La brune, la rousse et la noire corbeau [PV : Caitlyn & Ciera]

C’était un jour mémorable pour Amy de Lauro ; le Dimanche 8 Avril 2012, l’orpheline italienne avait gagné quelque chose qui n’avait pas de prix à ses yeux : une sœur. Quelques heures plutôt, juste avant midi, elle avait rencontré Caitlyn Elioth, irlandaise franchement débarquée après trois années de comas, envoyée ici par les autorités pour apprendre à contrôler son pouvoir, lequel consistait à transformer la douleur en électricité. Personnage haut en couleur, un peu brusque mais vraiment gentille, Fuzzy s’était de suite montrée amicale envers Nephilim et avait fait son possible pour abattre d’entré les barrières qu’il pouvait y avoir entre elles. De nombreux points communs avaient contribué à leur rapprocher, notamment le fait qu’elles soient toutes deux passées par des mésaventures désagréables et n’aient pas connues leurs parents, et la volonté de trouver de se trouver un point d’attache les avait réunies. Des sœurs, et cela avait été énoncé à haute voix. Se protéger, s’aider et s’aimer comme des sœurs ; le plus grand rêve d’Amy.

Ainsi, elles avaient passé une partie de l’après-midi ensemble, à visiter l’Institution Xavier. Les lieux étaient grands, complexes, et seulement la partie « officielle » des bâtiments avait été explorée ; pas qu’Amy n’eut pas voulut montrer à sa sœur de cœur les sous-sols, mais il était interdit aux élèves d’y aller sans autorisation, et l’italienne se savait plus que capable de les perdre là-bas. Pis il y avait déjà eut suffisamment à faire dans le reste de la propriété : cuisine, réfectoire et bibliothèque, ainsi que les dortoirs et autres lieux de vie dans le bâtiment principal, suivit des salles de classes et autres institutions scolaires dans les ailes, ainsi que le gymnase, la terrasse avec piscine, le parc et dans une mesure bien plus relative, le bois. C’était ce qu’Amy avait fait découvrir, dans le désordre, à Caitlyn. Elle-même y ayant mit plus d’un mois pour s’y retrouver « correctement », elle ne s’était pas attendue à ce que la nouvelle se souvienne de tout le dédale du premier coup.

Finalement, après avoir mangé ensemble, être sortie malgré la pluie, et s’être côtoyée encore plus longtemps, Amy avait véritablement la sensation qu’elle avait quelqu’un sur qui compter au-delà de toute logique et de toute rationalité. C’était comme cela qu’elle percevait une famille, des personnes toujours là pour vous en quelques circonstances que se soit. Et l’italienne voulait que se soit dans les deux sens : elle voulait être là si Cait’ avait besoin d’elle. Comme de sœurs.

Fuzzy avait accepté l’invitation de Girasole dans le dortoir où elle résidait depuis son arrivée à l’Institut, et c’était cela qui les avait conduite à la scène actuelle : il était « tard », 20 : 45 P.M., ce qui se rapprochait du couvre feu de l’Institut, donc le temps était venu de présenter les diverses colocataires du dortoir. Sans y avoir stressé jusque là, grâce à la présence joyeuse et presqu’exubérante de Caitlyn, Amy se rendait compte désormais que cette rencontre risquait d’être difficile.

D’un côté, il y avait Caitlyn Elioth, sa sœur de cœur rencontré la journée même, avec qui les points communs ne manquaient pas et auprès de qui Amy aurait voulu passer des journées entières.

De l’autre, Ciera Blackpool, sa « protégée », placée auprès d’elle par les instances pensantes de l’Institut, une jeune femme traumatisée et aussi effrayée par le monde extérieur que par elle-même, qu’Amy s’était jurée d’aider.

Placé ses deux personnes dans la même pièce pouvait tourner mal, et Nephilim avait fait bien mieux que cela : elle allait leur demander de cohabiter ! Pour peu qu’elle eut voulut illustrer cela, l’italienne aurait put jouer à la roulette russe avec cinq balles dans un barilier de six.

Assise en tailleur sur son lit, l’un des inférieurs des mezzanines, vêtue d’une chemise de nuit blanche dont elle avait déchirée le dos pour pouvoir déployer ses Ala-pulmos, choses qu’elle faisait inconsciemment en dormant, les cheveux aplatis par la douche qu’elle avait prise un peu plus tôt, elle attendait.

Comment réagirait Ciera face à la joie de vivre débordante de Cait’ ; et comment réagirait Fuzzy si Nightmare perdait le contrôle de ses pouvoirs ?

Si Amy avait été du genre à se ronger les ongles, elle se serait fait ceux des mains et ceux des pieds ; heureusement que ce ne fut pas le cas. Dans son calme d’apparence, elle priait Dieu pour que cela se passa bien ; ça avait une grande importance à ses yeux, car si les deux irlandaises s’avéraient incapables de cohabiter, l’italienne devrait en trahir une. Elle n’avait jamais fait cela et ne voulait jamais avoir à le faire.

Même sa sortie en ville du lendemain n’avait pas grande importance comparée à la rencontre qui allait se faire, et pourtant Amy s’y préparait depuis qu’elle avait su que la visite du Met allait avoir lieu. Quoi qu’il se passa ce soir, cela ne devait l’empêcher de s’y rendre, elle avait prit un engagement.

