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 Ancrage au pays des serpents [Pv David C. Haller]

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Lamia
Confrériste Delta-Epsilon
Lamia


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MessageSujet: Ancrage au pays des serpents [Pv David C. Haller]   Ancrage au pays des serpents [Pv David C. Haller] Icon_minitimeVen 27 Avr - 21:27




Selena avait vu de nombreux clients défilé dans sa boutique. Tous lui avaient fait confiance pour tatouer, ou bien percer leur peau afin d'embellir leur corps. Avec l'assurance et la précision d'un médecin opérant, la jeune femme s'était acquittée de sa tâche avec brio perçant ou gravant dans leur peau les symboles, représentations et autres commandes de leur choix. Généralement elle passait plusieurs heures à peaufiner les dessins, jusqu'à qu'il convienne à son client. Lamia ne tatouait pas un simple dessin, c'était pour elle la réalisation d'une œuvre à part entière, personnelle, quelque chose éternelle qui traverserait les âges. Ce travaille qu'elle accomplissait avec délice et dévotion, le fruit d'heures acharnées, et de voir enfin la satisfaction de ses clients au final, était pour elle la plus belle des récompense. Pourtant la jeune femme avait parfois des regrets, ses études de médecine lui manquaient terriblement, désormais elle devait se contenter de tout apprendre aux travers des livres, de suivre des cours d'anatomies nocturne sur les cadavres de ses victimes. Rien de bien glorieux.

L'hybride-serpent était assise devant son bureau, sa grande lampe à dessin allumé sur des feuilles accrochées selon un ordre méthodique: les futurs tatouages a venir, les esquisses et les ébauches et ceux qui étaient terminés. Il y avait de tout, des symboles celtiques, religieux, des scènes de paysages, des animaux, mais aussi un côtés dominant pour un univers plutôt dark, sombre enmellant la violence, l'amour, la mort et la vie. Un léger fond de musique passait en boucle, Path de Apocalyptica, afin de donner de l'inspiration à l'esprit fatigué de la jeune femme. Selena se plaisait à mélanger les contraires, et c'est ainsi qu'était né son univers de prédilection, mélange des hécatombes qu'elle réalisait, et de l'univers fantastiques médiéval doté de créatures tels que les vampires, les loups-garous et autres êtres ténébreux.
Il était déjà une heure du matin et la tatoueuse peaufinait une épée de chevaliers enlacée par des ronces à l'allure agressives. Elle bailla longuement, dévoilant ses crochets à la blancheur de l'émail, il était l'heure de se coucher, demain la journée commençait à neuf heures. Elle se releva fatiguée par sa chasse nocturne et ses heures supplémentaires de travaille, éteignant au passage sa chaine stéréo et sa lampe. Plongée dans le noir elle se déshabilla rapidement et s'effondra sur son lit. Son voeur était de pouvoir passer ses quelques heures de repos restant dans un sommeil lourd et réparateur. Cette nuit ne se passa pas comme escompter. Rien ne se déroulait jamais comme souhaité.


''Pourquoi tu coures ? Pour aller ou ? Ne tournes pas la tête et cesse de m'ignorer, enfin si tu parviens à faire cela. Tu passes ton temps à tourner, le regard à toujours tout ignorer. Tu t'aveugles''
C'était une voix sortit de nulle part qui résonnait dans un lieu étrange. Son timbre était rauque, et sifflant presque comme un serpent. Au loin courait à en perdre haleine, une petite fille aux yeux gris, dans son dos un katana noir, beaucoup trop grand pour la taille de l'enfant. Ses pieds claquaient sur le sol recouvert d'un sang rouge vif, sa robe blanche de petite fille était maculée de gouttes écarlates. Elle fuyait, quelqu'un ou plutôt quelque chose, mais ses pieds s'enmélèrent dans un objet trainant sur le sol. Essoufflée, à bout de force la petite fille aux cheveux de jais se redressa, elle courrait à nouveau poussée par l'énergie du désespoir.
''Cesse donc de te couvrir du voile de l'innocence et de la naïveté, regarde le sang qui t'entoure, cette arme qui te suit comme ton ombre... Ouvre les yeux et quitte cette apparence ridicule Selena.''
La petit fille s'arrêta en pleine course fauchée par une main sortit de nulle part, de peur elle cria, s'éloignant de ce membre humain.
''Tu ne vas pas dire que tu crains ce morceau de chaire humaine, toi qui fais bien pire … rappelles toi donc ses carnages où tu te régalais de la mort de tes victimes, des tortures. Écoutes les, tes victimes, elles reviennent uniquement pour toi, rien que pour toi. N'est ce pas gentil de leur part ?''
Au loin des ombres marchaient d'un pas lent, saccadé, certaines se trainaient doucement sur le sol. Elles se dirigeaient vers la petite fille, figée de peur, quand un cadavre lui attrapa ses deux chevilles. Un zombie aux orbites vides et à la mâchoire inférieure tranchée, sa langue pendait dans un cri d'agonie silencieux. Ils approchaient, cette légion vengeresse emplit d'une haine sourde. Ses victimes, ses proies, elles étaient tous là pour elle. Pourquoi ? Oui, pourquoi ?
''Tu oses te poser la question ! Tu payes la conséquence de tes actes. Alors acceptes la vérité, tu n'es plus qu'une bête assoiffée de sang. Tu ne vaut plus rien ton âme ne peut même plus être sauvée, du moins as tu une âme ?''
La petite fille sortit son katana par réflexe et acheva le mort vivant par des coups désordonnés, le décapitant. Du sang souillait désormais son visage enfantin et la terreur faisait brillé ses yeux de crystal. Elle secouait la tête, souhaitant que la voix sorte, s'en aille, disparaisse de sa tête, qu'elle revienne dans sa réalité. Mais où était elle ? Que faisait elle ici ? Quand elle se retourna trancha un autre mort-vivant. Elle fuyait encore et toujours, achevant et tailladant ceux qui se mettaient en travers de son chemin. Non, tout cela était faux, elle n'était pas cela, ne faisait qu'aider ceux qui étaient dans le besoin. Des larmes coulaient le long de ses joues, se mêlant au sang séché, tout cela n'était qu'un ignoble cauchemars, un mauvais rêve, une farce de son esprit. Elle voulait se réveiller, cesser de vivre dans l'horreur de cette vision, mais personne ne l'écouterait tous étaient mort, ici tout n'était que désolation. Quand devant elle apparut deux personnes qu'elles chérissaient plus que tout au monde: ses parents. Selena lâcha son arme et se jeta dans leurs bras.-Pour...Pourquoi nous as tu fais cela ? Pourquoi Selena ? Comment as tu osé nous poignarder nous qui t'aimons tant. Pourquoi ?
Selena releva sa tête, ne comprenant rien, quand ses mains se remplirent petit à petit du sang chaud de son père. Elle recula, un pas, deux pas et vit sa pire crainte se réaliser, sa mère étendu sur le sol, tranché en deux, son père tenant la poignée de son katana, il essayait en vain de retirer la lame de son corps. Dans un ultime effort, il s'effondra au sol, mort. Lamia reprit instantanément sa ''forme'' actuelle, son apparence de mutante aux yeux fendus couleur de saphir, celle de la tatoueuse au look gothique. Ses genoux se dérobèrent sous elle, avec difficulté la jeune femme se traina jusqu'au corps de ses parents, secouant désespérément son père, lui demandant de se réveiller. Elle criait de désespoir dans ce lieu vide.
''Tu voulais exterminer Tout les humains, tes parents en font partis alors pourquoi pleures tu ?''
Selena se retourna devant elle se tenait les victimes de ses carnages, elles semblaient rires, se moquer d'elle. D'un geste rapide elle se saisit de son sabre et s'élança dans cet amas de créatures, souhaitant se venger. Mais elle n'eut pas le temps de se débattre, du sang s'écoulait de sa bouche entrouvertes, et d'un œil attentif elle fixa une lance fichée sans son flan gauche, une blessure mortelle. C'était injuste elle ne pouvait pas mourir ainsi, sans pouvoir riposter. Déjà des mains avides de chaire fraiche parcourait son corps.
''Laisse moi rire, le cauchemars ne fais que commencer, tu vas devenir folle, folle, folle''

-Non, non, je ne serais pas folle. Je ne suis pas un monstre. Jamais. Cria Lamia, ses mains étaient crispées contre son visage, de la sueur dégoulinait de son front. Elle se laissa retomber en arrière, en position de croix comme si cette position pouvait la protéger de ce rêve abominable.

Ce cauchemars la hantait encore longtemps après. Elle avait peur, car certains disait que les rêves étaient des prédictions du pire. Cela pouvait il se réaliser, serait elle un jour capable d'éliminer ses propres parents. D'un mouvement lent elle attrapa son portable sur la table de nuit, il était seulement sept heures du matin. Elle qui tant avait espérer profiter encore un instant d'un sommeil réparateur. Sans attendre la jeune femme-serpent partit se doucher allumant sa stéréo sur un album de Trash métal, préférant noyer ses idées noires dans une musique sombre, violente. Sentir l'eau dégouliner le long de son corps, ricocher sur ses minuscules écailles la détendit un peu. En hâte elle se sécha les cheveux, se maquillant et s'habillant de cuir et de métal: ses New-rock, un pantalon de cuir noire sans poche, sa ceinture en cuire avec de légères pointes et des clous, le corset était simple: en cuir sans fioriture, deux bracelets à clous enlaçaient les poignets de la perceuse et un tour de cou dans le même esprit piques et pointes. Elle se maquilla simplement, les yeux cernés de noir, et un peu de fond de teint blanc, le cœur n'y était pas. La jeune femme prépara sans grande conviction son petit déjeuner, des œufs frais avec du lait et des céréales, rien d'exceptionnel pourtant elle n'eut pas le cœur à manger, touchant à peine à ce repas qui lui ferait office de déjeuner.

-Bon, j'ai plus rien à faire. Gémissait elle entre deux morceaux de musiques, il était seulement huit heures. L'épée, et la boutique n'ouvre qu'à neuf heures. Son regard saphir se posa sur les papiers administratifs. Bon si il ne me reste plus que cela.

Selena s'occupa de ses papiers, mais elle en avait bien peu, elle s'en occupait toujours le week-end, fichue habitude qui ne lui laissait un temps libre considérable. D'un pas tranquille elle partit s'installer dans sa boutique montant l'escalier qui l'amenait à son échoppe. Le magasin n'était pas grand, il comportait seulement la salle d'attente avec des chaises et des les bijoux de tous types exposés derrières plusieurs vitrines. Le sol était en bois et les murs recouvert d'un papier peint aux motifs psychédéliques. Le bureau était installé non loin de l'escalier qui menait dans son appartement, on y voyait un artbook déposé dessus. Des dessins, des photographies des tatouages de Lamia , ainsi que des affiches de différents salons de tatoo était affichés sur les murs en face de l'entrée de deux salles. Dans les coins du plafonds des enceintes étaient dissimulées et diffusaient en continue de la musique dans tout le magasin. La première sale était celle des piercings, tout en carrelage avec une table similaire à celle des massages pour permettre au client de s'asseoir ou bien de s'allonger selon les besoins. Accrochée en hauteur des gants, et autres matériels nécessaire pour les piercings. Selena avait même pensée à installer un miroir pour permettre au client de regarder. La seconde était presque similaire, sauf qu'elle avait installé des posters et dessins à certains endroits pour que le client n'ait ps le regard dans le vide lorsqu'il sentirait le dermographe agir. On retrouvait le matériel adéquate, désinfectant, les aiguilles etc... tout se dont la jeune femme aurait besoin. L'échoppe sentait le désinfectant, mais aussi une odeur mélangé de parfum, de sueur, et le bois. En quelque sorte son odeur, son empreinte, sa personnalité. C'était son magasin ''Reptilis'Tatoo''.

Le téléphone sonna, une fois, deux fois. La tatoueuse hésitait perdue dans ses pensées, répondre ou ignorer. Tant pis sa vie professionnelle primait sur ses problèmes passagé de conscience.


- Allo bon jour, Reptilis'Tatoo que puis je pour vous ? Sa voix était chaleureuse.

-Bonjour. Se serait pour un tatouage s'il vous plait. La voix était calme et agréable à l'oreille. J'aimerais bien savoir quand je pourrais passer vous voir, du moins un horaire tardif à me consacrer. Je souhaiterais me faire tatouer un symbole, quelque chose de simple. Cela ne devrait pas prendre un temps considérable.

-Je pense vers dix neuf heures, ainsi nous aurons tout le temps de discuter et de peaufiner votre tatouage. Lamia vérifiait sur son agenda qu'elle n'avait rien de prévu, et à heureusement pour elle non peu de personnes restaient jusqu'à si tard. Certains avaient des familles, d'autres des amis. Je confirme à dix neuf heures à ma boutique, vous devez connaître le chemin sinon appelez moi à ce même numéros. Bonne journée et à ce soir.

-A ce soir mademoiselle.

