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 Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent}

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Amy de Lauro
Agent du BAM Gamma
Amy de Lauro


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MessageSujet: Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent}   Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent} Icon_minitimeJeu 6 Mar - 23:19

Le néant, toujours le néant. Noir, infini, absolu. Je suis nue dans le néant, nue et seule. Je ne croyais plus jamais être seule, plus jamais de ma vie, mais finalement… Que valent nos espoirs face aux ténèbres ? Que valent nos vies dans cette désolation qui termine toute chose ?

J’ai face à moi un unique miroir, je ne peux en voir les contours, mais je sais qu’il est là, car j’y vois un reflet. Un reflet que je ne puis appeler mon reflet, car voici bien longtemps que je ne suis plus ainsi, et que j’ai appris à accepter ce nouveau moi. Mais je n’ai jamais occulté l’ancien ; est-ce pour cela qu’elle me fait face ? Je suis Amy de Lauro tout autant qu’elle, je suis même devenue plus que je ne l’étais à l’époque, Amy Elioth de Lauro. J’ai liée mon âme éternelle à une autre dont je veux partager l’existence mortelle et immortelle, mais ne l’ai-je jamais possédée, cette âme ?

L’Ombre, l’Ombre dans le Néant.

Je ne me souviens pas, je la vois, rampante dans mon dos, serpentant le long de ma jambe en déclenchant un frisson d’effroi, s’enroulant autour de mon torse pour atteindre la chose que je partage avec la personne qui m’est la plus chère au monde. Elle est sur moi, elle est sur mon reflet. Je suis paralysée, mais paralysée à mon rythme, ainsi à défaut de connaitre le nombre de secondes qui me séparent de ma réaction, je sais qu’elles sont peu nombreuses.

C’est un paradoxe, je sais que je ne suis plus cette Amy, mais ce qui lui arrive m’affecte encore, son héritage est mien, quand bien même elle l’a toujours ignorée. Je ne dois pas me retourner, je ne dois pas m’affoler, je me souviens, mais je ne parviens ni à faire le second, ni à faire le premier ; un cri, un geste, la sensation me quitte.

Mon cœur bat si vite qu’il en transgresse les limites humaines, mais cela ne me fait rien. Je sais que l’APB me protège de la Télépathie, mais ce n’était nullement mon esprit que cette chose, désormais dissipée, cherchait à atteindre. C’est mon passé, cette chose, je sais qu’il s’est emparé de lui avant même de me retourner, et ma terreur n’en est que plus grande. Je sais ce que je vais voir lorsque je vais me retourner, mais cela ne me rassure pas. J’ai déjà fait ce rêve, tellement de fois, et je suis consciente de rêver, mais je ne contrôle toujours rien, et je sens que cela me conduit à ma perte.

Lentement, je me retourne, et je fais face à mon enfer ; je me vois telle que je n’ai jamais été, et ne pourrait jamais être, ce visage juvénile qui fut mien déformé par un rictus que jamais je n’ai exprimé, ou n’aurait pu exprimer. Un miroir, c’est un miroir, un miroir qui me renvoi le pire de moi-même, ou plutôt l’exact opposé de ce que j’étais. Mais j’ai changé, ce n’est plus moi, cela !

Comme j’aimerai le crier, le crier à m’en arracher la gorge, à m’en faire exploser les cordes vocales, à m’en péter le larynx. Mais je ne peux, elle seule à la parole, cette chose dont les si précieux yeux bruns se sont couvert d’un voile noir, comme si le néant s’y était infiltré. Les yeux sont les fenêtres de l’âme, mais en ai-je jamais eut une, ou bien ai-je toujours été aussi vide que ces poupées que je craignais ?

- Ton sang m’appartient, comme celui de toute ta pitoyable lignée…

Sa bouche parle, ses lèvres parlent, mais ce n’est pas sa voix qui s’en échappe, ce n’est pas ma voix, ce n’est rien qui ne m’appartienne. Cela me coupe le souffle de terreur, car je sais ce que c’est sans le savoir, sans oser l’admettre de peur d’en mourir. Mais peut-être qu’en mourir serait la seule façon d’y échapper. Et cette impossibilité ne m’en terrifie que d’avantage, car je fais face à tout ce que je n’ai jamais été, par crainte, par humanité, par bonté. J’ai toujours été une personne de bien, pas parce que je le devais, mais parce que c’était ainsi, et dans ce miroir j’aperçois tout ce mal que je n’ai pas fait et que je n’aurai jamais fait, et je le sais, il vient réclamer sa part. Sa part de moi.

Il tend la main, il me tend la main, il me fait tendre la main ; c’est un effroi dont même le plus grand effort du corps ou de la volonté ne me permettent de réchapper, et il l’approche toujours plus, cette main, alors même que je suis paralysée, sans défense. Le miroir se fend et se fêle au contact des doigts, ce miroir, c’est mon esprit, ce sont ses protections placées là par des personnes avec leurs pouvoirs ou leurs amours, mais il continue son avance, et brise cette fragile protection, avec la lenteur d’un poison. Il suinte, il suinte dans mon rêve, il suinte dans mon crâne, mais ce n’est pas cela qu’il veut, non, il exigera tellement plus que mon esclavage.

J’en pleur, et à ces larmes muettes répondent celles d’un nourrisson.

- Je refuse. Je refuse de la tuer.

Sébastian ! Sa voix, elle est ici, avec moi, elle émane du néant avec un calme contrit, mais elle est là. Il est venu m’aider, mais ce faisant, me sauvera-t-il ou me damnera-t-il ?

-  Tes ancêtres pensaient que vous pouviez être sauvés, mais ils ignoraient quelle noirceur ce cachait au fond de vos âmes.

- Chacun… devrait avoir… une chance.

J’ai méritée ma chance, je veux ma chance, je me suis battue pour l’avoir, je l’ai forgée, on l’a forgée avec Caitlyn, on l’a méritée. Nous avons notre droit à vivre, notre droit à nous aimer, notre droit à un avenir. Cette main qui veut se saisir de moi, ce n’est pas ce que je mérite, ce n’est pas ma chance, ce n’est rien d’autre qu’une damnation injuste et cruelle. Ce n’est rien d’autre qu’un acharnement d’un destin tout aussi injuste et cruel. Chacun devrait avoir une chance, je ne suis pas différente, et pourtant, quoi que je fasse, quelques soient les batailles que je mène pour l’avoir et la conserver, j’ai l’impression de la perdre, encore et toujours.

La frêle main passe au travers de la glace, la fissurant de plus en plus, s’approchant de plus en plus. Je ne sais ce qu’il arrivera si elle me touche, mais je sais que l’on me retirera ma chance, et mon âme. Je suis damnée par la famille, maudite par le sang, c’est injuste mais c’est ainsi, et ma terreur étouffe tant mon indignation qu’à par des suppliques, je ne puis rien donner. C’est pitoyable, mais je n’aurai nulle pitié ; c’est méprisable, mais je n’aurai nul mépris ; je n’aurai que ce qu’on me donnera, alors qu’on me prendra tant.

- Je te l’interdis !

- Quant à vos cœurs, vous savez, nous sommes… un.

-  Elle vivra ; jamais elle ne connaitra sa famille, mais elle aura une chance de vivre. J’en ai décidé ainsi.

- Aide-moi…

Ma gorge, mais véritable gorge, s’exprime d’elle-même, déclenchant un sursaut de terreur.

- Je sais que tu es là… Aide-moi… Je ferais tout ce que tu veux…

J’ai dit cela, au comble du désespoir, alors que nous allions perdre Caitlyn, durant la Traque.

- Je sais que tu es là… Tu m’as parlé tout à l’heure… Tu n’es pas qu’une voix… qu’une hallucination de mon esprit… Tu es plus, n’est-ce pas ?

Non, non, non, pas maintenant, pas tel que cela s’est terminé !

- J’ai besoin de ton aide… pour accomplir les choses qu’on va devoir accomplir. Le sang des Grigori t’appartient ? Je t’offre le mien si tu nous aide à sauver Caitlyn. Réponds-moi… Par pitié réponds-moi… Je sais que tu es là… tu me veux… voici mon offre…

Tu ne l’as pas sauvée, tu ne l’as pas sauvée ! Elle est morte, elle est morte sur une putain de voiture après avoir fait sauter un putain de clocher ! C’est le Phénix qui a ramené son corps, et ensemble, nous avons ramené son âme, tu n’as pas le droit d’exiger la mienne, tu n’as pas tenue ta part du contrat ! Ôte ta main de moi, retournes-en aux ténèbres qui sont ton monde, ta prison, et laisse-moi vivre. Je t’en supplie.

La main touche mon cœur, du bout des doigts, et il m’est ôté. Mon cœur ne m’a jamais appartenu, pardonne-moi Caitlyn de t’avoir fait don d’une boite vide.

***
Vendredi 31 Janvier 2014 – 06 : 58 A.M.
Chambre des de Lauro-Elioth, Institution Charles Xavier, Etat de New York, USA
Je n’arrive plus à pleurer, je n’arrive plus à aimer, je n’arrive plus à ressentir. Mon cœur n’est qu’une pompe et mon âme un abîme. Je te contemple, encore endormie, comme on regarde une curiosité, une œuvre d’art que l’on ne comprend pas, une créature qui nous est étrangère… Il y aurait tant de comparaison pour désigner cette absence, cette perte de tout, le sentiment de perte y comprit.

Suis-je moi-même ? Cela n’a pas la moindre importance, ce n’est qu’un concept qui s’il peut occuper quelques temps l’esprit, ne dispose au final d’aucune finalité, et est donc, par déduction, inutile. Tout aussi inutile que tout ce qui n’apporte rien à l’avancement de mon projet. M’es-tu inutile ? M’êtes-vous tous inutiles ? Je n’en sais rien encore, tout en tiendra à un simple calcul, à une équation. Est-ce monstrueux ? Cela n’a pas plus d’importance que la question précédente. A vos yeux, peut-être, mais vos yeux ne me sont utiles que si j’ai besoin de vous donner une image de moi. N’y voyez rien de personnel, toute la monstruosité de la chose est bien là : vous étiez ma famille, vous étiez mes amis, mais aujourd’hui, tout cela n’est plus qu’un grand vide. Un vide froid, là où autrefois les chaleurs de vos présences se trouvaient.

Je te regarde dormir comme je l’ai fait des centaines de fois auparavant, et j’accompli machinalement les gestes de bienveillance dont je faisais preuve alors, en comprenant le sens mais en n’y voyant que l’utilité : ils sont des moyens, aussi mécaniques que les pièces d’une machinerie. Comme tous les matins, tu pourrais trouver ton bol de céréales à sa place, je pourrais tout reproduire avec une exactitude millimétrée, mais je ne l’ai pas encore fait. Comme tous les jours, je pourrais m’entrainer et travailler, mais je ne le ferais pas. Je ne le ferais pas car je n’ai plus aucune raison de le faire, si ce n’est dissimuler ce qui est arrivé. On avait cru y échapper grâce au Phénix, mais il est aussi jeune que nous, aussi inexpérimenté que nous, et c’est en définitive assez pathétique.

La seule question qui me préoccupe, même si le terme est inadéquat puisqu’impliquant des processus émotionnels et sentimentaux dont je ne dispose plus, et de savoir ce qui te fera le moins souffrir, Caitlyn Emilie Elioth de Lauro ; car tu souffriras, je suis lucide là-dessus. Je vais te faire souffrir à nouveau, encore, je vais te torturer par ma simple existence, mais je dois savoir : entre ma présence ou mon absence, laquelle te fera le plus souffrir ? N’ait crainte, toi que je ne nommerai pas « mon Amour » par respect pour la sincérité que je mettais à t’appeler ainsi hier encore, je ferais tout pour que ta douleur ne soit pas vaine, mais par respect pour ton être, par conscience du fait que je t’ai aimé, et par volonté de t’aimer à nouveau.

Ce n’est pas mon choix que d’être ainsi, mais il serait stupide de revenir sur ce fait, car cela ne changera rien. Je sais ce que j’ai à accomplir pour vous aimer à nouveau, et c’est pour cela que je m’en vais. Mais dois-je t’associer à mon entreprise ?

Je suis là, à te regarder dormir, appuyée dans l’encadrement de la porte, et je me pose cette unique question. J’ai des affaires de famille à régler, mes craintes se sont manifestées et nous en sommes là où tant de mes aïeux se sont perdus. Nous verrons si celui qui se vante de tout savoir avant tout le monde pourra être utile, nous verrons si ce « grand-père » immortel pourra me conduire à redevenir qui je veux être, pourra me conduire à me libérer de ce trou noir qui a détruit tous les liens qui m’étaient cher. J’ai déposée la croix sur la table de nuit, sur ma table de nuit, car je refuse de la porter si sa froideur n’est pas réchauffée par ce lien nous unissant. Je décommanderai toutes mes séances de psychologue pour les jours à venir, dans la possibilité qu’ils soient suffisants à accomplir ma quête.

La méthode la plus simple pour me décider serait de te demander ton avis, mais cela serait dévoiler l’entièreté du gouffre. J’ai longtemps fait de l’omission pour protéger, mais je me demande qui de la connaissance ou de l’ignorance te serait le plus douloureux. Si je pars sans toi, tu t’inventeras des scénarii pour te l’expliquer et te tourmenter, tandis que si je t’explique, tu seras fixée ; tu souffriras peut-être moins, ou en tout cas, tu ne te tourmenteras pas. C’est hideux à dire comme à penser, je le sais, mais c’est ainsi. Je voudrais dire que j’espère que je serais apte à réparer, mais je ne puis espérer comme je sais que te voir souffrir ne me fera absolument rien.

J’aimerai pour dire que je déteste ce qu’il m’a fait. Mais même détester ne m’est plus accordé. Et je ne me battrai pas pour retrouver la haine, mais pour retrouver l’amour. Beaucoup le croit indestructible ; ils ont tord. Mais tous ont raison sur un point : nous ne l’abandonnerons jamais, nous ne nous abandonnerons jamais. Je ne me bats pas pour un souvenir, je me bats pour toi, Caitlyn Emilie Elioth, je me bats pour nous, qu’il puisse à nouveau exister. Es-tu prête à endurer cela ?

Non. Mais tu le feras quant même. Ils se demandent tous ce que j’ai put te trouver, et j’étais incapable de répondre aveuglée par nos sentiments. Aujourd’hui, je sais : ni la plus belle ni la plus intelligente, non, mais celle qui a le plus de force de cœur, celle qui aime au-delà de tout, au-delà du pire. Jamais ils ne pourront le comprendre car jamais ils ne le ressentiront, mais j’en suis consciente aujourd’hui, et c’est pour cela que j’attendrais que tu te réveilles, immobile. Tant que l’on se battra, on finira par atteindre nos objectifs, et jamais on abandonnera, quoi qu’il en coûte. Arrêtons de courir ou de croire que l’on sait où l’on va, mais n’abandonnons jamais.

***
Vendredi 31 Janvier 2014 – 09 : 21 A.M.
Manoir du Club des Damnés, Manhattan, Etat de New York, USA
Est-ce ainsi qu’il fonctionne, ne serait-ce que partiellement ? Est-il capable d’alterner entre cette humanité pour laquelle on se battait et cet état de vide ? Je ne crois pas. Je ne crois pas qu’on puisse se plonger dans un tel état par volonté. Un mécanisme de défense, oui, mais il n’a nullement besoin de mécanisme de défense face à ses actes, car il est un monstre. Sommes-nous réellement différent ? Je l’ignore. Mais je suis prisonnière de ma situation alors que lui en est maitre. Qui de nous deux est le pire ? Cela n’importe pas.

Elle m’a suivit, elle m’a suivit jusqu’ici, comme la dernière fois, et comme la dernière fois, cela est douloureux ; nous sommes juste en avance. Intellectuellement parlant, je m’en veux, de la faire ainsi souffrir, de la pousser ainsi de ses retranchements, et j’aurai beaucoup à me faire pardonner. Je constate sans savoir que faire, pour elle, et le fait que ça ne me fasse rien est bien pire que tout ce que j’aurai put lui faire ; même les gestes, les gestes que je sais être consolatoire, n’ont plus le moindre sens. Je ne suis que cellules et tissus, un bout de viande, et ce n’est pas cela dont elle a besoin, c’est de ce qui nous animait autrefois. Je pourrais vivre ainsi, elle non, ainsi donc faut-il que je retourne à l’avant, pour elle. Parce que je l’aimais et que je l’aimerai encore. Parce que c’est cet amour qui rythme nos vies et qui nous donne la force. Mais est-ce son œuvre qui la pousse encore et toujours en avant, ou est-ce le désespoir de le perdre ? Cela ne change rien dans les faits, mais cela change tout dans les cœurs.

Mon frère nous a accueillit, déjà près à son travail, à croire qu’il ne dort ni ne mange, mais ce n’est pas du moindre intérêt ; je ne suis pas ici pour sa compagnie, mais pour ses connaissances. La malédiction, la légende du dernier né, il l’a déjà expliquée, et je dois avouer l’interrompre avant qu’il ne le fasse à nouveau. Je me moque de savoir pourquoi, je veux savoir comment on s’en débarrasse, et donc où est ce « grand-père » qui peut nous y aider ; sa personne m’indiffère, il n’est qu’un moyen, et je lui fais sentir, je n’ai pas besoin de prendre de pincette, car il me pardonnera. Utiliser cela me rend encore plus monstrueuse, mais il ne va pas s’en plaindre, c’est comme cela qu’il fonctionne, n’est-ce pas ?

Il ne peut pas nous transmettre ses souvenirs car il les a piégés, hypocrite considérant qu’il nous a volés les nôtres, mais nous fournira un guide et un moyen de transport pour nous rendre jusqu’en Europe, puisque c’est là-bas que mes origines nous conduisent toujours. Logique. Téléporteur jusqu’au village le plus proche, puis il nous faudra marcher, car il ne peut pas révéler la position du « Val d’Eternité » à ses agents. Il n’a qu’à leur effacer la mémoire après, cela ne devrait pas le rebuter dans ses méthodes ; elles diffèrent ? Il n’est pas si méchant que cela, au final, il se donne juste un genre. Mais soit, cela n’apporte rien.

Le guide, c’est l’un de ses monstres, c’est le porte-parole, la « femme » de fumée qui voulait s’exprimer au nom de « Léviathan » la dernière fois. Il ne veut pas être sauvé, c’est son choix, mais accepter l’aide de son Entité, c’est le notre ; cette chose, d’ordinaire, me révulse. Je ne la hais pas, mais je la crains, parce que c’est une Entité, parce que c’est une bête, parce que c’est une chose qui je ne comprends pas, que je ne conceptualise que trop mal et parce qu’Elle est mauvaise. Mais je dois avouer la découvrir d’un œil nouveau : pas mauvaise, amorale. Et je comprends ses actions, intellectuellement.

J’accepte. J’accepte l’aide de cette chose. Elle a déclaré qu’Elle aiderait Sébastian à veiller sur nous au besoin, on en a besoin, cela n’est pas plus compliqué. Elle nous conduira jusqu’à ce Franck Grigori. Elle « veillera » sur nous si ça l’amuse, je ne ferais pas plus cas de son existence que ce qu’elle m’évoque : rien. Un Spectre ? Un spectre a été quelqu’un, auparavant.
***
Vendredi 31 Janvier 2014 – 11 : 54 A.M.
Val d’Eternité, quelque part dans les Alpes
Elles ne nous ont pas déposées trop loin, il nous a fallut que deux heures et demi de marche à la suite du Spectre du Léviathan pour trouver notre chemin vers le « Val d’Eternité ». De ce que Sébastian nous en a expliqué, il y a longtemps déjà, il s’agit d’une ancienne demeure, très ancienne demeure, construite par Franck Grigori, mon grand-père, il y a de cela deux siècles. Un petit vallon perdu dans les Alpes, entre Suisse, Italie et France, entouré d’une forêt et au creux duquel se trouvait un lac, alimenté par les rivières et les fontes. Lorsque mon grand-père s’était fait passé pour mort auprès de notre famille, suite à une guerre fratricide sponsorisée par son propre père, il avait fuit jusqu’ici, et s’y était construit cette maison. Une fois réellement établit et passé sous la couverture radar des autres membres de sa famille, il avait poursuivit les aménagements durant des années, puis suite à la Seconde Guerre mondiale et à son emprisonnement dans les camps de concentration, d’où il s’était évadé aux côtés de mon beau-frère, il était venu s’y isoler pour le restant de son éternité, attendant d’y mourir.

Je sais peu de choses sur Franck Grigori ; français, moins con que la moyenne, immortel car se nourrissant des émotions des autres et capable de se lier à quelques uns empathiquement, à la manière de ce qu’a fait Rachel. Je sais aussi qu’il a déclenché une guerre fratricide pour pouvoir se faire passé pour mort et s’enfuir, afin que ses descendants ne connaissent pas les mêmes atrocités que ses aïeux ; un bel échec. Je ne l’ai jamais rencontré et lui non plus ne m’a jamais vu, mais il est lié à mon père et surtout il est le Grigori le plus « fiable » pour nous aider. Une vraie famille du côté paternel ? Je l’ignore. Je m’en moque. Ce n’est pas lui qui m’intéresse, c’est celle qui piétine dans la neige à mon côté.

La traversée d’un désert blanc comme la mort et dont on s’enfonce jusqu’aux genoux, plus que nous ralentir, doit parfaitement correspondre à ce qu’elle ressent, par la faute à ma lignée, à ma malédiction. Il ne fait pas si froid que cela, preuve en est la neige souple et poudreuse dans laquelle on piétine, précédées du Spectre qui, lui, marche sans laisser la moindre trace, insensible au monde physique quant bien même son nuage de fumée forme un corps complet, bien que dénué de réel visage. Nous sommes équipées pour l’expédition, Sébastian nous avait prévenues que cela serait très isolé et nous avions déjà fait nos bagages pour un certain temps ; nous avons prévenues d’une absence pour raisons personnelles, dont la durée sera indéterminée. Est-ce que cela inquiètera Jade, Rachel, Sanzo, Ororo ou Jubilee ? Surement. Chercheront-ils à nous joindre ou à nous retrouver, ou bien attendront-ils notre retour pour nous demander des comptes ? Les deux, probablement. Les raisons personnelles devraient éloigner les moins curieux, mais nous n’échapperons pas à des questions, de la part des personnes qui nous sont les plus proches respectivement.

Nous finissons par le trouver, le sentier qui mène au Val : les arbres de la forêt d’hiver, conifères comme feuillus nus couverts de ce linceul de neige, s’écartent comme une haie d’honneur, menant au loin jusqu’à une étendue d’eau, et sur sa rive, à l’opposée du chemin, une maison, ancienne, toute de briques et aux ouvertures de bois blanc, haute d’un étage et large que quatre fenêtres,  seule touche de couleur dans ce paysage glacé.

Non, pas seule touche, il y a une personne qui en sort, alors que nous contournons le lac presqu’entièrement gelé pour nous approcher de notre destination, toujours menées par le monstre. Elle doit mesurer à peu près ma taille, difficile d’en juger à cause de la neige, mais cache ses traits sous une longue cape d’un rouge profond que j’identifierai comme de l’amarante, et reste sur le palier, nous observant, dissimulée par son vêtement à capuche. Cependant, je la vois nous détailler avec cette même vitesse à laquelle je la détaille elle. Un menton doux mais carré souligne des traits fins et sculpturaux, avec une bouche fine mais sensuelle, surmonté d’un nez grec et de fins sourcils qui, bien qu’assez éloignés de ses yeux, dessinent parfaitement le contour de son ossature, et soulignent à leur tour un large front. Ses longes cheveux bruns s’échappent de sous sa capuche, grêlant sur la cape fermée, tandis que son regard marron d’une intensité de je croyais perdue nous fixe sans détour. Le reste de sa tenue, comme de son physique, est dissimulé par sa cape, mais même les ombres jetées sur son visage ne m’empêchent pas d’y percevoir la pointe de tristesse qui le marque, ou encore de la reconnaitre. Nulle surprise, non, mais de la perplexité, j’encaisse son existence comme un fait qui ne m’empêche pas de me questionner sur qui et comment. Les hypothèses affluent, mais à l’odeur, je sais que je ne me trompe pas.

Nous finissons par lui faire face, à une distance respectable tout du moins, et j’ignore si Caitlyn ou le Spectre sont parvenus à l’identifier. Je ne connais les capacités du monstre du Léviathan, en revanche, cette physionomie n’est pas étrangère à Fuzzy. Sébastian savait-il ?

- Qu’est-ce que cela signifie ?

- Que tu es déjà parvenue à surmonter cette malédiction, et que tu y arriveras à nouveau,
me répond-t-elle avec une voix parfaitement identique à la mienne.


Dernière édition par Amy de Lauro le Dim 9 Mar - 20:12, édité 1 fois
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Caitlyn Elioth
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Caitlyn Elioth


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Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent} Empty
MessageSujet: Re: Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent}   Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent} Icon_minitimeVen 7 Mar - 9:08



Vois la pierre placée dans tes yeux
Vois l'épine plantée dans ton flanc
Je t'attends

Tour de passe passe et renversement du sort
Sur un lit de clous elle me fait attendre
Et j'attends, seule

Avec ou sans toi
Avec ou sans toi

Dans la tempête nous atteignons le rivage
Tu te donnes entièrement mais j'en veux plus
Et je t'attends


Avec ou sans toi
Avec ou sans toi
Je ne peux pas vivre
Avec ou sans toi

Et tu es déjà ailleurs
Et tu es déjà ailleurs.

Mes mains sont liées
Mon corps est meurtri, elle m'a piégé avec
Rien à gagner et
Rien d'autre à perdre


Nous ne reviendrons pas.

Du moins pas tel que nous sommes parties.
J’ai laissé un mot à Ororo, bref et concis. Il n’explique rien en sommes, il prévient simplement d’une absence impérative et impose de ne pas s’occuper de nos affaires et de s'inquiéter outre mesure, que tout est sous contrôle, une formalité ou presque. Oui, une formalité qui est de savoir si l’on peut ou pas surpasser ça, si il y a un espoir de le faire ou non. Je suis revenue par amour, toujours, mais s’il n’y en a plus, la question de savoir si le jour d’après importe ne se pose même plus. S’ils l’ont effacé comme on efface le message dans le sable à l'aide d'un simple bâton, alors tout est inutile, rien n’a plus de sens, tout est vide et tout est mort. C'est le mot. Je suis morte, complètement, je n’ai plus sa lumière et ce froid a barbelé mon corps.

De bavarde je suis passé à muette ou peu s’en faut. Je suis devenue son ombre, je ne suis là que parce que je suis la seule dépositaire de notre amour, je n'ai pas plus de poids qu'un vestige. Je ne ferais même pas d'efforts car je n’aurais même pas la force de m’habiller que d’une seule partie de notre âme. Je ne ferais pas semblant, non, je ne serais pas forte pour deux car cette fois ci, le sort frappe là où c’est fatal. Brisée, je reviendrais. Pulvérisée, je ramperais toujours vers elle, je reviendrais de l’enfer, de l’avilissement le plus total, même sans corps, je l’ai fait, même sans âme je trouve une fois de plus l’énergie de le faire. On revient de tout par amour, on peut forcer l’impossible.

Mais sans.

On ne peut rien.

Je ne suis plus rien à ses yeux alors, en toute logique et bien, je n’existe plus, ce n’est pas plus compliqué que ça. Pourquoi se battre ? Pourquoi lutter ? Pourquoi toujours se relever ? Ça ne sert à rien, c’est inutile et le sort s'acharnant sur nous me rappelle que je suis maudite par mes actes où elle l'est par le sang. Je me laisserai volontiers lacérer le visage une éternité que d’endurer ça parce que à travers la souffrance, il y a l’espoir d’un après et là…il n’y a plus de promesse, la promesse du vide et d’un froid glacial.
Je n’ai rien dit, je n’ai rien manifesté d’autre qu’une absence monstrueuse, un retrait presque mécanique. J’évite contacts et regards, parce que chaque regard et une lame plantée dans mon cœur et qui hurle « je ne t’aime pas ». Je n’ai pas de colère, pas de haine, pas de tristesse, je n'ai plus rien.

Je suis désespérée mais je resterais jusqu’à la fin, taiseuse et plus froide que je ne l’ai jamais été. J’ai compris à quoi servait cet équilibre entre l’inhumain et l’humain, entre la vie et l’horreur, ce qui est le meilleur de moi et le pire. C’est un métronome qui permet d’endurer les épreuves. C’est ma monstruosité qui prend le relais parce que mon humanité ne veut plus poursuivre. Je suis cette tueuse froide et sans âme, aussi vide qu’elle et parce que plus rien ne compte que de rester ici à attendre que l’on nous dise que c’est terminé. C’est dans cet aspect monstrueux que je puise la force d’attendre une issue. Parce que si la balance penche vers l’inéluctable, je l’ai dit dès le départ nous n’en reviendrons pas.

Et je la tuerais.

C’est la seule conclusion que j’ai tiré de tous ces mots, les siens comme ceux de Sébastian…Il cherchait mon regard, souvent, je crois qu’il sait de quoi il en retourne, il sait que ce n’est plus celle qu’il connait qui l’écoutait, taiseuse et enfermée. C’est juste le monstre qui reste lorsqu’on m’enlève le Bien.

