Il n’y a que les causes perdues qui méritent qu’on les défende, que les questions sans réponse qu’il est nécessaire de poser. [PV : Karma]

C’était un choix difficile à faire qu’Amy avait fait là, mais la possession… elle ne pouvait pas. Vraiment pas. Son pouvoir l’avait déjà tué, il ne pouvait pas faire pire. En attendant les tests, elle allait simplement éviter de l’utiliser. Karma semblait triste, mais déclara que le choix appartenait à l’italienne, elle-même étant là si jamais Nephilim changeait d’avis. La X-Woman avait raison, c’était l’incertitude totale ; trop de choses à traiter en même temps. Dans la petite vie bien rangée qu’avait menée l’italienne jusque là, c’était un bouleversement conséquent. Caitlyn était devenu comme sa sœur, mais son absence de passé était plus qu’inquiétante, tandis qu’elle-même devait mener presqu’une double vie pour assurer ses études et son entrainement pour devenir X-Men. Son facteur guérisseur et sa photosynthèse avaient beau lui fournir des avantages conséquents dans la vie de tous les jours, si cette dernière était surchargée, ils ne pouvaient pas non-plus faire des miracles.

Le regard bienveillant de Xi’an allié au calmant qui courait en l’italienne suffirent à faire redescendre la pression, et sans rien dire, Amy imita la professeure dans sa position. Il pleuvait peu, mais ce n’était que le commencement ; en faite, peut-être qu’elle s’était trop avancée en disant que la pluie ne la gênerait pas.

Elle ne fit cependant aucune remarque, d’autant plus que Karma passa rapidement à autre chose : elle avait vu quelque chose, Amy trop perdue dans ses propres pensées pour savoir de quoi elle parlait.

Se relevant sans les mains, Nephilim entreprit également de se dépoussiérer avant de suivre Karma du regard, lorsqu’un cri aigu lui vrilla les tympans ; erf, c’était quoi ça ? La professeure parti en courant vers l’eau, laissant une italienne assez surprise rester sur place. Essayant de distinguer ce dont la X-Woman avait parlé, l’élève finit par trouver une masse amorphe flottant dans l’eau, dérivant vers le rivage. C’était quoi ? Dauphin, requin ? Aucune idée ; l’un comme l’autre, elle n’en avait jamais vraiment vu de toute façon.

Partant à la suite de Karma, avec un rythme moins soutenu cependant, Amy se rapprocha tout aussi vite que la bestiole. Ainsi, quant vint l’immense vague, elle également prise dans la houle ; arg, scheisse ! Au moins maintenant, elle était mouillée. Avec son téléphone et tout.

Mais le pire ne lui était pas arrivée à elle : Karma avait finit sous le poisson. Et quel poisson !

- Sa va ? s’empressa-t-elle de demander, inquiète du fait que la professeure soit coincée sous une chose pesant potentiellement deux fois son poids.

- Je… putain…

Karma était en vie, c’était déjà cela, mais ne parvenait pas à se dégager de dessous la bête. Ses mains glissaient, et la gueule du truc était dangereusement proche de son visage. La X-Woman l’appela à l’aide, et Nephilim agit avec intelligence, une fois la surprise passée.

Déjà mouillé, elle brava la mer pour se saisir de la seule prise qui lui venait à l’esprit, la queue de l’animal. C’était glissant, et malheureusement, cela n’aidait pas à dégager Karma. Mais il pesait combien se truc ? Ôtant sa veste verdâtre, elle la noua autour de la nageoire caudale pour parvenir à tirer dessus ; Amy ne garantissait pas qu’elle récupérerait sa veste en un seul morceau, mais quitte à choisir, elle sacrifiait le vêtement pour la professeure sans la moindre once d’hésitation.