Selena resta un moment le téléphone à la main, elle entendait la tonalité particulière de la ligne qui avait été coupée. Elle était distraite, encore sur les nerfs à cause de ce cauchemar qui l'amenait à réfléchir. Ce soir, après cet ultime client elle irait noyer ses peurs dans le sang, la mort et la destruction. Comme toujours elle rendrait la justice à sa manière.
D'un pas pressé la jeune femme ne s'attarda pas, elle partit ouvrir sa boutique et respira l'air frai du matin. Le soleil était déjà levé et ses rayons venaient caressé le visage de Lamia. La journée ne s'annonçait pas trop mal. Avec un éphémère sourire elle repartit s'asseoir derrière son bureau, activant la chaine stéréo qui diffusa sa musique dans l'échoppe: Eisbrecher du groupe du même nom fit entendre sa mélopée. Neuf heures apparaissait sur l'horloge du portable de Lamia déjà le premier client pointait le bout de son nez. Un matinal, une personne qui n'aimait pas être importuné par des clients bruyants. La tatoueuse le salua et sa journée de travaille débuta.

Qui aurait cru que le temps défilerait aussi vite. Mais la joie que la jeune femme montrait était parfois un peu forcé, le sourire commerciale après tout, elle discutait sans grand intérêt, répondant par des phrases courtes. Chacun pouvait avoir son coup de blues, ses peurs, et personne n'était en droit de l'obliger à dire pourquoi, si seulement Loïs avait été là, il l'aurait comprit et aidé, il savait tout,il la connaissait. Des larmes brulaient les yeux de Selena mais elle les retint, elle s'interdisait de pleurer. Elle devait être forte.
Dix neuf heures moins vingt clignotait sur son portable, Selena pensait avoir le temps de réviser ses cours de médecine, et pour l'aider à se concentrer elle changea de musique passant sur une chanson plutôt mélancolique pour elle. Cette chanson était une douce mélopée, une complainte et c'était avec le même plaisir qu'elle l'écoutait en boucle, sans se lasser: Kroenen's Lied.
Le ting de de la porte d'entrée se fit entendre, la tatoueuse releva la tête rapidement et sourit à son nouveau client. Elle ne savait ce que pouvait penser cet homme distingué en observant son apparence et en comparant la musique qui résonait dans le magasin, beaucoup trop de personnes jugeaient sur l'apparence. Selena avait toujours aimé la musique classique, l'opéra, les violons et violoncelles.


-Bonjour ou plutôt bonsoir, vous devez être le client qui m'a téléphoné ce matin. Rapidement elle ferma son livre de médecine, et reprit. Je vous en prie prenez une chaise et discutons de ce mystérieux tatouage.
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MessageSujet: Re: Ancrage au pays des serpents [Pv David C. Haller]   Ancrage au pays des serpents [Pv David C. Haller] Icon_minitimeDim 29 Avr - 7:05

Il était déjà bien tard et je ne parvenais pas à fermer l’œil. Mon esprit sans cesse préoccupé par mon dernier voyage temporel m’envoyait milles images atroces de ce lieu de misère. Je ne savais encore expliquer la raison qui m’avait amenée jusqu’au ghetto de Varsovie cette fameuse nuit. Mais à chaque fois que je fermais les yeux je voyais ses monstres de nazis abattre sauvagement la famille Eisenhardt sans que je ne puisse les en empêcher. Je n’étais parvenu à sauver Max que par miracle et voilà qu’il s’était à nouveau éloigné de moi, emporté loin de moi vers ces camps de la mort dans lesquels il avait tant souffert. Je n’avais pas le choix ! Cette phrase tourbillonnant avec insistance dans ma tête dans l’espoir de balayer ses atroces souvenirs ne trouvait pour écho qu’une cruelle et amère culpabilité. Je n’avais pas encore trouvé la force dans parler à qui que se soit. Et pourtant, je n’étais pas le seul à être concerné par cette histoire. Deux de mes plus proches confidents, Erik Lehnsherr et Daniel Hopes, avaient également assisté à la scène. Etaient-ils conscient de m’avoir rencontré 60 ans auparavant ? Avaient-ils pu deviner la réelle identité de ce mystérieux rabbin Moïse Isserles disparu avec moi dans les mirages du temps ? Je l’ignorais pour le moment mais je me promettais cependant de trouver un jour réponse à mes questions.

Mon insomnie perdurant je me dirigeais vers la bibliothèque d’où je sortis un vieil album photo et me le posais sur mon bureau. Je m’y asseyais ensuite et alluma un lampe, qui resterait jusqu’au lendemain le seul témoin de mon échappée nocturne. L’ouvrant avec douceur comme s’il s’agissait d’un trésor inestimable, je regardais la première page avec une certaine mélancolie. Ce classeur contenait plus de cinq ans de recherche sur l’Holocauste. Des photographies, divers formulaires administratifs et des coupures de journaux se juxtaposaient les uns aux autres pour donner une vision de l’horreur de cette tragédie. Chaque photographie me transperçait un peu plus le cœur alors que je pensais à ces nombreuses vies volées inutilement au profit d’une idéologie raciale. Finalement je ne regrettais que bien peu les quelques meurtres que j’avais commis lors de ce voyage. L’honneur se devait de se laver dans le sans et ses hommes n’avaient eu que ce qu’ils méritaient. Qui sème le vent récolte la tempête aurait-on pu ajouter ! Soudain, une fine feuille de papier tomba sur mes genoux. La saisissant rapidement, je la retournais afin d’en découvrir le contenu. Il s’agissait d’une liste de nom précédé chacun d’une série de chiffre. La macabre découverte me glaça littéralement le sang. Ce simple morceau de papier répertoriait les numéros de matricule que les membres de ma famille et diverses autres connaissances avait porté dans les camps de la mort. Leur nouvelle identité qui ferait rougir les codes barres apposé sur des marchandises dans les stocks des grands magasins ! La seule que les nazis pouvaient tolérés et qui n’avait servi qu’à les humilier davantage!


Spoiler:

En les relisant, l’un de me marqua tout particulièrement. Celui de Daniel qui était le premier que j’avais entraperçu durant mon enfance. Je me rappelais encore de cette journée ou le petit garçon naïf que j’étais posait milles question à ce sujet.

Cette après-midi là, je m’étais promené avec mon parrain Daniel Shomron dans le grand et magnifique parc de Haïfa. Les températures étaient estivales et la plupart des personnes que nous croisions portaient des chemises courtes ou des robes. Daniel était très connu et aimé de notre communauté pour l’aide qu’il apportait sans relâche au traumatisés de la Shoah. La plupart des personnes qu’il croisait le saluait d’un grand signe de la main et j’étais fier de tenir la main de l’homme que je considérais depuis toujours comme mon héro. Après avoir goûté à quelques excellentes glaces et jouer au loup en courant sur ses prés de verdure, nous nous étions assis sur un banc afin de retrouver notre souffle après plus de deux heures de courses. Il m’avait alors pris sur ses genoux exposant alors son poignet gauche qui découvrait un numéro tatoué sur son avant bras gauche. Mon école primaire bien entamée, je commençais à apprendre les chiffres arabes et tout fier de mon apprentissage voulait que mon parrain soit fier de moi. Je commençais donc à déchiffrer un à un en hébreu les signes que je voyais.


- 1…8…3…2…4…5

Ne comprenant pas ce que j’étais en train de faire, Daniel me regarda tout sourire en me demandant en yiddish ce que je faisais. Malgré les tragédies de la guerre et la disparition de ce que l’on appelait le yiddishland, Daniel tenait à ce que je perpétue leurs traditions et parle dans leurs langues.

- Mais que fais-tu David ?

- Je comptais tes chiffres Daniel, t’as vu comme je me débrouille bien ?

- Mes chiffres ?... Euh… oui David c’est très bien mais j’apprécierais que tu n’en fasses pas de même avec les patients de l’hôpital ?

- Pourquoi ils savent pas compter aussi bien que moi ?

- Il y a de cela mon garçon, déclara-t-il évasif

- Daniel je peux te poser une question ?

- Bien évidemment mon grand.


- Pourquoi tu les portes tout le temps sur toi ? Tu as peur d’oublier le numéro de téléphone de la maison ?

- Non mon bonhomme c’est autre chose… Tu te souviens lorsque je t’ai dit que des gens très méchants nous avaient avait mis en cage ? Et bien nous portions tous un numéro différents et cela les aidais à savoir qui nous étions

- D’accord… mais tu m’as toujours pas expliqué. Pourquoi on vous avait mis en cage ?

- C’est une histoire délicate mon garçon. Je ne pense pas que tu puisses vraiment comprendre. Quand tu seras plus grand, je te raconterais tout.

- Tu me le promets ?

- Je te le promets. Allez maintenant on rentre à la maison ! Ta maman va s’inquiétez si elle ne nous voit pas rentrer avant la nuit.


Malheureusement Daniel qui aura été tué 4 ans plus tard, n’eut jamais l’occasion de me raconter son histoire et se fut Erik qui assuma ce rôle de témoin et qui livra son expérience de la Shoah au jeune homme de 19 ans que j’étais devenu. Souriant à ce doux souvenir, je jetais un œil sur mon avant bras gauche immaculé. Depuis de nombreuses années je me demandais ce que pouvais ressentir les victimes de ces atrocités à chaque fois qu’ils posaient leurs yeux vers cette partie clairement visible de leur corps. Quels souvenirs se rattachaient-ils à ce témoin silencieux ? J’avais entendu des histoires atroces à ce propos, des hommes et des femmes qui diabolisaient ce symboles au point de trancher ou de racler leur peau pour les faire disparaître à jamais.

En y regardant de plus près, une idée me revint à l’esprit qui trottait dans ma tête depuis déjà bien longtemps. Si ma fierté d’appartenir au peuple juif était réel pourquoi ne pas la matérialisé de la façon la plus belle qui soit, en l’immortaliser dans cette même chair ? Il deviendrait ainsi le témoin d’une chose beaucoup plus belle. Il me rappellerait mes motivations à suivre ce combat contre une judéophobie qui empoisonnait encore notre société. Souriant et confiant j’attendais que le début de la matinée arrive avant de contacter une boutique de tatouage, bien résolu à suivre mes projets jusqu’au bout cette fois-ci. La boutique « Reptilis’tatoo » me paraissait la plus pratique, puisque plus proche du quartier où je travaillais. La voix qui m’avait reçue au téléphone, douce est féminine m’inspira rapidement confiance. Je convins d’un rendez-vous avec elle tardif qui me convins à merveille étant donner mon emploi du temps chargé.

Le soir même, je me rendis donc au cabinet de la demoiselle qui me salua aimablement. Je lui retournais ces salutations en un sourire avant de me m’asseoir et débuter donc mes explications.


- Bonsoir Mademoiselle, je vous remercie d’avoir bien voulu me recevoir si tard. Comme je vous l’ai dit lors de notre entretien téléphonique, il s’agit d’un symbole religieux, une étoile de David que je souhaiterais me faire tatouer sur l’avant-bras gauche. Je pensais au prime abord à une étoile traditionnelle avant de penser me fier à vos qualités d’artiste. Peut être pourriez-vous me proposez une étoile au forme ou à la structure intérieure revisitée.
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Lamia
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MessageSujet: Re: Ancrage au pays des serpents [Pv David C. Haller]   Ancrage au pays des serpents [Pv David C. Haller] Icon_minitimeSam 16 Juin - 21:31

Il y a des jours où l'on regrette d'avoir abandonné, délaissé, ou même oublié certaines choses, certains instants. C'est à ce moment seulement que reviennent les remords, la tristesse, l'incompréhension. C'est dans ces moments de solitude que l'on se laisse réfléchire, qu'on ose imaginer ce que l'on serait devenu si, oui cet horrible si, on avait prit t'elle ou t'elle décision. Serait on ici aujourd'hui ? Quel tournure aurait eut les évènements.

Lamia ne savait plus où se situé dans ce monde en évolution constante. Serait elle devenu ce monstre assoiffé de sang qui torturait par plaisir des êtres humains, savourant leurs cris comme une douce musique, et se donnant bonne conscience en prétextant ''agir pour le bien de la communauté''. Qu'était elle devenu aux fils des années, se rêve était il donc une prise de conscience qui finirait noyé dans la mort de personnes... personne ne pouvait l'éclairer sur cette route de ténèbres, quelqu'un pouvait il percevoir ses prières sourdes, ou resteraient elles prisonnière de cet esprit torturé, tiraillé, séparé en deux êtres distinct mais partageantntnt un même corps, situation rappelant le Docteur Jeckill et Mister Hyde. Une vie comme une autre malgré tout, torturée par des démons, des cauchemars, bercée par des rêves, des espoirs. Une existence comme une autre, à la face cachée sombre, violente... Qui aurait pu prédire que son existence tournerait ainsi. Même l'ancienne Selena Sadovski, celle qui n'aurait jamais tué, celle qui aurait lutté pour que mutant et humain vivent en harmonie aurait ri de celui qui lui aurait prédit ce sombre avenir aux méandres aussi sanglants. Tour cela était drôle, drôle à en pleurer.

