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 Pizza traditionnelle [Icare]

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2 participants
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Kaya Spencer
Élève à l'Institut expérimenté(e) Beta
Kaya Spencer


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MessageSujet: Pizza traditionnelle [Icare]   Pizza traditionnelle [Icare] Icon_minitimeDim 9 Fév - 22:24

Mariella Pizza - Manhattan - 16 janvier, 19h40

J'avais envoyé un SMS à Josh, lui proposant de se retrouver pour manger quelque chose. J'avais faim. Et j'avais envie d'une bonne pizza. Mariella faisait parmi les meilleures pizzas de Manhattan, et vu que l'ange vivait maintenant avec son petit ami, ça me semblait être l'endroit idéal pour se retrouver. Nettement mieux que l'Institut. Cet endroit... Me semblait oppressant. Je ne savais pas pourquoi. Peut-être l'historique que j'y avais. Les doutes. La mort... Il me faudrait un peu de temps pour parvenir à bien me remettre de cette histoire. J'avais dit à Caitlyn que tout me semblait différent, et sur le moment je pensais ce que je disais, mais en réalité j'avais encore des doutes. En fait... Je savais ce qui n'allait pas chez moi mais je ne savais pas vraiment très bien comment faire pour améliorer les choses. J'avançais un peu à l'aveuglette...

Un des problèmes majeurs que j'avais était que je ne parlais pas... Alors pour une fois, j'allais tâcher de le faire. De prendre un risque. Je n'osais pas demander à Josh de me présenter son petit ami, je n'osais pas lui demander comment ça allait les concerts, je n'osais pas lui demander de m'apprendre la guitare, ... Merde, je n'osais même pas lui demander comment il allait, de peur d'être "embêtante". C'était devenu excessif. Ma peur de perdre mes amis m'avait menée au point où je n'osais plus leur parler... Je voulais passer du temps avec lui mais je n'osais pas le faire. Ce qui ironiquement était parfaitement contre-productif. J'avais donc beaucoup de choses à dire et à demander.

Et vu que je pouvais maintenant manger de manière à peu près normale (je n'avais plus l'impression que chaque bouchée de pain était une bouchée de clous), autant en profiter pour s'envoyer une pizza d'élite. Je lui avais donné rendez-vous vers 19h30-19h45, j'étais restée assez vague car je ne savais pas trop à quelle heure j'arriverais à débarquer. Il ne devrait pas trop tarder. Je ressentais... Comme de la pression. Pourtant je n'allais pas à un entretien d'embauche, ni faire un one-woman-show devant 15.000 personnes, ni risquer ma vie. En fait, très étrangement, j'aurais moins peur de risquer ma vie. Je savais, consciemment, intellectuellement, que Jay ne m'abandonnerait pas juste parce que j'ai envie de lui parler. Mais... émotionnellement, ce n'était pas la même chose. En fait mon cerveau et mon cœur avaient toujours été en désaccord. Mon cerveau me disait des choses logiques, cohérentes, rassurantes, et mon cœur me torturait non-stop depuis mon plus jeune âge.

C'était peut-être pour ça que j'avais tant de mal avec le cœur que prônait Caitlyn. Le mien avait été cruel, à chaque minute de mon existence. Oh, certains diraient "il y a bien pire"... Peut-être. Dans l'immédiat je m'en foutais. Je soupirai longuement, continuant de faire les cent-pas devant l'enseigne ouverte depuis 1978. J'aimais bien, ces commerces qui dataient un peu. J'aimais cette idée que j'allais manger les mêmes pizzas que des types dans les années 80, à l'époque où la vie était bien plus simple. Et j'aimais aussi cette idée que des gens mangeraient les mêmes pizzas que moi dans 30 ans. C'était peut-être idiot, mais cette expérience commune entre les générations et âges, appréciée de la même manière, me semblait puissante. J'aimais manger dans les vieilles enseignes de ce genre... Et je n'étais pas la seule, vu que les critiques ne tarissaient pas d'éloges concernant cet endroit.

Nous allions de toutes façons pouvoir rapidement tester, vu que je reconnus la chevelure presque immaculée de Jay qui s'approchait sous les lampadaires, passant au travers de la foule qui visitait le centre-ville de New-York City. Lui faisant un geste de la main, sûrement inutile parce que j'étais facilement reconnaissable avec mes mèches roses, j'affichai un sourire plutôt ravi.

« Heey ! C'est cool que t'aies pu venir ! »
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Icare
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Icare


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MessageSujet: Re: Pizza traditionnelle [Icare]   Pizza traditionnelle [Icare] Icon_minitimeLun 10 Fév - 2:31

* Encore disparue ? Et notre leçon de guitare ? Mais t'es où Kaya ? Qu'est-ce que t'as encore foutu ? *

Le livre avait quitté le bureau, dérobé par la main délicate de l'angelot. Un vol consenti par sa meilleure amie qui lui avait dit de passer dans sa chambre ce soir là. Rabattant la languette de sa besace d'une pichenette, le jeune homme avait parcourut les lieux du regard avant d'oser le découvrir pas à pas. Ses pieds le menèrent jusqu'au lit de Kaya sans qu'il n'ose toucher à rien. Étrangement, ses yeux ne parvenaient pas à garder en souvenir ce qu'il voyait. Il oubliait tout instantanément, impossible de se rappeler de la couleur de la tapisserie où de l'état de rangement des lieux. Quelque chose le préoccupait, comme un sixième sens qui l'avertissait. Non, ce n'était pas un autre pouvoir mutant, simplement cette alarme que tous possédaient plus ou moins pour leurs ami(s).

Cependant, le regard azuré d'Icare finit bel et bien par s'accrocher à quelque chose, un bout de papier qui obséda ses prunelles instantanément. Revenant au bureau le jeune mutant fronça les sourcils tandis qu'il osait, cette fois, pénétrer l'intimité de Kaya. Son sixième sens lui disait que c'était nécessaire, qu'il était permis de lire ce document bien en évidence qu'il aurait pourtant évité par pudeur en temps normal. Une lettre de cessation de biens pour l'Institut ? Qu'est-ce que cela voulait dire ? Kaya souhaitait-elle déménager, tout recommencer à zéro ? Pourtant elle ne lui avait rien dit. Cette lettre concernait-elle ce passé encore récent où son amie s'enfermait dans sa chambre ? Probable, hier soir elle semblait si bien, redevenue normale, joyeuse sbire insouciante qui avait commenté son concert avec enthousiasme, acceptant enfin de commencer des cours de guitare sans avoir l'impression de le déranger alors que c'était lui qui insistait.

Peut-être, mais l'élève n'était pas au rendez-vous ce soir. Kaya avait-elle replongé dans sa dépression ou ce qu'il supposait s'en approcher ? Mais où était son amie ? Et que voulait dire cette lettre ? D'un coup d'oeil circulaire Icare avait remarqué que tout était encore en place. Vêtements, effets personnels, Kaya semblait avoir décidé de partir sans rien, et même sans cet argent qu'elle avait cédé à l'institut. C'était quand même bizarre cette affaire, ça ne collait pas...