Bon Dieu que l’animal était lourd ; tirant comme une énergumène sur sa veste, et part extension sur l’animal, en faisant fit des vagues qui lui montaient jusqu’aux genoux et de la pluie qui commençait à s’intensifier, elle n’arrivait que peu à faire bouger le truc. Par plusieurs fois, elle tomba à genou ou sur les fesses dans l’eau, et le temps s’écoulait trop vite par rapport à la distance de laquelle bougeait l’animal. Karma allait finir étouffé ou quelque chose du genre avant qu’elle ne soit sortie de sous le mastodonte.

Amy connaissait le moyen de parvenir à faire bouger l’animal, et visiblement Dieu avait fait tout cela pour la pousser à faire un choix. Elle n’avait pas vraiment à hésiter alors. Adieu douleur…

Son cœur commença à s’accélérer de manière surnaturelle, alors que tout commençait à se ralentir autour d’elle. D’abord lentement, puis avec une vélocité croissante. Il ne fallut qu’environ quinze secondes pour que la force de Nephilim ne soit devenue suffisante pour tracter la bête, ce qu’elle fit, libérant Karma. Son cœur atteignait déjà les 180 pulsations par minutes. Elle n’arrivait pas à s’arrêter.

- Sa-va, demanda-t-elle en avance rapide tout en se postant à côté de Karma.

Même si elle était plus inquiète pour la X-Woman que pour elle-même, Amy ne pouvait empêcher ses pensées de dériver à grande vitesse ; Karma avait-elle des organes déplacés ou des os fracturés ? Allait-elle pouvoir marcher ou l’italienne devrait la porter jusqu’à la voiture ? Après, pour rentrer, ce n’était pas le plus compliqué, puis qu’Amy savait conduire ; mais si Karma avait des blessures internes, il valait mieux appeler les secours ; sauf que le portable de Nephilim avait prit l’eau. D’ailleurs, la vague qui avait projeté le truc était tout aussi surprenante que ce dernier… STOP !

-Dé-désolée-problème, reprit-elle, avant même que la X-Woman n’ait eut le temps d’en placer une.

S’éloignant d’un pas rapide, trop rapide, alors que son cœur continuait d’accélérer, Nephilim eut couvert la distance de la plage en quelques secondes, marchant plus vite que d’autres ne courraient. Combien de secondes ? 35 ? 40 ? Elle s’adossa violemment à la voiture, se laissant glisser jusqu’au sol.

- Calme-toi-aller-calme-toi-non-de-Dieu, se répétait-elle avec un rythme croissant.

Fermant les yeux, elle se balança d’avant en arrière, ayant des difficultés à rester concentrer. Trop de questions, trop de pensées, trop rapidement.

- c-a-l-m-e-t-o-i, s’intima-t-elle en crispant tout son corps, ne pouvant empêcher ses mains et ses pieds de gigoter.

- C-a-l-m-e-t-o-i… C-a-l-m-e-t-o-i-m-a-i-n-t-e-n-a-n-t… b-o-r-d-e-l-d-e-D-i-e-u-c-a-l-m-e-t-o-i !

Sous la pluie qui tombait, adossée à la voiture de Karma, se cogna contre cette dernière sans même le ressentir, son cœur battant toujours plus vite, son cerveau analysant toujours plus vite, le monde se ralentissant progressivement.

Se calmer… elle devait se calmer. Se calmer ; Se calmer ; Se calmer ; Se calmer ; Se calmer ; Se calmer… Merde !

Trop vite, elle pensait trop vite, alors que le monde allait trop lentement ; combien de temps ? Ecoulé ? Lui restant à vivre ? Les émotions amplifiées par l’accélération globale la faisait paniquer encore plus, alors qu’elle n’avait plus aucun contrôle ; ou à l’inverse un contrôle trop performant. Son corps était parfaitement métrisé, c’était son esprit qu’elle devait canaliser : calme-toi ne marchait pas, car il fallait autre chose.