Mais tous les engagements du monde avaient-ils une véritable importance face au choix qu’elle risquait d’avoir à faire ?

Membranes dépliées et le stress plutôt visible, Amy appelait de tous ses vœux à ce que cela se passe bien.

Il n’y avait aucune raison pour que cela se passe mal ; bon Dieu, faites que cela se passe bien.

Une fois encore, l’italienne aurait put essayer de prévoir tous les scénarios possibles et imaginables sans penser au bon, car celui qui arriva relevait de l’impossibilité pure et simple : Caitlyn revenait des douches, jusque là c’était prévisible ; mais elle revenait d’une manière qui n’aurait pas dû être.

Elle hurlait ; mauvais signe. Amy se figea, mais ce ne fut que lorsque Fuzzy pénétra la pièce qu’elle bloqua complètement : paniquée, agitant les bras, la rousse se jeta sur elle en faisant fit de toute convenance, abandonnant sa serviette au passage, s’étranglant à beugler quelque chose que Nephilim mit quelques temps à comprendre. En pleur, Cait’ criait à l’étouffement, à cause d’une… araignée ?!

Elle avait avalé une araignée ? C’était pas dans le gosier qu’elle en avait une, mais au plafond.

Ca avait l’air plutôt grave, sa sœur de cœur lui implorant de lui taper dans le dos ; mais face à la situation, l’italienne resta pétrifiée. Personne n’avait jamais été aussi physique avec elle, et malgré la nature urgente et chaotique de l’instant, Amy crispa la totalité de son corps, partagée à égale mesure entre la peur et la surprise.

Yeux écarquillés, paupières supérieures relevées et inférieures tendues, sourcils levés et rapprochés, on aurait put croire à une chouette que l’on réveillait dans une grange ; sauf que là, l’expression n’était nullement volontaire.

Ciera apparut, également surprise ; si Amy avait eut la moindre pensée concernant la position dans laquelle elle et Cait’ se trouvaient, Nightmare la balaya. Plutôt que de juger, l’irlandaise vint au secours de sa compatriote : se plaçant derrière la Tite Rousse, Ciera l’enlaça au niveau du thorax, puis après avoir placé ses mains d’une façon qu’Amy devait avoir vu un jour mais dont elle n’avait pas le moindre souvenir, expulsa l’infortuné arachide, qui atterrit sur l’italienne.

Nephilim avait toujours été, enfin jusqu’à récemment, pacifique ; et cela n’inclurait pas que les humains. Elle n’avait jamais voulut faire de mal à une mouche, de façon littérale, malgré le fait que ces bestioles puissent s’avérer extrêmement entêtées à lui tenir compagnie lorsqu’elle faisait sa photosynthèse ; cependant, face à une araignée sur le visage, elle eut le reflexe bien humain d’essayer de s’en débarrasser.

Se frottant frénétiquement la tête pour en chasser l’importune, l’italienne perdit son équilibre, déjà bien mit à mal par la rousse qui avait sauté sur ses jambes croisées dans une position proche de celle du lotus ; il y a quelques mois, Amy n’aurait été assez souple pour que pareil agissement ne lui soit très douloureux, mais depuis sa pratique régulière du Xingu Luihe Quan, elle s’était assouplie et musclée.

En bref, elle tomba sur le côté, entrainant Caitlyn et Ciera dans sa chute, à moins que cette dernière ne soit suffisamment bien solide sur ses appuis pour se retenir de tomber, voir empêcher Fuzzy de tomber. Amy, en tout cas, se retrouva par terre, la petite bête à l’origine de tout ceci s’enfuyant prestement une fois le planché des vaches retrouvées.

Restant étalée par terre en attendant que quelque chose ne bouge, Amy se repassait la scène dans sa tête : Cait’, araignée, avalée, panique, étouffement, Ciera, araignée, sol. Cait’, araignée, avalée, panique, étouffement, Ciera, araignée, sol.

Probabilités d’une telle action… 0 ?

Mais plus important, Ciera était venu au secours de Caitlyn, et même si l’italienne n’avait pas encore captée la réaction de la Tite Rousse, c’était une chose plutôt positive.

Finalement, peut-être que Dieu avait entendu ses prières, bien qu’il eut tourné cela d’une manière étrange. Après tout, les voies qui mènent aux voies qu’Il choisit sont impénétrables, même si au regard de l’instant précédent, cette citation pouvait être mal choisie…

Bon, Dieu avait le sens de l’humour ; mais un humour de merde, pardonnez-lui l’expression.

Outre la position incongrue, pour rester dans des termes respectant le tabou de l’italienne, le fait de recevoir une araignée engluée et traumatisée dans une chevelure longue n’était pas du goût de Nephilim, qui avait paniquée également.

Si elle ne prit pas la peine de faire l’inventaire de la mésaventure actuelle, l’absence de fuite d’araignée signifiait qu’elle était toujours dans le cuir chevelu de Nephilim… paix à son âme. Et dire qu’elle c’était lavé les cheveux un peu avant !

