Une rencontre percutante. (PV Lili Vesga)

Bien que le début de journée avait été tranquille, au point de permettre à Allan d'affûter ses outils de travail, et de faire un peu de ménage, l'après-midi se passa différemment. Une femme âgée d'une quarantaine d'années, était venue avec la dépouille de son chien. Un berger allemand. Elle voulait qu'il lui soit rendu au plus vite. Encore une dame qui avait fait de son chien l'unique compagnon de ses jours. Au point de ne pas supporter son décès.

le mutant ne s'en plaignait pas. Avant qu'il n'ait put annoncer ses tarifs, une bien meilleure paye lui avait été proposée. Seulement, les délais étaient courts. Devant faire de cette commande une priorité, il avait, aussi rapidement que possible dépecer l'animal pour mettre la peau en plonge, et emballer le reste afin de le jeter dans les poubelles d'un restaurant dont il avait l'accord. Sa fin de journée ne fût pas de tout repos.

Une fois la journée finit, Allan fut content de pouvoir quitter la fraîcheur de son atelier, de retirer ses chaussures de travail ainsi que sa blouse et deremettre ses rangers et son long manteau de cuir. Il attrapa ce qu'il devait jeter, et le jeta en travers de son épaule. Il vérifia que tout était en place avant de sortir et de fermer la porte à double tours.

Les rues étaient encore bondées. La fin d'après-midi se faisait sentir. Certains ados avaient traînés dans des magasins, voire des bars. Ces derniers ne désemplissaient pas, car les étudiants étaient remplacés par ceux venant prendre l’apéritif de bonne heure. Allan n'y faisait pas attention, il devait se débarrasser aussi vite que possible de la dépouille. Il ne lui restait que quelques rues à traverser.

Au détour de l'une d'elle, perdu dans ses pensées, il ne remarqua pas la personne qui était tout aussi absorbée que lui. Le choc fut inévitable. Les deux personnes tombèrent au sol, le paquet tombant sur la personne. Réalisant qu'il était à terre, Allan serra les poings, se calmant rapidement pour éviter que son pouvoir ne se manifeste. Il se releva ensuite, et débarrassa sa rencontre impromptue des restes canins, remit sur son épaule son sac poubelle, heureusement, non déchiré. Il tendit la main vers la personne pour l'aider à se relever et réalisa seulement qu'il avait affaire à une jeune femme.

"Toutes mes excuses... J'étais perdu dans mes pensées. J'espère que vous n'avez rien. Même si mon sac est tombé sur vous."

Il n'avait pas vraiment envie de perdre son temps avec une humaine, mais il fallait bien se comporter comme eux pour ne pas avoir d'ennuis. Surtout lorsqu'on se promenait dans la rue avec un chien dépecé et en morceau dans un sac poubelle. Si elle n'avait rien ,tout irait pour le mieux, mais si elle avait mal, elle voudrait savoir ce qu'il y a dans le sac, et là, Allan aurait du mal à ne pas répondre.

Un chant aux intonations chaleureuses me sors de mes pensées. Je laisse tomber le pinceau dans le pot de peinture blanche qui est sur le sol. Je regarder un instant le résultat de ma journée. Le blanc recouvre presque toute la totalité des murs de ma chambre, recouvrant mes anciens dessins. Je regarde les chiffres du réveil qui m'apparaissent d'une lumière pâle. Je sors de la pièce, me débarrassant au passage de la combinaison, les manches nouées autour de ma taille. Fouillant dans mon placard, rempli de vêtements assez simple . J'y sors un jean délavé, ainsi qu'un  pull en laine qui recouvre le t-shirt moulant du bar où je travaille ce soir. Mes chaussures à talons enfilés, j' recouvre mes yeux de ma paire de lunettes d'aviateur.
Le bruit régulier de ma canne d'aveugle, frappant le béton permet à mes souvenirs de revenir plus facilement. Cela fait bien des années que je vis dans Mutant Town. Je connais mes chemins, ceux que j'utilise le plus souvent. Mes pas sont tranquilles, lents mais sures. Mes autres sens, qui se sont affutés me permettent de compenser mon défaut de vue. Celle-ci ne me renvoie qu'un monde flou, plus ou moins noir.

