Relever la tête, be my lollipops ( Pv Enora Lacourte)

La regarder dormir est une chose à laquelle elle n’aurait jamais pensé. Elle avait essayé de retourner ça en tous les sens dans son esprit pour introduire cette scène. « Salut ? Ca va ? » Non évidemment que ca ne va pas lorsqu’on vient de se faire maraver la tronche par une bande de cons et qu’on est couchée dans l’infirmerie de l’Institut. « Pas trop mal ? » Et après, la douleur physique n’est qu’une information, qui pour la ramasser psychologiquement après une telle expérience ? Non le monde n’était pas beau, non il était loin d’être juste et rose, on vivait par accident et on crevait d’un rien. C’était comme ça, c’était les règles.

La vérité c’est que de la voir couchée là, la tête comme un compteur bleu et avec ses pansements, c’était douloureux. Comme il avait été douloureux de voir Hopes dans un état épouvantable éructer à travers les couloirs au point de faire sortir Charles de son bureau. Elle savait qu’elle devait ne pas se sentir coupable, que c’était le hasard qui avait placés ces gens sur le chemin mais c’était plus facile à dire qu’à faire. C’était sa protégée, son élève et son sourire lui était précieux, sa présence réconfortante, ses grands yeux étonnés, cette frimousse de chat qui la rendait charmante. Personne n’avait le droit de lui retirer cette lumière, personne. L’institut était une famille mais avant tout c’était SA famille et ce qui affectait sa famille, l’affectait elle en retour. Ce n’est pas pour autant la colère qui l’animait, mais plutôt un sentiment de tristesse absolu, là devant cette jeune fille plongée dans un sommeil réparateur. Le temps lui-même était à la pluie, cette fine pluie d’automne traversière qui s’insinue à travers les pores de la peau pour aller détremper jusqu’à l’âme. Le bruit de l’eau sur le toit ne pouvait pas les atteindre, bien dommage, car le silence devenait pesant.

Elle installa sur la chaise la grosse peluche géante de castor, celle qui ornait sa chambre et qu’elle avait décidé de « prêter » quelques temps à sa protégée afin de lui tenir chaud ou de la réconforter par sa présence. Étrangement, cela n’avait posé aucun problème à sa compagne, trouvant même le geste « charmant » et bienvenu si il s’avérait être définitif ( ?). Amy savait parfois être bien mystérieuse dans ses propos. L’installation de la peluche réveilla la jeune fille alors que Cait réajustait son tailleur bleu. Elle vit son regard se poser sur elle et lui décocha un léger sourire.


- Hi Lollipops ! Désolée de te réveiller, je comptais me tirer en douce en te laissant un p’tit cadeau…Bon, c’est un peu encombrant, c’est un de mes « copains »..Il s’appelle Gypsy. Je..je voulais juste savoir, si tu avais besoin de quelque chose mais si tu te sens trop fatiguée, je peux repasser plus tard.

Toujours ce rêve. Moi, debout sur une vague argentée. Je sentais le vent balayer mes cheveux, les faisant fouetter l'air. Je semblais toucher les étoiles, la vague me transportant par delà le ciel. Un sourire se dessinait lentement sur mes lèvres. Cette sensation était magique. J'étais un oiseau. Je volai. Mes yeux se baissèrent alors pour observer cette vague des plus étranges. Elle semblait nacrée, illuminer par ces rayons argentés. Mais ce n'était pas le plus étrange. Le plus étrange, c'était l'impression de contrôler cette vague, comme si elle n'était qu'une extension de ma personne, comme si je pouvais la contrôler. Puis, dans le reflet qu'elle me renvoyait de moi même, je vis mes yeux briller. Ce vert éclatant qui n'apparaissait que dans certaines circonstances. Alors la vague remonta le long de mes jambes, recouvrant mon épiderme de sa présence et de sa force. Elle se propagea des pieds jusqu'à la pointe de mes cheveux blonds. Et alors je me sentis en sécurité. Je n'étais plus Enora. J'etais Pearl.

Puis l'orage. Des éclairs s'abattant sur ma route. Je ne les craignait pas. Je n'avais pas à les craindre. Et alors, quelque chose changea. Ces éclairs étaient animés par des rires. Des rires plus effrayants lorsque je les reconnus. Levant les yeux, je virent leur visages. Leurs visages amusés par l'idée de me blesser. Ma concentration fut ébranlée, la vague s'évanouit. Puis, la chute...

