Arrivée {RP Introductif à l’Institut}

Lorsque l’on arrivait à l’Institution Charles Xavier, on passait au préalable par un grand portail de fer, à battant et dans lequel était stylisé un « X » dans un cercle ; il s’agissait de l’entrée du domaine, lequel était cerclé de murs de briques. Sur la droite, contre le mur, se tenait une plaque ovale gravée du même X entouré, avec les inscriptions « Ecole Xavier, pour jeune surdoué » suivie de l’adresse, le 1407 Graymalkin Lane, Salem Center, Comté de Westchester, Etat de New York, Etats-Unis.

Il n’y avait pas d’interphone, pas plus que de caméra visible, cependant Danger veillait au grain, et si ses logiciels de détections reconnaissaient un Confrériste ou autre personne nuisible pour l’Institut, elle mettait ce dernier en état d’alerte. Pour les personnes normales, l’ouverture se faisait sous réserve que la personne montre la volonté d’entrée ; après quoi, les mouvements pouvaient sembler libre, mais la machine continuait de veiller.

Il suffisait de suivre l’allée goudronnée pour aller jusqu’à l’Institut à proprement parler, une petite route suffisamment large pour laisser passer une voiture et traversant le bois. Après plusieurs minutes de marche sous la voute arborée, on arrivait à une cour encadrée par les ailes d’un immense manoir, cour au centre de laquelle se trouvait une statue de marbre blanc représentant la tête d’un homme chauve au visage allongé et amaigris, possédant un charisme certain ; Charles Xavier, sans aucun doute.

Contournant le buste, on se trouvait devant l’immense porte du manoir : une grande porte de bois, comme un rempart pour protéger ceux qui se trouvait en son sein. Cette porte, ouverte tout le jour et de toute façon actionnable manuellement, donnait sur le hall, donnant lui-même sur des couloirs et des escaliers à destinations de tout le complexe, ainsi que de petits panonceaux indiquant les différentes directions ; dans le cas des visiteurs et nouveaux venus, le plus intéressant restait « Secrétariat & Vie Scolaire ». Situés non-loin de l’Atrium, la Vie Scolaire et le Secrétariat étaient adjacent, puisque tout deux dans une même pièce, celle-ci même jointe à plusieurs autres bureaux, dont celui de l’Intendant et du Responsable de la Discipline.

En eux-mêmes, le Secrétariat et la Vie Scolaire se composaient de deux bureaux, un, plus reculé, était celui de la secrétaire, Darla Stinger, une Cyberpathe de 25 ans froide à en être psychorigide, avec un don caché pour la répartie cinglante et un humour tenant au cynisme et à la condescendance, qui évitait tout contact physique ou visuel, étant aussi émotive que les machines qu’elle manipulait. L’autre, plus proche de l’entrée, pouvait faire tenir aisément jusqu’à trois personnes, bien que les sièges fussent rarement tous remplis, les surveillants tournant à ce poste. Il y avait sur les bureaux des trieurs et des dossiers classés, ainsi qu’un ordinateur, un pour la secrétaire et un seul pour les surveillants, ce qui était suffisant pour effectuer les tâches administratives qu’on leur déléguait. Il y avait aussi, sur le bureau des surveillants, des imprimés avec le plan de l’Institut et le règlement intérieur (même si ce dernier était affiché un peu partout dans la résidence), pour guider les nouveaux étudiants et résidents.

C’était dans cet environnement calme et serein (moyennant qu’il n’y ait personne dans le bureau du Conseillé Disciplinaire) qu’évoluait Amy de Lauro, dernière recrue des X-Men et récemment engagée comme surveillante à l’Institut, où elle y étudiait également en psychologie. C’était une jeune femme d’apparence svelte et finement musclée, d’une taille respectable frôlant le mètre soixante dix, à la chevelure brune et longue, à la peau blanche et immaculée, ce n’était que lorsqu’on s’approchait d’elle que l’on remarquait son regard vif et alerte, d’un bleu cristallin, qui se posait d’abord et avant tout sur le visage. Encadrant ces yeux se trouvaient un visage aux traits fins et sculpturaux, avec des sourcils légers, un nec grec délicat descendant sans impair jusqu’à une bouche pincée, faisant d’elle une personne somme toute agréable, bien que ses gestes semblaient, pour les plus observateurs, joués et légèrement trop rapides, et pour tous d’une grande précision et d’une adresse certaine.