Je descends les marches du métro, restant contre les murs. Je sais quand tourner, quand m'arrêter. Les bruits résonnent à mes oreilles, les bruits de conversations me proviennent un peu trop clairement à mon goût. Le bruit du métro me déchire les oreilles, et je me laisse entrainer par le flot humain. De plus en plus, le nombre de personne devient un peu plus important à chaque arrêt. Je me suis enfermée dans ma tête, essayant de m'échapper des odeurs qui emplissent peu à peu les lieux.
Je gonfle mes poumons de l'air de l'extérieur. Je sens plus rassurée d'être hors de terre, d'avoir le ciel au dessus de ma tête. Toujours aussi calmement, je me marche vers le bar. Mais alors que je marche, quelqu'un me rentre dedans. Je me retrouve projeté sur le sol. Mes mains se retrouve avec le contact froid du sol. Ma canne m'échappe des mains, je l'entends rouler sur le sol. Je n'ai pas le temps de penser plus, qu'un poids vient me tomber sur les jambes. L'odeur de la chair morte envahit mes narines. Je vais pour repousser le sac, mais déjà on l'enlève. Bruissement de vêtement en cuir, puis une voix dure résonne à mes oreilles.

-Toutes mes excuses... J'étais perdu dans mes pensées. J'espère que vous n'avez rien. Même si mon sac est tombé sur vous.

Je tâte autour de moi, finalement mes doigts rencontre finalement la cane. Puis une ombre se trouve devant moi. Lentement, je referme mes doigts se referment autour de la main de l'homme. M'agrippant à celle-ci, je me relève. Pendant un instant, je frotte mes paumes dans mon pantalon. Puis je déclare.
-Non, je vais bien. Ne vous inquiétez pas.
Pendant un instant, je repense à l'odeur qui m'a envahi les sinus. Je ne pense pas qu'un tueur va planqué son cadavre en pleine ville... Du moins ce que j'en sais. Je frotte ma nuque de ma main, puis je demande:

-Euh... Ca vous arrive tous les jours de vous balader avec de la viande cru dans un sac?

La jeune femme prit à peine le temps de répondre qu'elle allait bien. Elle avait déjà une question à poser. Si le fait qu'il se baladait souvent avec de la viande morte l'intriguait, autant dire qu'elle ne pouvait qu'aller bien. Cependant, Allan devait être littéralement tombé sur la seule personne capable de sentir cette légère odeur. Pourquoi fallait-il qu'il trouve toujours l'humain qui pourrait lui poser problème?

"De la viande crue? Ah... Je vois." Seulement à ce moment, le jeune mutant réalisa que la femme se tenant devant lui avait une canne blanche en main. "Hum.. C'est une expression, ne vous en formalisez pas. Et oui, ça m'arrive assez régulièrement. Pourquoi? Vous en voulez?"

Certes, il se sentait stupide d'être tombé sur la seule aveugle dans les centaines de mètres à l'entour, mais il ne perdait pas de vue qu'elle était plus que probablement humaine. Donc s'il pouvait revendre sa viande de chien, autant le faire. Après tout, il n'y a pas de petit profit. Surtout s'il était à faire sur le dos de ces primitif.

"Ceci dit, je me dois de vous prévenir. Ce n'est pas la meilleure viande que j'ai pus récupérer depuis que je travaille. Elle risque d'être difficile à mâcher. De plus, je n'ai absolument trié. Donc vous pouvez y trouver aussi bien la chair, que les os, que les boyaux."

Allan avait un sourire presque amusé. Certains humains étaient moins stupides que d'autres, et il en attendait la preuve. Il ne s'attendait pas à ce que cette femme lui achète. Cependant, il pouvait toujours tenter de se faire une nouvelle cliente potentielle. Il se décala, se rapprochant du mur, laissant un passage plus large aux autres humains. Il se retourna vers son interlocutrice.

"J'y pense. Je m'appelle Allan Irrisen. Je vais vous donner ma carte de visite. Ceci dit... Je n'avais pas prévu que je puisse en donner une à une personne aveugle. Donc... Il faudra que vous demandiez à quelqu'un de vous la lire et de se renseigner pour vous si mon nom ne vous dis rien."

