Danse Macabre au gymnase (PV Amy)

Aujourd’hui n’était pas un jour comme les autres ; depuis quelques semaines, Amy c’était enfermée dans cette routine épuisante d’entrainements tous aussi éprouvant les uns que les autres, course, nage, combat, à un rythme de 6 à 9 heures par jour, avec l’aide d’autres personnes pour certaines parties, notamment de l’X-Woman Jubilee pour l’apprentissage des arts martiaux ; selon l’italienne, c’était un entrainement bien maigre pour espérer rejoindre la X-Team, mais elle pouvait difficilement donner plus, même avec sa régénération et l’endurance améliorée que cela lui accordait. Mais elle était devenue bien plus endurante qu’au début, et même après deux-trois heures de course à pied et deux-trois heures de natation, elle restait d’attaque pour le combat. Cependant, aujourd’hui elle s’entrainerait seule au combat : c’était pour cela que ce jour était différent des autres. Normalement, c’était avec Jub, puis quant cette dernière ne pouvait pas, c’était avec Cait’ ; et aujourd’hui, aucune des deux ne pouvait. Et elle n’allait pas demander de s’entrainer au corps-à-corps avec Samuele ou William, et elle n’avait pas le courage de demander à Warren ou à Morgan, tous deux ayant trop de noblesse pour qu’elle les provoque en combat, car Angel tenait plus le rôle d’un confident et elle ne connaissait pas assez Paladin pour oser lui demander pareil service. En bref, elle n’avait personne pour s’entrainer. Tant pis, elle le ferait seule, cela lui permettrait de se remettre aux Xingyi Luihe Quan sérieusement. C’était bien beau le Vovinam Viet vo Dao ou le Wing Chun, mais elle allait revenir au premier art qu’on lui avait enseigné.

Après, c’était moins spectaculaire ou utile que le Vovinam, le Xingyi Quan, mais cela restait sympa lorsqu’on enchainait plusieurs contre ou que l’on plaçait un unique coup si bien qu’il n’y avait pas besoin d’user d’un deuxième ; si Amy avait un défaut, c’était bien celui d’être trop offensive : ce qui lui plaisait le plus dans le Xingyi, c’était bien frapper fort là où cela faisait mal. Le Vovinam était bien plus sur le désarçonnement et l’immobilisation de l’adversaire, que sur sa défaite à proprement parler. Combiner le Kenpo, le Xingyi Luihe Quan, le Vovinam Viet Vo Dao et le Wing Chun donnait un mélange explosif basé sur des positions, des coups aux points faibles, des contres, des esquives et des ciseaux des plus détonants, malgré le niveau relativement faible de Nephilim. Encore que faible, elle s’était tant entrainée en cours particulier qu’elle était bien plus experte qu’elle n’aurait dû, apprenant rapidement.

Il était à peine plus de seize heures qu’elle s’approchait du gymnase, ayant fait un détour par sa chambre pour ré-adopter une tenue convenable. Elle sentait encore le chlore, un peu, et la transpiration, mais rien de grave, et était vêtue d’une brassière verte et d’un survêtement de même couleur, ainsi que ses baskets, lesquelles étaient usées, visiblement mal traitées par son entrainement, là où l’italienne n’avait pas de marques visibles, les ayant déjà régénérées. Elle avait réunit ses cheveux bruns en une queue de cheval, et portait ses mitaines rembourrées pour le combat. Elle était prêt à cogner du punching-ball.

Arrivant près des doubles portes du gymnase de l’Institut, elle ne put s’empêcher de noter la musique sombre et violente qui retentissait. Tiens, ils avaient rajoutés une sono ? Qu’est-ce que cela venait faire dans un gymnase scolaire ? Surement des élèves profitants des règles plus laxistes du fait des vacances scolaires pour amener leur propre matériel ; fallait pas oublier que c’était une école ici, avant tout. Puis cette musique… bande de sauvages !

Ouvrant une porte d’un geste de la main, une bouteille d’eau de deux litres dans l’autre main, elle pénétra dans cette pièce familière et équipée pour le sport, et en ce jour, pour la musique. Heureusement que c’était Jubilee qui passait ici et pas Wolverine, car si la professeure de sport aurait appréciée la sono, l’autre l’aurait déchiqueté.

Mais plus que la musique, il y avait une infraction claire au règlement intérieur : une arme. Amy était mal placée pour parler de cette règle essentielle à l’Institut qui voulait qu’élèves et résidents n’aient pas d’armes sur eux, mais son arme à elle avait été confiée par un X-Men, et elle ne l’avait encore jamais sortie de sa boite, en plus de l’avoir cachée. Là, on parlait d’une résidente en agressant un autre avec une lame, que l’autre avait évité d’une flexion.

- Ey là, les armes sont interdites dans l’établissement sauf accord d’un X-Men, et pas pour s’entrainer ! Vous allez vous blesser !

Ce ne fut qu’à ce moment qu’elle vit les visages des protagonistes, l’un comme le marbre, l’autre déjà plus effrayé ; merde, gros problème, c’était une véritable agression.

Lâchant la bouteille d’eau, Amy déclencha l’Accélération des Processus Biologiques. Elle savait se défendre face à un adversaire armé, mais là elle devait également protéger quelqu’un d’autre, et l’augmentation globale de ses capacités physiques et intellectuelles ne pouvait qu’être utile. Elle déploya ses ailes de couleur sang, deux appendices de plus de trente centimètre, aux plumes fibreuses et rouge, pour augmenté sa ventilation et garder un meilleur contrôle sur son « Berserk ». Puis elle fonça.