Selena détaillait encore pendant une poignée de secondes l'homme qui lui faisait face de toute sa hauteur, lui qui se tenait droit et fier sous les lumières de l'échoppe, semblant apparaître comme un ange descendu des cieux. Mais ce lieu n'était qu'un simple magasin de tatouage, et cet individu semblable à un prophète, un être humain, un de ce que la Tatoueuse souhaitait la mort, l'extermination de leur race. Le Serpent apparaissait comme absorbé par le charisme qui émanait de cet individu aux allures d'intouchables, par ce sourire charmeur. Il était grand, bel homme, avec un regard qui envoutait, pénétrait jusqu'aux tréfonds de l'âme, des yeux d'une couleur indéfinissable. Vêtue de vêtements simples: une chemises entrouverte d'où se voyait un pendentif, un pantalon et une veste, une tenue simple mais élégante d'où venait il ? Qu'elle pouvait bien être profession ? Et individu semblait être un dirigeant malgré son côtés humble, une de ces personnes faites pour diriger les moutons qu'étaient les humains, un leader. Il semblait venir d'un autre monde, d'une autre réalité, d'un univers celui au qu'elle la femme-Serpent aurait pu appartenir si seulement il n'y avait pas eut ces agressions. Si seulement. Et ce cauchemar qui continuait à la hanter, était elle vraiment cette fille qui fuyait, fuir, que pouvait elle fuir ? Le souvenir de ces victimes, ces peurs, la vérité de son propre monde intérieur. Des interrogations parcouraient son esprit, la tiraillant jusque dans son travaille, son unique refuge, son idylle dans ce monde de cauchemar.


- Bonsoir Mademoiselle, je vous remercie d’avoir bien voulu me recevoir si tard. Comme je vous l’ai dit lors de notre entretien téléphonique, il s’agit d’un symbole religieux, une étoile de David que je souhaiterais me faire tatouer sur l’avant-bras gauche. Je pensais au prime abord à une étoile traditionnelle avant de penser me fier à vos qualités d’artiste. Peut être pourriez-vous me proposez une étoile au forme ou à la structure intérieure revisitée.

Il s'était assit sur une des chaises que la Tatoueuse laissait à la disposition de ces clients, s'approchant d'elle. L'inconnu était suffisamment près d'elle pour qu'elle puisse le détailler à sa guise, découvrir les détails de son visage. Il était rasé de près et un agréable parfum se dégageait de son cou, une senteur qui rappelait à la jeune femme l'after-shave de son père, Andreï Sadovski. Était il mort, comment allait sa famille … Des questions, encore et toujours, douloureuses, semblables à des morceaux de verres qui s'enfonçaient dans sa chaire, réveillant la nostalgie qui sommeillait au plus profond de son âme.

Tout cela semblait irréel, comme si ces deux personnages n'étaient pas fait pour être mit dans la même pièce, dans cette rue de New-York. Était ce une farce du cruel destin, un souvenir du passé. Elle respira profondément, elle était au travail, ces sentiments personnels ne devaient pas empiéter sur sa profession, c'était un manque de maturité, de professionnalisme. Elle expira en silence et sourit, mais ses yeux reflétaient une grande tristesse. Les yeux sont le miroir de l'âme, le reflet de nos émotions.


-Excusez moi je rêvassais. Bien travaillons ensemble sur votre futur tatouage. Je suppose que vous savez ce que cela implique, c'est une action définitive … Son regard en disait long, un tatouage était porteur de signification, c'était un symbole de différence, de souvenirs. Je ne porte pas de jugement sur le votre , et vous me semblez être une personne réfléchie, je me trompe ? J'espère ne pas vous avoir offensé par mes paroles Monsieur, mais j'aime mettre les choses au clair. Puis je vous demander comment vous vous nommer. Je n'apprécie guère dire Monsieur, Monsieur, c'est froid, comme une barrière entre les personnes. Pardonnez moi ma franchise, je suis quelque peu fatiguée. Appelez moi Selena si vous le souhaitez.

Lamia eut un léger rire, elle était fatiguée, hantée par son cauchemar. Pourtant malgré tout elle parvenait à sourire, était ce la présence de cet homme qui l'apaisait, lui donnait un sentiment de plénitude, de tranquillité. Sans un mot supplémentaire la Tatoueuse prit de sous le bureau un calepin de dessin, un crayon HB caran d'hache, sa marque favorite pour le dessin et une gomme en mie de pain.. Par réflexe elle fit tourner le crayon entre ces doigt, s'échauffant avant de commencer à composer sa création, de faire les premières ébauches. La jeune femme posa le calepin sur la table, se saisissant au passage de son livre de médecine qu'elle remit délicatement sous son bureau.

-Pour ma part je peux vous préparer plusieurs models. Dans différents styles, avec des arabesques, des motifs compliqués. Je guiderais mon crayon pour réaliser le tatouage de vos désirs, ayez confiance en mes capacités... Une dernière chose qu'elle profession exercez vous pour dégagez un tel charisme ? Vous m'intriguez beaucoup. Lamia était toujours d'un naturel franc, à demander ce qu'elle souhaitait en face, ne craignant pas d'offusquer l'autorité par des paroles directes, franches.

Sur ce Selena c'était mise à créer différents models, allant du simple, aux plus compliqués, ajoutant sur certaines étoiles des fioritures, d'autres des courbes, certaines des arabesques, parfois mélangeant des motifs floraux, des étoiles. Le crayon dansait sur la feuille sur un rythme endiablé, la gomme grisait ou accompagnait le mouvement de ce dernier, l'hybride semblait complètement absorbé dans sa tache, créant milles et une combinaisons pour satisfaire la demande de son client. La jeune femme se laissait aller à toutes les folies, libérant son esprit de toutes les contraintes, de toutes les lois physiques quand sa main se crispa, cassant la mine sur le centre d'une étoile. Elle avait revu son rêve, plutôt ce cauchemar, il la poursuivit même éveillé. Silencieusement Lamia expira, dans ces yeux couleur de saphir brillaient la terreur mais elle se ressaisit, adressant un sourire charmeur à celui qui lui faisait face. L'hybride-serpent espérait qu'il n'avait pas perçu ce qui venait de lui arriver, la prendrait il pour une malade, une folle ?


-J'ai terminé de dessiner. Choisissez, donnez moi des idées, dites moi de modifier … Je suis à votre écoute et à votre entière disposition.

Malgré cette apparence de grande décontraction, des paroles revenaient raisonnées aux oreilles de la jeune femme. «Tu n'es plus qu'une bête assoiffée de sang.», «Tu passes ton temps à tourner, le regard à toujours tout ignorer. Tu t'aveugles.» et d'autres qui tournoyait dans son esprit tel des vautours, lacérant son esprit de leurs serres acérées. Que lui arrivait elle ?
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MessageSujet: Re: Ancrage au pays des serpents [Pv David C. Haller]   Ancrage au pays des serpents [Pv David C. Haller] Icon_minitimeLun 2 Juil - 8:03

Qui aurait pu imaginer pareille rencontre dans l’une des boutiques de New-York ? En regardant la jeune femme qui me faisait front, je ne pus m’empêcher d’esquisser un sourire. Nous étions tous deux aussi différents que possible. A peine moins âgée que moi, elle portait de longs cheveux noirs qui dissimulaient quelques peu sa tenue des plus modernes. Un style de tenue situé entre le métal et le gothique qui jurait parfaitement avec mes habits griffés. Soudainement j’eus presque honte de ma tenue qui devait donner à la jeune femme la plus prétentieuse des images. Aurait-il donc été mieux avisé de ma part de choisir une tenue plus décontractée ? Plus encline à se dissimuler dans la foule de ses autres clients ?

Fort heureusement pour moi, cette demoiselle ne semblait pas porter de jugement négatif sur ma tenue, ni même sur ma personne en elle-même. Après lui avoir énoncé brièvement mes projets, je m’assis en face d’elle et lui adressait un sourire des plus cordiaux. Je n’aurais su le préciser avec précision mais quelque chose dans l’attitude ou le physique de la tatoueuse me fascinait. Etait-ce la forme de ses magnifiques yeux bleutés qui témoignaient facilement de ses origines mutantes ? Sa tenue exotique qui bien que nous soyons proche nous éloignait d’une galaxie ? Non c’était autre chose… Bien qu’ayant l’air présente et attentive à chacune de mes remarques, elle semblait s’être éloignée à des kilomètres, comme si son âme dévastée s’était totalement séparée de son corps. Quel lourd secret se cachait-il donc derrière se sourire avenant mais fabriqué, derrière ce regard triste et blasé ?

Soudainement, la jeune femme s’adressa à moi, me sortant ainsi de mes réflexions. Remettant à plus tard cette fragile introspection, je l’écoutais attentivement et réfléchis quelques instants à ces propos. Je savais qu’elle genre de souffrance et d’engagement représentait la production de tatouages, mais j’étais plus que jamais décidé d’aller jusqu’au bout de mon projet mûrement réfléchi. Je souris intérieurement en imaginant le regard outré des mes ancêtres à l’idée de me voir briser les traditions de notre peuple. Les juifs orthodoxes et hassidiques se refusaient à penser que l’on puisse abîmer sciemment la peau de notre Seigneur nous avait confié à notre naissance. Les juifs tatoués n’avaient ainsi pas le droit à une cérémonie religieuse pour leur ensevelissement. Autre temps autres mœurs auraient pu rajouter nos amis latinophile. Je ne trahissais pas si violemment que cela mes traditions, après tout le judaïsme réformé tolérait se genre de pratiques. Je lui souris donc et lui répondis


- Pour être totalement honnête avec vous Mademoiselle, j’avoue avoir depuis mon enfance une peur certaines des aiguilles et des opérations quelles qu’elles soient. Me faire tatouer ne faisait nullement partie de mes rêves d’enfants, ni même de ceux de l’adolescent que j’étais. Ce n’est pas non plus une décision prises sur un coup de tête, comme celles prises par certains jeunes gens qui s’empressent de le faire enlever quelques années plus tard. C’est une façon pour moi de prendre des engagements solennel par rapport au combat et aux objectifs que je me suis fixer dans ma vie actuelle et future. Séléna ? Quel prénom charmant ! Séléné n’était-elle pas la déesse de la Lune ? Pour ma part, je me nomme David et je suis tout à fait d’accord pour que vous puissiez m’appeler par mon prénom.

Elle éclata soudainement d’un rire enjoué et cristallin qui me surprit de prime abord. J’imaginais facilement qu’après une journée bien remplie, Séléna pouvait ressentir quelques signes de fatigue. Pourtant son rire avait quelque chose de fossé qui me ramenait à mes premières inquiétudes à son propos. Son sombre passé la replongeait-elle dans des cauchemars ? Si tel était le cas, je comprenais parfaitement ce qu’elle pouvait ressentir. Combien d’années avais-je donc passé dans le coma, hanté par la vision de l’attentat qui avait emporté Daniel si brutalement ? Les coups de feu des terroristes et les cris désespéré de mes frères juifs acculés revenaient encore sans cesse dans mon esprit au point que certaines nuits je ne pouvais en trouver le sommeil.

Revenant subtilement à l’affaire qui nous préoccupait en ce moment, Séléna saisit son cahier et son crayon, prête à mettre sur papier les quelques images qui fleuriraient dans mon imagination. C’était le moment le plus agréable qui m’attendait pour la soirée ! Je souris à ma jeune tatoueuse et approuvait dans un mouvement de tête.


- J’ai d’ores et déjà toute confiance en vos capacités et remets donc ma triste imagination décharnée entre vos mains expertes. Je souhaiterais véritablement qu’il puisse s’agir d’un travail artistique et sortant de l’ordinaire… Vous trouvez véritablement que je dégage un quelconque charisme ? Je mettrais cette charmante et aimable affabulation sur le compte de votre fatigue. Je suis rabbin depuis l’année passée et je possède désormais ma propre synagogue qui est ma plus grande fierté, quoique je ne sois pas vraiment sûr que mes paroissiens partagent votre point de vue sur ces qualités que vous me prêter… Quant à votre, racontez-moi. Comment décide-t-on de devenir tatoueuse ? J’imagine aisément qu’ouvrir sa propre boutique n’est pas une sinécure. Je vous trouve bien courageuse de vous être lancé dans cette délicate entreprise. Pour en revenir à mon tatouage, je pense que de fines arabesques pourraient me plaire. Je ne souhaite pas que mon étoile soit très épaisse. J’aimerais également y voir figurer une inscription qu’elle puisse être à l’intérieur ou à l’extérieur de l’étoile… Never again. Je vous laisse le choix des caractères et choisirais en fonction de ce que vous pourriez me proposer.

Après avoir donné une description sommaire du dessin, je regardais avec intérêt les quelques tatouages que l’artiste traçaient sur son carnet. Elle possédait un réel talent et chacune des figures révélait un don artistiques qui surpassait de loin les quelques représentations mentales que je m’en étais faites. J’admirais l’énergie et la vivacité dont Séléna faisait preuve. Ne prenant pas spécialement garde à cette pauvre mine cassée, j’attendis la fin de son travail et ne pus qu’en admirer le résultat. Je lui souris et déclara dans un soupir.