Elle ne peut pas vivre sans m’aimer même si elle l’a « oublié » à l’heure actuelle. Dieu tout puissant. Rien que de conceptualiser ce fait est un cauchemar. Elle ne sait plus qu’elle ne peut pas. Je reste la dépositaire de ce souvenir, je le sais moi. Alors je la tuerais parce que sa vie ne servira à rien pas plus que la mienne.  C’est cela qui occupe mes pensées, comme une longue torture mentale, j’ai le pourquoi, je dois trouver le Comment. C’est ça qui me garde les yeux ouverts, yeux aux lueurs vertes éteintes, exempt de toute émotion.  Quant à moi…je me disperserais, je n’aurais plus de raison, cette fois, de revenir. De néant, j’irais au néant.  

Je ne pensais pas finir dans la neige, non, je ne pensais pas. Mon regard accroche le décor en une absence de sentiments, je cherche juste où nous terminerons, physiquement. Je suppose que je le saurais le moment venu. Je me surprends par la logique froide et la noirceur de mes pensées, pensées devenues calme et non embrumés comme si…comme si j’étais sur le champ de bataille d’une mission. Je m’en dégoute, c’est devant cette cabane que je sais, oui, je sais que j’ai perdu tout espoir, vraiment.
Le spectre sera-t-il un obstacle ? Sébastien me laissera-t-il mettre ce projet à exécution ? Est-ce pour la protéger de moi qu’il l’a envoyé à nos côtés ? C’est peut être probable oui. De monstre à monstre, nous savons de quoi nous sommes capables. Elle sera un contre temps. Ni plus ni moins, elle me force à plus réfléchir, c’est un fait.

Est-ce que l’absence de surprise ou de réactions peut montrer combien nous sommes brisées ? Oui je le pense. Je suis assez observatrice pour voir qui se tient à cette porte mais je ne me pose aucunes questions ce qui reste vu ma situation complètement illogique. Comment est-ce possible qu’un clone se tienne devant nous ? Je m’en tape. Comment est-ce possible de lui avoir enlevé son amour pour moi, cette question posée, les autres n’ont même plus d’intérêt. J’enfonce les poings serrés dans mes poches et perd mon regard dans la neige, ce qu’elles se disent ne m’atteint même plus et je ne fais aucun effort pour le rendre intelligible.

J’attends juste qu’on nous dise que c’est sans issue. Rien d’autre.
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Sébastian von Orchent
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MessageSujet: Re: Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent}   Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent} Icon_minitimeVen 7 Mar - 23:54

On peut reprocher beaucoup de choses à un être comme le Léviathan, on peut Lui donner beaucoup de noms et de défauts, on peut le considérer et le déconsidérer, mais il est une chose qu’on ne peut pas lui enlever : Elle tient ses engagements. Est-ce pour aller dans le sens de Son Héraut ? Est-ce parce qu’Elle y gagne quelque chose, à court, moyen ou long terme ? Est-ce parce que cela fait parti de Son plan ? Impossible à savoir. Toujours est-il qu’Elle avait déclaré qu’Elle aiderait à veiller sur la « famille » de Son protégé, et aujourd’hui, Elle le faisait. Le Spectre en est le témoignage. Il existe pour servir, cependant la mission pour laquelle il est apparu aujourd’hui est différente de toutes les autres, car elle le porte plus loin qu’il n’est jamais allé ; plus loin que s’étant le contrôle de sa Maitresse. Et pourtant, Elle accepte de s’en séparer, Elle accepte de lui laisser une temporaire indépendance, pour qu’il guide ces bêtes blessées de la meute de Son Héraut. Est-ce un risque ? Qu’est-ce qu’il adviendra ? Le sait-Elle au moins, ou mise-t-Elle sur l’obéissance de sa créature pour accomplir à bien la mission qu’Elle lui a confiée tout en renonçant à sa liberté une fois cette dernière acquise ? Ou y a-t-il autre chose ?

Dire que le Spectre n’en sait rien serait mentir, car il n’a aucune considération pour cela. Mais il n’a aucune considération pour ce qu’est « être » de toute façon. Messager de la Prédation, Spectre du Léviathan, voici sa seule existence, qui n’en est donc pas réellement une.

Il a été téléporté avec les deux étranges amantes, ces créatures d’ordinaires incompréhensibles de par leur concubinage sans utilité pour la reproduction de l’espèce, qui aujourd’hui lui semblent étrangement logique. Et cette logique, si elle ne leur est pas naturelle, semblent surtout être le fruit d’autre chose. Ce n’est pas de la logique pour de la logique, mais c’est de la logique venant une fois que l’on a retiré tout le reste. Elles ont perdu ce qui les rendait incohérentes, pour des raisons différentes, mais le résultat est le même. En quoi est-ce une malédiction ? En quoi est-ce un renoncement à l’existence ? A l’humanité ? Le Spectre ne comprend pas tous ces concepts subjectifs et, en définitive, dérisoire.

L’une ne produit plus certaines hormones, tout simplement, et vit cela comme une perte qu’elle doit à tout prix réussir à retrouver, tandis que l’autre tente de broyer les choses liées aux hormones qu’elle produit encore, surement pour se préserver. Ne peuvent-elles se limiter à leur sort ? L’une ayant ce que désir l’autre et réciproquement, ne pourraient-elles tout simplement pas échanger ? Si cela n’avait été qu’une question d’altération psychique, s’eut été d’une simplicité enfantine, mais c’était plus profond, et cela aurait titillé la curiosité du Spectre, s’il en avait eut une. A la place, il se contente de penser, librement, alors qu’il doit les attendre, lourds et lents tas de chairs avançant péniblement dans la neige.

On lui a commandé d’être guide, il guidera. On lui a commandé d’être veilleur, il veillera. On lui a commandé d’être bourreau, si nécessaire, il le sera. Le Héraut comprenait ses « sœurs », bien qu’aucune d’elles ne le fut réellement, et savait qu’elles seraient incapables de retrouver un bonheur sans l’autre ; ainsi donc, s’il doit les protéger des autres, le Spectre a ordre de ne pas les protéger d’elles-mêmes, et « pire », de les tuer si elles en expriment le souhait, évitant ainsi à l’autre d’avoir à le faire. Cela ne le gêne pas, il le prend pour ce que c’est : un simple fait.

Il s’est entièrement matérialisé, par pour leur ressembler, mais pour s’adapter au mieux à leur rythme ; des bras et des jambes, voici qui feraient surement d’intéressantes sensations, si c’en étaient de véritable. Sa forme « physique » n’est rien de plus qu’une manifestation de sa volonté, un nuage d’Essence du Léviathan lié à son esprit et modelé par lui, chose en faisant une créature bien différente de celles qu’il escortait. Pas supérieure, car le seul degré de supériorité qu’il pourrait avoir était dans la chaine alimentaire, et il ignore qui de lui ou d’elles est le plus dangereux. Mais il n’a nulle curiosité là-dessus, cela n’a pas lieu d’être.

Pourquoi sa forme « prédéfinie » est-elle féminine ? Pourquoi, malgré cette absence de visage, à l’exception de ses yeux qui ne sont guère plus que deux sphères d’une lumière d’un bleu glacé comme d’autres parcourt son « corps », ses courbes sont-elles celles d’une femme ? Il l’ignore lui-même et cela n’a pas la moindre importance. Ses pieds ne marquent pas la neige lorsqu’il « marche » dessus, tout comme il n’a nul souffle dans le froid ou nulle odeur à répandre. Il n’est rien de plus que ce que l’on n’a fait de lui.

La maison approche, l’objectif premier apparait à l’horizon, et les enfants qu’il conduit le dépassent, allant à la rencontre d’une autre chose plus incongrue. Le Spectre perçoit différemment la matière que les êtres humains, ce n’est pour lui que sacs de molécules et esprits, mais la structure de l’inconnue est majoritairement connue, car identique à celle de l’une des blessées.

- Qu’est-ce que cela signifie ?

Qu’il est de nombreux êtres à pouvoir filtrer entre les voiles séparant les différentes réalités, et que ce qui se joue ici est suffisant pour motiver l’existence de l’un d’entre eux. Est-ce un tord ? Est-ce une aberration ? A chacun d’en juger.

- Que tu es déjà parvenue à surmonter cette malédiction, et que tu y arriveras à nouveau.

Le face à face commence alors que la troisième fuit comme elle le fait, éloignant son attention de cette réalité qui la tourmente. Voici pourquoi elle essaie de se vider ; c’est une protection, c’est une protection face au pire. Lorsque les événements déclencheraient des émotions destructrices, certains êtres parviennent à les fuir, pour s’en préserver. Leçon intéressante ; est-ce son cas ?

Se tenant un pas en retrait, le Spectre ne quitte pas des yeux la rencontre imprévue, prêt à incarner la créature nécessaire à la défense des protégées du protégé de sa Maitresse, chose passant par le massacre de la menace et non une éventuelle neutralisation. Oui, on peut reprocher beaucoup de choses à un être comme le Léviathan, au premier rang desquelles Ses méthodes.
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Amy de Lauro
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MessageSujet: Re: Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent}   Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent} Icon_minitimeDim 9 Mar - 21:54

- Qu’est-ce que cela signifie ?

- Que tu es déjà parvenue à surmonter cette malédiction, et que tu y arriveras à nouveau.


Aucune de nous ne semble surprise ou même concernée par cette situation qui, pourtant, devrait être impossible. Caitlyn perd son regard sur la neige tout comme son cœur fait son possible pour s’entourer de ce manteau froid afin de ne pas souffrir, le Spectre regarde mais il m’est impossible de savoir ce qu’il pense, et je ne crois pas qu’il ressente, quant à moi et elle, nous nous faisons face, simplement face, comme si tout était absolument… pas normal, mais indigne d’intérêt. Sommes-nous blasées au point de croire qu’il n’est plus rien d’impossible ? Nous côtoyons une divinité qui se fait appeler « Petite Sœur » par ma femme et à qui j’ai demandé de prendre le contrôle de mon corps durant une journée entière dans l’espoir d’éviter ceci, une divinité qui vient d’un autre univers parallèle au nôtre et qui est l’une des personnes les plus humaines que je connaisse. Caitlyn et moi sommes déjà mortes et revenues d’entre les morts, de façon humaine parfois, suite à de simples arrêts cardiaques, et totalement inhumaine parfois, pour des exemples qu’il m’est inutile de citer. Et à notre côté ce tient une créature dont la véritable nature reste à définir, qui pourrait tout aussi bien correspondre à une définition surnaturelle qu’à celle d’un alien, mais qui en définitive, n’est rien de plus qu’un fragment d’une autre créature qui nous dépasse. En réalité, je ne crois pas que nous soyons blasées, simplement que nous ne prenons plus la peine de nous poser des questions. Pourtant, il le faut.

- Tu n’es pas moi. Tes yeux sont marrons, ton attitude différente, et tu ressens encore.

- Il serait plus approprier de dire que je ressens à nouveau. Et oui, il est quelqu’étranges différences entre nous, madame Elioth de Lauro. Mais cela ne change rien : je suis ici pour t’aider. Pour vous aider.


Devrais-je en être soulagée ou au contraire, devrais-je me méfier ? Emotionnellement et sentimentalement, je n’en serais rien, considérant ce qu’elle nous dit pour ce que c’est au niveau le plus terre-à-terre possible : une information. Une information de bonne augure, d’autant plus que mon « autre » moi ne ment pas.

- Je suis Teresa Laudadio-Grigori.

- Amy Teresa Elioth-Grigori de Lauro. Voici Caitlyn de Lauro-Elioth, ma femme.


J’énonce ça comme de simples données, et si elle sait déjà qui je suis, elle découvre Caitlyn et semble souffrir à ma froide évocation de notre lien. Une tristesse de l’entendre ainsi ? Il semblerait. C’est ce que j’aurai ressenti, je pense, même si je n’oublie pas qu’elle n’est pas un miroir au reflet déformé, mais un outil pour me permettre d’échapper à cette privation. Ce n’est pas l’estimer à sa juste valeur, surement, mais ça valeur dépendra de combien elle me permettra d’avancer pour retrouver la personne que j’aime, et qui elle, souffre plus que d’une légère tristesse de cette situation.

- Et la chose ?

- Elle n’a aucun intérêt autre que nous avoir conduites jusqu’ici.


Elle hoche la tête, regardant un instant le Spectre qui ne réagira pas, puis se tourne vers l’intérieur, nous invitant à entre d’un geste qui dévoile une main gantée et un lourd brassard d’armure aussi rouge que sa cape. Je m’avance sans la moindre hésitation, marquant néanmoins un temps d’arrêt pour que Caitlyn me suive, avant de passer au côté de l’autre et de franchir le seuil. Je reste sur mes gardes, cependant, car à défaut de pouvoir réellement faire confiance, je sais qu’elle s’est préparée à l’éventualité d’un combat, quant bien même sa volonté de nous aider et sincère.

L’entrée et une pièce relativement petite, avec une penderie et des portes sur les flancs, toutes deux fermées. Les murs s’arrêtent à trois ou quatre mètres pour s’élargir en un carrefour, tandis que des escaliers en fer à cheval son visible à l’opposée de l’entrée, le tout assez sombre car éclairé par une fenêtre se trouvant dans ce dernier, ainsi que les rais de lumières en provenance des autres pièces. Je me débarrasse de mon manteau sur l’un des crochets de fer forgés à cette attention, aidant Caitlyn à en fait de même par habitude, après m’être débarrassé de mon grand sac à dos qui contient une bonne partie de nos affaires, alors même que mon attention et reportée sur l’autre moi, qui s’en fa dans la pièce de gauche, où raisonne un autre souffle. Un souffle comme je n’en ai jamais entendu, long et lent, comme un furtif vent dans les vallées et les goulets, un souffle qui semble ancien, antique même, tout autant que l’être à qui il appartient.

Cette demeure comme son propriétaire sentent le poids des siècles, et ce n’est pas réellement une métaphore : tout ici est ancien, tout ici est usé, entretenu mais usé, par les ans. Pas d’électricité, et il est à parier qu’il n’y ait pas d’eau non plus, tandis que le chauffage se fait au bois, comme en témoignaient les diverses cheminées sortant de l’édifice.

Et alors que j’avance à mon tour dans la pièce de gauche, qui semble être un séjour mais dont l’architecture est indépendante de celle du reste de la bâtisse, surement parce qu’il s’agissait là de la « première » maison de Franck, je pénètre dans un véritable antre du passé : la cheminée se trouve à l’opposée de la porte, et alors que sous l’une des fenêtres se trouve un immense bureau, le dernier mur est entièrement occupé par une bibliothèque, dont chaque livre n’a pour seul titre une année, voir un segment d’année. Et cela s’étend sur plusieurs siècles…

A genou devant l’un des deux grands fauteuils qui font face à la cheminée, l’autre Amy parle à l’homme qui s’y tient, l’éveillant pour l’avertir de notre arrivée, avant de prendre congé pour finaliser la préparation du déjeuner. D’un geste d’une main noueuse, il la remercie, puis nous nous retrouvons seules face à lui : Franck Grigori.

Lentement, lourdement, en prenant appui sur ses accoudoirs, l’homme se lève, tournant vers nous un visage creusé par les rides, dont les cheveux comme les sourcils et la barde, jadis bruns, commencent à blanchir. Ses traits sont délavés et usés à l’instar du reste de sa demeure, et tout aussi entretenus d’ailleurs, mais c’est son regard qui attire réellement mon attention, car ce regard est indéfinissable. Pas sans ressenti. J’aimerais savoir ce qu’évoque ce regard, ce qu’il déclenche, lorsqu’il passe sur nous, mais je n’en ai jamais vu de pareil, je n’ai aucun équivalent en mémoire, et suis incapable de le rationnaliser. Les traits physionomiques l’identifient clairement comme quelqu’un de ma famille, large front, ossature marquée, menton doux mais large, seule la bouche et le nez diffèrent véritablement, bien plus épais. Son coup comme le reste de sa carrure trahissent quelqu’un qui fut jadis bien bâti, malgré sa petite taille à peine supérieure à la mienne, mais de tous ces éclats d’une jeunesse fanée, il ne reste que son regard. Un regard que j’avais, surement, autrefois.

- Je ne vous souhaiterai la bienvenue que lorsque vous serez réellement là, toutes les deux. – il parle avec lenteur et une voix aussi grave qu’un grondement de la terre, une fois qui porte jusqu’à nous et résonne entre ces murs qui n’ont plus dut l’entendre autre chose que murmurer depuis des années – Je sais ce qui vous amène comme je sens les vides qui vous habite. – son anglais n’est pas des plus juste, ni des plus agréables à écouter, mais il fait quant même l’effort de le parler – Je ne vous mentirai pas en disant que je sais ce qu’il va advenir, mais je ne le ferais pas non plus en déclarant que nous vous aiderons du mieux que l’on pourra. Cela n’est qu’une épreuve de plus, vous seules aurez la force de la surmonter, ou non.

- C’est tout ?

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MessageSujet: Re: Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent}   Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent} Icon_minitimeLun 10 Mar - 6:25

La résignation précède l’acceptation. Mais que dois-je accepter au fond ? Le chaos de notre existence ou l’éternel recommencement des épreuves ? Je ne saurai le dire. Mais la résignation est là et cette résignation s’accorde avec une étrange passivité de façade, de façade uniquement car je sais précisément pourquoi je suis ici et le rôle que je tiendrais dans tout ça. Nous sommes venues voir si c’etait possible, oui…J’attends juste sa réponse, juste quelques mots qui ne changeront malheureusement rien à cette morbidité dans laquelle je me suis engoncée.
Elles se font face et mon attention se porte à nouveau sur elles, quittant enfin le repos visuel de ce long manteau neigeux. Devrais-je être surprise d’une telle situation ? Mon propre sang extirpé des entrailles qui étaient les miennes sans les être devenu progéniture il y a moins de quatre ans est revenu d’un autre monde, adulte et puissante, pour m’assassiner afin de me sauver. Que dire après une telle chose ? Que la logique n’existe pas, que ce monde ne doit plus s’étonner de ses incohérences et je ne m’étonne plus de rien à présent sauf de l’intelligence du Mal qui a su me punir une fois de plus de la pire des manières.

L’enfer de Dantes, nous y sommes enfin. Mon propre enfer et l’expression symbolique de ma damnation. Dieu est mon ennemi, c’est un monstre qui mérite qu’on renverse ses églises ce que j’ai participé à faire par deux fois. Ce n’est pas sa faute à ma pauvre épouse, pas la sienne. C’est la mienne, c’est ma sentence et il lui plait à cette force supérieure de me la faire subir. Il a fait envoyer les rêves et la culpabilité pour ronger mon âme au tisonnier de l’éternel remord et je m’en suis accommodé. Il a fait briser mon corps et anéantir mes formes et j’en suis revenue. Il a fait souffrir ceux que j’aime par d’horribles épreuves injustes et monstrueuses et j’ai traversé son enfer en sanglotant. Mais c’est un homme malin et comme tout homme malin, il a compris où résidait mon abnégation. Il a volé l’Amour et a éteint d’une main glaciale mon regard dans les yeux de celle que j’aime et cette fois…il n’y a plus rien. Je mettrais fin au combat à ma manière mais ce combat est déjà terminé, j’ai perdu. J’ai tout perdu.

Son alter ego, je sens une vague de haine émerger de mes entrailles en l’observant. Je la déteste, j’aimerai la briser elle aussi parce que son existence est un blasphème à mon projet, à ma logique. Amy ne peut pas vivre sans sentiments, ne peut pas vivre loin de notre amour et celle-là, l’a fait. Nous sommes les faces d’une même pièce, celle-là n’a rien à faire dans notre histoire. C’est égoïste n’est-ce pas ? J’ai passé ces dernières années à ne penser qu’aux autres, alors pour une fois laissez-moi au moins avoir cette simple pensée qu’elle ne peut pas vivre sans mon amour, qu’elle ne peut pas vivre sans moi. Je me suis battu si fort pour qu’elle m’appartienne, si fort pour qu’on ne soit qu’une. Tout ceci est monstrueusement injuste.

Teresa ? J’en suis encore à détester ce prénom même si il est le sien. Tu n’es pas leur foutue Teresa à cette bande de dégénérés débiles, tu es ma Amy, ma douce et aimante Amy. Si je pouvais, j’extirperais moi-même jusqu’à la dernière goute de ton sang pourri de Grigori pour les y noyer tous, tous jusqu’au dernier. Ta famille ne nous a apporté que malédiction et malheurs, alors nous devrions les exterminer jusqu’au dernier, Sébastian inclus, pour être sure enfin de ne plus avoir leur foutue épée de Damoclès au-dessus de la tête. Je le pense vraiment. La nature humaine se nourri de sentiments forts, si l’on me prive d’amour, alors je fonctionnerais à la haine.

Nous entrons à la suite de ce placebo ambulant. Amy sans doute par habitude tente de m’aider à me débarrasser, me blessant à nouveau au passage. J’en suis réduit à étouffera mes pensées et c’est mon âme qui lui hurle de garder pour elle sa sollicitude parce qu’elle pue le mensonge, non, tu ne m’aimes pas : je le sais. J’évite son regard me montrant un peu brusque et empressée dans mes gestes puis me plaçant en retrait.

L’ancêtre nous regarde du haut de sa généalogie monstrueuse, je le déteste pour ce qu’il représente. Un envoyé de Dieu pour me punir, ni plus, ni moins. Imperceptiblement, je recule jusqu’au mur pour m’y adosser, essayant de me dissimuler dans la pénombre.

- Je ne vous souhaiterai la bienvenue que lorsque vous serez réellement là, toutes les deux.

A qui s’adresse-t-il ? Elle ou moi ? Peut-être les deux. Pauvre vieux sénile, comment être encore de ce monde si rien ne nous y retient, tu ne t’accroches qu’à ton souffle, tu devrais savoir cela mieux que quiconque, non ?

- Je sais ce qui vous amène comme je sens les vides qui vous habite.

Que m’importe ton ressenti ! Nous ne faisons que retarder l’inéluctable, rien d’autre.

- Je ne vous mentirai pas en disant que je sais ce qu’il va advenir, mais je ne le ferais pas non plus en déclarant que nous vous aiderons du mieux que l’on pourra. Cela n’est qu’une épreuve de plus, vous seules aurez la force de la surmonter, ou non.

Parfait, nous sommes fixés. Il ne sait rien, il aidera au mieux et tout dépend de nous. Bien entendu. TOUT dépend toujours de nous. J’esquisse une sorte de sourire sarcastique ou se ressent le mépris avant que de pincer les lèvres de colère et détourner mon regard vers l’âtre de la cheminée et de l’y perdre dans les braises rougeoyantes. Il va nous conter une belle histoire en parfait hybride du père Fourras ou de Yoda et nous laisser dans notre merde, comme tous les autres. Nous avons toujours été seules, désespérément seules alors nous finirons ensemble, dans notre solitude. Il nous parle d’épreuve, les épreuves, encore et toujours…ces foutues épreuves de merde ! Mais celle-là, je ne la voulais pas !

- C’est tout ?

Mon regard revient sur le devant de la scène, la froideur des mots d’Amy ajoute au drame de cette pièce à l’atmosphère pesante. Pour la première fois, ma voix murmurante se fait entendre.

- Soit…Je vous laisse en famille.

Je n’en dirais pas plus, décroisant les bras et me dirigeant vers le couloir d’où nous sommes venu pour trouver une pièce où je pourrais m’adosser à la fenêtre pour y attendre la suite des événements ou les envisager.
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MessageSujet: Re: Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent}   Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent} Icon_minitimeLun 10 Mar - 15:07

Une épreuve de plus, une épreuve comme les autres, est-ce réellement tout ? Est-ce aussi simple que cela ? Cela finira par en devenir banal, pourtant, cela fera toujours autant souffrir. Et aujourd’hui, c’est Caitlyn qui souffre le plus, alors que je suis devenue incapable de souffrir avec elle.

Elle nous laisse en famille… et commence à s’en aller. Je la regarde faire, consciente que cela devrait remuer quelque chose, voulant que cela remue quelque chose, mais rien. Il n’y a rien. Je la regarde partir, coupable de ne pouvoir la retenir comme il le faudrait. Elle est ma famille, ces saloperies d’alliance nous le disent, mais ce n’est nullement le sang ou un contrat passé à la mairie qui fait de nous une famille, c’est une chose qu’on a perdu. Que j’ai perdu, et elle en paie le prix.

Que ce passera-t-il si je la retiens ? Si je lui dis qu’il n’est pas ma famille, mais qu’elle oui ? La ferais-je plus souffrir encore ou lui redonnerais-je un peu d’espoir ? Je n’ai rien oublié, Caitlyn, et je me bats pour que ce souvenir redevienne réalité, mais peut-être que t’associer à cette entreprise était une erreur. Tu ne souffres pas pour rien, non, mais tu souffres quant même, et j’ignore si l’éternité me suffira à me faire pardonner. Enfin, si ceci n’est qu’une épreuve parmi d’autre, il est probable que l’éternité ne soit pas suffisante à me faire pardonner leur cumul, mais je refuse de résumer cela à un calcul mathématique.

- Tu es la seule famille que je veuille avoir, Caitlyn ; on réussira ensemble, je te le promets.

Je ne la retiens pas, non, mais je ne la laisse pas partir non plus, je lui fais une promesse, une promesse dans laquelle je ne crois pas, mais je sais que je m’obstinerai jusqu’au bout en son sein pour la récupérer. Lorsqu’elle quitte la pièce, je ne me retourne pas, reprenant froidement :

- Si nous partageons plus que du sang maudit, Grigori, prouves-le : aides-la.

- Je ne la laisserai pas se consumer dans la haine, mais elle lui sera utile, pour tenir. Vous avez peut-être perdu votre capacité à aimer, mais vous vous en souvenez, tandis qu’elle perd le souvenir de son amour dans les flots de son vide et de sa haine parce qu’elle continue de vous aimer. Si cet équilibre se brise, alors vous avez échouées.

- Et comment réussit-on ?

- Les émotions sont tout autant les retranscriptions biochimiques qui agitent la chair que les processus psychiques qui parcourent l’esprit, il faudra libérer les premières et réapprendre les secondes.

- Qui a déjà réussit ?

***
Mon alter-égo m’indiffère complètement, cependant, dans un égocentrisme qui me correspond parfaitement, elle fait les présentations comme sa biographie alors que je lui demande simplement de m’aider à vaincre le vide. Suis-je réellement comme cela ? Faussement confiante et essayant de me montrer extravertie pour vaincre une timidité déjà bien outrepassée ? Oui. Objectivement, oui. Mais est-ce agaçant ? Je ne me suis jamais posé la question. En tout cas, cela peut rapidement devenir une perte de temps. Mes monologues ne sont pas chiant au sens premier du terme, mais il est vrai que l’on gagnerait pas mal de temps à les éviter. D’un autre côté, je me demande ce que je dirais alors, à par mes conclusions. Et puis, cela ne fait-il pas « parti de mon charme » ? Question inutile, mais qui me traverse l’esprit tout de même.

Bon, Mlle Laudadio a eut une histoire divergente de la mienne quant à l’intervention de Sébastian. Soit. Elle a été éduquée par des religieuses. Soit. Elle a des pouvoirs similaires aux miens malgré des acquisitions bien plus douces, et ne dispose pas de la polymorphie puisque n’ayant jamais eut de problème avec son apparence. Soit. Elle a connu la même malédiction que moi et cela lui a prit beaucoup de temps pour parvenir à la vaincre ; là, on a un problème. Je n’ai pas beaucoup de temps. Elle a intérêt de me faire un cours accéléré, ce qui considérant nos capacités cognitives respectives, ne devrait pas être trop difficile. Qu’elle se bouge. Elle ôte la cape, d’ailleurs une fois que nous sommes seules à seules, ne voulant pas le faire avant de crainte de perturber ou de faire souffrir Caitlyn plus encore ; attention appréciable. A part les yeux et la tenue, nous sommes identiques, sauf qu’elle est bien plus âgée que moi ; simple déduction du fait qu’elle n’ait pas eut le vieillissement accéléré, et ait passées des années à lutter contre son vide. Sa tenue m’intrigue assez, c’est une tenue de guerre, brassards armés à chaque poignet, de même que ses bottes rouges et articulée, que son étrange brassière-bustier, qui lui tient à la peau par électrostatisme et laisse toute l’amplitude à ses ailles pour se déployer, ou encore que les plaques qu’elle porte sur les flancs, sanglées à son jean noir. Rouge, noir, marron, bonze et acier, les cinq couleurs qui la définisse, et en disent énormément sur elle, et sur nos différences. Rouge et noir, oui, mais en différentes quantités, marron à l’égal mais également du bleu et du vert pour ma part. Mais cela n’a pas la moindre importance, je pense jusque que Caitlyn adorerait une cape du genre, en d’autres circonstances.

Enfin Bref, nos exercices se font dans le salon, seule pièce peu ou proue adaptée, et porteront sur de l’explication et de la maitrise de mon corps, et plus particulièrement des effets de la mutation sur mon corps. Cela sera instructif, mais je grillerai le plus d’étape possible, c’est dit. Quant à Caitlyn, elle se trouve dans la pièce d’en face, celle à droite lorsqu’on rentrait, qui est la salle à manger. C’est la que Franck essai de lui faire la conversation, de limiter son isolement, ainsi que de la convaincre de manger. Je les écoute, simultanément à mon apprentissage. Lui est assit sur l’une des lourdes chaises de bois, surement sculptées de sa main, et l’invite à en faire de même, après avoir posé assiette et couvert sur une table de bois à l’égale des chaises, et dont j’estime la largeur à une bonne partie de la pièce. Comme pour le salon, les deux fenêtres donnent sur l’extérieur, cependant il est une porte de plus, qui donne sur la cuisine, la pièce d’en face du couloir, plus petite et sur le flanc des escaliers. Même s’il est capable de faire la cuisine, c’est l’Autre qui s’en est chargée, même si mon absence de patience pour recevoir ses enseignements fait que c’est Franck qui « déjeunera » avec Caitlyn, si tant est qu’il arrive à la convaincre.