Et il eut le temps d'y songer mille fois pendant les jours suivants. Au bout du second, devenu insomniaque, mort d'inquiétude, Josh s'était ouvert au personnel de l'école, mais personne ne savait rien, ou alors on refusait de lui parler. Sans doute une histoire de confidentialité à préserver. L'ange avait beau s'énerver, supplier, argüer que Kata était son amie, si elle ne lui avait rien dit, c'était sans doute pour une bonne raison. Lui qui en fut un adepte jadis, Josh avait bien entendu pensé au suicide, aussi avait-il guetté les journaux; lisant tous ces articles morbides qui pourraient parler d'une nouvelle victime de dépression. Ces jeunes, qui, dans ce monde trop grand avaient de plus en plus recours au départ définitif selon les médias, fatalistes sur la santé mentale des générations de demain. Rien ne correspondait au profil de Kaya, aucune de ces histoires qui concourraient pour le titre de la plus misérable tragédie. De plus, personne n'avait parlé d'enterrement à l'institut, c'était donc que personne n'était mort. Mais où se trouvait Kaya ? Aux États- Unis à refaire sa vie ? Partie pour se venger des ennemis du passé ? A son cours de guitare qu'elle avait finalement décidé de payer à un professionnel ?

Josh avait eu la réponse par SMS. Un jour disait un philosophe blasé par la jeunesse de ce monde, les gamins croiront que tout leur tombera du ciel, ou plutôt de leur téléphone portable. Ils contemplent le petit écran de cet outil à Cancer comme si c'était le messie. Et bien cette fois c'était le cas. Se précipitant sous la douche, le jeune homme avait ensuite rapidement déposé un baiser sur les lèvres de Lilian, bredouillant une ou deux explications sûrement incompréhensibles avant de foncer à l'endroit indiqué.

* Bordel, elle me pose un lapin et moi, j'accours quand elle daigne réapparaître comme un moineau excité à la vue d'une miette de pain. J'en ai marre qu'elle me fasse suivre sa vie comme si elle s'éclatait à effeuiller un sandwich histoire de m'affamer encore plus. J'suis trop con. *

Comportement de victime idéale, la bonne poire qui acceptait de tirer un trait sur les absences de son amie une fois, avant de subir la même chose et d'accourir comme si de rien n'était pour manger une pizza avec elle. Josh ne put se résoudre à faire demi-tour malgré sa prise de conscience, et, engoncé dans un grand manteau qui volait derrière ses pas furieux-surtout contre sa propre personne- sa main avait poussé la lourde porte de la pizzeria. Ni la décoration traditionnelle, ni les odeurs alléchantes et encore moins les mèches roses de Kaya ne semblèrent aptes à l'émouvoir. Le jeune homme se contenta de hocher la tête d'un air renfrogné en réponse aux signes de main de son amie, il se dirigea vers elle d'un pas sérieux ne lui ressemblant guère et s'installa lourdement sur la chaise.

Ses yeux furetèrent à la recherche d'une blessure éventuelle, évaluant l'état de santé général de Kaya. Impossible de s'en empêcher, il fallait toujours qu'il s'inquiète pour elle. Son esprit en ébullition l'empêcha pourtant d'analyser quoique ce soit correctement, et sans indice sur les faits de son amie durant ces derniers jours, le mutant lui répondit sobrement.

-Salut ! Oui, contrairement à toi l'autre jour, j'ai pu venir. Même pas un SMS Kaya. J'me suis inquiété bordel ! -Lança-t-il avant de rougir spontanément, tournant la tête vers les voisins qui avaient émis une remarque désagréable en entendant son "langage". D'une voix plus calme, le mutant continua sur sa lancée.- Je peux comprendre que tu aies des imprévus quelqu'ils soient mais préviens... Surtout que j'ai trouvé ça à côté du livre...

Icare sortit une photocopie de la cessation des biens de son aîné de son sac, l'original ayant été remis au personnel de l'école. Le jeune homme avait trouvé le professeur Worthington sur son chemin, il lui avait tendu cette lettre qui n'avait pas semblé l'émouvoir. Le X-Men s'était contenté de le remercier puis était parti, comme s'il était pressé alors qu'il était arrivé vers sa personne d'un pas tranquille, savamment dosé. Josh ne savait pas ce que le prof avait fait de la feuille mais il était content d'avoir pensé à faire une photocopie, à mi chemin entre la panique et la lucidité. Au moins il avait de quoi faire plonger le nez de son amie dans ses propres frasques. Peut-être était-il temps de faire comprendre à Kaya qu'elle faisait souffrir ses amis en agissant aussi mystérieusement, sans jamais rien dire, en se faisant du mal-bien qu'il ignorait si c'était le cas cette fois.- et en laissant derrière elle de troublants indices. Des miettes de pain, ou de pizza pour l'occasion.

-T'as encore été maltraiter des poteaux ou te faire tirer des balles dans l'oeil ? C'est ça ?

Acheva Josh sur un ton las, lequel avait perdu de cette sévérité implacable qu'il semblait toujours incapable de maintenir. A quoi bon être venu ici dans l'espoir d'engueuler Kaya si c'était pour céder dès maintenant, avant même ses aveux, à la joie de la revoir ? Déjà le mutant sentait que son soulagement le rendait plus tolérant, sa colère menaçait de fondre, comme si le pizzaïolo venait de l'enfourner par hasard avec cette pizza 4 fromages dans le four traditionnel. Pour autant Icare se contenta de s'installer un peu mieux dans son siège, fixant le regard pair de Kaya d'un air têtu. Cette fois il ne se contenterait pas d'explications farfelues, il voulait la vérité. Sa main délicate aux allures féminines paraissait même avoir gagné en force lorsqu'elle poussa la photocopie vers la fugueuse. Si Kaya voulait manger une de ces excellentes pizzas en compagnie de son ami par excellence- ou pas- elle allait devoir se mettre à table parce qu'Icare était bien décidée à la cuisiner jusqu'au bout.
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Kaya Spencer
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Kaya Spencer


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MessageSujet: Re: Pizza traditionnelle [Icare]   Pizza traditionnelle [Icare] Icon_minitimeLun 10 Fév - 18:29

Il avait l'air de faire la tronche... Pas qu'un peu. D'un autre côté, je l'avais laissé en plan alors qu'il était venu depuis le centre-ville. Faire ce genre de trajet juste pour récupérer un bouquin, il y avait sûrement de quoi avoir les glandes... Je baissai du coup la main, mon sourire s'éteignant assez vite pour prendre une mine mi-honteuse mi-effrayée. Ça n'allait pas rendre les choses plus faciles... Il ne serait pas évident de lui dire ce qu'il s'était passé et je devais trouver un moyen de me forcer à le faire, au lieu d'inventer une excuse ou quelque chose de ce genre. Non... ça ne serait pas évident. Mon instinct me hurlait d'inventer une excuse pourrie et de fuir aussi vite que possible. Mais depuis que je m'étais foutu une balle... Je savais que cet "instinct" me disait souvent des conneries, en particulier au niveau social d'ailleurs. J'avais prévu plusieurs mesures de sécurité, afin de m'assurer que je dirais la vérité.

Je le laissai en tout cas s'asseoir, et il commença alors à répondre, ne semblant pas vraiment avoir apprécié le fait que j'aie été absente lors de son passage. Il s'était inquiété, disait-il. Je rougis un peu, le regard partant de la droite vers la gauche, comme si je ne savais pas où regarder. Ce petit manège fut néanmoins interrompu par des gens qui firent une remarque assez peu agréable au sujet du langage de l'angelot. Contrairement à lui, je n'étais pas trop du genre à me laisser emmerder et je lançai alors :

« Oh ça va hein, on est à New-York pas en Louisiane... »

Ils firent un peu la tronche, mais reprirent alors leur repas alors que le blondinet continuait avec un ton plus calme. Il disait que j'aurais pu prévenir, et me tendit alors un document que je connaissais bien... La cession de biens que j'avais préparée. Il avait fouiné dans mes affaires, mais je ne lui en voulais pas vraiment. Le papier était en plein sur le bureau, bien en évidence, je voulais qu'on puisse le trouver sans difficultés et que ça soit fait rapidement et efficacement... Donc il n'y était pas pour grand chose. Enfin, ça expliquait la disparition de ce papier que je n'avais pas réussi à retrouver après avoir quitté l'infirmerie. Encore une fois, je n'osais pas le regarder, fixant la table du regard, puis les murs, puis les couvertes, puis etc.