- C-o-n-c-e-n-t-r-e-t-o-i… C-o-n-c-e-n-t-r-e-t-o-i… C-o-n-t-r-o-l-e-r-l-e-d-o-n…

Karma arriva, avec une lenteur exagérée du point de vue d’Amy ; non, elle n’allait toute de même pas…

La Professeure s’accroupit en face d’elle, passant une main dans les cheveux de l’italienne, qui cessa de bouger pour appuyer de toutes ses forces contres la taule de la voiture, la déformant. Ne pas faire mal à Karma, se tenir tranquille pour ne pas la blesser.

- Désolé pour ce que je vais faire... Je te demande juste de me faire confiance...

Il aurait été si facile de se défaire de l’emprise de la professeure, de l’empêcher d’agir. Mais la peur de blesser la X-Woman était supérieure à celle de ce que l’italienne éprouvait face à ce qu’elle allait subir. Plutôt elle que quiconque.

Karma posa genou à terre, puis mit sa main sur le thorax d’Amy.

- Pitié-je-peux-y-arriver-je-peux-y-arriver-je-peux…

L’autre main de la professeure vient se poser sur sa nuque, entre sa peau et la toile froissée. Puis cela commença…

Non, non, non !

Alors que son cœur ralentissait, le reste de ses muscles était soudain douloureux, tout son corps appelant plus d’oxygène comme de dioxyde de carbone. C’était comme s’étouffer, comme lorsque le Cyborg l’avait étranglé. Mais comment pouvait-elle ressentir la douleur ? Ne pas faire mal à Karma, c’était la seule chose qu’elle devait faire, la seule chose sur laquelle elle devait ce concentrer. De toute façon, elle ne contrôlait plus rien, une simple observatrice dans son propre corps. Ses yeux se fermèrent alors que du sang commençait à lui couler du nez.

Seigneur… pourquoi ?

Son cerveau la faisait plus souffrir que le reste de son corps réunit, donnant un ordre contradictoire avec ceux de Karma.

Puis vint la délivrance. Tout était redevenu normal, à l’exception du sang qui coulait abondamment de son nez. La X-Woman lui demanda quelque chose, quelque chose que l’élève ne comprit pas. Les choses devenaient floues autour d’elle et ses capacités d’analyse régressaient.

Tout continuait à se ralentir, même ses pensées, même son cœur, jusqu’à ce qu’il n’y eut plus rien.

La dernière pensée de Nephilim fut qu’elle savait maintenant : le cerveau contrôlait, mais s’il perdait le contrôle, c’était fini. On avait ralentit de force son cœur, mais son cerveau le ralentissait à nouveau. Quel dommage qu’elle ne dû se souvenir de cette révélation.

Amy de Lauro s’effondra sur le côté sans un son, ses yeux clos n’ayant pas la capacité de se rouvrir seuls.

Son pouls avait disparu à nouveau ; son cœur c'était arrêté...

On dit que le cerveau vit encore sept minutes après l’arrêt du cœur. Jusqu’à trois, il s’en sort sans dommage. Jusqu’à cinq, il y a une chance de le récupérer, mais des risques de lésions irréparables. Après cinq, c’est le couché de rideau.

Amy de Lauro avait déjà été morte durant presque cinq minutes, après sa mésaventure du Met, le 9 Avril. Elle c’était réveillée à l’infirmerie, le soir même, entourée d’une sœur de cœur et d’un meilleur ami, sans lésions apparentes. Elle était morte par arrêt cardiaque, après une expérience bien étrange. Expérience qui c’était reproduite depuis, et qui l’avait de nouveau tué aujourd’hui. Si elle avait put, elle aurait repensée aux paroles de Kjerstin, son avocate et amie, aujourd’hui retournée en Norvège : « c’est la théorie de Darwin, s’adapter ou mourir. Un don comme le tient, la Photosynthèse, c’est très utile et te garantie une place dans l’évolution. Un don comme le mien n’est bon qu’à me faire tuer. Les mutations sont totalement aléatoires, il n’y a pas de raison que certaine ne tue pas leur hôte. ». C’était triste quant même ; Amy avait le don de la vie, elle pouvait vivre en paix et en harmonie avec le reste de la nature, n’ayant pas besoin qu’une autre créature meurt pour qu’elle-même survive. Mais d’un autre côté, elle avait joué avec l’évolution, elle avait forcé sa guérison, et maintenant, elle en payait le prix. La vie lui avait coûté la vie, c’était paradoxal.