Tout en parlant, Allan avait commencé à fouiller ses poches à la recherche de ses cartes de visite qu'il avait toujours sur lui. Visiblement ce n'était pas dans celles de son pantalon. Dans sa veste peut-être? Naturellement, il les trouva dans la dernière poche dans laquelle il pensa chercher. Il en tira une, et la mit presque délicatement dans la main de la jeune femme.

"Et quel est votre nom, si ce n'est pas trop indiscret? Peut-être ai-je déjà eus des clients qui étaient et sont encore de votre famille?"

J'écoute l'homme avec attention. D'après sa voix, je devine qu'il vient de se rendre compte qu'il était tombé sur une aveugle. Et il semble pas des plus ravi. Pas de chance pour lui! Mais je pense qu'il en a eu encore plus que ce ne soit pas sur un normaux. Etant habituée à des trucs “bizzard”, je suis totalement calme devant cet homme qui se balade avec de la viande, tout juste découpée. Alors que les autres seraient déjà torturés par une dizaine de question, et prêt à appeler la police. Non, à cet instant je me dis que chacun à ses trips.

Il a l'air de s'amuser de la situation cet Allan Irrisen. Après tout c'est peu être pour lui une occasion de se débarrasser de son paquet. Dommage pour lui, je ne suis pas du genre à manger n'importe quoi, du moins pour le moment. Je n'ai pas non plus d'animal à nourrir à l'appartement.

Je le sens qui se décale légèrement, mettant de la distance entre nous. Les hommes s'engouffrent dans l'espace, toujours aussi rapides. Ils sont surement pressés de rentrer chez eux, et d'un côté je les comprend. Mais dans ces cas là, qu'ils fassent attention à ce qui les entoure. Combien de fois, je me suis fais bousculée, presque maudite parce que j'empêchais leur course contre la montre. Et c'est le cas ici. Ils ne s'attendent pas que quelqu'un se trouve ainsi au milieu de ce flot humain. Lentement, je me dirige dans la direction, de l'homme. Je m'arrête seulement quand le bas de ma cane rencontre le bas du mur. Mes doigts rencontrent le béton, et toujours aussi doucement je pose mon dos en appuie contre celui-ci. Ceci fini, je reporte mon attention sur Allan.

Alors que ces mots se forment dans le brouahah incessant, j'entends ses mains se frotter sur le tissu de ses vêtements. Des nombreuses choses qu'il remue en fouillant dans ses poches. Finalement, il semble trouver ce qu'il veut, car sa main se referme autour de mon poignet. Grâce à l'autre, il pose un papier cartonné dans ma paume. Je défais lentement ses doigts. Les mains libres, je me mets à faire le contour de la carte essayant de deviner quelques lettres. Mais bien sur, presque rien me viens.
Je souhaite quand même qu'il sache, que je ne suis pas démunie face à cette carte. Je n'aurai qu'à trouver un coin sans lumière, et je pourrai la lire. Et savoir ainsi ce quel métier peut amener un homme à se promener avec de la viande sanglante dans un sac. Dans un sourire amusé, je dis:

-Vous inquiétez pas, je ne suis pas aussi démunie contre les lettres qui ornent ce papier que vous le croyez. Et merci, promis j'y jetterai un coup d'œil dès que je pourrai.

Je glisse la carte dans la poche arrière de mon jean. Puis je redresse le visage, alors qu'une pensée traverse mon esprit. Quel heure il est? Je ne vois pas l'utilité de porter une montre, mais je suis dans l'incapacité de lire l'heure qui doit bien s'afficher quelque part autour de nous.

-Lili Vesga, mais je doute que quelqu'un soit venu chez vous. Même si vous me direz que je ne sais pas ce que vous faite comme boulot. Et est ce que vous auriez une idée de quel heure il est s'il vous plait?

Pendant un instant je me dis que si mon géniteur aurait donné son nom à ma mère, ou même souhaité que je l'ai et bien j'aurai eu peut être une chance de le trouver. Or c'est impossible. Je ne serai celle qui transmettrai son nom, si il en a eu d'autres.