La question finale arriva enfin : qu'est-ce-que j'étais allée foutre ? Ha, ça... Il demandait plus exactement si j'étais partie maltraiter un poteau ou me faire foutre une balle dans l’œil. Je balbutiai un peu, maladroitement, répondant alors avec une voix hésitante :

« Ben... 'fin... nan c'est... c't'àdirequ... en fait... 'me suis pas fait mettre une balle dans l’œil... A l'époque, j'me SUIS tirée une balle dans l’œil, par moi-même... Le plus drôle c'est qu'ça a inquiété personne... 'fin... »

Nan j'étais en train de dériver. Je devais impérativement m'empêcher de partir dans tous les sens, car plus je le ferais, plus je serais susceptible d'inventer une connerie, ou de minimiser les choses, de faire au mieux pour mentir et manipuler Josh afin qu'il oublie cette histoire. Résultat, je n'arriverais jamais à rien. Je fourrai donc la main dans ma poche, en sortant un étui de balle de revolver, de calibre .38 plus précisément, que je jetai sur la table. L'objet roula quelques secondes, et lorsqu'il s'arrêta, il devint évident que la balle avait été tirée : il y avait des traces d'oxydation sur les bords. J'avais pris l'étui avec moi pour deux raisons... D'abord parce que Cait' avait pris la balle, et ensuite parce que je savais que la sortir allait créer trop de questions. En le montrant, je me retrouvais obligée de dire la vérité.

« J'me suis foutu une balle dans la bouche. »

Laissant un bref silence, suffisamment long pour qu'il assimile l'info mais suffisamment court pour éviter qu'il ne prenne la parole, je détaillai un peu.

« Te prévenir aurait été... l'inverse de ce que je cherchais. J'avais prévu ça dep... »
« Alors, ils prendront quoi les jeunes ? » demanda alors le type au comptoir, m'interrompant et me surprenant un peu.
« Euh... Une meat lovers taille 18. » répondis-je alors, demandant bel et bien une pizza de 45cm de diamètre pour moi toute seule. Le régime habituel. Beaucoup, avec beaucoup de viande. Je revins ensuite à ce que je disais.
« Donc oui... J'avais prévu ça depuis longtemps... Plus d'un mois. Quand je suis venue te voir, au départ j'étais venue pour acheter le flingue. Je suis passée devant le bar par hasard. J'me suis mise au sommet d'un arbre et j'ai tiré... Mon pouvoir ne le voyait pas d'cet œil-là, du coup j'ai secrété de l'armure dans le fond de ma gorge sans l'vouloir... La balle a ricoché et j'me suis à moitié étouffée avec... C'est l'professeur Worthington qui m'a aperçue et m'a amenée à l'infirmerie. »

Toute la tirade avait été prononcée sans le regarder une seule seconde. J'avais toujours eu des difficultés avec le contact visuel en général, mais ces derniers temps c'était bien plus prononcé que d'habitude. Je ne parvenais physiquement pas à le regarder en face. On pourrait sûrement trouver plein d'interprétations psychologiques plus ou moins justifiées... Ne pas arriver à voir ses propres responsabilités, le rejet de l'autre, la phase anale interrompue par une absence de pénis (ça ce serait l'explication de Freud, tout ce que j'ai lu de lui il parle de pénis non stop), ou un truc du genre. La réalité c'était que j'étais terrifiée par sa réaction et je n'osais pas la voir, tout simplement. Mon cœur battait à une vitesse tout à fait déraisonnable, et je pouvais sentir le tissu qui grouillait sous ma peau à toute vitesse comme si j'allais sortir des lames ou une couche d'armure.

Ce serait l'idéal, ça, tiens. Que je perde le contrôle de cette connerie de truc biologique gluant et que je me transforme en alien en plein milieu d'une pizzeria. Ça, pour l'image positive des mutants, ce serait juste trop top, ça finirait en bonne catastrophe. Il fallait que je me calme... Comme ça j'aurais eu le réflexe de me foutre un coup de griffes dans la cuisse discrétos, mais je devais impérativement arrêter de m'auto-détruire à la première occasion. Comment me calmer du coup ? Ha, ça... Bonne question. Pour le moment, je restais crispée, les yeux fixés sur le mur, et la respiration rapide. Je n'avais plus qu'à attendre sa réaction...

« Chuis désolée... » lâchai-je finalement d'une voix faiblarde.

Ironique, diraient certains. J'étais désolée d'aller mal, d'avoir peur, de me sentir isolée. C'était pas logique...


Dernière édition par Kaya Spencer le Lun 10 Fév - 20:11, édité 1 fois
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Icare
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MessageSujet: Re: Pizza traditionnelle [Icare]   Pizza traditionnelle [Icare] Icon_minitimeLun 10 Fév - 18:57

-Arrête de dire que personne ne s'inquiète ou ne s'est inquiété pour toi ! C'est pas vrai, c'est toi qui te raconte ça mais c'est faux et tu as déjà fais souffrir plein de monde. T'es pas toute seule, j'te l'ai déjà assez répété. Bordel j'y crois pas quoi -Cette fois Josh ne rougit pas à l'utilisation du mot "tabou", et le couple déjà échaudé par Kaya ne pipa mot, d'ailleurs ils n'avaient peut-être même pas entendus.- mais c'est... C'est dingue. Une balle dans... Ah mais...

Bon d'accord, lui-même s'était déjà mutilé et sa façon de se découper les tendons des ailes avant de s'évanouir de douleur n'était certainement pas plus charmante que de se mettre une balle dans l'oeil. Sans être réellement fâché, Icare ne parvenait tout simplement pas à y croire ! A l'époque il était déjà amie avec la jeune femme mais peut-être pas encore assez pour qu'elle sache qu'il tienne réellement à elle. En revanche, son dernier aveu acheva de déstabiliser totalement le mutant. Celui-ci déjà vacillant sur sa chaise suite aux paroles de Kaya sur sa première tentative de suicide, glissa irrémédiablement. Le serveur qui venait de prendre la commande venait tout juste de partir, il se retourna mais prit par le boulot ne vint pas à la rescousse de l'ange. Tant mieux, Jay ne voulait pas que l'on s'immisce dans cette conversation.

Haletant, peinant à se redresser car marchant sur son long manteau, le jeune homme finit tout de même par réussir à s'assoir. Son regard bleu cherchait celui de Kaya qui s'enfuyait. Ok elle lui avait dit la vérité mais comment s'en satisfaire ? Ce qu'avait fomenté sa comparse était tout bonnement horrible ! Josh avait fait cette connerie d'essayer de mourir alors qu'on l'aimait, sauf qu'à l'époque on ne le lui répétait pas sans cesse. Il avait eu de quoi croire à un quiproquo, sans compter le choc énorme subit sur le coup. Sa propre petite amie était morte dans ses bras, se suicidant pour ses beaux yeux juste après qu'il eût ressuscité grâce à sa régénération. Bien sûr, celui qui avait tenté de l'assassiner n'était autre que le père de la gamine. De quoi "flipper grave" comme le disaient les jeunes d'aujourd'hui.