- Je vous ma chère, que ce que vous me demandez relève de l’impossible. Tous ces dessins sont de véritables chefs d’œuvre, et ce n’est pas que de la flatterie. Je vous trouve réellement talentueuse Séléna… Alors voyons. J’avoue avoir une préférence pour celui qui se trouve en haut à gauche. J’aime beaucoup les arabesques que vous avez tracées. Peut être pourriez-vous juste réduire un tant soit peu la taille de ces caractères et cela sera parfait.
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MessageSujet: Re: Ancrage au pays des serpents [Pv David C. Haller]   Ancrage au pays des serpents [Pv David C. Haller] Icon_minitimeSam 27 Oct - 20:21

David... Ainsi ce nommait la personne qui lui faisait face. David, celui qui est aimé, celui qui est chéri. Un prénom hébreux. Mais aussi David contre Goliath, l'homme qui terrasse le géant par son ingéniosité... Que significations pour un seul et unique prénom.
Mais pour la pauvre Selena, tout cela lui échappait. Elle la tatoueuse perceuse, elle qui ne deviendra jamais médecin comme tant espéré, à vrai dire sa culture dans ce domaine était fort limité. Sa science s'étendait à la médecine, au dessin, à la torture, les médicaments, dans tout ce qu'elle pratiquait au quotidien, ce qui touchait à sa nature reptilienne. Même si cette femme avait touché à tout, poésie, danse, électronique, botanique, elle n'en avait pas moins une culture limité sur certains domaine. Et c'était avec joie qu'elle accueillait ce que lui révélait cet inconnu semblable à un puit de science.

Petit à petit il lui révélait des choses sur sa personne, de minuscules informations qui permettait de cerner le personnage qui lui faisait face, tenter de reconstruire sa personnalité, de percevoir comment il était. Un puzzle vivant qui la fascinait. Une peur des aiguilles, des opérations, du à quoi ? Une opération, ou peut être une phobie naturelle. Il était un homme qui avait murement réfléchit, il ne semblait pas le genre de personne à prendre des décisions à la hâte, sans penser aux répercussions de celles ci, avec certainement une volonté de fer, qui ne pliait pas, ne cédait jamais, restait fidèle à ces engagements du début jusqu'à la fin. Un homme d'honneur. Une personne rare en ce bas monde de vice et de corruption. Que de messages cachés dans ces paroles si douces, si solennelles.

Une légère rougeur apparut sur les les joues de l'hybride-serpent lorsqu'il dit que son prénom était charmant, fatiguée par son combat interne elle ne pouvait feindre l'indifférence, rester impassible face à cet inconnu. Un compliment inattendu de la part d'un client et qui la qualifait si bien, elle qui vivait la la Nuit, se nourrissant tel un vampire de sang humain. Mais David lui innocent, ignorait qui elle était, sa vraie nature, sinon il se serait déjà enfuit comme si le Diable aurait été à ces trousses.


-Ne vous inquiétez pas j'ai des méthodes pour empêcher que vous n'accordiez trop d'importance au tatouage, mais sachez que la douleur fait aussi partie du rituel, c'est l'étape la plus importante... C'est un choix que nous faisons pour nous rappeller de certaines choses, graver dans nos peaux de souvenirs importants.. Je vous comprend parfaitement David. Sa voix siffla légèrement lorsqu'elle prononça son prénom pour la première fois, rappelant un serpent sans aucun doute possible. Des engagements ? Puis je savoir lesquels ou est ce que je m'émisse dan votre vie privée ? Le passé, le futur, tout cela et si compliqué... prévoir, entreprendre, comprendre, apprendre... Tout cela est difficile se battre contre nos erreurs, se préparer à l'avenir.

En silence elle c'était mise à dessiner, esquissant ces étoiles de David avec délice, s'évadant dans le seul échappatoire qu'elle avait: le Dessin. La musique de fond l'accompagnait dans ces mouvements, du classique, un morceau de violoncelle joué par le violoncelliste François Salque ''Le Chant des Oiseaux'' l'hymne catalan. Pourtant ce doux repis ne fut que de courte durée, ces voix obsédantes, répétaient de multiples phrases pour lui faire perdre la raison, faire éclater la folie qui sommeillait en elle. Tant bien que mal la jeune femme supportait cette chose, gardant cette apparence sereine forcée qui lui permettait de tenir bon face à de nombreuses de situations que d'autres personnes auraient trouvées ridicules, cocasses, ou bien incroyables. Mais aujourd'hui cette armure ce fendillait doucement, craquelant son masque de fer, son invulnérabilité disparaissait. Le Serpent pouvait résister à bon nombres de blessures physiques, d'attaques et d'insultes, mais elle ne pouvait plus faire face à cet ennemi intérieur qui la rongeait, la détruisait en silence par la force des ces mots, de ces cauchemars.

-J'espère ne pas vous décevoir alors. Selena lui adressa un doux sourire rêveur, partant dans son imagination, loin de ce monde réel. Un charisme des plus agréable, qui réconforte , envoute. Même fatiguée ou en pleine possession de mes moyens il est rare que je ressente cela à l'égard d'une personne... Rabbin, cela explique beaucoup de choses, vous êtes de ces hommes qui écoutent, conseillent et dirigent en écoutant leur prochain. Bravo pour votre réussite... Qu'importe ce que pense vos paroissiens je ne changerais pas le moins du monde d'avis, et je suis sur qu'ils vous apprécient, c'est pour cela qu'ils vous sont fidèles.

Les mots de cet homme la tirait de son horreur intérieur pour quelques instant, le temps de réfléchir, de regagner en contenance pour garder son assurance, sa façade. Devait elle lui raconter tout depuis le début son enfance, sa mutation brutale, ses études de médecines tourmentées, son changement de voie imprévisible. Lui conter son histoire et peut être qu'il lui apporterait de la compassion si elle se confiait, il soulagerait cette plaie qui la rongeait de ces délicates paroles. Il ne la jugerait pas, il l'écouterait peut être... Et cette nuit Lamia pourrait peut être enfin se reposer, poser sa tête sur une épaule forte, quelqu'un qui verrait plus loin que ces crochets, que ces yeux, que la bête qu'elle était Peut être qu'elle pourrait confier son cauchemar et qu'il l'éclairerait.

Selena pensait à son passé les bons moments: l'enfance, les sorties, les premiers baisés, les bêtises mais surtout les mauvais: ces agressions, son premier meurtre, les insultes. Des milliers de boules lumineuses flottaient dans son esprit emplit de ténèbres, révélant des fragments de son histoire à celui qui saurait se glisser dans la noirceur de son âme. Elle ne pouvait pas s'empêcher de repenser à Loïs, ses amis perdus, et cet homme, ce David lui rappelait son père par cette odeur, des moments de joie avant que la race humaine ne balaye tout cela. Tout cela était de la faute des ces humains.


-Je le suis devenu par une succession d'évènements malheureux, et heureusement pour moi je pense... Vous savez j'aurais put être comme vous, une femme médecin normale sans tatouage, ni piercing. Être normale, humaine plutôt une mutante... Un soupir silencieux que l'on déchiffrait sur ces lèvres, des regrets profonds qui se lisaient dans ces pupilles, l'espace d'un instant elle revivait d'autres souvenirs. J'ai un don pour le dessin comme vous le dite si bien, et j'ai su en faire mon métier, faire vivre des œuvres d'arts en quelque sorte vivante et unique, des messages, des souvenirs, vouloir créer un monde, exprimer des choses... C'est inexplicable. Mais c'est par la force des choses David, par la force. Car je suis différente on a voulut me retirer mon droit d'être considéré comme un être humain, et j'ai survécu. Je n'en garde pas moins une certaine rancœur pour certaines personnes. Soyez indulgent envers la pauvre femme que je suis devenu David, il est difficile de pardonner. Une lueur de haine, de colère mais aussi de douleur, des poings qui se crispaient imperceptiblement sous la rage des souvenirs: des coups qui pleuvaient, du pire qui aurait put arriver, de la faiblesse qui la caractérisait autrefois. C'est un ami à moi qui m'a amené ici en tant que perceuse, et après le patron m'a appris à tatouer. Il m'a légué cette boutique, son dernier lien avec moi. Désormais je suis seule, avec mes dessins, ma musique et ma conscience. Mais contez moi David pourquoi cette voie de Rabbin ?

Des nouvelles esquisses apparaissaient sur le papier, suivie de l'inscription ''Never Again'' en différents caractères fins avec des arabesques, simplement des courbes, de petites fioritures, un ensemble de calligraphies. Lorsque David demanda de réduire la taille des caractère, la Tatoueuse réagit immédiatement effaçant les traits, les retraçant avec un enthousiasme non feins. Avant de prendre une nouvelle feuille et de refaire au propre le tatouage final.

Mais ces voix, ces phrases revenaient sans cesse, redoublant d'intensité sous cette nostalgie amer des coups reçu mais jamais rendu, de la colère. Combien de temps tiendrait elle le coup avant de succomber à ces voix et d'agir dans la folie la plus complète. Selena ne pouvait le savoir... Elle préferait ignorer cela, fermer les yeux comme cette chose lui répétait si bien.


-Très bon choix, magnifique, élégant, raffiné, sobre, cela vous ira à ravir David. Le même sifflement discret, la même voix douce pour tenter de dissimuler les intonations tristes de sa voix . Me permettez vous de regarder votre poignet de plus prêt, la zone à tatouer, votre peau... Vous comprendrez que je souhaite tout examiner avant de débuter. Je vous préviens ma peau est très spéciale elle est recouverte de minuscules écailles et ce touché peut surprendre. Je suis une mutante je ne peux le cacher mais je suis fière d'être ce que je suis.
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MessageSujet: Re: Ancrage au pays des serpents [Pv David C. Haller]   Ancrage au pays des serpents [Pv David C. Haller] Icon_minitimeDim 11 Nov - 20:32

La première remarque de la jeune tatoueuse me fit sourire. Bien que j’imaginais que de me faire tatouer n’avait rien d’une sinécure, ses douces paroles me rassurèrent quelque peu. Après tout quelles raisons avais-je de me plaindre ? Que serait un supplice de quelques heures face aux tourments que « eux » avaient dû affronter durant toutes ces années de terreur ?

Les paroles que Selena prononça par la suite me plongèrent dans une profonde réflexion. Un choix personnel ? Des souvenirs importants ? Pourquoi devais-je tout ramener à ces terribles années 40. Ces temps déchirés ou mon peuple avait dû tellement souffrir de l’intolérance des Allemands. Le matricule qui s’accrochait alors à leur bras telle une sangsue pompant avec une cruauté certaine toutes leur énergie vitale. Tous leurs rêves d’antan, les visages de ceux qu’ils avaient aimés leurs semblaient ravivés à simple vision de ce triste numéro. Ils ne l’avaient pas choisi, non. Comment pourrait-on accepter de vivre ces terribles tragédies que l’on ne souhaiterait pas même à nos pires ennemis ? Et pourtant, certains d’entre eux l’avait conservé telle une relique inestimable qui les rapprochaient de cette époque. Je n’en avais jamais véritablement compris la raison ? Etait-ce pour marquer à jamais leur appartenance à leur peuple ? Leur donner une raison de continuer à s’accrocher à leur combat ? Une marque de respect pour leurs proches disparu dans cette terrible épreuve ? Toutes les interprétations étaient permises et ce nouveau tatouage me permettrait de m’en faire la mienne.

Le ton qui transperça dans la voix de la jeune femme me sortit brutalement de mes rêveries. Le léger sifflement qu’elle avait glissé entre ses lèvres me fit soudainement prendre conscience de sa véritable nature. La jeune et jolie femme qui se tenait devant moi était donc bien mutante. En toute franchise, cela ne m’étonnait que très peu. Il me semblait avoir déjà perçue dans la forme de sa pupille quelque chose qui sortait de l’ordinaire. Jamais je n’aurais imaginé pouvoir rencontrer une mutante en ces lieux. J’étais persuadée qu’elle ne faisait pas partie des membres de l’Institut Xavier. A quel autre groupe aurait-elle pu bien appartenir ? Laissant là mes réflexions, je pris plus attention aux propos de la jeune femme.


- Dans ce cas-là je me confie à vos bons soins et me raccrocherais à cette célèbre maxime « ce qui ne me tuera pas, ne servira qu’à me rendre plus fort ». Je pense alors essentiel de me confier à vous, vous comprendrez ainsi mieux l’importance que je rattache à ce tatouage. Comme vous le savez déjà, j’appartiens à ce grand peuple qu’est le peuple juif. Vous connaissez certainement les évènements liés à l’Holocauste du siècle dernier où tant de nôtres sont tragiquement morts dans les camps de concentrations et d’extermination. La plupart des membres de ma famille ont eut à traversé ce calvaire. Seule ma mère et mes deux parrains en sont sortis vivants. Leurs expériences m’ont fait comprendre à quel point l’Homme pouvait être cruel envers ses semblables. Mon peuple souffre depuis bien trop longtemps de leur cruel antisémitisme et je me suis promis de tout mettre en œuvre pour que cela ne se reproduise jamais. Ce tatouage symbolisera pour moi l’espoir de voir un jour ce rêve se réaliser… Mais les Hommes seront-ils un jour capable d’apprendre de leurs erreurs et rendre ce monde meilleur ? Là est toute la question.

