La meilleure défense c’est l’attaque [LIBRE]

L’une des musiques les plus énergiques qu’elle avait dans les oreilles, Nephilim se défoulait contre le punching-ball.

Le gymnase de l’Institut était désert, grande salle omnisport avec un haut plafond, un terrain multitâche pouvant aussi bien servir au basketball qu’au football ou au handball, tandis que de simples ajouts permettaient d’en faire des terrains de volleyball ou de badminton, avec dans un coin des murs d’escalades, dans un autre quelques punching-ball et autre accessoire d’entrainement ; dont l’un d’entre eux était martyrisé par une jeune femme d’à peine plus d’un mètre soixante, brune aux yeux bruns, aux traits juvéniles et vêtus d’un jogging, d’une brassière de sort, de mitaines et de basket.

Cela faisait pas mal de temps qu’elle s’entrainait, puisqu’elle avait fait les échauffements puis le jogging, avant de passer à la partie combat proprement parler. L’attaque du Met lui avait prouvée qu’elle pouvait se battre, malgré ses pouvoirs inutiles sur l’instant, et qu’elle pouvait se défendre ; elle devait juste s’améliorer.

Nephilim se bâtait mieux que ce à quoi on eut put s’attendre en la voyant : depuis plus de trois mois maintenant, elle s’entrainait en externe au Xingu Luihe Quan, un art martial chinois, environ sept heures et demies à huit heures par semaines. Elle avait acquise un niveau étonnant, et son professeur lui disait de s’entrainer un peu seule ; ralentir le rythme avec lui et acquérir plus de pratique. Elle ne devait pas se limiter à des entrainements et des enchainements face à lui.

Autant de raisons de venir traumatiser un sac de sable, un samedi après-midi, après la fin des cours de sport.

Il n’y avait pas de ring à l’Institut, car s’eut été encouragé à la violence et non-pas à la self-défense, surement, mais il y avait un local avec toutes sortes de matériel, incluant des tapis pour la gymnastique au sol ; et cela pouvait bien faire office de ring, comme des tatamis. En tout cas, après son apprentissage sur du dur, Feing n’ayant pas pour vocation de donner des cours et par conséquent n’ayant pas les installations requises, les tapis de sol seraient plus que suffisant. Amy était sure d’une chose : sans son Facteur Guérisseur, jamais elle n’aurait put suivre pareil entrainement aussi longtemps. Deux fois plus vite que les humains, c’était déjà bien, et en plus quant on pouvait se régénérer sur commande…

Bref, elle enchaînait les coups ; direct, crochet, droite, gauche, contre, contre-attaque, pas sur le côté. Le punching-ball ne répliquait pas aussi bien qu’un robot de la salle des dangers, mais elle n’avait trouvé personne pour aller là-bas avec elle ; enfin, elle n’avait osé demander à personne. Wiccan ou Warren auraient surement bien voulut l’accompagner, tandis que Jubilee l’avait déjà fait ; toujours était-il que Nephilim voulait avoir de quoi impressionner, montrer que derrière la petite étudiante de psycho presque trop sage pour son propre bien, elle savait se battre. Bah, l’occasion se présenterait.

Son plus grand regret dans l’entrainement actuel fut que le sac de sable n’eut pas de jambes : elle se battait beaucoup avec les balayages et autres croc-en-jambe, mais la seule fois où elle avait voulut enchainer, comme elle avait l’habitude de le faire face à Feing, un balayage après un coup de poing, elle s’était relevée suffisamment au bon moment pour recevoir le retour du sac en plein poire. Pan, une petite vengeance de l’objet et une italienne très surprise sur l’arrière-train.

Elle avait non loin d’elle plusieurs effets apportés pour leur utilité : une veste verte, une serviette et une bouteille d’eau de cinq litres qu’elle avait vidée au tiers. La photosynthèse donnait soif, presque plus que l’entrainement.

Tout se passait bien, et la seule chose qui manquait à Amy fut un partenaire d’entrainement.

Cependant, c’était une personne intelligente ; donc, elle n’était pas là par hasard.

L’italienne connaissait peu d’élèves pour avoir oser aller leur parler, et encore moins de X-Men du fait de leur nombre réduit ; cependant, elle connaissait suffisamment des uns comme des autres pour connaitre les petites habitudes de l’équipe de héros.

D’ordinaire, l’un d’entre eux ne devait pas tarder à venir s’entrainer ici, seul.

Il s’agissait de celui qu’elle avait toujours préféré éviter : le prof de self-défense et de survie en milieu hostile, traduisé par bourrinage, Mr Logan.

La réputation de férocité qu’il se trainait avait convaincue la paisible italienne de se tenir à l’écart de ce genre de personne, mais là, après le Met, fallait combattre le feu par le feu. Amy l’avait fait avec Jubilee, et cela avait plutôt bien marché, puisqu’elle en avait retiré un nouveau pouvoir.