-KAYA ! Mais... MAIS C 'EST PAS VRAI. Comment t'as pu venir au concert ! Me regarder dans les yeux et me dire oui pour le cours de guitare, me parler de littérature et me sourire quand j'te disais combien tu m'avais manqué et combien tu m'avais manqué tout en pensant à ton... -Il regarda autour de lui, cela ne regardait personne, aussi le mutant évita de prononcer le mot que Kaya comprendrait forcément de toutes manières, énoncé à haute voix ou pas.- à ça ! Alors là j'en reviens pas ! Tu sais que j'suis ton ami, je t'avais même répété X fois que tu pouvais parler si besoin et tu n'as même pas eu confiance. Mais je suis quoi pour toi, c'est toi qui t'isoles Kaya, toi qui nous laisses tomber. On dirait que les gens qui t'aiment ne comptent pas. Tu décides pour eux. Tu penses qu'ils vont oublier, passer à autre chose ou quoi ? Mais cesse de penser pour nous ! Et le coup d'aller chercher le bouquin à ton bureau c'était pour que je trouve la lettre ? C'était quoi le délire au juste ? J'ai passé des jours à te chercher, à demander, ah bah j'comprends mieux l'attitude de Worthington quand je lui ai donné la photocopie de ce truc. Et puis des autres qu'ont rien voulu dire non plus. Mais qu'est-ce que t'avais dans la tête ?

Ouais, c'était vrai quoi. A part une balle bien sûr, qu'avait la jeune fille dans le crâne à ce moment ? De la poudre toxique ? Un cerveau rongé par l'égoïsme et la stupidité ? Poussant un gros soupir le jeune homme ferma les yeux avant de les rouvrir. Il réfléchit très longuement, conscient que cela ferait sûrement stresser Kaya encore plus. Son amie semblait avoir honte déjà, comme si elle avait prit conscience de ses actes, mais il avait besoin de ce petit temps pour se décider. Choisir pleinement s'il devait rester fâcher ou encore passer l'éponge... C'était nécessaire car un pardon trop vite accordé sous prétexte d'être miséricordieux laisserait ses rancoeurs. Après 5 minutes, la tête posé dans sa main accoudée à la table, les yeux clos, le mutant se redressa doucement, il rouvrit ses paupières, fixant intensément Kaya.

-Plus jamais. Ok ? Si tu sens que des idées noires te traversent, tu me jures de m'en parler ? Je sais qu'une fois tu m'avais déjà promis ça quand je te l'avais demandé, t'avais menti... Mais aujourd'hui tu as eu le mérite de dire la vérité, je ne sais pas si c'est la première fois ou quoi, si tu m'as toujours mené en bateau mais j'ai envie de te donner une dernière chance. Kaya, c'est la dernière fois vraiment. J'peux pas être ton ami à partir du moment où ça ne marche que dans un sens. Me confier à toi n'était pas facile, ça ne l'est pour personne mais c'est ça l'amitié. Alors, ok pour repartir à 0... Si tu promets de parler quand ça va mal. J'suis là pour ça aussi, pour t'aider, c'est ça des potes... On est d'accord ?

La voix basse du jeune homme s'était faite plus lasse qu'énervée, signe qu'il avait choisi de pardonner. A conditions que Kaya avance enfin. A ce moment là, le chanteur serait présent pour l'aider, sans jamais se fatiguer, la rejeter ou quoique ce soit, par contre la mutante devait saisir que la prochaine fois, l'angelot ne l'accepterait pas. Il devait lui aussi se construire et ne pouvait courir après une chimère en lui promettant de l'aider à chaque fois pour se retrouver ensuite face à l'horreur, le choc total. Si Kaya se refermait personne ne pourrait plus rien pour elle. Tendant sa main délicate, Icare n'avait pourtant rien de fragile tandis qu'il contemplait son amie. Sûr de lui, il dégageait une aura de force insoupçonnée. Détermination tranquille et sans concession, il semblait clairement capable de porter sur ses épaules ce dont Kaya l'avait apparemment cru impossible, du moment qu'on était sincère avec lui.

Offrant un léger sourire à la jeune femme, le mutant l'engagea à signer le contrat, ses yeux firent même une embardée vers la droite en direction du serveur. Il avait quant à lui commander à grande peine une pizza 4 fromages... Or leurs plats arrivaient bientôt, Kaya avait jusqu'à l'arrivée de ces derniers pour "toper". Ensuite ils n'en parleraient plus car l'heure de savourer les pizzas serait venue, l'heure de tourner enfin la page sur le malaise qui planait entre eux depuis toujours. Ils deviendraient alors de réels amis pouvant compter l'un sur l'autre, enfin si Miss Spencer acceptait de faire ce pas, si difficile mais nécessaire.

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Kaya Spencer
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Kaya Spencer


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MessageSujet: Re: Pizza traditionnelle [Icare]   Pizza traditionnelle [Icare] Icon_minitimeLun 10 Fév - 21:35

... effectivement, il n'était pas très content. Il semblait scandalisé par ce que j'avais fait. Il partit sur... un peu ce que m'avait dit la rousse. Que je m'isolais toute seule, que j'abandonnais tout le monde, que je pensais pour les autres, et tout ça. Je comprenais ce qu'il voulait dire, sauf cette histoire de "penser pour les autres". Je ne comprenais pas cette fixation que tout le monde faisait là-dessus. J'essayais simplement... de n'embêter personne, tout bêtement. Parce que je ne voulais pas que tout le monde me laisse tomber. Ça s'arrêtait là. Il n'y avait pas d'histoire de penser ou ne pas penser ou je ne sais pas quelles histoires... Il me demanda ce que j'avais dans la tête, et je me contentai de soupirer, toujours incapable de le regarder. Toutes ces accusations... C'était pile ce dont j'avais besoin, tiens. A noter : j'étais sarcastique en disant ça.

Il finit par me dire qu'il me donnait une dernière chance, que je devais lui dire la vérité, que ça devait marcher dans les deux sens, ... Il me tendit alors la main. Je le voyais dans la périphérie de mon champ de vision. J'hésitai pendant bien cinq ou six secondes... Avant de finalement la saisir, réussissant finalement à le regarder dans les yeux avec un air un peu perdu. La bouffe allait arriver, de toutes façons. Le temps que le type amène les pizzas, ça me laisserait le temps de réfléchir un peu et d'assimiler les choses de façon plus ou moins convenable... J'observai donc les deux pizzas, dont la mienne qui était normalement pour 4 personnes, et commençai à manger tranquillement. Ça me brûlait un peu la bouche, qui était encore assez abîmée, mais tant pis. Après quelques bouchées, je finis par réussir à parler de nouveau.

« Ce que j'avais dans la tête... » Je soupirai longuement, répondant alors. « 7 grammes de calibre .38 JHP ! Krrkrrkrr ! » dis-je en ricanant bêtement. Je me ravisai toutefois assez vite, reprenant une mine sérieuse. « Hum... ouais, trop tôt peut-être, désolée... »

Mais à peine avais-je fini de prononcer cette phrase, je fronçai les sourcils, comme si je réalisais quelque chose. J'attrapai encore une bouchée de pizza, et tout en mâchouillant, je lâchai ce que j'avais sur le cœur depuis quelques jours.