Elle doit se ménager, et s’il ne lui demande pas de vivre, il lui demande de survivre le mieux possible. Se nourrir en fait parti, même si c’est difficile ou détestable. D’ailleurs, en parlant de détester, il accepte son refus et sa colère sans coup férir, et en témoigne ; il est de ma famille par le sang, et de celle de Caitlyn par le mariage, ce qui ne signifie rien, sentimentalement parlant. Ce ne sont que des faits, ainsi est-elle libre de le rejeter avec venin et ardeur. Il ne nous connait pas, et n’est pas le mieux placer pour nous aider, mais il l’est pour nous comprendre. Il ne lui prendra pas la tête trop longtemps, cependant qu’elle sache qu’elle n’est pas seule, et qu’il y aura un après.
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Caitlyn Elioth
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MessageSujet: Re: Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent}   Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent} Icon_minitimeLun 10 Mar - 19:24

Je déteste le silence pesant mais pour cette unique fois je n’ai rien d’autre à dire, ni à ajouter. Mon regard se pose sur le vieillard avec une expression presque doublement peiné d’en être réduite à une ombre et de voir cet homme pour qui je n’ai pas de griefs exhiber là ces dernières années. Puis il descend machinalement vers cette assiette que je considère sans plus vraiment la voir avant de secouer la tête à la négative. Un soupire bref avant que je me décide à tirer le lourd siège et l’éloigner de la table pour l’amener vers la fenêtre, je m’y installe sans manifester la moindre émotion et je m’absorbe à la vue d’un paysage d’une nature enneigée. S’il me parle, je ne l’écouterai pas vraiment et conserverais mon silence, la main soutenant mon menton en une pose contemplative. Je ne veux pas m’alimenter, je n’en ai pas l’utilité, ni l’envie. Survivre, oui….c’est sans doute ce qui nous garde en vie d’un combat trop lourd en une autre défaite : je n’ai plus d’espoir à dire vrai et je refuse qu’on m’en parle, c’en est assez de tout cela, je me suis résigner à attendre notre fin.

J’esquisse un frêle sourire, perdue dans un souvenir d’enfance.

- C’est un bel endroit pour mourir…Je déteste la neige et le froid mais ca reste un superbe paysage. C’est pour ça que vous êtes là, hein…tirer votre révérence, mettre un épilogue à une vie trop longue. J’avais un ami qui avait trop vécu aussi, je crois qu’il était né au 19eme siècle…Il avait ce même regard éteint. Je n’aimerai pas l’avoir…si vite…cet éclat. J’avais peur de l’éternité, je ne le concevais pas. Je me disais… « j’y ferais face mais jamais je ne serais seule » mais…rien n’est éternel, même ce qui nous tient en vie. Des gens comme nous…on ne meurt pas, on abandonne. C’est limpide…à présent.

Je prends une pose, mon sourire s’effaçant peu à peu tandis que les ténèbres me rattrapent.

- En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole, et qui croit à celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie. (Jean 5 :24). La vie, même dans sa bouche, elle tient parfois de la punition…C’est assez ambiguë ce qui se dit là. Je croyais en Dieu vous savez…J’ai perdu la foi il y a quelques années, j’en viens à le détester à présent.

A nouveau un silence pesant qui peut être durerait presque une demi-heure, m’étant complètement enfermée dans mes pensées. Ma conclusion arriva, flottante comme une pensée échappée des profondeurs d’une tombe.

- Sauf votre respect, Grand Père. Amy est la meilleure chose qui me soit arrivée dans cette vie, votre famille de tarés, la pire. Si j’en avais le pouvoir, je brulerais jusqu’au dernier de ces dégénérés pour qu’on nous foute la paix, nous, nous n’avons JAMAIS demandé à subir tout ça…Jamais. Je voulais que vous le sachiez. Ça n’a rien de personnel, c’est génétique.

Je baissais les yeux sur les appuis bras de la chaise et mon doigt parcourait un instant la gravure avant d’en dessiner le contour d’un motif.

C’est vous qui avez sculpté ça ? C’est un très bel ouvrage. Adolescente, il m’arrivait de sculpter des branches d’arbre que j’arrachais dans les parcs, j’adorais…vraiment.

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Amy de Lauro
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MessageSujet: Re: Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent}   Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent} Icon_minitimeMar 11 Mar - 22:50

Caitlyn accepte de s’assoir même si elle ne mange rien, et déplace sa chaise pour s’isoler, surement. Réaction de défense primaire, qui vaut surement mieux pour elle sur les moyens et longs termes qu’un énervement. Elle ne l’envoie pas chier et c’est une base utilisable, à défaut d’être forcément saine. Rapidement, elle reprend la parole, elle lui répond, calmement, de façon détachée ; un bel endroit pour mourir ? D’après les constantes vitales, même s’il se laisse mourir, Franck Grigori n’est pas prêt à tirer sa révérer, il continuera de s’affaiblir un moment avant que ses constantes ne lâche. S’il tient à mourir, le suicide est la meilleure option. Quant à vouloir mourir ici, le fait que Fuzzy y pense est un mauvais indicateur. Nullement surprenant, mais mauvais tout de même.

L’ami qui n’avait que trop vécu, c’est Daniel Hopes, l’une des rares personnes avec qui j’aurai put tisser une relation familiale de cœur, comme Caitlyn aime à les considérer ; j’avais commencé à voir en lui une figure paternelle. Ce n’est ni le temps ni lui-même qui a mit fin à son existence, mais quelques explosifs sous une voiture. L’homme qui stoppait le temps a été prit de court ; ironique.

L’éclat éteint dans le regard, elle l’a déjà. Elle l’a déjà désormais que ces yeux sont limités à un vert morne, là où il fut brillant, et où il avait développée la capacité à bleuir et à s’électriser. Oui, j’étais capable d’imiter la couleur de tes yeux, Caitlyn Emilie de Lauro-Elioth, mais jamais je ne pourrais en faire de même pour leur éclat électrique, car c’était une réaction bioélectrique que de l’altération cellulaire ne peut pas reproduire.

Peur de l’éternité, peur rationnelle, combattue par l’idée qu’elle ne serait jamais seule, là où Hopes m’a dit qu’il fallait simplement apprendre à vivre avec ses souvenirs, sans les laisser devenir fantôme. Tu ne seras jamais seule Caitlyn Emilie de Lauro-Elioth, mais oui, ce qui nous tient en vie peut disparaitre avant cette dernière ; c’est une chose à accepter, et surtout, il faut en profiter avant, du fait.

Les gens comme nous ne meurent pas mais abandonnent… Logique, en effet. Mais tant que nous nous aimions, nous n’avions nulle raison d’abandonner, alors à moins que je n’y arrive plus jamais, nous n’avons de raison de le faire. Et je n’abandonnerai pas, jamais. Notre serment n’est qu’une phrase, une suite de mot, mais l’idée qu’il représente, l’engagement, nous devons nous battre pour cela, car en définitive, c’est une partie de nous. Après, il y a des promesses que l’on ne peut pas tenir, j’en suis consciente.

Je n’ai jamais eut la croyance en une religion, juste en Dieu, mais ce n’est ni le cas de Caitlyn, ni celui de l’Autre moi, qui s’interrompt d’ailleurs à la citation, et grimace à l’analyse pourtant pertinente qui la suit. Oui, Caitlyn a appris de nombreux passages de la Bible, si ce n’est sa totalité, par cœur. Mais jamais elle ne l’a démontée ainsi. Et j’ignorais qu’elle commençait à haïr Dieu ; même si, d’un autre côté, il n’a pas fait grand-chose pour qu’on lui soit redevable. Les deux locaux commencent à sermonner de part en part, mais j’interromps mon alter-égo rapidement : je me contrefous de Dieu à l’heure actuelle ou du sens de la vie, car le premier se résume à un concept et le second à une mécanique organique dont la seule finalité est de perpétuer l’espèce, chose que je ne ferais pas puisque je suis lesbienne, et donc que le peu que je puis apporter en ce monde est principalement destiné à l’autre personne dans l’autre pièce qui souffre au point d’essayer, sans succès, de se rapprocher de mon état. Hors donc, si elle veut bien se concentrer sur le sujet principal qui est sensé nous occuper, je lui en serais grée. Intellectuellement parlant tout du moins.

Mon pouvoir est complexe, cela je l’avais comprit, à force ; nombre de scientifiques, dont Hank, Sébastian et Moïra, se sont creusés la tête dessus, mais s’ils sont parvenu à comprendre l’impact premier de mon gène X et ce que mon corps plus ou moins capable de faire, comment il fonctionnait, ils n’ont jamais eut le déclique. L’Autre n’a jamais été autant étudiée comme je l’ai été, mais elle est parvenue à s’approprier cela par l’instinct ; un point que l’on n’a pas encore commun. Je lui dis froidement cela et ça l’attriste, d’autant qu’elle précise rapidement que si, c’est juste que je suis encore trop inexpérimentée dans l’utilisation de mon corps pour m’en rendre compte. La polymorphie, voici le premier pas sur mon contrôle conscient des Cellules de Sanguis. Certes. Mais je ne me suis jamais tellement penchée sur cela, ça créait des problèmes dans mon couple. Mes quelques polymorphies étaient entièrement instinctives, et ont donnés les résultats que j’espérais, cependant ils n’étaient que temporaire, parce que créé comme tels ; si je deviens apte à changer définitivement une caractéristique, je pourrais modifier mon cerveau pour dépasser le blocage émotionnel, il ne me restera alors qu’à ressentir de nouveau. La traduction est que je dois apprendre à créer les émotions pour qu’ensuite, d’autres puissent les déclencher chez moi. Parfaitement inhumain, mais soit, je ne suis pas en mesure de craindre pour mon humanité considérant que l’on m’a volée sa constituante essentielle : l’âme.

Je vais donc devoir me familiariser avec la manipulation des Sanguis ; contrairement à des choses comme l’Accélération des Processus Biologiques ou la Photosynthèse, ces petites cellules sont entièrement indépendantes de mon système nerveux, ce n’est pas un message électrochimique qui les déclenchera, mais mes processus psychiques ; Biokinésie. Ils sont des milliards, dans mon sang, et expliquent l’altération de la composition de ce dernier par rapport à un être humain normal : avant même l’altération de mes bio-tissus, mon sang était bien plus riche que celui de quelqu’un de normal, toxique pour eux et le leur insuffisant pour moi ; les quantités de plasma, de globules rouges et blancs et de plaquettes sont les mêmes, mais les pourcentages varient à cause de la présence des cellules mutantes. Je sais déjà tout ça, et je lui explique, car l’interrompre pour lui expliquer que je connais les chiffres me fera gagner un temps précieux. Hors donc, je dois parvenir à étendre ma conscience à cette « colonie » de cellules, pour qu’elles réagissent non pas comme des éléments uniquement instinctifs et inconscients, comme la respiration, mais comme des choses conscientes, à l’instar de mes gestes ou, plus exactement, de mes pensées. Mes pensées doivent prendre corps et impacter sur mon physique, littéralement. Noté. En gros, j’active des zones de mon cerveau pour pouvoir contrôler de plus en plus mes fonctions biologiques, y comprit celle de cet organe, consciemment, et je dois en faire de même avec ces petites bestioles. Très objectivement, on est dans la merde.

De l’autre côté, le sermon du Grigori c’est avéré lui aussi assez long, mais moins agressif. Il est juif, pas catholique, ce qui l’éloigne assez des dogmes que Caitlyn a put suivre, mais il n’en est pas moins croyant, malgré tout ce qui lui est arrivé. Il n’a pas conscience de l’existence du Phénix, mais il ne cherche pas non-plus à voir en Dieu quelqu’un de bienveillant ou quelqu’un jouant avec les destinées. Dieu est l’origine, un concept ou une créature telle qu’Il est inapréhendable en tant que tel, et surement bien au-delà des émotions telles qu’on les connait et les ressent. Il n’y a ni à l’aimer ni à le détester, seulement à croire en lui ou pas.

Aucune réponse, ce qui est à mon avis la meilleure réponse puisque la véritable divinité incarnée, nous sommes tenues au secret concernant son existence, et j’entreprends de m’entrainer avec mon alter-égo. Premier point, maitriser les comportements : les Sanguis ont des comportements instinctifs, régit par mon subconscient, qui permettent avant tout de maintenir le corps en vie, et de répondre aux grands troubles : la régénération est la base physique de cela, mais l’adaptation est un témoignage également. J’ai développée une polymorphie parce que j’avais du mal avec mon apparence, donc que ma psyché était perturbée suite à cela, et ils ont tenté de me permettre de palier. Sympathique de leur part. C’est donc sur la maitrise de la régénération et de la polymorphie de je dois me concentrer pour me familiariser avec le contrôle des Sanguis. Elle voudrait se concentrer sur la polymorphie, pour commencer, mais je lui explique que mon passif d’automutilation ajouté à l’état dans lequel je suis me prédispose particulièrement à la première partie ; et puis, cela sera moins coûteux en temps ou en biomasse. Elle n’aime pas du tout cela.

Autant, je parviens à altérer mon apparence, même si cela me demande un effort physique comme mental assez considérable, autant m’empêcher de régénérer, voici qui, après une demi-heure, ne s’est pas produit. Et du côté de l’Autre, elle préférerait franchement que l’on arrête. Soit.

Caitlyn reprend la parole, à l’intention de mon « grand père ». Je suis la meilleure chose qui lui soit arrivée, et l’entendre le dire ne me fait même pas sourire, même pas réagir ; est-ce qu’inconsciemment, ma volonté de commencer par me charcuter n’aurait-elle pas été influencée par un refus de ce que je suis à l’heure actuelle ? Ce serait encourageant, mais malheureusement peu probable. Par contre, ce qui est entièrement probable, c’est qu’on était bien mieux avant que l’on découvre mes origines ; je n’avais pas de racines, en effet, mais au moins elles ne me transmettaient pas leur maladie. Les brûler tous jusqu’au dernier est envisageable, oui, mais nous n’y arriverons pas seule, heureusement nous avons des amis parmi les plus puissants ; pour elle, c’est la colère qui parle, pour moi, un simple calcul réaliste : le meilleur moyen de leur échapper est de les détruire. Je suis consciente que ce n’est pas « moi » que cela, mais je ne suis pas réellement moi de toute façon, à l’heure actuelle. Encore que mon égocentrisme est toujours là. Pourtant, je ne le crois pas génétique, lui.

Franck répond doucement qu’il comprend parfaitement. Il a lui-même déclenché une guerre fratricide pour pouvoir faire croire à son assassinat et disparaitre, couper tout lien avec son père et les autres Grigori. Il a tenté de fonder une véritable famille, et il a échoué. Il les a perdu un à un, mais ils ne se sont jamais trahit, au moins. Nous sommes maudits, non seulement par notre sang, mais aussi par nos actes, c’est tout autant génétique que personnel. Mais quelque part, Caitlyn et moi avons commencées à nous échapper de cela ; la preuve, j’ai les yeux bleus. Et si je réussis à outrepasser cette nouvelle expression de notre « gêne », alors je serais en bonne voie pour échapper totalement à notre malédiction. Quant aux autres Grigori, faire profil bas est la meilleure méthode, après ils ne sont pas tous dangereux, pour peu que l’on accepte leur territorialisme.

Je prends note de cela comme de ce qui suit : l’intérêt de Caitlyn pour la sculpture sur bois. Et oui, c’est bien lui qui l’a fait. Tout, dans cette demeure, et de son ouvrage, depuis les plans de la maison jusqu’à la vaisselle, et la sculpture des meubles lui a prit des années, peut-être plus que la construction elle-même. Même s’il n’a pas de réels outils de sculpture, il a fait de la menuiserie, et il lui reste des outils. Si cela intéresse Caitlyn, il peut aller cherche maillets et ciseaux à bois, ainsi de des râpes et du papier de verre, cependant il faudra se passer de gouges pour les détails, mais avec une bonne habileté au couteau, cela reste faisable selon lui.
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Caitlyn Elioth
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MessageSujet: Re: Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent}   Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent} Icon_minitimeMer 12 Mar - 6:58

J’ai l’impression d’être ici depuis des semaines, mais peut-être n’est ce qu’une question d’une poignée de jours, je ne sais pas. Le lieu est intemporel, je crois que je suis parvenue à une sorte d’équilibre entre éveil et longues périodes où il ne se passe plus rien qui me concerne de près ou de loin. J’avais envisagée jadis avec humour une retraite monastique, c’est ce que je m’efforce de faire à présent, une "retraite". J’en viens à oublier le propre son de ma voix comme j’en viens à m’oublier mais pour une fois, mes pensées elles même ne m’encombrent plus et je trouve un certain réconfort dans ce silence, comme un préface au néant : c’est une bonne chose, c’est même appréciable.

Je ne donne pas l’impression de m’intéresser à ce que fait Amy même si je l’observe à la dérobade, j’ai conscience que je devrais agir autrement, l’encourager, me montrer optimiste pour deux mais…Cette fois, elle m’a perdu, je devrais dire on nous a perdu et mon négativisme est effroyable. Une fois durant longtemps, j’ai été juste après ma résurrection de la part de Rachel dans cet état de nihilisme absolu, ça s’en approche mais teinté d’autres nuances car la souffrance, la colère et la peine sont toujours là.
Oui je l’aime, oui j’aime à en crever et c’est exactement ce que je fais, je renonce, je m’économise pour quand je devrais me résoudre à nous supprimer. Mais une partie de moi, dernier bastion, résiste et me torture…ce n’est pas de l’instinct de survie, c’est de l’instinct d’Amour. Parce qu’il y a des promesses, des promesses qui disent que nous trouvons toujours un moyen de revenir, toujours et c’est là l’unique croyance, l’unique lueur dans les ténèbres qui me tient toujours au monde. Ce n’est plus de l’espoir, c’est une sorte de foi primaire puisque celle que je portais à mon Dieu s’est consumée.

Alors j’attends, je refuse toujours de manger même si je m’hydrate, mes traits se creusent déjà car j’ai cette faculté physiologique de perdre rapidement du poids comme d’en gagner. De profondes cernes sont apparues qui marquent là, un défaut de sommeil évident. Je refuse de dormir à ses côtés ou même dans la même pièce, c’est une torture , j’en arrive à me persuader que c’est une sorte de désintoxication pour parvenir à faire ce que j’ai à faire, je ne devrais pas avoir la main qui tremble quand viendra le moment et pourtant, je sais que je l’aurais déjà quoique j’en dise. Je dors en boule contre un mur, je refuse un lit et je fini par m’écrouler comme une bête à l’endroit où je suis. Mais à peine quelques minutes après, les rêves viennent. Ils ne sont plus comme avant, ils sont différents. Ils sont inédits. On me parle longuement et j’écoute, j’écoute et je réfléchis. Ce n’est pas de la violence, ça s’insinue comme un poison, comme une chose échappée du passé qui viens me ronger l’âme et qui inlassablement me sape en me parlant de vérités que j’occulte. Je veux y voir un reste de conscience, ce n’est pas ça. Il y a réellement quelque chose. J’aurais lutté, jadis, je ne le fais pas et je crois que ça le sait. Alors j’écoute.

Je passe le reste du temps d’éveil à parcourir parfois la forêt enneigée durant quelques heures. Puis je m’installe près de l’âtre de la cheminée dans ce siège que je ne quitte plus lorsque je suis au foyer, avec « Grand père » non loin de moi puisque c’est ainsi que je le nomme dans nos très rares échanges, et je m’adonne à tailler et à sculpter des branches d’arbre que je récolte lors de mes errances. J’y passe l’intégralité de mon temps, murée dans un mutisme morbide et qui glacerait le sang à ceux qui m’ont connu. J’ai une excellente dextérité à l’usage du couteau et un sens artistique très développé, mes découpes sont précises et fines, je crois qu’on pourrait qualifier ça d’ouvrages d’art, en tout cas, l’Ancètre semble souvent s’absorber longuement dans la contemplation de ce que je fais, je lui ai fait une canne entièrement gravée que je dois encore polir : je crois qu’il l’apprécie même si il n’en aura pas forcément l’usage, chose dont je me contrefiche comme de tout le reste.

Ce matin, j’ai eu un long moment de solitude près de la rivière où parfois je viens essayée de me débarbouiller à l’eau glaciale, le froid c’est comme tout…on finit par s’habituer il ne sera jamais aussi intense que celui qui me ronge de toute façon. J’avais à l’aide de mes mains rougies par le froid, aspergé d’eau mon visage et mouillé ma chevelure. Je me suis alors perdu dans le souvenir de cette brosse, cette brosse que je lui donnais parce qu’elle était notre. Son rituel, son privilège, sa façon de s’occuper de moi. J’ai failli en pleurer, je crois que j’ai crié de rage en frappant l’eau d’une façon vaine et inutile, gaspillant des forces qui me font défaut. Sans doute le spectre m’espionnait, j’ai appris à ne plus faire cas de ce genre de chose. Amy(s) lui demande(nt) peut être de m’éviter de me faire du mal, elle connait ma proportion à l’autodestruction. Mais j’ai une dernière chose à faire, ce projet-là elle l’ignore et c’est pour ça que je reste ici.

J’ai essayé de me calmer, j’ai essayé en vain. Alors j’ai pris le mal à la racine. Prenant le couteau du Grigori, je me suis mis à me trancher les cheveux, les couper sauvagement et sans ménagement jusqu’à qu’il n’en reste que quelques centimètres. Voilà. Si il ne reste plus rien à coiffer, il n’y a plus utilité du souvenir ni de la souffrance qui vient avec. C’est ainsi.

J’ai regardé longuement les mèches rousses poussées d’un geste rageur dans la rivière partir dans les eaux bouillonnantes, entrainées vers le néant, j’ai trouvé ce spectacle d’une tristesse absolue et d’une véracité impressionnante : j’ai souvent plaisanté en disant que cette rousseur me définissait, oui, alors ça veut dire qu’effectivement…je ne suis plus rien.

Ça m’a même fait sourire.

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Echo
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MessageSujet: Re: Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent}   Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent} Icon_minitimeMer 12 Mar - 18:48

CAMEO pour Rachel
Les cheveux glissaient, emportés par l’eau glaciale des montagnes vers ce lac à la surface gelée mais dont les eaux profondes restaient, bien que glacée, vivantes. Qu’étaient-ils, si ce n’était des parties mortes d’une personne toujours en vie, deux cent milles fragments de la couleur de la joie disparaissant dans les remous et sous les glaces. Mais cessaient-ils pour autant d’exister ? Cessaient-ils pour autant d’être quant bien même on les avait noyé au plus profond des abysses ?

Ce sourire, ce sourire n’était pas celui de Caitlyn, pas celui de la Caitlyn connue et aimée, c’était celui d’une part d’elle qui avait déjà existée, et qui revenait à nouveau. Par la faute d’autrui, comme toujours. Par la faute de deux des personnes qui étaient sensées aimer le plus Caitlyn, au monde. Mais il n’y avait plus de culpabilité, par rapport à la dernière fois, seulement le vide, et rien d’autre à se raccrocher que la haine face à l’injustice, sachant que peu à peu, elle serait emmurée dans la résolution.

*Tu es ta résolution et toi espoir, tu es ta peine et ton amour.*

Voix fantomatique d’une pensée échappée, raisonnant dans le silence comme la caresse d’un calme vent, souffle d’air aphone mais pourtant présent.

*Tu oublies parce qu’il est douloureux de ce souvenir, mais tu aimes encore malgré les tourments que cela te cause.*

Elle apparut en face de Caitlyn, se matérialisant dans sa combinaison rouge, ses cheveux réunis en une tresse et l’ombre ardente autour d’elle. Elle apparut assise, sur l’autre rive, jambes pliées et enserrées de ses bras, et son visage triste était posé sur ses genoux.

*Je ne peux pas vous aider cette fois, parce que c’est un combat de vos cœurs, de vos âmes, non de vos corps. Je suis une intruse dans cette bataille, mais cela ne m’empêche pas de te sentir souffrir, ma sœur.*

Le décor changea, et elles se retrouvèrent dans un lieu familier, une chambre avec un lit si grand qu’il en prenait la majeure partie, et sur ce lit, deux personnes, légèrement vêtues, l’une embrassant l’autre, cette dernière se crispant de tout son corps. Le temps était figé, et elles étaient observatrices décharnées de cette scène de leur passé.

*Ce jour-là aussi, votre amour était « inaccessible », ce jour-là aussi, il y avait un obstacle. J’étais cet obstacle et regarde combien j’ai dû lutter contre lui, pour qu’il ne me domine pas.*

Tous les signes physiques trahissaient les habitudes d’un être qu’un autre refusait, et là où les yeux auraient dus être clos, les paupières étaient crispées, là où la mâchoire aurait due s’entrouvrir, elle était serrée, là où les bras auraient dus s’élancer pour enlacer, ils étaient paralysés.

*Vois combien il est fort, au point que l’une de ses expressions les plus simples puisse me pauser difficulté. Et vois aujourd’hui, vois combien cette force n’a pas changée, juste que vous ne pouvez voir la lutte qu’elle exerce.*

Le décor changea à nouveau, et elles se retrouvèrent sur une plage, une longue et large plage, avec un pont en arrière plan.

*Tu m’as offert cet endroit pour que je me souvienne combien j’étais aimée et ce que des personnes comme toi étaient prêtes à faire pour me voir sourire, et j’ai voulut le partager pour que tu sourisses à nouveau. Mais nous ne resterons pas aussi égoïste.*

Des rires d’enfants, des appels de parents, différents couples au loin regardent leur progéniture courir dans le sable, et vers la mer. Ce ne sont nullement des couples sans histoire, ou même lambda, l’un est composé d’une mutante et d’un humain, l’autre de deux femmes, et malgré toutes les différences, deux petites filles en bas âges jouent ensemble, courant vers le reflux pour fuir le flux et sa fraicheur, à leur plus grand amusement à tous.

*Ce n’est pas le futur. C’est un futur. Ce sont vos choix, vos réussites et vos échecs, qui lui permettront d’exister, ou pas. A vous de vous battre pour qu’il advienne.*

Le décor revint à la normale, Rachel regardant le cours de l’eau emporter au loin les morceaux de kératine.

*Tu as coupés tes cheveux parce que tu crois n’être plus rien, mais ils repousseront. Tout comme à nouveau, tu sauras ce que tu es.*

Se levant, le Phénix traversa la petite rivière, ses pas de ridant nullement l’eau, pour venir s’agenouiller devant Caitlyn, et la regarder dans les yeux.

*Même maintenant, vous êtes toujours une. Tu es la partie qui se raccroche à l’amour mais oubli peu à peu son souvenir, et Amy celle qui se raccroche aux souvenirs car on l’empêche de ressentir son amour. Mais ils sont toujours là, tous. Il vous faudra le temps pour éroder et détruire l’obstacle, mais cela arrivera. Vous êtes les deux faces d’une même pièce, complémentaires et liées.*

L’image de la cadette se dissipa lentement, laissant un dernier vœu : souris, Caitlyn. Mais ne souris pas parce que tu as atteint le fond, souris parce que même dans cette noirceur, tu es encore toi. Et que tu t'en sortiras, comme toujours.
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Amy de Lauro
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MessageSujet: Re: Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent}   Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent} Icon_minitimeJeu 13 Mar - 14:39

Les jours sont courts et les nuits sont longues, ici, et l’isolement du monde fait rapidement perdre la notion du temps. Mais plus que la notion du temps, c’est de ce dernier que je ne veux pas perdre, envers et contre tout. Caitlyn ne mange pas, même si elle s’hydrate, ainsi donc ai-je entre quatre et sept jours avant qu’elle ne meure, fonction de sa résistance physique comme face aux conditions climatiques et à l’altitude. Cette donnée est suffisante pour que je ne dorme plus, de toute façon elle aussi tente de confronter le sommeil et ce n’est qu’une fois qu’elle s’est effondrée quelque part que je peux la porter jusqu’à un lit, et repousse les limites de mon corps, quel qu’en soit le coût. Je guérirai, quoi qu’il arrive, je guérirai de ce que je m’infligerai.

Mon corps change, mais j’arrive à compenser mes pertes par des gains, même si ma faiblesse commence à se faire sentir. Nous passons nos journées en extérieur pour pouvoir faire de la photosynthèse tout en m’entrainant, avec l’Autre, mais la biomasse que je produis ne suffit pas à remplacer celle que je consomme, et mes réserves ont disparue en deux jours et deux nuits. Je crois que j’atteins les limites du fonctionnement de ma partie humaine, cela ne m’était jamais arrivé. J’avais peur d’atteindre mes limites car la mutation risquait de les repousser comme toujours, et cela serait dommageable d’une façon ou d’une autre, mais maintenant que je me donne complètement à elle, c’est mon corps qui n’évolue pas assez vite. Tant qu’il ne lâche pas, cela va. Et de toute façon, il est probable que celui de Caitlyn lâche avant. C’est une course contre la montre dans un lieu hors du temps… C’est peut-être un beau lieu pour mourir, mais il n’y aura pas de belle mort en ce lieu.

Je m’écroule en arrière en poussant un lourd soupir, ne cherchant même pas à reprendre mon souffle. Le soleil est encore haut et je tourne mon regard voilé vers lui, histoire d’absorber autant de lumière que je peux. Je bois beaucoup, à même la rivière ou le lac généralement puisque de toute façon c’est de là que proviennent les eaux de la maison ; si l’on remonte suffisamment dans la montagne, on peut trouver la source, au moins une fois par jour, Franck y va pour en ramener, mais mon second estomac me protège d’éventuels désagréments suite à la consommation d’eau non potable, donc je m’en moque complètement. Néanmoins, l’attention pour Caitlyn est notée, et je lui en suis gré. Dommage que le seul Grigori à avoir un comportement réellement familial soit sur la fin et complètement isolé du monde, et que je le rencontre durant une période où je ne puis rien éprouver ; peut-être que, pour une fois, j’aurai eut le sentiment d’avoir une famille de sang.