Une minute.

Elle ne sentait plus rien, une ombre dans le néant. Elle ne pouvait savoir que de l’autre côté de ses paupières closes, une professeure, peut-être une future collègue et en tout cas une futur amie, tentant son possible pour la sauver, y mettant tout son cœur et ses pouvoirs. Enfin si, elle pouvait le savoir. Elle avait perdue conscience, mais la douleur l’accompagnait encore. La douleur était la plus fidèle amie qu’on pouvait avoir : toujours présente quant elle devait, jamais en retard, jamais absente. Pour, Amy était parvenu à faire taire les douleurs de sont corps, avec son pouvoir ; mais là, la douleur était cérébrale. C’était étrange quant on y pense : elle était morte, elle ne souffrait pas. Mais d’un autre côté, elle lutait pour la vie, et elle souffrait. C’était plus facile de mourir que de vivre. La mort ne demandait rien, la vie, elle, beaucoup trop. La mort, simple ; la vie, compliquée. Pourquoi les gens voulaient-ils une vie après la mort alors qu’il était tellement plus paisible de s’abandonner au néant ? Personne n’avait peur de la mort, en réalité : c’était comme la peur du noir. Rien de plus qu’une illusion, la peur était celle de l’inconnu.

Amy n’avait pas peur de l’inconnu, même si elle ne le savait pas. Elle n’avait pas peur de la mort, non-plus, même si encore une fois, elle ne le savait pas. De toute façon, cela n’avait aucune importance La seule chose vraiment importante, qu’elle ne savait pas non-plus, c’était cette douleur, la seule chose qui lui offrait une chance de retour, c’était cette sensation qu’on lui enfonçait un pieux de fer chauffé à blanc dans le crâne.

Deux minutes.

Cette douleur était celle d’un corps qui ne s’appartenait plus, mais elle n’aurait pas due être ressentie. Outre qu’Amy était morte, son cortex cérébral, s’il n’avait pas dit son dernier mot, n’aurait dû souffrir du contrôle synaptique que l’on exerçait sur elle. Mais c’était le cas. Car tant qu’il était coupé du reste, ses efforts étaient vains. Alors qu’il tentait de sauvegarder tout ce qui pouvait l’être, une partie du cerveau de la mutante continuait de lutter. Etrange, car cette partie n’était pas aussi développée chez les humains. Si elle avait été consciente, peut-être cette partie aurait ressentie de la culpabilité ; c’était de sa faute, après tout, s’ils en étaient arrivés là. Cette partie tentait tant bien que mal de rétablir le contact avec une autre partie de l’organisme dont elle faisait partie. Une partie vitale, et elle aussi inédite. Un nombre indénombrable de petites cellules ayant fait leur office attendaient son ordre pour réagir. Mais cet ordre était bloqué, malheureusement.

Trois minutes.

Et si… s’il y avait un autre moyen ? Que le Physique ? Si on pouvait communiquer avec ces cellules, autrement ? Le cerveau n’avait pas cette idée, mais tentait son possible pour explorer toutes les voies possibles et imaginables. Elles étaient vidées, mais le temps pressait. Si elles devaient se sacrifier pour que l’ensemble survive, alors elles devaient le faire. Leur logique n’était pas différente de celle de cette personne en qui elles étaient.

Quatre minutes.

Ces cellules, on avait sous-estimé leur importance depuis le début ; elles étaient l’origine, la base, et elles étaient la véritable mutation. Une colonie de fourmis travaillant pour le corps, transportant la biomasse pour le nourrir comme le guérir. Héroïnes anonymes d’un corps qui avait pour particularité de leur donner vie ; sauf qu’aujourd’hui, c’étaient à elle de réagir. Etaient-elles consciente ? S’eut été fort surprenant. Fort surprenant, mais impossible pour autant. Le corps restait bloqué, mais dans ses derniers espoirs, le cerveau tenta une voie qu’il n’avait pas crue possible. Il outrepassa ce corps qui le trahissait, et donna un ultime ordre.