J'ouvris les yeux. La nécessité de battre plusieurs fois des paupières fut de mise car la lumière qui inondait la pièce était aveuglante. Quand ma vue fut adaptée à cette lumière, j'observais la pièce, commençant par tourner la pièce ver l'origine d'un frottement inconnu. Je me retrouvais alors nez à nez avec une peluche géante d'un drôle d'animal que je finis par identifier comme un castor. Euh... Un castor? Je clignai plusieurs fois des paupières pour être certaine que je ne me trompai pas quand à l'identité de l'animal avant de sourire légèrement. Puis, mon regard fut attiré par un autre mouvement au niveau de mes pieds.

Une rousse vêtue d'un tailleur des plus élégant m'observait. Elle venait de remettre en place ses vêtements et finit par me sourire. Quand l'identité de cette personne ne fit plus un secret, je lui rendit son sourire. Caitlyn.

« Hi Lollipops ! Désolée de te réveiller, je comptais me tirer en douce en te laissant un p’tit cadeau…Bon, c’est un peu encombrant, c’est un de mes « copains »..Il s’appelle Gypsy. Je..je voulais juste savoir, si tu avais besoin de quelque chose mais si tu te sens trop fatiguée, je peux repasser plus tard. »

Mes yeux se reposèrent sur la peluche taille réelle de Gigantosor, le castor. "Gypsy". Elle avait bu quoi avant de le baptiser? Et puis elle en avait de drôle de potes notre rousse internationale. Je reposai mes yeux sur elle.

« Merci... Mais... T'avais plus de fringues pour en piquer à Amy ce matin? Ça fait combien de temps que je dors? »

Des questions des plus banales. Je tentai alors de me redresser dans mon lit. Mais la douleur fut plus forte. M'arrachant une grimace, je fus contrainte de rester allongée. Apparemment, j'avais ma réponse à la deuxième question. Tout me revinssent en mémoire. La ruelle, Alexandre, le MacDo, Daniel... Je poussi un long soupir. Levant ma main gauche pour repousser mes cheveux, je constater un bandage à mon poignet. Je lâchai un soupir avant de regarder de nouveau Caitlyn.

« C'est plutôt moche, non? »

Je parlai de mon état physique. Je n'osai même pas imaginer l'état dans lequel mon corps meurtri pouvait être. Sans compter sur le teint violacé que devait me donner toutes mes ecchymoses.

« C'est plutôt moche, non? »

Cait renifla d’un air absent, puis s’approcha de la chaise où Gypsy trônait pour l’en déloger et le poser sur le sol à côté du lit. Elle s’installa en tirant sur sa jupe, croisant ses jambes en un air strict et sévère.

- C’toi qu’est moche. Parce que si tu parles de dehors…Ben y’a pas d’surprise, c’est un monde de tarés, un monde sans cœur et complètement imbécile. Des gens meurent parce qu’ils ont refusé de donner l’heure, de baisser les yeux en croisant un gang parce qu’il n’avait pas la bonne couleur de peau ou juste…parce qu’ils étaient mutos. T’as joué à quoi ? tu faisais quoi là dehors ? Pearl, BORDEL ! tu SAIS te défendre. Tu SAIS te battre, défends chèrement ta peau, ne laisse personne te mettre sur la gueule comme ça, pas sans rendre coups pour coups, t’es mutos mon chou ? bats toi comme une mutos !

Ses mots se voulaient brutal mais son visage exprimait autre chose, tristesse et inquiétude et surtout une sorte de frustration sans bornes. Elle écrasa un soupir avant de reprendre d’une voix presque murmurante.

- Oui c’est moche, mais putain ca aurait pu être bien pire, ils auraient pu vouloir s’en payer une bonne tranche et te forçant entre deux poubelles et te laisser éventrée après avoir servi de vide-burne. T’es vivante, je remercierai jamais assez Dieu pour ça et ca te laissera quelques cicatrices et une sacrée leçon. Le monde est dangereux ma belle, il faut que je t’y prépare, rien à foutre si ton paternel pousse une gueulante, je ne veux pas que tu restes confinée sous une cloche de verre à attendre et avoir peur de ce qui va t’attendre là dehors, j’veux pas avoir à te récupérer à la morgue. Si ca nécessite que je te tiennes a main pour ça, je vais l‘faire, no souci. J’suis dure Lolli’, mais autant t’l dire, lorsqu’on t’a ramené là aussi brisée qu’un Kinder surprise qui aurait séjourné dans une auto tamponneuse, mon cœur s’est glacé. J’ai une responsabilité envers toi, ma responsabilité d’amie et de X Women.
Apprendre c’est souffrir, t’as beaucoup appris aujourd’hui.

Cait se pencha comme pour mieux se faire comprendre.