Cette jeune femme ne semblait pas des plus bavardes. En tout cas, avec un inconnu. Ses phrases étaient courtes, mais claires, et comportant les informations attendues, où celles qu'elle demandait. Quoi qu'il en soit, d'après ce qu'elle avait dit, on pouvait en déduire qu'elle était simplement malvoyante et non aveugle. A moins qu'elle ne soit mutante. Mieux valait oublier cette version des faits, les mutants ne courraient pas les rues, sauf à mutant town. Et encore. S'ils en avaient la possibilité, ils tentaient de se faire passer pour des personnes normales. Allan sortit son portable de sa poche, regarde l'heure, et le remit à sa place.

"Il est presque 18 heures. Et je suis content pour vous que ce ne soit pas un aveuglement total. A moins que vous ne soyez nyctalope.. Un handicap d'une autre nature encore. Ceci dit, votre nom ne me dit absolument rien. J'ai eus une cliente du nom de Volga, mais je doute qu'il y ait le moindre lien entre vous. Je suis taxidermiste. J'empaille les animaux. Enfin... Empailler est un bien grand mot. J'emploie des moyens actuels, mais ça revient au même."

Allan n'allait pas expliquer en détail sa profession. Elle en savait bien assez, et l'odeur émanant du sac pourrait lui fournir quelques détails. C'est pourquoi il préféra changer de sujet de discussion.

"Me serait-il possible de vous accompagner un temps? Votre compagnie est moins désagréable que la plupart. Tu es bien la première à ne pas t'éloigner, ne serait-ce qu'un peu, à cause d'une légère odeur. J'espère, dans ton intérêt, (oui, le tutoiement lui échappa) que ça ne te dérange pas d'être perçue comme une mutante. C'est ainsi que je suis considéré par de nombreuses personnes. Il ne leur manque que des preuves selon eux... Mais passons, je m'emporte. Ou allez-vous? Que je ne passe pas pour un harceleur psychopathe avec mes restes de chien..."

La dernière phrase était prononcée sur le ton de l'humour. Uniquement la dernière. les précédentes étaient prononcées sérieusement, avec une teinte de nervosité. Comme quoi, les propos le faisant passer pour un mutant Avaient le don de le mettre en rogne. Allez savoir pourquoi, ce n'est pas lui qui le révélerait. Il avait bien assez de problèmes en dehors de son quartier. Il retira tant bien que mal ses pensées qui obscurcissaient le moment présent et reporta toute son attention à Lili. Une compagnie, quelques instants, était préférable à la solitude. Il passerait tout le temps possible avec elle en ce jour, sans passer pour ce qu'il n'était pas. C'est à dire, un stupide humain qui chercherait plus une compagnie physique que spirituelle avec qui partager quelques paroles. Il y a longtemps qu'il avait oublié ces désirs bas. Surtout avec les humaines.

Allan fouille de nouveau dans une poche, en mettant moins de de temps cette fois-ci. Puis il répond à ma question. 18 h, je sens déjà le soleil qui commence à devenir moins intense. Bientôt je pourrai “voir”, même si pour le mettre au profit de quelqu'un d'autre. Je ne souhaite pas lui dire plus sur mon handicap, ce serai pas drôle sinon. J'esquisse un sourire en pensant à sa réaction, mais je ne dis rien. Pas que je le connaisse assez bien pour la prévoir, mais je me doute qu'il va au moins un peu surpris. Qu'il soit humain, car il va se retrouver avec une mutante, chose qui semble inhabituelle hors de Mutant Town. La même chose si il est mutant.
Je me doutais bien qu'il ne trouverai personne avec mon nom de famille. Ma mère n'aurai pas eu l'idée d'aller chez un taxidermiste.. On avait pas le temps de penser à aller empailler quelconque animaux. Non, on se contentait de vivre comme on pouvait. Mais l'homme ne s'étendit pas longtemps sur son travail, préférant changer de sujet.

Je me mets à réfléchir combien de route il me reste à parcourir. Je serai à l'heure juste là bas, si ma mémoire ne me joue pas un tour.. En apprenant que l'homme est en faite un mutant, je ne peux pas retenir le petit sourire qui vient étirer mes lèvres. Puis sans un mots, j'arrive à trouver le bras d'Allan pour m'accrocher au tissu de la manche du manteau.