L’idée était simple, elle prendrait de la vitesse, profitant de l’accroissement progressif de sa force et de sa rapidité pour toujours dominer son adversaire. Sa course déboucherait sur un ciseau du Vovinam, son élan lui permettant de sauter et d’enserrer la gorge de l’agresseur entre ses jambes pour par la suite l’entrainer contre le sol, laissant ses deux mains libres pour se saisir du bras armé et l’immobiliser également, lui retirant sa lame si possible. Si cela foirait, Nephilim devrait se montrer plus agressive, mais le temps jouait pour elle. Protéger l’élève agressé en immobilisant l’agresseur, et au besoin, en sévissant. Elle répondrait de ses actes devant Emma Frost sans sourcillée, convaincue de la justesse de sa cause.

Visiblement, il y avait des choses à côtés desquelles Amy était passé à côté, mais elle ne le comprit pas de suite.

Ce qu’elle comprit, c’était qu’elle n’avait pas affaire à un humain ordinaire, car l’agresseur au couteau de vacilla même pas à l’impacte du ciseau, cependant, un bruit apprit à Nephilim qu’elle avait lâché le couteau. Pourquoi abandonner sa meilleure arme ? Surement qu’elle n’en avait pas besoin pour la tuer, mais dans ce cas, pourquoi s’en encombrer ? Amy ne comprenait pas mais réfléchissait suffisamment vite pour chercher à comprendre. Déjà, l’autre devais faire plus de deux fois son poids pour avoir encaissée le ciseau ainsi, mais qu’importait, l’italienne allait bientôt pouvoir porter, soulever et broyer cinq fois son propre poids, ce qui serait probablement suffisant.

Non, ce qui posa vraiment problème, c’était que le couteau ne soit par resté à terre ; l’agressé l’avait récupéré. S’il se mêlait de la bataille, il risquait de prendre un mauvais coup. L’agresseur ne bougea toujours pas, alors Amy s’apprêta à enchainer : se cabrant en arrière, elle posa les deux mains au sol avec pour ferme intention de faire passer l’agresseur par-dessus elle, comme Jubilee lui avait apprit ; sauf que Jub faisait 45kg tout mouillé, comme Amy, et l’autre, au moins le triple. Dieu que l’organisme de Nephilim n’accélérait pas assez vite !

L’agresseur saisit les chevilles d’Amy pour les forcer à s’écarter, avec une force surprenante, commençant à se tendre sur ses appuis; Nephilim parvenait à le voir sa tête suffisamment en arrière en prévision de sa prise pour apercevoir les chevilles et les pieds de son adversaire. Elle allait la presser contre le sol ; hors de question de mettre en danger les Ala-pulmos.

Alors que les ailes se repliaient et que l’italienne devait à nouveau user de sa trachée pour respirer, haletant du fait d’un cœur propulsé en tachycardie, elle devait luter contre la force de l’autre. Chez l’homme, les jambes étaient plus fortes que les bras, ainsi la prise de Nephilim cédait moins que la pression appliquée sur ses poignets pour la bloquer contre le sol.

Position très inconfortable s’il en était, Amy devenait plus forte à chaque seconde, et escomptait s’en sortir ainsi. Elle avait une vingtaine d’idées pour se sortir de la situation mais attendait que ses sens deviennent suffisant pour qu’elle puisse localiser l’agressé à l’ouïe uniquement.

Il était inutile en continuer avec la prise du Vovinam, elle ne servait plus à rien. Changement de tactique.

Usant d’abdos qu’elle était bien contente d’avoir travaillé, Amy se redressa, laissant l’autre la porter. Elle était, jambes tendues, en position assise, expédiant à grande vitesse un crochet du droit ; avec sa vitesse et sa force accélérées, cela donnait l’impression d’une vidéo en avance rapide, et si le coup atteignait le visage, chose probable vu que l’autre n’avait pas la possibilité de bouger la tête entre les cuisses de Nephilim, il y avait des risques de fracture. Cela devait faire 20 secondes, et les coups portés par Nephilim infligeaient déjà autant de dégât que ceux d’une personne de 75kg, force de pression qui augmentait de 3,75 à chaque seconde. Cette grande croissance augmenterait jusqu’à une minute, où elle aurait alors une force de classe 0,225, soit la capacité de soulever, porter ou broyer 255kg, 5 fois son poids. La puissance de l’Accélération des Processus Biologiques n’était pas énorme comparée à certains mutants qui soulevaient des tonnes et des tonnes, mais l’avantage du Berserk d’Amy était qu’il était équilibré : sa résistance augmentait aussi, de même que sa vitesse, ses réflexes, toutes ses capacités physiques et intellectuelles. Elle était sure de vaincre, sa force n’allant pas tarder à dépasser celle de l’autre.

C’était ses capacités d’analyse et de réflexion accélérées qui lui permettaient, alors que son poing partait à une vitesse près de deux fois supérieure à la norme humaine, d’analyser la situation. Le visage de l’agresseur n’avait rien d’humain : peau cadavérique, yeux peints, cheveux artificiels ; c’était quoi ça, la grande sœur de Chucky ? C’était ni humain, ni vivant d’ailleurs : pas de souffle. Génial, les risques de mort étaient amoindrit.

Son premier crochet porté, Amy enchaina sur un autre, de l’autre main. Plus de place pour la finesse, elle allait cogner jusqu’à ce que l’autre lâche. S’il ne sentait pas la douleur, comme elle, elle allait cogner jusqu’à ce qu’il perde conscience, même si elle devait pour cela cabosser sa tête comme une canette de soda. Nephilim guérirait, et Nephilim ne ressentait pas la douleur ; c’était réellement cela le sentiment d’invulnérabilité dont avait parlé Emma…

Use de ta cervelle, idiote ! Cette créature n’était probablement pas un mutant, mais une animation.

- S’il-y-a-un-Animiste-dans-les-parages-qu’il-désactive-son-truc-ou-il-sera-bon-pour-le-recyclage, prévint-elle en parlant plus vite qu’une vidéo en avance rapide, haletante.

