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 Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch

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Caitlyn Elioth
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Caitlyn Elioth


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Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch Empty
MessageSujet: Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch   Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch Icon_minitimeMar 28 Jan - 9:23


CHAPITRE PREMIER : BEIBHINN

Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch A418b810


Irlande, 1650 Wicklow

La pluie n’en finit pas de tomber, drue et traversière, elle ruisselle sur une rue animée de boue et de cris ou tout le monde a quelque chose à vendre ou quelque chose à céder contre un peu de rêve. La Politique est en marche, le monde de cette terre normande regarde ailleurs, changeant, perdu, abandonné par Dieu après l’avoir échangé jadis en lui cédant des coutumes obscures et païennes. Ça n’a jamais été aussi vrai parce qu’il est en train de changer, on en perçoit à peine les échos depuis que Cromwell s’est décidé à mater cette ile dans la violence en cette année glorieuse de  1649 lors des massacres de Drogheda et Wexford. Les vieilles idoles tombent l’une après l’autre, qu’importe puisque nous essayons d’en créer une inédite. Les dieux sont capricieux parce qu’ils ne comprennent pas le cœur des hommes, ils s’en sont éloignés, s’en désintéressent parce qu’ils ne procèdent pas de la même essence. Quid dès lors, d’un humain qui s’élève de la tourbe pour arracher à force des poings le divin, se hisser sur le siège et forcer les idoles désuètes à le regarder droit dans sa nature. J’y travaille, j’y travaille tous les jours depuis tant d’années. C’est pour ça que je suis ici, aujourd’hui dans ce cachot malodorant de Wicklow qui sans déjà la mort en plus de l’urine. Mon regard se pose sur elle, dans sa robe déchirée et sale de ce qui semble un ancien bleu pastel et ses pieds nus écorchés recroquevillés sous ses courbes, sa longue chevelure rousse mêlée de boue et d’une crasse qui viennent ternir son extraordinaire couleur. Seul son regard bleu intense me fixe avec cette hargne qui caractérise ces filles des rues. Elle devait avoir du succès, c’est une belle ribaude, une orchidée sauvage qui a poussé sur un tas d’excréments arrosée par les pires perversités de notre époque perdue. Je n’ai pas de pitié pour elle, c’est un sentiment qui m’est étranger depuis longtemps, j’ai contemplé placidement ma mère se vider de son sang, comment une pauvre putain pourrait m’émouvoir ?  Elle persévère à me jauger du regard comme si de moi seul dépendait son salut ou son devenir…Rien n’est moins vrai.


- Tu t’appelles Beibhinn…C’est un beau prénom chez nous…Il signifie « Femme Douce », le savais tu ? Je suppose que non….Sais-tu qui je suis ?

Un silence en dit bien mieux que n’importe quel aveu d’ignorance.  

- Je suis le Seigneur Adrien d’Oldfield, Magistrat itinérant mandaté par feu Monsieur Matthew Hopkins pour parcourir l’Irlande en ces temps de crise pour intervenir dans des affaires comme celle qui nous concerne aujourd’hui. Sais-tu de quoi on t’accuse ?  

Son regard s’agrippe au mien et brille d’une certaine intelligence, elle a compris ce que j’étais ou du moins de quelle autorité je me targuais de dépendre. Celle des hommes qui peuvent ou non, lui retirer la vie. Hopkins est déjà sous terre depuis deux ans mais il a écumé l’Angleterre et l’Ecosse dans de long procès pour sorcellerie durant deux ans, en parfait apologiste de la Royauté  qui en 1604, vit l'accession au trône d'Angleterre de Jacques 1er celui-là-même qui reforma l’Elizabethan Act déjà en vigueur depuis 1541 et qui  fut élargi pour punir de mort sans avantage au clergé toute personne qui invoquait les mauvais esprits ou communiait avec des familiers. Son titre complet, au demeurant ronflant, reste l’Act against Conjuration, Witchcraft and dealing with evil and wicked spirits et cette loi fut appliquée avec vigueur par Matthew Hopkins, Witch Finder Generall (« chasseur de sorcières en chef ») auto-proclamé. A présent, les affaires de sorcellerie sont de la juridiction des hommes et non plus de Dieu, elle y gagne au change, l’Inquisition torture : nous n’en avons pas le droit. L’inquisition expédiait l’affaire en quelques heures, nous avons nos méthodes, plus sournoises mais tout autant cruelles et illogiques. Tu es déjà morte ma fille, tu ne le sais pas encore, tu es juste ici pour délivrer une chose et je suis ici pour la recevoir.
Mais tu ne comprends pas cela, tu es trop jeune d’esprit, trop sotte, trop utilisée. Je détourne mon regard vers la rue que j’observe dans sa décadence.

- Commerce de tes charmes principalement, parjure, blasphème, vols, actes de violences sur certains clients, acte contre nature tel que la sodomie, les relations avec des personnes « bien nées », la débauche dans tous ses excès,  la participation à des orgies débridées et toujours tarifées, tu n’as pas froid aux yeux. Certains parlent de déviances terribles comme la zoophilie, la nécrophilie, ou le sado masochisme…Je pense qu’il y a de l’exagération comme partout. Mais tu es principalement une fille perdue, une jeune putain qui ne recule devant rien.  

Lorsque je tourne à nouveau mon visage vers elle, je la trouve agenouillée, redressée sur sa paillasse, elle a déboutonné lentement sa longue robe, laissant apparaitre la blancheur de ses seins et laissant choir le vêtement sur ses genoux, exposant ainsi sa nudité la plus complète, de sa toison de feu, accrochant ses hanches couvertes de taches de rousseurs à ses lèvres tendus ou l’on surprend l’absence de sourire. L’appel est évident. Oui, elle sait où est son pouvoir, elle connait ce qu’il y a de plus sombre dans le cœur des hommes. J’esquisse un sourire amusé.

- En effet, tu ne recules devant rien…Mais ce n’est pas pour prostitution que tu es céans.  Il y a cinq jours, tu as tarifé ton commerce pour le jeune fils du Duc de Cort. Tu ne savais pas que ce déséquilibré était en fait en proie à un horrible penchant. Je ne jugerais pas cet homme, personne ne le fera vu sa position et puis trouver sa jouissance en égorgeant une femme, autant qu’il le fasse avec une prostituée si facilement remplaçable. Il a plaidé l’accident, ayant sortie une lame pour « épisser l’acte ». Nous savons, toi et moi, qu’il n’en était pas à coup d’essai mais ca n’intéresse personne…Par contre, son affolement lorsqu’il t’a ouvert la gorge quand il s’affairait sur toi, son regard effrayé lorsqu’il a vu ce que l’impossible peut qualifier…Voilà…qui est définitivement intéressant.

Il ne me fallut que quelque pas pour me trouver auprès d’elle, la surplombant alors qu’elle levait sur moi ses iris bleuté ou brillait l’innocence et cet indicible envie de vivre. D’un geste lent, j’ai empoigné ma lame de mon opinel cachée dans ma poche tout en faisant jouer la pale lumière du jour sur la lame, j’esquisse un geste lent de mon autre main que je viens poser sur sa joue en feu en une caresse froide.

- Montre-moi…encore, mon enfant.

Et j’abats la lame en un sifflement précis et tranchant, lui entaillant la joue en lui arrachant un cri strident qu’elle pousse en s’effondrant, le sang jaillissant brutalement mais je l’empoigne fermement la forçant à lever son visage vers moi alors que j’observe le sang cesser brutalement de couler et la plaie se refermer mystérieusement comme si quelque puissance occulte et démoniaque venait la gommer d’un trait, elle-même me lance un regard perdu mais ne cédant aucune larme.

- Fantastique.

Ma voix n’est qu’un murmure ou perce l’excitation.

- Et tu ne pleures pas parce que tu ignores la douleur…n’est-ce pas ? Je sais reconnaitre un cri de surprise d’un cri de douleur… Tu arrives à guérir tes blessures et je mettrais ma main au feu que tu es la putain la plus saine d’Irlande, non ? Aucune maladie…aucun poison…aucune douleur ne saurait t’atteindre. Tu es…une merveille…une merveilleuse sorcière…J’ai mis du temps à te trouver, ta mère a été maline. Maline, mais bavarde. Je suis venu pour toi Beibhinn. Toute ribaude et fangeuse que tu sois..

Ma main à nouveau caresse sa joue avec d’autant plus de tendresse que ma joie enserre mon cœur.

- Tu as ta place dans l’œuvre de Dieu, tu vas participer à son ultime dessein, tu as été mise au monde pour ça.

Je la sens poser ses mains contre mon entrejambe en une pression habile alors qu’elle tente de déboutonner mes pantalons pour s’adonner à ce qu’elle croit être son vrai pouvoir sur les Hommes. D’un geste violent d’une paume de main ouverte, je lui administre une décharge de l’esprit l’envoyant heurter le mur du fond de la geôle, son cri de surprise témoigne de sa stupéfaction de voir la aussi une manifestation de l’impossible.

- JE T’AI DIT QUE JE N’ETAIS PAS DE CEUX LA !

Et pour la première fois, alors qu’elle se tient nue et tremblante contre le mur, j’entends sa voix grave et suave bredouiller.

- S..sorcier..

- Oui….nous procédons de la même espèce…Et de la même famille, ma nièce. La Force de l’Esprit…C’était là le don de ma mère, ta grand-mère. Le don de la tienne…ne se voit pas mais est assurément bien plus important puisqu’il m’offre de ne plus souffrir des affres du temps. Aria était maline, elle t’a vraiment bien caché mais elle en a oublié d’être prudente…elle…Je trouverais tes sœurs, ton autre tante aussi, c’est une question de temps et j’ai tout le temps qu’il me faut.

Je laisse retomber la main, me baissant pour récupérer mon couteau.

- Je vais t’arracher ton don, je suis le seul Oldflied pouvant faire ça. Ce n’est pas douloureux mais je t’en priverais définitivement. Je poursuivrais ma route pour m’élever au-dessus des hommes, d’être le seul arbre provenant de ces graines de Dieu…Grace à toi, grâce à l’œuvre de notre famille.

D’un geste ample et balayant de la main, je projette son vêtement trainant sur le sol contre elle.

- Apprends la dignité puisque tu es de descendance divine !
Quand à toi…Tu es une sorcière, mais tu ne mourras pas sous cette dénomination. Nous procéderons au jugement de l’eau, nous te mènerons à un lac pour t’y immerger. Si tu flottes, ils y verront le souffle du démon, si tu coules…ton innocence sera établie. Tu as vécu comme une pute, tu t’es conduits comme une pute, tu mourras comme tel.  Je ferais en sorte que…tu restes bien au fond de l’eau pour offrir ta croupe obscène au poisson. Tu peux t’ouvrir de ce que tu sais à qui tu veux, qui pour croire les fadaises d’une Ribaude accusée de Sorcellerie face à un Homme de loi ? Personne.

Par contre…Je te fais une promesse.

Avant de quitter cette ville, je passerai par les terres du Duc de Cort pour y rencontrer en toute discrétion le fils du Duc. Je l’émasculerai avec cette propre lame qui a reçu ton sang, puis je l’égorgerai pour le voir se noyer dans son propre sang. J’accrocherai ensuite sa dépouille infâme au plus bel arbre que je pourrais trouver. Personne ne touche à un Oldflield, personne à part moi.


Je fis craquer ma nuque et esquissant un rictus de satisfaction.