En ce jour, elle avait un tailleur noir dont la veste ouverte révélait le t-shirt blanc qui se trouvait en dessous ainsi que le pendentif en crucifix qu’elle avait toujours au cou, tandis que ses cheveux étaient laissé libres selon sa préférence. Elle avait, à l’origine, fait l’effort de fermer le tailleur et de mettre des chaussures à talons, comme le voulait la bienséance, mais cela l’avait vite gonflée : on ne demande pas à un enfant du Mezzogiorno de se trimbaler en costume complet ! Donc, elle avait ouvert le veston et giclé les chaussures, qui devaient reposer tranquillement sous le bureau. Pied nue, ça lui allait.

Puis de toute façon, sa supérieure ne devait même pas l’avoir remarqué, concentrée qu’elle était sur son écran. Seigneur-Dieu, le jour où elle découvrait WoW celle-là… Puis qu’est-ce qu’elle pouvait bien faire les yeux rivés sur l’écran H24 ? C’était une Cyberpathe, elle était sensée même pas avoir besoin de le voir ou de le toucher pour l’utiliser, alors quoi ? Site porno ou forum ?

Bah, il ne fallait pas lui en vouloir, elle était à peu près aussi loquasse dans ses bons jours que Danger dans ses mauvais, mais ce n’était pas une mauvaise fille. Il avait fallut quoi, un mois, pour qu’Amy arrête d’essayer de lui faire la conversation, se contentant d’un bonjour et d’un au revoir polit. Et on disait que le précédent intendant, Daniel Hopes, avait réussit à s’en faire une amie ; soit c’était du baratin, soit ce mec était un héros. Mais passons, ce n’était pas pour rien qu’elle se proposait de faire l’accueil et les inscriptions durant son mi-temps, histoire d’épargner aux nouveaux venus l’image froide et institutionnelle, administrative même, que Mlle Stinger donnait à l’Institut, et qui avait impressionné de nombreux étudiants ici.

Une tasse de thé sur le bureau, elle y avait étalé deux piles de feuilles, ses cours de Psychologie, les relisant une à une avec une célérité incroyable, ré-inversant les piles quant elle avait finis ; moyen comme un autre d’occuper le temps, sachant qu’il y avait plus de visites journalières à l’infirmerie qu’à la vie scolaire. Elle avait beau n’y avoir que des permanences de trois à cinq heures, des fois, le temps passait lentement, très lentement, surtout pour elle. Et bien que douée d’une très grande patience, Nephilim, de son pseudonyme chez les X-Men, avait horreur de perdre du temps. Hors donc, ses temps mort dans son travail servaient à réviser ses cours, même si cela ne lui était plus réellement nécessaire. Les vieilles habitudes avaient la vie dure, et puis il n’y avait aucun mérite à atteindre une possible excellence si on ne s’investissait pas dedans.

Buvant une gorgée de thé d’une main tout en continuant la lecture de l’autre, elle termina une nouvelle fois sa pile, reposant simultanément la tasse et la feuille. Ses sens l’avertirent de l’arrivée d’une personne, et ce fut avec un contentement certain qu’elle releva la tête à direction de l’entrée de la pièce.

De petits pas menus résonnèrent sur le carrelage rutilant. Les griffes de Tchézaré car c'était à lui qu'appartenait cette marche furtive cliquetaient doucement sur le sol, trahissant sa présence. Pour venir ici, il s'était préparé de son mieux, investissant les douches communes en se dépêchant bien pour se laver avant d'être chassé à coups de balais. Encore frigorifié par ce nettoyage peu agréable, l'enfant avait les poils mouillés, ce qui achevait de lui donner un air misérable. Ses habits moyen-âgeux étaient à peu près propres, fait étonnant pour un gamin ayant vécu plusieurs mois dehors d'ailleurs. A petits pas comptés, les oreilles quasiment plaquées contre sa nuque et sa longue queue collée à ses flancs, Tchézaré effectua quelques pas en plus. Il était traumatisé par le milieu scolaire et pour lui l'institut s'apparentait à cela. Un élève passa en trombe devant lui, le souriceau faillit faire demi-tour en se disant qu'ici, il vivrait les mêmes choses qu'auparavant, pour ne rien arranger l'adolescent qui l'avait bousculé était tout à fait humain d'apparence, ce qui n'aida pas Tchézaré à se sentir à son aise. Heureusement sa confiance en Ernest l'obligea à aller plus loin. Sans doute que la faim l'y poussait également car l'andalou n'avait plus la force de subvenir à ses besoins. Il avait survécu de son mieux dehors mais chaque jour l'avait affaibli et il n'avait désormais plus que la peau sur les os. A chaque respiration on pouvait voir ses côtes qui saillaient et sous son habit autrefois sur mesure grâce aux bons soins de son grand père, il n'était pas difficile de deviner ses frêles omoplates.