Cinq minutes.

Partout, dans l’organisme d’Amy de Lauro, des cellules sanguines, qu’on avait jusqu’à lors considéré comme de simples transporteuses, démontrèrent qu’elles étaient tellement plus. Elles ne faisaient pas que transporter la biomasse, c’étaient elles qui l’utilisait pour combler les besoins du corps. Et aujourd’hui qu’elles étaient vidées, elles accomplissaient le sacrifice de leur existence pour pérenniser celle de leur organisme. Le tout était plus que la somme des parties.

C’était peut-être cela la grande leçon de la vie : notre passage ici ne signifiait que pour faire perdurer l’espèce. Mais lorsqu’on y réfléchissait, c’était tellement plus en réalité. On ne faisait pas perdurer l’espèce, on créait la vie. Et y avait-il quelque chose de plus beau ?

Peut-être avaient-elles conscience de leur sacrifice, peut-être pas ; la seule chose qui était sure, c’est qu’Amy, elle, ne l’aurait pas. Dans un corps mort à la limite de l’espoir, pour une âme au bord du gouffre, les Cellules de Sanguis agirent de concert : comme un seul être, elles transmirent leur plus précieux bien à celle qui leur avait donné, et elles disparurent, pour qu’une autre génération prenne leur place.

On dit que le cerveau vit encore sept minutes après l’arrêt du cœur. Jusqu’à trois, il s’en sort sans dommage. Jusqu’à cinq, il y a une chance de le récupérer, mais des risques de lésions irréparables. Après cinq, c’est le couché de rideau.

Pas pour Amy de Lauro ; pas pour Teresa Grigori. Non, ce n’était pas son heure. Pourquoi ? Ce n’était pas parce qu’il lui restait tant de choses à faire et à vivre, bonnes comme mauvaises. Non, c’était simplement parce qu’il en avait été décidé ainsi. Par Dieu ? Peut-être, mais surtout par un organisme si insignifiant qu’on ne lui avait accordé de valeur jusque là, et qui était malgré tout fidèle à son post, qui n’avait pas hésité à accomplir le dernier sacrifice.

Il n’y avait que les causes perdues qui méritaient qu’on les défende.

Le cœur reparti, aidé par la main étrangère responsable de son arrêt. Ce fut d’abord doucement, puis de plus en plus rapidement. Tout revenait à la vie, et une Nephilim ouvrit les yeux.

Amy avait mal… partout. C’était plus simple de résumer ainsi. Elle était affamée, elle tremblait, elle était en sueur, ses membres étaient engourdis et sa vision trouble. Toute pâle, elle avait un mal de crâne atroce, sa tête tournant complètement. Et cela s’empirerait lorsqu’elle serait relevée. Mais pour l’instant, elle essayait de comprendre, de percevoir son environnement. La voix de Xi’an résonnait, sanglotant des excuses. Pour quoi ? Que c’était-il passé ?

Il recommençait à pleuvoir, mais bien vite les goutent de pluie n’atteignirent plus l’italienne, Karma l’ayant protégé par un moyen qu’elle ne voyait pas. Elle voulait la rassurer, lui dire que tout allait bien se passer, mais Amy cherchait juste la force de lui répondre.

Elle commençait à se souvenir. La crise, la possession, la… mort.

Malgré les difficultés de vision qu’elle avait, Nephilim ne pouvait s’empêcher d’analyser les expressions faciales de la X-Woman, bien qu’elle ait bien plus de mal à cause de sa vue trouble. Tristesse, Peur, Joie, Gène ?

- Je… dis moi ce que je dois faire…

Nephilim avait du mal à respirer, mais se força à parler quant même.