- Je viens pour la suite de la leçon. Je sais c’que t’a en tête. La colère, elle mène tout droit à la haine et au manque de discernement. Tu les condamneras déjà, les représentant de l’intolérance, les anti mutants….sauf que tu te trompes de cible. Ceux qui t’ont foutu sur la gueule ne sont pas des politisés, des activistes…ce sont juste, des pauvre cons. La bêtise, l’ignorance : elles n’ont pas de genre ni de race. Y’a pas de responsables, pas ceux que tu pourrais croire. Le monde est con et cynique mais certainement pas notre ennemi. Et si tu l’vois comme ça, t’as tout faux et tu finiras dans les mêmes erreurs que ta prof, Maraudeuse et paumée à en vouloir à la terre entière. Tu vaux mieux qu’ça, bien mieux que c’que j’ai été à cette époque. J’en ai pris des trempes Chou, t’as pas idée. J’en ai pris des volés, des crachats, des humiliations. Le feu de la rue coule dans mes veines mais j’ai su le canaliser, et surtout je sais que tout est une question d’hasards heureux et malheureux. Personne n’est innocent et paradoxalement, personne n’est véritablement coupable. Pas de rancunes, pas de haine…une leçon, tu ne dois voir que cela et surtout, l’opportunité de devenir plus forte, de devenir meilleure.

Elle laissa passer un silence l’expression du visage on ne peut plus grave.

- J’aimerai t’y aider, Enora, s’il te plait, laisse-moi juste t’y aider.

Alors ça, c'était plutôt inattendu. Du moins, pour quelqu'un qui se réveille après avoir vécu un enfer bien réel toute une journée, c'était une sacrée surprise. Pourquoi Caitlyn était-elle venue? À première vue, on aurait pu croire que ce n'était que pour prendre des nouvelles, me passer le bonjour, m'amener un bouquet de fleurs... Mais non. Et la surprise était-elle qu'elle me fit perdre tous mes moyens.

Une série de reproches. J'avais l'impression de revoir Alexandre, me faisant comprendre que j'avais était stupide et naïve de ne pas remarquer qu'ils étaient à mes trousses. Sauf que là, ils était différents. Autant les jeunes dans cette ruelles m'avaient reprochés mon statut de mutant, autant là, on me reprochait de ne pas l'être assez. Je ne savais plus où donner de la tête tant tout semblait compliqué. Je regardais Caitlyn, assise sur la chaise, cette allure de professeur sévère. J'avais envie de lui dire à quel point ce rôle était nul. Qu'elle n'avait absolument aucune classe dans cette tenue, que son tailleur était naze. Mais c'était bien faible. Je me contentai de détourner mon regard qui s'emplissent de larmes du sien.

Que pouvait-elle savoir de tout cela ? Elle n'y était pas dans cette foutue ruelle, elle ne savait rien. Mes sourcils se froncèrent tandis que ses mots, aussi durs soient-ils, ne cessaient de sortir de sa bouche. J'avais envie de la faire taire par la pensée. Qu'elle parte. Qu'elle me laisse. Je ne voulais pas entendre cela. Tout ce que je parvenais à comprendre dans ses mots, c'était ma médiocrité en tant que mutante. Je ne méritai pas ça. J'étais la plus brillante, la meilleure dans tous les domaines, depuis le CP et encore maintenant à Columbia. Je ne pouvais pas être nulle. Pas maintenant, pas comme ça.

Les larmes glissaient le long de mes joues. Je m'en contre foutais. Les mots de Caitlyn n'étaient que des couteaux acérés qui me traversaient l'âme, détruisant ce qu'il en restait. Je n'existais plus, ou plutôt, je souhaitais que ce soit le cas. Pourquoi s'acharner à me faire comprendre que j'aurais pu, j'aurais dû me défendre? Pourquoi vouloir le faire comprendre que j'avais baissé les bras? Je ne voulais pas qu'on me plaigne. Je ne voulais pas qu'on m'enfonce. Je voulais juste qu'on me laisse tranquille.

Je me redressai d'un mouvement brusque dans le lit, m'asseyant non sans difficulté. Au diable la douleur. Au diable la peine. Tout ceci n'était plus rien face à Caitlyn et son rapport disciplinaire. Me retournant vers elle, elle m'adressa une dernière question. Elle voulait m'aider. Me tendre la main pour que je finisse par agir comme il le fallait. Son air sévère... Je l'emmerdai.

« Tu sais quoi... T'aurais mieux fais de te casser en fait... »

Mon regard était glacial. C'était très certainement la première fois que j'avais un ton aussi dur avec quelqu'un. Je l'avais réservé à Ernest pour le jour où je devais le recroiser, mais même ça, je m'en foutait.