Le cri de Cait’ ramena Amy au vrai danger de la soirée ; sans rien comprendre au qualificatif employé par Fuzzy, l’italienne se fit une simple remarque quant un flash de couleur jaune sombre empli son esprit : sa y est, c’est mort. Elle ferma les yeux en attendant que cela explose, comme le petit enfant conscient d’avoir fait une bêtise mais restant sur le lieu du crime, se bouchant les oreilles et fermant les yeux en attendant que sa fusée ou équivalence face ce pourquoi elle avait vu le jour.

Mais étrangement, il n’y eut pas d’élucubration, preuve que Ciera se dominait mieux, et Nightmare sorti une phrase d’anthologie, déjà exposée par la rousse à sa première rencontre avec la brune : les styles étaient différents, comme les deux personnes d’ailleurs, mais ils signifiaient la même chose. J’ai rien fait.

Ben moi je viens de passer l’instant le plus gênant de ma vie, songea Amy alors même qu’elle restait flasque par terre. En fait, le génocide d’araignée dans les cheveux n’était qu’un dommage collatéral.

Tentant de sorti d’entre la couette, Caitlyn et le lit, tout en se rendant compte que son plumard avait également été classé dommage collatéral et que son livre de chevet, qui les avait suivies dans leur déchéance, s’était transformé en projectile lancé à l’encontre de Kyasadakoo, Amy se résigna : si cela n’avait pas pété, c’est que ni Fuzzy ni Nightmare n’avaient utilisé leurs pouvoirs. Donc, tout se passait bien… Presque bien… Mieux qu’elle s’y était attendue…

Bref.

- Ben euh… Ciera Blackpool, Caitlyn Elioth. Caitlyn, voici Ciera, dit-elle simplement, toujours coincée sous sa sœur de cœur. Cait’, tu peux te relever s’te plait ? y a pas de danger.

Plus maintenant.

Nephilim pensait qu’en forçant, elle aurait put se dégager un passage, mais ce n’était nullement son objectif. Donc, elle attendit calmement que Fuzzy soit de nouveau debout pour parvenir elle-même à se remettre sur ses jambes, puis plaça sa couette sur les épaules de Caitlyn, lui faisant office de robe de chambre.

- Je pense qu’il vaudrait mieux que tu te rhabille, dit-elle simplement.

Voulant par la suite aider Ciera à se relever, elle lui tendit la main, regardant son exemplaire de l’Avenir d’une Illusion.

- Scheisse, lâcha-t-elle le plus discrètement possible, autant pour coller à l’édition originale de Die Zukunft einer Illusion que pour ne pas avoir à ce que les autres comprennent ce qu’elle disait.

L’étape suivante était de les laisser faire connaissance, et donc de n’intervenir que si elle le devait. Amy, après avoir posé le livre sur sa table de chevet, commença à s’épouiller les cheveux à la recherche de feu l’araignée volante, ou du moins, comme elle le comprit très vite, des bouts de feu l’araignée volante. Elle espérait au moins l’avoir eut en une fois, pour qu’elle ne souffre pas.

C’était pas très pratique, d’autant que l’essentiel de son attention était tournée vers la conversation entre les deux autres jeunes femmes.

Caitlyn mit un instant à saisir le malaise que sa tenue d’Eve pouvait imposer à Ciera, lâchant un blasphème quant elle percuta. La suite se passa un peu mieux. Très occupée avec la récupération des morceaux d’araignée, Amy eut du mal à suivre le discours de Fuzzy, réagissant cependant lorsque cette dernière la cita, mais n’ayant le temps de faire de remarque, la Tite Rousse étant repartie à pleine vitesse.

On eut encore le droit à un discours de dérivation sur dérivation, avec des citations en pagaille dont l’italienne ne parvenait à localiser toutes les origines. Amy eut un instant de honte lorsque Cait’ parla de Nightmare ; sans même savoir ce qu’était SoulCalibur, elle avait arrêté d’appeler Ciera ainsi à la demande de cette dernière, même si elle pensait toujours à elle avec ce surnom. L’avait-elle lâché par inadvertance ? Plus que probable. Finalement, après avoir apprit l’existence d’un chien aussi moche que gentil, ce qui prouvait une fois encore que l’habit ne faisait pas le moine, la vérité sur l’incident ayant conduit au décès aussi prématuré qu’improbable d’un arachnide fut révélée, et les coupables était Queen – groupe qu’Amy connaissait ! – pour avoir fait une chanson trop longue. Finalement, après un sourire gêné à destination de l’italienne, Fuzzy fit les présentations en bon et dû forme.

Ciera n’avait elle non plus pas tout suivit, mais malgré quelques hésitations, réagit également bien.

- Ils sont pas à la con, et en plus tu m’as dis Fuzzy, fit remarquer Nephilim ; était-elle la seule à aimer les surnoms ici ? Bah, elle irait discuter avec Wiccan demain, lui au moins il était de son avis.

Alors qu’elle s’apprêtait à rependre la parole, Amy se figea en même temps que le visage de Cait’ ; peur. Pourquoi y avait-il de la peur sur le visage de sa sœur de cœur ?!