- J…je…je suis…en hypoglycémie… avancée... Je… je… peux plus… bouger… Mon c… corps… est totalement vide… Il… il…me…merde… elle n’arrivait pas à s’exprimer, pourtant, il le fallait bien. Il me faut… me nourrir… pour remonter le taux de sucre dans le sang… p…plus de… biomasse… J… j’ai… perdu… mes pouvoirs… L’infirmerie… faut me… conduire… à l’infirmerie…

La dernière fois qu’elle c’était réveillée ainsi, il lui avait fallut plusieurs jours pour que ses pouvoirs recommencent à fonctionner, à cause de la disparition dans son sang des Cellules de Sanguis, qui transportaient la biomasse. Cela l’avait marqué car Wiccan avait fait un merveilleux cadeau en lui offrant le soleil, mais elle avait été incapable de l’absorber. Pourquoi les Sanguis avaient disparues, elle n’en savait rien, personne n’en savait rien ; cependant, les cellules étaient mortes avec elle, et il fallait à son corps pas mal de temps pour en reproduire.

- P…pour…pourquoi… vous demandez… pardon ? Ce… c’est… c’est à moi… de m’excuser… on… on fait pas pire… comme rencontre…

Amy essaya de sourire, ce n’était pas convainquant mais c’était son mieux en l’état. Elle ne pouvait pas bouger, et dès qu’elle serait redressée, elle serait prise de vertiges et de nausées pouvant se conclurent par des vomissements. Il y avait aussi une chance que ses tremblements se transforment en convulsions, et elle serait rapidement prise de somnolences, voir si l’état d’hypoglycémie s’aggravait, elle pourrait retourner dans le coma.

L’italienne avala difficilement sa salive, ne pouvant respirer que par la bouche, son nez étant obstrué par… du sang ? Oui, du sang séché, ou plutôt une croute d’une sorte de membrane protégeant la plaie ; encore une nouveauté, son corps protégeait des hémorragies maintenant ? En tout cas, c’était plus une gêne qu’autre chose, à l’heure actuelle.

- D…dites… comment va le poisson ?

On faisait difficilement remarque plus à la con, mais c’était comme cela : même pour la bestiole, Amy s’inquiétait. Elle savait pertinemment qu’elle ne changerait rien, mais en tout cas, elle espérait ne pas lui avoir fait du mal.

Ses yeux commençaient à se faire lourds, un nouveau symptôme se manifestant. Elle ne devait pas s’endormir, surtout pas s’endormir. Lorsqu’elle fut redressée, elle régurgita copieusement des liquides digestifs, n’ayant pas de nourriture à recracher.

- M…merde… désolé… Je…

Il ne servait à rien de gaspiller ses forces à parler, d’autant que ses paroles furent accompagnées par une nouvelle régurgitation.

Plus lâche qu’une poupée de chiffon, il était heureux qu’elle ne fit pas plus de 45kg, car elle ne pouvait véritablement pas bouger.

Le poisson allait très bien ; quel beau mensonge. Après un instant de surprise, la colère, envers lui surement, devint dominante, accompagnée de dégoût également. Même maintenant, Amy parvenait encore à voir les micro-expressions, même maintenant, elle parvenait encore à voir le mensonge… Sa vision était trouble à une certaine distance, mais dans celle relativement normale, elle percevait encore le mensonge… Cerveau à la con, tu peux pas te concentrer sur ce qui est vraiment important ?

Elle n’eut cependant pas le temps d’ouvrir la bouche ; ou plutôt, de prononcer la moindre syllabe, car elle lâcha une onomatopée des plus désagréable, surtout à cause de l’accompagnement. Nephilim détestait vomir, encore plus que la moyenne, car elle n’avait pas l’habitude d’avoir l’estomac plein. D’ailleurs, elle n’avait pas l’estomac plein, ce qui était peut-être encore plus désagréable d’ailleurs, et pas que pour elle.