- Allons-y, ça ne sera pas douloureux…oh c’est fort peu à propos, excuses moi, l’habitude…

Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch David-10
Adrien Oldfield.
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Caitlyn Elioth
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MessageSujet: Re: Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch   Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch Icon_minitimeSam 22 Fév - 8:05


CHAPITRE DEUX : MAIGHREAD
 

Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch Woman_10



Irlande, Waterford - 1924


Enfant je me suis demandée ce qui était le pire : vivre l’éternité dans le flot chaotique du temps, soufflée comme un fétu d’humanité ou vivre une vie pleine tout en sachant sa finalité et les événements charnières s’y rapportant. Je ne suis pas éternelle, loin s’en faut mais ma vie fut plus lourde que toutes les croix que j’aurais pu mener au Golgotha.

Je suis la gardienne  de tout un microcosme, la gardienne d’une lignée secrète qui a été et qui sera, je vis seule recluse dans ce phare face aux éléments déchainés de la mer d’Irlande et de son éternel combat contre les falaises d’un bout de terre qui n’aspire qu’à retourner dormir entre les bras bleutés mais enfin silencieux des eaux profondes et oublieuses.
J’ai vu les Siècles vomir leur agonie dans un déluge de feu et de sang, soldant le compte de nos arrogances trop jeunes et de nos illusions trop vastes. Car le monde est mourant et nous en avons payé l’insouciance durant quatre années d’une longue tuerie fratricide qui a ravagé toute l’Europe. Il y a dix ans, les nations s’en allaient combattre sous les vivats pour une guerre qu’ils souhaitent « fraiche et voyeuse ». Mensonge illusoire ou folie habituelle puisque les cadavres pourrissant de la vérité viennent pointer d’un doigt accusateur qu’il n’y a pas de fraicheur dans la fournaise des obus et les flammes des carnages, pas plus qu’il n’y a pas de joie dans le marasme boueux des tranchées où ténèbrent la mort, le désespoir et le renoncement de la vie, le renoncement de tout ce qui faisait l’humanité, l’annihilation de toute chose qui pousse à croire qu’importe vers qui s’élèvent les prières.

Le monde préfère le déni, il ne cicatrise même pas, il ne cicatrise même plus : il s’enivre. Ils appelleront ça « les années folles », les années où l’urgent était de s’estourbir, de saisir l’étincelle de vie et de l’étreindre à s’en faire suinter l’âme. Je suis la pensée de l’air du temps, cet adage indécent qui dit que « si je n’y pense pas, si je n’y pense plus alors ça n’existe pas ou ça n’existe plus ». Mais l’aveuglement porte déjà en son sein une horreur bien pire encore, nous entrerons à nouveau dans les ténèbres, encore une fois pour toucher du doigt jusqu’où nous pourrons être notre propre défaite, celle du genre humain et de notre trop grande capacité à nous détruire. Je vois déjà cela, je le vois dans le regard de ma fille comme je vois dans le regard des autres que nous survivrons, que nous y survivrons toujours car la vie trouve toujours un chemin et que notre sang coulera éternellement sinon la terre s’assécherait.

J’aime perdre mon regard bleuté dans les eaux furieuses qui bouillonne en contre bas de la bâtisse, l’écume y est hypnotique bien plus que le ressac ou que le bruit d’un vent qui ne tombe jamais car toujours, la mer à des choses à dire et toujours, moi sa gardienne, j’écoute.

Dans un an Adrien viendra à moi, dans un an je vais mourir.
C’est ainsi que cela doit se passer, c’est ainsi que cela s’est toujours passé depuis mes treize ans où la vie devant moi ne fut qu’un long livre écrit par d’autres, un livre exclusivement tourné vers l’avenir et jamais le passé, passionnant oui, mais frustrant car nous ne pourrons pas en changer une virgule. Parce que nous ne le devons pas. J’ai vécu une vie de femme, une vie d’amante, une vie d’humaine. J’ai tu en moi le symbole de la sorcellerie, je sais que nous sommes autres, nous sommes légion, une lignée d’un sang étrange et modifié. J’ai souffert la mort de sœurs qui ne sont même pas encore nées, j’ai été éblouit par le destin fabuleux d’autres dont je n’arrive même pas à percevoir la fin même si l’étonnement n’est plus de mise.

Le plus difficile est d’accepter sa place, d’accepter la mort des êtres qui nous sont chers. Ma propre fille va mourir d’ici peu, je le sais mais je ne peux rien y faire parce que de cette vie dépend toutes les autres. Un jour j’ai discuté avec un écho du passé, une des nôtres nommée Aidlinn qui avait le don de voyager dans les rêves de sa descendance, elle m’alarmait sur notre Nemesis, c’était elle aussi une gardienne en quelque sorte mais que lui dire ? La vérité ? Qui est prêt à entendre des choses qu’on ne peut pas conceptualiser ? J’ai vu le visage du Temps, j’ai vu notre Destiné bien au-delà de l’épilogue. Parce qu’à la fin, il ne reste toujours que le néant et rien d’autre, parce que tout à une fin.
Adrien n’est qu’un élément d’un tout, un passé qui est déjà écrit là dans ma mémoire. Il aura un temps et disparaitra. Il n’est pas LE mal, il est un mal. Je lui ai craché plus d’une fois au visage cette vérité dans ces rêves où il se plait à tenter sa séduction puisque le don d’Aidlinn a glissé en lui. Adrien sera défait. Oh oui, il aura le temps de faire des ravages et de briser des vies mais il finira par retourner au néant d’où il s’est extirpé le travail a déjà été initié par d’autres que moi, sa lignée déjà le rejette comme un cancer et c’est un combat que notre sang a débuté depuis plus de quatre cent ans.
Alors je ne bougerais pas une virgule de ce livre, je ne bouleverserais rien parce que le rôle d’une gardienne est justement de voir bien au-delà de ceux qu’elle protège. J’ai la vue d’ensemble de notre arbre, l’arbre Olfdield.

C’est pourquoi je sais depuis que le don de prescience s’est éveillé en moi que le 16 mars 1925, Adrien viendra à moi, dans ce phare dressé face à la mer et que ce jour-là, les cieux pleureront comme jamais et la mer chantera ses chants guerriers les plus violents. Et il me trouvera sourire aux lèvres dans ma plus belle robe, coiffée et apprêtée mais les yeux enfin clos.

Et Je ne verrais plus, plus jamais …enfin.

Mon corps sans vie scellera l’avenir, notre avenir et ce don, il ne l’aura jamais, je sais tout cela, je l’ai déjà vécu. Car nous luttons depuis quatre cent années, tous à notre niveau de puissance, certaines d’entre nous gagnent d’autres perdent. Je suis la gardienne et la gardienne protège à long terme, j’aurais cette satisfaction égoïste de l’avoir vu un jour tomber vaincu sur ce sol natal à travers les yeux de ma lignée. Mais cela, je ne lui laisserai pas le voir. Il ne changera pas une virgule de notre livre.

Toujours le regard perdu vers la fureur des éléments alors qu’un vent violent agite mes cheveux roux, j’enserre entre mes mains le flacon de poison létal qui m’arrachera au monde et tout en plissant les yeux, je m’abandonne à quelques larmes. Je prie nos dieux d’Irlande, je prie la mémoire de celles qui sont tombées et j’admire leurs vies emplies parfois d’insouciances et de joies simples, j’aurais aimé la même chose et je les jalouse un peu, j’aurais aimé vivre cette folie de l’air du temps sans me préoccuper de ces fils invisibles tissés entre les destinés.

Mais mon nom déjà se noie dans les pages de notre livre et je ne peux m’empêcher un léger sourire en revoyant une main qui n’est pas la mienne, courir avec dextérité sur une large feuille et tracer cet immense arbre généalogique qui symbolise notre famille. Il s’agit d’une des nôtres au parcours atypique puisqu’elle aura vécue sur deux dimensions et aura été sans doute la plus puissante de tous avant de se consumer les ailes en se confrontant à bien plus terrifiant. Elle aura lu nos notes et rassemblé notre histoire, elle sera l’archiviste de notre mémoire. Elle placera mon nom en s’interrogeant sur de quoi fut fait ma vie, de quelles couleurs furent les rêves et où allaient mes espoirs.


A coté de mon nom, elle inscrira simplement

« La Gardienne ».


Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch Fanadh10

Maighead Odfield : Don de prescience( 1875 - 1925)
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Sanzo Aoe
Élève à l'Institut expérimenté(e) Delta
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MessageSujet: Re: Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch   Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch Icon_minitimeSam 22 Fév - 12:45

CHAPITRE TROIS : ROSHEEN
 

Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch Maquil11



Angleterre, Londres - 1941

"on dit que lorsqu'on meurt on voit sa vie défiler devant ses yeux. C'est faux. La seule vie que je vois en ce moment est celle de ma petite Ciona. Elle n'a que quelques jours et déjà orpheline. Car je meurs. Je ne sens déjà plus mes jambes écrasées par un bloc de ciment. Ni mon bras droit d'ailleurs. Dommage qu'il ne m'ait pas atteint à la tête car j'aurais déjà rejoint ma mère. Pourquoi autant de haine?
Pour échapper à un monstre j'ai été propulsé dans les bras d'un autre. Sommes nous toutes maudites .. Pourquoi devons nous mourir si jeune en laissant derrière nous celles que nous chérissons le plus.
13 ans quand ma mère est morte, 29 ans quand à mon tour je te laisse mon bébé.
Je sens la vie qui s'écoule avec mon sang mais je sais qu'il est toujours vivant. J'ai réussi à perpétuer la lignée des Oldfield d'une génération encore. Ma mère m'a expliqué notre destin. Nous ne sommes là que pour permettre à notre ultime preuve d'amour d'accomplir le sien. Quelle étrange vie que la notre.
Elle me disait qu'elle voyait, qu'elle savait. Elle était la gardienne .. et moi qui suis je ..
J'ai mal, malgré mon pouvoir. Pourquoi suis je sortie aujourd'hui. Etait ce inscrit.. Ma mère a t elle vu ce qui allait m'arriver et quand .. Dans ce cas pourquoi ne m'a t elle rien dit.
Tant de questions ..
Je n'entends rien, ni personne. Les bombardements ont ils cessé ou bien mon cerveau n'est il plus capable de réagir.
Moi tout ce que je voulais c'était aidé. J'ai travaillé dur pour devenir une bonne infirmière. C'est d'ailleurs à l’hôpital militaire que j'ai rencontré ton père, Stuart. Ce fut le coup de foudre. Ou est il aujourd'hui .. loin, trop loin de moi et de sa fille. Est il seulement au courant .. Je n'en suis meme pas sur. Cette guerre nous a séparé.
Oh mon amour comme tu me manques. Ne m'oublie jamais je t'en prie.
Mes pensées sont chaotiques faisant écho à ma respiration. C'est si dur. Chaque inspiration me brule. Je n'ai plus la force d'activer mon pouvoir et pourtant .. Combien de personne j'ai aidé à mourir paisiblement. Leurs visages sereins étaient ma plus belle récompense. Vais je les retrouver ... Je crois qu'il y a quelque chose après la mort. Sinon la vie serait bien trop triste.
J'aurais aimé revoir une dernière fois mon pays. Ses douces vallées, ses magnifiques lacs, sa mer déchaînée et son ciel .. passant d'un bleu azur au gris profond. Ma mère me disait que mes yeux étaient le reflet de ce ciel irlandais. Mais aujourd'hui ils ne sont plus, éteints par la mort qui m'entraine toujours plus vers elle.
Mes cheveux de feu ne sont plus qu'une piètre étincelle engluée dans mon propre sang.
Ciona ... Cionaodh .. je t'ai donné un prénom masculin mais je t'aime ma toute petite fille. Cionaodh .. né du feu. À double titre. De part tes origines irlandaises mais aussi du feu des bombes qui ravagent Londres depuis une année.
Le monde va t il s'en sortir ou bien finir dans les flammes allemandes. Je veux croire à un meilleurs lendemain. Je veux croire que tu auras la vie dont j'avais rêvé. Un mari présent, une belle maison et surtout une ribambelle d'enfants aux cheveux roux et aux yeux couleur ciel irlandais. Je veux tout ce qu'il y a de plus beau pour toi et que je n'aurais jamais. Je veux que l'air résonne de tes rires. Je veux te voir rougir dans les bras d'un amant. Je veux que tu vives longtemps, très longtemps assez pour voir ta fille avoir ses filles et les filles de ses filles avoir leurs propres filles.
Je veux que tu saches que de là haut je veille sur toi comme l'a fait ma mère.
J'entends du bruit mais c'est trop tard. Ils ne trouveront que mon cadavre. Mon corps broyé. Mon badge d'infirmière leur dira mon nom et mon prénom mais pas qui j'étais. Ils vont me trouver mais ne sauront probablement jamais que j'ai une fille, ni à quel point j'aimais mon travail, ni .. rien ... tout comme je ne savais rien de mes patients. Sommes nous que des noms, des numéros gravitant sur la terre. Nous naissons, nous grandissons et nous mourons.
Je suis partagée entre le chagrin de te laisser et la joie de revoir ma mère. Est ce mal de ma part.
La lumière se rapproche, vive, brulante, apaisante. Je n'ai plus mal. Ma mère est là, elle me sourit. Ses lèvres bougent mais je ne comprends pas. Je m'accroche, je ne veux pas mourir. Je hurle .. mais aucun son ne sort. J'étouffe. C'est fini.
Au revoir ma toute petite, au revoir mon amour."