Cherche pas à comprendre, fais ce qu’on te dit ; bon réflexe, et l’italienne se mangea encore le pare-terre. Fuzzy libérait des arcs électriques, regardant de partout où déverser cette énergie. La rousse lui avait expliqué cela un peu plus tôt : elle ne ressentait pas la douleur, mais c’était comme une envie de piser, quant elle se blessait, elle devait se décharger. Mais comment avait-elle fait pour se blesser en tombant d’un lit ?

La roue de la chance désigna quel meuble allait rejoindre l’araignée au pays des morts improbables, et se fut l’armoire qui vola en éclat, incinéré sur une bonne partie. Le choc électrique coupa les lumières de l’Institut, et assurait que quelqu’un intervienne rapidement. Bonne ou mauvaise chose ?

Toujours était-il qu’alors que Caitlyn se recroquevillait sur elle-même, traumatisée, Ciera perdait également le contrôle de ses dons.

Non, non et non !

Amy n’avait pas tant peur que cela de redécouvrir l’Institut en flammes, elle se savait capable de surmonter cela, mais Cait’ avait déjà donnée avec la perte de contrôle de son don, et risquait de vraiment mal réagir.

En une seconde, Nephilim était passée du ciel à l’enfer, libéralement comme métaphoriquement. Les flammes s’étendirent à l’Institut, carbonisant tout jusqu’au corps de Fuzzy, Ciera seule étant épargnée. Cela se passa en trois ou quatre fois, Amy n’aurait sut le dire, tant les flashs étaient… des flashs.

Mais la peur était bien là, émotion primaire désagréable et capitale, accélérant le rythme cardiaque, injectant l’adrénaline…

Lorsque tout redevint normal, Nightmare se frottait les yeux, voulant les empêcher de reprendre leur œuvre malfaisante, tandis que Fuzzy se lamentait, surement plus chamboulée encore que l’instant d’avant.

Amy avait un choix à faire et choisit sa sœur de cœur. A quatre patte, elle se rendit jusqu’à Caitlyn et se plaçant devant elle, voulant capter son regard de ses yeux d’émeraude.

- Sa va aller, sa va aller, dit-elle en posant une de ses mains sur chaque joue de la rousse. Regarde-moi Cait’, sa va aller ; y’a pas de mal. Regardant Ciera, Amy comprit qu’elle avait fait le bon choix : Nightmare, nullement affolée par ce qui venait de se passer, la regardait, un peu perdu. Elle allait bien. Tout va bien Cait’, calme toi. Caitlyn, regarde-moi ; y’a pas de mal. T’es ici pour apprendre, on est toutes ici pour apprendre. Sa va aller ; hein ? Cait’, sa va aller. Je suis là, regarde-moi. Sa va aller…

Doucement, Caitlyn repoussa les mains d’Amy, lui souriant malgré la tristesse, les larmes ne cessant pas de couler. La fixant, Fuzzy lui déclara qu’elle ne voulait pas lui faire mal. Nephilim était prête à souffrir pour ses proches, et si elle devait souffrir pour consoler sa sœur de cœur, elle n’hésitait pas une seule seconde.

Cependant, alors que des petits éclairs parcourraient les bras de la rousse, cette dernière se tourna vers Ciera, adoptant une neutralité sans âme.

Amy se mordit la lèvre ; Cait’ commença par un reproche à Ciera, puis exposa la situation qui avait été projetée dans son esprit avec une lenteur qui lui était étrangère. Sans comprendre à quoi elle faisait référence, l’italienne nota surtout le fait que Fuzzy n’avait pas eut peur, qu’elle se croyait vide.

Amy aurait voulut pleurer, chose qu’elle ne pouvait faire lorsque les membranes nictitantes étaient déployées. Elle aurait voulut dire que c’était faux, que Cait’ était tout sauf vide et qu’elle était loin de se moquer de tout, mais rien ne sorti.

Elle tomba sur les fesses lorsque sa sœur de cœur, après s’être qualifiée de monstre détraqué, déclara changer de chambre. A part les yeux, tout le visage de l’italienne était d’accord sur un point : la tristesse.

Ciera s’excusa, confuse dans ses paroles, Amy étant incapable de détacher son regard de Caitlyn. Nightmare ne savait pas ce que son don infligeait, et n’était nullement entrée dans leurs hallucinations ; concernant l’insensibilité, peut-être le fait que Fuzzy eut déjà vaincu sa plus grande peur la rendait, non pas vide, mais apte à gérer cela.

Ce fut Ciera qui répondit à ce qu’aurait dû dire Nephilim, si elle n’avait été aussi blessée intérieurement. A peine parvenait-elle à trouver une sœur que sa peur de la perdre s’élevait à un tel niveau qu’elle en était tétanisée ; comme après Mutant Town.

Il s’agissait d’un nouvel échec, enfin, s’aurait agit, puisque Ciera tenta de sauver les meubles. Façon de parler.

- Elle a raison ; personne ne t’en voudra d’avoir perdu le contrôle de tes pouvoirs, déclara Amy en se remettant sur les genoux. Tu n’es pas un monstre, personne ne l’est à moins de vouloir le devenir. Tu n’es pas détraquée : tu ne contrôle pas tes dons, et tu es ici pour apprendre. N’abandonne pas et tu y arriveras, j’en suis convaincue. N’abandonne pas, ne m’abandonne pas.

