Il n’y a que les causes perdues qui méritent qu’on les défende, que les questions sans réponse qu’il est nécessaire de poser. [PV : Karma]

Faire le point, réfléchir à son avenir ; elle l’avait fait tant de fois, seule, mais l’aide de Mlle Frost avait été utile dans cette affaire ; sans compter qu’Amy allait non-seulement pouvoir rattraper son retard en psychologie avec elle, mais également poursuivre le cursus en interne à l’Institut.

Bon, annualisons cela rationnellement : Nephilim n’aurait plus droit à la voiture pour se rendre à New York. Donc, elle ne pourrait plus se rendre chez Feing pour poursuivre son apprentissage des arts-martiaux. C’était ennuyeux, si l’Institut n’avait pas prit le relais : outre les cours dispensés par Jubilee comme Mr Logan, qui lui permettrait de poursuivre sa progression même si elle s’écarterait de la voie du Xingu Luihe Quan, il y avait les entrainements en Salle des Dangers, et avec Caitlyn qui était plus que partante et Wiccan qui le serait surement, cela ne devrait pas poser de problème pour s’y inscrire. Puis comme elle finissait l’année scolaire (pour le peu de temps que cela signifiait !) à l’université, elle pourrait encore voir Feing au moins une semaine, et lui expliquer les raisons de l’interruption de son entrainement. Au pire, elle pourrait faire une demande de transport vers New York, ou essayer de faire ami-ami avec un téléporteur !

L’avantage de l’Institution Xavier, c’est que les ressources ne manquaient pas, dans tous les sens du terme.

Cependant, Emma l’avait conduite à réfléchir à la place qu’elle pourrait avoir dans l’Institut. Elle ne serait pas toujours étudiante, bien que son Master (et le visa qui allait avec) ne finissait que dans cinq ans. Si elle souhaitait rester à l’Institut après cela, elle devait envisager une place en son sein. Prématuré d’y penser ? Pas tant que cela en vérité : si l’italienne voulait se faire naturaliser, ou au moins avoir la double-nationalité, il lui faudrait déjà une situation stable pour faciliter le déroulement de la procédure. Pionne à l’Institut, cela sonnait moins bien que X-Woman, mais lui allait bien aussi. Elle n’était cependant pas théoriquement apte à travailler comme une adulte : elle avait la majorité en Italie, pas ici. Mais ce n’était pas vraiment gênant, puisqu’on pouvait transformer cela en job d’étudiant.

Toujours était-il que quitte à se préparer à ce rendre utile, elle allait le faire dès maintenant. Depuis le départ furtif de Ciera, qu’elle devait bien avouer avoir vécu comme une trahison de la part de sa protégée, Nephilim c’était concentrée dans ses études, du fait du retard accumulé dedans, et dans son entrainement. Sa vie sociale allait en s’améliorant, ayant un petit groupe de pairs certes restreint mais auxquels elle tenait beaucoup : Caitlyn, sa sœur de cœur, William, qui se rapprochait d’un meilleur ami ; c’était déjà plus que ce qu’elle avait eut toute sa vie. Il y avait aussi Samuele, leur Italie natale les ayant rapproché mais qu’elle n’avait pas assez côtoyé pour réellement devenir proche, puis le corps enseignant, chez qui elle avait beaucoup de contact : Jubilation Lee, prof de sport, Jonathan Silvercloud, de Math, Warren Worthington, d’Economie… tant de matières qu’elle ne suivait que pour être avec eux, et agrandir sa culture générale et physique. Elle devait également penser à revoir Morgan, bien qu’il se soit présenté moins comme un professeur que comme un camarade, et que leur mésaventure au Met lui ait donné une position ambigüe de protecteur et d’ami.

Et l’italienne avait bien l’intention de l’agrandir encore, c’était d’ailleurs pour cela qu’elle était ici. Si on l’avait bien aiguillé, ce qui était le cas, elle s’en allait rencontrer Mlle Coy Manh, professeur de langue et dirigiste d’un groupe d’élèves turbulents dont sans surprise, Caolán faisait partie. Amy la plaignait, mais n’avait pas forcément envie de partager son fardeau. Enfin, se fardeau là. Karma, car tel était son alias, était la professeure de langues, en plus de lettres, donc Amy avait un double intérêt à la rencontre : les Lettres, elle aurait bien aimé suivre les cours, pour voir, tandis que les langues, c’était y participer. Bien consciente de ne pas avoir le niveau pour enseigner, peut-être Nephilim pourrait-elle assister Karma dans ses cours de français : l’italienne était trilingue, et s’il fallait commencer à essayer de se faire une place par le corps enseignants, elle pourrait commencer par mettre à profit ses compétences. Une fois son Master obtenu, elle demanderait sa place en tant que psychologue à l’Institut, mais avant, surveillante et assistante de français, c’était un bon début, non ? En plus elle le faisait bénévolement ; quoi de plus normal, vu que l’Institution ne demandait rien à ses élèves, et les nourrissait, les éduquaient, les blanchissait…

La jeune femme au trait juvénile, toujours vêtu de la même tenue avec laquelle elle avait rencontrée la professeure de psychologie, à savoir un t-shirt sombre, un jean et une veste verdâtre, les cheveux bruns réunis en deux tresses et une queue de cheval, marchait rapidement pour rejoindre la salle de classe dans laquelle Karma devait officier, à cette heure.

Elle avait rapidement réexpédié son bulletin de l’université dans sa chambre, et ne venait pas pour intervenir au prochain cours, mais demander si l’année suivante, en fonction de ses propres disponibilités, elle pourrait aider.

Arrivée devant la classe, elle attendit patiemment que la cloche sonne et libère ses camarades, espérant intercepter la professeure à sa sortie.

Aller, courage.

Ses camarades de l’Institution ne tardèrent pas à défiler, certains grommelant contre un travail personnel, d’autres simplement contents de sortir, bref, une classe plus qu’ordinaire. Amy le regarda passer, se disperser, n’ayant probablement plus cours de la journée étant donné l’heure avancée qu’il était. Déjà ?

Nephilim n’avait jamais eut la notion du temps, étant donné les quatre heures mensuelles qu’elle passait en photosynthèse, c’était plutôt positif, sinon elle se serait vite ennuyée ; elle se levait et se couchait avec le soleil, déprimait les jours de pluie et vivant plus ou moins hors du temps, consciente de son vieillissement ralentit, quant elle n’avait pas l’impératif des cours ou d’un quelconque rendez-vous. Cependant, elle ne pensait pas avoir passé autant de temps à discuter avec Emma Frost.

Bah, tant pis, une journée de plus en moins, elle avait tout le temps qu’il lui fallait.

Amy ne savait pas vraiment comment présenter son affaire, et pour tout dire, cela la stressait. Plus que d’aller en Salle des Dangers ou a un examen ; c’était plutôt bête. Mais c’était ainsi. Elle s’était endurcie de force très rapidement, mais n’avait pas réellement vaincue la timidité ; malgré tous les efforts de Cait’ pour l’éradiquer.

L’italienne n’eut pas bien le temps de se perdre dans ses pensées que la professeure la remarqua, immobile devant l’entrée.

Karma était une personne petite et fine, encore plus que Nephilim ! Il y a quelques temps, elles auraient à peu près fait la même taille, mais du fait de la puberté plus longue de l’italienne, ce n’était plus le cas. Amy avait été toute fière lorsqu’elle avait dépassé le mètre 60, surtout parce qu’elle dépassait Jubilee ! Après, toute les X-Women étaient petites en taille, on dirait… Bref, Mlle Coy Manh était vêtue d’une tenue assez stricte, qui n’arrangeait pas vraiment l’italienne en jean : tailleur, jupe et corset noir, chemisier blanc, lunettes noires, même sur un mètre et demi c’était plutôt intimidant.

Amy déglutit lorsqu’elle fut invitée à entrer, mais ne se fit pas prier. La professeure avait un sourire amical, que l’élève tenta de lui rendre tant bien que mal, malgré la timidité dont elle transpirait.

- Vous êtes mademoiselle… Coy Manh, c’est cela ? demanda-t-elle après quelques pas, non sans une hésitation. Je m’appelle Amy… Amy de Lauro… alias Nephilim.

