Sujet: wonderfull World ( Farewell Mister Hopes) Dim 21 Avr - 22:39
Londres, Hotel Hightide, Gilliam Street : 8h 55 le 28 Avril 2013
J’ai revu Ashe ce matin-là.
Je l’ai entraperçu alors qu’elle sortait de chez elle pour vaquer à son quotidien. L’orage était passé, elle semblait bien et marchait avec cette allure qu’on ceux qui savent exactement vers où les entraient leur pas. Je n’ai rien osé, la laissant s’engouffrer dans le métro londonien afin que la foule la grignote comme un quelconque fruit, elle a réapprit à n’être rien parmi des milliers car c’est exactement la meilleure façon de mener une vie pour ceux qui comme nous sont devenus trop voyant. Je suis resté à quelques pas de son cœur , de ce gouffre sombre où nous aimions nous perdre tous les deux à refaire le monde à coup de verbes menteurs et de promesses qu’on avait la lucidité de ne pas trop croire. Oui, l’orage semblait passé et l’abime avait enfin détourné son regard pesant sur elle comme autant de jugements dont la peine n’attendait qu’à être appliquée avec monstruosité. Elle oublierait parce que tout finit par se cicatriser pourvu qu’on rencontre sur son chemin des médecins assez clairvoyants pour comprendre les blessures du cœur. J’avais songé lui dire ces choses qu’on dit souvent sans y prêter attention, ces choses futiles si réconfortantes, ces choses qui finissent par souder les être à défaut de se comprendre les uns et les autres. Ashe est cette muse disparue, cette évanescence dont on n’a pas survécu et depuis seule l’ombre d’un passé subsiste, une ruine qu’on visite, un écho qu’on murmure. Mais j’avais oublié que j’ai fait partie, jadis, de cet orage et que comme toute ces choses passées, elles ont leur place…et leur temps.
J’ai toujours aimé Londres, j’ai toujours aimé cette atmosphère où même le rythme des saisons se refuse à imposer sa marque et son pas. Non sommes au printemps, mais dans mon âme c’est l’hiver, l’incontournable hiver qui finit par dévorer ceux qui tentent de m’approcher. Esther, ma belle Esther…j’aurais pu bien plus si j’avais cessé de me contrôler, mais il était plus simple de mettre un océan entre nous plutôt que finalement te voir flétrir et t’échapper, océan d’amour devenu désert stérile. Tout s’effondre autour de nous, Mon Dieu Ma pauvre Amy, que voilà l’horrible mensonge que de porter nos spectres et qu’ils finissent par nous écraser sous le poids de leurs vies qui refusent de s’oublier. Non, tout n’irait pas bien ma petite, parce que tout ne va jamais bien et à défaut de perdre ta précieuse Caitlyn quand la mort la fauchera, c’est bien toi-même que tu finiras par perdre dans le passé d’un décor que tu ne comprends plus mais que tu as pourtant vu construire. C’est la laideur de ces œuvres dont on porte l’espoir, que l’on fait naitre du bout d’un rêve et que l’on voit irrémédiablement s’abimer dans la tourbe du temps et de l’oubli. Tout passe, Amy, tout passe sauf la mémoire qui sans cesse te rappelle tes échecs et ton impuissance à garder intacts les meilleurs souvenirs, c’est le pire ennemi bien contrairement à ce que je t’ai dit.
L’âme est un tombeau, le sourire un linceul et le souvenir le poison létal qui te démembre, parcelle d’humanité par parcelle. Et il ne restera rien qu’une coquille vide et froide où une braise va s’exciter en tambourinant aux quatre coins de l’esprit oscillant entre amertume tiède et remord glacial. C’est à cela que j’en suis réduit, je n’y aspirais pas mais c’est exactement à cela que j’en suis rendu : un automate qui veut se persuader qu’il a encore quelques prises sur ce monde, ce qui est moins d’être le cas à présent puisque ce monde se survit à lui-même et n’a certainement pas besoin qu’on lui montre le chemin qu’il doit emprunter. Oui Charles, comme Erik…Vous n’êtes pas si loin de comprendre que vos querelles ne portent finalement que sur la forme puisque le fond finira par vous sauter au visage un soir où vous en serez encore à vous montrer du doigt l’un l’autre. Ce monde ne vous attend pas, vous vous y débattez en le faisant vibrer à peine. Heureusement, vos enfants sont de cette époque, cette compréhension qui vous manque et qu’ils maitrisent parfaitement, ils comprennent bien avant vous la finalité de tout cela : il ne faut pas osciller entre le choix de vivre avec ou de survivre à : il faut simplement le faire. Ils sont plus agiles à éviter les pièges, plus agile à saisir combien ce monde est rapide et intelligent, combien chaque chose entraine l’autre. Vous étiez des visionnaires jadis, vos visions sont dépassées à présent. Vous avez écrit le passé, laissez la jeunesse vivre l’avenir puisqu’elle porte en elle sa force et sa fougue.