Tout en me laissant aller à de douces rêveries, je regardais avec douceur le visage pâle de la jeune artiste. J’appréciais chez elle cette application certaine dans son travail qui ne faisait que la rendre plus admirable encore. Mais bien que son attitude tendait à la faire passer pour calme et détendue, je ne pouvais m’empêcher de croire qu’une quelconque blessure ancrée en elle la faisait terriblement souffrir. Même sans avoir pénétrer son esprit, je ressentais sa peur et sa douleur. Je ne pris certes pas la peine de la questionner à ce propos. Je n’étais après tout qu’un étranger dans sa vie et elle refuserait certainement de se confier à moi. Plus enclin à admirer la surface policée et attrayante de la surface, je me refusais à en gratter la couche supérieure. Si elle désirait se confier à moi, c’était à elle seule d’en prendre la décision. Je répondis à ces quelques propos de la manière la plus modeste qui soit

- Je vous remercie Séléna pour tous ces compliments mais croyez-moi, je suis bien loin de posséder de tels talents. Comme chaque personne ici sur Terre, je porte un masque pour dissimuler une nature bien plus effroyable que celle que vous vous figurez. Fort heureusement, il semblerait que mon jeu d’acteur soit persuasif. Je vous remercie donc pour me conforter ainsi dans l’idée que ma petite comédie fonctionne à merveilles.

Je l’écoutais ensuite patiemment me raconter son histoire. Chacune de ses phrases levait un peu plus le voile qui la dissimulait pour me faire découvrir un mystère plus noir encore. Une vie bouleversée par un quelconque tragique incident ? Retirer le droit d’être une humaine ? Rester seule avec sa conscience ? De quoi pouvait-elle bien parler ? Avait-elle commis des actes répréhensibles dans sa vie qui aurait pu la conduire à bouleverser tous ces rêves d’enfants ? Je n’y comprenais rien pour le moment mais j’avoue que ces mots éveillèrent en moi une certaine curiosité.

- La vie nous pousse parfois à emprunter des voies auxquelles nous ne nous attendions pas. Il suffit parfois d’un seul grain de sable enrayant notre parcours pour que cette belle machinerie que nous avions mis tant de temps à élaborer s’écroule en un instant. Refuser de devenir médecin pour vous consacrer à votre profession de tatoueuse à dû être très déroutante pour vous et je suppose, au vu du livre que vous teniez dans vos mains lors de mon entrée, que vous n’avez jamais vraiment renoncé à ce rêve. Est-ce que je me trompe ? J’admire le courage dont vous faites preuve à déclamer aussi ouvertement votre véritable nature mutante. Ce n’est pas une chose donnée à tous le monde. Certains d’entre eux s’évertuent à la dissimuler tant que la possibilité leur en ai donnée. Remarquez que compte tenu du climat d’insécurité qui règne dans nos villes cela n’a rien de très étonnant… Le pardon est en effet quelque chose de très difficile à accorder. Pourquoi devrions-nous nous tourner vers ses personnes qui nous ont tant fait souffrir ? Leur accorder notre aide et notre soutien alors qu’eux-mêmes nous ont tourné le dos alors au moment où nous avions le plus besoin de leur soutien ? Oui le pardon est une chose bien difficile et ne fera jamais partie que d’un monde idyllique. Mais le pardon reste cependant une chose nécessaire dans notre monde. C’est une chose qui nous permet de nous élever bien plus haut que notre simple condition humaine. J’ai je le crains, toujours garder en moi l’espoir de la rédemption qu’elle nous soit accorder par nos semblables ou par Dieu… Excusez-moi je m’égare un peu.

Reposant son attention sur moi, la jeune Séléna me demanda ce qui avait bien pu me conduire à choisir la vocation de rabbin. Un large sourire apparu alors sur mes lèvres lorsque je repensais à toutes ces personnes extraordinaire qui m’avaient poussée dans cette voie-là.

- Je dirais le fruit de quelques rencontres exceptionnelles qui me firent prendre conscience de ma fierté d’être juif. Ils m’ont permis de me construire une nouvelle vie sur des fondations que je pensais écroulées à jamais. C’est en quelque sorte le fruit d’une rédemption que j’espère obtenir en servant Dieu au mieux de mes capacités.

Elle me présenta presque alors aussitôt le tatouage qu’elle allait appliquer sur ma peau et j’approuvais d’un signe de tête. Le dessin me convainquant tout à fait.

- Alors en cas Séléna dites-moi. Quelle est la prochaine étape?
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Lamia
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MessageSujet: Re: Ancrage au pays des serpents [Pv David C. Haller]   Ancrage au pays des serpents [Pv David C. Haller] Icon_minitimeDim 11 Nov - 21:57

La jeune tatoueuse souriait à son interlocuteur. La prochaine étape serait celle où son dermographe danserait sur la douce peau de son client, exécutant le motif désiré qu'elle avait conçu en temps relativement court en comparaison à certains motifs qu'elle avait auparavant fait. Il était plutôt simple, non pas qu'il n'avait pas sa particularité, ce petit quelque chose qui le rendait exceptionnelle, unique, ce qui ferait que personne dans cette ville crasseuse n'aurait le même. Mais avant toute chose il fallait savoir la taille, l'emplacement exacte de ce symbole lourd de signification.

-J'espère que vous serez satisfait de ma prestation dans ce cas, et je vous assure que cela n'est pas aussi difficile que la plupart des mauvaises langues le prétendent. J'attacherais d'autant plus d'importance à la réussite de celui ci, autant pour sa signification, son symbolisme que par la manière dont vous me le demandez. Et oui je connais très bien ce passage sombre de l'histoire moderne, qui si je puis me le permettre se répète aujourd'hui: les hommes face aux mutants. Elle se tut, pensant à la peine qu'il avait du enduré et devait encore ressentir au fond de son cœur. Sa haine des humains ne faisaient que s'accroitre davantage mêlant milles pensées, sensations. Je suis sincèrement désolée. Et je vous soutien dans votre noble cause, j'espère seulement que ce message de paix soit aussi pour nous autres mutants que nous sommes. Mais j'ai bien peur que la haine des hommes se soit retournée contre nous, et qu'elle nous pourchassera jusqu'à que l'un où l'autre meurt. Vous êtes sincèrement un homme admirable, votre cœur est bon. Ne laissez pas la haine avoir raison de vous

Selena l'écoutait parler avec une attention nouvelle, tentant d'oublier ces voix omniprésentes, qui la harcelait sans cesse, sans répit. Que devait elle faire face à ces ennemis invisibles, rompre sa comédie et laisser exploser sa folie au grand, laisser éclater la b^te sombre qui sommeillait au plus profond de ces entrailles, dans la noirceur de son âme. Combien de temps avant que cet harcèlement ne brise sa carapace déjà fendue. Elle ressaisit vaillamment, s'accrochant à son dernière espoir, cet inconnu: David. Une lumière dans l'obscurité, un point d'ancrage. Et ce soir, lorsque sa boutique serait fermé, lorsqu'elle aurait sortit son katana de son fourreau pour traquer toute la crasse humaine de NY, dealers, et autres joyeux personnages, elle ferait éclater sa rage, noyant sa haine dans un bain de sang.
L'hybride aimait ces paroles, sa verve, son vocabulaire, cette odeur agréable qu'il dégageait. Tout en lui le faisait paraître pour un jeune homme agréable, prometteur et plein d'avenir. Quel changement par rapport à toutes ces personnes quelles côtoyait, drogué, des dealers, des motards, des voleurs, d'honnêtes personnes, de petits commerçants; un pelle melle surprenant de la vie quotidienne. Un masque chacun ici bas en portait, et elle le confirmait ici même en cet instant présent, il pouvait admirer la face délicate, les yeux rieurs, le ton agréable, alors que la nuit l'hybride-serpent s'adonnait corps et âme à sa partie animale. Lui même avouait faire de même, jouer à cette comédie subtile qu'est l'existence quotidienne. La jeune tatoueuse hocha la tête en signe d'approbation face à ces propos emplit d'une grande sagesse.


-Puis je vous poser une question qui vous semblera peut être indiscrète à votre égard. Elle marqua une pause. Êtes vous ? Comment pourrais je aborder cette question s'en pour autant être offensante à votre égard. Elle laissa planer un instant de silence à nouveau, réfléchissant à une solution. Êtes vous aussi un mutant ? Tel que moi ou bien je ne sais qui d'autre ? Vous ressemblez tellement votre apparence extérieure ne choque en rien, mais pourtant vous ne semblez pas gêné le moins du monde, comme si c'était presque normal, comme si vous étiez vous même une personne telle que moi ?

Selena avait été d'une franchise plutôt violente ne trouvant pas les mots pour tenter une approche diplomatique, beaucoup plus subtile. Cette question traversait son esprit depuis suffisamment longtemps pour que cette interrogation lui brule les lèvres. Puis se rendant compte de son erreur, elle se pinça le haut du nez, fermant les yeux. La jeune femme bafouillait des excuses face à ce comportement peu professionnel. Elle se sentait mal à l'aise et honteuse.

-Je vous prie de m'excuser. Ne me répondez pas si cela vous gène, je comprendrais mille fois cela. Elle sourit, gênée, n'osant plus parler de peur de faire une autre erreur semblable. Sans mot dire elle redevint professionnelle prenant délicatement le poignet en question et l'examinant avec attention forcée. Je tatouerais sur cette largeur là. Plus grand, plus petit ? Elle fit courir ces doigts sur sa peau délicate. Puis j'écrirais les lettres ici, traçant l'inscription que vous m'avez demandé. Si vous avez une dernière hésitation ? Un derniers changement c'est maintenant ? Sinon je vous prie de me suivre jusque dans ma salle de tatouage.

Dans le silence de sa boutique où résonnait Path de Apocalyptica, la Tatoueuse le guida jusqu'à la pièce ou elle tatouait avec ferveur depuis de longues années. La seconde salle était celle des tatouages, tout en carrelage avec un siège permettant au client de s'asseoir ou bien de s'allonger selon les besoins. Accrochée en hauteur des gants, et autres matériels nécessaire. Selena avait même pensée à installer un miroir pour permettre au client de regarder son tatouage. Elle avait même installé des posters et dessins à certains endroits pour que le client n'ait ps le regard dans le vide lorsqu'il sentirait le dermographe agir.
Le motif bien en main elle indiqua à David un siège avec accoudoir. Sans précipitation elle lui intima de s'assoir et de mettre son poignet bien en évidence et de remonter sa manche, le temps qu'elle aille se préparer. Sifflotant elle disposa son tabouret à côté du siège, tirant une petite table métallique ayant dessus une éponge, son dermographe, les encres, l'aiguille était neuve elle venait juste de la changer assurant à son client une propreté optimale. Puis elle partit se laver les mains, et mettre ces gants sortant du champ de vision du Rabbin. Milles et une pensées revenaient dans son esprit où régnait un silence de mort, elle ne voyait qu'une lande ensanglanté, des corps éparpillés jonchaient se sol froid et elle se revoyait au centre, les voix criaient, chantaient, des mots de folies, d'agonie sans cesse. L'hybride serpent serra les mâchoires, se faisant saigner sa lèvre inférieure par mégarde, déformant ces traits dans un éclats rageur, de haine pur, l'eau chaude ne lui brulait pas les mains, la douleur physique ne semblait plus avoir d'emprise sur son corps. Son esprit craquait doucement, le monde s'effondrait tout s'écroulait, sans qu'elle puisse agir. Lorsqu'elle retira ces mains rouge du contact prolongé avec cette eau brulante, elle enfila ces gants en silence faisant claquer de latex contre sa peau. Non, ces voix n'auraient pas raison d'elle, pas encore. Le sang goutait sur sa lèvre inférieure, tachant sa lèvre supérieur d'un rouge pourpre.
Doucement la Tatoueuse s'assit à côtés de son client, caressa la peau vierge qui ressortirait recouverte du symbole désiré, de l'objet souhaité.


-Détendez vous... Je vais y aller... Ne craignez rien.

Elle pensa pour l'instant, son couteau était toujours dans sa new-rock, une sécurité contre certains clients mal avisé ou très entreprenant avec sa personne. La jeune femme esquivait le regard de son interlocuteur se concentrant sur l'aiguille qui dansait au son de la musique, à l'image d'une ballerine d'acier. Parfois son éponge repassait par dessus pour enlever le surplus de cette encre noire, semblable à un sang impur. Durant son labeur, des phrases revenaient, violente, tentante: ''son sang goutte le'', ''admire si le sien est aussi pourpre que le tient'', ''sent son odeur, une proie de choix comme jamais''... Parfois ces lèvres esquissaient des phrases ''tais toi'',''silence'',''arrête toi''.


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MessageSujet: Re: Ancrage au pays des serpents [Pv David C. Haller]   Ancrage au pays des serpents [Pv David C. Haller] Icon_minitimeMer 14 Nov - 17:45

Je souris au propos de la jeune femme. Je me réjouissais de constater le professionnalisme qu’elle semblait attaché à son travail. Ses quelques paroles suffirent à me réconforter et je se laissais aller à lui accorder ma confiance, ce que je ne faisais que très difficilement. Je lui rendis donc son sourire et me laissai bercer par les quelques mots légèrement siffloté par cette mystérieuse demoiselle. Relançant un débat faisant depuis quelques années les choux gras de la presse, Selena se permit une comparaison entre la Shoah et les conditions actuelles du peuple mutant. Cette pensée ne put que me rappeler les quelques conversations enflammées que j’avais de nombreuses fois entretenues avec mon père ou avec Erik. Un débat avec lequel je jonglais très aisément même si mes arguments étaient encore quelque peu maladroits et mal construits. Mes intérêts avaient toujours été plus historiques qu’actuels. Ma connaissance du judaïsme et de l’antisémitisme nourrit à son égard m’aidait à m’éloigner des préoccupations liées à ma nature mutante et je me prenais trop souvent à oublier l’objet réel de ces débats. Mais à la différence de discussion entretenue au sein de ma famille, mon interlocutrice ignorait tout de ma mutation. Elle ignorait les atrocités que j’avais pu commettre et parlait avec moi de ce problème comme si j’étais totalement étranger à cette communauté. C’était une situation qui me convenait assez, ma foi. Pourquoi ne pas me laisser aller à cette comédie? Je n’avais rien à craindre de me livrer faussement à cette jeune mutante avec laquelle je ne partagerais que quelques heures de ma vie.