Faisait fit des éclairs mais prenant attention à ne pas toucher la blessure de Caitlyn, Amy l’enserra dans ses bras. Elle acceptait la douleur, si cela lui permettait d’être avec sa sœur.

C’était plutôt hypocrite comme raisonnement, puisque d’une certaine façon, elle aussi éliminait la douleur avec l’activation forcée de son Facteur Guérisseur, mais c’était sincèrement pensé, et l’aurait été malgré la régénération.

Tournant les yeux vers Ciera pour la remercier, Nephilim put voir la peur sur les traits de Nightmare ; quelle était la nouvelle saleté qui allait leur arriver dans la poire, à toutes les trois ? L’araignée, c’était fait ; les dons, aussi ; alors quoi ?

Nightmare semblait perdue dans ses pensées, avec une inquiétude qui ne présageait rien de bon.

Amy ne pensait pas pouvoir aider les deux irlandaises en même temps, mais était résolue à n’en abandonner aucune.

- Cie, sa va ? demanda-t-elle finalement quant Caitlyn fut calmée, ou tout du moins ait retrouvée un semblant de paix.

Caitlyn lui rendit son étreinte, puis lui murmura à l’oreille une phrase dont Amy n’avait jusqu’à lors put que rêver.

- Sœur, répéta-t-elle simplement, ce mot suffisant à chasser ses peurs.

Ciera, de son côté, hocha la tête à l’affirmative ; elle allait bien, même si elle restait préoccuper. Il n’était pas temps de creuser de ce côté-là, songea l’italienne. Elle faisait confiance à Nightmare, malgré le surnom bancal dont elle l’avait affublé, et si cette dernière voulait avoir des secrets, Nephilim n’avait en rien le droit de lui refuser.

Une fois l’étreinte fraternelle terminée, Amy se recula un peu, mais laissa échapper sa surprise lorsque Cait’ demanda à tester de nouveau le pouvoir de Ciera ; bon, certes Fuzzy s’y montrait insensible, ce qui expliquait qu’à l’inverse de Nephilim elle put sortir indemne de la vision, alors que même si elle semblait bien résister, l’italienne n’était pas contre passer son tour au musée des cauchemars. Le principal était que la voix avec laquelle s’exprimait sa sœur de cœur était bien plus vivante que précédemment, et que Caitlyn n’était nullement fâchée.

La réponse de Ciera, elle, fut bien plus froide et sombre : une attaque volontaire causait des dommages biologiques au cerveau, à celui de la victime ou de l’agresseur, selon qui gagnait. Nightmare ne disait pas toute la vérité, Amy parvint à le voir grâce à l’une des micro-expressions, mais sans savoir où se situait le mensonge.

Elle-même avait bien une théorie sur l’absence de peur de Caitlyn, mais il n’était nullement l’heure de jouer les psys.

Caitlyn se proposait de partir, se dévalorisant mais concluant sur une note positive, démontrant sa volonté de s’intégrer ; et Ciera répondit avec humour, déclarant son assentiment à l’intégration de Cait’, comme son regrets de ne l’avoir connu plutôt.

Les sujets principaux traités, elles en revinrent aux détails, et se fut visiblement la cause de cette rencontre, et ses conséquences funestes pour une bestiole qui était innocente dans l’affaire, qui revinrent sur le tapis. Et comme c’était la P’tite Brune qui servait de cimetière à feu l’arachnide volant, ce fut vers elle que se tournèrent les yeux.

Ciera et Caitlyn étaient d’accords, la bouillie d’araignée avec supplément salive dans les cheveux c’était dégueu ; Amy, avec un air légèrement coupable, ne parvient pas à dissimuler son soulagement face à la gravité bien moindre de ce fait.

- Désolée, dit-elle légèrement gênée, mais sans plus. D’ordinaire, je suis pour vivre et laisser vivre, mais elle m’a fait peur ; pis elle a essayé de t’étouffer. Donc vengeance, plaisanta-t-elle, ne sachant si le jour où quelque chose de vraiment grave arriverait à sa sœur de cœur, elle chercherait ou non la vengeance. Bref, je vais retourner aux douches ; je te récupère ton champoing au passage ?

Se relevant avant de tendre la main à Cait’ pour l’aider à en faire de même, Amy réfléchie aux dégâts. Matériels uniquement, c’était pour le mieux. Une fois Fuzzy redressée, ou déclinant l’offre, Nephilim se tourna vers l’armoire, jugeant bon de déclarer :

- Les filles, on se prévoit une virée en ville pour s’acheter des fringues prochainement ; c’est moi qui régal.

Amy craignait légèrement l’effet que cela pouvait avoir, mais savait que si elle pourrait conduire les deux autres jusqu’à New York, l’Institut lui prêtant une voiture pour se rendre à l’université, elles n’iraient pas loin avec 1.297$. Mais elle n’était pas encore à s’inquiéter de cela.

Ramassant sa serviette encore mouillée qui séchait comme à l’habitude au pied de son lit, sur le rebord de la mezzanine, et reprenant sa bouteille de champoing, elle commença à se diriger vers la porte d’entrée.