-Tu permets?

Vu qu'il m'avais tutoyer, je fais de même. Je nous mets en route, acceptant le faite qu'il m'accompagne. Après avoir callé mon pas sur le sien, je dis:

-Ne t'inquiète pas pour l'image que tu peux me donner. Je ne me préoccupe plus du regard
des gens depuis un petit moment déjà.. Et je me dirigeais vers mon lieu de travaille. Un bar à quelques rues d'ici. Mais cela me parait toujours loin lorsque je ne vois pas. D'ailleurs tu voulais pas te débarrasser de ton sac? Parce que je te considère pas comme un psychopathe mais ça ne sera peu être pas le cas de tous le monde si on fouille dedans.

J'avais parlé avec une teinte d'ironie. Mais le début était sérieusement. Oui, depuis toute petite ma mère m'avait apprise à ne pas faire attention aux regards des autres. Que je devais être fière de ce que qu'Il m'avait offert. Voilà ce qu'elle me chuchotait à l'oreille lorsque je revenais, les joues pleines de larmes à cause de moqueries faite à mon égard. Et oui, Mamà était très croyante.

Visiblement, son erreur sur le tutoiement n'en avait pas été une. Une barrière avait été franchie. Un rapprochement avait été fait. Ce n'était pas contre son gré, loin de là. Mais il ne s'attendait pas à ce que ça aille aussi vite. Elle venait de lui prendre le bras pour qu'il l'accompagne jusqu'à son lieu de travail.

"Je vais m'occuper de mon sac au plus tard. Je ne voudrais pas que tu sois en retard. Vous devez bien avoir des poubelles capable de contenir ces quelques morceau de viande. De plus, je pourrais prendre un verre. Il y a longtemps que je ne suis pas sortis."

Allan commençait à réfléchir. Il n'avait jamais pensé que qui que se soit puisse vouloir connaître le contenu de son sac. Bien que cela commençait à le rendre nerveux, il n'en montra rien. Bien que la légère tension dans son corps ne pouvait passer inaperçu à la demoiselle accrochée à son bras, il faisait son possible pour calmer son pouls, rendre son sang plus épais. Une trop grande fluidité du sang pouvait lui causer d'affreuses migraines.

Il continuait sa marche, regardant de toute part, espérant ne pas tomber sur un individu trop curieux, si ce n'était pire, un membre de la police. Il parvint tout de même à se détendre en dédramatisant grâce à de l'auto-dérision.

"Tu as réussis ton coup. Tu m'as rendu paranoïaque ou presque. J'ai l'impression qu'à chaque instant, une personne va se montrer, exigeant que je montre le contenu de mon sac, et surtout, qu'elle ne voudra rien entendre. Elle me prendra probablement pour un criminel, et je finirai avec les menottes au mains avant de retourner chez moi."

Il ne sait pas comment elle s'y était pris, mais il n'était pas dans les habitudes de Allan de se laisser aller ainsi aux sentiments. Peut-être était-ce le ton sur lequel Lili avait prononcé sa phrase qui dérangeait Allan? Ce n'était pourtant qu'un peu d'ironie. Quoi qu'il en soit, il était toujours un peu nerveux. Et comme tout le monde le sait, on soupçonne plus facilement quelqu'un qui est nerveux, car son comportement ne semble pas naturel. Donc la nervosité, ainsi que le sac qui laissait émaner une légère odeur de charogne, étaient suffisant pour que le commun se fassent des films et provoquent quelques ennuis au jeune sanguin.

"Tu as raison en fait... Dès qu'on arrive à ton bar, je vais me débarrasser de ce sac. Je ne me sens plus à l'aise depuis ton trait d'humour. Comme si les regards pèsent sur moi. Ne t'en veux pas, c'est bien la première fois que ça me fait ça... Peut-être parce que je ne te connais qu'à peine. Ou simplement parce que tu as visé juste."