- Tu disais , on peut pas faire pire comme rencontre ? Une agression de cétacé puis une expérience de mort imminente de mon élève sous un temps horrible, .... et un bonus de vomis dans le soutif.... en deux mois... non j'ai pas fait pire, c'est vrai . Mais t'es en vie , le reste je m'en fiche . Tu devrais arrêter de parler. Ça te fatigue et ....

Amy aurait rit si son corps d’avait pas régurgité de nouveau à ce moment là. Belle tentative d’humour cependant.

- De…désolé…

Erf, fallait qu’elle se taise. Elle ne revomit pas, mais c’était plus par vide qu’autre chose. Karma l’installa sur la banquette arrière, la couchant contre les sièges et la couvrant d’une couverture sortie d’on ne sait où, dont le contact fut très apprécié. Non pas qu’elle eut froid, mais la douceur comme la chaleur de l’objet étaient rassurante, bienvenues. Couchée sur le flan telle une poupée désarticulée, Amy ne tentait même pas de bouger. Inutile avant quelques temps. Non, ses efforts étaient concentré pour ne pas s’endormir ; ne pas vomir aussi, pour préserver le magnifique intérieur cuir de la voiture, même si sur ce dernier point, elle n’avait pas réellement de contrôle. La porte claqua, et la X-Woman fit le tour du véhicule pour reprendre le volant. Cela ne fut pas aisé, Amy imaginant parfaitement pour quoi.

Elle n’avait même pas la force de culpabiliser dans cette situation.

Karma voulut la rassurer après avoir démarré, mais l’italienne était déjà en train de partir. Elle était comme dans un état second, pas tout à fait dans les pommes, mais pas des plus conscientes non-plus. Les bruits lui parvenaient de loin, les images aussi, et même les odeurs, même si pour le coup, ce n’était pas forcément un désavantage. Se laissant balloter par les chaos de la route, Nephilim attendait que cela passe ; que pouvait-elle faire d’autre de toute façon ?

Elle ne savait pas pourquoi, mais la dernière fois qu’elle était morte ainsi, ses pouvoirs avaient arrêté de fonctionner pendant près d’une journée. Elle n’était pas humaine, simplement, la biomasse n’était plus acheminée là où elle en avait besoin. Probablement parce qu’il n’y avait plus de biomasse, ou de cellules pour les transporter. Mais elle n’était pas en état de faire des hypothèses.

La seule chose de différente par rapport à la dernière fois – hormis le vomi, qui rentrait parfaitement dans les symptômes d’Hypoglycémie – était ce mal de crâne. C’était également l’un des symptômes, mais il y avait quelque chose de différent. Elle avait été malade, comme tous le monde, avec de la fièvre et tout, bien qu’elle guérisse bien plus vite, ainsi elle savait reconnaitre des maux de tête (qu’elle avait aussi actuellement) à cette douleur plus localisée et puissante. C’était comme si on lui avait enfoncé du fer chauffé à blanc dans une partie du cerveau, une brûlure cérébrale. C’était très différent de la céphalée, et totalement nouveau. Comme si une partie de son cortex cérébral avait dû fonctionnée de manière forcée et non-naturelle.

Elle ne comprenait pas, et de toute façon, le monde comme ses pensées s’éloignaient de plus en plus. Ne pas s’endormir, ne pas s’endormir.

Peine perdue : Amy ferma les yeux…

Il y a des moments où la vie est très étrange, et la perte de conscience en fait partie. Pas totalement dans le néant, mais incapable d’être réellement présente. Le noir mais les sons, la pesanteur mais l’absence de sensations… c’était comme rêver, sauf qu’il n’y avait pas de rêve. Peut-être sa volonté était-elle suffisante pour ne pas sombrer totalement, elle n’aurait su le dire. En fait, la seule chose qu’elle aurait su, c’était que ses pensées avaient continuées ; oui, sinon comment aurait-elle put trouver cela étrange ?