- Ca suffit Madness ! Lâche là ! ordonna l’agressé après quelques instants, instants durant lesquels Amy avait continué de martelée la tête du Madness.

Attendez une seconde… c’était lui l’Animiste ? Cela expliquait pourquoi il n’y avait personne d’autre, et il avait dû perdre le contrôle de sa création pour qu’elle se retourne contre lui. Toujours fut-il que la gueulante poussée contre l’animation la fit obéir à nouveau, cette dernière desserrant sans prise ; d’un geste vif, Amy relâcha ses abdos, se penchant de nouveau en arrière pour poser ses mains au sol. Lorsqu’elle fut complètement lâchée, l’italienne termina par se relever comme on se relevait d’un arbre droit.

Une fois sur ses deux pieds, elle stoppa l’ABP, son cœur ralentissant progressivement mais ne l’empêchant pas d’être essoufflée. Elle essayait de respirer calmement, mais se ne fut une réussite qu’après une bonne minute d’halètement, et Amy eut tout le temps de détailler les deux autres, mains sur les genoux et courbée pour reprendre son souffle.

Sans ses yeux (et les marques que coups de Nephilim), l’animation aurait put passer pour une humaine, de loin en tout cas ou pour quelqu’un de moins observateur qu’elle : pas de respiration, pas d’expressions faciales ou de micro-expressions et une rigidité plus que cadavérique. La cire qui imitait sa peau lui donnait un teint de morte, et si ses cheveux pouvaient passés pour normaux face à un regard standard comme celui d’Amy lorsque son organisme était normal, ses yeux étaient trop vides et immobiles pour paraitre humains. Ainsi travestir une poupée en être humain, elle trouvait cela malsain. Elle portait une robe bleu avec un tablier blanc lui donnant un style de soubrette, à son cou, elle avait un collier avec un symbole Oméga, tandis qu’un nœud papillon qui lui serrait la taille et que ses jambes étaient couvertes de collants assortit à la robe. Assurément, l’Animiste l’habillait tous les matins comme s’il s’agissait d’une véritable personne, et probablement qu’il projetait sur elle aussi.

Non, les poupées vivantes c’était comme les cyborg, Nephilim n’aimait pas.

L’Animiste était lui quelqu’un de très grand, de trop grand comparé à sa carrure. Brun, yeux verts, visage légèrement efféminé, la trentaine, bien vêtu, il était somme toute assez banal. Il aurait put en penser de même envers sa personne que cela ne l’aurait pas dérangée, mais quant une jeune femme d’un mètre soixante entre en piste par un ciseau vietnamien et défonce du métal à main nue, on passe tout depuis pour pas banale du tout.

- Ce ne sera pas long pour te réparer, mais la peau synthétique sera... commença l’Animiste, interrompu par sa création qui prenait de ses nouvelles.

Il n’avait rien, et pas grâce à cette poupée sans âme ; Amy ne cachait même pas son hostilité entre la marionnette.

S’adressant à l’italienne, l’autre lui demanda de lâcher sa poupée, figure métaphorique pour lui dire de ne pas être aussi ouvertement méfiante envers son jouet. Nephilim aurait répliqué si la dernière question n’avait pas été à l’intention de sa propre personne.

Coupée dans son élan de méfiance, elle regarda ses doigts, lesquels étaient marquées par les chocs contre le métal, des hématomes sur les phalanges. Elle prit une grande inspiration avant de répondre.

- Sans problèmes, et vous ? Si vous perdez le contrôle de vos animations, mieux vaudrait éviter de leur donner un couteau, surtout quant cela est une infraction et pourrait vous faire exclure de l’établissement. C’est pas parce qu’on est en période de vacances scolaire que les règles changes : pas d’armes dans l’établissement, sauf pour les X-Men et certaines personnes autorisées.

Marquant une pause, elle le regarda dans les yeux, se redressant pour qu’il n’ait pas trop à baisser la tête pour la voir.

- Vous en faites parti ?

Manquait plus que cela qu’elle ait défoncé le jouet d’un prof, encore que n’ayant jamais vu l’Animiste, elle doutait sérieusement qu’il soit du corps enseignant. Quelque soit la réponse à cette question, vu comment elle lui fixait le visage, il ne pourrait lui mentir.

Amy n’était pas des plus cordiale, bien que sa voix eut exprimé plus de curiosité qu’autre chose et qu’elle n’ait pas été désagréable dans le ton.

Regardant Amy de ses yeux faux, le Madness reprit le poignard, le rangeant dans le nœud ; en plus il le planquait, c’était une véritable saleté cette machine en faite. L’animation se mit à genoux et attendit, sans pour autant être débranchée. Nephilim n’aimait pas cette chose, vicieuse et inhumaine, maquillée aux traits qu’elle n’avait pas, aussi creuse que son châssis.

Faisant des allers-retours marionnettiste-marionnette, Amy put voir le mépris pour sa réplique sur le fait de donner une arme à une telle créature lorsqu’on ne la contrôlait pas à cent pour cent. Soit il la méprisait elle pour sa naïveté, méprisant sa remarque comme son jugement, soit son mépris venait du fait qu’il n’avait pas perdu le contrôle, et qu’il était juste stupide ; enfin, elle aussi avait été stupide lorsqu’elle avait joué sa vie à pile ou face avec Samuele pour prendre le contrôle de l’APB, et ce n’était pas forcément une mauvaise chose.

Sa question ne trouva aucun écho à par un amusement silencieux de la part de l’Animiste, et après une minute d’attente ou seul son halètement transfigurait le silence, l’italienne comprit qu’elle n’aurait pas droit à sa réponse. Tant pis, elle allait s’entrainer dehors et laisser l’autre se faire planter ; la voilà de mauvaise humeur la Nephilim maintenant !