« Et puis non. Tu sais quoi ? Je suis pas désolée. Si j'aime faire des blagues sur mon propre suicide, j'ai bien le droit non, merde ? Cait' m'a servi le même discours. Tu M'as abandonnée, tu M'as trahie, tu aurais dû ME prévenir, t'as pas pensé à MOI, JE te donne une dernière chance... Merde, y'a aucune chance à me donner ! Si un type se fout une balle dans le pied par erreur, personne va aller lui faire la leçon, lui dire que c'est un looser, qu'il ne mérite pas une dernière chance, et autres, si ? Les gens vont l'amener à l'hosto, lui demander si ça va, et le soutenir le temps qu'il cicatrise ! »

Je haussai alors les épaules, une part de pizza en main (ce qui fit voltiger un morceau de pepperoni sur la table).

« Mais nan, là les gens ramènent tout à MOI, MOI et MOI. EUX. Comme si c'était EUX les victimes numéro 1, tu vois. Ils me font rire, les moralisateurs, qui daignent me donner une dernière chance. Caitlyn, qui est attendue tous les soirs par une femme qui l'aime et la soutiendra toujours. Toi, qui vit avec ton petit ami, qui t'aime aussi. Moi je rentre, et y'a qui ? Ah, personne, comme d'hab depuis ma NAISSANCE mon vieux. Personne m'a jamais dit "je t'aime", même pas mes putain de parents, quoi... Et je parle pas de "je t'aime comme une bonne amie et rien de plus", je parle du cran au dessus. Je n'ai jamais reçu la MOINDRE affection, jamais ! Alors je me suis foutue une balle dans l’œil, devant 200 personnes. Et j'ai tenté ensuite d'oublier ce problème-là, en devenant X-woman. Protéger les gens, ça me donnerait un autre objectif... Sauf que voilà, à San Francisco ça a été une putain de boucherie, j'ai RIEN pu faire, j'ai pas pu protéger ni aider quiconque, j'ai servi à rien. Dans le Maine ? Pareil. Une gamine s'est faite abattre à coups de fusil de chasse et j'ai servi à RRRRRIEN. Puis des fermiers se sont faits déchiqueter, par une X-woman par dessus le marché, et j'ai pu faire quoi ? Ben rien. Résultat, voilà où j'en étais. Je me sentais seule et inutile. Tout simplement. »

Je soupirai alors longuement, ajoutant :

« Alors ouais, J'AURAIS DÛ ceci, j'aurais dû cela. C'est facile à dire, depuis l'extérieur. Oui, là, maintenant, je sais que j'aurais dû ou pu faire autrement, chercher de l'aide, et tout. Mais à ce moment-là j'étais complètement terrorisée. Toute ma vie, mes parents et mes... "camarades" disons, m'ont toujours envoyée chier dès que j'essayais de parler. Si ça allait pas, ils disaient que ça les intéressait pas et j'me faisais rejeter. J'ai jamais eu de VRAI ami, Josh, j'étais censée quoi, deviner !? L'amitié, c'est comme tout, ça s'apprend, je pouvais pas deviner ! J'étais persuadée que si je venais te voir, ça ferait comme quand j'étais gamine : tout le monde soupirerait, ferait "mais non c'est rien, arrête de te plaindre", et me laisserait tomber. J'avais tort ? Oui, complètement. Pas de souci là-dessus. Mais le truc c'est que personne essaie de comprendre... Tout le monde se place en victime. Comme si j'étais la méchante de l'histoire. »

Je finis par froncer les sourcils, choppant encore un bout de Pizza et pointant le reste de la part vers l'ange.

« Donc ouais, voilà. Toute ma vie je me suis excusée d'exister, parce que tout le monde avait réussi à me convaincre que je devais m'en excuser, que je devais être désolée d'être en vie, que j'étais une gêne pour l'humanité. Et là, je devrais m'excuser parce que j'allais mal ? Ben nan. Allez vous faire foutre. Pour une fois, je vais arrêter d'être désolée et faire c'que j'ai envie de faire. Merde. J'avais envie d'une pizza avec un ami, donc je t'ai envoyé un SMS pour bouffer une pizza, point. Le seul truc pour lequel je suis désolée, c'est de t'avoir posé un lapin. J'aurais effectivement pas dû te faire faire tout ce trajet pour rien. Et je suis désolée si tu te sens mal de ce qu'il m'est arrivé. Sincèrement. En revanche, je refuse de m'excuser d'aller mal. "Il y a pire" ? Peut-être, mais j'ai suffisamment de raisons de pas être bien pour en plus me sentir honteuse d'être mal. Merde, quoi... »

Je soupirai alors longuement, entamant la troisième part. Si une chose n'avait pas changé, c'était ma descente avec la bouffe.
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Icare
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MessageSujet: Re: Pizza traditionnelle [Icare]   Pizza traditionnelle [Icare] Icon_minitimeLun 10 Fév - 22:02

Médusé, Josh regardait son amie déblatérer son discours. Il fronça les sourcils, les haussa, soupira et ouvrit successivement la bouche pour former un "o" d'étonnement. Sa propre pizza n'avait même pas été entamée tant il était scotché. Kaya en avait vraiment gros sur le coeur, pas étonnant qu'elle se venge sur des poteaux ainsi que sur sa propre personne. L'angelot croyait être parvenu au bout de ses doutes lors du gala. Il pensait que leur discussion avait suffit car la jeune femme s'était montrée convaincante. C'était un mensonge évidemment, mais était-il vraiment volontaire ? Josh pataugeait en plein dans la choucroute et cette fois ses ailes ne l'aidaient pas à s'élever hors de la masse pour prendre un bon bol d'air ou de la distance. Ce fut son esprit qui dû fournir l'effort, au point d'en avoir le vertige. D'une voix étrangement calme, le jeune homme répondit sur le ton de l'évidence.

-Mais je n'ai jamais demandé d'excuses...

Son discours avait été brutal, accusateur certes, mais ça avait surtout été un moyen d'évacuer la nouvelle, de même que le choc était un appel à la prise de conscience. Josh avait naturellement eu peur qu'une fois la pizza finie, Kaya recommence encore et toujours. Alors oui quand on avait peur pour ses amis, on essayait tout ce qui était en son pouvoir pour la convaincre de ne pas se mettre en danger, y compris le chantage en se posant en victime. Doucement l'ange prit conscience de ce fait. Quelle étrangeté que de se retrouver de côté de la barrière... Dire que ses parents avaient subi ça ! Tout ce stress, ces images qui s'accumulaient dans la tête, se superposant, toutes plus horrifiques les unes que les autres. Oui désormais il comprenait jusqu'à la gifle que son père lui avait donné avant de le serrer contre son coeur lorsqu'il avait découvert que son fils mutilait en cachette, une mutation tout aussi secrète. La dernière chance qu'il avait posé, c'était du chantage, comme en amour. Si tu me fais encore souffrir je te quitte, pour essayer de retenir l'autre, dans ce cas là, sur Terre. Rien que ça oui. Convaincre une jeune femme qu'on l'aimait en la menaçant. C'était incongru mais quand on ne savait plus comment réagir.