- Je suis tout à fait d’accord avec votre point de vue Séléna. La haine que les hommes nourrissaient hier à l’égard des juifs se reflète aujourd’hui dans celle qu’il entretient face aux mutants. Il s’agit je le crains d’une des faces les plus sombres de la nature humaine. A croire que l’Homme ne peut se passer de bouc émissaire pour justifier ses propres erreurs. Il se protège contre tout ce qui peut lui être étranger ; c’est son instinct de survie hérité de son ancienne condition animale qui le lui dicte et il refuse de lutter contre ses propres préjugés. Je garde malgré tout le secret espoir qu’une évolution de sa nature pourra s’accompagner d’un profond changement des mœurs, qu’il puisse oublier ses préjugés si stupides. Je travaille dans ce sens et tâche de ne jamais coller des étiquettes aux étrangers qui croisent ma route quelle que soit leur culture ou leur appartenance ethnique.

La question de Séléna fut suivit d’un long silence de ma part. Cette jeune femme, qui jusqu’alors s’était contentée de me dévisager derrière le masque que je me plaisais à porter me demander à présent de le hotter? Devrais-je vraiment prendre le risque de lui révéler cette nature profonde que je haïssais au plus haut point ? Lui avouer que moi-même je faisais partie de ces boucs émissaires du XXIème siècle? Comment pouvais-je me permettre de lui faire part de cette étrange malédiction après lui avoir déclaré être totalement ouvert face à cette espèce? Cela n’aurait-il pas semblé hypocrite de ma part? Je gardais le silence durant quelques minutes supplémentaires et poussa un large soupir avant de prendre le risque de lui révéler la vérité.

- Vous avez raison sur un point Séléna. Oui cela me gêne beaucoup d’en parler et il est assez rare que je parvienne à faire de tel aveu. Mais puisque vous n’avez pas à me révéler votre nature, il serait incorrect de ma part de ne pas en faire de même. Je suis effectivement un mutant. J’ai eu la très mauvaise surprise de choisir cette tare comme héritage biologique de mon père et malheureusement pour mon entourage, cette mutation à non seulement gâcher mon existence toute entière mais également celle des personnes que j’aime. Si d’apparence je vous semble très humain, intérieurement mon esprit est une véritable mélasse où se prélassent des centaines d’autres esprits et qui ont fait de moi un schizophrène au comportement on ne peut plus destructeur. Ne prenez donc pas le risque de me demander si cette situation m’est supportable ou non, car au fond de moi je ne puis que la détester.

Après cette longue tirade, je plongeais à nouveau dans un silence de mort que je conservais durant quelques instants. Je craignais que ces révélations franches et directes ne rebutent mon interlocutrice et ne me fasse baisser grandement dans son estime naissante. Craignant de maintenir cette profonde situation de malaise, je repris subitement la parole en m’intéressant cette fois au tatouage qui serait tantôt appliqué sur ma peau. C’est alors que je redécouvris l’étrange sensation que la peau écailleuse de la jeune demoiselle produisait sur mon épiderme.

- Je vous prie de me pardonnez pour cet égarement, cela ne se reproduira plus. Je souhaiterais un tatouage de cette grandeur et si vous pouviez appliquer cette inscription de cette manière cela serait parfait.

Je me laissais ensuite emporté par la tenancière du salon jusqu’à la salle où elle effectuerait son travail artistique. A cet instant, je sentis grandir en moi une certaine frayeur. Tel un petit garçon amené de force par sa Maman chez le docteur pour effectuer ses premiers vaccins, je dû m’armer de beaucoup de courage pour calmer ses quelques angoisses naissantes. J’avais pris cette décision depuis longtemps et je m’interdisais à présent de rebrousser chemin. Ce n’était qu’un bref moment de douleur que je serais fier d’avoir su si vaillamment affronter. J’écoutais d’une oreille absente la musique que s’élevait dans la pièce et m’assis sur le fauteuil que mon hôtesse m’indiquait. Retroussant les manches de ma chemise, je regardais s’éloigner de moi la jeune femme affairée à la préparation de ses outils de travail. Revenant ensuite à mon chevet, elle s’assit à mes côtés et caressa la peau de mon poignet ce qui me parcourut un instant d’un frisson de frayeur. J’accompagnais ses paroles rassurantes d’un profond soupir et la laissait se mettre à l’ouvrage sans réagir au bruit atroce que le démographe produisait. Souffrir pour mes convictions prit alors pour moi un sens totalement nouveau. Serrant quelque peu la mâchoire, je détournais le regard de son ouvrage sans même porter un œil sur le miroir qui me faisait front. Je fus soudainement saisi d’un sentiment d’insécurité. Cette mauvaise intuition ne semblait en rien se nourrir de la frayeur que j’éprouvais vis-à-vis de ma douleur. C’était quelque chose de plus profond, de plus impalpable. Comme si la jeune mutante qui se tenait à mes côtés avait subitement changé pour laisser place à une autre personne. Je ressentais subitement en elle les tourments de sa vie et ne put m’empêcher de me nourrir de quelques images qui agrémentait son esprit ; une série d’images effrayantes sorties tout droit d’un film d’horreur. Un sabre à la lame étincelante ruisselant d’un liquide rouge et écarlate qui s’apparentait singulièrement à du sang, des cadavres démembrés entassés les uns par-dessus les autres ; des cris de douleur et des derniers soupirs poussés par des victimes agonisantes. Cette jeune femme était-elle réellement une tueuse en série ? Il me prit soudainement l’envie de partir, de m’enfuir de cette boutique pour échapper à ce destin funeste qu’elle aurait pu m’infliger. Mais je ne pouvais me permettre de partir ainsi alors que l’œuvre n’était pas totalement accomplie. Je tus alors ces avertissement que mes quelques voix intérieurs m’insuflaient
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MessageSujet: Re: Ancrage au pays des serpents [Pv David C. Haller]   Ancrage au pays des serpents [Pv David C. Haller] Icon_minitimeVen 16 Nov - 18:33

Chaque personne pouvait se cacher derrière un masque de porcelaine soigneusement élaboré. Un endroit secret où se dissimulait ces angoisses, ces secrets les plus sombres, ces pensées inavouables... un flot d'interdictions que le ''sur moi'' contenait tant bien que mal, s'opposant au ''ça'' dans une lutte acharnée et violente, ponctuée par des interventions du ''moi'', le maitre de la personne, l'équilibre entre les passions et la retenue.
C'était ainsi que Freud avait définit l'âme humaine, une explication aux comportements déviants, les raisons d'un pourquoi du comment... Les bases de la psychanalyse humaine, et dire que ce médecin neurologue avait vu juste cent ans avant la médecine ''moderne'', avant de pouvoir reconstituer un cerveau, de nommer ces différents hémisphères.

Comment pouvait vivre les êtres tiraillés par ces pulsions brutales, primaires ? Elles ramenaient l'être humain au stade même de bête de proie. Tandis que d'autres étaient oppressés par des besoins bestiaux, violents et sanglants, les assumant une fois la nuit tombée. Comme pour Lamia, l'exemple qui confirmait cette triste règle.
Procéder ainsi était se une preuve de lâcheté ou bien de conscience, une forme survie contemporaine, assimiler qu'agir ainsi était contre nature, de l'apanage des monstres, qu'il fallait se cacher, se comporter de manière fourbe continuellement. Le jeu du chat et de la souris, un affrontement perpétuelle où la sagesse folâtrait inconsciemment avec la démence, danse sans vainqueur ni vaincu au grès des crépuscules.
N'était elle pas avant tout une bête mue par des pulsions, un assassin pervers, une faucheuse des temps modernes... à moins que tout cela n'était dans le fond qu'une simple excuse, une justification superficielle, une manière de s'accorder un pardon éphémère et de mettre sur le dos du destin le fait de sa triste destinée. Ce destin, Dame Fortune comme elle se plaisait à le nommer, cette force intangible avait décidément bon dos. Si sa vie était ainsi c'était de sa faute, si elle était ainsi c'était à cause de ces erreurs. Pourtant la Tatoueuse n'avait pas envisagé de changer de destinée. Cela aurait été une profonde remise en question, sur elle, ces croyances, la confrérie, le résultat de sa vie. Un cheminement quelle ne pouvait entreprendre seule de peur de se perdre à tout jamais, de peur de céder à l'appel de son reflet sombre, par peur encore et toujours...
Le jour face au monde, à ces hommes et femmes sans histoire elle n'était qu'une simple tatoueuse, une rêveuse aux yeux saphirs, une mutante fière de sa condition et au caractère bien trempé. Toutefois la nuit un monstre sauvage prenait place, une caricature de ce micro-univers qu'était New-York, dans ce monde que l'on qualifiait moderne. Dans une métropole corrompue, pourrie jusque dans sa moelle, n'était il pas normale de voir naitre de telles créatures, les vers grouillant de cette gangrène, le pue de cette plaie béante qui suppurait continuellement.

Selena réfléchissaient à ces paroles d'un instant, à cette confidence presque improbable. Qui aurait cru qu'il aurait laissé libre cours à ces pensées ? À des aveux compromettants pour qui voulait faire chanter ce rabbin... mais la tatoueuse n'était pas de cet acabit là, à se servir d'autrui lorsqu'il ouvrait son cœur sans méfiance.
Humain ou mutant, certaines révélations ne pouvaient pas se trahir. C'était ce que son métier de tatoueuse perceuse lui avait enseigné, alors que sous la douleur de sa ballerine d'acier les langues se déliaient, par besoin de se distraire, d'exprimer sa douleur, d'expliquer leur tatouage... des confidences sous le signe du partage et de la confiance.
Ces paroles étaient pourvues d'une vérité presque blessante, telle des balles de fusil elles transperçaient son âme maltraitée, malmenée, une blessure qui l’empêchait de céder à l'appel insistant de ces voix.
La douleur était source de réflexion, de retenue, une souffrance qui devenait nécessaire. Si le sang d'un autre ne pouvait pas étancher l'appel des cruelles voix, pourquoi ne pas faire couler intérieurement le sien ? Une alternative préférable, une alternative qui protégerait son semblable. Cet inconnu lui avait accordé sa confiance, tout deux unit par le même secret. Une révélation que Selena ne pouvait pas détruire, ces principes de chasseuse d'humain l'en empêchait, ne jamais s'en prendre à un mutant ! Jamais ! Plutôt lutter, souffrir, trouver une moyen détourné.
Déjà si peu et victimes de multiples ségrégations, silencieuses, violentes ou ouvertes...

Il était un porteur du gène X, tourmenté par ce que cela lui avait apporté, considérant ce qui pouvait s'apparenter à une chance à une tare... le mot était lourd, lourd de reproches silencieux, accusateurs, pourvus de rancoeur car douloureux. Il était une menace pour lui, ces proches. Une responsabilité que Selena n'avait pas à porté, ces pouvoirs ne consumaient personnes, pas même elle... c'était ces actions qui l'avait guidé sur ce chemin sanglant.
Son allure était si lisse, si parfaite, une véritable image d'épinal : son apparence chaleureuse, son charisme envoutant, cette voix et cette certitude qui charmait les foules, un meneur né, un individu qui ressemblait à Magnéto dans la forme... et pourtant son cœur semblait meurtrit, son esprit en joute perpétuel pour garder une prise, pour défendre sa raison face à cette multitudes de personnalités. Était il donc une sorte de grenade dégoupillé, que le moindre frémissement, soubresaut pouvait faire céder ? Lamia ne pouvait pas saisir cette menace, beaucoup trop grande, inaccessible à sa perception actuelle des choses.

Mais pouvait il la comprendre ? Pouvait il l'aider ? Ce rabbin aux yeux purs, d'un bleu si clair qu'ils en semblaient délavés par les larmes, la tristesse. Ou avait il peur de perdre l'esprit face à cette femme qu'il ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam et que seul le fruit du hasard avait fait croisé la route.
''Ne crois pas oser t'en tirer'' ces tortionnaires ne la laissaient pas en paix, ils la harcelaient continuellement. Encore et encore. Chaque parole comme une blessure, une lacération supplémentaire, un coup de couteau, une douleur spirituelle que même la souffrance physique ne parvenait pas à esquisser.
''Tu te souviens de tout, n'est ce pas ?'' un moment de flottement comme un charognard tournoyant autour de sa proie, le calme avant la tempête, ''visages, cries, suppliques'' les mots s'accompagnaient de flashs, des hommes aux joues tailladés de manière précise, leur sang ruisselant entre les larmes et la sueur. Certains avaient les yeux crevés de manière intentionnelle, d'autres la langue coupée, les tendons entaillés, tout cela dans une danse macabre, un ballet sordide dont elle était la maestro funèbre. Son esprit trouvait peut être une faille, un échappatoire pour contrer cet esprit malin, le chemin qui la guiderait au milieu des ténèbres.
Intérieurement son âme criait, hurlait, sa voix se mêlant aux gémissements des cadavres amoncelés, unit dans la souffrance, unit dans les tourments, l’assassin comme les victimes gémissaient, un seul être de purs tourments.
''Rêve'', ''échappatoire'', elles fredonnaient, murmuraient, sifflaient, crachaient, ''non, non, non... non, non, non, meurtre tu ferras, assassin tu resteras,la bête tu deviendras'' elles riaient de concert, les différents timbres faméliques unit dans un choeur de voix spectrales, fantomatiques, prismatique. Un orchestre bien sombre qui malmenait son esprit obscure, une symphonie lugubre qui accompagnait l'enfant à la robe blanche et aux cheveux de jais. Il cherchait une lumière pour la guider dans cette obscurité tenace, oppressante, son katana accroché à son dos comme un poids mort, un fardeau.