"là quelqu'un" Des hommes s'agitent, tentent de déplacer les blocs de l'immeuble qui s'est effondré quelques heures plutôt. Une main se pose sur sa poitrine mais elle ne sent rien. C'est trop tard. Rosheen Oldfield-Gardner n'est plus.


Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch Wstpau10

Rosheen Oldfield-Gardner : effet lénifiant (17 mars 1912 - 1er mai 1941))
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Caitlyn Elioth
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Caitlyn Elioth


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MessageSujet: Re: Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch   Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch Icon_minitimeDim 9 Mar - 9:50


CHAPITRE 4
AISLINN

Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch Lily-c10


JANVIER 2014, Irlande Sous terrains du BlackCreek.

Mon corps traverse les airs avant de s’écraser lourdement contre le mur, je sens mes os craquer sous l’impact alors que le gout cuivré du sang se fait plus présent dans ma bouche, durant un bref instant, j’ai l’impression que je vais perdre conscience et ce corps qui jadis m’embarrassait à présent me ferait défaut pour m’entrainer vers la défaite et semble vouloir rendre les armes. Sanzo m’avait expliqué ces temps morts  en combat, ces défauts dans nos cuirasses, ses ouvertures terrible nous laissant offerte à l’ennemi mais je n’étais pas préparé à un tel combat, personne ne l’est vraiment et je sais depuis déjà que j’ai été trop confiante en mes pouvoirs et c’est de cela que je vais mourir aujourd’hui. Mais dans mes veines coule le sang des combattantes, je l’ai toujours été et je le resterais à moins d’être brisée.  

Je suis comme elle je le sais au fond, je suis comme elle et il faudra m’abattre avant que je ne cède. Ceci est le combat de ma vie et je vais y jeter toute ma fureur. Je suis une survivante, une âme vagabonde, je suis la fille des légendes de ce siècle.

- Tu m’as rendu l’espoir, jeune fille…tu es mon Ange de l’Annonciation !

Il n’a pas fini de parler que je suis derrière lui, enchainant les coups avec une rage qui ne me ressemble pas, une rage nourri d’une colère que rien n’a jamais pu éteindre à part la domestication que je me suis forcé d’y apporter. Je ne peux plus compter sur mes pouvoirs offensifs, les plans astraux se sont fermés dès que je suis entré ici. C’était un piège, ce trou noir dans nos lignes temporelles, ces anomalies ne menaient qu’à lui en un signal évident.

- Il est bien temps que tu t’en rendes compte, Voyageuse !

Il pare chaque coup avec une monstruosité qui me dépasse, cet homme, Adrien Oldfield est une menace évidente. D’un geste il enserre mon point et me brise le poignet, m’arrachant un gémissement suivit d’une contrattaque rapide et violente qu’une fois de plus il ignore.

- Pas une menace, une Némésis, celle de notre famille dont tu es l’énigmatique  dernière-née. Je ne te connaissais pas, ce signal ne t’était pas destiné mais tu sais ce qu’on dit. Un pécheur jette une ligne et voit ce qu’il peut ferrer. Tu sais que ce combat peut prendre fin quand je le souhaite, ta nature de téléporteuse ne m’intéresse pas : j’ai déjà ce pouvoir même si ton potentiel l’a ouvert à des voies …surprenantes. Tu es sans doute la plus puissante de la lignée à voir ce que tu as fait de ton don.

C’est un ballet mortel en une pluie de coups qu’il ignore avec mépris, sourire aux lèvres. Il ne les évite même pas, il pourrait le faire, je soupçonne des dons télékynésique et télépathique : il joue avec moi, cet enfoiré joue avec moi ! Chaque mouvement me revient en tête, toutes ces heures d’entrainements n’ont pas été vaines mais rien n’y fait, rien ne fonctionne. Un coup plus puissant me cloue au sol alors qu’immédiatement d’une déflagration d’énergie TK, il m’envoie rouler comme un déchet jusqu’à un recoin de la grande salle souterraine.

- Tu n’as pas à endurer ça, Aislinn. Cesse de me cacher tes pensées, dis-moi juste qui est ta mère ? De quelle branche viens-tu ? Tu peux m’être précieuse, je ne te tuerais pas mais je peux te faire souffrir, ca m’indiffère totalement. Je peux te briser, te guérir…et recommencer jusqu’à ce que tu cèdes. Tu ne sortiras plus jamais d’entre mes murs, ton « voyage » s’arrête bien là.

Une fois de plus, se relever, une fois de plus faire face même si mon corps n’est que souffrance. Personne ne me brisera, personne ne l’a brisé elle, jamais.

- Je vais t’étriper sale ordure !

La prise à la gorge est immédiate alors qu’il me soulève du sol, son regard bleuté et inexpressif planté dans le mien.

- Contre la force, l’abnégation ne sert qu’à prolonger la souffrance, fillette. Tu ne vaux pas grand-chose sans tes talents, n’est-ce pas ? Tu n’as pas l’intelligence d’Aria mais juste la présentation de toutes celles qui ont refusées de s’incliner.

Je sens une pression effroyable s’abattre sur mon bras alors que par son pouvoir il le brise. La douleur est fulgurante et m’arrache un hurlement.  

- Tu apprendras à rester à ta place.

Une seconde décharge me pulvérise l’autre bras, la douleur est si violente que j’ai l’impression que mon âme même s’effondre.

- Tu n’es qu’une femelle de plus.

Toute la rage du monde, toute la colère ne parvient pas à me faire m’empêcher de pleurer et d’hurler. Est-ce ça maman ? Est-ce que je t’ai fait ressentir ? Comment ais-je pu ? Si j’en avais le pouvoir, je ferais cesser mes battements de cœur mais je commence à suffoquer entre deux idées obsédantes de la souffrance et de la rage. Ma jambe droite cède à nouveau, inondant mon corps d’une déflagration insupportable.

- Sorcière inutile.

L’autre ne tarde pas à se briser alors que le monde perd sa réalité, c’est terminé, je ne peux plus faire face. Tout s’effondre autour de moi alors qu’il me projette au sol comme un tas de chair désarticulé et sanguinolent.

- Pantin…tu n’es plus qu’un pantin de souffrance, « Voyageuse ». Sur quoi veux-tu que j’exerce mon pouvoir à présent ? En as-tu assez de ce combat ?

Je m’accroche à une pensée alors que l’obscurité m’emporte. Protéger ma mère, la protéger de ce monstre et trouver de l’aide. Seigneur, toi que je prie impuissante à ma tâche, aide-moi, protège Caitlyn ! Mais le silence emporte ma prière alors que mes paupières se closent.

- ….Kathaleen ? Foutues sorcières…Elle était morte celle-ci ! Est-ce qu’elle porte la foudre comme sa mère, jadis ? Tsss…C’est ça….repose toi, jeune fille, mais notre conversation n’est pas terminé pour autant. Je vais te guérir et lorsque tu iras mieux, nous reprendrons notre danse. Encore et encore, jusqu’à ce que j’en sache plus. Et puis….J’ai d’autres projets pour toi, ma belle enfants. Chaque chose en son temps.

Il s’agenouilla posant la main sur  le bras d’Aislin et l’auréola de son pouvoir de guérison tout en scrutant les traits de son visage défaits par le sang et les blessures avec une absence évidente d'émotion.

- Kathaleen…J’ai  hâte.




Aislinn Elioth-Loyv  ( 2010 -....); Téléporteuse, voyeuse dimensionnelle et temporelle.
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MessageSujet: Re: Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch   Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch Icon_minitimeDim 9 Mar - 16:26


CHAPITRE 5

ERLINA

Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch Redhea15

Septembre de l’An de Grace 1618, sous le règne de sa Magnanime et Puissante Majesté Jacques Premier, souverain  d’Angleterre et d’Irlande.

Chère Mère.

Le Créateur me pardonne de n’avoir pas saisi la plume plus tôt pour me manifester à vous, vous n’avez cependant pas quitté mes pensées respectueuses et aimantes depuis mon arrivée sur ces terres hostiles et mystérieuses. Les paysages ne sont pas sans rappeler notre Angleterre chérie mais il s’agit de terres rudes et sauvages à l’image de la populace revêche à notre installation. Les recommandations de père auprès de Sir John Withe qui étend l’influence de notre glorieux drapeau au-delà du Comté de Cork ont été des plus utiles afin de pouvoir parfaire notre installation au nord du comté et d’y fonder les bases de notre plantation. Tu remercieras avec diligence à nouveau père pour sa bienveillance financière et ses contacts précieux qui me facilitent la tâche dans la conduite de cette vaste entreprise. Je travaille dur chaque jour de notre Seigneur afin d’ensemencer la terre de cette ile et d’apporter notre savoir-faire et nos lumières à des populations mal dégrossies et souvent empruntes d’une croyance primaire débordant de mysticisme touchant par sa naïveté et sa simplicité.