-Kaya. Je suis désolé, j'voulais pas me faire passer devant ou t'accuser, j'ai juste eu tellement peur. C'est égoïste c'est vrai, mais c'est aussi ça l'amitié, j'veux pas te perdre. Oui ça se passe bien avec Lilian, de là à se passer la bague au doigt non... Mais c'est pas pareil, j'ai autant besoin de toi que de ma famille, et puis l'amitié passe toujours avant l'amour selon un dicton, parce que les amis ne trahissent pas. Écoute, j'voulais juste essayer de m'assurer que tu ne recommencerais plus. Je peux saisir parfaitement que tu aies encore ce genre d'idées un jour, on ne s'en débarrasse pas comme ça même quand ça va mieux. Mais moi je serai là si tu veux bien. A n'importe quelle heure, je t'en supplie, appelle-moi, réveille-moi d'accord ? Je sais que c'est pas facile pour toi, pourtant tu dois comprendre que tu ne m'embêtes pas du tout ! Jamais, je te le répèterai tous les jours que je t'aime si tu veux. Quant au couple tu sais, à part Julia, et encore notre amour n'était pas vrai... Je n'ai eu personne de bien avant Lilian, et là encore on ne peut pas parler d'amour. Il faut laisser le temps au temps. Oui c'est frustrant ce que je dis, et oui j'ai l'air d'un vieux décati qui parle avec toute l'expérience de ses 90 ans. Mais je te jure, ça va venir. Moi j'y crois ! Tu sais, il faut d'abord que tu guérisses, que tu ailles mieux et tu attireras j'en suis certain. Les gens d'aujourd'hui ont peur Kaya, ils ont peur de la différence, de l'exubérance ou de la mélancolie, de ce qui est trop commun ou trop original, de la sagesse ou de la folie. Ces personnes qui ne sont pas comme tout le monde, elles trouvent moins facilement, sauf que quand ça leur tombe dessus, c'est aussi extraordinaire que leur vie... Différent, vraiment merveilleux et y'a pas de raison pour que tu ne vives pas ça. Seulement il faut que toi même tu sois prête, réellement prête pour débuter une relation durable. D'abord guérir, prendre confiance en toi, t'aimer Kaya ! Moi je suis en plein apprentissage encore mais je serai là pour toi. Ok ?


Poussant un soupir, Icare su que toute colère s'était évanouie, mais avait-elle réellement existé ou n'avait-elle été que l'apparat de sa peur ? A bien y réfléchir le mutant était trop doux pour attaquer qui que ce soit, et tellement peu confiant que l'imaginer moralisateur était difficile. Il avait juste tellement eu peur que sa propre souffrance avait été mis en avant pour faire prendre conscience Kaya de ses actes. Puisque celle-ci semblait à bout, capable de tout, Icare avait évité de jouer les violons, de l'enfoncer dans ses convictions ou de faire comme s'il la comprenait. Sa seule arme avait été de parler de son mal être pour tâcher de la convaincre inconsciemment de ne pas recommencer, de lui faire confiance. Drôle d'arme d'ailleurs. Menacer pour donner envie de se confier. Enfin on se battait avec ce qu'on pouvait hein.

-Et tu sais quoi ? Ta blague était nulle mais ouais... T'as le droit. Évidemment que tu peux ! Le pire c'est que j'y ai aussi pensé.

Si Kaya commençait à prendre son suicide avec humour, la culpabilité évacuerait peut-être et c'était mieux ainsi. Se saisissant enfin d'un bout de pizza, le jeune chanteur enfourna une bouchée avant de continuer, essayant de soigner Kaya avec les propres mots que ses proches avaient utilisés pour lui. Au contraire de sa réaction première, le jeune homme essayait de relativiser.

-Çà peut arriver à tout le monde. Oui tout le monde. Un jour un mec qui a tout, argent, amour, amitié se met une balle dans la tête, personne ne comprend. Et même quelqu'un qui rentre chez lui le soir en souriant, les faits divers en son plein, tu peux me croire, je les ai épluché parce que ouais, j'ai pensé à cette optique quand je te cherchais. Alors Kaya, ne te sens pas coupable, avance, je peux t'aider à faire en sorte que ça n'arrive plus ou au moins réduire les chances. Tu l'as fait ok, mais t'es en vie c'est ce qui compte. Maintenant faut tout recommencer à 0. C'est une chance, c'est pas facile, c'est sûr, mais on peut transformer tout ça en chance. Et pas la dernière hein, la première de toute une série.

Souriant légèrement, le jeune homme essaya de se décontracter. Il espérait avoir bien choisi ses mots. Ancien suicidaire cela avait été plus simple mais le risque que Kaya parte en vrac existait encore. Après tout personne ne réagissait pareil même face à une expérience semblable.

-Moi j't'apprendrai l'amitié, je te jure Kaya, et même l'amour si tu veux, parce que t'es comme une soeur pour moi.

Confessa-t-il finalement en dirigeant sa main vers la jeune fille en inclinant légèrement la tête. Lui proposant cette fois, non pas de la serrer mais de poser ses doigts dans les siens, comme pour marquer qu'elle acceptait de se reposer un peu sur lui pour délaisser ce lourd passé et avancer vers le présent.
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Kaya Spencer
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MessageSujet: Re: Pizza traditionnelle [Icare]   Pizza traditionnelle [Icare] Icon_minitimeMar 11 Fév - 18:57

Je savais que ce qu'il disait était vrai, sur pas mal de points d'ailleurs. Laisser le temps au temps, et toutes ces choses-là... Ça faisait juste un sacré bout de temps que je laissais du temps au temps, comme il disait, et je commençais à m'user. Puis il n'y avait pas que ça... Les derniers mois avaient été assez compliqués à vivre, je devais bien l'admettre. Après, effectivement, j'aurais dû faire bien des choses, mais à ce moment-là je n'étais pas dans un état où je pouvais réfléchir d'une manière convenable, tout simplement. On ne pouvait pas exiger de quelqu'un de complètement perdu d'avoir des pensées parfaitement cohérentes, en particulier au niveau émotionnel où les choses étaient rarement cohérentes de base, mais alors en cas de profonde plongée dépressive, c'était juste même plus la peine...

Ce que je voulais, à présent, c'était... Justement, le présent. Je n'avais pas envie de rester là, écrasée dans ce que j'avais fait. J'avais commencé un mouvement qui me permettrait peut-être d'aller mieux, de reconsidérer beaucoup de choses, d'avoir un nouveau point de vue. Je devais utiliser ce mouvement, profiter de cette énergie. Si je ne le faisais pas, je perdrais de la vitesse et je me retrouverais à reculer jusqu'à mon point de départ... Tout ça n'aurait du coup servi à rien. Il fallait impérativement que je parvienne à aller de l'avant, et pas qu'un peu, mais... Comment faire ? C'était en fait le centre de mon problème : je ne savais pas vers où aller, ni comment le faire d'ailleurs. Les X-men ? J'avais des doutes... Avec le départ de Caitlyn les choses étaient devenues assez floues, je n'étais plus sortie en opération depuis un bon moment, ...

Bah. Une part de cette histoire de changement c'était justement de parler aux autres... Il faudrait donc que j'en discute avec Jubilee plus tard. Mais dans l'immédiat, j'étais plutôt sur autre chose, j'y réfléchirais en rentrant à l'Institut. Pour le moment, Josh semblait... comprendre où je voulais en venir. Et pour moi, c'était important... Puissant, aussi, d'une certaine façon, car j'avais presque l'impression que c'était la première fois que quelqu'un essayait vraiment de me comprendre au lieu de juste faire des comparaisons ou donner des leçons. Lorsqu'il finit par diriger la main vers moi, je la saisir doucement, fermant les yeux et soupirant longuement.

« Merci... de comprendre. »

Je rouvris alors les paupières, dirigeant mon regard vairon vers le chanteur ailé.

« Je suis vraiment désolée de t'avoir fait peur... Mais je sais pas... J'ai envie de bouger maintenant. Je vais pas faire le numéro du "houlala maintenant tout est différent et tout le tralala", c'est pas vrai. Par contre, ouais j'ai... Une façon différente de voir... de me voir en fait. Enfin... Nan... Désolée c'est juste compliqué... »

Je relâchai les mains de l'angelot, attrapant une autre part de pizza et en avalant la moitié de manière assez rapide, finissant par trouver mes mots.