En parlant de sang, j’en crache un peu dans la neige, à mes pieds. Je suis épuisée et n’ai même plus assez de biomasse pour guérir des coups que je viens de recevoir. L’Autre m’a sommée d’arrêter, je lui ai dit qu’elle n’avait qu’à essayé, et elle l’a fait. Je n’avais encore jamais affronté d’être aussi rapide que moi, et le duel aurait été plus serré si j’avais été en meilleur état. M’enfin, je suis vaincue, donc elle a gagnée sa pause. Et j’ai gagné une bonne introspection : depuis quand suis-je devenue aussi violente ? Depuis quant faut-il de la violence pour m’arrêter ? La réponse est simple : l’Institut et ce que j’y ai vécu. Je n’étais pas populaire lorsque j’y suis arrivé, mais je n’étais pas non plus rejetée de la société, et en voulant « m’apprendre à m’intégrer », en voulant accomplir l’Idéal Xavier, ils m’ont changée en son exact opposé. Un nouveau point commun avec Sanzo, un nouvel échec. Pourtant, j’ai aussi ma part de responsabilité, puisque c’est moi qui ait voulut devenir X-Men. Ou plutôt, nous. Avec Caitlyn. Les choses auraient-elles été différentes si nous avions été moins connes et idéalistes ? Si nous n’avions voulut tout réussir et faire quelque chose de plus réaliste, de plus accessible, de nos vies ? Questions inutiles puisque de toute façon, nous étions déjà marquées : elle par son passé, moi par mes gènes. Cette violence est dans mes gènes, ou plutôt ce sont eux qui me poussent à la considérer comme un moyen, quelque soient les nobles idées que je puisse mettre dessus.

Je me laisse tomber en arrière, le contact froid de la neige apaisant mes contusions, et regarde le ciel et le soleil à travers les arbres et les monts. Il serait stupide de fermer les yeux considérant que cette action n’est en rien gratuite, ainsi je ne le fais pas, mais il me vient une autre action gratuite à l’esprit, et j’ignore pourquoi, mais je la fais. Je tends mes bras vers l’étendue bleutée, et ferme mes mains en un ovale, capturant un bout de ciel. Durant un instant, je vois un souvenir, et celui d’après, je sens quelque chose se déverser dans mes veines.

Je les sens exister en moi, les Sanguis, c’est étrange, c’est comme si je prenais conscience de nouvelles parties de mon corps, et je sens les rares qui ont la chance d’absorber de la biomasse suivre le flux qui parcourt mon corps pour s’arrêter là où il est blessé, et entreprendre de le guérir. Alors je me concentre, pour qu’ils ne le fassent pas, pour qu’ils gardent leur paquetage et s’en aille ailleurs, dans mes muscles, afin de les renforcer. C’est l’une des altérations de mon corps les plus simples, renforcer les tissus musculaires, après la création de prothèses temporaires. Mais il m’a fallut presque deux jours pour y parvenir. Et tous n’en bénéficient pas encore. Par déduction, les tissus épithéliaux sont les autres plus faciles à améliorer, tandis que les conjonctifs se complexifient légèrement, et les nerveux sont les plus difficiles. Et dire que lors de ma perte de contrôle et de mon vieillissement accéléré, mon corps les a tous améliorés en même temps, de façon inconsciente…

Je ne le referais pas, et pas parce que je n’ai ni la biomasse ni les infrastructures nécessaires à ma survie, mais simplement parce que les améliorations ne sont que le moyen, non la fin. Je dois comprendre comment modifier mes tissus pour modifier les parties de mon cerveau qui ne fonctionnent plus, et reproduire les hormones nécessaires aux émotions, et seulement une fois que tout cela sera débloqué, j’aurai une chance de ressentir à nouveau.

Je me relève alors que l’Autre s’approche de moi, complètement guérie, et note que je ne l’ai pas fait. Elle n’est pas fatiguée, elle a altéré son rythme circadien pour pouvoir suivre mon entêtement, chose que je ne sais pas encore faire, mais qui étant liée aux productions hormonales et à la pousse des cheveux, entre autres, doit être influençable par les altérations cellulaires, juste que je n’ai pas encore comprit comment. En tout cas, je sais que je dois faire attention avec cela, car plus que le rythme veille/sommeil et la vigilance, ce cycle joue également sur la température corporelle, la circulation sanguine et la production d’urine, donc je dois pouvoir faire du dégât si je l’utilise mal. En tout cas, c’est à cause de lui que je suis épuisée par les Accélérations des Processus Biologiques, cela le dérègle quelque peu.

Je prends la gourde qu’elle me tend et, suite à un remerciement, la porte à ma bouche, prête à la vider entièrement. Cependant, je m’interromps en cours de route alors qu’un goût connu et qui n’a rien à faire là se pose sur mes papilles. Soufflant l’eau hors de ma bouche, je regarde l’impact dans la neige, et y vois ce que j’ai goûté : un cheveu roux, et plus précisément un cheveu de Caitlyn. J’en ai déjà eut plein la poire lors de nos témoignages d’amour, et je n’ai pas oublié leur goût, car je n’ai rien oublié de cela. Cependant, la question qui se pose est plus terre à terre et ancrée dans le présent que cela : qu’est-ce que ça signifie ?

Une personne normale perd, en hiver, 20 à 25 cheveux par jour, mais la probabilité qu’elle en perde un à la rivière pour qu’il se retrouve ensuite dans une gourde est infime. Et cela me fait envisager le pire. Je sprinte, ignorante de la difficulté du terrain ou de l’effort déjà accomplir précédemment, jusqu’au Val d’Eternité, et si ce que j’y vois est moins pire que ce que j’avais envisagé, ce n’en est pas moins très significatif.

Je la contemple quelques instants, ne me dissimulant pas ni mes égratignures, et je vois tout à la fois la partie dont elle s’est amputée et la signification de cela. Il est nombre de moyens que cela revienne à la normal, mais pour ce qu’ils représentaient, ces cheveux abandonnés voir rejetés, n’est-ce pas trop tard. Mon alter-égo arrive et contemple à son tour, mais je n’ai qu’une seule déclaration à faire.

- Andiamo alla velocità superiore.

- Amy, non terrai mai…

- Non importa quale avrò a sopportare, voglio che lei arresta di soffrire,
l’interromps-je en tournant la tête vers elle, avant de porter le coup fatal. Sei venuta per aiutare, farlo o vattene.

Elle baisse les yeux, le visage et les épaules, mais j’avais parfaitement conscience du mal que cela allait faire. Mais son mal ne m’importe pas, et je n’aurais pas l’hypocrisie de prétendre le contraire. Sans doute aurai-je à me faire pardonner, oui, mais d’abord passe Caitlyn.

- Non posso.

- Allora seguimi, ci sono ancora molte cose da fare.


Pourquoi ne peut-elle pas ? Je l’ignore, je m’en fous. Je ne sais même pas comment elle est arrivée ici, mais elle a fait son choix, et j’ai fait le mien. Nous ne reviendrons pas ce soir, ni le suivant, ni celui d’après, nous luterons jusqu’au bout pour que je parvienne à nouveau à ressentir, pour que je parvienne de nouveau à aimer, car mon ancien soleil se fane et se détruire, et cela, je suis la seule qui peut l’arrêter. Et je ferais tout pour l’arrêter.
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MessageSujet: Re: Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent}   Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent} Icon_minitimeJeu 13 Mar - 19:34

Porter la poutre transversale me demande un effort monstrueux, autrefois ça ne m’aurait absolument pas posé de problème, plus maintenant. Je sais que j’ai atteint les limites de mon corps, même si je ne ressens pas la douleur les effets de l’épuisement sont visible, tout comme les effets du manque de sommeil, de toute façon, c’est pire qu’une torture ou peu s’en faut. J’aurai pensé que ne plus la voir m’aurait permis de souffrir moins, de moins sentir ce tisonnier chauffé à blanc sur les braises du mauvais sort plonger sa cruauté injuste dans le cœur à l’exsanguer. Je sais à présent que c’est faux et je sais que rien ne me sera épargné parce qu’ainsi l’absence d’amour s’ajoute l’absence tout court. J’essaye de me dire qu’elle m’abandonne pour mieux revenir, mais je n’y arrive pas. Cette absence est dangereuse parce qu’elle ouvre une porte inédite, une porte dangereuse, celle qui mène à la haine. Et le basculement de l’amour à la haine est rassurant, plus simple, salvateur et plus …pratique. Si je la déteste, il me sera plus facile de la tuer, c’est une logique froide qui me mène à cette conclusion dramatique. Je m’interdis d’y céder mais je sais que tout comme ce corps, ma volonté s’effondrera, reste à savoir qui va céder en premier et ce qui au fond sera le moins destructeur.

Je suis obligée de m’agenouiller alors que je place la poutre en travers de cette large croix sur laquelle je travaille depuis deux jours dans cet abri où Frank stocke habituellement le bois et où j’œuvre tout le jour. J’ai un éblouissement qui me mène quasiment à l’évanouissement, l’épuisement me gagne.

- C’est de la lâcheté, elle se bat, elle.

Mon regard se plisse avant de me tourner vers lui que je devine se tenant non loin des stères de bois, dans une immobilité inquisitrice ou seul perce son regard bleuté. Je replace la poutre en gémissant avant de m’emparer d’un marteau pour en serrer et immobiliser les chevilles de bois.

- Si j’en arrive à vous voir même éveillée, ça craint…

Il sourit avec dédain avant de porter son regard vers le manteau neigeux de la vallée.

- Tu ne sais même plus si tu es éveillée…Tu es mourante, Kathaleen. La frontière entre réalité et rêve s’effondre, tu t’endors parfois…on appelle ça du micro sommeil. C’est la solution que tu as trouvé pour échapper à tout cela ? Mourir d’épuisement ?

Un rire mauvais comme unique réponse, alors que je m’évertue à consolider l’attache du calvaire.

- Vous ne savez pas de quoi il en retourne, vous ne vivez pas ce que je…je supporte.

- Tu veux la tuer mais mourir est plus…simple. Tu ne peux pas te résoudre à vivre ainsi, ni à la tuer : c’est donc le choix de la lâcheté, disparaitre sans avoir à commettre cette horreur qui va te réduire le cœur en cendre car il bat toujours, je l’entends s’accrocher et résister sous tes propres assauts d’autodestruction.

- Vous n’avez pas d’autres personnes à tourmenter ?

- Je ne te tourmente pas…je veux t’apporter mon aide.

- Nous n’avons plus besoin d’aide, personne ne pourra plus nous aider. Pas plus vous que lui.

Je désigne d’une main fatiguée et tremblante, la vaste croix sculptée. Il l’observe un instant avant de s’agenouiller devant moi, plantant son regard froid dans le mien.

- Ultime blasphème d’un temps ingrats ou l’homme devient sourd. Une croix vide…Vide de sauveur, vide d’espoir. Il n’y a rien d’autre qu’un long travail de souffrance et rien pour souffrir cette Passion à part toi, mon enfant. C’est cela que tu veux ? Monter sur ton propre Golgotha non pas par pénitence mais par bravade ?

- Il nous a…abandonné.


- Lui peut être mais pas ton sang. Il y a toujours un chemin Kathaleen, ton aimée le parcours et toi que fais-tu ? Tu geints, tu te lamentes, tu renonces.

- Je suis…épuisée, Adrien…Fatiguée de toutes ces épreuves et de l’inutilité  de …continuer…de lutter…ça ne conduira qu’aux malheurs, chaque épreuve ne nous mène qu’à un nouveau combat…plus rude. Rachel …elle…elle ne comprends pas combien je suis épuisée de tout cela…personne..ne…ne…Je suis si seule.

- Elle l’est aussi, au dehors, mais elle se bat pour te revenir là où toi tu te bats pour l’enterrer.
- C’est faux, je…
- C’est l’entière vérité.
- MAIS JE NE SAIS PAS QUOI FAIRE !!! JE NE PEUX RIEN FAIRE !!!

Il se contente de sourire tout en caressant ma joue d’un geste paternaliste.

- Si…c’est toi qui a la clé depuis le départ. C’est toi qui feras ce qu’il faut. Nous allons régler le problème immédiat et je t’aiderai ensuite à solutionner définitivement le Mal à la racine.
- C’est impossible.
- Tu sais qui je suis, pourtant ?
- Oui….
- Alors ne te poses plus de questions et fais ce que tu dois faire, jeune fille. Tu sais combien la tâche qui nous attend sera compliquée et tu sais ce que tu as à y gagner.
- Vous avez promis…
- Je suis déjà en train de tenir ma promesse, comment pourrais-je abandonner ma famille ? Comment le peux-tu, toi ?


……………………………………………………….



Elle entra, une expression nouvelle sur le visage et un éclat inédit dans le regard, elle scruta le vieil homme avant de s’adresser au vide, posant le couteau à sculpter sur la large table d’un geste lent.

- Je dois manger…Je dois être prête car tout est bientôt terminé. L’aube arrive mais elle se fera avec ou sans nous quand à celui de vous deux qui veux m’empêcher de poser l’épilogue, tuez-moi dès à présent parce que je ne changerais pas mes plans, elle reviendra avec une solution, ou elle mourra ici et cette croix que je fabrique sera notre. Que cela soit dit, écrit et s’accomplisse.
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MessageSujet: Re: Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent}   Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent} Icon_minitimeJeu 13 Mar - 21:28

Tout se passe et tout ce continue, et lui observe ce tout et cette continuité sans y prendre part. Il accomplit sa mission, il obéit à cette Mère si lointaine comme si Elle était toujours présente, comme s’il était toujours sous Son contrôle. Mais de ce fait, ne l’est-il pas ? Telle est sa place, tout simplement. De ce qu’il a comprit, les brebis aussi avaient leur place, mais l’une d’elle a changée pour cette absence d’émotion et cette place c’est brisée. Alors elle la recherche, et l’autre se tourmente. Toute créature a sa place, mais il faut savoir s’adapter aux changements. L’une s’entraine à changer, dans l’espoir de redevenir comme avant, tandis que l’autre le fait, pour ne plus l’être, parce qu’elle n’arrive plus à l’être. A nouveau incohérente, incapables d’accepter leur condition. Etrange.

Mais plus étrange encore, le vieil homme, figure patriarcale humaine en désuétude, lui semble familier. Oh, bien sur, le Héraut le connait, donc le Léviathan et le Spectre aussi, mais c’est une autre familiarité, qu’il ne saurait expliquer. Il n’est pas apparut aux yeux du vieil homme, c’était inutile, les grains d’Essence se divisant suffisamment pour devenir invisible à l’œil nu et l’esprit du Spectre se réfugiant au-delà de la portée des yeux des hommes, sur le plan astral.

Il épie leurs promesses, il épie leurs combats, mais voit et entend surtout leur échec. Il voit ses deux « protégées » se battre et s’épuiser, s’autodétruire malgré la contre-productivité de cela, preuve que même dans leurs rares instants de logique lucide, elles n’en restent pas moins illogiques. Il voit l’une s’effondrer de manque de sommeil et de manque de nutrition, il voit l’autre lutter jusqu’à l’affaiblissement pour, au final, guère plus d’avancement que sa concubine. Pourquoi faire cela ? Pourquoi tant d’efforts à se détruire alors qu’il serait tellement plus simple de poursuivre leur chemin ? De progresser ? Est-ce leurs sentiments qui les maintiennent ainsi enchainées ? Sans doute, mais cela, le Spectre ne peut pas le comprendre, car il n’en a pas. Il conceptualise le principe, tout simplement.

Et il regarde quatre personnes lutter, à leur manière, pour ce simple principe. Et il regarde surtout deux créatures courir à leur perte pour ce simple principe. Leur temps est compté, visiblement.

Des esprits interviennent pour l’une, tandis que l’autre malmène son double doublement d’elle-même. Des fourmis seraient plus cohérentes et organisées. De toutes les espèces de ce monde, les humains sont véritablement les plus étranges et incompréhensibles, même si c’est à cause de cette différence hormonale qu’ils le sont devenus. C’est par la force de sa volonté que cette espèce a put s’imposer, par l’absence de prédateurs, car sinon, ils ne seraient que des proies. Leurs comportements autodestructeurs et égoïstes les destitueraient de leur position dominante, même si leur ténacité leur permettrait sans doute de résister longtemps.

Il a regardé les cheveux se faire emporter par le courant comme une curiosité de ce monde, indifférent au sacrifice que cela représentait, tout comme il a regardées les doubles se battre, alors que le match était joué d’avance et qu’elles étaient sensées œuvrer pour la même chose. Il les a regardées s’en aller et à vu que cela faisait encore plus mal à celle qui restait là. Il l’a vu accomplir une scène mythologique d’une croyance qu’elle avait déclarée avoir perdue, ne comprenant pas en quoi cela l’avançait.

Il avait regardé les changements, car c’était la loi de la survie, tout simplement. Et les changements semblaient s’accélérer, avec une certaine ironie d’ailleurs : alors que l’une retrouvait la force de lutter, malgré tout ce qu’elle avait enduré, la seconde subissait les conséquences de ses choix, et s’affaiblissait dangereusement.

Tout est bientôt terminé, oui, quelle qu’en soit l’issue d’ailleurs. L’aube arrive, également, mais est-ce une métaphore pour le renouveau ou bien la simple donnée physique qui, effectivement, n’a nullement besoin de deux Homo Sapiens Superior pour se dérouler ? Quant à celui des deux autochtones voulant tenter d’empêcher « l’épilogue », voici qui fait réagir le Spectre. La tuer dès à présent parce qu’elle était décidée à aller jusqu’au bout ? Est-ce une demande ?

L’Essence se déplace autour du salon, où le patriarche est assit sur une chaise et où la protégée a posée son couteau et parle.

- Que cela soit dit, écrit et s’accomplisse.

Il tente de lui expliquer, il tente de lui parler, de la convaincre que les mesures trop extrêmes se résument à les condamner, toutes les deux. Mais il ne peut finir son explication. Le Spectre se matérialise derrière lui, une main plongée dans le thorax au travers du dossier de bois de la chaise, et des chairs également. Il lui suffit de créer des grains d’Essence au niveau de sa main, et le cœur du vieil homme connaitra un disfonctionnement létal.

- La volonté de la protégée s'accomplira.

C’est là sa première apparition dans l’enceinte de cette demeure, c’est là sa première apparition depuis leur arrivée, depuis que ses deux bêtes blessées ont franchi le seuil ; c’est la là première fois que la raison de son existence entre en jeu. Et comme tout être vivant, il est prêt à se battre pour son existence, et à tuer.

- La fin approche, et il n’est que deux issues possibles. La volonté de la protégée s’accomplira car elles s’en sont faites la promesse : plutôt unies dans la mort que séparées dans la vie.

Retirant son bras, le Spectre se redressa face à la femme, la regardant droit dans les yeux pour énoncer sa raison d’être.

- Le Léviathan aidera le Héraut à veiller sur ses protégées, quel qu’en soit le moyen.

Se dissipant à nouveau, il reprend sa place d’observateur absent mais omniscient de cette affaire qui semble enfin s’acheminer vers quelque chose. Le patriarche, lui, s’avoue vaincu, et accepte de suivre le mouvement, tout en demandant comment on peut réellement songer à faire cela ; ce n’est pas une preuve d’amour, non, c’est tuer les chances qu'elles auraient put avoir de réussir. Mais il les regardera mourir si c’est ce qu’elles souhaitent réellement. C'est le prix de ce monde : quelques instants de bonheur pour autant de malheur, et malheureusement, on ne se rend compte de ce que l'on n'a avant de leur perdre, et dans notre inexpérience, on préfère le savoir détruit à jamais, pour avoir l'impression de transformer cette défaite en victoire. Quelle victoire y a-t-il à abandonner son amour ?
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MessageSujet: Re: Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent}   Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent} Icon_minitimeVen 14 Mar - 0:42

L’aube approche, j’ai faim, j’ai froid, j’ai mal au corps comme au crâne, je suis épuisée… j’ai échoué. Je me suis battue autant que j’ai put, mais j’ai échoué. J’ai mal gérés mes efforts, ou mon temps, je me suis imposée des rudesses qui n’avaient pas lieu d’être… j’ai essayé de m’éprouver au maximum et j’ai tellement bien réussit que j’ai échoué ce qui était réellement important. Sa cape est chaude, elle tient chaud, c’est pour cela qu’elle la gardait tout le temps, malgré sa légère tenue. C’est moi qui en suis drapée maintenant, et je la regarde s’en vouloir sans oser rien dire, même si j’entends parfaitement les tenants les aboutissants : elle s’en veut de ne pas m’avoir arrêtée avant, elle se reproche ce qui est en train de se passer… elle, elle, elle… on dirait moi. C’est ainsi que j’ai réagit lorsque Caitlyn m’a giflée parce que j’avais adopté le comportement d’Emma, en me remettant en cause, oui, mais en restant centrée sur ma personne. Est-ce amusant ? Est-ce agaçant ? Qu’est-ce ? A part l’un de mes traits de caractères et de mes défauts ?

Je n’en sais rien, et cela n’importe pas réellement. Je m’emmitoufle un peu plus dans le long drap, alors qu’elle fait du feu. Elle ne me reproche rien, à haute voix du moins. Mais elle s’attend à ce que je le fasse, hors ne n’en voit pas l’utilité. Ce que j’ai fait est fait, point, je ne changerai plus les choses, alors autant les accepter. Et réessayer quant je serais en état. Si j’arrive à le redevenir. Je n’ai plus de biomasse, je n’ai plus de force, et la seule chose qui fasse que je tienne encore assise est l’arbre qui se trouve dans mon dos. Je la regarde sans un mot, cette autre Amy, cette autre Teresa, cette autre moi qui a réussit là où j’ai échouée. Mais cela lui a prit des années, alors que je ne disposais pas d’une semaine. Elle a beaucoup de choses que je souhaiterai avoir, à l’heure actuelle, mais il est une chose qui fait que même maintenant, j’accepte mon sort et le préfère au sien. Caitlyn. Elle n’a jamais eut de personne comme ma femme dans sa vie, elle n’en aura jamais car il n’est qu’une seule personne ainsi et c’est Caitlyn. Et même maintenant, même après tout ce que je lui ai fait subir, ou plutôt pour décentrer les choses de mon nombril tout ce qu’on a subit, elle continue de m’aimer. Je me souviens, je me souviens à la perfection de chaque moment, de chaque instant. Depuis les plus insolites jusqu’aux plus tendres, depuis ceux combinant ces deux qualités jusqu’à ceux n’en ayant aucune… je me souviens. Je n’ai plus que cela. Mais je n’arrive même pas à ressentir l’amour que j’avais alors.

L’arrière de ma tête heurte la souche, alors que mes yeux se ferment peu à peu, contre mon gré, mais je n’en puis plus. Je me suis interrogée sur qui, de mon corps ou de ma volonté, cèderait le premier, j’ai la réponse. C’est cette réponse que je cherchais à atteindre, et j’étais en bonne voie : mon corps et ma volonté ne font qu’un. Ainsi cèdent-ils ensembles. Je n’arrive même pas à ressentir quelque chose face à cette constatation, je n’arrive même pas à être triste ou désolée. Mais je pense à Caitlyn, je me dis que si elle s’est montrée plus endurante que moi, comme bien souvent, sa volonté cèdera si je cède également. Si son corps ne l’a pas déjà trahie, je le fais moi. Et je le constate, sans rien de plus. Au moins puis-je considérer mon sort comme adéquat : je n’arrive plus rien à ressentir à par ces maux qui s’attaquent à ma chair, alors leur cumul est naturel.

Mes yeux se ferment et je tombe lourdement, j’entends ma voix m’appeler. Amy, Amy… j’aimais bien Tessa, aussi, même si personne ne m’a jamais appelée ainsi. Je crois même que je préférais Tessa… Ca me convenait mieux, comme Emilie pour Caitlyn, celle qui aime…

***
Le néant, toujours le néant. Noir, infini, absolu. Je suis nue dans le néant, nue et seule. Je ne croyais plus jamais être seule, plus jamais de ma vie, mais finalement… Que valent nos espoirs face aux ténèbres ? Que valent nos vies dans cette désolation qui termine toute chose ?

J’ai face à moi un unique miroir, je ne peux en voir les contours, mais je sais qu’il est là, car j’y vois un reflet. Un reflet que je ne puis appeler mon reflet, car voici bien longtemps que je ne suis plus ainsi, et que j’ai appris à accepter ce nouveau moi. Mais je n’ai jamais occulté l’ancien ; est-ce pour cela qu’elle me fait face ? Je suis Amy de Lauro tout autant qu’elle, je suis même devenue plus que je ne l’étais à l’époque, Amy Elioth de Lauro. J’ai liée mon âme éternelle à une autre dont je veux partager l’existence mortelle et immortelle, mais ne l’ai-je jamais possédée, cette âme ?

L’Ombre, l’Ombre dans le Néant.

Je me souviens, je la vois, rampante dans mon dos, serpentant le long de ma jambe en déclenchant un frisson d’effroi, s’enroulant autour de mon torse pour atteindre la chose que je partage avec la personne qui m’est la plus chère au monde. Elle est sur mon reflet comme, elle est sur moi. Je la laisse faire, de toute façon, elle a déjà tout prix.

C’est un paradoxe, je sais que je ne suis plus cette Amy, mais ce qui lui arrive m’affecte encore, son héritage est mien, quand bien même elle l’a toujours ignorée. C’est l’héritage d’une lignée maudite, une lignée qui s’est entretuée à cause de lui comme pour lui, une lignée dont les rares membres ayant essayés d’échapper à cette fatalité ont tous échoués, par leurs choix et leurs erreurs, par les choix des autres et leur héritage.

Mon cœur bat normalement, voir moins vite qu’à l’habitude ; cela ne me fait plus rien. C’est mon passé, cette chose, je sais qu’il s’est emparé de lui depuis longtemps. Je sais ce que je vais voir. J’ai déjà fait ce rêve, tellement de fois, et je suis consciente de rêver, mais je ne contrôle toujours rien, et je n’essai plus de contrôler ou de combattre, car c’est déjà trop tard.

Ce visage juvénile qui fut mien et est aujourd’hui déformé par un rictus que jamais je n’ai exprimé ou n’aurait pu exprimer n’est plus rien pour moi. Un miroir, c’est un miroir, un miroir qui veut me renvoyer le pire de moi-même, ou plutôt l’exact opposé de ce que j’étais. A quoi bon, puisque je n’ai plus le droit au meilleur ou au pire ?

Je n’ai plus le désir de crier, je n’ai plus aucun désir, pas même celui de mourir. Je l’écoute simplement faire son discours, elle a déjà gagné de toute façon. Ces yeux noirs néants me renvoient à ce qu’il reste de mon âme, de cette chose qui je partageais avec celle que j’aime et qui nous a été arrachées, à toutes les deux.

- Ton sang m’appartient, comme celui de toute ta pitoyable lignée…

Sa bouche parle, ses lèvres parlent, mais ce n’est pas sa voix qui s’en échappe, ce n’est pas ma voix, ce n’est rien qui ne m’appartienne. Cela m’indiffère au plus au point, j’attends jusque que cela se termine, sans rien avoir à redire ou à espérer. Mourir même n’est plus qu’une question de l’ordre du détail. Tout m’est indifférent, car tout ce que j’ai été m’a été enlevé, et n’a plus aucune importance. Tu veux une nouvelle part de moi ? Qu’as-tu laissé pour venir encore réclamer ?

Il tend la main, il me tend la main, il me fait tendre la main ; soit, qu’on en finisse, je tends la main à mon tour et nos deux pressions détruisent simultanément le miroir, mon esprit, cette protection quelconque qu’il a déjà franchie de toute façon. Qu’il suinte, qu’il suinte dans mon rêve, il m’a déjà prit tous les autres, qu’il suinte dans mon crâne, qu’il suinte dans mes chairs, qu’il suinte jusqu’à mon cœur, tout n’est plus que mécanique désormais.

Le nourrisson pleur, et les paroles reprenne, mais ce n’est pas mon cas, j’en suis devenue incapable.

- Je refuse. Je refuse de la tuer.

Tu aurais dû, Sébastian. Tu aurais dû. Tu ne m’as ni sauvé ni épargnée, quoi que tu ais voulut faire, c’est un échec.

- Tes ancêtres pensaient que vous pouviez être sauvés, mais ils ignoraient quelle noirceur ce cachait au fond de vos âmes.

- Chacun… devrait avoir… une chance.

Mes ancêtres sont des cons et j’inclus Sébastian dans le lot, puisqu’il aurait l’âge d’être un grand père, normalement. Ma chance, elle n’est plus d’actualité, et je ne peux en réclamer une seconde, car on ne m’a pas prit que la vie, on m’a prit ce qui la rend vivable, ce qui lui donne de la valeur. Je me suis battue en vain, on s’est battues en vain avec Caitlyn. On aurait méritée notre vie, notre bonheur, mais ce monde est injuste, c’est ainsi. Je l’accepte à présent, le refuser n’aurait de toute façon pas le moindre sens.

La glace se brise et nos mains se saisissent. Je suis damnée par la famille, maudite par le sang, c’est injuste mais c’est ainsi, et ma volonté d’aller jusqu’au bout n’en est que renforcée. Je ne veux plus ni pitié ni mépris, je ne veux plus me contenter de ce qu’il me donnera.