  Ces hommes sont croyants, on ne saurait en démorde même s’ils se refusent à embrasser nos croix et s’agenouiller devant nos vérités mais ils restent effrayés par moult légendes des folklores hostiles de leurs terres, ils croient souvent que la nature elle-même dicte à l’Homme, ignoreuse et sourde des lois du Fils de l’Homme.  Mais les billevesées sont légions à qui voit dans chaque branche étrangement ployée l’œuvre d’un farfadet et derrière chaque sourire de femme trop appuyé le dessein abscons des créatures magiques. Mes terres sont riches et fertiles même si la proximité de Dundalk est le seul point de civilisation de ces contrées boueuses du Nord, les autochtones les nommaient le « vieux champ » car on y cultivait le blé depuis des temps oubliés, j’ai fini par m’habituer à ce sobriquet, il me nome le Seigneur du Oldfield, titre amusant lorsqu’on sait que je proviens d’une des plus anciennes familles d’Angleterre. Je vous vois déjà, Mère, de par chez nous colporter l’improbable nouvelle de ce fils qui du haut de ses 19 printemps est devenu Seigneur d’une terre sauvage et d’un royaume de plantation de navets.

  J’essaye de comprendre ces gens, de leur amener la parole du Christ mais la langue reste un barrage difficile à franchir, ils s’expriment dans une sorte de mélange de langue anglicane et celtique et leurs mœurs restent sauvages et incompréhensibles. Pas plus tard qu’il y a un mois, j’ai dû empêcher lors d’une chasse à courre sur mes terres que les villageois du bourg le plus proche ne massacrent à coup de pierres et de fourches une pauvre sauvageonne, son tort aurait été d’être de connivence avec le Démon de part d’étranges dons lui permettant de faire mouvoir les objets par la force de l’esprit. Ils l’ont nommé sorcière et l’aurait fait passer de vie à trépas si je ne m’étais pas opposé avec force et détermination  à leur détestable projet.  

Vous auriez vu Mère la pureté de ce regard et la candeur de son visage qu’encadre sa chevelure d’un roux flamboyant, cette expression d’incompréhension sur ses traits, cette profonde détresse qui émanait de tout son être, non en vérité, Dieu ne peut nourrir de cruel destin pour une innocente de cette trempe. Son nom est une invitation au voyage, Erlina. Il signifie « Fille d’Irlande » ce qui semble prouver que la pauvrette est une enfant de la nature, sans doute vivait-elle recluse dans les bois vu sa faible constitution qu’une bourrasque ferait se plier, sa sauvagerie emplies de ses brusqueries peureuses et ses apprêts souillés et déchirés.

  Je ne cacherais pas une certaine fascination pour elle, et je crois que parfois, son regard enferme une certaine affection pour moi depuis que je la loge en mon domaine, je me suis affairé à la dégrossir et l’éduquer dans la rigueur de notre Seigneur, elle se montre douée et attentive. J’ai espoir qu’un jour elle puisse m’en apprendre plus sur les beautés de ses terres natales et les mystères qui s’y rattachent.

  Nous ne sommes pas faits, en vérité, pour nous haïr. J’ai foi que derrière chaque petites victoires se cache le dessein suprême d’un Dieu bienveillant pour qu’un jour nous puissions vivre tous en harmonie. Il n’y pas de Mal, je songe plutôt que l’incompréhension règne et fissure le cœur des hommes mais aucuns maux sur cette terre ne résistent à une heure de prière. Vous savez, Mère, quel indéfectible optimiste je peux être mais derrière mon idéalisme, c’est la conviction profonde que ce que nous faisons ici est juste qui l’emporte et j’ai foi qu’un jour, des âmes simples comme la belle Erlina puissent jouir de l’infini bonté du créateur.

 Je sais combien vous affectionnez les esquisses qu’il me plait de dessiner lorsque le temps libre m’en donne l’occasion. Elles sont comme ce pays, grossières et sans génie mais on perçoit sous les traits la sincérité de l’auteur et la générosité des modèles qui offrent leur beauté à qui sait la percevoir. Je vous joins donc un florilège que vous pourrez visionner à l’heure du thé lors de nos après-midi pluvieuses de Londres.

  Gardez en vous l’affection attentionnée d’un fils reconnaissant et aimant et transmettez à père toute la sincérité de mon admiration la plus respectueuse. Vous êtes dans chacune de mes prières.

Arthur Loydd-Kenneth, dit Arthur Lord Oldfield


Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch P8040110

ERLINA ? - OLDFIELD ( 1602- 1642), Pouvoir télékynésique, Surnommée " La Première"  
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MessageSujet: Re: Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch   Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch Icon_minitimeVen 18 Avr - 21:49


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CHAPITRE 6  PART. 1

ABIGAEL ET RUTH


New Ross, Décembre 1965

Mon rapport à la Religion ? Je dirais qu'il est essentiel Révérend Glasgow. Je crois même qu'il est au centre de toute mon existence et ce la depuis toujours. J'ai suivi ses préceptes à la lettre et ma présence devant vous avec une requête aussi singulière en est une preuve absolue

Le déjà vieil homme se tassa sur sa chaise, visiblement mal à l'aise tout en passant une main dans ses cheveux d'un air embarrassé.

Notre bourgade est des plus calme, vous savez...Les gens d'ici mènent une vie paisible et humble. New Ross n'est pas connu pour défrayer la chronique et on n'y cultive rien d'autre que la patience et l’honnêteté.

Sachez que je les cultive moi même en un jardin vaste et bien entretenu et j'ai maintes fois servi les intérêt du seigneur comme je les sert aujourd'hui.  Entre hommes vibrant d'une telle foi je crois que vous être le mieux placé pour me comprendre, le calme de New Ross, son éloignement de la cohue de la modernité et de ses tentations de mauvaises vies est exactement le remède que je veux apporter à mes jeunes protégées.

Le Révérend Glasgow sembla intrigué au point de cesser de caresser le chat qui avait fini par s'endormir sur ses genoux.

Vous semblez être un Homme de Bien Monsieur Oldfield, c'est pourquoi votre requête reste énigmatique, pourquoi ne pas prodiguer à ces pauvrettes l'affection, la rigueur et la bienséances qui sied à des jeunes filles de bonne éducation par vous même ?


Adrien se contenta se sourire en affichant une mine contrite, s'adossant plus aisément sur son siège en soupirant d'un air las.

Allons...Vous savez très bien les circonstances de la mort de leur mère Ciona Aspère. Même si c’était une tante éloignée de notre famille, elle reste de notre sang mais il n'en reste rien que l'acte en lui même est blasphématoire et odieux. Les flammes que cette pauvre fille a allumé ont ravagé le manoir de Livernade est causé la mort de cinq personnes. Et voilà l'opprobre qui est tombée sur notre famille comme un couperet, Tesqvalt est éloignée de plusieurs centaine de kilomètres, certes je vous l'accorde, mais le fait divers a défrayé la chronique au point que l'indignation a gagné les villages voisins et beaucoup savent que dans ma mansuétude, j'ai recueillis les jumelles, ils ne m'en tiennent certes pas rigueur mais je n'aimerai pas que ces petites innocentes souffrent des fautes de leur mère. Je ne veux pas mêler le nom des Oldfield aux actes d'une déséquilibrée pyromane, paix à son ame.

Oui une chance que vous eussiez été sur place en visite ce jour là, sinon le Seigneur aurait sans doute rappelé à lui ces deux oiseaux, j'ai entendu dire que vous avez vous même été blessé lors de l'incident ?

En effet, les flammes m'ont brûlé alors que je tentais d'arracher au brasier les pauvrettes, quel triste spectacle qui fut donné ce jour là. Par chance, j'ai pu mener à bien le sauvetage et j'ai une nature généreuse qui me permet de me remettre facilement. Mais la pauvre Ciona, elle, n'a pas eu cette chance...Puisse le Seigneur lui accorder le repos, malgré sa folie.

Le révérend s'accorda quelques instants de réflexions avant de poursuivre.

J'ai aussi entendu...quelques histoires...assez édifiante au sujet de cette personne, certaines langues se sont déliées et parlent même de...prédispositions étranges...au...au mal ?

Adrien se laissa aller à un rire assez gras avant de poser sa joue entre sa main, en une pose d'observation amusée.

Oui..Les rumeurs se colportent plus vite qu'un fléau sur les ailes d'une nuée de corbeaux... Soyons sérieux Révérend, vous savez dans certaines bourgades, nous en sommes toujours à dresser le bûcher dès qu'une rousse aux yeux trop clairs vient à croiser le chemin des simples d'esprits...Alors de faire une pyromane en proie à son mal une antique sorcière en route vers le sabbat, à nouveau soyons sérieux, mon ami ! Vous vous attendez réellement à ce que je dévoile des sorts à coups de baguettes magiques pour faire honneur à mon Sang. Nous vivons une époque ou l'obscurantisme devrait être mis à l'amende, le seigneur a déjà fort à faire avec les maladies et les déviances des hommes pour s'encombrer de folklore Irlandais. Nous devrions plutôt en faire des romans pour les enfants dans une école attitrée, je suis certains qu'ils auraient quelque succès !

Je comprends votre point de vue mais de là à adopter c'est une responsabilité assez lourde, nous n'étions pas préparé à une telle chose mon épouse et moi même.

Vous n'aurez aucun problème financier je peux vous l'assurer. Révérend Glasgow, croyez vous à la destiné et aux signes de notre Seigneur ? Vous savez, ces infimes petites particules qu'il aime à laisser sur le chemin pour guider les hommes ? Moi j'y crois plus qu'aux beaux discours ou qu'aux mots murmurés. Abigail et Ruth sont l'avenir de ma famille mais ce dont elles ont besoin pour pousser au plus prêt de Dieu et en toute sécurité, c'est de votre patience et de votre bienveillance à vous dont le ventre stérile de votre réponse refuse de combler vos vœux. Croyez-le ou pas, j'ai rêvé de New Ross et je sais qu'ici même, l’œuvre de Dieu s'accomplira, la vie de ces fillettes est déjà un miracle, épousez le comme moi je l'épouse déjà. Participez à son œuvre, vous en serez sanctifié, je vous le garantie.

…........................................................................................................................

Et leurs pupilles semblables en tout point vibrent d'intelligence alors qu'agenouillé pour la forme je m'en viens caresser leur joue en feignant un sourire paternel. Elles savent, elles savent de quoi il en retourne comme elles savent les sens cachés sous les mots. Mon avenir, ça n'a jamais été plus vrai. Elles sont cette dernière chance d'arriver à mes fins, de regagner cette liberté qu'Aria m'a enlevé. Elles sont ma terre et je cultiverais ce jardin car il est déjà mien et le restera à jamais. Oh, elles sont bien plus que ce qu'était leur mère, elles savent leur sursis et ourdiront de concert un plan pour me contrer, comme elles le font toutes, en vain. Je ne peux pas leur en vouloir, je ne peux cependant pas les forcer à rester à mes cotés. Je sais par expérience qu'elles finiraient par se donner la mort, j'ai vu ce que ca donnait avec la pauvre Lucille, enchaînée dans mes geôles et qui a fini par s’étrangler avec ses chaînes. Il faut donc qu'elles poussent à l'air libre et qu'elles illusionnent de liberté jusqu'à la récolte, c'est ainsi que je le conçois. Je protège mon vivier.