« Tu te crois maligne à me faire la morale? À me dire ce que j'aurais dû faire en temps et en heure? J'parie même que c'est Xavier qui t'a soufflé toutes ces bonnes idées... Mais je vais te dire une chose, Caitlyn Elioth, avec tout le respect que j'ai pour toi, tu n'y étais pas et tous tes précieux conseils ne valent rien! »

Les larmes, de nouveau, se glissèrent sur mes joues déjà humides. Cependant, mon regard portait la rage en lui. Je n'étais plus qu'un feu ardent qu'elle venait d'animer. J'étais ce que je détestais.

« Tu crois vraiment que je n'avais pas la moindre idée de ce qu'ils comptaient me faire? De ce qu'ils cherchaient? Je VOYAIS ce qu'ils comptaient me faire. Je... Et j'ai essayé de me défendre! Sauf qu'ils... Ils... Ils étaient bien trop nombreux Cait... Je savais plus quoi faire... C'était un putain de traquenard et j'suis tombée dedans comme une gosse. Je les ai pas vu venir... J'ai tout essayer, fuir, me défendre... Mais... J'arrivais même pas à leur faire du mal... Je ne peux PAS leur faire du mal... Tu comprends? Pearl... Pearl est nulle, elle ne sert strictement à rien puisqu'elle n'arrive même pas à sauver sa peau... »

Je m'étais recroquevillée sur le lit. M'agrippant à mes genoux, j'essayais de reprendre contenance mais je ne faisais que perdre les pédales. La douleur physique passait loin derrière la barrière psychologique qui s'était installée dans ma tête.

« Si Alexandre... Si il... Je... Bordel, Cait, je n'arrive même pas à leur en vouloir! À quoi bon? Tu as raison en disant qu'ils étaient stupides mais ils étaient aussi morts de trouille que moi... On est que des animaux de cirque pour eux. Leur délire du jour, c'était juste de taper du mutant... Je... Je suis perdue, je ne sais plus quoi penser... Et je bloque. Je ne sas plus ce que je dois faire quand je dois le faire. Je ne voulais pas leur faire du mal. Ils sont bêtes et ne mérite pas de traitement barbare et... Ils n'ont fait que frapper plus fort quand je me suis défendue... »

Confusion. C'était ce qu'il se passait dans ma tête. Avais-je de la fièvre? Peut être. Ça, la fatigue... Et le choc. Était-ce une excuse? Je ne le savais même plus. Je voulais juste que cela s'arrête. Que quelqu'un me lave la tête.

Elle écouta.

Sans manifester aucune émotion, sans tressaillir aux mots qui se voulaient autant de blessures. Ce n’était pas grave, ça n’avait pas d’importance. Elle était venue en tant qu’amie et X Woman, elle recevait ici sa réponse en tant que telle. Elle ne ploya pas devant la déferlante. Elle attendit que la vague passe, que Enora parvienne à sortir ce qu’elle avait en elle. Puis sans un mot, elle se lava de sa chaise sans manifester la moindre contrariété et y replaça l’énorme et imposant castor en peluche.

- Je vais te laisser te reposer. J’espère que tu ne souffres pas trop en tout cas.

Un sourire enjôleur, c’est tout ce qu’elle lui décocha avant de se diriger vers la porte mais avant de la franchir, elle se tourna légèrement et l’observa un instant.


- Tu as raison, tu as complètement raison. Je n’étais pas là.

Mais tu n’étais pas là non plus lorsque de l’age de 12 ans a 16 ans mon beau père me rouait de coups à même le sol en n’arrêtant son déluge de feu uniquement que lorsque je suppliais qu’il le fasse ou lorsque je perdais conscience. Tu n’étais pas dans les rues de San Francisco lorsque la Black Rose que j’étais se retrouvait entourée de chicanos d’un autre gang et se faisait exploser la tronche littéralement me laissant en sang entre deux poubelles. Tu n’étais pas là lorsqu’il y avait dans les rue de New York, tu sais, pas loin d’ici des descende « anti SDF » et qu’on nous chassait a coup de battes de baseball. C’est rigolo une meuf qui ne chouinne pas quand on la frappe parce qu’elle ne ressent pas la douleur, alors on frappe plus fort.
J’arretais pas de me dire… « Fuzzy est trop nulle » « Fuzzy ne sert à rien et ne peut rien faire, c’est une merde et elle est à sa place avec les merdes ».

Elle laissa échapper une sorte de souffle court comme un rire sarcastique.