S’éloignant sans pour autant quitter la poupée des yeux, Amy récupéra sa bouteille, et ce n’est que lorsqu’elle se fut relevée que le rire de l’Animiste raisonna.

- Pardonnez-moi mademoiselle, je ne voulais pas vous faire peur. On s'entrainait tout simplement, je sais que cela peut paraître dingue, mais c'était juste... voyons, une danse macabre.... Madness n'aurait jamais visé les points sensibles... Quand au poignard, c'est un des seuls cadeaux de famille qui me reste. Je ne tiens pas à ce que l'on me le confisque et je suis pas prof, juste un résident un peu fou.

Ça c’était clair ; pas qu’un peu même. Amy ne savait pas quoi répondre, bouche bée face à pareille réponse et au temps qu’il avait fallut pour l’obtenir.

- Vous devriez trouver un coin plus discret pour pareil entrainements, monsieur. Imaginez que ce soit de jeunes résidents qui vous voient ; je suis un entrainement qui devrait me permettre de rejoindre les X-Men, d’où ma réaction, mais… des plus jeunes auraient put être effrayés et partir en courant en appelant à l’aide ou autre. De plus, vous ne donnez pas un bon exemple avec votre lame ; certes, la plupart des mutants ont des pouvoirs bien plus destructeurs qu’un simple couteau, mais ce n’est pas une raison pour transgresser les règles. Un cadeau de votre famille ? Gardez-le dans votre chambre, à l’abri, ou au moins ne le montrez pas. Pour un entrainement face à un adversaire armé, il y a du matériel d’entrainement ici. Mieux vaut se prendre un coup d’épée en bois qu’en fer, n’est-ce pas ? De plus, si vous êtes gravement blessé ou que vous perdez connaissance, s’en ait fini de votre Madness, non ? Vous étiez sure de pouvoir appeler du secours en cas de besoin ?

S’arrêtant de parler, elle dé-bouchonna la bouteille d’eau et la porta à ses lèvres, buvant lentement ; elle cogitait. Sa réaction était bien énervée par l’attitude nonchalante de l’Animiste, par le fait que sa poupée était vraiment dérangeante pour Amy, et surtout elle avait vraiment l’impression d’être en tord alors qu’elle n’avait que voulut protéger quelqu’un d’autre. Elle boudait, c’était à peu près cela.

Finissant de se désaltérer sans un mot, elle reboucha sa gorge improvisée et alla silencieusement jusqu’à un cagibi près du ring, dans le coin opposé à celui des murs d’escalade. L’ouvrant, elle en sortit des sortes d’épées en bois, en prenant une dans la main. Se serait surement plus long et lourd qui la lame de Madness – l’animation résumant parfaitement l’état d’esprit dans lequel elle était utilisée – mais il n’y avait que peu de risque de se blesser plus gravement que des hématomes.

- Vous aurez moins de risques avec ça, déclara-t-elle en s’approchant avec la lame en bois, la tendant à l’Animiste une fois à son niveau, toujours la poupée en bais d’elle, dans son champ de vision. Désolée pour la leçon de moral, d’autant que vous semblez vous en moquer, mais pensez-y, d’accord ?

Lui laissant le bâton dans les mains, elle commença à se diriger vers la sortie, mal à l’aise à l’idée d’avoir tourné le dos au Madness. Amy n’avait pas envie d’être impliquée dans quoi que ce soit, et si l’autre voulait toujours s’entrainer avec son couteau, elle n’escomptait pas avoir des problèmes à cause d’infraction au règlement. Son arme à elle était bien dissimulée dans sa chambre, et personne pas même sa colocataire ne l’avait trouvée.

Avant qu’elle eut atteint la porte cependant l’Animiste, l’interpela.

Alors que Nephilim avait tendue l’arme en bois à l’humain, c’était sa poupée qui était venu sans saisir, au déplaisir mal dissimulé de l’italienne. Le Madness la remercia avec un sourire, sourire qui aurait put passer pour humain face à quelqu’un de normal mais que les capacités visuelles d’Amy lui montraient comme clairement inhumain : seule la bouche bougeait, il n’y avait pas le moindre muscle et cela effrayait l’italienne. Enfin, la dégoutait, plutôt. Rien de personnelle, mais elle allait quant même s’entrainer ailleurs.

Il ne la laissa cependant pas repartir, lui demandant même plus qu’un instant de son attention : il voulait qu’elle reste. Par contre, il marquait un point en reconnaissant qu’il était en tord. Puis il s’excusait de son rire méprisant, avant de déclarer que ses positions ne changeaient pas sur le poignard ; il avait fait des progrès, c’était déjà cela. Malgré une envie de s’excuser elle aussi, Amy n’en fit rien, consciente que c’était plus la timidité qui parlait.

Elle se retourna cependant vers l’Animiste qui s’approchait, sa création déposant le couteau avant d’entreprendre de les rejoindre.

- En tout cas, c'était bien la première fois, que je vois quelqu'un amoché Madness comme ça. Votre force et votre technique de combat sont impressionnante, déclara-t-il après avoir passé la main sur le visage de sa création, geste rapidement imité par cette dernière, qui parla à son tour.

- Je suis désolé si je vous fais peur...

Amy eut une expression de honte, baissant la tête et pinçant les lèvres, mais remonta bien vite son regard. C’était elle la principale fautive dans cette affaire, mais elle ne pouvait s’empêcher d’être dérangée par la présence du Madness ; certes, la poupée imitait le comportement humain, mais c’était justement une imitation. La plupart des gens ne pouvaient pas le voir, probablement, mais pour l’italienne cela sautait aux yeux et était extrêmement dérangeant : elle avait basé la majeure partie de sa technique de combat de la timidité sur le fait qu’elle lise les visages et sache ainsi comment étaient prises ses remarques, et là, rien ! de plus, le Madness n’avait pas d’âme, c’était une animation, sujet aux aléas du subconscient de son invocateur. Non, elle était non seulement dégoutée par la poupée, mais Amy devait bien reconnaitre qu’elle flippait.

