, il ne doutait pas que sa charmante inconnue réussisse à l’étonner, mais dans le cas contraire il n’hésiterait pas la quitter dans l’instant, n’ayant aucunement l’intention de perdre son temps en une soirée quelconque. Elle se devrait d’être exceptionnelle.

**Neutre Delta** Messages : 42 Date d'inscription : 26/04/2012 Age : 31

Un sourire carnassier apparut sur les lèvres de l'adolescente. Elle avait pourtant envisagé toutes les possibilités. Elle savait qu'il pourrait très bien refuser de se prêter à son jeu, de tomber dans ses filets. Il aurait pu se ranger définitivement et ne devenir qu'un milliardaire ennuyeux de plus à New-York. Mais au lieu de ça, il avait conservé une part de surprise qui ne déplaisait pas à la jeune fille. Il semblait curieux. Curieux de savoir comment elle pourrait le surprendre. Il était prêt à retomber dans quelques vieux travers pour elle, pour tenter de savoir ce qu'elle pouvait cacher. Car si Alice jouait carte sur table en apparence, elle conservait toujours quelques atouts dans sa manche et elle n'était pas prête à les utiliser car elle savait qu'ils seraient l'objet d'une réelle attention et d'une certaine convoitise. Tout le monde ne pouvait pas toucher la mémoire des autres...

Il lui demanda un lieu de rendez-vous et une heure éventuelle. La blonde cilla légèrement tandis qu'il fit par à un employé de son indisponibilité momentanée. Elle sourit, dégainant son téléphone portable. Tout en composant un numéro, elle sourit en lançant des regards amusés au jeune homme.

« Ne vous en faites pas, je ne chercherai pas à vous nuire, monsieur Witman... Pas aujourd'hui, du moins... »

Elle porta le téléphone à son oreille. Deux sonneries retentirent avant que son interlocuteur ne décroche.

« Billy? Alice... Changement de programme : les Ruthless Children seront en tête d'affiche ce soir... Oui... J'en ai rien à foutre de ce qu'ils penseront, on sera là, point. »

Elle raccrocha sèchement. Puis, son regard se porta de nouveau sur le milliardaire. Elle lui sourit avec une certaine malice.

« Connaissez-vous le "Pop Art Café"? C'est un bar de Midtown à Manhattan, il mélange hommes d'affaires et étudiants qui souhaitent prendre du bon temps... Ce soir, vers 21h... Voilà votre rendez-vous. »

Tandis qu'elle lui souriait, il lui précisa certains détails. Il plaçait beaucoup d'attente en elle et en cette soirée et semblait intrigué tout autant que certain de s'ennuyer. Si tel serai le cas, il partirait. Alice leva de manière insolente les yeux au ciel avant de les reposer sur le jeune homme.

« Ne vous inquiétez pas, monsieur Witman, vous seriez bien le premier à vous ennuyer... La plupart des hommes comme vous en redemande à grand renfort de billets... Car voyez vous, je peux parfois... »

Elle dezippa la fermeture éclair de la robe et la laissa glisser sur le sol. De là où ils étaient, peu de gens pouvaient leur prêter attention mais la jeune femme était certaine qu'un journaliste ou deux n'avait pu quitter le milliardaire des yeux afin d'être sûr que rien ne puisse leur échapper à son sujet. Voilà qui risquait de faire parler de WitWear dans les journaux... Un sourire en coin se dessina sur les lèvres de la jeune fille tandis qu'elle dévoilait au grand jour une lingerie digne d'elle.

« ... Me montrer surprenante... »

Et elle le planta là, retournant dans sa cabine. Tandis qu'elle se rhabillait, elle savait qu'elle avait peut être fait en sorte qu'il ne vienne plus à cette soirée. Mais elle voulait lui montrer qu'elle était prête à tout. Elle n'était pas là pour se montrer vulgaire ou quoi que ce soit d'autre. Elle le défiait ouvertement. Elle venait d'ouvrir l'arène dans laquelle ils allaient jouer. Après avoir réajusté ses vêtements, elle envoya un texto commun à tous les membres du groupe, exigeant leur présence le soir même. Elle sortit ensuite de la cabine et fila hors de la boutique, sans même le chercher du regard. Elle savait qu'elle devrait se préparer pour ce soir et ça, ça allait demander un peu de temps...

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