Trop d’hésitations et de précisions traduisant la délicatesse qu’elle donnait à cette rencontre pourtant des plus anodines. La simple évocation de son pseudonyme ou de son nom aurait suffit à faire savoir qui elle était. Sans être aussi connue que les X-Men, la plupart du corps enseignant de l’Institut devait avoir entendu parler d’elle ; pas parce qu’elle était turbulente ou quoi, simplement qu’elle avait un don pour attirer les ennuis. D’abord Mutant Town en janvier, puis l’attaque du Met en Mai, c’était déjà plus que suffisent pour s’être fait remarquer. Rajouter à cela l’histoire plus banale de modification de certificat de scolarité pour suivre le cursus de psychologie en externe, ainsi que son étrange facteur guérisseur qui, outre être moins puissant que la moyenne, requérait de la biomasse pour fonctionner, et une bonne partie des professeurs n’ayant pas eut son dossier entre les mains devait tout de même connaitre au moins le nom de l’orpheline.

Malgré cela, cette quasi-certitude, l’italienne jugea utile de faire les présentations, une fois arrivée devant le bureau.

Trop rigide pour être à l’aise, elle parla après une grande inspiration. Sans la connaitre, on aurait put croire qu’elle venait confesser une bêtise.

- Je suis italienne et je suis à l’Institution Xavier depuis décembre dernier, pour un Master 2 de Psychologie. Le professeur Xavier n’ayant le temps d’enseigner la matière, j’ai du suivre des cours en externe pour tenter de rattraper mon retard, puisque je suis déjà arrivée en milieu d’année, et… c’est pas pour cela que je suis là, elle se frotta l’arrière de la tête, pinçant les lèvres et regardant ses pieds ; mélange de gène et de honte. Sa partait bien. Bref, j’ai suivit un cursus linguistique dans mon pays et je suis trilingue anglais/italien/français. Depuis quelques mésaventures, j’ai décidé que je voudrais rester ici, après mes études. Pour facilité l’obtention des papiers, c’est bien d’avoir déjà une situation et tout, donc j’aurai voulut savoir si vous accepteriez une assistante pour les cours de français. Bénévole, évidement, Amy tenta de sourire, même si le résulta ne fut guère plus concluant que précédemment. S’est par pour tout de suivre, car là je vais pas tarder à passer mes examens de fin d’année, et faudra probablement que j’aille au rattrapage, mais comme l’année prochaine je reprends la L2 en interne, grâce à Mlle Frost, je pourrais peut-être donner un coup de main. Qu’en dites-vous ?

Karma répondit par l’affirmative à la première question de l’italienne, puis précisa qu’elle pouvait l’appeler pas son surnom ; c’était bien plus simple, parce qu’àprès l’avoir vu orthographié, Amy ne se sentait pas capable de prononcé le prénom de la X-Woman à haute voix.

Nephilim regardait par intermittence le visage de son interlocutrice, non-seulement pour respecter un minimum la politesse qui voulait qu’on regarde quelqu’un quant il y a conversation, mais également parce qu’elle voyait bien plus de choses sur un visage que la plupart des gens. Les micro-expressions, l’une des deux principales raisons pour laquelle elle s’était destinée à la psychologie. Lire sur les visages, une chose qu’une infime partie de la population savait faire. Un don, pas dans le sens de pouvoir mutant, mais de son point de vue, un don quant même.

Amy était capable d’identifier les expressions faciales qui duraient moins d’un vingt-cinquième de seconde, appelées micro-expression, qui certes trahissaient les émotions primaires, mais renseignaient beaucoup sur ce que les autres pensaient, ou plutôt ressentaient, en temps réel.

L’italienne n’eut donc aucun mal à voir la bienveillante tendresse qu’avait Karma fasse à sa propre timidité, ce qui la rassurait un peu.

Quant la professeure reprit la parole, elle lui montra la sortie, ce qui déclencha un instant de doute chez l’italienne. La proposition qui suivie balaya toute trace d’incertitude et Amy accepta d’un hochement de tête. Elle devait s’avouer curieuse à l’idée que Karma ait mieux à proposer.

Prenant une position au côté de la professeure ainsi qu’à son niveau, Nephilim la suivit jusqu’au réfectoire ; l’un des lieux qu’elle n’avait pas visité souvent non-plus, rétrospectivement. Elle allait chercher de l’eau à la cuisine, mais il y avait toujours quelques pichets de disposé dans ce qui fut la salle à manger de la demeure.

Karma se prépara un thé, Amy prenant juste un verre d’eau qu’elle but d’un trait, avant de le remplir à nouveau. Certes, elle mangeait quasiment jamais, ma par contre elle buvait tout le temps ; les joies de la photosynthèse.

La X-Woman commença sa proposition par lui avouer, chose inutile, qu’elle faisait parti des X-Men. Elle avait effectivement besoin d’une assistante en cas de départ précipité. Ouais, euh, Amy se voyait mal seule face à une classe entière, mais quant fallait sauver le monde, à défaut d’y aller, elle pouvait jouer les caméo en coulisse.

La peur qu’elle n’assure pas face à des élèves perturbateurs était parfaitement partagée, encore que malgré son apparence, Amy pouvait causer du dégât en combat à mains nues.

En résumé, la proposition était d’aider Karma avec les classes des plus jeunes, ceux qui venaient de découvrir leurs pouvoirs. Amy ne put s’empêcher d’avoir une expression légèrement effrayée à l’idée de jouer les grandes sœurs ; elle-même en avait trouvé une récemment, en la personne de Caitlyn Elioth, mais elle ne savait pas si elle était prête à jouer se rôle. S’attacher à toutes les personnes qu’elle voyait, c’était le risque de souffrir de leur départ, comme cela avait été le cas pour Ciera.

Mais ce qui la choqua vraiment, ce fut quant il fut question « d’enfants qui parent à l’ennemi » ; c’était qui l’ennemi ? La Confrérie ? Le monde extérieur ? Il ne s’agissait pas de contrôler ou de museler les élèves, mais de les aider !

Comment pouvait-on tenir pareil discourt ?

Amy eut un instant de dégoût, très vite remplacé par de la surprise lorsqu’une expression de tristesse passa sur le visage de Karma ; intérieur des sourcils remonté, paupières supérieures retombées, regard perdu dans le vague, commissures des lèvres tendues vers le bas, tristesse, a n’en pas douter.

Maintenant, il fallait savoir pourquoi. Pour ses paroles ? L’histoire d’ennemis, cela la touchait de part son expérience personnelle ? Tant de question auxquelles Nephilim ne pourrait pas répondre pour l’instant.

- Il… il n’est pas question d’échange de service ou de salaire, je veux simplement rendre service. Ma moyenne, je l’aurai difficilement principalement parce que j’ai quelques soucis personnels, et que je suis arrivée en milieu d’année ; donc pas de souci, puis Mlle Frost va déjà m’aider en psychologie. Pour monsieur Xavier, j’aurai aimé que ma première rencontre avec lui ne soit pas pour une question de salaire, surtout que l’Institut m’a déjà tant donné. Je veux bien vous aider comme je pourrais avec les primaires, mais si je puis me permettre, la seule chose que j’aimerai c’est que vous ne les endoctriniez pas. Il n’y a pas d’ennemis en ce bas monde. Il n’y a pas que des gens bien, j’en ai suffisamment fait les frais pour le savoir, mais ils ne sont pas nos ennemis. Ce mot a une telle connotation de violence et de haine mutuelle, c’en est triste de l’entendre. Notre but n’est pas d’entrainer des gens à faire face à des ennemis, mais simplement de les préparer à faire face au monde. Qu’ils le réintègrent instruits et capables de maîtriser leurs pouvoirs, pour s’y intégrer. Pas pour l’affronter.

Entendre se simple mot dans la bouche de la professeure avait emplie Amy de doutes à nouveau. Elle ne savait pas vraiment quoi dire, assez choquée par l’optique de Karma : seuls ceux qui choisissaient étaient entrainés, l’Institut n’avait pas pour objectif de former des mutants à combattre. C’était une école, pas une caserne.

Peut-être les mots de Karma avaient-ils dépassé sa pensée, mais Amy avait étudié les lapsus, et elle devait reconnaitre avoir assez peur face au concept de centre d’entrainement, et aussi avoir pitié : comment vivre en paix si l’on cherche la guerre ?