Se redressant, elle s’apprêta à parler à l’animation, à lui répondre, mais bloqua, faisant quelques allers-retours entre le mutant et son jouet, ne sachant à qui s’adresser.

- Ce… ce qui me dérange… c’est… comment dire… elle tenta de fixer le Madness dans les yeux, même si c’était inutile et stupide. Vous n’avez pas d’âme ; comme une machine… c’est cela qui me… perturbe. Désolé. Retournant ses yeux vers l’Animiste, elle eut un petit fléchissement des jambes et un bref sourire gêné. Mes… mes capacités physiques sont pas si impressionnantes que ça par rapport à certains mutants, mais c’est pas mon pouvoir principal. Je suis une Berserker, c’est vrai, avec la force et la résistance d’un haltérophile de niveau olympique quant mes capacités sont à leur maximum, mais c’est ma vitesse qui est inhumaine. J’analyse les choses et je bouge cinq fois plus vite. Vous n’avez pas vu la moitié des capacités physiques que je peux avoir. Cependant, je suis une régénératrice à la base, avec un Facteur Guérisseur, et Photosynthèsiste, pour nourrir et régénérer mon corps. Sans mon pouvoir offensif, je n’ai que la technique de combat, et je ne pense pas que je serais capable de vaincre votre truc. Vous c’est de l’Animisme, peu courant comme don, faut le reconnaitre.

Elle se tue, ne sachant pas vraiment ce qu’il attendait d’elle, et toujours malaisée par la présence de la poupée.

- Je… Je m’appelle Amy, Amy de Lauro, déclara-t-elle en insistant comme à son habitude sur la prononciation de « dé laouro », alias Nephilim, pupille de Jubilee. C’est elle qui m’apprend à me battre, en partie du moins. Si vous tenez vraiment à vous entrainer, c’est pas moins risqué de le faire avec moins ? Puis, ce ne sera pas vous qui déciderez des mouvements de votre adversaire, donc niveau esquive, ça va relever le niveau.

Ce n’était pas réellement par plaisir qu’elle affrontait quelqu’un, sauf Jubilee qui faisait des commentaires tout le long, mais elle avait peur qu’une fois parti, l’autre se remette à s’entrainer au couteau, et quoi qu’elle puisse essayer de se convaincre, elle s’en serait voulut qu’il se blesse.

- Alors ?

Visiblement, le Madness était triste ou honteuse des paroles qu’avaient eut Amy à son encontre, sauf qu’une fois encore, c’était une imitation, une contrefaçon ; et extrêmement perturbant pour l’italienne. Elle eut beau se cacher derrière son créateur, qui lui avait réellement des émotions, ce n’était rien d’autre qu’un rôle : le Madness tenait un rôle. Un rôle donné par son maître, mais bien réel. Et Nephilim ne savait pas ce qui la dérangeait le plus, l’automate en lui-même ou le fait que son créateur la considérait comme une personne réelle, et non un reflet de son esprit.

- Je... suis une folie... Une folie n'est qu'un souvenir, cela suffit pour moi, du moment que mon créateur sourit, je suis... heureuse.

Bizarre, mais quant la poupée déclara cela, Amy y vit de la sincérité ; non, même pas de la sincérité, juste de la vérité, car il ne pouvait être sincère. Le Madness portait bien son nom, la folie canalisée de son propriété. Cependant, il n’était pas heureux, il ne pouvait pas l’être : un pantin, rien de plus qu’un pantin.

L’Animiste passa sa main dans les cheveux synthétiques, comme pour rassurer sa création. Quel intérêt ? Il n’y avait nulle peur là-dedans, nulle honte ni rien d’autres : le Madness était vide, son maître n’ayant qu’à décider qu’il relevait la tête pour qu’il le fasse ! C’était comme s’il avait projeté une double personnalité dans sa poupée, une double personnalité avec laquelle il entretenait une relation… ambigüe.

L’Animiste reconnu son don, mais déclara qu’il ne fonctionnait qu’avec ses créations, comme « la demoiselle » derrière lui. Amy frissonna de dégoût lorsqu’il déclara « Mademoiselle Madness ». Cette créature, c’était comme Gollum, un Gollum version chuky ou terminator, Amy n’ayant vu aucun des films mais connaissant un peu, bien qu’elle ait lut les livres de Tolkien.

- Ravie de te rencontrer Amy, je m'appelle Noct Liddell et la jeune fille se nomme Madness. Pour le combat, je voudrais bien m'entrainer avec toi si cela n'est pas dérangeant évidemment.

Liddell, comme l’héroïne de Lewis Carroll ? Sympa comme nom ; Nephilim en aurait fait la remarque s’il n’y avait eut cette histoire de « jeune fille ». Amy était une jeune femme, car même si ce point était discutable aux vues de ses pouvoirs, elle n’en restait pas moins humaines, de chair et de sang, dotée d’émotion, de sentiments, un animal pensant ; le Madness n’avait rien de tout cela.

- Cela n’est pas dérangeant, et je préfère vous voir vous entrainer avec moi plutôt qu’avec un couteau ; enfin, pas dérangeant… elle marquant une pause, réfléchissant un long instant. Pas dérangeant tant que votre Madness reste loin de moi, ou arrête d’essayer d’imiter émotions et comportements humains. Ça me perturbe, car je vois que c’est faux. Rien de personnel, de plus il serait stupide de tenir rigueur à un objet, mais voilà. J’ai eut une mauvaise expérience avec des Cyborg et tout ce qui imite l’humain, je peux pas. Désolé.