- Je te l’interdis !

- Quant à vos cœurs, vous savez, nous sommes… un.

- Elle vivra ; jamais elle ne connaitra sa famille, mais elle aura une chance de vivre. J’en ai décidé ainsi.

- Aide-moi…

Je reste parfaitement silencieuse, à l’écoute de ma condamnation.

- Je sais que tu es là… Aide-moi… Je ferais tout ce que tu veux…

J’ai dit cela, au comble du désespoir, alors que nous allions perdre Caitlyn, durant la Traque. Faire partie-remise, voici tout ce que j’ai fais. A non, c’est vrai, j’ai fait souffrir Caitlyn, en plus, comme tous les bons connards de la famille d’où je viens.

- Je sais que tu es là… Tu m’as parlé tout à l’heure… Tu n’es pas qu’une voix… qu’une hallucination de mon esprit… Tu es plus, n’est-ce pas ?

Finissons-en !

- J’ai besoin de ton aide… pour accomplir les choses qu’on va devoir accomplir. Le sang des Grigori t’appartient ? Je t’offre le mien si tu nous aide à sauver Caitlyn. Réponds-moi… Par pitié réponds-moi… Je sais que tu es là… tu me veux… voici mon offre…

Nous avons accomplies nos parts du contrat, alors pourquoi es-tu encore là ? Tu t’es servi du Phénix, tu t’es servi de Rachel, d’une amie, d’une sœur, tu as tout prit à des personnes qui me sont proches. Tu es un salopard et tu as fait de moi ta digne héritière, mais qu’est-ce que tu peux prendre encore ?

***
Il fait chaud. J’entends des voix et je perçois des silhouettes, mais cela ne dure qu’un instant. Il y a du bois, oui, mais plus le ciel, juste de lointaines ombres qui veillent, à l’opposée des étoiles sous lesquelles je suis partie. Il y a des souffles, mais ce ne sont plus ceux du vent, ce sont ceux de gens. Je n'ai pas le temps de les reconnaitre que je ferme les yeux à nouveau. Cela n’a pas durée une seconde.

***

Je tiens sa main et elle me tient toujours. Nous n’avons pas bougé. Nous nous fixons, simplement. Tout est immobile. Tout est en attente. Y aurait-il un quelconque bras de fer qui m’échappe ? C’est trop tard, je ne peux plus que lui tendre la main pour le reste, alors pourquoi n’agit-il plus ?

Vas-tu agir à la fin ? Cela ne me fait plus rien, alors tu n’as plus à me torturer. Tu me veux ? Pleine et entière ? Tu as mon âme et mon cœur, alors prends mon corps et mon esprit si cela te chante ! D’un geste vif, j’attire cette version corrompue de mon passé jusqu’à moi, puisqu’après tout je ne dois pas être beaucoup moins corrompue qu’elle à présent. Le choc est violent et nous nous mélangeons. Je suis seule dans les ténèbres, nue et seule, mais ils m’habitent à présent. Mes yeux sont noirs, ma peau est pâle, je suis sienne, corps et âme. Mais cela me permet de voir comme lui, de voir à travers lui.

Une caverne, creuse, souterraine, humide. Une caverne qui s’étend à perte de vue, comme l’estomac de l’enfer, sans sortie ni lumière. Je contemple l’Ombre dans le Néant qui me lie à travers cette vitre brisée dont les éclats ont disparus, je contemple ce serpent de ténèbres, ce serpent qui me lie à un autre être, au loin dans cette cave. Il est à genou sur la roche nue, échine courbée et tête baissée, enchainé du cou, des poignets et des chevilles. Impossible de voir son visage, mais sa taille et sa chevelure sont similaires aux miennes. Je contourne une harpe de bronze dont l’une de ses cordes est rompue, pour m’avancer jusqu’à lui, pour lui faire face alors qu’il est immobile. Lentement, je n’agenouille devant lui, et lui prend la tête entre les mains. Quel est le visage de celui qui a détruire nos vies, avec Caitlyn ? Je l’ignore, et d’un coup sec, je lui brise la nuque.

***
Ma tête roule sur le côté, et j’entrouvre les yeux un instant. Aux lumières dansantes du foyer, je vois le mien, de foyer, je la voix elle, je vois le roux de ses cheveux sur lequel jouent les lueurs flamboyantes et je vois le vert de ses yeux qui mène droit à ce qui reste de notre âme. Je n’ai pas put nous sauver Caitlyn, mais je nous ai vengées. Mes yeux se referment à nouveau.

***
Son corps s’effondre en poussière, alors que je tombe avec lui, fermant les yeux. Une vie pour une vie, justice est rendue. Lorsque je rouvre les yeux, je constate que ma gorge, mes mains et mes pieds sont à leur tour enserrés par ces mêmes chaines qui le retenaient lui. Je tire dessus de toutes mes forces, mais rien. Elles ne bougent pas d’un millimètre. J’ai prit sa place. C’est cela, je l’ai libéré et j’ai pris sa place.

Non. C’est moi. Cela a toujours été moi. C’est moi qui me suis faite prisonnière. Il n’y a pas d’entité, il n’y en a jamais eut. La mémoire génétique m’a transmise cette voix tout comme le génotype Grigori l’a fait de cette vengeance et de cette malédiction, mais ce n’est pas une affaire de dieu, c’est une affaire de mortels.

Tout n’est qu’une allégorie. La peur de mes origines qui me rongent, la peur de mon passé, et le fait que je ne puisse lui échapper ; l’autre Amy. Les protections, qu’il s’agisse des boucliers télépathiques ou de la possession de Rachel, tous insuffisants, car c’est quelque chose qui est en moi, non d’extérieur. Tout, tout a un sens, tout est le fruit de mon subconscient.

Je suis au plus profond de mon subconscient, je suis enfermée en moi-même, et cela me fait sourire. Je suis prisonnière en moi.

Le décor commence à changer autour de moi, alors que la roche prend des allures de chairs et que ces choses qui n’auraient pu être que de simples rainures deviennent veines et artères. Le sang pulse, faisant vivre cette immense prison. Je pense qu’imaginer mon cerveau aussi vide est vexant, mais allons bon, je ne puis en être sur, et puis j’ai un autre problème : la harpe.

C’est glauque. C’est hyper-glauque. Je suis enchainée à quelques mètres seulement d’elle, mes poignets et mes chevilles fondus dans ma chair tendit que mon corps et maintenu par une espèce de… je-ne-sais-trop-quoi et je préfère ne pas le savoir, tandis l’instrument ressemble à un cœur évidé, dont l’un des lambeaux pend lamentablement.

Je me laisse effondrer contre le sol, et clos mes yeux, alors que lentement, je me dissous en lui. Ma conscience parcours mon corps comme mon autre moi m’a apprit à le faire, je suis les Sanguis, je les contrôle. Et je coure le long du système sanguin à la recherche de cette chose qui s’est brisée en moi, puis je m’attèle à la réparer. Les chaires se redressent et se ressoudent, et lorsque j’ai fini, j’arrive à actionner ce petit organe, qui produit une unique note, et je la ressens, cette note. Mais il faut encore qu’il apprenne à fonctionner seul, mais j’ai réussi. J’ai réussi. Caitlyn, j’ai réussi.

***
Je reprends conscience allongée dans un lit, non loin d’une cheminée. D’après sa position dans la pièce, il s’agit de la chambre au-dessus du salon. Je ne bouge pas, profitant de la chaleur des draps et tentant de réfléchir à ce qui s’est passé. Je n’ai pas put comprendre le fonctionnement de mon cerveau par l’intellect, mais l’instinct et l’inconscient l’ont fait, l’un ou l’autre, bref j’en sais rien. Mais je sais, désormais. Par contre, ce que je comprends bien, c’est que la nuit a été assez agitée. Mais ce n’est rien comparé à ce que j’ai déjà put lui faire la dernière fois ; de la fièvre, surement, beaucoup de fièvre au pire. Je me sens toujours faible et j’ai mal au crâne, mais j’ai réussit à l’aimer, durant mon rêve, à nouveau. Et si cela ne me fait pas sourire, c’est uniquement parce que ce n’est pas encore naturellement revenu. Mais le plus important n’est pas là.

Le plus important est à côté de moi, je la sens, je l’entends, et lentement, j’ouvre les yeux, pour la voir.

- J’espère ne pas te faire le coup à chaque fois. Mais nous en revenons toujours, hein ?

La chambre est éclairée, richement éclairée, mes membranes nictitantes commencent à faire le travail, histoire de me requinquer rapidement. Mais c’est vers elle que penche ma tête comme mon regard ; mon regard du cœur.

- Je peux t’aimer, Caitlyn, mais je ne veux pas me forcer à t’aimer. Je veux t’aimer comme avant, je veux t’aimer comme tu m’aimes.

Ma voix est plus douce, moins tranchée qu’elle a put l’être, je la module correctement pour faire savoir que les choses reviennent. Tout est encore bloqué, mais tout existe à nouveau.

- Dis, est-ce que j’aurai droit à un lait au miel une fois que tout ça sera fini ? Et est-ce qu’on pourra le partager ? Enfin… quant je serais guérie quoi.
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Caitlyn Elioth
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MessageSujet: Re: Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent}   Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent} Icon_minitimeVen 14 Mar - 6:58

- La fin approche, et il n’est que deux issues possibles. La volonté de la protégée s’accomplira car elles s’en sont faites la promesse : plutôt unies dans la mort que séparées dans la vie. Le Léviathan aidera le Héraut à veiller sur ses protégées, quel qu’en soit le moyen.

J’esquisse un sourire mauvais en entendant les paroles de cet allié inattendu, ainsi depuis le début Sébastian avait été clairvoyant concernant notre démarche. Je suis maudite, depuis toujours j’ai scellé mon sort dans cet avion en commettant parricide et matricide, mon sang est maudit mon âme est corrompue de cette noirceur qui m’épouse et qui ne m’a jamais réellement quitté. L’Amour n’était qu’une échappée belle, une formidable ascension jusqu’à la chute finale et une fois n’est pas coutume, je reste celle qui doit ramasser les morceaux, recoller ce qui est brisé pour lui donner bonne figure. Alors oui, j’offrirais le service funéraire de notre union, seule et violemment veuve dans les sens du terme. Je tire une chaise avec lenteur avant de m’y effondrer, le visage définitivement fermé.
- Lorsque le moment viendra, je te le ferais savoir et après…tu t’occuperas de moi. Près de la rivière en amont, il y a une sorte de clairière où une fois j’ai vu un loup…Nous nous sommes observé mutuellement longuement dans une étrange indifférence en un instant hors du temps. C’est là que tu enterreras nos corps avant d’y placer cette croix que j’ai façonnée et ouvragée. Tu demanderas au Héraut de disposer de nos biens équitablement entre les personnes que nous aimions…il saura quoi faire. Tu lui diras aussi que…que je suis désolée de n’avoir pas pu faire plus…pour l’aider.
Je passais ma main dans mes cheveux si courts à présent avant de soupirer longuement.

- Grand père…Vous n’êtes pas une mauvaise personne c’est pourquoi j’espère que vous comprendrez mes mots. Vous dites que les mesures extrêmes sont entachées d’un choix définitif absolu et terrifiant mais notre amour est extrême et absolu tout autant. Je ne peux l’abriter seule et à jamais parce qu’il se meure. Ce que je sais…tout comme je sais qu’après cette nuit, un autre jour viendra, c’est qu’elle ne peut pas vivre sans m’aimer où elle se perdra dans la monstruosité de sa nature et ce que je sais aussi bien qu’après ce jour viendra une nouvelle nuit, c’est que sans que je sois aimé par elle, je cèderais à cette noirceur qui m’a toujours tirée vers elle. Cet amour n’est pas une valeur ni une force, c’est cette essence qui nous tient toute deux comme nous rêvons de l’être : meilleures et fortes. C’est l’oxygène qui nous empêche de suffoquer par nos natures et nos destinés funestes…c’est une étrange mutation qui a fini par nous définir et régenter nos existences. Nous n’avons gagné notre humanité qu’en nous aimant l’une et l’autre et sans humanité, cette vie n’a pas lieu d’être.

Je sais pour voir bien au-delà de ce que mon regard peut voir que vous comprenez tout cela, vos choix ont jadis été tout aussi extrêmes que les nôtres, vous êtes déçu et aigris de cette vie, vous avez renoncé. Mais moi j’aime assez ce que nous étions pour ne pas le voir faner et s’éteindre, pour un jour occuper votre fauteuil. Alors vous écrirez notre histoire Grand père et vous la rangerez dans vos dossiers. L’histoire de deux amantes que l’amour tenait tellement qu’il a transcendé la destinée pour échapper à la logique de votre foutue famille. Je vais sauver le bon en nous en nous supprimant, je vais nous rendre véritablement éternelles et à jamais unis. Parce que…je l’aime à en bruler un univers.


…………………………………………………………………


D’un geste brusque je retire ma main en gémissant.

Ce n’était pas grand-chose, pas grand-chose à vrai dire vu son état. Mes doigts serrés sur sa gorge alors qu’elle se débat, fiévreuse. Non, ce n’était pas grand-chose pour venir à bout d’une telle combattante. Juste assez de pression pour lui écraser la trachée et pouvoir la retourner pour lui arracher les ailes. C’était suffisant pour la tuer. Mais sa peau est chaude, sa peau que j’ai embrassé à en perdre la tête, sa chair que j’ai inondé d’amour.
J’aurais dû en finir ici mais dans cette pièce, seule et penchée sur elle, je ne le peux pas.
Cet Amour est si violent qu’il en finit par se protéger de nous, comme une sorte d’entité. C’est la leçon de tout cela, mon abnégation, mes résolutions, ma force s’efface devant lui. Je ne peux pas en finir ainsi. Mes lèvres s’entrouvre pour appeler le Spectre et achever la besogne que mon corps refuse de faire et que mon âme se révulse à concéder.
Mais aucun son ne sort, elle reviendra…elle revient toujours. Alors je vais attendre ici, à la sortie pour savoir ce qu’il en est. Ce n’est pas de l’espoir, c’est autre chose. C’est la foi. Son sommeil est agité, elle lutte, sans doute seule où moi je ne peux aller. Je lui dois de la laisser faire un choix, c’est son amour aussi, quoi qu’il en soit, c’est aussi à elle d’en décider. Je ne peux pas l’éteindre égoïstement, je lui proposerais de mourir. Mon choix est fait.

Les faces d’une même pièce, je ne suis pas seule jusqu’au Golgotha, nous sommes deux. D’un geste vif, je m’empare de cette croix qui repose sur son plexus et je l’enserre en fermant le point à en faire blanchir les phalanges, m’agenouillant auprès du lit en fermant les yeux en murmurant comme une litanie.

- Notre Père, Qui es aux Cieux, Que Ton Nom soit sanctifié, Que Ton Règne vienne, Que Ta Volonté soit faite sur la terre comme au ciel, Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour, Pardonne nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés, Et ne nous laisse pas entrer en tentation, Mais délivre-nous du mal, Car c'est à Toi qu'appartiennent : le Règne, la Puissance et la Gloire, Pour les siècles des siècles.

………………………………………………………………………

Je n’ai pas lâché cette relique même si mes lèvres ont renoncé. Ce n’est pourtant pas Dieu que je priais par cette litanie surgie du passé, c’était une longue prière à nous même, adressée à notre Foi pour la guider dans nos ténèbres. Je suis toujours accroupie contre le mur du coin de la pièce, recroquevillée et brisée, mais serrées enfermant mon trésor entre les genoux. Mon regard croise le sien alors qu’elle s’éveille mais je reste cloitrée en une solitude extrême comme une cariatide en attente.

- J’espère ne pas te faire le coup à chaque fois. Mais nous en revenons toujours, hein ?

Ce n’est pas si simple, ce n’est pas si définitif. Je me contente de redresser la tête et l’appuyer contre le mur, le visage toujours aussi inexpressif. Une partie de moi se réjouis, l’autre est devenue froide comme si le métal rougit sur l’enclume avait fini par refroidir pour devenir indestructible.

- Je peux t’aimer, Caitlyn, mais je ne veux pas me forcer à t’aimer. Je veux t’aimer comme avant, je veux t’aimer comme tu m’aimes.

Une expression douloureuse passe sur les traits de mon visage alors que quelque chose remue en moi.

- J’aimerai aussi.

Ma voix n’est qu’un murmure sans force. Comme je l’aime ? Je ne sais pas, tout est vraiment confus, douloureusement confus à présent et je ne sais pas comment agir.

- Dis, est-ce que j’aurai droit à un lait au miel une fois que tout ça sera fini ? Et est-ce qu’on pourra le partager ? Enfin… quant je serais guérie quoi.

Elle m’arrache un bref sourire alors que je me frotte la tête nue en un geste de fatigue.

- Tu ne pourras jamais être aussi chiante que moi.

Je laisse un bref silence avant de soupirer.

- Tu sais…tu n’es pas la seule à être… « parti ». Je ne sais plus où j’en suis Amy…Je ne sais plus du tout. Je crois que je suis allée trop loin…toute seule. Je me suis perdue. Je suis désolée de ne pas avoir été à la hauteur. Je ne sais plus…où est l’amour…

Il est en toi, c’est une évidence qu’Adrien m’avait murmuré Jadis. Il est en moi parce que j’ai cette clé.

- Je voudrais te montrer…t’apprendre mais..mais…

La nature…la nature même. Mes propres mots me reviennent en tête, ceux que j’ai prononcés à Frank. « Cet amour n’est pas une valeur ni une force, c’est cette essence qui nous tient toute deux comme nous rêvons de l’être : meilleures et fortes. C’est l’oxygène qui nous empêche de suffoquer par nos natures et nos destinés funestes… ». Il est en toi, c’est une essence....Partager un verre de lait...ressentir pour elle et lui...la rallumer comme une bougie. Ma bouche se plisse sous la surprise alors que mes yeux se font surpris et reprennent une vigueur inédite.

- Par le sang Du Christ !!! Je sais ! Je sais comment le retrouver et comment te le redonner !

Je lève la main alors que mon regard bleuté prend cette couleur surnaturelle, et le phasage s’opère s’arrêtant au poignet.

- Ma vraie nature…une émotion pure…je peux la partager à défaut d'un verre de lait
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Amy de Lauro
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MessageSujet: Re: Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent}   Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent} Icon_minitimeVen 14 Mar - 14:21

- Tu ne pourras jamais être aussi chiante que moi.

Sarcasme ou reconnaissance d’un fait avec autodérision ? Je ne sais pas, mais je lui réponds tout de même, car que ce soit l’un ou l’autre, cela appel une réponse, et je choisis volontairement le ton de la plaisanterie.

- Qu’est-ce que tu en sais ? Tu m’as jamais vu malade, et j’ai été à très bonne école de chiantise.

Peut-être le moment n’était-il pas le plus opportun à une telle phrase, considérant sa position et surtout son soupir ; elle est épuisée, cela ce voit, cependant est-ce cet épuisement qui la maintient accroupie contre son mur ou bien est-ce la souffrance et la gravité de la situation ? Je ne les ressens pas, et quant bien même mon comportement se rapproche de la norme par volonté, je ne suis pas encore redevenue « moi » ; je suis entrain, en évolution. Et elle ?

Elle est partie, oui, je me souviens, je comprends également, et je sais que les souvenirs de ce qui c’est passé ici ne seront pas des plus agréables, pour aucune de nous. Mais elle s’est perdue, surtout. Pas être à la hauteur ? Voici qui est une ineptie. Mais ne plus savoir où est l’amour… Son corps a tenu, son cœur pas.

Ça me fait quelque chose, indubitablement, mais la douleur et la tristesse sont bien moindre qu’elles devraient, alors je les amplifie. J’y suis arrivée trop tard, et l’on a perdu. Je ne peux m’empêcher de me dire que je suis la mieux lotie des deux, mais c’est faux, car je vais me torturer l’âme pour me punir, même si c’est stupide et illogique, tandis qu’elle… elle en fera de même, comme toujours, si prompte à se condamner mais jamais à ce pardonner. Si notre amour doit être enterré ici, qu’il ait au moins de belles funérailles, avant que l’on reparte vers les autres personnes qui comptent. Elles seront surprises, oui, mais cela ne changera rien. Kaya se réjouira surement de pouvoir se montrer enfin indispensable, d’enfin pouvoir essayer de prendre ma place dans le cœur de Caitlyn, tandis que Rachel voudra lutter pour arranger les choses, pour sauver notre monde à défaut de sauver le monde. Kaede ne comprendra pas, elle suivra le mouvement comme toujours, tandis que Jade nous crachera à la gueule que ce n’est pas possible, qu’elle nous connait et qu’elle nous a suffisamment observée pour savoir. Jubilee tentera d’aider, de recoller les morceaux, non pas entre nous, mais de chaque côté, pour peu qu’elle accepte encore de le faire avec Caitlyn, et Ororo jouera son rôle de mère, partagée entre le contentement et la tristesse d’avoir eut raison et une pointe de désespoir de voir que même un grand amour qui a pourtant résisté à des atrocités a été vaincu. Pita et Kyle, j’ignore ce qu’ils feront, mais Sébastian ne dira rien, ne fera rien, car ce sont nos choix, il n’a plus à essayer de nous tirer d’un côté ou de l’autre, même si ça lui déclenche des hémorroïdes. Et étrangement, la seule personne avec qui j’aimerai en parler, à qui j’aimerai me confier, n’est pas dans toutes celles-ci. Je ne sais même pas où elle est, d’ailleurs.

Je sens la larme finir par couler le long de mes tempes, alors que je me suis recouchée, yeux clos, comme une morte sur son lit de mort, en attente du linceul ; car c’est, en quelque sorte, ce que je vais devenir. Elle aurait voulut me montrer et m’apprendre, me remontrer et me réapprendre, mais c’est trop tard. Et ce n’est pas une chose que je puis faire en autodidacte, ni ressentir seule.

- Par le sang – oui, c’est là que réside nos malédictions, dans le sang ; celui qui coule dans mes veines pour moi et celui que tu as versé pour toi. Néanmoins, il ne peut en rien nous aider – Du – tu as dis avoir reniée ta religion – Christ !!! – alors cette simple expression n’a plus aucune autre valeur que celle de ta surprise, que je ne vois mais peut entendre – Je sais ! – je rouvre les yeux et me tourne vers toi, contemplant tout d’abord ton amorce de geste, puis surtout, la couleur de tes yeux, et leur crépitement – Je sais comment le retrouver et comment te le redonner !

Son poignet phase, et je ne m’interroge même pas, essayant juste de me redresser. Je suis capable de porter plusieurs fois mon poids sans effort, et pourtant, pour ce simple geste, je dois en accomplir un, d’effort. Je prends la couette avec moi, la gardant collée contre ma peau pour me tenir chaud, et prenant note de ma quasi-nudité au passage – chose logique considérant l’état de mes habits, mais je prendrai cependant la peine de demander qui me les a ôtés, histoire de savoir si j’aurai un regard à éviter, plus tard. Néanmoins, cela n’est pas le sujet principal, et j’écoute Caitlyn me parler de sa « vraie nature » et de partager l’émotion pure.

- Si tu penses réellement à un processus d’union bioélectrique, mon corps ne tiendra pas la charge, surtout pas dans l’état où il est. Mes… mes chances de survie sont… approximativement les mêmes que si… on me passait un câble haute-tension à travers le corps. Sans variation… de la puissance ou de la tension… que tu génères… tu restes aussi dangereuse pour moi… que pour n’importe qui. Excuses-moi…

Les larmes coulent abondamment, maintenant, et les sanglots se forment, ainsi dois-je à nouveau me concentrer pour arrêter les processus biochimiques en cours, sans quoi la tristesse et la douleur continueront d’augmenter alors même qu’elles n’ont plus lieu d’être ; pas ainsi, en tout cas. Je reprends la parole aussi rapidement que je le peux, mais cela me prend plusieurs secondes alors que j’arrête de manifester la moindre émotion, retrouvant un calme parfait.

- J’ai étudié ton système nerveux, grâce à l’aide de Moïra, et grâce à Teresa, je pense pouvoir altérer mes tissus nerveux pour leur conférer des propriétés de redirection électrique comme les tiennes, cependant cela me prendra des semaines, voir des mois.

Je déglutis car je sais que si elle a déjà perdu notre amour en une semaine, il ne sert à rien d’essayer de s’entêter dans celles à venir.

- Cela fait remuer beaucoup de choses ce que tu me dis là, mais ce n’est nullement sécurisé et nous n’avons pas de moyen de le faire dans l’immédiat.

Je cligne de nombreuses fois des yeux, la fatigue et la fièvre embrumant mon esprit et parasitant mes réflexions. Je ne soupire ni ne crains avoir détruit son espoir, mais essai de la regarder pour savoir si, oui ou non, je viens de tuer l’un des derniers soubresauts qui s’agitaient pour moi.

- On va trouver un moyen, je te le promets, ajoute-je lentement, pour essayer de sauver les meubles.
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MessageSujet: Re: Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent}   Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent} Icon_minitimeVen 14 Mar - 22:32

- Lorsque le moment viendra, je te le ferais savoir et après… tu t’occuperas de moi. Près de la rivière en amont, il y a une sorte de clairière où une fois j’ai vu un loup… Nous nous sommes observé mutuellement longuement dans une étrange indifférence en un instant hors du temps. C’est là que tu enterreras nos corps avant d’y placer cette croix que j’ai façonnée et ouvragée. Tu demanderas au Héraut de disposer de nos biens équitablement entre les personnes que nous aimions… il saura quoi faire. Tu lui diras aussi que… que je suis désolée de n’avoir pas pu faire plus… pour l’aider.

L’autre protégée, ou le Héraut lui-même ? Les instructions sont notées mais des questions sur les sens possibles des paroles proférées sont nombreuses, et le Spectre doit envisager toutes les possibilités. Exercice intellectuel, mais également destiné à savoir comment s’adapter aux mieux à l’incohérence potentielle et à la marge d’erreur ainsi créée. Les pensées humaines sont tortueuses et confuses, il le sait, il le sait pour avoir déjà pénétré un cerveau humain et écouter, et il sait également que toutes les créatures de la Mère sont différentes. Ni humaines, ni animales, ni même végétale car à défaut de réelles pensées, cette catégorie dégage aussi de l’énergie astrale.

Une longue explication à destination du patriarche, pour lui épargner des sentiments désagréables, sans doute, ou se déculpabiliser, car s’expliquer n’est pas nécessaire, du point de vu du Spectre. Mais peut-être est-ce là toute la saveur de cette incohérence : c’est son absence de nécessité et les complications qu’elle apporte qui rendent l’existence intéressante. Pourquoi pas, car après tout, les humains viennent au monde pour y mourir, et ils n’ont pas de rôle précis dans un quelconque cycle à part leur propre existence. Sans doute serait-elle bien morne, sans cela.

Il écoute la définition de l’amour, voir de l’Amour, mais ce n’est pour lui qu’un symbiote : il retire quelque chose de ses porteurs tout en leur offrant autre chose en échange. Il parvient même à ce rendre indispensable.

Le patriarche acquiesce et se rend la parole de la protégée, il écrira leurs histoires et les enterrera selon son vœu, mais il ne s’en détourne pas moins. Le Spectre, quant à lui, reste circonspect face à la puissance de cet amour « à en bruler un univers ». C’est donc une chose aussi dangereuse qu’irréaliste. Mais c’est indispensable pourtant. À l’instar de l’espoir.

***
Cela y est, la plus jeune des protégées a cédé face à ses efforts, et l’autre la ramène ; trempée, blessée, gelée, affamée, et même contaminée, elle a réussit son échec de façon magistrale. Son alter-égo la porte sans peine jusqu’à l’une des chambres, alertant la maisonnée, et l’y dépose, ôtant les habits endommagés. Un lit, des draps, des discussions, rien d’intéressant ou d’imprévu. Ils s’affolent mais le pronostique vital n’est pas engagé. Elle s’en remettra, et lorsqu’elle sera à nouveau en état de faire sa photosynthèse, elle guérira, c’est là son adaptation particulière que les humains nomment mutation.

Le couple est laissé seul, et l’ainée finit par passer à l’acte ; s’il était capable d’impatience, le Spectre s’en réjouirait, mais ce n’était pas le cas, pas plus qu’il n’était capable de se réjouir. Cependant, il est apte à comprendre et à réfléchir, et lorsqu’il voit l’alter-égo réagir à la strangulation, il se matérialise devant elle pour l’empêcher d’intervenir. Il ne le fait pas sous sa forme d’Essence, non, mais devient trois créatures qui encerclent la jeune femme, lui barrant l’accès aux escaliers comme à ses points de fuite. Des canidés comme ce monde n’en a jamais vu, exempt de poils et dont la peau était faite de chairs à vif durcies dans des couches protectrices, atteignant presque le mètre au garrot pour trois fois plus de la tête à la queue, la seconde prenant un tiers de leur longueur et les deux extrémités plus proches du lézard que du loup. Leurs feulements font s’immobiliser l’assaillante, et leurs positionnements comme leurs masses lui font comprendre les dégâts que peuvent faire un combat entre eux à l’intérieur d’une aussi fragile maison. Le patriarche intervient pour tenter de calmer le jeu, mais c’est l’arrêt de la strangulation qui fait s’arrêter l’alter-égo, et les créatures retournent à l’état d’Essence alors que le Spectre s’en retournait à son observation silencieuse.