Amy, déjà penaude à ses propres paroles, le fut encore plus face à la réaction de la professeure ; l’italienne prit automatiquement l’attitude soumise d’une personne à qui l’on faisait la morale. Tête baissée, regard fuyant, posant son verre pour ramener les mains le long de son corps, elle écouta simplement.

Peut-être que le mot endoctrinement était également au-delà de sa propre pensée, mais elle avait déjà conclue là-dessus et avait révélé une de ses peurs, du fait de son idéalisation de l’Institut et des X-Men. Ils avaient leurs propres défauts et leurs propres points de vu, et si tous n’étaient pas aussi nobles que celui de Paladin ou d’Angel, c’était ainsi.

Malgré ce que l’on pouvait croire, le dégout n’était pas une émotion si négative que cela ; bien moins que le mépris, en tout cas. Amy avait eut du dégout, non-pas envers la personne, mais le discours, car ce dernier faisait intervenir des éléments qui la dégoutaient ; c’était plus une conséquence de son Surmoi, l’instance de censure de sa conscience, qu’une vraie dépréciation de Karma. Malgré ce qu’elle avait vécu, Nephilim avait toujours voulut refouler la haine et la notion d’ennemi, qu’il s’agisse des Purificateurs ou des Cyborg, ou plus généralement des Anti-mutants et des Pro-mutants extrémistes, car avec pareille marque dans son esprit, elle était persuadée de ne pouvoir trouver la paix. Il ne s’agissait nullement d’être supérieur à eux par ce biais – sans quoi, s’eut été le mépris – mais d’être différent d’eux. En l’occurrence, elle s’en serait encore plus voulut d’avoir méprisée Karma pour ses idées que d’en avoir été dégoutée, puisque cette dernière émotion était plus un reflexe de défense dans le cas présent. Mais débattre là-dessus était inutile, car comme la X-Woman s’acharnait sans faire intervenir d’agressivité, l’italienne était en tord.

Oui, elle n’était là que depuis six mois, enfin, sept, mais cela avait suffit à ce qu’elle manque de se faire tuer plusieurs fois, à faire dégénérer sa mutation en autre chose et à lui faire comprendre que si elle ne serait jamais assez forte pour vaincre le monde, elle devait au moins l’affronter jusqu’au bout. Comme l’avait dit Isabelle Sorente : « Il n’y a que les causes perdues qui méritent qu’on les défende, que les questions sans réponse qu’il est nécessaire de poser. »

- Une vision naïve de la réalité ? Peut-être, mais j’étais à Mutant Town durant l’attaque ; j’ai vu les flammes, le sang, la douleur et la haine, et si je ne crois pas qu’un jour cela disparaisse, j’espère pouvoir contribuer à empêcher que cela se reproduise. J’étais au Met ; je me suis battu pour mes convictions, j’ai même défiguré un homme pour cela, et j’en éprouve des remords, j’en cauchemarde. J’ai vu le mal que cela causait à Paladin le simple fait qu’il eut dû tuer l’un de nos adversaires ; non-pas parce qu’il avait tué un ennemi, mais parce qu’il avait tué une personne, le regarde perdu dans le vague, l’italienne parlait, simplement. La tristesse des souvenirs et de celle de savoir qu’on était condamné à lutter vainement pour tenter de changer les choses inhibait la peur et le malaise qu’elle pouvait ressentir face à Karma. Une personne mauvaise, mais une personne quant même. La Confrérie… c’est eux nos ennemis ? Je suis désolé de ce qui est arrivé à votre famille, et j’ai bien conscience que la perte est plus douloureuse que l’absence, cependant, est-ce rendre justice à leur mémoire que de haïr les autres ? Les tueriez-vous si vous en aviez l’occasion ? Amy releva les yeux, effrayée de la réponse que pourrait lui fournir Karma, ou bien son visage.

L’une des règles des X-Men était « les X-Men ne tuent pas » ; mais c’était hélas la plus transgressée. Il y en avait qui le faisait sciemment, en tout cas c’était ce qu’en rapportait la réputation de Wolverine et se qui expliquait qu’Amy eut peur de lui et de le rencontrer, et d’autres qui y étaient obligés, comme Paladin, et qui s’en voulaient par la suite.

- Vous avez raison, je ne suis ici que depuis le début de l’année ; avant j’étais en orphelinat. Je n’avais jamais eut ni ami, ni famille, avant l’Institut. Mais malgré la construction différente que cette absence de repères a engendrée dans ma psyché, je pense avoir une capacité à aimer. Je sais avoir une capacité à aimer. J’ai gagné à l’Institut des choses qui font que ce que j’ai enduré a un sens, des choses qui font que ce n’était qu’un prix à payer. Je n’ose imaginer les épreuves qui vous ont conduite là où vous êtes, mais honnêtement, vous me faites peur. Je vois votre colère, sur votre visage, ainsi que la pointe de dégout et peut-être même du mépris également. Je ne remets pas en cause votre personne ou vos compétences, mais pour moi, protéger ceux qu’on aime s’applique également à les protéger de cette violence que l’on peut avoir, en nous. Je me suis probablement trop avancée, mais le simple mot « ennemi »… tant de connotations de haine et de violence, je n’aurai pensé l’entendre dans votre bouche, ou dans celle d’un membre de l’Institut. Le monde n’est pas un terrain de jeu, des gens meurent, tous les jours, à chaque instant, j’en suis consciente. Avant Mutant Town, cela n’était qu’une banale constatation, mais j’ai comprit ce que cela signifiait cette nuit-là. Le monde est à la croisée des chemins, car il est temps de savoir si ce siècle sera celui de la répétition des erreurs du précédent ou d’une avancée vers un idéal. C’est cet idéal que je veux défendre, cet idéal qui me permet d’avancer. Il s’agit non-seulement d’un rêve, mais d’un objectif aussi. Qu’un jour, on vive en paix. Cet idéal que prône et défend l’Institut, et en lequel vous croyez aussi, je pense.

Amy avait parlé avec le cœur, sans savoir si elle avait raison ou tord ; elle s’en fichait, même. C’était plus proche d’une confession que d’une réelle argumentation.

- J’ai vu mon innocence brûlée dans le charnier du Mutant Town à travers les yeux d’un mourant, et ce qui me fait peur, c’est qu’on ne laisse pas le choix à autrui de garder ou non cette innocence.

La professeure reprit son discours, et l’italienne l’écouta à nouveau sans mot dire. Elle ne put s’empêcher d’avoir un bref sourire face à la conclusion de Karma, car même si cette phrase ne lui était pas vraiment destinée, elle était sincère, et de fait, rassurante. C’était les épreuves qu’elle avait subies qui avaient conduite la X-Woman à haïr le monde. Pas une haine avouée et assumée, mais inconscience : Ennemi, Instinct…

- Je donnerai ma vie pour ces mômes...

- Je sais que vous dites la vérité, madame. Votre attachement à vos élèves va plus loin que ce que je ne peux comprendre, faute de l’avoir déjà ressenti. Mais je pense que cela vous conduit à être protectrice avec eux, et que par conséquent, la vision du monde que vous m’avez montrée, fut-elle juste ou fausse, n’est pas celle que vous leur inculquer. J’avais peur que ce soit pareils discours, comme celui que vous m’avez tenue précédemment, que vous leur donniez. Maintenant, je pense que vous vous acharnez plus à cultiver leurs espoirs que vous ne l’avez fait à détruire les miens. Je ne veux pas vous juger, madame, car c’est là le domaine de Dieu, mais ce qui me déplairait encore plus serait de vous gêner. J’ai passé la majeure partie de ma vie seule, cela ne s’est brisé que récemment, et le seul intérêt que je pourrais avoir est, comme vous l’avez dit, sur une table de dissection. Le professeur Xavier, il n’a pas trouvé le temps de m’enseigner ou même de me rencontrer, alors quelle gêne serais-je s’il devait mener avec moi un débat philosophique sur le monde. Comme nombre d’orphelin, ma plus grande peur c’est d’être seule, et je crains également décevoir les autres. S’il y a la moindre chance que je sois pour vous plus une gêne qu’une aide, je préfère éviter. Vous avez trop de soucis pour que je vous en rajoute un au lieu de vous délester. Vous donnez visiblement plus de chose que j’en ai à offrir, et je crains vous décevoir plus encore. Je suis… désolée ; désolée de vous avoir fait perdre votre temps.