Enfin, nouveau, pas tant que cela : elle était capable d’accélérer son Facteur Guérisseur pour une courte période, mais il restait très inférieur à ceux de personnes comme Wolverine.

Il ne devrait pas tarder à arriver, et manquerait plus qu’à la petite jeune femme castagnant un punching-ball le courage de s’arrêter pour aller lui parler.

Amy avait été tellement concentrée sur son punching-ball et dans l’attente du professeur dont elle avait le plus peur parmi tous qu’elle n’avait pas entendue l’arrivée. Ainsi, continuant de taper sans la moindre finesse sur un sac qui n’avait rien demandé mais dont la destinée était de se faire cogner, probablement à cause d’un mauvais karma, elle fut surprise lorsque l’autre voulut attirer son attention. La surprise était une chose habituelle, car elle avait l’habitude de se faire surprendre lorsqu’elle faisait sa Photosynthèse ; évidemment, les yeux tournés vers le soleil dans une espèce de transe nourricière, on occultait la totalité du monde terrestre et quant quelqu’un approchait, c’était toujours au dernier moment qu’on le remarquait.

Mais là, c’était pire : d’une parce que la personne n’avait rien qui puisse permettre de ne pas la remarquer, de deux parce qu’elle avait fait un geste des moins délicat pour attirer l’attention de Nephilim. L’italienne avait enchainé un coup de poing et une rotation qui devait lui permettre de passer dans le dos d’un adversaire pour pouvoir continuer à frapper ou s’en saisir, mais un immense claquement rocailleux la fit sursauter, l’interrompant dans son mouvement et laissant l’occasion au sac de se venger des offenses qu’elle lui infligeait depuis tout à l’heure.

Sur les fesses légèrement sonnée, Amy leva les yeux dans la direction du son, et ne puis s’empêcher de ressentir de la peur face à la personne qui avait applaudit. Enfin, applaudit, ou autre, elle n’aurait sut le déterminer. C’était un véritable golem de couleur sang, humanoïde, anguleux, imberbe, avec un visage dur, presque monstrueux, les seuls vestiges d’humanité semblant être semblant être d’étranges pupilles blanches. A part cela, il était vêtu de vêtements adaptés à sa taille gargantuesques. C’était donc un élève ou un résident de l’Institut.

Rassurant, ou pas.

- B..bon…bonjours, bafouilla-t-elle face au titan.

Elle était assez effrayée par la présence de l’autre, alors qu’à y réfléchir, elle n’avait pas de raison de l’être. Sa farce puérile dénotait d’une absence de méchanceté, et s’il y avait bien une chose que l’on ne devait faire ici, à l’Institut, c’était juger sur une apparence.

Amy essaya de sourire, même si le rendu donnait quelque chose à mit chemin entre la gamine effrayée et celle gênée. Elle se releva puis se dépoussiéra les mains sur son jogging. Prenant un sourire plus confiant, elle tendit la main au golem de rubis – car sans connaitre les pierres plus que de leur nom et leur couleur, elle pensait que c’était du rubis.

- Amy de Lauro, dit-elle en insistant discrètement sur la prononciation italienne de « dé laouro ». aka Nephilim ; enchantée.

L’italienne ne savait pas s’il était une très bonne idée de faire une poignée de main avec un colosse en pierre précieuse qui ne devait faire qu’un petit mètre de plus qu’elle. En même temps, de ce fait, il lui aurait fallut un escabeau pour lui faire la bise. Donc, poignée de main ; de toute façon, si c’était dangereux pour elle, il la refuserait, nan ?

Il, car cela devait être un il, devait posséder une force colossale et en être conscient ; même si l’italienne n’était pas en sucre, probablement que cela ne ferait aucune différence pour le géant rouge.

- Je viens d’Italie et je suis le cursus de psychologie. Et vous ? Enfin, je sais pas si vous préférer être tutoyé ou vouvoyé.

Elle avait du mal, perturbée non-seulement par l’apparence de l’autre – enfin, par sa taille, car une Emma Frost en diamant ne la gênait pas plus que cela, tant qu’elle n’avait pas à se briser la nuque pour la regarder dans les yeux – que par son arrivée, spéciale.

C’était très perturbant pour Amy de regarder ses visages rocheux ; encore plus que pour une personne normale. Ses capacités d’observation exceptionnelles lui permettaient de repérer les micro-expressions du visage humain, celle involontaires et extrêmement courtes, hors le colosse n’en avait aucune. Chez l’homme, les Psychopathes et les Asperger ne faisait montre d’aucune émotion, mais en l’absence évidente de muscles pour commander à cette anatomie particulière, les micro-expressions avaient disparues également. Ou alors, elle était incapable de les traduire correctement. L’italienne espérait que cela soit ainsi, car si se retrouver face a une psychopathe ou un Asperger eut put être une expérience intéressante, elle craignait de se faire manipuler comme une débutante et dans le cas présent, de se faire écraser sec.