- Ce n'est qu'un au revoir les filles, si Oncle Adrien vient à vous manquer, souvenez-vous qu'il est comme Jesus, il voit et entend chaque action, il connaît vos chagrins et où que vous vous retourniez, aussi loin que vous alliez, il sera toujours là, pour vous serrez dans vos bras parce que rien n'est autant important pour lui que vous, mes chéries. Soyez en certain.
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MessageSujet: Re: Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch   Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch Icon_minitimeSam 19 Avr - 15:45


CHAPITRE 6  PART. 2
ABIGAEL ET RUTH

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New Ross, Ete 1976.
Elle s'allongea dans l'herbe les bras sous la tête tout en fixant son regard bleu azur sur les nuages pendus dans le ciel d'été, un vent léger bruissait dans les arbres habillés d'une verdure fourni et que non loin  le ressac se faisait entendre à l'Est, là où les vagues rageuses attaquaient inlassablement les cotes. Elle resta ainsi, lascive et détendue,  une longue minute avant de basculer le visage pour chercher un regard jumeau, prunelles semblables où luisaient la même jeunesse.

Ce n'est pas grave tu sais, ces choses que je sais faire, même si Père dirait que c'est l’œuvre du diable, pourquoi ne pas considérer que c'est un miracle ? Pouvoir penser à un endroit et s'y rendre ce n'est pas de la magie, Jesus lui même pouvait f..

Hum, Ruth, tu blasphèmes et ça je sais que c'est mal. Pourquoi faut-il toujours que tu parles trop vite sans réfléchir.

Parce que toi tu réfléchis trop et tu ne dis rien, Aby : ca a toujours été ton problème.


Non, ce n'est pas un problème, tu a toujours été une irresponsable,  moi je ne rêve pas qu'à découvrir le monde et partir à l'aventure.

Ey ! Je ne suis pas une irresponsable !

Mais...Enfin oui, il FAUT découvrir le monde mais tu ne penses pas toi que c'est une chance de pouvoir faire de telles choses ? Nous pourrions partir d'ici et voir le monde comme nous en rêvons, lui échapper et..

TU pourrais, moi je ne sais rien faire de tout cela...

Stupide, je ne m'éloigne jamais de toi de plus de dix pas Aby, nous partageons toujours le même lit malgré tes pieds froids.

C'est toi qui a les pieds froids.

Et puis ces choses, si je peux les faire toi aussi forcément, nous sommes les deux faces d'une même pièce non ? Ce que je fais, tu le fais. Ce que je ressens, tu le ressens...ca a toujours été ça non ? Je ne peux pas m'éloigner de toi, petite sœur. Tu es toute ma famille.

Il est la notre aussi...nous devrions fuir Ruth, tu as raison mais...il ne nous a jamais rien fait de mal et nous sommes en sécurité ici, il a aussi raison, que dirait les gens si ils savaient que tu peux te déplacer sans bouger sur plus de cinq kilomètres ou que je peux m'entailler la main sans ressentir de douleur ? Je veux vivre normalement Ruth, je ne veux pas vivre cachée, je veux fonder une famille et avoir des enfants.

Tu oublies maman, je sais ce que j'ai vu...c'est lui qui l'a brûlé, les flammes jaillissaient de ses mains. C'est un monstre, un monstre dangereux. Je ne te mens pas, je ne peux pas te mentir, ça serait me mentir à moi même.

Les gens changent Ruth, ne juge pas si tu ne veux pas être jugé. Nous ignorons ce qui s'est passé entre maman et lui, elle l'a peut être attaqué.

Tsss...comment peux tu être ma sœur avec si peu de jugeote....sérieusement.

Un long silence contrarié s'installa alors que dans une position miroir, Abigael regardait le ciel avec un regard chargé de tristesse. Un soupire à coté d'elle et Ruth vient poser sa tempe contre son cœur, étalant sa longue chevelure rousse, cherchant en aveugle la main de sa sœur.

Ex..excuse moi, je suis méchante je ne voulais pas te dire ça..J'ai peur, c'est tout. J'ai peur pour nous. Je t'aime, je t'aime tellement, je déteste te faire du mal.

Personne ne peut, c'est pas nouveau...

Moi je peux, je te connais mieux que moi même, Aby. Je te protégerais, toujours, toujours..de lui, de ce monde, je te protégerais de tout, jamais je ne t'abandonnerais.

Adrien nous a dit qu'il nous dirait ce qu'il attend de nous avant deux ans, est ce que tu crois que c'est...quelque chose de mauvais.

Je n'en sais rien Aby, mais je pense que mauvais, oui, il l'est foncièrement. Promet moi que si il le faut, tu me suivras, tu partiras , promets le..

Elle se redressa et la regarda avec une profondeur inédite, presque sévère.

Je donnerai ma vie pour toi, je donnerai tout, ma sœur.



Le ciel irlandais est témoin que les choses graves ne se perdent jamais. Le ciel Irlandais crève toujours des nuages de larmes en une pluie froide et traversière qui puise son origine dans ces mêmes choses graves. Dieu sait rester sourd au destins tristes, les nuages non. C'est ce qu'on dit, ici, à New Ross. Et jamais terre ne fut plus abreuvée que par les larmes de Abigael et Ruth Oldfield.
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MessageSujet: Re: Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch   Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch Icon_minitimeLun 21 Avr - 7:59


Spoiler:


CHAPITRE 6 PART.3

ABIGAEL ET RUTH
- Le Choix d'Abigael-

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New Ross, Irlande Printemps 1978
Elle porta la main à la bouche étouffant un haut le cœur et se détourna de lui. Posant la paume de sa main sur la fraîcheur apparente des pierres nues du vaste vestibule elle cherchait à reprendre son souffle, implorant tous les dieux des univers de ne point être là et de ne pas vivre ce moment. La voix amusée d'Adrien lui répondit depuis le fauteuil où il se tenait toujours immobile mains jointes sur les genoux.

Mais tu n'es pas là, physiquement parlant et cesse de d'agiter tu vas finir par réveiller Ruth.

Abigael lui lança un regard chargé de haine et d'une colère sourde en grimaçant de dégoût.


Tu es un monstre...Toutes ces filles...tu les as tué...Maman...toutes les autres...tu es le Malin incarné.

Un sourire amusé comme seule réponse immédiate avant qu'il ne penche plus ostensiblement le corps depuis son fauteuil, prenant un ton que l'on pourrait nommé connivence.

Alors,tu ne vaux pas mieux que moi. Tu voulais savoir la vérité, je te l'ai montré...sans détours ni fars. Nous sommes issues d'une famille maudite, reniée par Dieu et ton don fais de toi une créature vouée aux ténèbres, il n'y a rien de plus vrai. J'ai fais des erreurs, je le conçois, je n'avais pas à éliminer ma famille, seulement à subtiliser les dons...Je me croyais le bras Armé de Dieu et les époques étaient obscures et terribles. J'ai appris de mes erreurs, il n'est pas question que je fasse à nouveau couler mon propre sang si rien ne m'y oblige. J'ai voulu expliquer toutes ces choses à ta mère, elle n'a pas voulu écouter et elle s'est révoltée comme toi à présent...Elle m'a attaqué pour vous protéger, je n'ai fais que me défendre, c'est une triste histoire mais je ne regrette pas mon geste, elle a choisi sa mort et elle vous a délibérément abandonné.

Mensonges...

Ne dis pas de sottises Abigael, tu as toujours été bien plus réfléchis que ta sœur, beaucoup plus maline aussi...Vois ce que j'ai fait pour vous, y vois tu la logique d'une personne désireuse de vous détruire ? Réponds moi.



Bien sur que non, je vous ai préservé, comme on préserve son patrimoine. Je ne veux rien d'autre que de vous savoir en sécurité

C'est faux...tu n'as pas renoncé...Alia t'a brisé une fois...mais tu n'as pas renoncé pour autant j'en suis certaine.

Alia est la sorcière que j'admire le plus au monde, il n'est rien de plus vrai. Il n'est pas un jour sans que je songe à ce que nous aurions pu être tous les deux, main dans la main, travaillant de concert. Ma puissance et son machiavélisme. Mais ses os sont retournés à la poussière depuis plus de trois cent années et moi je dois faire avec son héritage, dans tous les sens du terme. Alors oui...je suis mon objectif et c'est en cela que je te propose un marché.


Elle le fixa, interdite, toute droite de dignité et de souffrance dans cette illusion de manoir en ruine où la pluie elle même avait ruisseler sur son visage entre les larmes et l'eau des cieux déversé par un ciel irlandais tourmenté et rageur. Cet endroit au toit déchiré perdu dans les landes venait tout droit de son imaginaire mais dans ce sanctuaire où depuis toujours cet intrus étrange et dangereux aimait à venir lui parler et la faire réfléchir pour l'amener à ce moment, elle n'était plus l'une des jumelle , une partie d'un tout mais un individu seul face à ses propres choix.

Je veux un enfant, mon enfant...Je veux la foudre, l’élément qu'il me manque pour enfin sortir de la terre d'Irlande et briser la malédiction d'Alia. Je veux que tu portes la lignée et je veux t'y aider. Tu es assez intelligente pour savoir que même avec l'aide de Ruth, vous ne pouvez absolument rien contre moi...en ma présence, vos dons ne fonctionnent plus. Donnez moi des enfants...j'en ai assez de courir cette terre à la recherche des autres car vous n'êtes pas les dernières du sang des Oldfield, ça je vous l'assure, je pourrais définitivement perdre mon intérêt pour vous.

Un silence pesant avant de reprendre d'une voix presque murmurante.

Tu sais aussi comment réagira ta sœur avec une proposition de la sorte, elle s'emportera, laissera parler sa colère et son impulsivité et fera la pire des bêtises à faire. Je ne veux pas lui faire du mal mais elle m'y forcera même si tu prends le temps de lui expliquer. C'est une guerrière, tu es une bâtisseuse, jumelle mais différente. Son cœur l'appelle à l'aventure, elle a soif de découvertes, soif de voir les choses.de ce monde..toi tu rêves de sécurité et d'amour, je peux te donner cette stabilité, cette vie tranquille mais en échange, je ne demande que deux choses : les enfants et l'éloignement de Ruth. C'est une proposition honnête Abigael. Tu sauves deux vies par ton choix et tu lui offres ce qu'à quoi elle aspire le plus, la liberté.

Abigael baissa la tête, une expression horrifiée sur les traits de son visage.

Je n'abandonnerai...jamais ma sœur.

Il soupira affichant une expression peinée.

Oui. Mais elle, elle le fera. Sa colère le fera, son emportement le fera, il suffira d'un malentendu pour faire germer ce qui pousse déjà dans l'ombre. Son cœur est déjà ailleurs, Aby, tu le sens n'est-ce pas ? Elle veut te traîner à sa suite comme une relique parce qu'elle sent le poids de ta responsabilité sur ses épaules mais tu l'empêches d'avancer. Alors, inévitablement...ses mots se feront plus tranchant, plus durs...tu sais de quoi je veux parler, non ? Tu as ma parole d'Oldfield qu'il ne lui arrivera rien. C'est parfois la plus belle preuve d'amour au monde que de laisser partir quelqu'un qu'on aime pour lui permettre de devenir soi même, mon enfant, c'est parfois la plus belle chose au monde oui, mais ca n'en reste pas moins la plus difficile.

Alors dans les ruines de sa vie d'avant et devant l'aube de ce qui serait une vie de sacrifice muet offerte sur l'autel d'un amour sans fin et disproportionné, Abigael Oldfield fit la seule chose qu'il lui restait à faire : elle pleura et là encore, le ciel d'Irlande l'accompagna.