Amy se pinça les lèvres, un mélange de colère et de tristesse sur le visage ; elle avait honte d’elle-même. Faire face à des Cyborg lui semblait tellement plus facile que de faire face à Karma ; elle ne les voyait pas plus comme des ennemis que la professeure, mais eux au moins, elle n’avait aucune chance de les décevoir ; ils n’attendaient rien d’elle. En un sens, il était plus facile de gérer la malveillance que la bienveillance.

Triste constat.

Amy ne comprit pas de suite ce qui se passait. Elle avait toujours le regard fuyant, car même lorsqu’elle baissait les yeux, c’était un réflexe d’épier les visages, histoire de voir ce qui se passait au niveau émotionnel. Et là, c’était assez confus. Karma pensait visiblement à des choses en quoi elle avait placé de l’espoir, et il y avait un mélange de tristesse et de joie ; voir n’était pas comprendre, comme il avait été dit plus haut, et là l’italienne devait s’avouer assez perdue. Elle attendit donc le verdict.

La X-Woman recommença à parler, blâmant ceux qui avaient vu ou vécu Mutant Town. Amy fut triste, jusqu’à lors, elle avait cru qu’il n’y avait qu’elle et Warren qui, de l’Institut, avaient été impliqué dans le massacre. Ce n’était pas le cas ? Elle n'avait entendu parler de personne d’autre pourtant. La seule chose qui permettait à Karma d’aller jusqu’au bout dans son raisonnement c’était que lorsqu’elle prenait une vie, elle en sauvait beaucoup d’autres ; Amy pouvait la comprendre, mais n'espérait jamais avoir à devenir ainsi. En tout cas, elles avaient la même logique de sacrifice, et c’était rassurant. Enfin, non, mais cela faisait un point commun : plutôt elles que leurs proches.

Karma la regarda, puis lui sourit ; sourire auquel Nephilim répondit par réflexe. La situation était visiblement en train de s’améliorer, et la joie d’Amy était bien réelle à se constat. Par la suite, la professeure commença à leur chercher des points communs, preuve qu’elle tentait un rapprochement. Trouver des ressemblances entre les personnes était généralement le moyen le plus simple de s’attirer leur sympathie, ce que Freud expliquait comme du narcissisme : on aime ce qui nous ressemble. C’était peut-être vrai, mais cela n’enlevait rien à l’intention première, selon Amy.

On avait reproché à Mlle Coy Manh de penser avec son cœur ? Bah elle, Jubilee lui avait dit de faire comme cela. Après, à l’époque, l’italienne visait pas forcément rejoindre l’équipe, donc cela changeait peut-être la donne. Mais si Karma avait cédée à pareille exigence, Amy n’était pas sure d’en être capable. Certes, elle avait tendance à tout rationnaliser, comme elle l’avait fait plus haut pour le narcissisme, mais elle parvenait à contrebalancer, maintenant qu’elle avait une vie affective plus concrète.

- Je… je suis d’accord avec vous… simplement… simplement, je n’en serais pas capable, dit-elle alors que la professeure attrapait un croissant qui n’avait d’ailleurs pas grand-chose à faire là. Tuer quelqu’un pour sauver encore plus de monde… Cela revient quant même à tuer quelqu’un. Je suis prête à me sacrifier, pas à sacrifier quelqu’un d’autre. On m’a dit un jour que mes pouvoirs personnifiaient la vie, puisque je suis autotrophe, et que par conséquent je n’ai besoin qu’aucune créature ne meurt pour que je survive. J’ai toujours suivit cette ligne de conduite, même si je suis pas végétarienne – en faite, je ne mange pas souvent, seulement quant il fait trop pourrit pour faire ma photosynthèse, sachant que mes réserves me permettent de tenir allégrement deux semaines. Vivre et aider à vivre. Depuis Mutant Town, j’ai conscience que la passivité ne sert à rien, mais je suis toujours incapable de tuer. Je n’étais même pas dans mon état normal lorsque j’ai défiguré le Cyborg.

Karma reprit la parole, la déclaration d’Amy n’appelant pas de réponse.

Nephilim sourit à la suite du discours. Là encore, Freud aurait probablement été casse-noix quant à la signification inconsciente du truc, mais se faire entendre dire qu’un était à sa place dans un lieu par une personne avec qui, il fallait bien l’admettre, on était partit du mauvais pied, c’était agréable. L’italienne écouta la professeure avec des étoiles dans les yeux. Elle reposa même les mains autour de son verre d’eau.

- Je… je suis désolée que vous ayez vécu l’épilogue d’une guerre. De ce qu’on m’a dit, ce n’étaient pas les combats les plus dures, mais l’après. Je pense que c’est vrai, puisque c’est après Mutant Town que j’ai vraiment eut mal, pas pendant. Je suis triste que d’autres élèves de l’Institut aient vécus cette tragédie, Warren et moi pensions être les seuls. Sinon, je vous suis reconnaissante de me donner une chance, et j’essaierai de m’investir un maximum, malgré les examens qui approchent, j’essaierai de venir demain et dans les jours qui viennent. Par contre, une chose que je ne comprends pas : comment ont-ils fait pour développer leurs pouvoirs aussi précocement ? De ce qu’on m’a dit, les mutations ne s’activent qu’à la puberté, bien qu’on sait pas trop quant et comment la mienne a commencée car j’ai une puberté bien plus longue que les humains – j’y suis encore, alors que mes membranes sont apparues à mes onze-ans – alors comment des jeunes enfants peuvent-ils déjà les posséder ? Certains les ont de naissance, mais on m’a parlé d’un cas sur des millions. Après, je comprends qu’il faille du fait être encore plus vigilante. Concernant les jeunes de mon âge, je pense qu’ils sont suffisamment matures à la vingtaine pour ne plus ennuyer le corps enseignant. Une autre de mes capacités, je vieillis moins vite, c’est lié à la puberté prolongée d’ailleurs. Je sais pas quel âge j’ai, mais officiellement, c’est 18. Après, selon l’évolution de ma mutation, car elle est en évolution permanente, je guéris presque deux fois plus vite qu’un humain en tant normal, je vieillis presque une fois et demi plus lentement, tout ça grâce à la biomasse produite par ma photosynthèse qui me permet en plus d’être autotrophe. Avant j’avais aussi la capacité d’accélérer ma guérison, mais elle déraille depuis le Met. Si c’est pas indiscret, c’est quoi vos pouvoirs ? Perso, le un grand pour implique de grandes responsabilités, je l’ai toujours vu d’un peu loin.

Essayer d’enchaîner avec humour et légèreté maintenant que l’affaire était plus ou moins conclue, pour pouvoir faire plus à même connaissance.

Amy écouta attentivement Karma, ayant de la peine rien qu’à penser que des enfants eussent put être rejetés par leurs parents à cause de leur mutation ; cette hypothèse, pour son propre cas, avait été éliminée par Forge : pas de possibilité de détecter une mutation latente. Mais c’était quant même triste de se dire que cela était arrivé à d’autre, et Amy pouvait parfaitement comprendre le sentiment de rejet, pas uniquement par empathie.

Nephilim était d’accord avec la conclusion de sa professeure : les hommes étaient capables du meilleur comme du pire ; et par hommes, l’italienne entendait non-seulement les êtres humains, mais les mutants aussi. Elle n’avait jamais vraiment prit la peine de séparer les deux, parce que c’étaient de tels raisonnement qui poussaient au rejet.

Deux personnes intervinrent, passant près d’elles, dont l’une portait l’uniforme des X-Men et vint saluer Karma. Amy ne le connaissait pas, même si cela n’allait pas durer. Elle était curieuse, mine de rien.

De retour au sujet principal, l’italienne reprit son écoute. Elle avait déjà entendu parler de Télékinésiste capables de soulever des buildings ou de Télépathes perdant le contrôle tant les pensées qu’ils entendaient les perturbaient, mais par contre, des schizophrènes avec multi-pouvoir, c’était inédit. Inédit et très effrayant. Les Pyrokinésiste étaient généralement mal vus, ce qui était dommage, car leur don, au-delà de l’aspect destructeur, était particulièrement beau ; par contre, là où elle bloqua, ce fut sur l’absorption de vie.