Elle se détourna, retournant vers le ring en coin du gymnase. Amy était heureuse d’avoir plus de diplomatie que Caitlyn ou Alex, encore que si la première aurait put trouvée la poupée très drôle, le second aurait surement été aussi malaisé qu’elle. Encore un point commun, qu’elle aimait à constater.

- Vous préférez les tatamis ou le right, Mr Liddell ? Personnellement, je trouve le right moins ennuyeux à mettre en place, déclara-t-elle, laissant sa voix raisonner dans le gymnase maintenant que la musique était terminée.

Déposant sa bouteille à un coin, l’italienne se hissa sur le ring et se faufila au travers des cordes, faisant signe à l’Animiste de la rejoindre. Certes, on était un peu à l’étroit sur un ring et ce n’était pas réellement fait pour les arts martiaux, mais elle avait vraiment la flemme de sortir les tatamis, et qui plus est, elle ne craignait ni la douleur ni les blessures et lui s’entrainait avec un couteau sur du dur, donc il ne devait pas être douillet non-plus.

- Allez, approchez, vous en ressortirez peut-être avec des bleus mais ils auront été bien gagnés.

Noct avait mal prit la pensée de Nephilim sur sa précieuse Madness, mais elle n’en avait cure : elle avait été sincère. Enfin, elle avait de la compassion, comme toujours, mais il lui semblait que l’Animiste avait quant même un sérieux problème dans sa relation avec sa poupée. Les émotions durent défiler sur son visage, mais Amy était déjà tournée.

Il murmura quelque chose, qu’elle n’entendit pas non plus.

Une fois l’invitation lancée, l’italienne s’aperçue que la poupée s’éloignait, non pas pour la mettre moins mal à l’aise, mais pour aller se chercher une chaise, chaise qu’elle posa près du ring, au grand déplaisir d’Amy. Bon après, généralement les élèves s’asseyaient par terre dans un tel lieu, indifférents à la poussière et la saleté ; mais ce n’en était pas moins un comportement humain.

Lentement, l’Animiste vint la rejoindre, ses yeux devenant plus tristes à mesure qu’il s’éloignait de la poupée.

- Vous m’excuserez si je m’échauffe un peu, pas que ce que j’ai infligé à voire création ne l’ait pas fait, mais je ne l’ai pas fait correctement.

Sans réellement attendre de réponse, elle commença ses étirements ; rien de plus classique, qu’il s’agisse de la gym au sol, de la course ou du combat, c’était un peu toujours les mêmes de toute façon. De la nuque aux chevilles, des poignets aux épaules, tout y passant, à l’exception des ailes, qu’elle ne comptait pas sortir.

Une fois qu’elle eut terminée, elle se redressa et lui fit face.

C’était un très bon entrainement : elle trop offensive contre l’autre trop sur l’esquive. Les paris allaient être pris, dommage qu’il n’y ait aucun spectateur. Enfin, heureusement dans un autre sens, car Amy n’avait pas la réputation ni le physique d’une combattante, et cela lui convenait très bien. Déjà qu’à cause de son entrainement, elle avait plus de mal à se faire passer pour l’innocente jeune fille de service, alors si en plus on la voyait se battre.

Bref, pas de témoin, pas de témoins réels en tout cas, elle pouvait y aller.

- Je vais y aller doucement au début, ok ? déclara-t-elle avec une neutralité toute contrefaite.

Amy n’était pas à l’aise pour deux choses : la présence de l’automate, mais aussi et surtout le fait qu’elle n’avait pas la moindre idée du mec qu’elle avait en face. Ce n’était pas pour elle qu’elle s’inquiétait, mais pour lui ; elle, elle guérirait. Lui, si elle y allait trop fort, il risquait d’avoir mal, surtout que du fait qu’il n’anticiperait pas les gestes d’Amy comme ceux de sa création. L’italienne n’était pas un reflet de la pensée de l’Animiste, donc il n’avait pas la moindre influence sur elle. Cela allait être bien plus dure pour lui, mais le temps de jauger leurs niveaux respectifs, pour peu qu’elle en soit capable, Amy irait comme elle l’avait dit : doucement.

Enfin, doucement dans la violence, elle ne réduirait pas la vitesse des coups.

- Tu me dis quand t’es prêt.

Elle se mit en position, poings serrés et de biais, bien sur ses appuis, attendant le signal. Dès qu’il lui eut donné, se fut parti.

Tout d’abord, Amy marcha sur sa droite, se décalant par rapport à lui. Le but ? Le faire bouger pour voir s’il bougeait bien. Ensuite, elle se rapprocha, continuant de marcher un crabe. Elle s’immobilisa un instant avant de porter le premier coup, comme pour l’en avertir : une pause puis un deux trois pas et elle fit un petit bond en avant, comme à la course, projetant son poing à destination de la cage thoracique. Un pas sur le côté suffisait à esquiver cette attaque, et grâce à l’élan la bloquer ne servait pas à grand-chose. L’esquive ou le souffle coupé, au choix.

Si elle avait était en vrai combat, elle aurait usée de l’esquive de l’autre pour pivoter sur elle-même et lui faire une balayette, mais ce n’était pas le cas, ainsi s’il l’esquivait, elle ferait quelques pas de plus pour se reprendre et s’éloigner du corps à corps ; après tout, elle ne lui avait pas interdit de répliquer.

Noct avait eut plusieurs avantage pour lui : comme promit, Nephilim y était allé, certes relativement violement, mais en un seul coup simple à contrer. Au départ, il s’était reculé, chose stupide s’il en est face à une charge, mais ayant eut un reflexe salvateur, il fit un pas sur le côté et évita le poing ; si elle l’avait voulut, Amy aurait enchaînée sur une balayette, mais elle n’en avait fait cas. Par contre, lui enchaîna sans interruption : coups directs dans le dos des deux poings en alternance puis coup de pied dans les côtes ; la moindre chose que l’on put dire, ce fut qu’Amy mangea.