« En gros... Certains disent sûrement que je "manipulais tout le monde", blablabla comme si c'était volontaire. La vérité c'était que je me manipulais moi-même, je me mentais à moi-même par peur, par solitude, par dépression complète... Et je croyais à ce que je me racontais. Quand je me disais "ne va surtout pas voir Josh, sinon tu vas le perdre", je croyais vraiment que c'était vrai. Je le croyais profondément. Quand je me disais : "le fait de fracasser tes os sur un poteau en métal, c'est pour l'entraînement, c'est pas pour te faire du mal", pareil, je croyais sincèrement que c'était vrai. Sur le terrain j'ai parfois eu des comportements totalement suicidaires, mais je me disais "c'est pour sauver des gens", et j'y croyais... Alors qu'en fait j'aurais pu obtenir le même résultat sans prendre autant de risques. Ces émotions atroces me contrôlaient... Totalement. »

Mâchouillant ensuite un morceau de croûte de pizza (il y avait du fromage grillé dessus, comment résister ?), je soupirai en regardant en l'air.

« Maintenant... C'est toujours pareil, mais je m'en rends compte. T'sais, mon cerveau m'a hurlé "surtout ne le préviens pas, il va te haïr et tu vas le perdre", quand je voulais t'écrire ce SMS à la con. Mais la différence c'était que cette fois, je réalisais que c'était de la merde. Malgré ça, j'ai eu du mal à t'écrire... J'ai mis plus d'une heure à t'envoyer un putain de SMS de 120 caractères... Mais j'ai réussi parce que cette fois-ci, j'étais au courant que mon cerveau tentait de me manipuler et me racontait de la merde. »

Baissant alors les yeux sur le blondinet... 'fin non tiens, il avait les cheveux blancs. Le blanchinet du coup ? Merde, il fallait que je trouve un surnom mignon et ridicule à la fois. Hmmm... Blanchounou ? Enfin tant pis je verrais plus tard.

« J'dis pas que j'y arriverai chaque fois après. Maintenant encore, des fois mon cerveau dit d'la merde et j'le crois. Ou j'ai trop peur de faire autrement... Mais au moins, maintenant que j'le sais, chuis mieux armée. J'me fais pas d'illusions... Je sais que ça sera pas facile et que j'aurai peur encore longtemps, je sais que je prendrai des risques qui paieront pas toujours, et je sais que je trouverai pas le grrrand amour dans les trois semaines. Mais malgré ça j'ai envie d'continuer. D'apprendre, aussi. L'amitié, par exemple... »

Finissant alors la part, j'ouvris grand les yeux, pointant mon vis-à-vis de l'index.

« Hm, oh ! Et la guitare, aussi. Je plaisantais pas quand j'disais que j'voulais apprendre. La musique pour moi c'est... vraiment important. C'est quelque chose de différent, à part, tu vois... indescriptible. J'ai appris un peu le trombone pour déconner, mais j'suis vraiment toujours partante pour la guitare. Et sans lapin c'te fois-ci, promis. »
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Icare
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MessageSujet: Re: Pizza traditionnelle [Icare]   Pizza traditionnelle [Icare] Icon_minitimeMer 19 Fév - 0:11

Intérieurement une petite voix crachait dans sa tête. Josh avait pardonné trop vite, trop facilement, il allait encore souffrir. Heureusement, sa conscience combattait efficacement. Il n'y avait rien à pardonner, Kaya avait eu un geste désespéré qui s'il était égoïste était compréhensible. Pas de quoi épiloguer, cela avait permis à la situation de se dénouer au moins, et surtout la jeune fille avait survécu ! Icare était très heureux de manger ce bout de pizza avec elle-enfin ils étaient bien nombreux les bouts en ce qui la concernait- soulagé de ne pas avoir à faire face à la mort et aux questionnements qui l'accompagnaient, sans parler du vide. Maintenant le jeune homme souhaitait se concentrer sur le présent, Kaya était là, elle avait pu s'expliquer et surtout pour elle-même avait l'occasion de changer son destin. C'était aussi terrible que beau, et dans tout ça Josh espérait pouvoir l'aider à faire pencher la balance du côté "beau". Le chanteur sourit doucement à son amie alors qu'elle parlait, son devoir commençait ici, de plus il n'était pas très difficile à accomplir puisqu'il s'agissait de l'écouter. Pour le blond ça n'avait jamais été un souci, il aimait aider son prochain, au point de se transformer en bonne poire parfois. Pour autant ce mode de vie lui convenait, la rancune, la vengeance, très peu pour lui, pareil pour l'égoïsme et l'égocentrisme. D'ailleurs l'ange se faisait toujours la réflexion qu'une personne centrée sur son nombril devait vite s'ennuyer parce qu'il n'y avait pas grand chose qui gravitait autour du dit nombril. Le monde était tellement plus intéressant, les personnes le foulant terriblement intimidantes mais fascinantes. Jay s'était renfermé pendant de longues années, désormais il avait soif de découvertes, positives comme négatives, il était temps de grandir.

La mésaventure de Kaya l'aidait aussi en quelque sorte, Josh sortait de son précédent rapport au suicide. Julia était morte, lui avait survécu mais difficile de prendre du recul quand il s'agissait de sa propre personne, surtout que son amie était tout de même partie. Cette fois, le jeune homme pouvait apprécier la victoire de la vie, Kaya se disait prête à se battre pour regagner sa propre estime, son droit de sourire et lui l'y aiderait. Ses réflexions sentaient la guimauve, l'angelot le savait mais intérieurement il ne s'en blâmait même pas. Avec une gentille ironie il se rappelait d'ailleurs que son statut de "meilleur ami gay" lui permettait d'être fleur bleue. C'est vrai quoi, c'était bien fait pour le "meilleur ami gay" d'une fille un peu brute, plus homme que vous.

-Je comprends ce que tu veux dire. Je l'ai vécu différemment certainement, mais je m'étais aussi auto-persuadé que mes parents pourtant géniaux ne m'aimaient pas, et qu'ils me détesteraient encore plus en me sachant mutant. Pour te dire à quel point j'ai été stupide, j'ai 9 frères et soeurs dont 8 sont porteurs du gêne X... Bon ok, je suis le seul touché physiquement à temps complet mais... Voilà quoi ça change rien, j'ai pas été le plus malin de ma paroisse non plus comme on dit. Surtout que dans mon cas c'était encore plus visible que toi qu'on m'aimais, en plus j'avais pas ton passif. Les ennuis et la douleur sont venus après, mais dès le début je me suis compliqué une vie que j'aurais pu avoir certes, pauvre mais heureuse. Enfin, comme tu dis c'est difficile, mais ça ne veut pas dire insurmontable hein ? Je suis content que tu sois si réaliste. Certains pensent que tout va changer et retombent de haut. Comme tu es consciente que tu auras des rechutes, ce sera plus simple.

Le jeune homme était assez mature sur ce sujet, à vrai dire il le connaissait pour l'avoir déjà vécu, sur sa propre personne mais aussi celle de son amie décédée dans ses bras alors qu'il se régénérait. Un vrai feuilleton à l'eau de rose, sauf que la fiancée n'avait pas pu ressusciter même avec une excuse bidon et que de toutes façons, son copain était un homosexuel refoulé qui s'ignorait. La parodie parfaite de Roméo et Juliette quoi.