Ce n’est pas encore finie, visiblement l’ainée n’a pas la force de tuer sa cadette, et elle ne l’a pas appelé pour se faire. Ainsi donc l’affaire se poursuit, cependant les choses ont changé : plutôt que de réussir ce pourquoi elle s’est tant tourmentée jusque là, la protégée abandonne également ce qu’elle avait renié, revenant à la prière et à la vénération de cette entité suprême qu’elle croit impliquée par son sort. Le pire étant que c’était vrai, en un sens.

***
Sans surprise, elle a survécu. Si tant était que sa compagne ait trouvée la force de la tuer, il lui aurait fallut un moyen plus efficace que la strangulation considérant ses capacités pulmonaires accrues, et la résistance naturellement accrue de même que les processus de survie du corps de la cadette auraient énormément compliqués la tâche, même si considérant la puissance des foudres que pouvait déclencher l’ainée, une ou deux auraient suffit. Néanmoins, voici où elles en sont rendues.

Ne pas lui faire le coup « à chaque fois » ? Apprendre de ses erreurs est une bonne chose, voir même une chose nécessaire, pour progresser. Ne pas se forcer à aimer ? Quelle différence entre les différentes origines ? Est-ce moins fatiguant ? L’autre aimerait, aussi. Visiblement, c’est vers la première conclusion que cela se tourne. Du lait au miel ? Incohérent, mais visiblement il s’agit d’un code entre elles, d’une référence qu’il n’a pas et donc ne peut comprendre. Soit. Quant à la guérison, voici qui arriverait rapidement, considérant les capacités de régénération. Ne pas être aussi chiante… tout dépendait, les monologues de la brune avaient une bonne réputation, donc si elle en faisait des enfiévrés… Après, le Spectre y était parfaitement indifférent.

Pas la seule à être partie… oui. Il était témoin. Chemins similaires mais ni parallèles, ni adjacents, elles ont eut chacune leurs épreuves et si elles sont ici, c’est qu’elles ont réussit, surement. Le succès ou l’échec sont parfois bien difficile à dire, à cause de la subjectivité de ce qu’elles cherchent à accomplir. Néanmoins, alors que l’une est prête, l’autre ne l’est plus, car comme toujours, elles sont asynchrones, et ne peuvent se contenter de ce qu’elles sont, sans envier l’autre.

Mais cette incertitude ne dure pas, car l’ainée a une idée spontanée sur comment « le retrouver et le lui redonner », chose lui faisant lever la main et changer cette dernière en énergie. Impressionnant, inattendu, et surtout, inconnu ; cette capacité n’était pas référencée comme en possession de cette mutante. Un détail qu’il garde pour plus tard.

- Ma vraie nature… une émotion pure… je peux la partager à défaut d'un verre de lait.

- Si tu penses réellement à un processus d’union bioélectrique, mon corps ne tiendra pas la charge, surtout pas dans l’état où il est. Mes… mes chances de survie sont… approximativement les mêmes que si… on me passait un câble haute-tension à travers le corps. Sans variation… de la puissance ou de la tension… que tu génères… tu restes aussi dangereuse pour moi… que pour n’importe qui. Excuses-moi…

Voici qui interpelle le Spectre bien plus que les égarements hormonaux de la cadette. Union bioélectrique entre elles pour tenter de se retransmettre des émotions « pures » ; cela ne peut marcher que par influence biochimique du cerveau, donc par altération, chose que la brune faisait déjà, et ainsi ne résoudrait nullement le problème au niveau des processus psychiques d’origines. Ainsi, plus que l’absence de survie du corps hôte, c’est surtout l’inutilité de la manœuvre qui était à craindre ; oui, elles avaient progressé vers leur but, mais elles n’en sont qu’à la moitié du chemin. Et visiblement, elles ont décidé de faire de la manière la plus expéditive possible, mais ne peuvent y arriver seule.

Le Spectre se matérialise dans la pièce, sous son apparence d’Essence fumeuse et virevoltante, regardant le couple.

- La volonté de la protégée peut s’accomplir. Si une symbiose est créée entre l’organisme bioélectrique constituant la forme alternative et celui de chair, la puissance du premier se réglera naturellement de manière à n’infliger de dégâts au second : tout organisme a pour but de survivre, aucun des symbiotes ne menacera l’autre s’il a besoin de lui.

Sa voix décharnée est tranchée et va droit au but, ne s’embarrassant pas de tournures ou de futilité.

- Vos corps sont naturellement deux entités distinctes et indépendantes, mais il est en le pouvoir du Léviathan de changer ce fait : l’Essence est apte à entrer en symbiose avec des organismes comme les vôtres, et l’esprit qui l’habite peut se synchroniser avec un esprit humain. La conversion d’un hôte en énergie ne devrait nullement poser de problème, et il faudrait alors exporter la résultante dans l’autre organisme pour une nouvelle symbiose ; l’énergie s’adaptera alors.

Attirés par ses paroles, les deux autres gravissent les escaliers, le patriarche restant sur le seuil de la porte tandis que l’alter-égo s’avance pour manifester son désaccord. Ignorant de ces deux détails qui ne le concernent pas et ne sont plus des entraves aux projets des protégées, le Spectre poursuivit avec sa neutralité crue.

- Pour influer sur les processus psychiques, un lien télépathique est nécessaire, il suffira alors de transmettre les données désirées.

- Vous n’allez pas faire cela ? Amy, il t’a fallut moins d’une semaine pour faire ce qui m’a prit des années, l’apprentissage des émotions et des sentiments se refera lui-aussi naturellement, donnes-toi le temps. Donnez-vous le temps.

- C’est votre choix.
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MessageSujet: Re: Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent}   Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent} Icon_minitimeSam 15 Mar - 12:06

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Je plissais les yeux en la regardant pleurer, de toute évidence, elle ne simulait pas, elle ne mentait pas. Elle était bien capable de ressentir à nouveau même si ce n’était pas encore un fonctionnement naturel. Elle était parvenu à réaliser un miracle, et si miracle il y avait eu une fois, alors sans doute était-il possible d’en réaliser un second. Je me redressais en soupirant, grimaçant de fatigue avant de m’approcher du lit et de lui sourire faiblement avec indulgence, seul mon regard d’un vert profond trahissait une sorte de vide que j’entretenais à dessein.

Pour la première fois, je posais ma main sur sa joue en un geste tendre et rassurant, la regardant avec une expression grave et triste à la fois.

- Oui, on va trouver un moyen. Tu es revenue, je le vois bien…mais il faut que je me retrouve aussi. Je sais que c’est la bonne solution, je vais te demander de me faire confiance la dessus. J’ai…j’ai une sorte de foi, une révélation, c’est ce chemin que nous devons arpenter, ensemble toi et moi comme toujours et à jamais mais le temps presse pour que nous le fassions, ce n’est pas de ta faute, ou celle du sort : c’est de la mienne cette fois ci et si je…


Je fus interrompu par l’apparition de mon allié vaporeux, gardien de mes décisions jusqu’ici et qui nous expliqua avec précision une alternative nous permettant de parvenir à nos fins, j’écoutais sans vraiment entendre, me focalisant uniquement sur l’aspect « possible » de l’opération et ne m’encombrant plus des détails scientifiques ni techniques. Mon regard à nouveau fut attiré par l’arrivée de nos hôtes.

- Vous n’allez pas faire cela ? Amy, il t’a fallut moins d’une semaine pour faire ce qui m’a prit des années, l’apprentissage des émotions et des sentiments se refera lui-aussi naturellement, donnes-toi le temps. Donnez-vous le temps.


Un léger rictus se dessina sur mes lèvres alors que je fixais son alter ego avec une froideur cruelle.

- Le « vous »…Te voilà pluriel quand ça t’arrange ? Jusqu’ici, nous nous sommes ignorées parfaitement mais je sais bien que ce qui t’importe c’est elle et pas moi. Il est temps de mettre les choses au clair. Vous avez passé une semaine à vous occuper exclusivement du problème de mon épouse, mais nous restons les deux faces d’une même pièce. Je te suis bien entendu reconnaissance de l’avoir aidé à retrouver son chemin, mais QUI m’a aidé, MOI ? J’ai dû lutter seule contre le chaos et voilà à présent où j’en suis, dans le chaos le plus complet ! J’aime cette femme, rien n’est plus vrai, mais…je me suis efforcée de me vider d’émotions pour ne pas sombrer et à présent, c’est ce vide protecteur qui m’habite parce que je SAIS moi ce qu’il y a lorsqu’on essaye d’occulter l’Amour, je sais quel monstre je suis…un monstre capable d’étrangler dans son sommeil sa raison de vivre, tu le sais aussi toi, non ?

Je posais lentement mon regard sur chacun d’entre eux laissant passer un long moment de silence.

- Et ce monstre finira par s’installer si je ne retrouve pas mon équilibre rapidement, tout comme Amy ne peut vivre sans émotions, si j’occulte mon Amour : je deviendrais des plus monstrueuses et je ne peux plus vivre ainsi…plus jamais.
Moira m’a dit que cette forme d’énergie alternative que je deviens n’était mue que par des émotions pures, une volonté centrée sur les sentiments et les émotions…Il semblerait que toute ma mutation soit construite sur ce fonctionnement…pour ainsi dire, c’est ce qui me définit et définit mon existence, mon essence même se résume à cela. Un subtil mélange entre énergie électrique et émotions humaines, Avec l’aide d’Amy, j’ai battit mon équilibre sur un unique sentiment d’Amour qui cimente tout le reste de ma psyché parce qu’il prédomine et préside le reste…si je le refoule par souffrance comme c’est le cas, il ne reste que d’autres sentiments extrême, la colère…la haine… le désespoir…Je les sens, je lutte contre ça depuis une semaine et la meilleure solution reste de nier tout sentiment dans un déni complet de son existence ou de l’avenir…VOILA comment j’ai lutté…voilà…comment j’ai remplacé un équilibre par un autre pour survivre.
Maintenant j’ai besoin que l’Amour inonde tout, retrouve sa place…et ça je ne peux le faire que sous cette autre forme…que je ne contrôle pas…Mais si j’arrive à retrouver et réinstaller la puissance et la pureté de ce sentiment, alors je pourrais le communiquer à Amy et seule elle peut m’aider à faire le tri la dedans…
Cette sorte d’entité que je deviens….elle ne répond qu’à elle…elle l’accepte…j’avoue ne pas savoir ce qu’il en est maintenant, ni savoir si les risques sont trop élevées sans cage de Faraday pour enfermer tout cela. Mais je ne peux plus attendre, j’ai peur de ce que je deviens, je ne veux pas céder à la haine, ni à la colère…Je veux qu’on m’aide à retrouver ma route, moi aussi.


Je baisse les yeux avant de sourire faiblement à mon épouse et de conclure d’une voix murmurante.

- Il n’y a pas que les Grigori, il y a les Elioth-De Lauro aussi….Les deux faces d’une même pièce, si vous n’avez pas compris ça….vous ne nous avez pas compris.

Laissant les commentaires s’ils avaient lieux d’être, je retournais m’assoir sur le sol contre le mur en soupirant.

- Nous devons d’abord nous reposer….Demain matin…nous le ferons.

Plus tard alors que la pièce sera vidée, je demanderai d’une voix faible et peu rassurée.

- Est-ce que…est-ce que je peux venir avec toi…juste pour cette nuit, je n’en peux plus d’être seule et j’ai peur…de dormir.

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Amy de Lauro
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MessageSujet: Re: Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent}   Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent} Icon_minitimeSam 15 Mar - 16:02

Elle se relève, malgré les difficultés, et vient vers moi, pour me sourire, pour me poser une main sur la joue, mais son regard trahit ses difficultés équivalentes aux miennes. Je veux ressentir le réconfort qu’elle cherche à m’apporter, alors je le ressens, mais il ne vient pas seul, et si cela pouvait m’attrister, cela le ferait ; mais je n’ai pas envie que cela m’attriste, alors je profite juste de son geste, sans aucune contrepartie autre que cette volonté de ressentir qui, surement gâche toute la valeur de l’émotion et du sentiment. Mais physiquement, tout est comme si c’était naturel, et c’est un petit sourire qui se dessine à son tour sur mes lèvres, et je penche la tête pour m’appuyer au mieux contre sa main, fermant les yeux un instant.

- Oui, on va trouver un moyen. Tu es revenue, je le vois bien… mais il faut que je me retrouve aussi. Je sais que c’est la bonne solution, je vais te demander de me faire confiance la dessus.

Est-ce par habitude ou artificialité qu’elle a accomplit ce geste ? Je ne le ressens pas comme tel mais je ne ressens plus que ce que j’ai envie de ressentir, et elle, elle s’est « perdue », quant bien même la polysémie de ce mot peut prêter à confusion, chose s’étant produite l’instant plus tôt puisqu’à moins que la réponse à ma question précédente soit « oui », il s’agit d’un geste amoureux. Les tempêtes qui secouent son esprit sont propres à la perdre elle-même, et je crois qu’il s’agit du souvenir qu’elle a perdu, non du sentiment, mais il lui est nécessaire pour faire un socle, à moins de tout recommencer. C’est cela qu’elle appelle la « foi », je pense, cette chose inexplicable ne tenant pas d’un choix mais d’une réalité « première », et elle lui donne pour nom le seul équivalent qu’elle a connu auparavant. Nous avons toujours besoin de nommer les choses pour pouvoir les manipuler, interagir avec.

Sa faute cette fois-ci ? Nous avons notre responsabilité toutes les deux, mais plus que l’interruption extérieure, c’est une simple formule qui accroche mes pensées dans sa parole : pour toujours et à jamais. Cela m’aurait fait sourire si je n’avais été ainsi commanditaire de mes émotions, un sourire involontaire qui aurait été déplacé considérant la suite des mots et qui n’existera donc jamais, mais qui aurait été bien réel car sans doute venons-nous de progresser à nouveau : à son « toujours » se rajoute mon « à jamais », il n’est plus question d’une connotation positive ou négative des termes, mais de leur complémentarité. Comme la notre, en somme.

Le Spectre du Léviathan… toujours au bon endroit et au mauvais moment. D’ordinaire, il me fait peur : il est un automate sans âme d’un genre monstrueux, ni plus ni moins, et il est la représentation d’une chose qui me fait encore plus peur, quant bien même je ne la conceptualise pas réellement. Mais aujourd’hui, il nous aide, comme le Léviathan a dû lui demander, comme Sébastian a dû leur demander, et au final, il se présente comme la clé de notre réussite finale.

J’interromps le sentiment de réconfort alors qu’il parle, histoire d’avoir un jugement non altéré pour considérer ses propos. J’ai parfaitement conscience que ce qu’il propose, cette utilisation du « pouvoir du Léviathan » (parce qu’il semble incapable de penser à lui en tant qu’être singulier), me révulserait au plus au point à un niveau psychophysiologique car l’idée d’union, de symbiose, de fusion ou quelque soit les termes qu’on y apporte, m’intéresse dans une optique de sincérité et de partage absolu avec la personne que j’aime, dans un témoignage d’amour et de confiance comme il n’est normalement pas possible d’en faire, et l’ajouter à l’adition détruit tout cela, cependant je n’y vois intellectuellement que le côté pratique de permettre l’action sensée nous « guérir » toutes les deux. Un sacrifice nécessaire, la Fin justifie les Moyens, en sommes. Combien de temps que je n’avais essayée de me convaincre à l’aide de cette maxime ?

Il faudra même aller plus loin que ce que l’on serait capables de faire « à deux », avec un lien télépathique, chose qui semble aussi dans ses potentialité. Jusqu’où s’étendent les capacités d’une telle créature ? Je l’ignore. Mais lorsque je pense qu’il n’est qu’un fragment d’une chose infiniment plus puissante et dangereuse, je suis consciente qu’à l’instar du Phénix, il faut parfois mieux se trouver sous leur ombre que dans leur lumière. Pita sera déçue, mais je ne pense pas que nous ayons le pouvoir de libérer Sébastian, d’autant qu’il ne veut pas l’être, et surtout, je ne pense pas que ce soit dans notre intérêt, à toutes. Mais passons, il est un autre problème, dont « je » suis à l’origine.

Elle est montée et elle tente de continuer le combat selon sa méthode ; elle n’est pas psychologue, comme moi, mais sinon, elle aurait comprit que lorsque le patient veut quelque chose, il impose et c’est à nous d’adapter notre méthode. C’est chiant, c’est handicapant et c’est mal foutu, mais c’est ainsi ; c’est pour lui que l’on se bat, alors il faut savoir s’adapter.

- Le « vous »… Te voilà pluriel quand ça t’arrange ? – elle s’interrompt et regarde Caitlyn, bouche entrouverte de stupeur, puis vient rapidement la tristesse – Jusqu’ici, nous nous sommes ignorées parfaitement mais je sais bien que ce qui t’importe c’est elle et pas moi. – une grimace alors qu’elle détourne le regard, et la culpabilité la prend – Il est temps de mettre les choses au clair. Vous avez passé une semaine à vous occuper exclusivement du problème de mon épouse, – se regard se tourne vers Franck, surprise puis colérique – mais nous restons les deux faces d’une même pièce. Je te suis bien entendu reconnaissance de l’avoir aidé à retrouver son chemin, mais QUI m’a aidé, MOI ? – elle recommence à regarder ma femme, et culpabilise, comme je le fais, comme une gosse ; cela rend mal avec un corps aussi mature que le sien – J’ai dû lutter seule contre le chaos et voilà à présent où j’en suis, dans le chaos le plus complet ! J’aime cette femme, rien n’est plus vrai, mais… je me suis efforcée de me vider d’émotions pour ne pas sombrer et à présent, c’est ce vide protecteur qui m’habite parce que je SAIS moi ce qu’il y a lorsqu’on essaye d’occulter l’Amour, je sais quel monstre je suis… un monstre capable d’étrangler dans son sommeil sa raison de vivre, – je détourne le regard de l’autre moi pour regarder celle qui est si proche de moi, et pourtant si éloignée ; j’aimerai que cette donnée soit traitée comme telle, un fait passé et un témoignage de désespoir, mais il y a autre chose, il y a quelque chose qui se brise, même si je n’arrive à identifier quoi – tu le sais aussi toi, non ?

Te souviens-tu, Caitlyn ? Te souviens-tu lorsque tu m’as dit que tu ne voulais me donner que le meilleur, pas le pire avec ? Te souviens-tu lorsque tu m’as dit que tu ne voulais pas que je vois certains aspects de toi ? Certaines chose que tu étais capable de faire ? Je suis prête à les accepter, et c’est ce que je fais aujourd’hui, mais contemples à quel point tu m’as mentie : tu ne veux pas que je les vois mais tu les laisses sortir par désespoir, tu vas jusqu’à tenter de me tuer plutôt que de me laisser partir. J’accepte ce fait, car je n’avais jamais envisagée de suite possible à nous, mais ne me dit pas que tu veux me les cacher s’ils peuvent se tourner contre moi. Laisses-moi les voir et les accepter, pour qu’enfin je t’accepte entière, non comme tu voudrais être, mais comme tu es. Cela fait partir de l’amour, ne pas occulter les défauts mais passer outre. Il faut t’aimer, tu te souviens ? La signification de cette phrase n’est-elle pas « il faut t’aimer malgré tes défauts » ? Écoute tes propres conseils, au bout d’un moment.

Le flot de paroles m’agresse, mon cerveau continue de tout analyser alors que mon crâne est déjà chaud, et une fois de plus, mes capacités de cognitions sont plus à mon désavantage qu’autre chose. Les concepts et les structures expliqués, je les connais, même si certains doivent faire plaisir à entendre, je reste en trop mauvais état pour en profiter pleinement. Que l’Amour inonde tout, qu’il couvre les brèches, qu’il redevienne océan… on doit faire comme Moïse, mais dans le sens inverse : on doit refermer cette mer qui s’est ouverte en deux. On t’aidera à retrouver ta route Caitlyn, je te le promets.

Je regarde son regard et souris à son sourire, même si c’est entièrement du mimétisme.

- Il n’y a pas que les Grigori, il y a les Elioth-De Lauro aussi… Les deux faces d’une même pièce, si vous n’avez pas compris ça… vous ne nous avez pas compris.

- Tu vois que toi aussi, tu peux faire des monologues amiesques, dis-je doucement, alors que le sourire devient plus sincère, c’est un truc d’Elioth de Lauro ça aussi.

Elle s’en va, et mes émotions se taisent, et je contemple la scène alors que ma seule action consiste à me recoucher correctement. Je ne dois pas m’endormir, car les yeux clos, je ne pourrais plus faire de photosynthèse, hors cela régénérera mon corps bien plus efficacement que le sommeil. Garder les yeux ouverts, ça ne devrait pas être si difficile pourtant. J’ai une journée, cela devrait être amplement suffisant à le faire.

- Je suis désolée pour vous, Caitlyn. Mais je ne sais pas comment vous aider. Je me suis battu sur le terrain que je connaissais, hors je n’ai jamais eut la chance de rencontrer quelqu’un comme vous, ou d’éprouver le sentiment qui vous unis. La seule chose que je puis faire, c’est vous souhaiter bonne chance…

Elle rabat sa capuche sur son visage, cherchant à nouveau l’anonymat, et s’en retourne. J’ignore si elle doit s’effondrer, mais je sais qu’elle s’isolera le temps de surmonter sa faiblesse, quelle qu’en soit la forme, avant de revenir, car j’agirai pareil. La porte d’entrée claque, alors que Franck n’a toujours pas bougé, la laissant s’en aller sans rien dire. Il finit néanmoins par reprendre la parole, nous regardant tour à tour.

- Vous vivez votre amour comme quelque chose d’extrême et d’absolu, oui. En trois siècles de vie, je n’avais jamais vu une telle chose, à part pour la haine. Tu n’as pas sombrée dans la haine ou la colère, Caitlyn, car même si elles t’ont assaillie tout au long du chemin, tu as continué à construire plutôt que détruire. C’était là toute l’utilité de la canne que tu m’as donnée ; tu ne l’as pas sculptée dans la haine, mais dans une bienveillance oubliée envers moi. Et la croix, tu ne l’as pas non plus sculptée dans la colère, mais dans un geste d’abnégation et de sacrifice. Tu n’as pas perdue ta route, tu ne sais juste plus où elle mène. Reposez-vous, toutes les deux, si votre dernière bataille est pour demain. Je vous monterai le diner et entretiendrai la cheminée pour vous.

Il se retire, et s’en retourne à son salon, sa plume ne tardant pas à gratter le papier à nouveau. Je garde les yeux ouverts, me plaçant sur le flanc pour tâcher de capter au mieux la lumière qui passe par la fenêtre. Je sens les Sanguis s’activer, désormais, je sais ce qu’ils font, même si je ne le comprends pas toujours, et peu à peu, mon état s’améliore. Après une heure de photosynthèse, il me suffit de quelques minutes pour que la fièvre et les contusions disparaissent, puis après une autre, ils commencent de nouveau à stocker de la biomasse et à se laisser dériver dans mon sang, en attente qu’il y ait de nouvelles choses à faire.

***
- Est-ce que… – mon regard c’est tourné vers toi dès que tu as prit ton souffle pour parler, et mon corps trahit une posture d’attente, celle de tes mots et de ta demande – est-ce que je peux venir avec toi… – le lit n’est qu’une place, comme tout ceux d’ici, mais j’entreprends déjà de me décaler, dos au mur, pour en faire une autre ; les deux faces d’une même pièce, nous tiendrons bien sur la même place – juste pour cette nuit, – j’ignore comment je dois le prendre, alors je le fais de la seule façon qui me soit « naturelle » à l’heure actuelle : c’est simplement son hésitation et sa peur du refus qui lui font demander moins que ce qu’elle souhaite réellement – je n’en peux plus d’être seule et j’ai peur… de dormir.

- Cette nuit et toutes les suivantes, dis-je alors que je génère un sentiment de bienveillance presque maternel, tu peux être avec moi autant que tu le veux, Caitlyn. Et je tâcherai de chasser tes cauchemars, comme toujours.

Je lui souris et attends qu’elle vienne à sa place, où je lui réserverai la surprise d’une aile pour nous couvrir, comme avant ; chose qui est assez con car je ne peux pas en déployer qu’une seule, et que l’autre se barre par la force des choses sous le lit après avoir heurté le mur et légèrement décalé le sommier de ce dernier, hors il se trouve que dans les ombres de cette maison, il y  a de la poussière, et la poussière plus les ailes-poumon, ça me fait éternuer. Donc mon action que je voulais tendre et aimante, elle nous vire presque du lit en manquant de reverser ce dernier, elle me fait un bleu sur une aile (chose qui est pour le moins désagréable) et une crise d’éternuements. M’enfin, eux au moins, ils restent comme ils l’ont toujours été : aussi discret que possible presque apeurés même, entièrement fragiles, des petits « tioum » que j’espère mignon. Et je fais mon possible pour que cela le soit.
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MessageSujet: Re: Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent}   Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent} Icon_minitimeSam 15 Mar - 20:21


La simplicité, c'est ce qu'il y a de mieux
Ou simplement le plus facile
La voie la plus étroite
Est toujours la plus vertueuse
Marche donc pieds nus pour moi
Endure quelques tourments
Mérite mon amour
Mérite mon amour

Un homme endurerait
Les pires conditions
Et survivrait
Aux décisions difficiles
Alors décide-toi
Franchis la ligne
Mérite mon amour
Mérite mon amour

Paroles creuses
Fausses promesses
Des traîtres Judas
Des Thomas incrédules
Ne te contente pas de dénoncer
Mais agis !

Tu peux réaliser
Tes plus folles ambitions
Je suis sûr que
Perdras tes craintes
Alors ouvre ton cœur
Mets-toi en danger
Mérite mon amour
Mérite mon amour


Respirer l’air du matin alors que la température est de loin encore négatif, c’est comme se forcer à faire couler une sorte d’épée de glace dans le corps et pourtant cet air n’est pas agressif, il est vivifiant, il parcours mon corps et s’échappe en large volutes de fumées blanches alors que je referme un peu plus la serviette qui protège ma nudité des affres des attaques de la rudesse climatique. Cette nudité est impérative puisque mon changement détruit ce que je porte et le consume littéralement. C’est ainsi, il n’y a pas de magie, il n’y que la logique d’un état dangereux et primal qui s’en va sans ménagement prendre naissance dans la beauté de ce cadre intemporel. J’ouvre les yeux sur la blancheur immaculée de la neige, une virginité sauvage et paisible. Oui c’est un bel endroit pour mourir. Mais c’est aussi un bel endroit pour naitre, mettre fin à certaines choses et en débuter d’autres.

C’est un bel endroit pour faire naitre l’espoir ou l’étouffer. Toute personne dotée de sensibilité presque à fleur de peau pourrait le ressentir jusqu’au moindre frémissement du corps, frisson de froid ou d’extase, et c’est ce que je ressens. J’ai retrouvé ses bras cette nuit, qu’importe l’inconfort, j’ai retrouvé les bras et je vais te rendre le cœur. J’irais le quérir comme le plus beau des trésors, j’irai l’arracher à l’enfer comme je l’ai toujours fait. Je le garderai précieusement et en le frottant au mien je ferais jaillir les flammes de notre feu à nouveau…et il réchauffera chaque nuit, et sa lumière repoussera chaque particule de nos ténèbres. C’est ma Foi, c’est ma Religion.

Ayant finit cette longue contemplation, je me retourne vers eux en soupirant avec un demi sourire et d’un geste presque discret, j’ôte mon alliance qui ne me quitte jamais. Une fois de plus, je ferme les yeux en la portant à mes lèvres avant de m’avancer pour la tendre à Amy d’un pas décidé.

- C’est ma porte….je trouverais toujours un chemin pour te revenir même si je pars….un peu loin.

Mais rien n’est moins certain, je suis en train de bâtir mes cathédrales sur des bancs de sable, je le sais parfaitement. Phaser est une chose, contenir le phasage dans mon état de chaos émotionnel en est une autre. Je sais ce qui s’est passé à San Francisco mais Amy, n’y est pas préparée. Je tais mes doutes, mais je n’en ai pas honte, car toujours, j’ai foi en autre amour. Je reste interdite une longue minute presque au contact avec elle, la regardant longuement avec une fierté et une infinie tendresse, j’aurais pu rester ainsi toute une éternité mais notre décision est prise. Je baisse enfin la tête, lui adressant par dessous un regard oblique, presque innocent.

- Et je veux mon baiser au retour, et c’est un ordre.

Il est temps de savoir de quoi sont fait mes Dieux et ce que valent nos prières. Il est temps de voir si notre Amour peut lui aussi se targuer de réaliser des miracles, je crois. Jamais mot n’a eu un tel poids dans mon esprit.

Un bref regard en signe d’acquiescement au Spectre se tenant en retrait alors que j’entrouvre ma serviette. Et son ombre bascule sur moi aussi tôt me faisant pousser un « Wiiip » incongru qui s’arrête net alors que je sens mon visage grimacer de dégout.

- Oouuuu…je…je n’aimmme pas ça…


Et ce n’est rien de le dire, ce n’est pas douloureux, c’est extrêmement perturbant, c’est comme sentir une présence vous envelopper de l’intérieur jusqu’au tréfonds de ce que vous êtes. Je recule, presque titubante, mon esprit semble affolé, comme en panique se sentant complètement submergé et pénétré par quelque chose qu’il tente de rejeter en bloc. C’est mon corps cette fois ci qui par reflexe se met à s’ourler de ZPCE alors que la serviette tombe dans la neige. Je suis obligée de m’agenouiller un instant, la tête entre les mains mais ne souffrant d’aucun mots exprimables. Est-ce que c’est ça, une possession ? Une attaque Psy ? Je n’en sais rien, ce que je sais c’est que mon cerveau semble entrer en ébullition, la nature électrique du fonctionnement de mon cerveau pose-t-il un problème ? Emma le disait jadis.