- Oui, je te sers des belles paroles dans mon tailleur de merde, mais quand tu en auras chialé autant que moi pour le porter, tu sauras le poids qu’elles ont ces paroles. J’aurais pu te faire un câlin, mais les câlins, t’en as pas besoin pour te relever et avancer. Je sais ce dont tu as besoin, je le sais parce que j’en ai eu besoin aussi. Ces mots que tu trouves débiles, ils vont faire leur chemin, et lorsque tu sauras prête à les comprendre et à foutre ta connerie d’orgueil à la con de côté et apprendre au lieu de couiner, je serais là pour te donner le meilleur de moi-même , « Pearl » parce que je sais ce qui dort là-dessous, je sais, moi, quelle valeur tu as vraiment.

Dors la dessus, Lollipops, et quand tu seras prête, je serais là pour toi. Reposes toi, il faut juste que tu te reposes un peu, ça presse pas…

Elle n'avait pas réagit. Pas une seule fois. Elle écoutait silencieusement la tonne de chose que j'avais a sortir de moi. Mes peurs, mes craintes, ma colère, ma haine. Tout devait sortir. Est ce que j'aurais dû balancer tout ça dans la tronche de Cait, en revanche, je n'en avais aucune idée. Je n'avais pas réfléchi la dessus. Peut être s'était-elle trouvé au mauvais moment au mauvais endroit.

Le silence s'installa. Agrippée aux drap du lit qui me couvraient, je tremblai. Mes sanglots étaient silencieux mais ils étaient, semblait-il, la seule chose que j'avais actuellement. La douleur me prenait, telle des décharges électriques. Je tachai de l'oublier, ou de m'y accoutumer. Finalement, Caitlyn se leva. Reposant la peluche géante de castor sur la chaise, elle m'annonça qu'elle allait finalement me laisser me reposer. Quoi? Comme ça? Je méritai des gifles pour ce que je venais de lui lancer et elle comptait me laisser là dessus? Je l'observai regagner la porte sans comprendre, mes yeux rougis et piquants. Cependant, avant de partir, elle se retourna et ouvrit la bouche.

Après le brasier, vint la douche froide. Cette douche violente et qui vous laisse abasourdie car elle vous prouve à quel point vous pouvez vous gourer sur les gens. J'avais été méchante. Méchante. Je ne faisais que prendre conscience de cela que maintenant.

L'histoire de Caitlyn était bouleversante. Jamais je n'aurais pu imaginer de telles blessures. Je ne savais même pas quoi dire. Quoi répondre à ça. Les dangers de la rue, évidemment qu'elle les connaissait et certainement encore mieux que moi. Je n'avais pas eu de chance pour cette fois. Elle, elle avait traversé des cauchemars entiers. Au fur et à mesure qu'elle parlait, mon regard se faisait à la fois honteux et désolé. J'avais envie de me mettre une baffe de moi même. Je me mordai la lèvre inférieure à tel point que j'aurais pu me l'ouvrir à coup de dents. Ces mots faisaient mal. Pas autant que les premiers, mais la sensation était différente. Ça me faisait mal de constater a quel point j'avais pu été loin dans mes mots et que j'avais essayé de la blesser avec eux. Parce qu'elle avait fait la même chose avec moi? Elle avait au moins l'excuse de me secouer les puces et essayer de me faire réagir.

Finalement, elle s'apprêtait à partir, me conseillant de me reposer et de réfléchir à tout ça. Et ce fut la panique. Me laisser? Seule? De nouveau? Mes yeux s'ecarquillerent, roulant dans leurs orbites pour observer les quartes murs blancs qui m'entouraient. J'étais terrorisée.

« Je... Cait! Non! Ne pars pas, attend! »

Avait-elle déjà compris que je regrettai? Que je paniquai à l'idée qu'elle m'abandonne maintenant? J'avais eu l'impression de cracher sur sa main qu'elle me tendait pour me reprendre, pour retourner vers la lumière. Pour être sa fidèle Lollipops de qui on attendait plus que je ne semblait pouvoir faire.

« Je... Je m'excuse... Pardonne moi... Je... Je suis méchante avec toi sans raison valable... Tu essaies de m'aider et je t'envoie balader... Tout est confus dans ma tête, je ne sais même plus dans quel état d'esprit je dois être là maintenant... »

Je baissai les yeux honteusement. Puis, me saisissant de la peluche, je l'installait sur le lit, caressant son pelage synthétique pourtant soyeux. Je relevai la tête vers elle.

« Tu sais que j'ai besoin d'aide et tu me proposes la tienne... Merci... Mais ne me laisse pas. Pas toute seule... Pas encore une fois... Je ne veux plus être seule. »