Pourquoi cela lui disait quelque chose ? Le Transfert d’Energie Vitale, elle n’en avait jamais vraiment entendu parler, mais… il y avait comme une sensation de déjà vu. Comme si elle avait déjà entendu parler de ce pouvoir auparavant…

Amy bloqua complètement jusqu’à ce que la X-Woman s’interrompe ; elle sembla quelques instants dans un état second, comme absente de la réalité, perdue dans ses pensées, alors que son visage se décomposait.

Pourquoi cette impression de déjà vu ?

Elle cligna des yeux lorsqu’elle entendit Karma la complimenter ; beaucoup de gens trouvaient son pouvoir magnifique, et Amy ne l’aurait échangé contre aucun autre. Elle avait des périodes où son absence d’efficacité au combat la désolait plus que tout, mais une fois les yeux rivés sur le soleil, elle était heureuse, simplement.

Par contre, le pouvoir de Karma la fit pas mal flipper : elle contrôlait les matières vivantes. A ouais ! Ça c’était du lourd.

Par contre, elle ne faisait pas le lien avec le bouclier télépathique… bof, Emma Frost avait bien télépathie et transformation en diamant, donc les liens… fallait pas chercher, des fois.

Mais le plus effrayant, c’est quant la professeure parla de son expérience personnelle : euh, possédée par des entités… comme anges et démons ?

Amy eut de l’empathie pour l’enlèvement de la fratrie, sachant déjà comment cela se terminait.

- Malgré une histoire sculptée dans le malheur, vous dédiez votre vie au bonheur d’autrui ; vous avez accomplit le plus grand sacrifice de soi que je peux imaginer. Je vous admire pour cela. Peu de gens en sont capables. Je ne sais pas si moi-même pourrait le faire. Votre expérience, j’arrive encore moins à l’imaginer : des Entités ? On parle bien de trucs surnaturels là, style Démons, Djinns et autres Nephilim ?

L’italienne était mi abasourdie mi effrayée, et avait lancé les trois pires créatures des mythologies abrahamiques : les Démons chrétiens, les Djinns musulmans et les Nephilim juifs.

Elle n’avait pas forcément fait le rapprochement avec son propre pseudonyme sur le coup, mais elle le fit rapidement et se prépara à s’expliquer à ce sujet. Elle n’aimait pas le faire, mais cela lui apprendrait à ne pas réfléchir avant de parler.

Puis la première question, c’était elle qui l’avait posé : première arrivée, première servie ; enfin, c’est ce qu’elle espérait.

Karma n’eut pas la réaction attendue ; généralement, les gens flattés, à tord ou à raison d’ailleurs, éprouvait de la joie ou l’un de ses dérivés comme de la fierté lorsqu’ils se savaient admirés par d’autres. Elle, non, elle était triste, et même un peu dégoutée.

Amy ne comprit pas bien ; elle savait que la X-Woman avait accomplit et vécut pas mal de choses atroces, mais ce n’était pas cela qu’elle admirait chez elle. Cela lui faisait peur. Non, ce que Nephilim trouvait admirable, c’est que malgré tout ce qu’elle avait vécu, Karma accomplisse et continue d’accomplir un grand sacrifice d’elle-même.

- Je ne devrais peut-être pas, mais je le fais quant même. Une partie de vous me faire peur, alors laissez-moi en admirer l’autre. De doute façon, si c’est pas conscient, il y aurait ambivalence des sentiments et…

Valait mieux qu’elle se taise. Vu la tristesse de Karma, valait mieux qu’elle se taise. Ranger l’humour au placard, et écouter. Sagement. Sa devait pas être donné tous les jours à la professeure de s’inquiéter pour elle et de parler d’elle.

Son expérience était le fruit d’une magistrale poisse ? Karma, face à la cruauté de son destin, lui en voulait à lui. Faire des reproches au destin était un moyen d’évitement courant, et pour elle, il devait même être précieux.

Que dire ? Amy croyait autant en Dieu qu’en un plan divin, et même si elle mettait de côtés ses croyances personnelles, ce qu’il était nécessaire de faire lorsqu’on analysait quelqu’un, que pouvait-elle bien lui dire ? Qu’il n’y avait pas de destin ?

Non, là où elle pouvait et elle devait répliquer, c’était sur le « on s’y fait, ça devient une habitude ». Zut, elle n’allait pas laisser une personne donnant tout pour les autres souffrir seule dans son coin ?

Bon, certes, elle avait le même réflexe, en général, quant elle avait des problèmes. Mais maintenant qu’il y avait Caitlyn pour enfoncer les portes ouvertes quant ça allait mal (ou quant ça allait bien aussi, mais ça c’était une autre histoire), elle comprenait la valeur d’une telle chose. Se confier, et se sentir soutenu, sa n‘avait pas de prix.

Amy était restée assise le temps que Karma face l’aller-retour pour se prendre un jus d’orange en cuisine, elle-même ayant toujours entre les pattes son verre à moitié plein. Oui à moitié plein !

Il fallait qu’elle trouve les mots, mais c’était dur, surtout que la X-Woman pouvait se braquer rapidement, très rapidement.

Karma donna ensuite un cours sur les entités ; zut, après les Cyborg, les Entités. Bon, faudrait penser à faire un bestiaire de tout ce qui était plus bizarre que les mutants, parce que visiblement, sa se bousculait au portillon.

Elles correspondaient bien à la vision humaine des démons possesseurs, et étaient peut-être même à l’origine du mythe. Par contre, savoir qu’ils avaient un Berserker version mythologique dans l’enceinte de l’Institut fit assez peur à Amy. Mais ce n’était pas le sujet, elle aurait qu’à demander plus tard qui c’était et comment faire pour ne pas l’approcher. Courageuse mais pas téméraire la Ptite Brune.

- Avant que vous vous moquiez de moi en constatant à quel point mon alias est mal choisit, j’aimerai que vous me promettiez, madame, que si vous avez besoin de parler à quelqu’un, vous le ferez. Vous ne devez pas vous donner entièrement aux autres sans leur donner une chance d’en faire de même pour vous, ne serait-ce qu’un petit peu. Il doit bien y avoir une personne dans cet Institut en qui vous avez suffisamment confiance pour vous confier à elle. Je ne veux pas que vous vous morfondiez seule dans votre coin, cela n’arrange rien.

Elle marqua une pose, pour que si Karma ait quelques mots à dire, elle puisse le faire simplement.

- Sinon pour les Nephilim ; bah en faite, les Démons n’apparaissent au sens courant que dans la Bible ; dans la Torah, et avant encore dans la Cabbale et le Livre d’Hénoch, il n’y avait pas de démons, mais des anges déchus. Chez les chrétiens, ils sont devenus les premiers démons. Bref, pour protéger la Terre des Anges Déchus, une fois ces derniers bannis du Paradis, Dieu envoya une troupe d’ange, les Veilleurs. Cependant, à force de regarder les hommes, ben les Veilleurs ont commencé à se comporter comme eux, et finalement, ils ont décidé d’avoir des enfants avec les femmes ; ces enfants sont les Nephilim. C’est tout ce que je savais lorsque j’ai adopté le surnom, parce qu’en fait, mes poumons disposent d’excroissances prenant la forme de petites ailes, incapables de voler. Bref, Dieu l’a très mal prit quant il l’a sut, et a envoyer les Archanges enfermer les Veilleurs sous terre. Et les Nephilim ont abandonné leur parent dans la bataille puis dans leur prison, pour se cacher des Archanges. Puis, une fois ses derniers retournés dans les cieux, les ils ont commencé à se croire supérieurs aux humains et ont voulut dominer l’humanité. Ils correspondaient assez bien aux histoires de vampires et autres salles bêtes cruelles et vicieuses des autres mythologies. Donc, Dieu a préféré détruire sa création que de la laisser entre les mains d’être aussi vil ; bien pire que les anges déchus en vérité. Il a lancé le déluge, pour les exterminer. Chez les Chrétiens cependant, avec Lucifer comme personnalisation du Mal, ils ne pouvaient garder les Nephilim : on fait pas pire que le mal absolu. Donc, ils ont simplement remplacé les Nephilim dans leur texte, après avoir décréter que cette croyance était hérétique. C’étaient donc, des géants, et plus des Nephilim. Et le seul être qui n’a pas changé de nom être temps, c’est Goliath. Bref, comme d’hab’, j’ai gardé que la bonne partie de l’histoire.