Elle n’avait pas perdu l’équilibre mais ne c’était elle-même pas préparer à contre-attaquer, et reçu donc l’un des coups entre les omoplates et l’autre en décaler, avant que la cheville ne heurta son flan. En règle générale, il fallait généralement placer des crochets pour pouvoir enchaîner les coups de poings, le direct nécessitant un positionnement des jambes favorisant l’allonge au détriment de la main qui ne portait pas le coup. Mais là, elle en avait prit deux.

Déséquilibrée, elle fit quelques pas en avant, une main contre le flan et une grimace sur le visage, l’Animiste dans le dos, évitant au possible de finir au sol. Elle se rattrapa après quelques foulées.

Bon, le niveau c’était noté, mais surtout, le fait qu’il tapait pour faire mal. Pas de cadeau ? Fort bien ; ce n’était pas lui qui régénérait plus vite ou qui pouvait éliminer la douleur en augmentant ses capacités physiques. Loin d’être mauvaise joueuse, Amy n’en avait pas moins un sens de l’honneur très égalitaire : œil pour œil, dent pour dent.

Immobile, elle se redressa et relâcha son flan meurtri, toujours dos à son adversaire. D’une rotation des chevilles, elle se retourna, en garde, un sourire en coin sur le visage. Y aller si brutalement trahissait une certaine inexpérience, inexpérience dont faisait également preuve Amy la plupart du temps mais qu’elle avait apprise à tempérer, à moins qu’il ne s’agisse des coups que l’Animiste portait habituellement à sa poupée, pour peu qu’il osa lever la main sur elle.

Il était peut probable que lorsqu’il faisait frapper sa poupée, Noct établisse des stratégies, et sa démonstration de toute à l’heure, trois coups les plus destructeurs possibles mais finalement désordonnés entre eux, démontrait cet état de fait.

Round 2 ; c’est parti.

Nephilim chargea de nouveau, avec une prise différente cette fois ; main gauche contre son flan, elle plia le bras droit à l’équerre et positionna sa main en patte de tigre. Le coude était en avant, et les choix de Noct étaient simple : s’il n’esquivait pas, il recevait le coude au niveau du plexus, ce qui lui coupait la respiration et permettait à Amy d’enchainer, ce qu’elle ferait d’un coup du poing droit contre le visage en profitant de son mouvement de recul à lui pour également porter un crochet aux côtes de sa main gauche. Un nouveau pas de recul pour son adversaire et elle aurait terminée l’enchainement par coup de son pied gauche droit dans l’estomac. Douloureux, et efficace.

Cependant, il était probable que par reflexe il s’écarte, ce qui laissait deux possibilités.

Sur la droite d’Amy, elle n’avait qu’à tendre le bras et faire un arc-de-cercle pour que la patte de tigre arrive au visage de Noct, puis elle devrait enchainer par des coups du pied droit, un au niveau du bassin et l’autre du thorax.

Sur la gauche, elle lâchait son poing gardé en réserve (le gauche) droit contre le plexus de Noct, avec le même objectif que précédemment, puis pourrait enchainer par un pas en avant, un coup du coude gauche contre la joue et enfin un crochet du droit, qui n’aurait qu’à ce déplier comme un ressort pour frapper.

Amy n’usait pas du quart du savoir pratique d’art martial qu’on lui avait enseigné, résolue à y aller doucement, même si plus relativement que tout à l’heure. En toute logique, il avait le choix entre l’un des trois enchainements, sachant que plus Amy prendrait de vitesse, plus les coups portés seraient forts.

Noct avait prit subit du dégât, Amy s’en voulant presque de l’avoir fait tomber à terre. Visiblement, elle y était elle aussi allé plus fort que nécessaire ; elle grimaça un instant, alors que l’homme se relevait.

- E…excusez-moi si j’y suis allé trop fort et…

Et il enchaîna : balayette ; bon, la douleur, il semblait y résister, c’était déjà une bonne chose. Il ne tenait pas sur ses jambes mais il revenait vite à l’assaut. Donc, à défaut de maitriser un art martial, il savait encaisser.

Le coup de pied au sol fila droit vers elle, et il ne fallut qu’un petit bond à Nephilim pour le laisser passer sous elle. Cependant, concentrée qu’elle était sur le jeu de jambe et la contre attaque qu’elle porta sous la forme d’un jab du droit, elle ne vit pas l’enchaînement venir, malgré le fait qu’elle en affectionnait un similaire. Le coup du gauche heurta ses côtes avec force, la faisant se plier sur le coté et grimacer de douleur, interrompant sa propre attaque.

Mais Nephilim eut un bon réflexe, enfin tactiquement bon mais assez douloureux, plaquant la jambe qui venait de la heurter contre ses côtes endolories de son bras libre, le second venant rejoindre le premier peu de temps après, maintenant le membre contre elle, dans une prise.

C’était elle qui avait désormais l’avantage, l’Animiste sur un seul appui car elle tenait son autre, et il était temps de pousser cet avantage :

Elle avait deux choix : le premier consistait à pousser son avance sur Noct en jouant du fait qu’il ne reculerait pas à cloche pied longtemps et qu’il se retrouverait à terre bien vite, ou elle n’aurait plus qu’à l’immobiliser avec une prise impliquant sa jambe. Le hic était de lui faire du dégât aux tendons s’il n’était pas assez souple, outre la vive douleur que cela risquait de lui provoquer. L’autre choix était de pousser sa jambe sur le côté et d’enchainer suffisamment vite pour lui faucher son appui avant que son autre pied ne touche le sol. Dans ce cas là, soit sa fonctionnait et il se retrouvait par terre dans une position bien plus facile à immobiliser, soit cela ne fonctionnait pas et elle usait de l’énergie giratoire dégagée par sa rotation pour lui porter dans la continuité de sa balayette un autre coup de talon au niveau du visage, du même pied ce qui demanderait beaucoup de souplesse de sa propre part, mais une souplesse dont elle se savait capable. Cela le marquerait au visage d’un gros bleu, certes, mais avait autant de chance que le reste que l’envoyer à terre, où Nephilim pourrait l’immobiliser pour mettre fin au match.