La respiration saccadée à l'image d'une petite souris effrayée Tchézaré traça le reste du chemin qui lui restait pour aller jusqu'au bureau. Il aurait bien fait appel à sa forme de husky bâtard survenue de manière si étrange, mais il ne pouvait pas parler ainsi et peut-être l'aurait-on chassé en pensant qu'il était un vulgaire chien. N'empêche que la masse de l'animal l'aurait bien rassuré. Bizarrement, comme avec sa forme de souris, Tchézaré pouvait la garder en mémoire, il pensait donc que son don le disposait à deux inter-transformations, ce qui pour lui était déjà très déroutant. Il venait également à l'institut pour cela, sans oublier sa patte légèrement boiteuse parce que des gosses lui avaient jeté des pierres, ce qui n'allait pas le réconcilier avec le milieu d'ailleurs... Mais bon, il savait qu'un ami était ici et ce dernier disait que c'était "bien". Ernest était si intelligent qu'il savait énormément de choses, Tchézaré pouvait donc avoir confiance en lui.

-Pardon Señora, je voudrais savoir euh... Si ye peux vénir aquí. C'est un ami Ernesté Lénoir qui m'a dit que c'est bien ici. -Tchézaré reprit légèrement contenance en mentionnant le nom du rat. Pour lui c'était une fierté de le connaitre, il n'imaginait pas un instant que ce dernier puisse avoir une réputation litigieuse.- Moi s'appelle Tchézaré Nyx, 12 ans et yo soy Español... Mais moi ya pas d'argent. Mais ye peux travailler... Faire le ménage. Ye sais le ménage.

Fit-il après un petit temps d'hésitation. Puis avant que la femme n'ait le temps de le rejeter il compta sur ses doigts pour détailler ses capacités, espérant bien se vendre pour être gardé. L'endroit le terrifiait, l'école aussi mais il n'avait plus le choix.

-Et bonnes notes, enfin correctes, mais ye travaille beaucoup ici. Et sinon ye fais les courses, et les chambres et ... Enfin ye fais beaucoup de chose s'il vous plaît.

Acheva-t-il, non pas sur un ton suppliant comme on pourrait s'y attendre mais misérablement digne justement. Il avait plus l'air que jamais d'un petit chevalier dans ses habits et avec son attitude. C'est qu'il avait quelqu'un à charge! Sans papiers sa souris devait être nourrie convenablement et lui étant son maître devait prendre soin de lui. Quitte à affronter sa phobie, Tchézaré voulait le meilleur pour elle, et puis il avait envie de revoir Ernest.

Le souffle qui s’approchait n’était pas des plus rassurés, saccadé d’appréhension surement, mais là n’était pas le plus intéressant : le bruit des pas n’était pas humain, c’était un cliquetis de griffes, probablement causé par les pas d’un hybride. Un hybride de taille restreinte, ou alors félin, à en jugé par la légèreté des pas. De plus, le pas était inégal, irrégulier, une fois sur deux le son étant plus insistant que l’autre ; il avait un problème de motricité au niveau d’une jambe, chose qui convainquit l’italienne d’aller lui ouvrir la porte, Amaranth repoussant sa chaise, chaussant ses chaussures et se levant d’un même geste, contournant à la suite le bureau pour s’en aller lui tenir la porte.