Karma avait usé du répit laissé par Nephilim pour lui répondre ; elle avait rit, un signe magnifique de joie qu’Amy avait put lire sur son visage et qui la contentait également. La X-Woman la trouvait adorable, et ne pensait plus risquer de mauvaise surprise en l’acceptant comme assistante ; elle la déclara même bonne nouvelle de la soirée, ceux à quoi l’italienne ne put que sourire : c’était une bonne nouvelle que d’être une bonne nouvelle. Si, c’était logique !

Par contre, Karma ne savait pas si elle parviendrait à se livrer. C’était toujours dur, au début, Amy le savait bien. Cependant, une fois qu’on avait trouvé la bonne personne ; Nephilim n’avait pas la prétention d’être cette bonne personne, rester au stade de bonne nouvelle lui allait très bien. Pas qu’elle ne voulait pas aider, ce qui était au contraire son objectif, mais que la professeure avait surement des personnes non-seulement plus qualifiées, mais également plus proches d’elle, pour jouer ce rôle.

Nephilim ne put retenir une expression de surprise lorsque l’autre lui révéla qu’elle en savait bien plus que la plupart des gens ; comment pouvait-on être secret à ce point là ?

Elle-même avait la magnifique capacité de lire sur les visages et l’incapacité de dissimuler correctement ce qu’elle ressentait, ce qui contrebalançait, mais Karma ?

Le fait qu’elle dû donner son cours de théologie sur l’origine de son surnom interrompit ses pensées.

A l’écoute de son récit, la X-Woman eut plusieurs réactions émotionnelles : dégoût, mépris, colère aussi, un peu. Visiblement, soit Karma n’aimait as cette histoire, soit c’était la religion qu’elle n’aimait pas. Dans les deux cas, Amy ne poserait pas la question ; Ne pas prendre le risque de se fâcher. Elle-même croyait en Dieu, et n’avait rien contre les religions bien qu’elle fut déiste, mais comprenait parfaitement que d’autres n’y croient pas.

La professeure confirma que c’était sur les religions qu’elle bloquait, mais elle changea vite de sujet.

- Sa ressemble à des ailes mais s’en est pas vraiment : je les ais appelées, dans un grand moment d’inspiration, Ala-pulmos ; ailes-poumons. Excroissance pulmonaire grandissant d’environ six centimètres par ans, elles devraient atteindre le quart de mètre cette année. Je suis déjà contente qu’elles aient dépassé les vingt, c’était une étape, plaisanta-t-elle, même si c’était comme pour le mètre soixante, elle avait été bien contente de l’atteindre.

- Ça te dirait qu'on aille manger dehors ? On pourrait continuer à discuter, mais je commence à avoir un peu faim. Tu sors parfois au moins ?

Amy fut surprise et assez interdite à la question ; pardon ?

Elle se reprit cependant bien vite, ne pouvant retenir un petit rire cependant.

- Je veux bien vous accompagner, mais c’est qu’en fait, manger, je fais pas cela tous les jours, commença-t-elle, légèrement gênée. Par contre, je passe au minimum quatre heures par jour dehors, pour faire la photosynthèse, qui équivaut à me restaurer et me permet d’avoir mon Facteur Guérisseur. Après, bien que différent, mon système digestif est encore capable de faire son boulot ; puis vu les quelques soucis que j’ai avec mon don depuis un mois, un surplus de calories pourra pas me faire de mal.

Finissant (enfin) son verre d’eau, elle se leva, prête à partir. Il leur faudrait passer par la cuisine pour se préparer à manger, et si Amy cuisinait mal, elle savait faire les pates, mais les pates à l’italienne !

Karma s’était excellemment synchronisée avec Amy pour se lever, cependant, après quelques questions sur ses Ala-pulmos, elles étaient chacune partis dans un sens opposé ; ça c’était de la coordination !

Faisant un rapide demi-tour, l’italienne se remit à seconder sa professeure.

- Bah les dernières analyses qui m’ont été faites n’ont pas permit de déterminer si elles arrêteront un jour. Du fait que leur amélioration semble liée à celle de mes organes, qui est constante, ainsi qu’à celle de mon facteur guérisseur et anti-âge, il est possible qu’elles ne cessent jamais, car j’aurai toujours besoin de plus de biomasse. Comme se sont des excroissances pulmonaires, elles n’ont pas les défauts de celles de Warren : je peux les rétracter sous mon épiderme. Toujours comme il s’agit de mes poumons, elles sont fragiles ; un élève du nom de Caolán s’est amusé à la toucher une fois, puis a faillit les empoisonner en voulant faire le kéké. Mais tout c’est bien terminé.

Sauf que depuis, elle avait fait son possible pour ne pas le recroiser.

Karma proposa d’aller sur une plage de galet, à vingt minutes de l’Institut, un endroit isolé prêt d’un pont.

- Oki, répondit-elle simplement, souriante.

Après un rapide passage en salle de classe où la X-Woman put changer de chaussures, elles s’en allèrent vers le gymnase, où Karma avait laissé sa voiture ; bizarre, alors qu’ils avaient un garage interne à l’Institut.

La professeure commença à enchainer les questions, pour le plus grand déplaisir d’Amy. Elle était intimidée, par cette méthode.

- Bah… euh… c’est qu’en fait… euh, bredouilla-t-elle pour commencer.

Ce qu’elle aimait ici ? Fallait lui faire une liste ?

- Tout, plus ou moins, finit-elle par articuler, car en fait, il n’y avait qu’à peu près Tropic qu’elle n’aimait pas. J’ai grandie dans une institution spécialisée, un orphelinat, qui était bien moins bien qu’ici ; c’était une très bonne institution, ils ont toujours couvert tous mes besoins et tout, mais je… je n’y étais pas des plus intégrée et je faisais un peu peur à un peu tout le monde. Ici, on se sent, chez soi. Sinon pour mes matières favorites, il y a bien entendu la psycho, après sa dépend surtout du prof en faite. J’adore le sport avec Jubilee, mais je suis un peu l’éco avec Warren ; l’un comme l’autre pourront m’être utile plus tard. J’ai pour objectif, même si vous allez rire, d’essayer d’intégrer les X-Men ; enfin, on a, avec Cait’. Sinon, je prépare le Master 2 de psychologie spécialisation étude et analyse du langage corporel et des expressions faciales, bien que je sois en première année de Licence. J’ai un gros avantage la-dessus c’est que je vois naturellement les micro-expressions des visages des gens, des expressions faciales durant un vingt-cinquième de seconde : en théorie, il est presque impossible de me mentir, car un menteur aura toujours une émotion, soit de supériorité (le mépris) soit de tristesse, soit de crainte lorsqu’il ment. Mise à par les Psychopathes, certain sociopathes et les Asperger, personne n’est indifférent à ses mensonges. J’aimerai bien intégrer l’Institut, d’où le fait que je me rende utile à partir de maintenant. Après, c’est avec mon visa d’étude que cela risque de poser problème ; bon, comme j’ai cinq ans, je me stresse pas, j’ai le temps.

Finalement, une fois dehors, car elles étaient passée par le parc pour rejoindre le Gymnase – décidément, Karma aimait faire des détours – elles purent voir un couple d’étudiants, un hybride puma et une fille normale, ce qui semblait réjouir et attrister Karma. L’interprétation d’Amy fut simple face à ces deux émotions contradictoires qu’elle perçu sur le visage de la professeure : elle était contente pour eux, et triste pour elle-même.

Amy s’apprêtait à confirmer la parole de la X-Woman lorsque celle-ci eut une illumination simultanée avec celle des phares de sa voiture, qui lui indiquaient l’ouverture automatique.

- Tu as un amoureux Amy ?

Vlang, une Nephilim dans le mur, une !

Amy s’immobilisa, les yeux ronds, interdite.

- Bah…euh…c’est qu’en fait…euh, déclara-t-elle pour faire dans l’originalité. Non. Là d’où je viens, on nous a surtout éduqué pour ne pas se retrouver avec des problèmes de se genre sur les bras. Donc…euh… je sais pas si je suis prête, en fait…

Clairement, elle paniquait assez à ce sujet ; et c’était encore pire avec ses sous-entendus.