La jeunesse, comme ma tendre fille Enora, à qui je voue un amour sans borne et que pourtant je laisse derrière moi parce qu’où je vais, il n’y a pas de place pour elle, la solitude est un bien trop malheur pour le partager ensemble, bien trop triste pour en pleurer une vie si courte. Tout lui reviendra, chacun de mes biens, chacun de mes mots et de mes gestes. Elle est cette chair que je n’ai pas pu voir grandir mais que mon cœur à fait germer, elle est ce poème que j’aurai voulu écrire et lire à la face du monde. Ce passage qui survivrait à m’immortel, c’est la feuille de marbre que personne ne pourra altérer, la voilà du haut de sa blondeur innocente, l’espoir que je voulais multiple par le choix de ce nom. Bourdieux finirait donc seul là où Hopes laisserait son legs au monde. J’ai senti ce moment proche, je lui ai adressé une missive en ce cas d’urgence, une missive peu volubile où j’ai signé de ces trois mots qu’on dit rarement et où j’ai écrit qu’une éternité d’attente valait la peine pour partager une seule de nos discussions. Elle l’aura, elle lira ses mots gauche en français que je n’ai pu faire plus simples parce que contrairement aux autres, elle est la seule ayant pu un peu percer mon mystère. La seule qui me manquera au point d’en souffrir au point d’appréhender mais qui n’attend plus vraiment grand-chose de mes heures.
Je me souviens quand j’étais jeune, bien avant que le temps se fige, je brillais comme le soleil. Et maintenant dans le miroir, je discerne même cette étincelle inquiétante dans mon regard, à l’instar d’un trou noir en plein ciel bleu. Ma mère me disait que j’étais son Diamant Fou et que j’irradiais littéralement. J’ai été emporté à la croisé de ma jeunesse et à deux pas de la célébrité que j’appelais de tous mes vœux. Soufflé dans la brise d'acier des affres de la guerre, la naïveté faisant de moi la cible des moqueries de ceux qui savaient bien avant moi combien le ciel pouvait être changeant. Mais j’avais découvert le secret de mon existence bien trop tôt, j’avais déjà pleuré pour la lune et celles à venir, terrifié par les ombres de toutes les nuits en devenir et préférant exploser, trainé en pleine lumière. Mais tout homme à ses limites, j’avais épuisé la capacité à ressentir toutes ces choses et expérimenter, alors j’ai chevauché le temps…C’était ce qui me restait de mieux à faire. Ma vie n’a été que fuite, c’est en cela que j’excelle finalement.
Je fonctionne par automatisme, je suis devenu l’un de ces rouages d’une machinerie que je juge stupide et d’un non-sens que je cautionne. Je crois que dans le fond, j’aurais dû être cet artiste que je n’ai jamais cessé d’être. Je suis devenu adulte avant de devenir vieux, le meurtre que je regrette le plus au monde restera celui de cette enfant que j’ai été jadis. Mon regard d’enfant…Qu’en reste-t-il ?
Rien à peut-être ce sourire sur mes lèvres qui nait alors que je me surprends par la vitre, à l’arrière du véhicule de fonction qui va m’emmener à l’aéroport de Londres à observer avec attendrissement un couple de jeunes gens s’éveillant à la vie qui s’embrassent près d’un banc faisant fi des passants bien prompt à condamner ce qu’ils désirent en secret. Et aussi ces quelques notes de piano et de guitare émanant du poste radio du véhicule alors que la voix incomparable d’un Amstrong annonce que ce monde est un monde merveilleux.
Et il l’est…merveilleux, je veux dire vraiment, sincèrement…
Et le fait que le véhicule explose lorsque le chauffeur démarre le moteur ne pourrait rien y changer.
The End ?
Personne ne sait où tu te trouves Si tu es loin ou si tu es proche Brille, toi le diamant fou Atteins un niveau supérieur Et c'est là que je te rejoindrai Brille, toi le diamant fou Et nous nous prélasserons à l'ombre Du triomphe d'autrefois Et voguerons sur la brise d'acier
Shine on You Crazy Diamond Part II
Spoiler:
Et voilà, Hopes quitte officiellement la scène, je ne garderais ce compte que pour le compte Admin, il n'y a pas de Rps prévus, c'en est finit avec presque 900 Rps au compteur. Ce Topic sert de faire part, Libre à vous de le continuer avec des cameo narrant la réaction de votre perso à l'annonce de sa mort. Merci pour tous ces moments partagés ensemble.