Il ne restait que quelques rues à traverser. Pourquoi, aujourd'hui en particulier il se passerait quelque chose de désagréable? Il ne se passe jamais rien qui puisse sortir Allan de sa routine, sauf quelques éventuels clients agaçants, mais rien de plus. Cependant, quelque chose lui disait que cette journée allait se finir différemment. Peut-être parce qu'il avait fait une rencontre inattendue, et que ce n'était qu'un commencement. Après tout, ne dit-on pas qu'un battement d'aile d'un papillon à Tokyo pouvait provoquer un cyclone de l'autre côté du monde? Si tout allait, en effet, en s'amplifiant, il fallait donc qu'il reste sur ses gardes. Les bons débuts ne veulent pas dire que la suite se déroulera sans soucis aucun.

Je suis contente qu'il n'ai pas prit mal le faite que je m'accroche à son bras. Pourquoi il aurait mal réagis me direz vous? Et bien simplement qu'on soit humain ou mutant, on peut avoir parfois des réactions imprévisibles.

-Merci pour ton attention. Je te montrerai où tu peux te débarasser de ton sac dès notre arrivée.

Surement je m'occuperai surement de sa commande ce soir. Aussi bien parce que ainsi je pourrai encore un peu discuter. Mais aussi que tout de suite en me voyant arrivé avec lui, la fille qui travaille ce soir avec moi ne voudra pas s'en occuper. Elle le pensera mutant, chose qu'il est. Mais ceci juste parce qu'il sera en ma compagnie. Chose totalement idiote.
Mais la raideur qui s'empare de ma nouvelle connaissance me tire de mes pensées. Je ne sais pas à quoi il peut bien penser, mais pas des bonne chose en tout cas. Il stresse, mais à cause de quoi? Je n'ai pas à attendre longtemps, car il me fais part de ses pensées.

Même si il utilise l'ironie, je me sens de plus en plus mal. Mais le pire c'est que je ne peux pas prévoir ce qui va nous arriver, je ne vois absolument rien. Le soleil même si il est moins présent, presque disparu est encore là. Donc je ne peux pas retirer mes lunettes pour le moment.

-Je suis désolée de te rendre si paranoïaque. Mais si il arrive quoi que ce soit, je dirais que je suis aller te voir pour mon chien. Cela ne va pas donner de raison aux gens pour te considérer comme un tueur. Et puis si ça peut te rassurer, on est plus qu'à quelques minutes du bar.Je fais une brève pause, avant de reprendre:Mais d'un côté, les hommes sont du genre pressés à cet heure, ne faisant peu attention à ce qui les entoure.

Car oui, combien de fois des gens peuvent avoir des problèmes, et que personnes ne le voit? Trop souvent à mon goût.
Je peux déjà sentir le bruit de musique, légèrement masquée par les autres bruits de ville. Mais c'est surtout grâce à l'instinct que je peux dire qu'on est pas loin. Je resserre légèrement ma prise, un bref instant sur son bras. Puis lui dit:

-Dans quelques mètres il y aura une rue sur la gauche. On tournera là. Et normalement il y a de grands conteneurs. Tu pourras mettre ton sac là dedans. Par contre on passera par la porte principale pour rentrer.

Elle resserra légèrement son étreinte sur le bras du taxidermiste, qui fronça les sourcils l'espace d'un instant. Qu'était-elle en train de faire? Elle stressait à son tour? Après tout, elle était non-voyante ou mal voyante. Donc elle ne pouvait pas savoir ce qui se passait autour d'elle. Il pouvait être bien stupide parfois... Mais qu'importe. Elle était humaine, et par conséquent, c'était le problème de la demoiselle si elle stressait.

"Je ne comptais pas arriver par l'entrée de service. Mais si tu le souhaites, je t'y accompagne, et rentrerai juste après par l'entrée principale."

Allan se surprit à adresser un sourire à la jeune femme. Il se mit à rire légèrement, non pas d'un rire joyeux, mais d'un rire désabusé. Elle ne pouvait ses expressions faciales, et de plus, il avait l'impression de commencer à s'attacher bêtement à quelqu'un. Tout ça à cause de restes de chiens dans un sac qui était tombé...

Arrivé au croisement, il prit à docilement à gauche, comme elle l'avait demandé. En effet, les conteneurs s'y trouvaient. Il ne lui restait plus qu'à mettre son sac, heureusement non percé, dedans. Il s'en approcha, relâchant la pression et le stress qu'il avait accumulé jusqu'ici. Après tout, rien ne semblait aller de travers.