Mais avant tout, premier pas, s’il tombait, tout serait plus simple et plus vite terminé.

C’était très différent des entrainements avec Jubilee, ou l’on sentait que son adversaire maitrisait son art et ou en plus il y avait des gants, ce qui limitait la douleur des coups échangés ; mine de rien, son côté lui faisait mal, et si la douleur persistait après le combat, elle devrait peut-être passer une radio pour voir si rien n’était cassé ; passer une radio ou régénérer plus vite.

Mais pour l’instant, ce concentrer sur le combat, elle ne pourrait maîtriser les échanges sans y prêter un minimum d’attention ; elle fit un nouveau pas encore plus rapide, espérant faire tomber Noct pour en finir avec le moins de douleur possible.

Un pas, il avait un sens de l’équilibre correct. Deux pas, il en avait un bon. Trois pas, il n’en avait plus suffisamment, et chu. Lourdement, pesamment, alors qu’elle enchainait. Les deux jambes de part et d’autre de la tête de Noct, sa jambe tendue à l’équerre : s’il tentait de faire un mouvement, il allait se tirer tout seul sur les tendons de la cuisse. Encore que vu ses grognements, il ne devait pas être des plus souples ; Amy n’arrivait à faire le grand écart que depuis récemment, et pouvait aisément imaginer à quel point cette prise pouvait être désagréable si l’on était souple comme un bout de bois. Elle grimaça à cette idée.

Au pire, il boiterait un peu, mais elle devrait se débrouiller pour que la douleur musculaire s’en aille avec les échauffements. Ne pas y aller trop fort, ne pas y aller trop fort. Dix secondes, s’il ne se dégageait pas au bout de dix secondes c’était qu’elle y était allé trop fort, et honte à elle dans ce cas.

Un, deux, trois… dix. Et zut !

Elle relâcha la prise, roulant en avant pour se dégager. Se relevant et se retournant, elle put voir la marionnette qui avait rejoint son maître, mimant la compassion ou l’inquiétude de son visage défoncé, alors même que l’Animiste offrait à l’italienne un sourire des plus dérangeant.

-Et bien... C'était un beau match... J'espère que vos côtes vont bien, il serait dommage qu'elles soient brisées par ma faute.

- Votre jambe se remettra, accomplissez des étirements jusqu’à ce que la douleur disparaisse, et si je m’y suis bien prise, vous ne boiterez pas trop.

Le Madness lui jeta un regard dénué d’âme, un regard dont Amy ne pouvait lire la signification mais qui lui fit froid dans le dos ; l’italienne était cependant prête à ce battre, et la poupée n’avait pas beaucoup plus de chance que tout à l’heure. Cependant, ce n’était pas à elle qu’il fallait s’intéresser, puisqu’elle traduisait juste les émotions de son maître, maître qu’Amy éviterait de croiser dans les couloirs à l’avenir.

Noct c’était redressé, assit là où Amy se tenait debout, toujours aussi méfiante face à l’automate qui se cacha d’elle, déclenchant une réplique des plus inquiétantes chez l’homme : Alice, il l’avait appelé Alice. C’était qui Alice ?!

Seigneur Dieu, ce mec faisait une projection complète d’une personne chère et visiblement disparue sur sa poupée, il était atteint, mais cliniquement atteint ! Elle devait en parler avec Mlle Frost au plus vite, sauf qu’Emma n’était pas là durant les vacances, ayant des affaires à régler avec son entreprise.

Merde, Mr Liddell se servait de son pouvoir pour matérialiser un trouble psychologique et maintenir en vie on-ne-savait-qui, bien qu’il soit encore capable de faire consciemment la différence sa poupée et la Alice, cela semblait se restreindre. Lapsus révélateur, et lapsus inquiétant, très inquiétant.

- Pour les bleus, c’est en moyenne une semaine, pour la douleur à la jambe, si vous faites bien les étirements c’est parti dans l’heure, et si vous ne faite rien un ou deux jours suffiront. Désolé d’y être allé trop fort et ne vous en faites pas pour les côtes, elles guériront.

Comment enjoindre un type qu’on avait presque tabassé à aller consulter un psy et ceux en toute politesse sans s’attirer les foudres du trouble psychologique incarné dans une poupée de fer ? Compliqué, trop compliqué.

- Je vous déconseille de vous ré-entrainer au couteau, de manière générale, mais également pour aujourd’hui : il ne faudra pas forcer sur votre jambe, même une fois que la douleur aura disparut. Je vais y aller, adieu Mr Liddell.

Elle se retourna, sachant pertinemment où elle devait aller : l’infirmerie. Non seulement pour ses côtes, mais aussi pour faire part de ses observations au personnel qualifié. Nom de Dieu, elle allait devoir sérieusement faire gaffe car avec ce qu’elle allait dire, Nephilim allait s’attirer les foudres d’une poupée sans âme mais avec un gros couteau. C’était triste de ce dire qu’il y avait plus taré d’Oméga dans l’Institut, car rien n’empêchait le Madness – qui portait bien son nom pour le coup – de s’attaquer à quelqu’un, comme Amy avait crue qu’elle le faisait à Noct.

Erf, son entrainement allait être compromit. En même temps, si l’Animiste restait dans le gymnase elle aurait dû le faire en extérieur, et c’était pas forcément pour le mieux non-plus.