Le mutant qui entra la surprit durant un cent-vingt-cinquième de seconde environ, soit ne la surprit pas réellement, malgré une apparence des plus atypiques ; la mutation, d’abord. Il s’agissait d’un hybride sourit, c’était manifeste, un poil aux couleurs dégradées allant du miel au brun clair, et un faciès de rongeur, avec un museau rosé et une fine bouche garnie de dents éclatantes. Des yeux vairons bien humains, une touffe de poils crânienne ressemblant beaucoup à un reste de chevelure, des oreilles très expressives et méfiantes, rabattues en arrières, de même que la queue collée contre son flan ; non de la méfiance, mais de la défiance, c’était à elle de le mettre en confiance. Il avait le poil mouillé, hors il ne pleuvait pas, mais sentait encore le savon, il devait donc s’être préparé pour cet entretient, à la va-vite. Considérant l’humidité, il c’était préparé dans l’Institut, car il aurait eut le temps de sécher s’il était venu d’ailleurs. Maintenant, passons à l’autre point surréaliste, puisque ce n’était pas la première fois qu’elle croisait un hybride, ni un hybride rongeur : la tenue. Habit moyenâgeux tout droit sorti d’un jeu de rôle, et pas forcément grandeur nature, ou bien qu’un carnaval, il avait même la petite épée à la ceinture ; les yeux d’Amaranth notèrent sans difficulté quelques traces de saleté, récente ou ancienne, en plus de l’humidité causée par les poils. Ses hypothèses étaient contradictoires : il avait l’allure et la démarche, malgré qu’assez maladroite, de quelqu’un de bonne famille, et ses vêtements témoignaient qu’il était déjà imaginatif et relativement jeune en âge, mais ces derniers étaient sales et le fait qu’il se soit lavé sur place alors qu’il ne lui signifiait rien prouvait qu’il n’était pas d’ici ; elle avait une mémoire plus que suffisante pour mémoriser les noms et visages de tous ceux lui étant passé entre les mains, et comme elle tenait la vie scolaire et appartenait, à défaut du corps enseignant, aux X-Men, cela signifiait une majeure partie de l’Institut.

L’Hybride c’était arrêté en la voyant, légèrement effrayé, et commença à ce présenter ; espagnole, en effet, une langue qu’elle ne parlait pas, faute d’en parler peu pourtant. C’était Ernest Lenoir qui lui avait dit de venir ici ? Impressionnant, Mr. Lenoir s’améliorait de jour en jour on dirait, ramenant même des nouveaux ; la question était : où l’avait-il trouvé. Elle ne savait pas et n’allait pas convoquer Altérion pour le savoir, même s’il remontait encore un peu dans son estime, le Confrériste repenti.

Tchézaré Nyx, 12, Espagnol, pas d’argent mais pouvait travailler ; bonne éducation à défaut de bonne famille, puisqu’il était près à travailler à son âge. Faire le ménage dans l’Institut, ils avaient un télékinésiste pour cela, puisque personne d’autre n’aurait jamais put faire le ménage dans tout le bâtiment matin ou soir à l’exception d’un multitâche mutant ou d’une armée de serviteurs.

Tchézaré hésita, toujours partager entre son intimidation et son envie de parler, comptant un instant sur ses doigts avant de rajouter une vague de bons sentiments ; il essayait de se vendre, clairement. Son visage n’était pas humain, mais elle percevait sans difficulté la peur, et la comprenait parfaitement, la peur d’être rejeté. Considérant les informations en sa possession, elle conclut qu’il avait été rejeté par ses proches pour sa mutation, sans quoi il n’aurait pas essayé de se montrer si utile, et qu’il avait vécu un certain temps dans la rue ; Ernest avait dû le sortir du caniveau au sens propre du terme. Tant mieux.

Amaranth s’accroupie, se plaçant au même niveau que l’hybride avant de lui sourire avec bienveillance.

- Ne t’inquiète pas Tchézaré, on ne te demandera pas de faire le ménage ou les courses, d’accord ? C’est une école ici, tu es là pour apprendre, pas pour travailler au sens où tu l’entends. Je m’appelle Amy de Lauro, j’ai 19 ans et je suis italienne ; tu peux m’appeler Amy, si tu veux. Tu veux bien venir avec moi ?

Elle tendit une main vers lui et désigna de l’autre le bureau des surveillants, ainsi que les chaises de part et d’autre.

- On va aller s’assoir là-bas et on va parler, d’accord ?

Il était effrayé, elle tentait de le rassurer, de le mettre en confiance, souriante et gentille avec lui, comme elle l’avait été en tant qu’assistante de langue auprès de la classe de Karma, dont les élèves devaient avoir l’âge du jeune Nyx.

Le conduisant par la main ou sans contact selon son loisir, bien qu’elle ne doutait pas trop qu’après ce qu’il eut vécu, Tchézaré serait plus que content d’avoir une main tendue, prête à l’aider à s’assoir sur le siège s’il le fallait, elle s’en retourna à sa place, de l’autre côté du bureau, et se rassit à son tour.

- Tu veux à boire ou à manger ? On a du thé, de l’eau, du lait ou du café, et il doit bien y avoir quelques gâteaux par ici…

Elle se pencha légèrement, cherchant la potentiel réserve de biscuit laissée par d’autres surveillants dans les tiroirs du bureau. Aller, elle savait parfaitement que durant les pauses cafés entre pion il y avait de l’agrémentation sucrée… Elle accéléra le mouvement, consciente qu’il ne devrait pas voir son bras bouger à en être flou vu sa petite taille et l’épais bureau qui les séparait. Trouvé !