Durant un temps qui lui sembla éternel et instantané, Amy resta à l’arrière de la voiture, ballottée sans pour autant ressentir le contact des sièges, parfois shootée à l’apaisement et la confiance sans rien y comprendre, elle attendait que cela passe, n’ayant pas d’autre alternative.

Caitlyn lui avait montré des sites « VDM » sur internet, enfin entre autre chose, et pour ceux-là, Nephilim pouvait sans doute postuler. Karma aussi, pour le coup : elle n’avait pas eut une vie facile, et première rencontre avec Amy, paf, attaque de dauphin et arrêt cardiaque. Dites-donc, si leur collaboration commençait comme cela, cela allait être épique les cours de langues.

Amy fut de nouveau soulevée, poupée de chiffon de quarante-cinq kilo, puis passa dans d’autres bras, ouvrant les yeux au son de la voix de Karma.

- L’infirmerie vite…

La tête de l’italienne se pencha vers elle, entrevoyant la douleur sur le visage de Karma.

- Xi… Xian…

C’était la première fois qu’elle tentait de l’appeler par son prénom, étant presque sure de mal le prononcer ; mais elle s’en moquait. Elle venait de voir la douleur, et elle se rappela le poids du poisson ; peut-être la X-Woman était-elle blessée. Quoi qu’il en fût, elle n’avait pas assez de force pour entreprendre quoi que ce soit.

- Mlle Cameron, raisonna la voix de celui qui la portait, la déposant sur l’un des lits de l’infirmerie.

Irina Cameron, jeune femme de 23 ans et ancienne élève de l’Institut, elle était revenu pour y servir d’infirmière depuis une année maintenant. C’était ici qu’elle avait apprise à maîtriser ses dons. Dons qui l’avait d’ailleurs conduise ici, qui lui avaient donné sa vocation : touché guérisseur et analyse tactile. Elle était née pour aider les autres. Alors elle le faisait ; c’était sa vocation. Son pouvoir était une bénédiction considérant l’endroit où elle était, et où les plus jeunes membres étaient très inventifs dans les manières de se blesser. Bien évidemment, quant on incluait le facteur mutant à toutes les aventures qu’ils tentaient cela faisait qu’ils se blessaient facilement.

Amy l’avait rencontré la première fois lorsqu’elle c’était réveillée, après le Met. L’infirmière accourue, prenant immédiatement son pouls ; et de part son don, les informations concernant son état.

- Hypoglycémie grave, encore. Elle a refait un arrêt cardiaque aussi ?

Regardant tour à tour Karma et l’autre personne qui l’avait aidé, Cameron envoya cette dernière dans les cuisines cherché de la nourriture, de préférence de la soupe ou équivalent : de quoi nourrir l’italienne malgré l’état dans lequel elle était. Un sucre l’aiderait à tenir, mais ne guérirait rien. Et il était inutile de lui perfuser des nutriments, elle était consciente.

Une fois l’autre parti, l’infirmière donna un sucre à sucer à sa première patiente, puis se retourna vers Karma. Amy ne comprit pas de qu’elle disait, mais était contente qu’Irina s’inquiéta également pour la X-Woman, qui devait avoir mal vu le visage qu’elle avait affiché.

Amy écouta la suite de la conversation silencieusement, n’ayant de toute façon rien à dire. Oui, ce n’était pas la première fois que cela lui arrivait, et non, ses analyses étaient parfaitement normales. Oui on lui avait demandé de voir Le Fauve, pour des tests plus poussés, et non, elle n’y était jamais aller. Ce n’était pas la première fois : il lui avait fallut un mois pour avouer qu’elle avait été prise dans l’Attaque de Mutant Town à un professeur, qui en avait averti le corps enseignant. Malgré des lacérations volontaires pour forcer ses pouvoirs à accélérer, l’italienne avait refusé tout suivit psychologique. Bref, un beau merdier qu’Amy n’avait pas tu sans raison, et qu’Irina venait de dévoiler à Karma pendant qu’elle l’examinait.