Dernière édition par Caitlyn Elioth le Sam 28 Juin - 6:46, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch   Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch Icon_minitimeVen 25 Avr - 21:11


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CHAPITRE 6 PART.4

ABIGAEL ET RUTH
- Retrouvailles -



New Ross – Manoir Oldfield – 1992

Mon regard s'attarde sur la blancheur des pierres du bâtiment durant quelques instants, tout m'a amené ici, depuis mes errances jusqu'à mes voyages lointains, oui tout a fait en sorte que je parte d'ici pour y revenir mais c'est maintenant que j'hésite à franchir ces quelques marches me menant devant la lourde porte de bois. La nuit est déjà installée mais je sais qu'elle m'attend, j'ai procédé comme jadis, j'ai attendu ces signes d'enfants que nous partagions lorsque nous étions presque indissociables. Et ils sont venus. Tardivement, oui, mais ils sont venus et avec eux , l'espoir était à nouveau un mot qui prenait une signification tangible. Comment réagira t-elle après tant de silences, tant de distances et tant d'années ? Comment pourrait-elle pardonner des mots blessants d'une fierté trop mal placée, je suis parti, je l'ai abandonnée parce que la vie m'appelait ailleurs de ses mystères et de ses espoirs et parce que surtout elle m'avait affirmée sans ciller qu'elle suivrait cet homme, elle me l'avait juré sur la Bible, que c’était ce qu'elle se devait de faire, et jamais ma jumelle ne m'a menti. Nous avons eu la plus terrible des tempêtes et cette tempête nous a éloigné trop violente et remplie de nous mêmes. Et maintenant me voici à frapper de trois coups sourds avec le heurtoir de cette porte d'un manoir qui a abrité la moitié de cette vie qui coule dans mon âme. Le temps se fige lorsque la porte s'ouvre, le temps se fige et me voilà devant le miroir. J'avais préparé un millier de mots, un millier de gestes, un millier de toutes ces choses que je me lamentais de ne pouvoir lui dire, lui murmurer et lui confier et rien ne vient alors que nos expressions sont une fois de plus les mêmes, mon sang ne me hurle qu'une seule chose, qu'une longue plainte douloureuse. Pas de pardon, pas d'excuses, pas de justifications. Un geste ébauché toutes les deux simultanément de bras écartés et une étreinte concédée dans un long sanglot déchirant d'une même voix. Je suis complète. Je suis ENFIN complète, je n'ai jamais eu de pays, jamais eu de demeure. Elle est ma seule attache, m'éloigner d'elle fut la plus grande erreur de mon existence, je le sais à présent mais j'espère que regrets et remords seront utiles face à l'ombre d’irréparable qui plane dans mon esprit comme un terrible pressentiment.

…................................................................................................................

La cuisine qui déjà s'ensommeille alors qu'elle me prépare un thé et ce confort douillet et bourgeois, elle n'est pas femme épanouie, je le vois bien, mais c'est un choix qu'elle a fait. Mon regard se perd sur elle et la couleur de ses iris semblable à la mienne, nous avons tant à parler et nous le faisons depuis des heures puisque son mari est en déplacement comme elle m'en a prévenu. Je lui sourit faiblement en achevant ma phrase.

D'ici et d'ailleurs...Oui, j'ai vu le monde, j'ai vu Paris, Londres, Varsovie et Moscou...J'ai même traversé l'Atlantique et parcouru les États Unis. ..J'ai rencontré toute sorte de gens, vraiment de tout horizons tu sais...j'ai même partagé pour un temps la vie d'une communauté Hippie à San Francisco. Mais...je...voilà...tu n'y étais pas.

Elle inclina la tête avec un sourire bienveillant avant de reposer sa tasse sur le plan de travail.

Tu n'étais pas ici non plus, j'ai fait un mariage raisonnable et j'essaye d'être heureuse, le plus possible qu'il me soit de l'être. Georg est un homme spécial, oui, peu présent...mais il me traite correctement surtout si on considère les derniers événements et...enfin, il y a des choses que je voudrais taire, si tu le permets...

Aby...si j'avais su...je...enfin je suis désolée que tu..

Shuuut...Ne crois pas que je sois à plaindre, j'ai tout de même des raisons d'aimer cette existence tu sais...viens je vais te montrer quelque chose.

Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch Files-10

Et elle m’entraîna à sa suite à l'étage et rien ne m'avait préparé à ce qu'elle me montra dans cette petite chambre plongée dans la pénombre où un lit d'enfant en bois trônait dans une chambre encombrée de jouets de toute sorte. J'esquissais un « o » de surprise en me penchant sur le lit et y découvrant sous une épaisse crinière rousse, une jeune enfant de quelques années dormant paisiblement enserrant dans ses bras une poupée. Remontant un regard humide vers ma sœur, celle ci me fit signe de l'index du doigt de ne pas troubler le sommeil de la petite fille. Je sortais dans le couloir émue aux larmes alors qu'Abigael, ma très chère sœur, d'un geste tendre et maternel calma un couinement de sa fille avant de me rejoindre. Je la regardait admirative et stupéfaite une fois qu'elle m'eut rejoint.

C'est...c'est un véritable ange...c'est ta...c'est ta … ?
Oui...et c'est aussi mon trésor, ma raison de survivre et ta nièce accessoirement...
Comment elle ...elle s'appelle ?
Kathaleen mais Georg à insisté pour moderniser son prénom en Caitlyn.
C'est joli, l'un comme l'autre c'est joli...je ne sais pas quoi dire...C'est si..
Elle a cinq ans déjà.
Par le Sang du Christ, son père doit être si fier..

Son visage sembla se figer un instant avant qu'elle ne me prenne la main délicatement.

Justement...Il est temps, je crois que tu saches toute la vérité. J'ai beaucoup de choses à dire et elles ne sont pas forcément plaisantes à entendre, nous avons été assez séparé, le destin est une force si puissante qu'il nous a réuni à nouveau, je ne laissera pas passer ma seconde chance cette fois ci.

Alors je l'écoutais et elle parla longuement. Je su toutes ces vérités voilées aux yeux de mon monde et je su alors combien la haine pour un seul homme venait de ressouder à nouveau notre sororité.
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MessageSujet: Re: Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch   Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch Icon_minitimeSam 3 Mai - 18:27


CHAPITRE 6 Last Part.

ABIGAEL ET RUTH
- Alcor et Mizar -

Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch The_le10


Novembre 1992, New Ross.

La mousse n'a pas encore eu le temps d'attaquer la gravure du marbre, l'inscription à encore ce brillant du neuf d'origine et les fleurs eux même témoignent d'une installation récente, Six mois tout au plus mais le chronomètre ici s'est enfin arrêté définitivement, le temps a perdu sa valeur, tout est passé sauf le chagrin des autres.  Le lieu est calme comme le calme qui règne habituellement dans ce type de lieu, tout y est dit et ceux qui dorment là, ont tout le loisir d'écouter ce que ceux qui restent ont à dire. Elle dépose son bouquet de jonquilles, elle sait qu'elles plairont puisque dans une autre vie, quatre mains d'enfants exploraient les sous bois pour le cueillir, deux pairs que la vie sépare à présent. Elle perd son regard vers les bois au loin, elle ne regarde pas vraiment parce que son regard est tourné vers l'intérieur, ressuscitant ce que la mort a pris. Sa voix n'est qu'un murmure qui caresse à peine le silence.  

J'ai mis du temps, je sais. Mais comme tu vois, je te reviens. Rien ne fonctionne jamais comme tu le voudrais, tu sais ces choses toi, tu les as toujours su. Tu te rappelles quand nous étions gamines ? Il nous arrivait de regarder les étoiles et on adorait la Grande Ours parce que l'une des étoiles composant le Grand Chariot du nom de Zeta était double, deux étoiles jumelles qui de loin luisent comme une seule...Tu t'en souviens hein ? Mizar et Alcor...C'était nos étoiles, les jumelles de la nuit étoilée...Tu disais que qu'importe ce que le temps nous ferait, ce que la distance finirait par faire de nos vies, il suffirait de lever les yeux vers le ciel étoilé pour que l'étoile égarée retrouve sa jumelle et qu'à nouveau, elles ne fassent plus qu'une.
Je regarde toujours, Aby...Je regarde toujours et je te vois briller dans la nuit, tu brilles pour moi et tu brilleras toujours pour ceux que tu aimes. Tu m'as dit que c’était à nous qu'il incombait de faire en sorte que ceux qui suivront et endosseront le poids de notre nom puissent vivre loin de nos erreurs et fortes de leurs propres choix. Je me battrai pour cette idéologie, je battrai jusqu'à ce que la terre d'Irlande me berce dedans ses bras et me rappelle enfin à toi et ce jour, je mêlerai enfin ma lumière à la tienne, comme jadis...
Avant que ce temps ne vienne, tu peux reposer tranquille, j'ai réussi à soustraire Caitlyn de son regard, je l'ai placé chez des connaissances, à San Francisco où elle connaîtra une autre destinée, loin de cette folie et surtout loin de ce monstre. Elle n'aura jamais à connaître le nom des Oldfield et de ce goût de malheur qui s'y rattache.
C'est une page qui se tourne, Aby...C'est notre page.
Mais il ne faut pas que tu t'inquiètes, j'ai fais les choses avec une extrême prudence. Elle ne connaîtra pas son père, elle ne le doit pas.
Il ne peut plus rien contre elle, il la croit toujours morte dans ce maudit avion...
Il n'est pas une nuit sans que je ne revoit cette scène lorsque je me suis téléportée dans l'appareil...Tu disais que tu n'étais rien que tu ne pouvais rien...mais dans les derniers instants, quel spectacle époustouflant que cette mère défend son enfant à coup de griffes et de crocs, forme humanoide bleutée d'électricité...si ta voix n'avait pas sonné si fort dans mon esprit...je n'aurais rien pu faire que de rester là, figée dans un état hébétude...Tu nous as sauvé ce jour là...en m'ordonnant d'évacuer ton bien le plus précieux...tu nous as sauvé toutes les deux. Tu as emporté l'avion dans ton déchaînement de colère  et...et tu es retournée vers les étoiles...Le plus dur, ma sœur, c'est pour ceux qui restent...et moi...je suis restée là...et je m'y tiens toujours...mais je ne serai pas seule.



Et sa main caresse en réflexe ce ventre rond où elle sent se débattre la vie prête à éclore.

Tu as su aimer ta Caitlyn malgré ce qu'elle était, j'espère que tu me donneras la force de la faire pour celle ci...Car oui...Elle sera notre Leg, la dernière d'une dynastie maudite mais où l'espoir brille toujours...l'espoir d'une autre issue. C'est pour elle que je me battrai. Je n'ai pas eu le choix, cette nuit là...je n'ai pas eu d'autre choix que de prendre sa place entre ses bras pour te protéger comme tu l'as toujours fait pour moi...Ce n'est pas une enfant de l'Amour, ni de la Haine...C'est une enfant du combat...et c'est ainsi qu'elle sera élevé. Elle se nommera Niamh parce qu'elle sera bien plus brillante que nous...bien plus...lumineuse. Je lui apprendrais ce que nous savons, je lui apprendrais à haïr son père comme nous l'avons hais et aimer et respecter ceux qui sont tombés comme nous les avons aimé et respecté.Si ce n'est pas moi, c'est elle qui mettra fin à tout cela...

C'est ce que tous nous disons. Ma sœur. C'est ce que tous nous disons.


Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch Bigdip10

ABIGAEL OLDFIELD ELIOTH ( Mars 1960 – Avril 1992 ) - Immunisée à la Douleur, Mutation secondaire Tardive, Corps électrique et projection de foudres.  
RUTH OLDFIELD ( Mars 1960 - …) - Téléportation et immunisé à la télépathie.


NdA : Les éléments restés dans l'ombre seront expliqués dans le RP : Toutes les Vérités : Arc des Oldfield.
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MessageSujet: Re: Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch   Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch Icon_minitimeDim 4 Mai - 7:24


CHAPITRE 7 : CAITLYN

Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch Tvd-la10

17 septembre 2012
New York, Église Notre Dame de la Rédemption, Quartier Nord du Bronx.

Qu’est-ce que les ombres ont à me dire à part le silence de prières muettes qui se sont perdues dans les âges ? C’est ici que s’envolent les espoirs et retombent les déceptions mais même si nos raisons très vites renoncent sous le poids de nos apathies quotidiennes, mes yeux eux cherchent à travers les ornements des visages taiseux des sculptures singeant la vie ce qui pourrait encore émouvoir et retenir un instant le souffle. C’est dans ce vide que je me recentre, dans ce silence lourd de signification où même la vie s’écoute et prend conscience de son miracle que je sais ce qui m’accroche au sol et atteste même de mon passage. Sous mes escarpins le marbre froid et cassant et l’ombre tremblante comme lancée en accusation pour un blasphème évident par ma seule présence, de cette gigantesque croix où le christ suffoquant m’interpelle d’un regard aveugle mais dont la souffrance à finit par se taire ou se perdre dans une banalité confondante. Cette ombre pesante, omniprésente de mon berceau à mon caveau, cette ombre aussi acide qu’un poison létale, aussi lourde que les remords qui s’y accrochent, aussi palpable et froide qu’une armée de démon m’attirant vers les limbes sans espoir de rédemption.

Il est juge, juré et bourreau et il voit où je détourne le regard, on le trouve dans l’abime le regard braqué vers l’âme : il sait depuis déjà ce que vaut mon verbe et ce que hélas signifie mes actes. Il sait là où je mens. Car je mens, c’est indiscutable. Même si je m’attarde, même si je supplie : je mens, n’ais-je jamais rien fais d’autre que cela ?

Mon péché, hormis tous les autres, reste que je me suis cru meilleure, je me suis cru capable : forte où je n’étais que faiblesses. Je me suis vu certitudes où je ne me forgeais que doutes. Je suis issue de la tourbe et de l’excrément, j’ai rampé hors des immondices et me suis avilie dans les pires excès et me voilà audacieuse face à l’ombre du Seigneur pour quémander un jugement, monnayer une réponse. Autrefois sans doutes, j’avais son regard lorsque j’avais l’innocence d’un enfant, c’est fort possible lorsque j’y pense. J’avais des ailes pour monter plus haut et plus vite à l’instar de ma compagne, c’est fort probable, j’ai dû les arracher en me croyant au-dessus de ce que je devais être.
La vérité n’en est que plus évidente, la fatalité n’existe pas et ma vie est devenue ce que j’en ai fait : un horrible gâchis dans un rôle que je n’arrive plus à tenir. Je ne suis pas digne de changer, pas digne de confiance mais je suis là ce soir parce que je te le dois, on pourrait considérer cela comme un sursaut d’honnêteté. Je ne suis plus en colère, je l’ai été longtemps et tu sais très bien la cause de cette fureur. Je t’ai haï, j’ai fait tout ce qu’il fallait pour devenir encore plus exécrable à ton regard. Tu m’y as forcé, on ne peut pas le nier. Je suis ta fille et tu ne m’écoutais pas, je suis ta fille et tu ne me répondais pas. Puisque tu t’es décidé à conserver ton mutisme, c’est donc moi qui pour une fois te dirais ces choses qui m’étouffent. Écoutes ce que j’ai à te dire Seigneur, écoute pourquoi j’ai encore fuis mon destin et pourquoi ce soir, je veux juste faire la paix avec toi.

Le rituel est immuable mais la scène singulière, cette femme de taille moyenne dont les cheveux roux cascadent sur son long manteau couleur automne, le regard fièrement tourné vers le calvaire, on la croirait sur le quai d’une gare prête à faire des adieux à un ami ou un amant, on la croirait surtout à quelque rendez-vous depuis une longue date repoussé, au bout de quelque chose, sans doute au bout d’elle-même. C’est alors que d’un geste lent elle se signe puis s’agenouille en croisant les mains dans une attitude d’une humilité absolue. Le silence seul est témoin de cette dévotion muette que ses lèvres finissent par adultérer d’une voix claire et sans émotions.


- Ca fait longtemps, hein ? J’te demanderais pas comment tu vas ou si tu commences pas à avoir des crampes à rester connement suspendu là.
J’suis toujours là, tu vois. Je m’accroche. Tu t’souviens d’la dernière fois ? J’étais plutôt furax, hein ? Faut dire que t’avais fait fort là : Byron et Kyle en même temps, tu m’as pas loupé. Han…Tu loupes jamais personne d’façon, surtout pas celle qui essaie de se frayer un p’tit trou dans les nuages pour s’approcher en passager clandestin de ton paradis. Je croyais que ce genre de chose, ca s’prenait par la force, tu vois. J’pensais qu’on pouvait plier les évènements comme on voulait et choisir sa place à coup de griffes. J’étais conne et égoïste. Tu m’as foutu en rogne, t’as pas idée. Tu m’as blessée comme personne avant.
Et voilà où on en est ce soir, étrange retrouvailles, tu trouves pas ? J’suis sur qu’n aurait besoin de plus d’une vie pour discuter de tout ça mais j’ai tellements de questions qui s’bousculent là sous mon crâne et si peu de réponses.
T’attends quoi d’moi ? Tu veux quoi d’plus ? J’ai tout fait pour t’emmerder, on peut pas plus dans l’epic fail christique.

Mes mains sont couvertes de sang, j’me suis suicidée et j’aime une autre femme ce qui veut dire que Lucifer va v’nir me chercher en Rolls, non ? Pour le peut qu’Amy fut nonne j’aurais fait un total strike.
Mais tu vois, j’ai pas honte, je me dresse là devant toi et j’viens te demander des comptes et t’en rendre. J’suis plus en colère, j’en ai fini avec toute cette haine, je la laisse derrière parce que ce qui m’intéresse c’est devant. Mais ca m’empêche pas de m’demander ce qui vient après.

Je suis ta fille bordel…j’suis ta fille et là je reviens à la maison après une si longue fugue que j’me souviens plus trop de c’que c’est la maison au juste, alors j’ai peur et j’me sent paumée : tu peux pas « juste » voir ça.
On peut pas continuer à se snober éternellement, à s’ignorer comme ça. Je crois en toi, je viens là en baissant toutes mes défenses, en déposant tout c’que j’ai à tes pieds et tout c’que j’veux savoir..du fond d’mon cœur..c’est..c’est si il y’a une chance, une infime chance que tu puisses encore m’aimer ? Que tout ça en vaut la peine et qu’au bout du compte on puisse faire la paix toi et moi. J’ai besoin… J’ai besoin de quelqu’un pour me dire ce que j’dois faire et..et juste savoir si j’me goure pas encore une fois.
Faut-il que je tombe plus bas que terre et qu’j’en chiale, dis-moi où je dois aller, dis-moi que mes choix en valent la peine que j’suis dans le vrai.

Alors si tu veux…qu’on en passe par là, si il te faut une preuve, regarde …regarde-moi, posée sous ton aile, sous ton ombre si grande qu’elle pourrait m’engloutir. Je te demande pardon. Pardon pour mes faiblesses, pardon pour mes erreurs, pardon pour mon ingratitude. Et je veux..je veux que tu m’reprennes à tes cotés comme quand j’étais une gosse, comme quand ca comptait, comme quand c’était important parce que ca l’est toujours, ca l’sera toujours. Comme à cette époque, tu t’en souviens ? Moi j’ai rien oublié, rien du tout..


Doucement paupières closes alors qu’une unique larme dévalait sa joue en paressant sur son visage, elle commença d’une voix tremblante.

- Notre Père qui es aux cieux,
que ton Nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses,
comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous soumets pas à la tentation,
mais délivre nous du mal.


Amen

Une voix inconnue venait de se mêler à la sienne lui faisant instinctivement tourner la tête en direction de la personne qui venait de ponctuer ainsi sa litanie et refermer le vœu pieux s’envolant ainsi vers cieux comme ces paroles à peine nées pour se consumer dans un silence de plomb. Elle se tenait à quelques pas sur la droite dans l’ombre d’une chaise de prière dans une attitude miroir de la jeune femme, les mains jointes en prières et un regard d’un bleu délavé mais très perceptible malgré la pénombre qui semblait fixer avec intensité un christ toujours aussi avare de ses mots dans son attitude de souffrance millénaire dont on ne pourrait dire si elle tenait d’une vision malsaine d’une culpabilité éternelle pour ceux qui en connaissaient la signification ou d’une volonté grandiose d’un sacrifice ultime afin de racheter une faute tout aussi éternelle.


Elle semblait aussi fragile qu’une ombre incertaine dans son vêtement simple au capuchon rabattu lui couvrant la tête et lui mangeant une partie du visage. Les mains trahissaient un âge assez avancé d’une femme conservant toujours des reflets d’éclats de sa beauté au teint diaphane mais cheminant plutôt vers la sagesse des retours des passions au crépuscule d’une vie que l’on fantasmait plutôt calme et douce, s’écoulant entre des audaces raisonnables et quelques fruits se fanant bien vites. Elle lui adressa un sourire embarrassé sans quitter le christ des yeux.

- Mes excuses ma demoiselle, je priais moi-même et votre voix était d’une douceur entraînante.

Caitlyn esquissa un mouvement de la main pour indiquer qu’elle n’était pas contrariée le moins du monde.

- Il n’y a pas d’mal, les prières montent peut être plus facilement en duo qu’en solitaire, allez savoir…

- Excusez-moi à nouveau mais j’ai entendu une partie de votre discours, je ne vois pas pourquoi la pureté de vos mots seuls n’aurait pas pu le toucher en écho Vous sembliez si sincère dans votre approche qu’une statue de marbre en aurait sans doute versé quelques larmes.


Fuzzy secoua la tête d’un air navrée avant de reporter à nouveau son attention sur le calvaire et d’en détailler chaque détails comme si celui-ci lui apparaissait sous un jour inédit mais douloureux.

- Quelle pureté ? Je sais bien qu’il est écrit qu’il y aura toujours plus de place auprès du seigneur pour un pécheur repenti que pour Saint Pierre lui-même mais là je cumule je crois : A partir de quand il a dit stop à votre avis : mutante ? criminelle ? lesbienne ? Ce n’est pas une place qu’il me faut, c’est un stade de foot complet…je suis une damnée, j’sais même pas c’que je fous ici en fait.

L’inconnue émit un rire amusé avant de répondre d’une voix doucereuse et apaisante.


- Oh ! croyez en ma propre expérience, il est relativement patient et d’une indulgence surprenante. J’ai un cursus analogue et pourtant il me parle toujours avec autant d’amour et je lui réponds toujours avec une égale ferveur.

Caitlyn reporta son attention sur la personne en face d’elle relativement intriguée par ses étranges révélations.

- Hum..Vous devez alors avoir beaucoup de choses à vous faire pardonner pour venir prier en une heure aussi tardive.