Déposant un paquet de cookies de supermarché sur la table, Nephilim s’apprêta ensuite à préparer ce qu’il lui demandait. Que d’égard pour un nouveau, mais il semblait avoir fait un chemin plutôt long pour parvenir ici, et s’y prenait de façon tellement mignonne pour se faire accepter que l’italienne n’avait d’autre envie qu’il se sente effectivement accepté, chez lui.

- Alors Tchézaré, tu veux bien me dire comment tu es arrivé à l’Institut et ce qu’il s’est passé avant cela s’il te plait ?

Tchézaré était né en Italie et connaissait la langue, et savait que son anglais laissait à désirer ; immigré ? Clandestin ? Beaucoup de possibilités, beaucoup trop, mais elle gérerait cela. Au besoin, il faudrait une mise sous tutelle et une régularisation, mais cela ne devrait pas poser trop de problèmes avec les passe-droits de l’Institut, surtout qu’il ne s’agissait pas de créer une fausse identité. Et Tchézaré ne semblait pas pouvoir ou vouloir causer de problèmes.

Il accepta la main tendue, mais fut plus que ce à quoi elle s’attendait ; il lui tira la chaise. Elle prit la peine de rester interdite cette fois ci, car elle le fut véritablement. Il n’attendit pas qu’elle s’asseye avant de retourner à sa place, sans doute ses bras n’auraient pas été suffisamment fort pour pousser la chaise ; dans tous les cas, elle le remercia avec le sourire, puis passa à la suite des événements.

Amaranth réagissait vite, sa vitesse d’analyse lui donnant une célérité inhumaine et une intelligence tout aussi élevée, et dès qu’elle vit le regard de l’hybride face aux cookies, elle poussa le paquet complètement jusqu’à lui, sans dire mot ; c’était à lui de parler. Ce qu’il finit par faire, demandant avec politesse un bol de lait. Alors qu’Amy, emportée par sa vitesse, s’apprêtait répliquer, elle vit le petit garçon reprendre une inspiration, le laissant finir.

Sans papier ? Lui ? Tchézaré commença un mouvement du bras, Amaranth restant figée jusqu’à ce qu’il l’eut accomplit. Il sorti une petite sourit, qui devait lui servir d’animal de compagnie considérant sa forme hybride. Elle sourit à nouveau, le préadolescent ayant tout d’attendrissant.

- Ye sais que déjà ye demaner beaucoup. Mais moi ye peux pas être sans elle. Si elle peut pas aller à l'école, moi non plus. Mais sinon... Qui va me dire si ye peux être ici? Et ye peux pas signer tout ça, moi ye suis encore petit, pas un papa ou une maman.

Nephilim analysa les données alors même que son interlocuteur les lui fournissait ; bon, l’animal de compagnie ne posait pas de problème, fallait juste éviter qu’il se fasse bouffer ou se perde. Par contre, les autorisations pour lui risquaient d’être plus complexes ; il savait de pas être indépendant juridiquement, mais n’avait pas de parents pour signer les papiers. Hypothèse du décès ou du rejet valorisées. Cela allait être plus compliqué, mais ce n’était pas bien grave.

- Ne t’inquiète pas, on peut avoir des animaux de compagnie grâce à des dérogations, donc elle pourra rester ici. Comme toi. Mais il faudrait que je connaisse ton histoire pour t’aider, tu voudras bien me la raconter s’il te plait ? Comment es-tu arrivé ici et où sont tes parents ?

Il avait détourné la conversation une fois, probablement parce que le sujet était délicat, mais il y avait certaines informations qu’elle devait posséder, pour pouvoir comprendre et agir au mieux. L’Institut avait certes des passe-droits, des alliés puissants et influents, une excellente réputation et tout le foin-foin, ils n’échappaient pas aux lois, pas officiellement du moins.

Tchézaré commença à manger, assez timidement et en partageant avec sa sourit, moitié-moitié.

- Tu sais, tu peux finir le paquet. Si t’as vraiment faim, on pourra aller te chercher un truc en cuisine. D’ailleurs, excuse-moi, mais on n’a que des tasses ici, déclara-t-elle en se relevant, se dirigeant vers la commode où se trouvait la machine à café, et sous laquelle se trouvait tout pour agrémenter la pause du même nom ; c’était une machine qui faisait beaucoup de truc, du café au capuccino en passant par le chocolat chaud et autre.