Si Karma avait rit, sa réponse avait attendue qu’elles soient toutes deux bien engagées dans la circulation ; Amy n’avait aucune chance de mal prendre la réaction de la professeure, puisqu’elle savait que son rire était un dérivé de la joie et non du mépris, pour avoir put le voire sur son visage.

La X-Woman parla, et l’élève écouta, simplement. Nephilim était assez d’accord : on les avait mal informés sur la chose, à l’orphelinat, et elle ne considérait pas véritablement l’amour comme un problème. C’était juste que, du point de vue des encadrant, avoir un couple en interne était déjà compliqué à gérer, alors ils ne voulaient pas prendre le risque de voir l’un de leur pensionnaire s’en aller avec une personne étrangère à l’établissement : là, sa devenait pour eux ingérable.

A quelque détail près, certes non des moindres, la relation amoureuse semblait près proche d’une relation d’amitié réelle. Toujours quelqu’un sur qui on peut compter, qui est là quand on pleure ou quant on se sent seule, qui est prêt à remuer ciel et terre pour soi… c’était très proche de sa relation de sororité avec Caitlyn.

Bon, le gros avantage, c’est qu’apparemment, on se posait plus la question : on savait, d’instinct. Au moins, elle n’aurait pas à chercher le mode d’emploi, comme elle avait tendance à vouloir faire avec les gens.

Karma parla par expérience personnelle durant un moment, révélant qu’elle était seule et que si elle tentait de le combler en se donnant aux autres, cela ne fonctionnait pas complètement. L’italienne fut triste pour elle, mais se mêler des affaires de cœur d’une autre personne était bien au-delà de ses compétences et, surtout, ne la concernait pas. Elle n’avait nullement le droit de se mêler d’une chose aussi privée. Restait à espérer qu’après toutes les épreuves qu’avait subies la X-Woman, Dieu avait pensé à lui trouver une âme sœur ; et Nephilim faisait parfaitement confiance au Très-Haut pour ces choses-là.

Par contre, l’histoire de vivre à 400%, cela effraya Amy ; pour l’avoir déjà fait, et avoir terminé en arrêt cardiaque, à cause du détraquement de ses pouvoirs, elle préférait éviter.

On souffrait en amour, mais on souffrait dans toute relation avec autrui : c’était simple, il fallait, pour continuer une relation, qu’elle apporte plus de réconfort que de douleur. Dans le cas contraire, elle se brisait ; c’était plus flagrant encore dans une relation amoureuse.

La théorie de l’insensibilité se tenait, mais Amy savait que ce n’était pas ce qu’on lui avait enseigné : on lui avait apprit à s’ouvrir, à ne pas craindre le monde, et à l’accepter même dans ce cas. Il suffisait de la regarder elle : même après l’apparition de ses pouvoirs, elle n’avait pas subi les traitements que certains mutants avaient eut des mains de leur propre famille. L’orphelinat avait continué de s’occuper d’elle, même si elle était différente et selon la plupart, effrayante, ils avaient continué de l’éduquer et de pourvoir à ses besoins, lui avaient payé les voyages de langues… Non, elle n’avait pas à se plaindre de la vie qu’elle avait eut, même si elle savait être passé à côté de certaines choses ; choses qu’elle découvrait maintenant. Mieux valait tard que jamais.

La suite du discours, il n’y avait que la théorie qu’Amy comprenait ; cela l’inquiétait. Certes, elle avait peur de trop s’attacher, mais grâce à Caitlyn, ce problème disparaissait peu à peu ; non, c’était pour cette dernière que les conclusions de Karma l’inquiétait : « Beaucoup se cachent dans le je-m’en-foutisme, les histoires d'un soir », était-ce le cas de Cait’ ? Son J’m’en-foutisme semblait assez naturel, comme du flegme, mais lorsqu’elle avait prétendu avoir testée le sexe dans des histoires d’un soir « pour voir », ce n’était pas également un moyen de se donner « l’impression d’exister sans être enfermé » ? Avec tous les problèmes actuels, c’était à traiter plus tard, mais à traiter quant même.

Des grandes choses, elles voulaient en faire : la première qu’elles partageaient c’était devenir X-Women, ensuite si Amy savait vouloir être psychologue dans la vie civile, Caitlyn avait d’autres difficultés pour réfléchir à cela pour l’instant ; enfin, c’était comme cela que l’italienne voulait le voir.

- Bah en fait… l’amour c’est juste une personnification de l’espoir et du bonheur version idéaliste mais accessible. Faut juste y croire et être patient.

- Comprit, dit-t-elle simplement, même si c’était un peu léger face au discours qui lui avait été présenté.

Karma s’arrêta prendre un truc à manger, Amy sortant de la voiture pour attendre sagement à côté de cette dernière.

- Tu dis savoir lire les gens, si on peut dire. Tu lis quoi sur moi ? Simple curiosité pour voir ce que je dégage, ce n’est pas un piège hein. Ne t’inquiète pas.

Amy déglutit ; expliquer cette capacité spéciale et pourtant bien humaine était assez compliqué.

- En faite, je sais lire sur les gens, pas en eux. Je suis ce que les chercheurs Paul Ekman et Maurren O’Sullivan ont appelé un « Génie de la Vérité ». C’est prétentieux, je sais, mais cela trait à une capacité à lire les micro-expressions sur les visages des gens, à savoir ce qu’ils ressentent, et par conséquent à savoir s’ils mentent. Les micro-expressions sont des expressions faciales brèves et involontaires que le visage exprime en fonction des émotions vécues. Certains disent qu’elles sont présentes en permanence, puisque nous ressentons des choses en permanence, d’autres qu’elles n’apparaissent que ponctuellement. Je penche, par expérience, pour la première hypothèse. Du fait qu’elles soient involontaires, il est difficile de feindre ou d’imiter une micro-expression, et presqu’impossible de les bloquer : cela reviendrait à bloquer l’émotion elle-même. Cependant, pour les mêmes raisons, elles n’expriment que les émotions simples : joie, tristesse, dégoût, peur, colère, surprise et mépris, qui sont à la base des émotions composées. Par exemple, la honte est un mélange de peur et de colère, la première envers le jugement de l’autre et la second retournée contre soi-même. Une expression faciale est donc composée d’un certain nombre de micro-expressions que le corps consent à rendre perceptible. Par ce que ce qui fait que seul 0,25% de la population – d’après les tests faits par les chercheurs précédemment cités au cours du Programme Génies – parviennent à les voir s’explique du fait qu’elles soient extrêmement brève : de l’ordre du vingt-cinquième de seconde, à la différence d’une expression faciale clairement affichée. Je peux lire les émotions avec un taux de réussite très élevé, car je me suis entrainée en plus de le faire naturellement. Je ne suis ni au niveau d’un télépathe ni à celui d’un empathe, mais cela a grandement motivé mes études vers la psychologie. En gros, si je regarde votre visage, je parviens à savoir ce que vous ressentez dans plus de 90% des cas ; sachant que j’ai une marge d’erreur dans l’interprétation comme dans la perception.

Son discours à elle avait également prit quelques temps, notamment celui d’arriver sur la plage de galet.

Lorsque Karma reprit la parole, se fut pour lui parler de Caolán. Amy n’avait jamais dit qu’il était mauvais garçon, juste trop exubérant, tête en l’air, prétentieux et shooté pour elle. Fallait l’apprivoiser, le terme pouvait convenir ; mais ce n’était pas comme cela que l’italienne nouait des relations. Sinon, elle était plutôt d’accord pour la vision erronée et le déni.