Le malaise perdure une bonne minute puis semble se dissiper, je ne suis pas dans mon état normal, je ne le sens que trop bien. C’est comme si les choses me parvenaient à travers une sorte de filtre cotonneux, mon regard a changé, je ne peux pas m’en apercevoir mais il lumine d’une sorte de lueur verdâtre malsaine. La curiosité me prend, je suis certaine d’être capable de faire des choses inédites, mon esprit semble plus ordonné, plus domestiqué et bien plus puissant….comme si je pouvais l’exporter. Et sans doute puis-je le faire même si je n’en ai pas l’utilité. Je ne veux pas rester dans cet état…je sais ce que je dois faire.
Et je le fais.

Le phasage se fait avec une vitesse inédite, démarrant de tout mon corps cette fois ci, de chaque particule en une anarchie inédite comme si je m’effaçais sans vraiment ordonner l’opération, je pense comprendre ce qui se passe et je n’aime pas du tout cela. Les émotions ont étés si étouffées qu’elles veulent surgir en m’imposant cette transformation. Xavier disait souvent qu’il fallait dominer son pouvoir et ne pas en devenir l’instrument, pour la première fois de ma vie, je comprends ce qu’implique ce mot mais ma pensée s’embrouille à nouveau jusqu’à chavirer totalement.


……………………………………….

La forme spectrale bleutée flotte dans la neige, se mouvant lentement comme agitée d’ondes électriques contenues à grand peine. On la croirait sauvage, manifestant parfois des soubresauts étranges ou s’échappent des décharges. Elle n’a rien de commun avec ce que fut une forme analogue jadis, coulant sur elle-même comme une onde calme, il s’agit d’un ombre tourmentée et agitée par des sortes de courants intérieurs comme des pulsions orageuses. C’est un véritable chaos émotionnel qui semble « souffrir » de ses propres contradictions.

Elle semble d’étirer longuement comme prête à se déchirer d’elle-même, s’éparpiller mais une force l’empêche de s’évanouir, la garde cohérente et communique silencieusement dans le but de la calmer et de canaliser sa fougue. C’est un long dialogue mystérieux qui semble s’installer ici jusqu’à ce que brusquement, la forme jaillisse d’elle-même vers Amy et s’y engouffre avec une célérité monstrueuse.

Une longue vague parcourant le corps en un sentiment d’avidité. Cette « vague « brulante » semble hurler sa faim en un sentiment ardent de désir qui tres vite prend une forme de surprise parce qu’il ne trouve pas satisfaction, puis de terreur, de peur et de frayeur déraisonnable devant l’impensable pourquoi. Et pourtant cette vague est une sensation familière, comme une odeur prise dans la chair, l’odeur de son aimée. Il n’y a pas à se tromper sur sa nature. Cet emportement terrorisé est l’emportement de Caitlyn elle-même.
A La peur succède un sentiment de manque profond, qui très vite va se muer en une douleur morale aigue menant au désespoir. Et cette peine énorme plus pesante qu’un abandon, plus pesante encore que toutes les tristesses du monde. L’absence, l’absence de ce qu’elle cherche avec avidité et la tristesse de se sentir si perdue.

Au froid violent de la tristesse succède la chaleur torride de la colère, la colère contre toutes les choses qui les séparent, qui les éloignent qui leur fait du mal à chacune. C’est une colère sourde, presque colorée d’un rouge violent et explosif, corrosif. Cait hurle dans ses veines, enragée par le sort, enragée par l’absence et le besoin de vengeance

Et la haine s’installe, noirceur, destructrice…une sorte de gouffre infinie ou tout se déverse pour alimenter la colère et la tristesse. Tout trouve une justification, c’en est si rassurant que l’onde elle-même finit par y prendre une sorte de plaisir malsain. Mais même dans les ténèbres, la lumière perdure et avec elle…le désir…le désir d’autre chose. Le désir lui permet de s’arracher à la haine, de reprendre le chemin et d’abattre les derniers remparts.
Elle la veut, elle ne hurle que son nom, elle l’appelle, lui tend une main…elle la veut. Toute son essence ne tend que pour ça, pour ce terrible instant et là au plus profond de son esprit, la vague semble déferler et chercher, creuser, puiser à même le vivier, remontant la vaste toile d’araignée de leur vie, de leur vie à deux.

Une main…une main dont le bras transcende tout et s’étire à l’infini pour aller s’étendre jusqu’aux recoins reculés de l’âme en une caresse réconfortante et baignée d’émotion cette fois ci positive. Juste un doigt posé là sur la mémoire en une sorte de geste d’Index Sacré et immédiatement une violente chaleur qui irradie dans le cœur de la jeune femme au moment où devant ses yeux la scène bascule devant une petite chambre aux murs trop étroit et une scène singulière d’une Caitlyn torse nu et menottée posant de force la main d’une Amy d’autre fois, paume ouverte sur son sein gauche et l’enfermant de la sienne avec la gravité d’un instant d’éternité.

- C’est pas un sein, Amy, c’est MON sein…Et ce que tu entends qui est en train de s’emballer sous ta main à rompre ma cage thoracique et faire péter tout l’institut, c’est mon cœur !! Ce qui nous amène à ce que TU m’as fait à moi : il bat…Il bat et il voulait plus !!! Je VOULAIS MOURIR AMY !!! JE VOULAIS !!! Parce que je me posais trop d’questions…parce que j’avais plus ma place auprès de toi…parce que j’avais peur que tu m’traites de monstre et que tu me rejettes, que tu doutes et que tu ne comprennes pas ce que je ressens pour toi ! Parce que c’etait un merdier dans mon corps et dans ma tête et que je savais plus au juste ce que je ressentais et comment on pouvait le qualifier!!
JE SUIS EN VIE POUR TOI !!! Pas pour James, par pour l’Institut ou pour m’absoudre de ces conneries religieuses…Pour toi et uniquement ca ! Mais c’est clair maintenant…Tout est clair….et je m’en branle de c’qu’on dit ou c’qu’on pense et même, je suis navrée mon bébé, de ce que tu penses que je crois !
Fais le vide…dépasse tes conneries qui te font douter ! Fais ton choix mais ne le fais pas en fonction « de ce que tu penses que je pense » parce que moi je sais ce que je ressens et le nom que ca porte et que j’en ai ni honte, ni remord ; c’est merveilleux …rien que de pouvoir respirer le même air que toi, c’est merveilleux et ca m’va.
Appelle ça comme tu veux de ton coté, amour, sororité, amitié…mais surtout ne doute pas de son existence !
Tires en les conclusions que t’en veux…réfléchis y mais en aucun cas je t’autorise à penser que je pourrais te laisser fuir loin de moi ! NON ! NON ! NON ! Je ne te laisserai pas faire une telle connerie sinon tout ça ne sert à rien…toutes ces souffrances n’auront servi à rien.
Pourquoi faire des choix impossible….pourquoi qualifier impérativement les choses…pourquoi ne pas les vivres…simplement, tu vois…simplement !!!


L’expression de son visage reflétait l’adulte qu’elle était et la détermination qu’elle lui renvoyait ! C’était un ton emporté mais ferme mélangeant rage de vivre et amour à l’état brut.

- Maintenant tu vas arrêter de chouiner et continuer le job.
Plus jamais…Ne t’avise plus jamais de te « demander ce que je pense si tu pensais ». J’existe, je suis là…t’as un problème, tu me parles et on le résout parce que rien ne pourrait me séparer de toi, quoi que tu ressentes, tu ne me perdras jamais : je suis même revenu de la mort pour être là avec toi. Il te faut quoi de plus ? Comme preuve ? Arrêtes mon cœur si ca t’chante, mon ange…j’te l’donne.



Et l’amour arriva, violent, dévastateur en une vague dévalant de partout, de chaque atome, de chaque fêlure d’énergie en une force impressionnante comme une mousson brutale et sévère, noyant tout sur son passage, recouvrant tout en une chaleur diffuse et unique qui ne raisonnait plus que d’un unique message. « je t’aime, aime moi ».


Tout est là.

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Amy de Lauro
Agent du BAM Gamma
Amy de Lauro


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Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent} Empty
MessageSujet: Re: Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent}   Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent} Icon_minitimeDim 16 Mar - 0:06

Cet Amour est si violent qu’il en finit par se protéger nous,
comme une sorte d’entité.

Je suis née de votre amour comme de votre haine,
car l’un tempérait l’autre et l’autre protégeait l’un,
une harmonie, un miracle

Judas (Kaiser Black Angel Remix) by Depeche Mode on Grooveshark
Vendredi 7 Février 2014 – 09 : 21 A.M.
Mon regard porte par delà cette blancheur qui uni tout, couvrant tant les roches et les terres que les arbres et les clairières, courant sur le monde jusqu’à ce qu’il se dresse face au ciel, auréolé de la lumière du matin, la filtrant entre ces nombreux doigts. Caitlyn m’a dit un jour que lorsqu’elle était petite, elle tentait d’attraper l’immensité du ciel entre ces mains, et j’ai l’impression qu’aujourd’hui, les monts qui nous entourent ne sont que les doigts du monde tentant cette même aventure ; est-ce cela la beauté ? Je crois me souvenir que oui. Mais n’est-ce pas de l’espoir également ? Il est toujours quelque chose hors de notre portée, et il est toujours un geste pour tenter de s’en saisir ; et comment peut-on savoir que c’est hors de notre portée, si l’on n’essaie pas de s’en saisir ? Qu’a-t-on à perde ? L’obsolescence d’un geste, peut-être la désillusion d’un espoir. Qu’a-t-on à gagner ? Le monde.

Le blanc est la mort, oui, mais nullement cette mort infinie et définitive comme peut l’être le noir, il est la mort en attente d’un renouveau. Sous cette couche de neige, un jour ou l’autre, la vie s’éveillera à nouveau. Et c’est les pieds dans cette même neige que nous nous apprêtons à rendre la vie à ce qui nous lie ; il n’a pas plus disparut que ce qui nous entoure, il a été recouvert d’autre chose en attendant de s’épanouir à nouveau.

Je suis à son côté, contemplant le monde avec elle, puis mon regard s’en retourne à mon monde, à elle. Elle a de la chance que je doive me forcer à ressentir, sans quoi jamais je n’aurai acceptée qu’elle sorte ainsi vêtue alors que les températures sont encore nocturnes ; je ne suis même pas sur que le terme « vêtue » soit adéquat. Oui, la transformation de son corps détruit ses vêtements, mais s’il s’agit simplement de sacrifier une tenue, je lui en aurai sans hésiter fournie l’une des miennes. Non, elle ne risque pas de se rendre malade, ou en tout cas phaser la guérira, mais au retour… Je n’ai même pas put emprunter la cape de mon alter-égo, cette cape qui m’a tenue chaud au pire moment, car elle est partie. Reviendra-t-elle ? Je l’ignore, mais elle n’est pas là. Aucun d’eux deux n’est là, pour la simple et bonne raison que si « Grand Père » voyait Caitlyn nue, je l’aurai engueulé ; il n’a pas à la voir ainsi. Personne n’a à la voir ainsi. Je suis encore assez territoriale pour m’assurer de cela.

De mon côté, je suis vêtue comme il le faut, et j’ignore si ma tenue va y passer ; Caitlyn n’a jamais incendiés nos draps ou détruit notre décor, avec ça ZPCE, et si la conversion le fait de ce qu’elle a sur elle, j’ignore si notre « symbiose » en fera de même pour moi. Je ne pense pas, sans quoi mon corps y passerait aussi, en toute logique. Mais je n’ai pas peur, pas parce qu’une obscure créature nous a dit cela possible, non, mais parce que je crois en Caitlyn, je sais qu’elle ne voudra jamais me faire de mal, et que tout comme ce lieu qui nous entour, elle tend la main pour essayer de se saisir de ce qu’elle souhaite. Et elle prendra la mienne au passage, pour qu’à nouveau, on ait ce que l’on souhaite, ce qui nous réunis, ce qui nous lie.

Elle se retourne à son tour, avec un soupir et un petit sourire, puis prend l’alliance Grigori, son alliance, pour la porter à ses lèvres et me la tendre. Cette alliance a autrefois appartenue à ma sœur ainée, Amanda, tout comme celle que je porte, et elle en avait fait don à Sébastian, tout comme j’en ai fait don à Caitlyn ; c’est Frank qui les a fabriqué, tradition familiale, mais il ne les a fabriquées que par deux, car s’il acceptait le territorialisme pour un couple, il ne supportait pas la polygamie. Je le comprends, et je n’aurai voulut d’autres bagues, juste celle qui sertissait le doigt de ma femme.

- C’est ma porte… je trouverais toujours un chemin pour te revenir même si je pars… un peu loin.

Je la prends, mais avant que ses doigts de la lâche, mon autre main, celle avec mon alliance, s’en vient ce joindre à ce geste pour lui refermer le poing, et le soutenir ; non, je ne cherche pas à faire un tour de magie et à faire disparaitre l’objet qu’elle a dans sa main.

- On reviendra toujours, quelque soit la distance parcourue.

Chasses les doutes et les hésitations, écoute ta peur mais ne la fuit pas. Trouves l’équilibre et fais-le, Caitlyn.

Il se passe une bonne minute avant que je ne retire mes mains et sa bague aille rejoindre un autre objet, tout aussi important, dans ma poche, cette petite croix qu’elle m’a offerte, il y a si longtemps maintenant. Une minute durant laquelle elle me regarde avec des choses que je connais, que j’identifie, mais qui ne déclenchent rien chez moi. Bientôt, très bientôt, tout sera à nouveau comme avant, je réapprendrai l’amour en même temps qu’elle, puis tous le reste reviendra par lui-même, au fur et à mesure du temps ; il est le seul pour lequel les instants nous soient comptés.

- Et je veux mon baiser au retour, et c’est un ordre.

- Tu auras toutes les preuves d’amour que tu voudras.

Un instant, un temps mort, et elle tourne son regard vers cette chose intruse à qui un être a confiée la mission de nous aider, quelque soit notre demande, et qui l’accompli avec l’implication de ceux dont l’existence se résume à cela. J’ignore envers qui je devrais avoir de la gratitude ; Sébastian ou le Léviathan ? J’en aurai eut pour cette créature, si elle avait été capable d’en recevoir. Enfin, je peux me consoler en me disant que techniquement, cet instant ne sera qu’à nous deux, puisque le Spectre n’est rien, ni personne ni même animal. Il n’entachera pas notre âme par sa présence, puisqu’il n’en a pas, lui. Un hochement de tête de la part de Caitlyn, et il s’élance.

J’ai connue similaire scène mais d’un autre point de vue, avec Rachel, sauf qu’elle n’était qu’esprit, alors qu’il est matière aussi ; ça ne dure pas une seconde, mais si je peine à voir les sphères bleutées traverser la peau de Caitlyn, ce n’est pas le cas de la fumée, et la seule scène équivalente que j’ai dans ma mémoire, c’est cette même fumée se dégageant du corps de Sébastian pour former ses monstrueux tentacules de chair, alors même qu’une église nous tombe dessus.

Le Wiiip de surprise prouve qu’il y a, contrairement à de la télépathie pure, une sensation, et je contemple son dégout ; moi non plus, je n’aime pas cela. Et cela remue énormément de choses en moi, je crois que j’ai peur. Peur qu’elle ne puisse plus se contrôler comme ça m’est arrivée, peur… et de nombreux signes encourage cette peur, la font croire et se retrouver, jusqu’à ce qu’elle me semble vraie : un pas en arrière, le geste défensif de la ZPCE, la chute genou à terre, la prise de tête dans ces mains. Je pense que je devrais paniquer, mais j’ai simplement peur. Peur de ce qu’il lui arrive.

Durant une bonne minute, elle reste ainsi, nue dans la neige, et je suis à son côté, ignorante qui de Caitlyn ou de la créature je touche réellement. Une synchronisation psychique ne prendrait pas autant de temps, même dans un cerveau aussi bordélique que le sien. Et je ne peux même pas la toucher, la zone électrique me repousserait au mieux, me blesserait au pire. Alors j’attends, j’attends en réapprenant la peur, la peur de la perdre, la peur qu’elle souffre, la peur tout simplement, puisque quelle qu’en soit l’origine, l’émotion est la même.

Et que dire lorsqu’elle relève les yeux ? Je ne sais pas ce que c’est que ce ressenti, mais il y a quelque chose, alors que son regard vert émet une sorte d’aura verdâtre, malsaine, que je n’ai jamais vue, même dans les yeux de Sébastian, mais que j’identifie comme une marque psychique ; quoi qu’il se soit passé dans son esprit, le processus est fini.

- Est-ce que ça va ?

Est-ce de l’inquiétude ? Oui, je crois. Mais je m’en fous, justement parce que ce sentiment est entièrement tourné vers elle.

Elle qui disparait dans un éclair violent, bien plus vif que ce que j’ai put observer lors de l’étude. Cela ne me surprend pas, non, enfin… je suppose que si. Je ne saurai pas le dire. Mais je sais que ce n’est pas du tout la forme qu’elle a adoptée les fois précédentes. C’est toujours humanoïde, mais ce n’est plus elle, est-ce à cause du Spectre, ou de son chaos émotionnel ? Je ne reconnais pas son corps là-dedans, je n’y vois qu’un nouveau spectre terriblement plus inconstant, et violent. Non, pas violent. Tourmenté. Est-elle en train de mourir ?

Je ne sais pas comment réagir, je ne parviens à trouver d’action utile ou approprié, même la parole ne l’est plus lorsqu’elle est dans cet état, je le sais. Mais je sens mon cœur s’accélérer, et mes gestes hésiter, dans l’attente d’une information concrète de la part de mon cerveau.

Lorsque je me suis réveillée après le dérèglement de mes processus biologiques et mon vieillissement accéléré, la première chose qui m’a animée, avant même que je ne remarque les changements de mon corps et de mon esprit, c’était l’amour. Son amour pour lequel j’avais tout abandonné dans l’espoir de revenir, de ressentir à nouveau. Aujourd’hui, c’est la peur qui m’enserre. Mais la peur de la perdre n’est-elle pas une constituante de l’amour que j’éprouve pour elle ?

Pas une pensée de plus alors qu’une foudre part vers moi, et je n’ai pas le temps d’esquisser le moindre geste qu’elle m’heurte, et alors tout mon corps se contracte, l’entièreté du la forme électrique la suit. Lorsqu’enfin, j’entreprends par réflexe un geste de protection, c’est déjà trop tard, et mon pas sur le côté pour sortir de la trajectoire ne me conduit nul par, si ce n’est contre le sol.

Je n’ai jamais mit les doigts dans une prise, je n’ai jamais été électrisée d’une quelconque façon, mais j’ai déjà eut droit à de l’électricité statique, et c’est du même ordre d’idée, en bien plus puissant. Et surtout, en moi. Si ce n’est pas agréable, ce n’est pas douloureux non plus, même si cela persiste, et me fait me crisper. Mais ce n’est pas que dans mon corps, je sens quelque chose s’introduire dans mon esprit, et c’est presque plus cela qui me fait mal réagir. Je sais comment fonctionne la télépathie, et je sais que cette sensation signifie qu’on a pénétrées mes pensées profondes, mon cerveau, sans faire cas de mes résistances naturelles ; c’est un véritable orage, et l’électricité court partout avec vivacité, tant dans mon corps que dans mon esprit.

Mais malgré que je sois sur le dos dans la neige, yeux clos et tous le corps crispé dans un réflexe de défense, il est quelque chose de familier dans tout cela. Ça s’agite et ça m’agite, et ça m’impose son ressenti. Ça partage sans retenue, et je crois que je brule du même désir qu’elle, sans avoir rien commandé, sans avoir rien ordonné. Puis tout s’interrompt de stupeur, même mon souffle, et la terreur me prend. Mon cœur s’accélère et je me redresse, complètement paniquée.

Je me souviens, je me souviens de l’empathie de Franklin ; lorsque les émotions des autres sont si puissante qu’elles supplantent les nôtres, qu’elles les éclipsent totalement. Il n’y avait plus grand-chose à éclipser chez moi, mais je ressens ce que ressent Caitlyn avec toute la violence qu’illustrait sa forme électrique, tout à l’heure. Je comprends parfaitement pourquoi, désormais.

La panique ne dure pas, mais elle ne se calme pas, elle est happée par un vide, s’en est presque choquant. Il manque quelque chose, il lui manque quelque chose, et si mon cerveau comprend quoi, je ne ressens que le manque, abyssal, absolu. Et ce gouffre commence à fissurer tout le reste, et alors même que j’étais encore choquée de cela, ça disparait pour une tristesse comme je n’en ai jamais connue. Les larmes roulent alors que je suis encore assise dans la neige, mais je ne peux plus entreprendre d’autre geste que celui de porter mes mains à mes yeux pour sangloter.

Puis les cris viennent. Ils sont brulant, ils font mal à la gorge, mais ils sont là. Ils réchauffent mes larmes au point de les faire s’évaporer. La colère me consume, littéralement, alimentant la haine d’une chose que j’ignore, et mes poings s’abattent violemment dans la neige, m’éclaboussant tant de cette fraicheur que de la chaleur de la terre qui se trouve en dessous. Quelqu’un ou quelque chose doit payer, cela n’importe pas, il faut que toute cette rage sorte, c’est tout. Rien d’autre n’importe.

Rien d’autre ne compte. Tout est avalé, tout est dévoré, par cela. Chacune de mes pensées s’y tourne, et je rouvre les yeux à direction de la demeure. Je me lève, mue par la haine, et j’avance, pas à pas, vers ce Val d’Eternité ; c’est un bel endroit pour mourir ? Le Grigori, je vais exhausser son souhait, il payera pour tous les autres. Il va souffrir comme ils nous ont fait souffrir, il va avoir peur comme nous avons eut peur, il endurera la vengeance jusqu’à ce qu’il ne ressente plus rien, et après, seulement après, je l’achèverai. Je défonce la porte d’un coup de pied, et je le vois qui me fait face ; il a senti ce qui m’anime. Il ne craint rien, pas même quant je le saisi à la gorge pour le soulever du sol, l’étranglant. Il fait fasse et son seul effort consiste à marmonner quelques mots, quelques mots qu’il m’a prononcé, lorsqu’on s’est rencontrés.

- Je… ne la laisserai pas… se consumer dans la haine… mais elle lui sera utile… pour tenir…

Ma main le lâche et il s’effondre au sol, alors qu’en moi, tout revient au désir premier. Je vois des scènes de ma vie défiler, je les revois comme si j’y étais, ma mémoire absolue ayant enregistré chaque instant de mon existence  suite à ma transformation avec une perfection absolue ; les détails sont si pointus que je peux presque halluciner la scène pour m’y retrouver à nouveau, que se soit au niveau des sens ou du ressenti. Alors que mon corps reste branlant, je sens la volonté chercher toujours plus loin, me montrer toujours plus de choses, à la recherche d’une précise. Elle sait quoi, alors que je l’ignore, car je ne comprends pas ses pensées, car il n’y a pas de pensée, juste l’émotion, ainsi je ressens sa certitude.

Mon visage se fend d’un sourire alors que je m’apaise et redécouvre une chose sur laquelle je ne tarderai pas à mettre de nom. C’est chaud, non pas brulant comme la colère et la rage ou acide comme la haine mais douillet, une chaleur agréable ; réconfort. Enjambant le vieillard toussotant, j’accomplis les quelques pas qui me séparent de l’escalier, et m’assieds sur ses marches, passant mes bras autour de moi et fermant à moitié les yeux, à nouveau en paix.

Puis quelque chose explose, et je me retrouve dans une autre scène, le décor se superposant à la réalité jusqu’à ce qu’il soit suffisamment tangible pour, à défaut de l’occulter, être aussi visible qu’elle. Ce souvenir est de mauvaise qualité, il date d’avant la transformation, ainsi les détails sont mangés par le temps et l’imperfection de ma mémoire d’alors, mais tout m’est restitué avec la qualité de celle d’aujourd’hui.

Nous sommes le 28 ou le 29 juillet, je ne me souviens plus trop, les derniers jours et leurs événements m’ont fait perdre les dates. En moins de dix jours, elle a réussit à mourir et à revenir, j’ai réussit à détruire notre dortoir de colère et de peine, et à passer trois jours à faire le forcing devant l’embarcation qui mène au Triskelion, où elle est retenue. Pas de grand combat, pas de prince charmant et de princesse dans une tour, juste le temps qui s’écoule comme une rivière alors que le monde lui-même semble se délaver, puis un ange du passé me l’avait rendue. Mais ce n’était là que la première épreuve, la première de nos épreuves, et la seconde n’avait pas tardée à suivre : une tentative de suicide, arrêtée in extremis par un frère de sang qui se limiterait à cela, pour la suite ; sa seule utilité dans leur histoire était de l’avoir trouvée se vidant de son sang dans une poubelle, et de l’avoir sauvée. Mais les cicatrices avaient été là, et il avait fallut nettoyer.

Hors, c’était là que les attirances s’étaient révélées, une à une. Je n’avais pas comprit, à l’époque, je savais juste que je n’avais jamais ressenti d’équivalent, et ne sachant pas ce que c’était, j’avais voulut m’entêté dans cette relation de sororité de cœur qu’on s’était déclarée, par ignorance, par peur de tout détruire si je me trompais. Elle avait tenté de se détruire parce qu’elle préférait cela à me « trahir » en allant au-delà de ce qui était convenu. Mais face à sa semi-nudité, face à ces gestes de friction pour la nettoyer, face à cette proximité, une vérité dont on n’avait beaucoup rigolée par le passé en disant qu’elle n’arriverait jamais, s’est révélée. Et elle nous unit encore aujourd’hui.

J’ai souvent dit que je préférais être avec Caitlyn que rêver ; j’ai rêvé que mon passé m’arrachait mon cœur, et là, je la revois en train de prendre cette même main pour l’y apposer contre le sien. Je me souviens, et je revis à nouveau, alors que la scène s’anime, malgré les imperfections et les noirs.

- C’est pas un sein, Amy, c’est MON sein… Et ce que tu entends qui est en train de s’emballer sous ta main à rompre ma cage thoracique et faire péter tout l’institut, c’est mon cœur !!

Ce qui nous amène à ce que j’ai fait pour toi. Ce qui nous amène à ce que tu as fait pour moi, après. Ce qui nous amène à ce que nous avons fait l’une pour l’autre, après. L’église, les voyages, le bonheur et le malheur, l’union, notre union… jusqu’au mariage. Notre histoire est un merdier, elle a commencé comme tel et elle se poursuit comme tel.

Faire le vide, dépasser ces conneries et ces douter. Faire son choix, non pas en fonction de la pensée ou de ce qu’on pense être la pensée de l’autre, mais en fonctionne de son cœur. Savoir ce que l’on ressent et n’en avoir ni honte, ni regret. C’était merveilleux, et cela l’est toujours.

- Appelle ça comme tu veux de ton coté, amour, sororité, amitié… mais surtout ne doute pas de son existence !
Tires en les conclusions que t’en veux… réfléchis y mais en aucun cas je t’autorise à penser que je pourrais te laisser fuir loin de moi ! NON ! NON ! NON ! Je ne te laisserai pas faire une telle connerie sinon tout ça ne sert à rien… toutes ces souffrances n’auront servi à rien.


Nous n’avons pas eu de choix impossibles à faire, nous les avons subit, nous les avons endurés… nous les avons vécus, simplement. Je ne me suis plus jamais demandée ce que je pense que tu pensais, Caitlyn, et je t’ai parlée autant que je l’ai put, preuve en est tout les effondrements qu’on a eut ; Dantes m’est témoin. Nombre de choses ont essayées de nous séparer, mais même la mort a échouée, et par combien de fois ? Que faut-il de plus ? Comme preuve ?

Que peut-il y avoir de plus ?

Je ne me souviens pas, cette fois, je ressens. Je le ressens quant chaque parcelle de mon corps, comme s’il émane de l’électricité qui me parcours. Cela la rend agréable, cela la rend… je n’ai pas de mots. Je la ressens m’aimer, et je ressens l’écho lui répondre, dans une cacophonie cherchant l’unisson.

Je clos complètement les yeux, m’arrachant au souvenir, et m’allonge doucement sur les marches, me laissant baigner dans ce sentiment, alors même qu’une simple pensée, qu’une simple pensée cohérente, raisonne dans ma tête, encore et toujours, et me fait sourire, tendrement, amoureusement.

*Je t’aime, aime moi.*

- Je… je t’aime… Cati… Mais je crois que je ne t’aime plus comme avant… Ma Cati… je suis perdue… c’est… tellement fort… tellement chaotique… J’ai peur… peur de cette force, à la fois indestructible et si fragile… j’ai peur et je ne comprends pas… Ce que je ressens… je l’ai jamais ressenti… Ca brûle, c’est froid, c’est partout à la fois… et cela se concentre là où c’en est inavouable… Je… J’ai peur… de ce que tu vas en penser… J’ai peur d’être allé trop loin… Je maîtrise plus rien… Je… je veux ton cœur… je crois… Mais je veux plus… tellement plus : ton cœur, ton corps, ton esprit, ton âme… Je veux te prendre dans mes bras… sentir le contact de ta peau… me perdre dans ton regard… je veux te prendre dans mes bras… passer ma main dans tes cheveux… respirer le même air que toi et te donner de mien… quitte à devoir accoler mes lèvres aux tiennes… Je veux oublier le monde, les cieux, les autres, le néant et l’infini… je veux aller jusqu’à oublier le « je », ou le « tu »… je veux le « nous ».