Elle esquissa un léger sourire, en portant l’index au coin des lèvres dans une pose étrangement familière.

- Vous vous trompez en vérité car moi, je ne prie pas pour moi. Je n’ai rien à me faire pardonner qu’il ne m’ait déjà pardonné depuis longtemps même ce que certains qualifieraient mes actions à l’instar des vôtres d’impardonnables.Nous portons tous sur l’âme les balafres de la vie.


L’étonnement commença à se dessiner sur les traits de la jeune californienne qui décidemment n'arrivait pas à cerner l’attitude de ce mystérieux personnage.

- Mais alors, pour qui..enfin pourquoi… ?

- Pour une de mes filles. Elle est dans une situation de doutes et c’est toujours dans le doute qu’on ne voit pas les choses les plus évidentes, ces fameuses choses qui une fois comprises permettent de nous relever et d’avancer vers notre but. Je suis ici pour prier afin que le Seigneur l’aide enfin à voir ces choses et qu’elle puisse avancer sur son chemin plutôt que de s’y enliser.

- Et ben…Elle a de la chance vot’fille, c’est quoi son problème ?

- C’est plutôt moi qui ai de la chance, si elle pouvait seulement savoir combien je suis fière d’elle et de ce qu’elle est devenue malgré toutes ses erreurs et le fait qu'elle ai du trouver sa route seule dans un monde hostile. Je ne regrette rien des sacrifices que j’ai du faire pour elle et à sa place, j'en porte le poids comme ceux  de mes propres choix et de mes actions. J’ai souvent l’impression d’être venue au monde uniquement pour qu’elle puisse y venir elle-même et y prendre toute sa place et je sais combien elle se croit « imparfaite et loupée », j’aimerai qu’elle sache un jour que c’est la plus belle réussite qu’une mère puisse se vanter d’avoir réalisé dans sa vie, ça ce n'est pas le Seigneur qui me l'a dit...il suffit de la regarder.

A ces paroles, Caitlyn sentit son cœur se serrer d’effroi face à une douleur muette dans son existence, une douleur d’une absence qu’elle ne pourrait jamais combler victime d’un destin trop pressé de jouer ses gammes dans un jardin d’enfant où l’on aurait dû trouver que rires et émerveillements. Alors qu’elle conservait un silence amer, méditant sur les paroles lourdes de sens, l’inconnue poursuivit.

- Et je vois qu'elle cherche le pardon d’un Dieu alors qu’elle ignore juste que tout pardon…commence par soi-même.

Caitlyn fronça les sourcils, ouvrant la bouche pour prononcer des mots qui ne voulaient pas sortir, un sentiment d’urgence venait de naitre comme une certitude, elle savait qui se tenait là et qui lui tenait ces mots qui ne pouvaient la toucher que de cette manière unique mais elle savait aussi que cette simple pensée était complètement impossible puisque cette personne ne pouvait pas être de ce monde. L’inconnue eut cette sorte d’éclat dans son regard bleuté alors qu’inclinant la tête, une longue mèche rousse d’une teinte analogue à la sienne cascada le long de sa joue.

- Caitlyn, il faut te pardonner toi-même avant de chercher le pardon. Elle est là, ta vérité.


Elle restait comme scotchée, incapable de prononcer le moindre mot devant cette apparition impossible mais que même son âme au-delà de ses sens lui hurla comme étant la réalité de ce qui se passait dans ce lieu de tous les possibles et de tous les miracles. Etait-ce là le signe ? Était-ce là la réponse ? Etait-ce là le doigt montrant le chemin de cette rédemption qui enfin lui paraissait accessible ? Les cieux avaient peut-être entendu cette prière et décidé que le silence n’avait que trop duré, cela ne semblait être que la seule solution rationnelle dans un événement qui en défiait la conception, le bon chemin, celui partant du cœur et ramenant au cœur comme si un ange venait de caresser son âme et lui insuffler un souffle qu’elle ignorait avoir encore en elle. Alors de la stupéfaction naquit le sentiment de réconfort et de bienveillance. Elle rentrait à la maison, elle en voyait enfin la lumière et la chaleur là à travers une apparition et quelques mots livrés au silence de ses doutes. Son visage se marqua d’un large sourire comme réponse, un sourire rayonnant de joie, d’amour et surtout d’espoir puisque c’est surtout de cela dont il était question. L’instant d’éternité qui découla de cet immobilisme fut quelque chose de rare, diaphane et délicieux, même le temps semblait gêné d’y marquer son empreinte et le silence les couvait d’une discrète connivence.


Le monde retrouva ses droits lorsque la réalité retrouva son court sous la forme d’une porte brusquement ouverte qui attira le regard de la jeune femme ainsi qu’un léger mouvement de tête. Un autre ange venait d’apparaitre, mais celui-là n’appartenait à la cohorte céleste du Seigneur, non, mais il s’était élevé du sol à force d’amour s’arrachant à ce monde à la froideur si austère. Cait regarda Amy venir à elle dans toute sa splendeur dramatique, dans toute sa beauté tragique et tout son amour saignant de sincérité. Jamais église n’avait porté aussi bien son nom ce soir-là en recueillant cet ange venu pour la chercher, elle.

Un bref regard vers l’endroit où se tenait l’apparition lui permit de confirmer ce qu’elle soupçonnait depuis déjà. Elle était seule et sans doute aux yeux du monde, l’avait-elle toujours été. Mais ce feu d’une joie intense dans son regard témoignait de cette improbable rencontre. Quelque chose de divin l’avait touché droit dans l’âme ce soir-là et Dieu par deux fois s’adressait à elle avec le mot des morts et à présent ceux des vivants, avec une force égale cependant. Le verbe en était d’une sonorité identique et tout autant chargé d’un amour quasi palpable.

Ruth réapparu non loin dans la rue devenue silencieuse, et son regard se porta vers la lourde bâtisse où ce qui se jouait ne la regardait plus vraiment. Elle inclina la tête, le cœur assez lourd, en se signa en silence avant de murmurer.


- C'est ce que tu voulais...pas vrai ma sœur ? Tu peux être fière...Tu peux être fière de ce qu'elle est devenue et de ce qu'elle va devenir.
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MessageSujet: Re: Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch   Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch Icon_minitimeSam 28 Juin - 6:40


CHAPITRE 8 : ALIA

Le Cycle des Oldfield - Season of the Witch Red-wi10

Le siècle reste rongé de fausses croyances où l'humanité s'est asservie au point de s'agenouiller devant des idoles trompeuses et muettes. Le mysticisme originel de nos contrées, paisible et bienfaisant, est traîné dans la boue au à force d'obscurantisme jusqu'à être jeté au feu au nom d'hérésie, je ne reconnais ni nos peurs, ni nos terres d'Irlande ou le secret de chaque source est domestiqué à la gloire d'un seul sauveur et où même le charme mystique d'une langue millénaire nous est à présent interdit. Le pays entier frissonne de désir d'oubli et de conquête d'un nouveau paradigme. Je suis une sorcière, où du moins c'est ainsi que l'on me nomme. Ma descendance aura ce fardeau en héritage, du moins c'est ainsi que je l'envisage.

Je ne me lamente pas de mes origines tout comme je ne m'aveugle pas de ces nouvelles chimères. J'ai un don, un don qui n'est et ne restera pas unique. J'ai appris à l'utiliser pour le mettre à profit d'une vision, ma vision. Qu'importe si le folklore lui associe sabbat et incantations, je sais ce qu'il en retourne, j'ai énormément lu, ce qu'il y a de bon et de mensonges. Je pense que c'est le désir de voler qui a fait pousser des ailes aux oiseaux, il n'y a pas de grand desseins : la Nature est capricieuse avec ses enfants et tout comme la chenille devient un papillon, elle transforme l'Homme en autre chose. Elle l'améliore, le perfectionne : elle tâtonne, se trompe et cherche sa voie. Je bâtirais ce royaume où ceux qui comme moi, ébauche d'un nouveau projet de la Grande Nature de nos terres, pourront trouver refuge, ils y vivront en sécurité parmi les leurs et protégés de ceux qui refusent et s'aveuglent.

Divisés, nous nous éteindrons, ensembles nous subsisterons. Nos dons sont nos richesses, nous nous devons de les mètre au service du meilleur, au service de quelque chose qui nous dépasse, nous nous devons de préparer l'avenir. J'ai révé d'un avenir où tous auraient leur place, c'est le projet de Dame Nature : elle donne, ne sépare pas, elle ne dresse pas ses enfants les uns contre les autres. Bien sur, il y aura toujours des violences, c'est inévitable, c'est dans la nature humaine incrit au fer rouge à même ses gènes et peut-être que cette époque trop jeune et qu'elle n'est pas prête. Je formerai une « garde rapprochée » de personnes comme moi, une élite de chevaliers capable de défendre et éduquer pour expliquer ce que nous sommes lorsque les Hommes seront prêts à l'entendre. Ce jour viendra, je le sais, je l'espère.

Les menaces sont multiples, la tache si vaste.
Il faut œuvrer avec intelligence en utilisant les armes de cette époque : ruse, perfidie, manipulation. A l'instar de cet imbécile d'Adrien dont je partage le sang. J'ai su qu'il viendrait bien avant qu'il n'arrive. Je me suis inquiété d'un géant, j'ai découvert un simple tigre de papier qui avait oublié une chose, qu'il existe toujours en ce monde, plus dangereux que soi. Il est fort, certes, il a récolté nombre de dons et fait couler notre sang plus que de raison, mais si il brille dans un combat solitaire et brutal, il ne brille pas par son esprit. Qu'on lui impose le nombre et un plan, et il sera battu comme le lourdeau qu'il reste. Il ne cultive pas les dons qu'il subtilise, il les additionne sans les comprendre et sans les maîtriser. Il n'exprime pas leur potentiel comme j'apprends à le faire avec les miens et ceux qui m'entourent.
Un voyage dans son esprit par l'une de mes pupilles m'a permis de trouver un fond de croyance aveugle dans le nouveau sauveur et un goût prononcé à mi chemin entre mysticisme et damnation.
Cela fut exploité.
Nous avons fait germer dans son esprit grâce au talent de ma jeune Inès, une de mes suivantes , la vérité absurde qu'il ne peut quitter la terre natale, qu'il est en proie à une malédiction divine. Cette seule idée semble le terrifier. le reste ne sera qu'un édifice psychique qu'il nourrira de lui même comme on entretient une Paranoïa. Une fois défait par trois de mes proches puisque face à lui je ne pouvais rien, ma Garde l'a emmuré vivant dans les douves du domaine de Morqueer, la mort l'aurait délivré de la manipulation d'Inès et il est préférable qu'il reste persuadé qu'il est victime plutôt que bourreau.
Cette simple anecdote face à celui là qui se voulait être notre fléau prouve la véracité de mes dires et la justesse de mes choix.
Notre force réside dans le nombre, dans l'union contre l'adversité.
Si Adrien Oldfield nous savait impuissante face à lui, il ne s'attendait pas à ce que d'autres ne partageant pas ses gènes puissent se dresser contre lui et le tenir en échec.
Méditez, jeunes enfants, sur cette histoire.
Lorsque le problème vient de l’intérieur, soyez assez malin pour avoir placé vos forces à l’extérieur.

Extrait du « Journal De Vie » d'Alia Oldfield, non daté.





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Alia Oldfield, dit " La Sorcière du Nord", 1650 - 1715 - Télépathie et don de séduction.
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