Le colosse sourit ; enfin, eut un rictus semblable à un sourire, puis accepta sa poignée de main. Enfin, poignée de main, il n’y mit que le pouce et l’index. Malgré la durée relativement courte du contact, Amy nota deux choses, l’absence de chaleur corporelle d’une part, et la dureté de l’autre ; il devait être doté d’une force et d’une résistance phénoménale. Effrayant, ce type était effrayant ; mais d’un autre côté, il était magnifique aussi. C’était quoi comme pierre précieuse ? Rubis, agate, grenats ou encore de la topaze ? Elle ne savait pas ; si elle aimait les pierres précieuses pour leur brillance et leur pureté, elle n’avait pas non-plus de connaissances particulières en joaillerie.

Il se présenta de sa voix rocailleuse : Scott Hart, alias Big Red. Simple, court, concis et résumant bien le principe, un bon pseudo que voilà ! Américain pure souche qui venait ici tromper son ennui. Peut-être pourraient-ils le tromper à deux, c’était toujours plus divertissant de s’ennuyer à plusieurs, encore qu’elle doutait pouvoir s’entrainer aux côtés de pareil mutant. La bonne nouvelle était que lui aussi semblait parti pour une discussion : il pensait qu’elle était en train de s’entrainer pour maîtriser les patients ou pour persuader ses clients de payer plus. Nephilim resta parfaitement interdite à cette idée, n’étant pas violente par nature. C’était le résultat d’un traumatisme cet entrainement, cette volonté de se battre et de protéger les autres. Elle hésita plusieurs secondes en regardant son visage, pleine d’incompréhension. D’habitude, elle aurait put savoir si c’était de l’humour ou si la personne était sérieuse rien qu’en regardant son visage ; mais là, face au Big Red – on devait dire le Big Red ou juste Big Red ? – elle n’arrivait à rien voir. Il y devait y avoir des choses, mais elle ne parvenait pas à les traduire.

- Bah…euh… en faite…

Elle ne savait pas quoi dire ; se refermant face aux doutes. Pour outrepasser sa timidité, Amy avait beaucoup misée sur ses capacités à lire sur les visages des autres, pour connaitre leurs impressions à son égard, se rassurer ; mais là, rien. Ajouté à cela le côté intimidant du géant rouge, et elle se referma dans sa timidité première. Bras contre le torse, dans un geste de protection enfantin, elle cherchait ses mots.

- J’apprends à me défendre… Je… j’ai eut une mésaventure, à Mutant Town, durant l’attaque, en janvier. Depuis… j’apprends à me défendre. En avril, on a été piégé dans le Met avec mon ami Wiccan et le professeur qui nous accompagnait, Morgan Stronghold, où on a réchappé à une tentative d’enlèvement. Bref, j’ai des raisons de me défouler sur ce sac, mais je ne veux pas forcer les gens à payer ; je veux les aider, au contraire.

Le tout dit comme l’aveu d’une bêtise, comme s’il avait été mal de cogner sur ce sac de sable dont c’était la fonction première.

Tentant de se détendre pour être plus ouverte, elle posa les bras le long du corps, bien qu’un peu raide, offrant un sourire gêné.

- Excusez-moi si je suis malaisée, mais votre apparence… est très impressionnante. Même assit je suis sure que vous resteriez plus grand que moi. C’est quoi votre pouvoir exactement ?

La roue de secours habituelle d’Amy : faire intervenir sa curiosité pour se forcer à s’ouvrir. Elle était très curieuse, et du fait de son attirance pour la joaillerie, l’italienne pensait tenir un sujet de conversation qui permettrait de la mettre un peu en confiance. Qui plus est, elle serait définitivement fixée sur les capacités du Big Red, et en apprendrait plus sur lui, qui devrait par la suite lui retourner la question ce qui déboucherait sur une discussion constructive. Enfin, elle l’espérait. Elle n’était pas du genre à planifier une discussion car cela impliquait une sorte de manipulation dont elle ne voulait jamais user, mais elle était si perdue sans pouvoir lire sur le visage qu’elle sortait des méthodes conventionnelles pour réussir à ne pas s’enfermer seule dans son second plus gros défaut. Oui, il y en avait un pire que la timidité, mais c’était ce dernier qui lui permettait de la combattre. C’était ce dernier qui lui avait permit de nombreuses choses d’ailleurs, comme son entrainement au combat : son entêtement.