-Concentre-toi sur les progrès, tu m'as envoyé ce SMS et regarde le résultat, c'est plutôt positif non ? Quand tu doutes, essaye de te souvenir de cet après-midi ensemble. J'vais, enfin on va s'arranger pour qu'elle soit le plus cool possible. Comme ça ça te feras un point de repère, du coup... Avant que je ne te fasse souffrir en tant prof de musique ultra exigeant que je suis, et bien c'est ta journée. Vas-y décide, montre-moi tout ce que tu aimes faire et je suis !

Icare eut un petit sourire, légèrement inquiet mine de rien de se livrer en pâture à sa meilleure amie un brin fonceuse. Néanmoins il avait vraiment envie de lui faire plaisir, et de découvrir quelles étaient ces choses qu'elle appréciait justement. Bon pourvu qu'elle lui demande pas d'aller faire de la lutte en gymnastique hein ! Josh était résistant, sportif même, pour autant il n'avait pas développé les mêmes capacités que son amie ni sa façon d'être en forme. Lui il volait, il résistait en pliant, elle avec sa musculature développée, elle l'écraserait sans souci sur le tatami.

-Stop analyses en tout genre pour le moment, qu'en dis-tu ? Si tu sens qu'un truc te monte dans la tête oui, arrête-moi et dit-le, on essayera de calmer le vent de panique. Mais on essaye de plus ressasser ça pour une aprèm sensass, t'en dis quoi ?

Oh oui, une journée NORMALE ! Enfin autant qu'elle puisse l'être pour deux mutants bien sûr. Évidemment Josh n'en avait pas marre d'écouter Kaya, mais il souhaitait la faire sortir de son introspection. Certes c'était loin d'être fini pour elle, les questionnements la harcèleraient longtemps encore, de même qu'Icare qui se sentirait à jamais coupable de n'avoir rien vu la soirée précédant le drame. Pourtant ils avaient bien le droit à une petite pause aussi, retrouver une vie avec le moins de problèmes possibles. Sans compter que cet après-midi était sensée rester gravé dans la mémoire de Miss Spencer au cas où si cette dernière hésitait à l'appeler, c'était un après-midi thérapeutique, parfaitement !
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Kaya Spencer
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MessageSujet: Re: Pizza traditionnelle [Icare]   Pizza traditionnelle [Icare] Icon_minitimeDim 23 Fév - 21:54

Il m'avait pardonné bien vite, oui... Mais dans un sens, c'était vraiment essentiel, pour moi. Que tout le monde m'en veuille, me lâche, m'abandonne, ne pense qu'à sa petite personne, ça aurait terminé de m'enfoncer totalement. Je ne me serais pas ratée, cette fois-ci... Quitte à voler un tank, j'aurais au moins été sûre de mon coup. Un obus déployait dans les 11 mégajoules d'énergie, je ne pouvais en tenir que 5 ou 6 à ma connaissance, ça serait donc amplement suffisant et ce con de pouvoir ne m'aurait pas arrêtée en plein milieu. Enfin... de toutes façons la question ne se posait plus. Il ne fallait pas que j'évite d'y penser, mais il fallait par contre que j'évite impérativement de me monter le bourrichon toute seule comme je l'avais déjà fait par le passé. En général, quand je m'auto-énervais, c'était rigolo, et ça durait genre 5 minutes, mais au fond... à la longue, parfois je finissais par croire à ce que je me racontais. Par un mécanisme que je ne comprenais pas encore vraiment moi-même, j'avais réussi à m'auto-persuader de... pas mal de choses.

Et en parlant de ça, Josh répondit alors en expliquant qu'il s'était, lui aussi, auto-persuadé de pas mal de choses douteuses. Que ses parents ne l'aimaient pas, qu'ils le détesteraient en découvrant qu'il était mutant, alors pourtant que toute sa famille était mutante. Effectivement, ça n'avait pas énormément de sens, cette histoire, mais... Je pouvais comprendre, étrangement. Ma situation avait été assez différente, vu que j'étais bel et bien restée seule avec absolument personne ne tenant à moi pendant plus de 20 ans. Mais cette situation s'était tellement ancrée en moi, greffée même, que même lorsque les choses changeaient je ne parvenais pas à le comprendre ni à le percevoir. Et du coup, tout comme Josh à l'époque, j'étais parvenue à m'auto-persuader de pas mal de grosses conneries.

En tout cas, non, je ne me faisais pas d'illusions, je savais que j'aurais des moments difficiles. Je ne sortirais pas de 20 années de dépression complète avec un désert affectif complet et des tendances auto-destructrices en l'espace de deux semaines. J'étais... un morceau bien endommagé... peu recommandable... Ce ne serait donc pas simple tous les jours, et pour tout avouer, je savais même qu'il existait une possibilité pour que je ne m'en remette jamais totalement. Certains dégâts ne pouvaient pas être totalement réparés. Au mieux patchés à la va-vite avec deux trois bouts de plastoc, mais jamais vraiment réparables. Je soupirai longuement, et fus sortie de ces pensées par Jay qui me disait de me concentrer sur les progrès.

Ouais... C'était ce qu'il fallait faire. Au lieu de regarder où j'en étais, je devais regarder là où je voulais aller. Et pour le moment, je voulais... Je voulais...

J'eus d'un coup une sorte de... descente d'angoisse. Normalement c'était une montée d'angoisse, mais là j'avais l'impression de tomber d'un coup. En fait, je ne savais même pas ce que je voulais. J'ignorais ce dont j'étais capable et je ne savais absolument pas ce dont j'avais vraiment envie. Que voudrais-je faire dans 2 mois, 2 ans ? Aucune idée. En fait, je ne savais même pas ce que je voulais faire dans 2 minutes. J'étais tellement endommagée que je ne parvenais même pas à savoir ce dont j'avais envie. Je passai les deux mains sur mon visage, après les avoir essuyées quand même (pas envie de me foutre du gras de pizza partout hein), essayant de réfléchir. Je devais décider, lui montrer ce que j'aimais faire, et il suivrait. Mais où suivrait-il ? Qu'est-ce-que j'en savais, moi, de ce que j'aimais faire ?

Il m'interrompit, encore une fois, dans ces pensées troublées, lançant que c'était "stop analyses" pour le moment. Je soupirai longuement, hochant la tête pour acquiescer. Arrêter de ressasser ça pour l'aprem', pourquoi pas. Il fallait que je reste zen, pour le moment. Je terminai ma part de pizza, avant de hausser les épaules.

« Ce que j'aime faire, ce que j'ai envie de faire... La vérité c'est que chais pas. 'fin, si, y'a des trucs mais bon... C'est soit crétin soit impossible à faire soit les deux. »

Finissant la part (qui avait duré une vingtaine de secondes, je l'avais avalée en un temps record), j'ajoutai :

« Genre, aller camper à Yellowstone, aller à Disneyland là maintenant, aller dans un onsen Japonais 3 jours, inventer l'hyperespace, devenir une Jedi, ... Ben tiens, en parlant de ça, c'est ça le souci. J'irais bien faire la conne à une convention Star Wars vu que j'adore, mais j'y vais avec qui ? Y'a personne dans mon entourage qui est fan au point d'aller se déguiser en sith et faire le déplacement. Certains diront : "Oh c'est un vieux film", ou "Oh c'est ridicule", ou "Oh je suis une adulte". Ben voilà, j'ai pas envie d'être une adulte. J'ai envie de faire des trucs de gamins, parce qu'au moins les gamins ils font chier personne. »

Je haussai d'un coup un sourcil, levant le regard.

« Hmm je m'énerve un peu toute seule... Enfin tu vois où j'veux en venir quoi. »
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