Il s'arrêta à quelques pas de ces énormes poubelles, et retira son bras à la légère étreinte féminine, ne lui murmurant que "un instant". Il réaffirma sa prise sur son paquet et parcourut les quelques mètres qui restaient. Il souleva le couvercle et jeta sans la moindre cérémonie ces restes d'animaux découpés.

Revenant vers sa compagnie d'infortune, le sanguin porta son regard au bout de la rue, par habitude. Il y croisa rapidement les yeux d'un homme semblant avoir la quarantaine, vivant à la rue. A peine le contact visuel avait été établit que ce dernier se cacha au coin de la rue.

Allan serra un poing, et fit craquer ses cervicales avant de revenir vers Lili et de lui prendre le bras à son tour. Il commença à retourner vers l'entrée de la rue, ne sachant où se trouvait l'entrée de son lieu de travail. Et s'arrêta net avant de passer l'intersection. Il regarda la demoiselle et lui demanda de son habituel ton froid, tranchant avec celui qu'il avait depuis qu'ils s'étaient rencontrés.

"Suis-je bête. Aurais-tu l’obligeance de me dire où se trouve l'entrée principale? Je pourrai ensuite t'y mener comme si j'étais un parfait gentleman."

J'entendis bien le léger rire qui résonne à ma droite. Mais je ne cherche pas à savoir la raison. Mon attention est occupée par ce qui m'entoure. Même si j'ai appris à me déplacer de jour, cela reste une chose difficile. Je fais toujours attention à ce qui se passe. N'importe quoi pourrai me faire trébucher, et je pourrais rapidement me perdre. Et puis même si Allan à l'air d'être de quelqu'un de pas bien méchant, je ne lui accorde pas ma confiance.

Je nous sens tourner à gauche, comme je l'avais dis à Allan. Peu à peu le brouhaha de la rue se fais de moins en moins fort alors que nous nous enfonçons dans la ruelle. Après quelques mètres, le jeune homme s'arrête et après quelques mots se libère de ma main. Je n'aurais pas besoin de m'approcher plus de l'odeur désagréable des conteneurs. Je raffermis ma prise sur ma canne, n'ayant plus rien à quoi m'accrocher. Soudain un frisson me parcours le corps. Je n'ai pas besoin de réfléchir longtemps, je sais ce que cela signifie. Pendant toutes ces années j'ai du apprendre à me débrouiller lorsque je me baladais en plein jour. C'est là que j'ai développé une sorte d'instinct de survie. Il y a quelqu'un, je ne sais pas qui..
Je tourne légèrement la tête mais la main d'Allan qui se pose sur mon bras me fais sursauter. Je me tourne vers lui, esquissant un léger sourire pour qu'il ne s'inquiète de ma réaction.

-Tu as déjà été bien gentleman de m'emmener jusqu'ici. Lorsqu'on sortira de la ruelle, tu tourne à gauche. C'est le premier bar à gauche, avec une porte verte.

Nous nous remettons en route. Je me détends complètement lorsque l'odeur de la porte fraichement peinte. Un sourire étire mes lèvres quand je repense à l'œuvre d'art qui recouvrait le battant il y a quelques jours. Le patron ne fait parti des personnes les plus aimé du quartier.. Me retrouvant dans un lieu familier, je me détache du bras du mutant. Je pousse la porte.
La chaleur de l'intérieur me frappe au visage. L'odeur de des boissons et de nicotines viennent titiller mes narines. Je m'avance dans la pièce qui commence à être mise en place pour la nuit. Je me tourne vers Allan:

-Installe toi où tu veux. Je reviens.

Sans un mot de plus, je me dirige vers les vestiaires. Je ne prête pas attention aux personnes que je croise. En quelques instants j'ai enfilé l'ensemble sombre qui me sers d'uniforme. Je pose mes lunettes dans mon casier, puis me dirige vers la salle. Derrière le bar, je me profite de la vue que j'ai récupéré. Pas aussi parfaite que je le souhaiterai, mais au moins je vois où je vais et à qui je parle.