A dire vrai, elle était inquiète de l’axe que pouvait prendre la discussion tournant autour du pouvoir de Ciera, mais elle faisait confiance aux deux autres pour savoir s’arrêter, d’autant plus que Nightmare n’était pas du tout chaude à l’idée d’utiliser son pouvoir sur quelqu’un.

- Je reviens dans cinq minutes, dit-elle en se retournant pour sourire aux deux autres. D’ordinaire, un « soyez sage » ou « autre ne cassez rien » aurait été de circonstance, mais là, l’italienne le jugeait particulièrement mal-venu.

Sortant de la chambre pied nus et en chemise de nuit, ce qu’elle n’avait jamais fait auparavant, Amy prit la direction des douches, déclarant que tout allait bien dans leur chambre lorsqu’elle vint quelqu’un arpenter rapidement les couloirs.

C’était sans grande surprise que Fuzzy avait accepté qu’Amy lui ramène son shampoing, et elle avait sourit à l’avertissement : elle ne risquait pas de gober une araignée, mais fallait faire attention à ne pas s’en prendre une dans l’œil. Avec les membranes nictitantes, l’arachnide pourrait lui courir sur l’œil grand ouvert que cela ne lui ferait pas plus de douleur que si elle l’avait fait sur ses paupières normales.

Cait’ avait également bien réagit à la proposition d’Amy ; elle ne savait pas pourquoi, mais l’italienne savait avoir signé l’arrêt de mort de ses économies. Après, les dépenser entre amies était bien mieux que les laisser croupir dans un portefeuille. Ciera semblait moins emballée à l’idée de se rendre en ville, ou alors d’être laissée seule avec la rousse. Elles allaient se côtoyer pendant pas mal de temps, et devraient apprendre à le faire sans la présence de l’italienne ; rien que le lendemain, Amy ne serait pas là pour surveiller que tout se passait bien, puisqu’elle allait au Met avec Wiccan et Mr Stronghold.

Le chemin jusqu’aux douches était plutôt court depuis les chambres ; situées au même étage que les dortoirs, bien que dans un coin à part, les salles de bain de l’Institut étaient accessibles aux élèves comme au corps enseignant, bien qu’eux eurent surement leurs salles de bain personnelles. Toujours était-il qu’il y avait le choix : baignoire ou douche, plusieurs dans chaque cas et isolées par des paravents opaques.

Amy fit cela en vitesse : elle s’était déjà douchée ce soir, et n’avait à se débarrasser que de restes d’araignée. La tête sous l’eau et sans la moindre grasse, elle se shampouina énergiquement. Encore une fois, ses troisièmes paupières la protégeaient de l’eau comme du savon, et elle put y aller sans la moindre finesse.

Bon, il était temps de faire le point : la rencontre avait eut ses hauts et ses bas, mais cela semblait s’être arrangé. Elle-même avait beaucoup stressé, Caitlyn était arrivée d’une façon impossible à prévoir et Ciera avait réagit d’une manière spéciale mais salutaire. Aucune perte à déplorer, si ce n’est cette pauvre araignée, et l’armoire qui avait prit chère. Bon cela, ils la changeraient demain ; si sa se trouvait, il y avait un mutant à l’Institut capable de réorganiser la matière de manière à réparer le meuble, ou plus probablement un mec ayant les compétences pour en fabriquer un autre. Après, un petit tour à Walmart pour acheter un meuble à monter était également envisageable. Chacune d’elles avaient perdu le contrôle de ses pouvoirs, sauf Nephilim, qui n’avait aucun contrôle à perdre. Encore que peut-être sa régénération c’était-elle enclenchée sans qu’elle le veuille ; non, elle ne se sentait pas vidée comme lorsque cela arrivait. Certes, ses pouvoirs n’étaient pas, mais alors pas du tout impressionnants, mais elle était bien content de les avoir : par de risque de dérapage ou de blesser quelqu’un. Se serait l’une des choses les plus difficiles avec Ciera comme avec Caitlyn, comprendre ce qu’elles pouvaient ressentir face à des démonstrations involontaires et destructrices. Avoir de l’empathie était une chose qu’elle savait parfaitement faire, comprendre réellement était bien plus dure. Warren ne l’avait comprise que parce qu’il avait lui-même vécu Mutant Town.

Lorsqu’elle eut enfin finit, ce qui ne prit guère plus de cinq minutes, Nephilim se remit en route vers leur chambre, non sans récupérer le shampoing de Cait’. Elle ne savait pas ce qu’avaient bien put se dire les deux irlandaises, mais espérait bien qu’elles eussent un peu mieux fait connaissance. En cinq minutes, elles auraient eut le temps de pas mal échanger.

Le retour de la P’tite Brune se fit sans fanfare, la serviette nouée autour de la tête façon turban et un flacon de savon pour les cheveux dans chaque main.

Elle tendit le sien à Caitlyn et parti vers ses propres affaires, tout du moins celles qui avaient survécu.

Rangeant ses effets, elle sortie une brosse à cheveux et, ôtant sa serviette, qu’elle posa à la place habituelle, elle s’assit sur l’une des chaises du bureau, commençant à se peigner.