- Froid ou chaud le lait ? Avec du chocolat ?

Elle n’était pas surveillante sous le règne d’Hopes, mais se retrouvait aussi à faire le service ; mais pour la petite sourit pleine de gentillesse, cela n’était pas grand-chose.

- Vous êtes professeur? Moi pas très très bon à l'école, même si travailler beaucoup promis... Mais ye pas tout comprendre. Avant c'était papi qui m'expliquais. Et c'est papi qui a fait les vêtements.

Elle allait répliquer quant elle vie la tristesse à l’évocation de grand-père ; parent décédé ou perdu d’une quelconque façon, sujet sensible, à aborder avec précaution. Amy regarda l’hybride avec un sourire alors que la machine tournait, exécutant la volonté de ce denier.

- C’est pas grave, chacun progresse à son rythme, et puis les professeurs t’aideront s’il y a quelque chose que tu ne comprends pas. Je pourrais t’aider aussi, au besoin ; je ne suis pas professeur, mais je suis surveillante, à mi-temps. Le reste du temps, j’étudie ici aussi. Psychologie, seconde année.

Elle essayait de le mettre en confiance pour qu’il s’ouvre, car s’il parlait sans trop de difficulté, Tchézaré n’en évitait pas moins les sujets important. Il avait peur de la fâcher, lui demandant si elle était une mutante et une X-Men. La machine à café tournait encore. Tournée vers lui, Amaranth cligna des yeux, et lorsque ses paupières se rouvrirent, ses membranes nictitantes étaient déployées ; l’effet visuel était que ses yeux s’étaient transformés en émeraudes polies et claires, les paupières mutantes de la jeune femme étant d’un vert lumineux car elles absorbaient ladite lumière.

- Yep, je suis mutante, et aussi une X-Men, comme à la télé ; enfin, je suis la plus jeune et la moins expérimentée, mais encore une fois, j’apprends. Mes pouvoirs sont assez compliqués, mais pour résumer les principaux, elle se saisit d’une cuiller et commença à la faire jouer encre ses doigts, le tout avec une telle vitesse que l’objet en devint flou. Toutes mes capacités physiques et intellectuelles sont cinq fois supérieures à celles des humains, je ne mange pas, je me régénère et j’ai des ailes dans le dos, même si elles sont littéralement dedans mon dos à l’heure actuelle. Et toi, tu es capable de faire quoi ?

Elle revint avec la commande de Tchézaré, lui la glissant jusque devant lui pour qu’il n’ait plus qu’à la prendre en main. Se rasseyant, Nephilim s’accouda à la table et croisa ses doigts pour y poser le menton, regardant le nouveau venu.

- Tu ne veux toujours pas me raconter ton histoire ? Si tu veux, je te raconte la mienne en échange.

Elle avait littéralement scotché Tchézaré avec la maigre démonstration de ses capacités, le jeune garçon concluant qu’elle était plus intelligente que sa référence en la matière ; sans doute, mais l’intelligence ne faisait pas tout, il fallait le cœur, aussi et surtout.

L’hybride hésitait à reprendre un biscuit, elle n’allait pas le forcer, et ce ne fut que lorsqu’elle lui ramena son lait chaud qu’il finit par le faire. Puis il parla, répondant partiellement à ses questions, ou plutôt sa question :

- D'accord, moi aimer les histoires d'autres. Moi pas très intéressant. Papa et maman sont fâchés avec moi. Maman était devenue gentille mais le papa a dit non. Le frère et lui yamais gentils, maman non plus avant, mais c'est parce que moi y'étais pas bon à l'école, et pas bon enfant ye crois. Papi il m'aimait bien même si pas bon enfant. Lui il savait qui serait mutante comme moi avant qu'on soit mutante. Il a voulu m'expliquer, mais il a eu mal. Les pompiers sont venus et le papi il est mort. Alors c'est la que papa a dit de partir. Et Ernesté a aidé.

Bien, elle pourrait lui faire du troc d’informations, il aimait qu’on lui raconte des histoires, cela facilitera les échanges : elle voudrait quelque chose, elle donnerait quelque chose ; simple. Il considérait son histoire comme inintéressante, mais ce n’était pas à lui d’en juger, et elle devait la connaitre. Donc, première manche : ses parents n’avaient pas accepté sa mutation, la mère prête à le faire mais le père non. Pas plus que le frère d’ailleurs. Il n’y avait que le grand père, mutant également, qui lui avait servit de tuteur ; restait à savoir si c’était légal ou pas. En tout cas, elle avait bien fait de ne rien demander sur ledit grand père : décédé. Ce décès avait entrainé le rejet du petit mutant, il n’était donc plus réellement à la garde de ses parents ; restait une question : officieusement ou officiellement ?