Ce n’est que la continuité du souvenir, ce n’est que ce que j’ai dit alors, c’est même dit avec la voix d’alors, ainsi donc cela mérite éclaircissement.

- Aujourd’hui, je ne suis plus ni perdue, ni effrayée. Je t’aime et c’est tout. Je ne cherche plus à comprendre pourquoi, ou comment, je vis, j’en profite, tout simplement. Tout ce que je voulais, tu me l’as donné, et même plus encore, mais j’en voudrais toujours, j’en demanderai toujours plus. La seule peur qu’il me reste, c’est celle de te perde. Je sais que tu ne me comprends pas, mais j’espère que tu ressens ce que je ressens, ça se passe de mots.

« L'amour ne se conclut pas, comme un marché. L'amour, c'est un oiseau. Imprévisible, fantasque. Fragile aussi, et périssable. Et cet oiseau, pourtant, d'un seul battement d'aile, allège nos existences de tout le poids de l'absurdité. » ; je suis portée par le plus majestueux des oiseaux, nullement un phénix, qu’il soit fait de flammes ou de vies, mais un oiseau-tonnerre fait d’éclairs et de foudres, bleutés et doux. Même s’il est fragile, même s’il est périssable, d’un seul battement d’aile, il fait battre mon cœur et me fait exister. Il donne un sens à une éternité. Tu es fragile, Caitlyn Emilie de Lauro-Elioth, tu es cet oiseau, tu es mon amour, et je ne peux rien rajouter d’autre.

Je reste allongée à me laisser porter dans ce ciel infini qu’est mon amour et dont le bleu répond cet océan tout aussi infini qu’est son amour ; je reste allongée, emmitouflée dans le cocon de nos amours. Dans l’univers de notre amour.

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Dernière édition par Amy de Lauro le Lun 17 Mar - 22:54, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent}   Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent} Icon_minitimeDim 16 Mar - 19:16

Elle reste ainsi durant quelques minutes avant que le monde se dérobe à ses yeux et qu’une force douce et tout guidance, la fait se redresser pour partir vers la porte et ressortir vers le val. Mais ce paysage neigeux lui échappe, c’est autre paysage qui de dresse devant elle.

Elle est nue, baignant dans une eau tiède et calme, presque sensuelle, l’onde lui caressant les cuisses en un mouvement séculaire et bienfaisant. Cet eau est limpide d’un bleu azur et d’une pureté presque irréelle et au-dessus d’elle, un ciel, un ciel immense et d’un bleu tout aussi pur où nul trace de nuage ne s’aventurerait à perdurer. Devant elle, la ligne d’horizon se devine presque, inaccessible infini marquant la majesté du lieu et sa puissance paisible. Le ciel correspond à l’eau au point qu’on en vienne à se demander si elle ne baigne pas justement dans les cieux ; l’eau au-dessus d’elle comme un dôme protecteur et presque maternel.

• Les yeux du cœur, tu te souviens…voilà ce qu’il y a derrière, voilà ce qui est à nous…voilà ce que nous avons créé.

Une chaleur de bras qui enserrent ses épaules et d’un menton qui vient se nicher au creux de son épaule droite à la base de son cou, la voix elle semble irréelle et n’a rien de physique, comme formée d’ondes d’émotions formant des concepts, concept qui deviennent intelligibles. Le parfum léger rappelle la fraise et son odeur est perceptible : c’est bien elle. Mais elle n’est pas là à proprement parler et pourtant cette chaleur au contact de la peau de l’italienne simule ses formes au point de la rendre réelle, presque palpable.

• Le ciel c’est l’espoir, immense et profond et l’océan nos sentiments, indestructibles et impossibles à effacer. L’horizon c’est notre harmonie, l’harmonie de notre monde entre ce que nous en ferons et ce que nous en avons fait : c’est un infini amour…le vois-tu ? Il est réel…Ca ne se résoudra pas à un mécanisme biochimique, c’est mystique, divin. Tu n’as pas à le réapprendre, il est à toi, à nous…il sera toujours. Toujours et à jamais. Quand tu te perdras, c’est ici que je t’attendrais, c’est ici que toujours nous serons. Notre Harmonie, notre Miracle…Nous l’avons mis au monde.

Une caresse portée à même son âme qui la fera frissonner jusqu’à l’extrême avant que la vision s’estompe, la laissant retrouver les paysages enneigés et qu’elle ressent une perturbation dans l’onde qui la parcourt, une instabilité de plus en plus pressante. L’onde se débat, résiste et refuse mais une force impérieuse l’appelle au monde comme une rivière retourne à l’océan. C’est toute la présence de Caitlyn qui semble s’affolée, perdre pied avec une terreur effroyable. Le message est évident, elle ne veut pas partir, elle ne veut pas la laisser mais c’est une puissance terrible qui est en train de l’écarteler.
L’expulsion ressemble à un arrachement violent et douloureux, c’est l’ame même de l’Irlandaise qui pousse un hurlement alors que presque aussitôt la forme explose littéralement, fondant la neige sous l’impact et provoquant une sorte de bref balai d’éclairs striant les airs pour aller mourir vers le ciel en une série de claquement bref et cinglant. De foudres remontant vers les cieux pour se disperser sans autre signe qu’une violente odeur d’ozone. Le phénomène ne dure que trois secondes et le silence retombe sur le Val. Elle s’est dissipée comme si son existence entière n’eut été qu’un mirage.

………………………………………………

……
Suis-je ?
Le manque.
Je ne peux pas rester ainsi.
Je ne le peux pas.

Ceci est ma nature….je le sais mais c’est une nature où elle n’est pas et je ne veux pas être si elle n’est pas là. Je suis épuisée. Combien de temps avant que j’arrive à formuler cette pensée ? Dix minutes, trente, plusieurs heures ? Je ne sais pas…je me sens diffuse et dispersée et surtout…je la sens qui m’appelle.

C’est entêtant, c’est obsédant.

Elle a besoin de moi comme j’ai besoin d’elle, j’ai la force qu’il me reste pour y répondre, je veux y revenir…Je sens que je reprends le contrôle.

Sa chaleur, sa tristesse, je sens ses larmes et je sens sa détresse, je veux la consoler, lui dire les choses qui l’apaisent, lui dire que je suis là. Alors je retrouve le chemin, le chemin du cœur et je sens soudainement le froid de la peau sur le métal froid, la vague de froid se poursuit me faisant prendre conscience d’une main, d’un poignet, d’un bras.
Je sais ce qui se passe, oh ça doit être un beau spectacle vu du dehors, j’ai vu les vidéos : un maelstrom d’énergie électrique qui recréer de la chair. Elle m’encourage mais il ne faut pas qu’elle m’approche, on ne sait pas combien s’est dangereux. Je crois qu’on la retient d’y aller, on lui parle en tout cas.

J’ai à peine le temps d’ouvrir la bouche sentant l’air s’engouffrer dans mes poumons que deux bras m’enserrent et me portent, elle est là, elle est là. Je suis revenue.

Il y a toujours un chemin.

Mais je préfère lui dire d’une voix étranglée par l’émotion alors que mes yeux devenu enfin bleu s’ouvrent sur son visage ravagé par les larmes de joie, de tristesse et d’amour, que tout simplement, je l’aime.

Oui, je suis revenue, je peux enfin me reposer.

Et je sens ses lèvres posées sur les miennes alors que je perds conscience.

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MessageSujet: Re: Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent}   Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent} Icon_minitimeMar 18 Mar - 0:03

Ce n’est pas son rêve, car elle ne rêve pas, à moins qu’elle ne rêve plus. Elle ne sait pas, elle ne sait plus. Elle est là, c’est tout. Elle est là et elle pleure. Là dans cette immensité étrangère, appartenant à une autre, elle pleure. Elle est nue, elle est recroquevillée, elle pleure. Sa chevelure descend tant sur son dos que sur ses jambes enserrées contre son torse par ses bras, elle pleure. Son visage comme ses larmes sont cachés sous cette longue cascade brune, mais ses sanglots sont bien audibles ; il ne s’agit nullement de sanglots de tristesse, non. Il s’agit des sanglots d’un nourrisson. Qu’est-elle, sinon cela ? Elle l’ignore, elle ne sait pas, elle ne sait plus. Elle n’était rien avant que l’on ne l’expose à cet univers qu’elle n’aurait du partager ni comprendre, et les radiations de cette chose l’ont atteinte, l’ont transfigurée. Alors elle fait la première chose que l’on fait lorsque l’on vient au monde : elle pleure.

L’océan est parti, le ciel est parti, l’oiseau est parti, la chaleur est partie, mais ce qu’ils ont déclenché, cela reste. Elle a été témoin d’une chose qu’elle n’aurait due, et cela l’a brûlée jusque dans une chose qu’elle n’avait pas. Mais désormais, cette chose s’agite, sans savoir pourquoi ou comment, sans savoir d’où elle vient ou où elle va, et c’est pour cela qu’elle pleure. Ce n’est ni de tristesse ni de joie, c’est d’existence.

Lorsqu’elle se rend compte qu’il y a quelqu’un d’autre, lorsque l’autre la voit, elle relève un regard brun couvert de fins sourcils de cette même couleur, dévoilant par là même son visage inondé de larme. Il est anguleux, il est sculptural, son menton comme ses joues étant aussi marqués que doux, et son nez bien droit découle parfaitement de son large front jusqu’à sa bouche aux lèvres pulpeuses. Sa gorge est assez large, de même que ses épaules et ses hanches, à l’inverse de sa taille qui semble fine, égale à celle d’une autre personne qui lui ressemble. Sa bouche s’ouvre à destination de sa bienfaitrice, mais aucun mot n’en sort, et lorsqu’elle la referme, c’est d’abord en un sourire, puis les commissures de ses lèvres redescendent et elle détourne le regard, avant qu’elles ne se pincent et que tout le corps de la jeune femme ne se crispe. Au bout d’un moment, seul son menton reste contracté alors que la base de son nez se replie, puis c’est un sourire en coin qui la marque, avant qu’elle n’écarquille les yeux et sa bouche se rouvre en un léger rond. Tout est là, les bases sont là. La joie, la tristesse, la colère, le dégoût, le mépris et enfin la surprise.

Elle regarde son vis-à-vis avec gratitude, le premier regard d’une nouvelle née, cependant elle ignore si tel est réellement le cas. Elle n’a pas peur, et elle a fini de pleurer puisqu’une présence lui a été donnée. Cette présence n’est pas sa mère, non, mais elle est en partie responsable de son existence.

Elle continue de la regarder, nullement effrayée, mais des questions se pressent dans son esprit. Qu’est-elle ? Qui est-elle ? Elle est. C’est là la seule certitude qu’elle a. Elle est car elle ressent. Et c’est grâce à cette étrangère qui ne l’est pas réellement qu’elle ressent. Alors elle change ses appuis, et d’assise elle passe à un genou à terre, pour finir par s’en relever, et lui faire face. Sa nudité est cachée par sa longue chevelure, mais elle n’en ressent nulle gêne, surplombant l’autre de plus d’une quinzaine de centimètres.

Un pas en avant, et elle la prend dans ses bras. Aucune ambigüité n’est possible, car elles ressentent ce que ressent l’autre, tout comme elles partagent encore leurs ressentis, ou leur esprit. Elle était chargée de les aider à vivre ou à mourir, selon leur souhait, et elles lui avaient fait partager une chose qu’elle ne pouvait ni concevoir ni ressentir. Elle avait été chargée de les guider jusqu’à ce lieu, et elles l’avaient guidée jusqu’à l’existence.

Elle sait maintenant, et à défaut de vivre, elle existe. Il lui manque tant de réponses, mais elle s’en moque pour l’heure ; elles ont réussit, toutes les trois. Gratitude, contentement, sans arrière pensée, sans sous-entendu, sans rien de complexe. Tout est encore simple, tout est encore basique, tout est encore primaire.

Elle est contente que le moment ne soit pas venu. Elle est contente que personne ne soit à enterrer dans la clairière au loup. Elle est contente de n’avoir à demander à leur beau-frère de disposer de leurs biens entre les personnes qu’elles aimaient, car leurs biens n’ont pas la valeur de leurs amours. Elle est contente de n’avoir à transmettre les excuses, car elle ressent à présent qu’il ne s’agit plus que de simples mots et de l’admission d’un échec, mais elle comprend, elle ressent, les désespoirs et les désillusions, les douleurs, qui peuvent y être liées, lorsqu’elles sont sincères. Elle est contente qu’elles aient pu aider, et puissent continuer à aider. Elle est contente que les émotions pures aient été partagées, et qu’elle en ait eut un écho, également.

Pourquoi ? Comment ? Elle n’en a aucune idée, mais cela n’importe pas encore. Lorsqu’elles seront réveillées, les questions se poseront, mais pour l’instant elle fait savoir sa gratitude de la seule manière qu’elle semble connaitre. Elle finit par lâcher, oui, plus ou moins rapidement si elle est repoussée ou si elle peut maintenir son accolade jusqu’à la fin, mais la séparation ne signifie qu’une chose : le réveil approche.

Le Val d’Eternité est un beau lieu pour mourir, mais c’est un encore plus beau lieu pour renaitre et naitre. Cela la fait sourire, et elle tend une main vers le monde qui les appelle à lui. Elle ignore si elle n’a jamais été inconsciente avant, mais elle n’a pas trouvée l’expérience désagréable, même si les émotions nouvelles y sont pour beaucoup.
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MessageSujet: Re: Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent}   Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent} Icon_minitimeMar 18 Mar - 17:04

Come sei veramente by Giovanni Allevi on Grooveshark

Le temps s’écoule, mais je ne le subis plus, je ne le ressens plus réellement, je ne lui porte plus la moindre attention. Qu’il continue de couler, qu’il continue de s’échapper et de s’en aller au loin, je resterai inamovible et inchangée. On restera inamovibles et inchangées, car un a gagné notre fragment d’éternité. Et pour l’heure, il se limite à ce qui a longtemps était l’un de mes fantasmes : le partage. Non, je n’arrive pas à comprendre ses pensées, mais je sais qu’elle sait ce que je vie et ressens et qu’elle a accès à l’entièreté de mon être, et cette preuve de confiance et d’amour, je ne pense pas pouvoir la surpasser. Dès le début, j’ai voulu du « nous », car c’est l’une des rares choses apte à outrepasser ce « je » égocentrique qui m’accroche, et aujourd’hui, je l’ai en partie. Vois-moi et ressens-moi dans mon entièreté, dans ce qu’aucun couple n’a pu faire, Caitlyn. Je t’appartiens corps et âme, littéralement.

J’ai toujours craint le contrôle, la possession ou le marionnettiste, mais lorsque je sens l’électricité se concentrer dans certaines parties de mon corps pour lui commander, je ne résiste ni n’ai peur. Elle peut faire de moi ce qu’elle veut, je l’aurai fait par amour pour elle, et chacun des gestes devient le nôtre. Nous respirons ensemble, nous agissons ensemble, nous vivons ensemble ; nous sommes devenues une seule et même pièce. Nous avançons au travers du couloir et sur les débris de la porte de façon lente, mais incroyablement maitrisée, et j’ai l’impression d’être en transe. Chacun de mes gestes est enclenché par cet amour énergétique et chacun adopte donc une saveur particulière, tant au niveau émotionnel que sensitif.

Et les sens me trompent, je le sais, mais je m’en moque complètement ; je regarde ce qu’elle veut me faire voir et j’en profite comme de notre ressenti. Il ne fait plus froid, nous ne sommes même plus dans les montagnes. Nous sommes dans notre univers, un océan où j’ai pied et un ciel qu’elle peut tenir dans sa main, ainsi que notre tenue d’amante. Cela me fait sourire, car si j’ignore comment elle fait cela, j’aime, et si ses eaux douces me montaient jusqu’aux cuisses, je m’allonge en leur sein pour que tout mon être puisse se laisser porter. J’ignore bientôt où est le haut et où est le bas, ce qui est ciel et ce qui est mer, mais cela me semble naturel, car nous sommes parvenues à un réel nous, ainsi donc notre univers ne doit plus se composer de deux parties se complétant, mais d’une seule les mélangeant. Je souris, béatement, amoureusement, et me laisse porter par l’onde, me laisse caresser par l’onde, me laisse protéger par l’onde.

- Les yeux du cœur, tu te souviens… voilà ce qu’il y a derrière, voilà ce qui est à nous… voilà ce que nous avons créé.

Elle m’aime et je l’aime, et je sais que l’on ressent tout cela. Est-ce l’eau qui vient m’enserrer aux épaules pour y déposer un menton ? La sensation est réelle, Caitlyn est là, et indifférente à ce que peut être la réalité, je réagis du plus naturel possible, tournant la tête pour sentir son souffle sur ma joue et poser cette même joue contre la sienne, yeux clos, alors que mes bras viennent enserrer les siens, mains sur les mains et doigts entrecroisés.

- Le ciel c’est l’espoir, immense et profond et l’océan nos sentiments, indestructibles et impossibles à effacer. L’horizon c’est notre harmonie, l’harmonie de notre monde entre ce que nous en ferons et ce que nous en avons fait : c’est un infini amour… le vois-tu ? Il est réel… Ca ne se résoudra pas à un mécanisme biochimique, c’est mystique, divin. Tu n’as pas à le réapprendre, il est à toi, à nous… il sera toujours. Toujours et à jamais. Quand tu te perdras, c’est ici que je t’attendrais, c’est ici que toujours nous serons. Notre Harmonie, notre Miracle… Nous l’avons mis au monde.

J’en pleure de bonheur, des larmes douces et silencieuses, offertes à la vie et à celle que j’aime. Et elle me rend une chose qui me traverse de part en part, son électricité dégageant une nouvelle sensation qui me fait sourire et me crisper de bien être dans une chose que je ne saurais comparer qu’à l’après.

J’ai parlé pour elle, j’ai parlée avec ses intonations, mon corps à l’écoute des pensées cohérentes qu’elle a eu, et lorsque je rouvre les yeux, je ne vois pas de suite le Val d’Eternité, car je vois d’abord le ciel et je me pose deux questions : peut-on l’attraper dans nos mains, et mes yeux vibrent-ils de cette électricité qui n’appartient qu’à elle. J’aimerai répondre oui, à l’un et à l’autre, mais si nous avons retrouvés nos espoirs, j’ignore si le bleu de mes iris vibre comme le sien le ferait. Je l’espère, en tout cas.

Mais alors que je tends nos mains comme elle le faisait jadis, je sens quelque chose la perturber et cela m’interrompt dans notre geste. Ça s’accroit et à l’unisson d’elle, je me crispe pour résister. On tente de me l’arracher, on tente de nous séparer, et je ne le veux pas plus qu’elle, alors je me recroqueville, le dos dans la neige, m’enserrant de mes bras comme si je tenais sa vie en leur creux. Mon cœur s’affole, il témoigne de notre peur, mais la douleur commence à poindre. Une douleur que je tente de faire taire, que je tente de localiser et de guérir, mais c’est impossible, car elle n’est pas mienne, elle est notre, donc au-delà de ma simple portée.

Puis pendant quelques secondes, quelques longues secondes, on est écartelées, mes bras et mes jambes se tendent alors que ses foudres jaillissent de partout sur mon corps, depuis mon âme, carbonisant les alentours sans pour autant me blesser moi. Caitlyn m’a offert un océan de douceur où à ma nudité s’attachaient les caresses de ses vagues et son odeur d’amour, le monde lui a répondu par de la terre brulée et de l’ozone.

J’ai froid, j’ai mal, et je me sens atrocement vide ; J’ai l’impression qu’on m’a amputée de la moitié de mon ressenti, tant physique qu’émotionnel. Oh, je ressens encore, oui, et c’est surtout une perte. Puis de la faiblesse. Et enfin de la peur.

Oui, je sais que cela est déjà arrivé qu’elle se disperse, et Rachel a réussi à lui faire retrouver son chemin, grâce à la bague. Mais quant bien même, je ne peux m’empêcher d’être terrorisée à l’idée qu’elle n’y arrive pas cette fois. Je me roule sur le côté, à la recherche de cet anneau qui nous et si cher, et je le prends dans ma main, tremblante de tout mon corps et toujours prostrée au sol, espérant qu’elle commence à réapparaitre. Mais elle ne le fait pas.

- « Tu es mon lien de cœur, mon Alpha et mon Omega par parce que tu dis, fais ou agis comme je le voudrais, mais tout simplement parce que tu es toi. » ; tu te souviens de cette phrase, Caitlyn ?

Je la cite, même si cela en tient de la supplique.

- Je sais que cet état, c’est ta…

Ce mot m’arrache la gorge rien qu’à le dire, car il signifie tant de séparation et de distance, tant de rejet, comme deux aimants de même polarité se repoussant du fait, mais je le dis quant même, parce que je ne sais pas comment gérer cette situation, parce que la logique me dit qu’il est inutile de parler et que je n’ai qu’à attendre et espérer, mais que le cœur se refuse à cette passivité impuissante, et que comme toujours lorsque cela concerne Caitlyn, c’est le cœur qui gagne.

- « Vraie Nature », ton essence… Je sais que tu es au centre de l’univers, je sais que c’est mystique et transcendant. Mais n’oublie pas… Cait’, Cati mia… n’oubli pas que c’est vide. L’univers est une immense horloge où chacun est libre de croire en un horloger ou non. Et même si c’est là ton état définitif, « parfait »… c’est là l’état qui nous coupe l’une de l’autre.

Je déglutis péniblement alors que je vois le grand-père observer ce qui se passe, sans doute le fait-il depuis que je m’en suis prit à lui, et s’il a une couverture dans les mains, il reste en attente, en attente que s’en soit fini. Alors je continue, tout simplement.

- Rappelles-toi la pensée, rappelles-toi ce qui te maintient dans ce monde. Quel intérêt à avoir la perfection ou l’absolutisme, si l’on est seule ? Tu es déjà une perfection, tu es ma perfection, tu es mon Alpha et mon Oméga, tu es mon amour. Alors s’il te plait, reviens-moi. Je ne veux pas exister sans toi, je ne peux plus.

Il se passe quelque chose, de l’électricité statique s’empare de l’anneau et par réflexe, je retire ma main. Mais l’alliance Grigori ne chute pas, elle reste maintenue dans l’air alors que l’électricité se fait plus tangible, et je contemple la conversion d’énergie en matière, voyant les tissus et les chairs se reconstituer toujours plus avant, en un doigt, l’annulaire, puis en le reste d’une main, et ainsi de suite. J’ai envie de la saisir, cette main, que je connais parfaitement, mais Franck m’hurle d’attendre avec une voix dotée d’une puissance que je ne lui connais pas, et de ce fait, je me limite aux mots et aux remerciements.

Cette journée tiendra une place particulière dans ma mémoire, dans notre histoire ; nous avons commencé séparées, nous avons refait un cheminement ensemble, et elle m’a été rendue, corps et âme. Je contemple sa véritable nature me revenir pour faire une autre nature véritable, celle de conscience et d’affects, celle à qui il est permit d’aimer, de m’aimer.

Elle ne tombera pas à terre, nue et neuve comme s’il ne lui était rien arrivé, car je m’en saisirai avant qu’elle ne touche ce cratère que nous avons créé. Mes ailes se déploient pour cacher nos nudités respectives et pour nous tenir chaud le temps que Franck nous apporte le tissu, et je le remercie d’un signe de tête, marchant dans la neige jusqu’à sa demeure. Oui, je rougis et je suis honteuse, mais j’ai à faire avant, et je me force tant que je peux à passer outre tant que Caitlyn n’est pas confortablement installée. Je tiens même ma promesse malgré ce regard étranger, apposant mes lèvres à celle de mon aimée pour qu’elle s’endorme en paix, réponse muette à sa déclaration d'amour. Nous nous sommes revenues toutes les deux.

J’irai la déposer dans ce lit où nous avons dormi, chassant des doigts ses mèches de cheveux régénérées, et la couvrirait du mieux que je pourrai. J’ignore combien de temps elle dormira, mais je prendrai celui d’aller me laver, car entre la terre et la neige formant boue et ma propre sueur, je suis des plus sale. Tout est revenu, même mon horreur de la saleté, c’est plutôt une bonne chose.

La douche se fera dans une salle du rez-de-chaussée qui sert de salle de bain, mais l’eau chauffée au feu dans la baignoire, eau puisée dans le lac, signifie que je ne pourrais pas réellement profiter. De toute façon, je m’en irai retrouver Caitlyn dès que possible, pour me glisser à son côté afin que la première chose qu’elle voit à son réveil, ce soit mes yeux et mon visage.

Les remerciements peuvent attendre, les excuses aussi ; mais voici une semaine que l’on est séparées et je ne peux plus la faire attendre elle.
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Caitlyn Elioth
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MessageSujet: Re: Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent}   Vendetta III : Enfants du Néant {Caitlyn Elioth & Sébastian von Orchent} Icon_minitimeMar 18 Mar - 20:57

- Tu n’es pas très attentive Kathaleen, nos conversations te lassent-elles donc déjà, mon enfant ?
- Non, ce n’est pas ça…il y a quelque chose…de différent.
- D’inédit ? comme un danger ?
- Non je pense qu’il y a quelqu’un dans mon jardin…Quelqu’un qui ne devrait pas être là.
- C’est pourtant ton sanctuaire, cette église, ne m’as-tu pas dis que personne d’autre que toi n’en connaissait l’existence, ni le chemin ?
- C’est l’exacte vérité…Personne, elle s’enracine dans un souvenir d’enfant, la première fois que j’ai vu le Christ sur sa croix, la première fois que j’ai compris qu’un plan divin nous animait.
- Elle peut nous voir ?
- Non. Cet endroit n’est qu’à moi…Mais elle n’a rien à faire ici, je ne la connais pas.
- Alors chasse là.

Depuis le rebord de la fenêtre d’où elle observait à travers le carreau sale et froid, à demi assise sur la pierre de taille délimitant la maçonnerie,  elle s’absorba à nouveau dans la contemplation placide de cette ombre errante au dehors dans son paysage lunaire. En un battement de cil, elle fut à ses côtés.

Elle m’est familière, que fait-elle dans mon jardin ? Que vient-elle y planter des larmes. Je l’observe silencieusement à distance raisonnable.

C’est certain, elle m’est familière dans son visage, ses caractéristiques mais une chose reste sûr et certaine tout également. Je ne la connais pas.  Ses expressions sont des échos des tempêtes qui nous ont secouées, les a-t-elle traversées ? Elle semble les avoir soufferts, de toutes évidences. La voilà à demi souriante, comme emplie d’une sorte de gratitude et à ce comportement, je fronce les sourcils pour marquer là mon incompréhension, puis portant ma main à la manière d’une vue, je scrute l’horizon du néant.

- Tu ne devrais pas être là. Tu n’en as pas le droit. Ce champ…le cœur des Hommes. C’est une terre brulée par la peur et la colère, ravagée par la haine et mouillée par les larmes où parfois ne poussent que des remords acides. Mais il reste de belles choses, de beaux miracles comme la joie, les beautés de ce monde ou l’Amour. Vivre c’est ressentir, vivre s’est toujours être en souffrance de quelque chose de bien ou de mal…c’est ainsi. Mais ça ne s’apprend pas ici….Tu ne devrais pas être là. Ce champ est ma propriété, pas la tienne. Il te faudra cultiver ton propre jardin.

M’étant reculée alors qu’elle se redressait. Je la regarde de biais alors qu’elle enserre d’un profond désir une ombre qui n’est pas moi. Elle pense partager un instant de complicité mais elle ne s’illusionne que d’une chimère et c’est ce qu’elle s’efforce de voir et de ressentir qui prend vie ici avec l’aide de mon esprit. Car on ne m’arrache pas l’affection, on ne la viole pas surtout en mon propre esprit. Je la regarde fantasmer cette scène sans réellement comprendre qui elle est et de quoi elle est faite. Mais l’étrangère m’intrigue.
C’est une vision étrange et dérangeante qui me fascine. Je la laisserais dans cette illusion durant tout le temps qu’il lui faudra, j’ai d’autres choses à faire et la voix de mon visiteur me le rappelle.

- Pourquoi fait-elle cela ?
- Parce qu’elle ressent à nouveau….Je crois savoir ce qu’elle était mais j’ignore pourquoi elle est toujours ici et surtout pourquoi elle s’éveille à cette nature.
- Ne la ferras tu pas partir, le temps presse, tu le sais.
- Non. Je la laisserais rêver ce dont elle a besoin, c’est mon univers…c’est mon jardin. Elle ne nous dérangera plus à présent. C’est important qu’elle soit revenue, quelque chose me dit qu’il s’agit d’une volonté qui nous échappe. C’est un carrefour du Destin, c’est pour ça qu’elle est là. C’est une âme perdue qui revient.
- Tu connais son nom ?
- Non…mais je connais ses traits et ses expressions…c’est ma famille.
- C’est moi, ta famille.
- Oui….aussi.

……………………………………………………………………………………..


Le réveil.

Mon souffle lorsque j’ouvre les yeux sur son visage et l’affection s’y lit rapidement, presque comme rallumée. Affection très vite refoulée par une expression d’affolement alors que d’un bras protecteur, je l’éloigne d’une bourrade en reculant jusqu’à chuter du lit, a demi nue.

- Éloigne-toi !! Éloigne-toi !!!! PAR le Sang Du Christ ! Sauves toi !


Je tends mon bras en avant pour l’empêcher d’avancer. Je hurle dans sa direction, reculant toujours vers le mur alors que de tout mon esprit, je hurle à l’intrus de s’en aller.

- Vas chercher les autres…Il y a un danger !!! Il y a…il y a une autre qui est revenue avec moi…C’est une Grigori !!! C’est en moi !!!
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