- Alors, vous parliez de quoi ? intervint-elle, espérant un résumé de la conversation.

Continuant de se bagarrer avec ses cheveux, elle finit par abdiquer : ils allaient friser. Bah, cela la changerait.

Là où Ciera accueilli Nephilim d’un petit sourire, légèrement intimidée par le flot de paroles de Caitlyn, qui à genoux sur son lit, continuait la conversation, l’ayant probablement maintenue seule durant le temps de la douche, Fuzzy ne la remarqua pas. Amy posa donc le shampoing sur la table de nuit du lit de Cait et poursuivit ses objectifs.

Elle ne fit aucun commentaire sur l’amnésie de Caitlyn, s’inquiétant cependant qu’elle eut gagné un tatouage dans le bas du dos et surtout une blessure pare-balle en trois ans de comas ; peut-être était-elle paranoïaque, mais l’italienne pensait qu’il fut possible que Fuzzy ait eut un lavage de cerveau ou une idiotie du genre. Mais maintenant elle était sous la tutelle de l’Institut, donc protégée, et si Amy pouvait l’aider à retrouver la mémoire, elle n’hésiterait pas.

Par contre, elle ne put s’empêcher de tirer violement sur la brosse à cheveux lorsque Cait’ déclara qu’elle serait « super bandante en collant et tenue de cuir dans le rôle de Super Fougère ». Pour peu qu’elle eut eu un chewing-gum ou autre dans la bouche, elle se serait étouffée. En plus elle avait déjà dit à Fuzzy qu’elle trouvait les costumes de l’Institut super-moches, et cette dernière avait même répondu qu’elle ne voulait pas servir de fantasme pour les tous les geeks de la Terre. Pareille pour Amy : tenue de cuir moulante ? Même pas en rêve !

Puis pourquoi tous le monde la traitait de plante ; zut, elle se nourrissait pareille, certes, mais il y avait également des animaux qui le faisait ! Une limace de mer et une salamandre ; si l’italienne devait poser un exemple, la salamandre était prioritaire.

Amy, bien choquée par les paroles de Caitlyn, réagit lorsque Ciera eut une révélation ; et quelle révélation : la Tite Rousse pouvait avaler cinquante Red Bull à l’heure sans mourir. Sans avoir réellement attendu que les autres réagissent, Nightmare retourna à sa position initiale après quelques secondes, gênée.

Bref, finalement Ciera retourna au sujet principal, à savoir l’amnésie, donnant son point de vue plutôt axer sur la protection, l’ignorance faisant office de barrière. C’est un mécanisme de défense des plus basiques : ce que l’on ignorait ne pouvait nous faire de mal… tant que l’on ne se posait pas de questions. Amy n’avait jamais sut ce qui été arrivée à ses parents, et n’avait pas d’espoir que cela change un jour, mais si elle avait accepté son ignorance, ce n’était pas le cas de Caitlyn. La période récente ainsi que les preuves ne feraient que l’encourager sur cette voie, et il devait y avoir quelqu’un qui savait ; parmi ceux qui l’avaient envoyé ici, notamment.

En ce qui concernant le sexe, assez donné pour la soirée, si ce n’était pas réellement du sexe, Amy était d’accord concernant la partie à ne pas réitérer.

La suite du discourt fut intéressante ; certes, Amy c’était prise un magnifique vent en rentrant, mais il était question de sauver le monde. Bon Ciera adoptait encore la voie protectrice, ce qui considérant son tempérament était non seulement logique, mais peut-être mieux. Elle avait déjà souffert du monde extérieur, et ne pas le ré-affronter, « vivre et laisser vivre » était déjà une bonne chose. De plus, considérant son don, il ne fallait pas jouer avec le feu.

- Sauver le monde ? Nephilim répéta la parole, surprise, lorsque Ciera fit une pause.

Bon, l’exemple qui suivit n’était pas bon ; certes, Nightmare ne survivait pas si on lui faisait tomber une poutre de 15 tonnes sur le coin de la figure. Mais Amy ou Caitlyn non-plus selon toute probabilité. Heureusement que les poutres de 15 tonnes comme les mutants capables de les porter ne courraient pas les rues. Puis pourquoi ne pas l’éviter ?

Nephilim s’apprêtait à répliquer lorsque la discussion revint au costume et à son affiliation avec les fougères.

- Hey, arrêtez de dire que je suis une plante, geignit-elle, même si elle ne parvenait pas totalement à se défaire de l’amusement provoqué par la situation. Je me nourris comme elles, mais il y a aussi une photosynthèse animale ; la salamandre maculée par exemple. Pis je suis très bien avec mes fringues actuelles. M’appelle Nephilim, cela convient très bien comme alter-égo, les descendants des Anges Veilleurs. Sinon pour aider les autres, on peut rejoindre les X-Men si l’on se débrouille suffisamment bien. Je sais pas si cela fais parti de ta définition de super-héros, mais moi, j’ai pour objectif de rester ici après mon Master : intégrer l’équipe, ou au moins aider les élèves de l’Institut. Depuis Mutant Town, je…

Elle se tue ; les raisons qui l’avaient poussé à apprendre à se battre et à vouloir le faire aux côtés des X-Men étaient nombreuses, notamment l’admiration qu’elle vouait à certain d’entre eux. Mais principalement, c’était la violence des Purificateurs et la certitude que le pacifisme acharné ne servait à rien qui avait poussé Amy vers cette voie. Psychologue, elle avait toujours voulut le devenir ; X-Woman, c’était récent.