Qui ? Où ? Trop de questions sans réponses…

Tchézaré parlait vite, et détourna le regard ; peur, tristesse et colère, de la honte. Il avait honte de son histoire, et sans le sujet des dons, elle aurait dût trouver un moyen de le rassurer ; cela allait être plus compliqué que prévu d’en apprendre plus sur le passé du jeune garçon, mais elle le savait déjà « en fuite », et abandonné. Il faudrait une mise sous tutelle, donc potentiellement s’arranger avec la famille ou voir avec un juge pour enfant, elle ne connaissait pas la législation de ce pays et devrait voir des tels détails avec sa compagne, dont la spécialité était le droit, justement. Mais les choses commençaient à s’agencer dans son esprit.

Après un haussement d’épaule, le jeune garçon descendit de sa chaise, stressé mais partant ; sans doute voulait-il l’impressionner ou ne pas faire de travers. La théorie aurait suffit à Nephilim jusqu’aux analyses et évaluations, car il était peu probable que Tchézaré ait une parfaite maitrise de ses dons ni même la compréhension d’eux, voir qu’il n’en connaisse pas ; il était jeune, et sa mutation selon toute probabilité récente. Il se plaçant devant elle, contournant aussi le bureau, puis commença à grimacer.

Toujours assise, Amy le regarda faire, le sourcil levé ; l’hybride voulait faire une démonstration, restait à savoir de quoi. De norme, les hybrides avaient des capacités physiques accrues et quelques bottes secrètes provenant de leur partie animale, genre du venin ou des instincts surdéveloppés, mais Tchézaré semblait vouloir accomplir autre chose ; et un autre chose difficile. Ayant décalée sa chaise pour rester en face de lui, l’italienne croisant les doigts puis posa les mains sur ses genoux, avant de le fixer. Sans son déguisement, Tchézaré se révélait bien plus mal en point qu’elle ne l’avait soupçonné ; il boitait légèrement, mais il était mal nourrit, n’ayant que la peau sur les os. Nephilim de pouvait estimer le temps qu’il avait passé dans la rue avant qu’Ernest de ne trouve. Celui-là risquait de se faire tirer les oreilles pour n’avoir parlé de son ami en détresse !

Mais plus tard, pour l’instant, il y avait l’effort du souriceau pour montrer ses pouvoirs. Une minute à attendre, ce fut loin. Deux minutes, elle penchait la tête sur le côté. Trois minutes, elle réfléchissait à autre chose ; et évidemment, elle était sur une chose plutôt prenante quant il commença à se passer quelque chose. Avec une lenteur écœurante, la semi-sourit se transforma en chien, mais cette fois 100% chien ; impressionnant. Hybride et zoomorphe, joli. Par contre, l’odeur du chien mouillé emplie les narines de l’italienne, qui n’appréciait cela encore moins que la moyenne, ses sens plus performants.

Le chien était un husky très semblable à l’hybridation de part le poil, également dégradé de brun clair à miel, et malgré une maîtrise de la forme vacillante, Tchézaré s’approcha d’elle. Nephilim aimait à peu près tous les animaux, même si les plus sociaux comme le chat et le chien avaient sa préférence, du fait justement qu’ils étaient plus sociaux et familiers. Elle n’avait jamais eut d’animal de compagnie et malgré l’insistance de Caitlyn pour remplacer le castor en peluche par un chat, c’était non ; le dernier et unique hamster de sa compagne avait finit grillé, et l’italienne ne souhaitait faire connaitre pareil sort à un animal de compagnie commun. De plus, elles avaient des problèmes d’argent, comme déclaré, et elle n’avait pas envie de demander une dérogation à l’Institut pour un animal de compagnie, surtout si la bête devait s’immiscer dans leur chambre. Une plante verte, c’était déjà de trop à son goût. Mais tel n’était pas l’affaire la concernant.

Lorsque Tchézaré s’assit, ce fut elle qui se leva, contemplant le maigre état que le jeune mutant avait tenté de dissimuler par sa toilette. Il la regarda un instant, avec un regard de chien, le souffle court, et elle-même réfléchit à que faire. Devait-elle le caresser comme elle aurait fait à tout autre bête ? Elle n’en savait rien, et ce n’était pas à sa camarade qu’elle pourrait demander cela, puisque le seul animal de compagnie que Darla pouvait avoir avait une pomme tatoué sur le dos (c’était un iMac, pas Seamus !).