Cet homme. Cet individu sortit de l'ombre. Un inconnu ayant franchit son monde spirituel pour pénétrer dans un autre mille fois plus dangereux, vicieux, sombre. Un univers où la créatrice était prisonnière, soumise aux faiblesses de son âme, un lieu où elle perdait prise. Un héros contre sa volonté, le protagoniste d'une histoire malgré lui : David.
Sentait il le danger ? Le percevait il ? Coulant, gluant. Tel un drap visqueux, poisseux, noirâtre aux effluves de ténèbres et de désespoir profond. Tout cela semblait issue d'un mauvais livre, d'une tragédie grecque où le preux personnage ne pouvait face à son destin. Malgré ces batailles, ces luttes, il finirait inexorablement par sombrer, broyé par les forces mystérieuses qui régissaient cet univers. Terminerait il ainsi ? Détruit par cette rencontre imprévue, cet entretien aux allures d'un vaudeville dramatique.

La ballerine d'acier continuait ces allés et venus sur l'épiderme, son pied métallique rigide agité de soubresauts harmonieux, produisant sa propre mélodie. Elle plongeait dans la peau sa pointe métallique gravant dans la chair le symbole désiré, la souffrance se mêlait à la patience, à l'attente, de la fin du calvaire... Les derniers courbes étaient ancrées, les dernières gouttes de cette encre noire épongée d'un vif mouvement.
Son esprit était absorbé par cette tâche anodine, nécessaire, vitale... pour continuer à subsister encore, à contenir en son sein la bête qui grandissait peu à peu, affamée, haineuse, violente. Elle la rongeait tel le poison dans ces crochets, cette créature dévorait ces entrailles, sa raison, sa carapace, l'intégralité de son être...
Etaient elles deux dans son corps, deux être vivants dans un amalgame de chairs : le Serpent et Selena, ou bien Selena avait elle été enterrée au profit de son double mutant, Lamia. Un conflit intérieur qui ne trouvait des réponses que dans le sang, lorsque chacun étanchait sa haine comme sa soif, un contrat bien précaire, une manière de valser sur le fils du rasoir, de contenir ces pulsions... danser, risquer sa vie, continuer ces cabrioles sans raison particulière.
Pour qui ? Pourquoi ? Les réponses quelle pouvait énoncée étaient bien futiles, dépourvue de bon sens. La Confrérie n'était qu'un moyen de se venger de la race humaine, tous identiques, tous apeurés par ceux qu'ils ne pouvaient comprendre, accepter... et ils devaient tous payer pour cela ! Tous ! Tous ! Les hommes en premiers, femmes et enfants en dernier.
Vengeance, haine, rancoeur, amour et abandon, envie et jalousie, des sentiments se mêlaient dans son cœur, les larmes montaient sans pouvoir couler, la rage faisaient battre son cœur plus fort... Lamia se décomposait peu à peu, être fragile soumise aux pulsions primaires d'un animal solitaire.

Enfin sa besogne s'achevait, l'odeur du jeune rabbin lui parvenait avec plus de détail, de finesse. Elle croyait sentir le sang couler dans ces veines, poussé plus loin par les battements de son cœur vigoureux... il devait être une proie de choix, un régal pour ces papilles gustatives familiarisées avec le sang de personnes faibles. ''Cède donc, il n'attend que cela'', une manière de la charmer, de l’amener à commettre l'irréparable ''allons, une gorgée, ou bien peut être deux...''.
Sa main reposa le dermographe, éteignant son appareil d'un geste délicat, presque affectueux, les doigts glissaient sur l'appareil de fer. Tout ces mouvements étaient exécuté dans le silence de la pièce, plus aucune musique ne passait, laissant pour seul rythme la respiration des deux mutants.
Ils étaient seuls, plus personne ne viendraient les déranger à cette heure, livrés l'un à l'autre. Une aliénée face à un sage. La menace grondante. L'orage qui menaçait d'éclater et de tout emporter sous sa violence.

Le pansement venait d'être terminé, délicatement elle repassa le bout de ces ongles sur le scotch du pansement. La jeune femme donnait les consignes à respecter, aucune exposition au soleil, de venir la revoir si sa peau absorbait l'encre... La jeune femme était absente, distraite, ces pupilles fendus plongés dans un lointain imaginaire... pouvait il ressentir cette solitude qui l'usait heure après heure ? Cette colère ? Cette folie ? Après tout elle ne connaissait rien de ces capacités surhumaines.


-Suivez moi.

]i]Deux mots prononcés de manière froide, distante. Adieu chaleur et sourires bienveillants. Les voix devenaient oppressantes, elles rampaient pour prendre le contrôle de ces muscles, elles le voulaient ''lui'', pas un autre, ''lui ! Uniquement lui ! Seulement lui !'', ''nous voulons sa chair chaude, son sang bouillonnant, lui, lui, lui''
Pouvait il la sauver ?

Elle dépassa le comptoir où son ordinateur était éteint, la nuit était déjà tombée... Et le Serpent l'appelait, la réclamait. Une tentation supplémentaire.[/i]


-David, si vous êtes celui qui guide... Aidez moi ! Je... Non...

De toute sa hauteur, de toutes ces forces ces mains s'agrippaient à ces épaules, le plaquant contre le mur avec violence. Ils mesuraient presque la même la taille, leurs yeux pouvant se croiser sans difficulté, sans barrière. Sa voix était désespérée, ces paroles décousues, un appel de détresse. Oserait il plonger son regard pour déchiffrer ce que ce miroir de l'âme lui offrait, tourments, peur, folie...
Tout son être se débattait intérieurement, la flamme se conscience vacillant sous la pression de la folie, brume ténébreuse qui l'enlaçait, essayait de l'étouffer par ces anneaux de fumée. Boa fantomatique constitué de vapeurs.

Le Serpent pouvait très bien lui passer le couteau sous la gorge, planter ces crocs dans sa nuque. Ces ongles s'enfonçaient de manière compulsive dans sa peau, des sueurs froides coulaient le long de sa nuque. Si son épiderme avait été humain, la chair de poule aurait fait son apparition avec cette idée excitante, effrayante.


-Aidez moi. Un sifflement de désespoir aux allures menaçantes, une agressivité qui trahissait son urgence.

Ces yeux de serpent couleur saphir étaient plantés dans ceux d'un bleu délavé par la lassitude, leur visage proche l'un de l'autre comme si un baiser allait être échangé. Cette situation n'avait rien de romantique, elle se drapait d'une tournure dramatique.
Les traits tirés de la tatoueuse exprimait une rare détresse, le rictus de son visage était semblable à un masque de tourments, de souffrances infernales. Lamia cédait lentement, les voix allaient trop loin... leurs murmures, les promesses, leurs accusations ; Tout cela avaient peu à peu raison d'elle, de ces limites.


-Aidez moi ! Peut être que vous pouvez me comprendre ? La folie, la haine, la rage, ceux qui vous suivent et vous collent à la peau, ceux qui vous harcèlent, désirent la folie, le sang... le sang, encore et toujours, le sang des humains, le sang des accusés... mes mains, mon corps... aidez moi, je vous en supplie, à genoux, avant que... pas vous... pas encore, pas comme cela...

Cédez ou appeler à l'aide. Saisir que sa faiblesse était bien trop grande, son esprit bien trop fragile pour résister face à ces démons enfouis... Aurait elle du le tuer, se pencher sur cadavre chaud et se délecter de ce meurtre gratuit, le libérer de ces souffrances à lui et ajouter son visage aux flots des cadavres nocturne ? Non, elle ne le pouvait pas. Tuer ce mutant serait rompre une sorte de limite, une ligne de non retour, un interdit qui détruirait sa raison si elle le réalisait, ici, gratuitement.. que dirait Loïs, que dirait ces parents ? Selena ne devait pas céder face au Serpent ! Pas cette fois !

Elle baissait le regard face aux yeux d'un bleu cristallin, relâchant son emprise de possédée, cette poigne de torturée. Sa respiration était saccadée, sa poitrine s'élevait puis s'abaissait au rythme de ces à-coups. Fatiguée elle se laissa tomber à genou prise de faiblesse. Elle avait froid, tremblotante, ne sachant comment réagir. Il allait la fuir, il allait lui tourner le dos, apeuré face à cette brebis galeuse et alors elle bondirait sur son dos, son couteau planté en direction du coeur. Une mort rapide, sans douleur, il aurait eu cette chance de passer de vie à trépas sans souffrance. Un cadeau de la part du Serpent, fin amateur de tortures.


-Par pitié, si vous êtes pétrit de cette sagesse, celle que seul les croyants et prophète peuvent comprendre sauvez moi, sinon...

Lamia ne pouvait se résoudra à prononcer ces dernières paroles... sinon... sinon la mort vous faucherait, rapide et dangereuse, une menace qu'il ne pouvait soupçonner. Pas encore du moins.



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MessageSujet: Re: Ancrage au pays des serpents [Pv David C. Haller]   Ancrage au pays des serpents [Pv David C. Haller] Icon_minitimeDim 10 Fév - 22:49

Les minutes passaient inexorablement, s’écoulant telle cette encre qui laissait apparaître à chaque instant un nouveau détail de l’œuvre que la tatoueuse accomplissait avec beaucoup de soin et de professionnalisme. La douleur contre laquelle la mystérieuse Séléna m’avait mis en garde ne m’effrayait pas. Au contraire, j’étais fier de pouvoir ressentir chaque picotement que m’infligeais l’aiguille se plantant dans mon épiderme. Cette sensation n’était certes pas des plus agréables mais c’était une souffrance que j’avais choisi et devant laquelle je ne fléchirais pas. La vie m’avait infligé tant de blessures que je n’aurais jamais souhaité vivre ; douleur de l’esprit, douleur du cœur contre lesquelles je ne pouvais rien. J’aurais pourtant tellement voulu les effacer de ma tête, les éradiquer comme si elles ne s’étaient jamais produites. Mais il existe des encres trop indélébiles pour être effacées, des décisions définitives sur lesquelles on ne peut revenir.

Détournant mon attention du tatouage et de la boutique de la jeune mutante, je m’aventurais lentement dans les méandres de mon esprit pour réveiller ce souvenir enfouis et nébuleux qui avaient été le violent déclencheur de ce pouvoir qui me faisait tant horreur.

Mon excursion spirituelle me mena jusqu’à Paris, vers cette ville que l’on surnommait la Ville Lumière, une cité qui avait abrité les esprits les plus clairvoyants de ce monde. Une métropole de changements et de progrès, que l’on ne pouvait qu’admirer. Et pourtant, cette splendide mégapole dissimulait derrière cette façade policée, une réalité bien plus sombre. Les meurtres, les vols, les viols, les habitants n’abordaient guère ces sujets devant des touristes abêtis par toute la magnificence de cette ville, berceau des libres penseurs et de la démocratie européenne. Mais ces phénomènes existaient bel et bien et les malheureux qui en avaient été victimes portaient en eux des cicatrices que rien n’aurait pu effacer.