Un air de tristesse passa sur ses traits.

Cait’ réagit bien à l’illumination de Ciera, se pliant de rire sur son propre lit. Amy dormait en dessous de Nightmare, sur la même mezzanine, tandis que Fuzzy avait prit ses marques sur le lit inférieur de la seconde mezzanine. Cela s’était bien passé, car la première fois avec Ciera, les questions de lits avaient posé un problème stupide et inutilement complexe.

Mais là elles étaient arrivées à un autre point sensible, et beaucoup plus sérieux.

Alors qu’une minute plus tôt, Caitlyn rassurait d’une façon hilarante Ciera sur le fait que bien maquillée, elle ne ferait plus zombie, la comparant à une deux-chevaux, déclarant qu’elle-même avait des goûts vestimentaires atroces. Cait’ complimenta Amy, enfin, l’italienne ne se trouvait pas « super bien foutu » et préférait également éviter de l’être, histoire d’être sure que l’on l’apprécie pour elle-même et non son physique, puis Ciera, s’isolant des deux autres avec une réplique cocasse dont elle-seule avait le secret.

Puis finalement, Fuzzy remarqua la présence de sa sœur de cœur, proposant que plutôt que de l’habiller en fougère, elles pouvaient le faire avec des feuilles de cannabis. De la drogue ?! Alors nan, l’italienne préférait encore les fougères !

Du fait du retour d’Amy au premier plan, les commentaires de Caitlyn revinrent à son sujet. Ciera parti dans une crise de fou-rire lorsque la Tite Rousse s’inquiéta du fait qu’elle doive arroser la Ptite Brune tout les matins ou lui refiler de l’engrais… Bon Dieu, mais Nephilim n’était pas une plante…

Le reporter animalier fut également impossible à prévoir, et si Amy était plus désespérée qu’amusée, les répliques de Cait’ faisaient toujours un effet joyeux, lequel se traduisait par un rire. Bon, la marque publicitaire Nephilim semblait à déposer, au vue de l’état de fou-rire de Ciera. Sada pour Nightmare et Tite Brune pour Nephilim ; et c’était les seconds qui faisaient pas sérieux ? En pleine salle des dangers, entendre un « Ptite Brune, vas à droite » aurait déconcentré tout le monde. C’était pas super-héroïque comme surnom, mais convenait parfaitement comme sobriquet amical, ce qui était tout aussi important pour Amy.

Nephilim sourit légèrement lorsque Caitlyn lui déclara qu’Ange Gardien cela lui allait bien ; bien mieux que Nephilim en tout cas. Fuzzy aurait beau considérer que Nephilim n’était pas très terrifiant, si Amy avait le courage de lui expliquer ce qu’étaient les enfants des Veilleurs, la rousse comprendrait surement que ce surnom était bien plus maléfique que cela d’ange. Pis il y avait déjà Angel chez les X-Men ; Amy ne voulait pas être une copieuse, surtout d’une personne qu’elle estimait comme Warren.

Finalement, son évocation de Mutant Town et la tristesse qui l’accompagnait jetèrent un froid sur toute la pièce.

Caitlyn leva la main, avouant son ignorance face à l’évènement évoqué par Amy. Trois ans de coma, elle avait pas mal de chose à rattraper, et notamment la montée de violence depuis l’assassinat du maire. Ciera s’inquiéta également de ce qui s’était passé.

Nephilim se pinça les lèvres dans un geste de gêne, tirant négligemment sur sa brosse pour la forcer à quitter sa chevelure, quitte à arracher un peu de cette dernière. Elle avait non-seulement plombé l’ambiance, mais avait également attiré l’attention sur elle – plutôt logique d’ailleurs. Enfin, elle était déjà pas mal, peut-être même trop, au cœur de la conversation.

Amy se leva, retournant à son propre lit parfaitement défait ; balançant avec une négligence inhabituelle sa brosse dans ses affaires. Assise sur son lit, elle regarda les deux autres tour à tour.

Comment leur expliquer cela ? Ce n’était pas pour rien que seuls les professeurs savaient qu’elle avait été impliquée dans l’incendie d’Alphabet City.

Regardant ses pieds, elle prit la parole. Elle n’avait pas trente-six moyens de s’échapper de cette situation.

- nan, rien, juste un mauvais souvenir, mentit Amy, sans être véritablement convaincante.

Aider les autres mais souffrir dans son coin.

- Sinon pour le surnom, j’en ai un autre, essaya-t-elle de sourire. Girasole ; cela veut dire tournesol en italien. C’est parce que je reste plusieurs heures par jour à regarder le soleil sans rien faire d’autre ; sérieux, vous trouver cela plus héroïque que Nephilim ?

Tentative plutôt minable de détourner la conversation, mais l’italienne espérait relancer la conversation précédente et occulter ce sujet douloureux.