Lorsque le Husky redevint hybride sourit, il put enfin parler, Nephilim bien consciente que la zoomorphie avait privé son camarade de parole, ayant déjà rencontré similaire pouvoir chez une agent du BAM. Des explications vinrent : la morsure d’un chien avait entrainé la transformation en chien. Etrange, soit c’était la peur qui lui permettait de se transformer, soit il y avait peut-être duplicata génétique, chose plus probable considérant son hybridité. Il pouvait également se transformer en sourit, mais pas reprendre forme humaine ; oui, une majeure partie des hybrides étaient… hybrides, justement.

Il s’essaya à un mot en italien, massacrant l’accent, mais l’intention était là. Amy lui sourit, toujours plus émerveillée par le petit personnage. Elle se rassit en même temps que lui, et se retourna à nouveau vers lui.

- Voilà tu sais tout! A toi l'histoire por favor. Mais papa et maman, si ils veulent pas que ye suis là à l'école, comment ye vais faire? En plus ye croire que papa veut plus me voir. Il a essayé de... Enfin. Il était en colère contre moi. Et ye pas savoir si ye suis assez fort pour être comme Ernesté et toi et apprendre ici. En plus moi dans l'école, y'ai pas des amis. Beaucoup de problemas.

Amaranth mima une grimace, pour montrer son intérêt quant aux problèmes de Tchézaré, intérêt bien réel mais qu’elle devait imiter quant même, sans quoi il n’aurait eut droit qu’à un flou. Cependant, son jeu d’actrice était excellent, et paraissait parfaitement naturel, habituée qu’elle était à ralentir ses mouvements.

- Alors, il faudra que tu nous donne l’adresse de chez tes parents, on ira les voir et on essayera de leur expliquer. S’ils ne veulent plus te voir, tu passeras sous la tutelle de quelqu’un d’ici, d’accord. Ce serait lui qui s’occupera de toi. On te demande pas d’être un génie, tu sais, juste d’étudier sérieusement et d’y mettre du cœur ; et je sais que tu le feras. Des amis, tu t’en feras, n’aies pas peur là-dessus, d’accord. On va t’aider à résoudre tes problèmes.

Cela allait être compliqué, probablement, mais ce ne serait pas la première fois que Xavier devrait négocier avec des parents anti-mutants, perdus ou effrayés, la mise sous tutelle de l’Institut de leur enfant. Dans le pire des cas, il y aurait toujours le tribunal, si le père avait vraiment violenté Tchézaré, même si Nephilim voulait éviter d’en passer par là pour le bien être du petit.

- Maintenant, mon histoire, comme promise : je suis orpheline, j’ai grandie en Italie et je suis arrivée ici l’an dernier pour apprendre la psychologie et comprendre mes pouvoirs. Depuis, j’ai fait plein de rencontres et me suis faite beaucoup d’amis, j’ai toujours pas compris comment fonctionnaient mes pouvoirs mais je sais les utiliser, j’ai continué d’apprendre la psychologie et finalement j’ai même trouvé l’amour, déclara-t-elle avec le sourire, occultant au passage tous les mauvais moments, espérant sincèrement que comme la majorité des étudiants de l’Institut, Tchézaré n’aurait pas à en passer par là.

C’était plus que probable d’ailleurs, pas pour rien qu’elle était passée X-Men aussi vite : déjà les emmerdes, et pas le grade, ils lui avaient refilés le titre pour être raccord. Nan, c’était pessimiste comme point de vue, mais justement les épreuves qu’elle avait traversées avaient prouvées qu’elle était prête pour devenir X-Woman, puisqu’elle c’était à chaque fois relevée et améliorée.

- On va commencer à faire tes inscriptions, d’accord ? Ensuite, donne-moi les noms et l’adresse de ta famille et on ira les voir avec le directeur pour qu’ils t’autorisent à venir ici. N’ait crainte, tout ce passera bien. Pourrais-tu m’épeler ton prénom et me donner tes autres prénoms s’il y a lieu, ta date et ton lieu de naissance, et tout que je puisse les rentrer dans l’ordinateur ?

Se tournant vers la machine suscitée, Nephilim commença à pianoter sur le clavier, un peu trop rapidement pour ce dernier ; elle leva les yeux au ciel et ralenti le rythme, laissant l’ordinateur faire à son rythme.