Je me souvenais encore de chaque détail de cette terrible nuit qui avait emporté avec elle l’innocence de mon enfance et qui m’avait cruellement privée d’une des personnes que j’aimais le plus au monde. Tous mes sens se mettaient en éveil à cette simple évocation. Chaque image, chaque bruit, chaque sensation s’imposaient encore clairement dans mon esprit comme un cauchemar dont jamais on ne se réveille. Je me remémorais encore clairement le bus dans lequel nous étions montés Daniel et moi pour visiter cette magnifique cité. Jamais une ville n’avait su éveiller en moi un tel émoi et Daniel me souriait, touché par les yeux brillants et émerveillés de son filleul de 10 ans qui s’était lové avec amour contre lui pour le remercier de ce superbe voyage qu’il le lui avait offert. Fatigué par la longue journée que nous avions passée ensemble, je m’étais assoupis un instant, rassuré par la présence de l’homme que je considérais depuis ma naissance comme un père. Soudainement, j’avais été violemment réveillé par l’arrivée dans notre bus d’hommes et de femmes cagoulés et vêtus de noirs qui n’avaient rien d’amicaux. Brandissant des armes devant eux, invectivant chaque touriste d’insultes antisémites, ils se mirent brusquement à abattre les passagers du bus sans aucune exception. Les personnes paniquaient, cherchant un moyen à échapper à leur sort funeste. J’entendais encore les pleurs et les supplications que lançaient les futures victimes alors que leurs bourreaux riaient, fiers d’accomplir leur basse besogne, fiers d’avoir le dessus sur ces gens qu’ils considéraient comme des sous-hommes. Voyant les assaillants s’approcher de nous, Daniel s’était tourné vers moi. D’un calme exemplaire, il m’avait demandé de me baisser, de me glisser sous les sièges de devant. J’avais obéis aux ordres de mon parrain, je m’étais dissimulé aux yeux de ces criminels priant de toutes mes forces pour qu’ils épargnent Daniel. Mais ma prière ne fut jamais exaucée, quelques instants plus tard j’entendis le bruit assourdissant de la balle qui venait de le tuer et je le vis s’effondrer à quelques pas de moi. Son visage tourné dans ma direction, il semblait alors me regarder. Pas un rictus, pas une larme ne déformait son visage. Il avait courageusement fait face à ses meurtriers et s’en était allé sans un bruit. L’image du corps sans vie de Daniel m’avait accompagné à chaque instant de ma vie. Je haïssais l’impuissance dont j’avais fait preuve en cet instant et je m’étais promis qu’une telle chose ne se reproduirait plus jamais. La promesse que j’avais adressée alors à Daniel et que j’avais renouvelée plus tard auprès d’Erik se scellait à jamais sur ma peau et me procurait une grande joie. C’était cette image que je voulais conserver de moi, que je voulais voir s’ancrer dans le cœur et l’âme des personnes de mon entourage. J’aimais ce masque de sagesse et de courage que je m’étais fabriqué et qui loin, si loin de ma véritable nature.

Je n’étais pas le rabbin à la morale irréprochable auquel je voulais faire croire et je n’étais pas non plus le digne héritier de mon père dans cette lutte acharnée pour la paix entre les humains et les mutants. Je n’étais qu’un monstre, un mutant qui se repaissait avec délectation des âmes de victimes humaines et mutantes innocentes. Une bête immonde et démoniaque qui agressait sans aucun remords les êtres que je prétendais aimer. Ma famille, mes amis, mes camarades aucun d’eux n’avait été épargnés par le démon qui sommeillait en moi. Je n’avais aucun moyen de l’empêcher de nuire. J’étais semblable à un volcan endormi que les habitants de ces îles lointaines guettaient avec crainte sachant qu’un jour il entrerait en éruption. Je haïssais plus que tous les âmes des mutants qui vivaient en moi, se promenant librement dans mon esprit, guettant le moindre instant de faiblesse pour prendre le contrôle de mon esprit et de mon corps. Ils parasitaient mon âme, se repaissant de mes blessures et de mes angoisses. Chacun de ces vautours n’avait qu’une attente, une obsession du matin au soir ; prendre le contrôle de cette minable petite marionnette fatiguée et terrassée de peur. Ils se disputaient le contrôle de mon corps tous comme des enfants capricieux se disputent la possession d’une poupée de chiffon. Que restait-il de David derrière tout cela ? Comment espérer pouvoir avoir une vie normale lorsque celle-ci ne nous appartient pas ? Je détestais mon pouvoir, comment aurait-il pu en être autrement ? J’aurais cent fois préféré être un humain normal plutôt que de supporter ces tortures psychologiques et physique que je subissais et faisais subir aux personnes que j’aimais.

Pourtant, je continuais à croire naïvement que ses voix s’en iraient un jour, me laissant le droit de disposer à ma guise de ma vie. Je savais que je parviendrais à vaincre cette force démonique, je me débarrasserais de ces angoisses constantes pour réaliser mes rêves et accomplir cette destinée qui m’était dévolue. Cette croyance étaient renforcées chaque jour par les personnes qui j’aimais et qui m’entourais de leur confiance et de leur affection.

J’avais cependant beaucoup de peine à laisser des étrangers entrer dans le cercle de mes proches. Jamais je n’abordais le problème de ma mutation avec une telle sincérité et un tel abandon. Pourquoi avais-je donc tenu à montrer mon véritable visage à Séléna ? Que pouvait bien penser la jeune tatoueuse de moi maintenant que cette barrière infranchissable s’était effritée ? Jetant un œil dans sa direction, je tentais de percevoir à travers son expression un signe de mal être vis-à-vis du monstre que j’étais ou des révélations amères que je venais de lui faire. La mutante ne semblait guère s’en préoccuper. Tout entière à son affaire, elle poursuivait son œuvre avec une grande concentration, laissant parler son aiguille à sa place. Avait-elle seulement prêté une oreille attentive à mes propos ? La tatoueuse semblait en proie avec ses propres démons. Je ne connaissais presque rien de la jeune femme auquel j’avais confié mon bras et les quelques bribes de sa vie personnelle qu’elle m’avait confiée ne pouvaient guère suffire à me faire une opinion précise de la mutante. Il me semblait pourtant que l’artiste portait en elle un lourd fardeau, cachait une face sombre et mystérieuse qu’elle défendait jalousement contre la convoitise de son entourage. Je pouvais ressentir la colère et la rancœur qu’elle dissimulait dans son esprit. Séléna m’intriguait énormément et je voulais réellement connaître les secrets qui se dissimulaient derrière ce visage angélique. Il m’aurait été tellement simple de posséder les clés de son esprit et de pousser la porte de son jardin secret pour découvrir ces secrets les plus inavouables. Mais la télépathie était une méthode que je rechignais bien souvent à utiliser. Il ne m’appartenait guère de connaître les pensées de mes interlocuteurs et je m’étais donné comme règle d’or de ne jamais abuser de mon pouvoir.


*David qu’est-ce que tu fais encore là ? Tu ferais mieux de t’enfuir avant qu’il ne t’arrive des crasses. Je suis sûre que cette fille n’est pas nette*

La soudaine intrusion de Fanya dans mes réflexions me surpris quelque peu. Pourquoi me prévenir d’un danger imminent ? Séléna pouvait-elle donc représenter un danger pour ma vie ? Je pris la décision de ne pas l’écouter, préférant me concentrer sur la jeune femme qui finissait son œuvre. Il me tardait de découvrir mon étoile réalisée avec tant de doigté et de précision. Séléna m’adressa alors quelques recommandations. Ce fut là les premiers mots que la mutante m’adressait depuis le début de la séance. Après l’avoir attentivement écoutée, je me levais et la tatoueuse m’adressa une nouvelle fois la parole. Le ton de sa voix me paraissait très différent de celui qu’elle avait adopté lors de notre conversation. La voix posée et douce de la tatoueuse avait cédé sa place à une autre beaucoup plus froide et détachée. Lorsque Séléna me demanda de la suivre, j’entendis une fois de plus la voix de Fanya résonner en écho dans ma tête.
*David, ne te jettes pas aussi stupidement dans la gueule du loup. Paie ce que tu lui dois et va-t’en d’ici aussi vite que tu le pourras *

Une fois de plus, je ne prêtais pas attention aux paroles de la téléporteuse vivant dans mon esprit. J’entrepris de suivre Séléna, poussé par une curiosité grandissante. Je voulais résoudre ce mystère, avoir une chance de mieux connaître cette étrange mutante.

Sans un mot, je suivis la jeune femme qui m’entraînait vers le comptoir. Souriant de ma propre bêtise, je songeais un instant que Fanya avait exagéré la situation. Tout comme à son habitude, elle avait laissé son imagination vagabonder un peu trop loin dans sa propre paranoïa. Il ne pouvait rien m’arrivé de fâcheux… absolument rien de fâcheux. Et pourtant, chaque pas me rapprochant du comptoir me faisais douter un peu plus de mes convictions. Quelque chose dans l’attitude de Séléna ne me paraissait pas normal. La femme qui se tenait devant moi n’avait plus aucun rapport avec l’artiste chaleureuse que j’avais rencontré en franchissant la porte de sa boutique. Mon instinct me dictait de me tenir sur mes garde et l’atmosphère lourde qui envahissait à présent la boutique me donnais envie de fuir. Je ne devais pas rester une minute de plus en présence de la mutante. Fixant avec insistance le comptoir, je m’apprêtais à sortir mon portefeuille de ma poche pour payer Séléna. La tatoueuse m’adressa alors une supplique à laquelle j’étais loin de m’attendre. Celui devait guider ? Celui qui devait la sauver ? De quoi pouvait-elle donc avoir peur ?

Soudainement, je sentis les deux mains de la tatoueuse m’agripper et avant même que je puisse faire quoique ce soit, elle me plaqua avec violence contre le mur. Je restais paralysé devant la mutante aux yeux de serpent, je sentais mes muscles s’engourdir. J’étais incapable de faire un seul mouvement. Plongeant mes yeux dans le regard de la jeune femme, je pouvais sentir sa respiration analysé chacun des détails de son visage. Nous avions franchis une barrière physique interdite que seuls osent franchir les amants ou les prédateurs s’apprêtant à dévorer leur proie. Que me voulait-elle? Etais-je encore en présence de Séléna ou était-elle de démons antérieurs qui la hantaient ? Je ne savais que répondre à ces questions, il me fallait pourtant trouver des réponses. Brisant alors les barrières psychiques qui nous séparaient je plongeais dans son esprit. Ce que j’y découvris alors me glaça le sang. Etait-ce seulement possible ? La femme qui se tenait devant moi pouvait-elle réellement être une meurtrière assoiffée de sang ? Une chasseuse qui sortait tous les soirs de sa boutique pour agrandir sa collection de trophées humains ? Son âme avait la couleur du sang, son esprit était hanté par les corps et les esprits de ses victimes agonisantes. Les tortures qu’elle leur avait infligées étaient d’une cruauté sans limite et la noirceur de son âme me paralysa instantanément. Les battements de mon cœur se firent alors assourdissants et je n’entendais plus que le bruit de ma propre respiration. Elle voulait que je l’aide à se battre contre elle-même ? En étais-je seulement capable ? Ma gorge serrée m’empêchait de prononcer un seul mot. Je sentais mes jambes crouler sous mon poids. Jamais je n’eus aussi peu de ma vie. Je voulais m’enfuir ou m’enfermer dans mon fort intérieur pour ne plus rien n’entendre, pour ne plus rien ressentir.


- Séléna je… je ne peux…

Que devais-je faire ? La sauver au risque de me faire tuer ? M’enfuir et la laisser s’enfermer seule dans sa détresse, dans sa folie ? Une idée me traversa alors l’esprit. La situation de Séléna torturée par la soif destructrice de Lamia me renvoyait à ma propre image. Lamia et Légion avaient les mêmes rêves, les mêmes ambitions. Sans se préoccuper un instant de ce que leur part humanisée pouvait penser, ils se nourrissaient du sang de leurs victimes, une soif que rien ni personne ne pouvait épancher. Jamais je n’avais vu aucun de mes proches m’abandonner lors de mes combats intérieurs, ils étaient resté vaillamment à mes côtés pour que David reprenne le dessus sur ces monstres. Je ne pouvais pas la laisser seule. Je devais lui tendre la main malgré tous les obstacles qui se dresseraient sur ma route.
[i]A ce moment je retrouvais brusquement l’usage de la parole. Me dressant sur mes deux jambes, adoptant une attitude de compassion face à la jeune mutante, j’écoutais attentivement chacun de ses propos. Acquiesçant d’un bref mouvement de tête, je la regardais avec surprise relâcher son emprise et s’écrouler sur le sol, épuisée par ce combat intérieur. Lentement, je m’agenouillais près d’elle craignant par-dessus tout qu’elle ne profite de cette situation pour me sauter à la gorge. Avait-on déjà vu une souris s’asseoir tranquillement à côté d’un chat pour faire sa thérapie ? Cette situation était bien absurde... absurde certes mais ce moment pouvait peut-être me permettre de sauver la vie de Séléna. Avais-je vraiment la possibilité de la sauver ? Pouvais-je vraiment être son sage, le guide qu’elle attendait ?

Séléna, je… je dois bien avouer que je vous connais à peine. Je n’ai aucune idée des épreuves que vous devez traverser… chacun de nous possède sa propre relation avec son pouvoir… l’influence qu’exerce sur nous notre part mutante n’est jamais semblable… je sais en revanche à quel point il est difficile de résister à des volontés et des pulsions bien plus fortes que nous. Si succomber à ces tentations peut vous sembler agréable, elles peuvent également vous détruire à petit feu… Il faut… savoir y résister, connaître vos convictions et vos rêves et vous y accrocher. Le meurtre simple et gratuit est rarement une bonne solution et je… je pense que vous valez infiniment mieux que ça. Faites taire ces voix intérieures et n’écoutez plus que la vôtre… je peux vous y aider…
Je m’approchais alors d’elle hésitant. Je pouvais essayer de l’emmener loin de ses images de morts, loin de ces voix qui ne cessaient de la torturer. Je pouvais entraîner ses pensées vers des mondes plus calmes et paisibles qui l’aideraient à reprendre le dessus sur elle-même
Je… je peux vous y aider… mais pour cela j’ai besoin de votre approbation… j’ai besoin de vous savoir à mes côtés et non aux leurs… êtes-vous prête à affronter cette épreuve? Je resterais à vos côtés, je ne vous abandonnerais pas. Je vous le promets !
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