- Je pense que tout le monde est intéressant et mérite d’être connu, sauf que j’ai horreur qu’on joue avec moi ; et lui ne s’en ait pas privé. Manquer de se noyer simplement pour que j’aille le chercher dans la rivière du parc, je l’ai plutôt mal prit. Il peut me classer dans la catégorie que ça lui chante, j’ai pas vraiment envie de le revoir pour l’instant. Trop de truc à penser ; les UE en retard, les exams qui se rapprochent, mes pouvoirs qui déraillent…

Amy resta interdite à ce détail, dont elle n’avait parlé qu’à peu de monde et qu’elle préférait, par habitude, garder pour elle. Elle ferait des tests médicaux poussés lorsque quelqu’un ayant les capacités requises se présenterait – du fait, elle attendait beaucoup du retour du docteur Mac Coy – mais pour l’instant, les examens médicaux pratiqués à son retour du Met n’avaient rien révélé d’anormal. Autant dire que cela n’expliquait ni ce qui c’était passé là-bas, ni l’arrêt cardiaque sur lequel sa avait débouché. Depuis, Amy n’avait pas tenté de réutiliser son Facteur Guérisseur en mode accéléré, de peur de déclencher une autre de ses crises. C’était arrivé plusieurs fois, mais elle avait toujours réussit à interrompre avant la fin.

C’était un sujet glissant qu’elle avait embrayé, mais ne pensait pas qu’une vulgaire tentative de changement de sujet soit suffisante à distraire Karma. Elle aurait bien tenté si l’autre n’avait pas reprit la parole…

Karma semblait passionnée par le cours que lui faisait Amy, ce qui ravissait cette dernière ; étaler sa science était toujours gratifiait, même si partager ses connaissances sonnait plus altruiste, l’italienne ne faisait pas vraiment la différence entre les deux. Puis, faire un cours à un professeur, c’était encore plus gratifiant.

Quant la question quant à la récurrence de cette capacité fut posée, Nephilim dut réfléchir un instant.

- Je sais pas pour les autres, mais moi j’analyse en permanence ; je me suis entrainée durant plusieurs années pour m’améliorer, et reconnaitre chaque émotion avec exactitude, de manière quasi-scientifique.

Elles avaient avancé jusque sur la plage de galet, bien qu’Amy ne sentait pas les pierres sous ses basket, Karma semblait contente d’être ici. Elles faisaient toutes deux plus attentions où elles mettaient leurs pieds, tout en continuant de discuter.

La X-Woman finit par mettre les pieds dans l’eau, indifférente à ses chaussures, puis rit à sa mésaventure de Nephilim avec Tropic ; oui, il avait osé !

L’analyse de Karma était juste, car Caolán avait effectivement essayé de l’impressionner du début à la fin. Le monde serait peut-être plus triste sans Caolán, c’était vrai. Mais Amy avait déjà Caitlyn, s’était suffisant pour mouvementer sa petite vie, et l’égailler également.

- C’est exacte, il a voulut m’impressionner du début à la fin, par divers mensonges ; sauf que me mentir est extrêmement difficile. Par contre, l’histoire de faire le mort, bah en faite, il s’était shooté à je sais pas trop quoi, et il a mit la tête sous l’eau. J’ai pas tenu cinq minutes avant d’aller l’aider, de peur qu’il se noie.

Amy était restée à distance de l’eau,

- C'est vrai qu'il a un peu abuser mais il est maladroit , ça je l'ai remarquer. Maladroit socialement j'entends, et à mon avis les filles ça doit pas être son fort , rajouta-t-elle avec un autre petit rire. Tu ne devrais pas lui en tenir rigueur, je pense qu'il ne pensait pas à mal. Les hommes sont comme ça tu sais. Maladroits, imprévisibles, insupportables parfois, mais ils ont aussi leurs bons cotés, comme protecteurs. Juste que... *grimace un peu * ils murissent un peu plus tard que les femmes.

L’italienne ne dit rien, le vent commença à souffler dans ses cheveux. Karma avait sans doute raison, mais Amy avait d’autres choses à se préoccuper que de Caolán. Notamment celle de son sujet suivant, sur lequel elle dérapa.

- Tes pouvoirs déraillent? Comment ça?

Nephilim se pinça les lèvres ; elle regrettait d’avoir amené le sujet sur le tapis, car non seulement elle n’avait pas de véritables réponses à fournir, mais n’avait pas fait de tests approfondis à ce sujet.

- Bah en fait, depuis début Avril, l’attaque du Met exactement, j’ai quelques problèmes avec un aspect de mes pouvoirs : ils ont faillit me tuer. C’est compliqué, mais en fait, mon Facteur Guérisseur est différent des autres : mes cellules ne se régénèrent pas, comme celles de la plupart des autres, mon rythme de guérison est plus rapide, car ma photosynthèse produit de la biomasse, laquelle est consommée pour guérir plus vite. Du fait qu’elle est stockée dans des cellules sanguines, je dispose d’un moyen d’accélérer ce facteur guérisseur. Sauf que lorsque je l’ai fait au Met, bah sa a merdé : tout c’est accéléré, pas seulement ma régénération. Et j’ai fait une tachycardie : je suis morte par arrêt cardiaque, jusqu’à ce qu’on me fasse un massage cardiaque, durant notre évacuation. Cependant, les analyses n’ont rien trouvé d’anormal une fois à l’infirmerie. Depuis, ces « crises » se sont reproduites plusieurs fois, mais j’ai réussit à les arrêter avant que je tombe à court de biomasse.

Amy regardait ses pieds ; oui, elle n’avait parlé à personne du fait qu’elle eut fait d’autres « crises », et avait essayée de les cacher à ceux qui n’étaient pas au courant. Elle savait qu’essayer de résoudre seule pareil problème ne rimait à rien, mais il y avait les problèmes de Caitlyn aussi, bien plus grands.

Ce n’était pas Karma qui lui ferait la morale concernant le fait qu’elle fasse passer les problèmes des autres avant les siens, car elle fonctionnait sur ce même principe. Peut-être la comprendrait-elle, peut-être pas.

Une fois qu’elle eut suffisament profité de l’eau marine, Karma proposa à Amy de s’assoir ; c’était bête à dire, mais l’italienne n’y aurait pas pensée seule. Sérieusement : elle passait presqu’un tiers ou un quart de ses journées debout sans rien faire d’autre que regarder le soleil, s’assoir dans la nature n’était donc pas l’un de ses premiers réflexes.

Elle le fit pourtant, suivant la X-Woman pour poser ses fesses non loin d’elle.

Karma commença à manger, Amy déployant ses membranes nictitantes pour regarder le soleil qui fuyait précipitamment, puis lui parla des choses qu’elle aurait dû faire en exposant quelques théories que l’italienne n’étaient pas sure de vraiment saisir. Comment cela, déréglée ? La X-Woman eut l’honnêteté de ne pas lui dire de penser à elle en premier lieu, mais elle voyait l’incontrôlabilité de ses crises comme un danger potentiel.

- Des tests ont été fait à mon retour du Met, après avoir relancé mon cœur ; rien, tout était parfaitement normal. C’est pas après une crise qu’il faudrait que je les fasse, c’est pendant. Je pourrais en déclencher une, mais j’ai trop de mal à l’arrêter et… par expérience, quant je suis dans cet état, j’ai trois minutes à vivre. C’est…

Elle ne savait pas trouver les mots, d’autant que ses pensées suivaient le rythme, et donc que la panique était bien plus grande qu’en temps normal.

- Je peux pas. J’ai trop peur de ne pas arriver à stopper le processus avant qu’il n’y ait plus de biomasse. Et les émotions sont tellement amplifiées que c’en est plus terrible encore. Mais, le plus étrange, c’est que c’est utile ; enfin, je veux dire, durant le Met, sa m’a sauvé la vie. Le Cyborg m’étranglait quant ça a commencé, et je me suis débattue avec une force étonnante ; je crois que j’ai finit par le châtrer, d’ailleurs. En tout cas, je l’ai défiguré, et je m’en veux assez. Je pense pas que ce soi dans mon ADN ; je veux dire, les Sangui n’ont pas changé en elles-mêmes, j’ai juste comprit que je pouvais altérer leur fonctionnement consciemment. Faudrait que je fasse des tests ; j’attends le Professeur Mc Coy pour cela et…

Un roulement de tonnerre ; Amy sursauta. L’orage qui s’annonçait sembla l’attrister, alors qu’elle repliait ses membranes vertes. Elle n’avait pas peur de l’orage, mais n’aimait pas la pluie ; elle priait donc pour que cette dernière, et les nuages qui l’annonçaient, eussent fait leur chemin d’ici le lendemain. Car ce n’était pas être mouillée qu’elle n’aimait pas, mais c’était qu’on lui cache sa source de nourriture : comme les tournesols, quant il faisait mauvais, Nephilim faisait la tête.

- Et… je sais plus ou j’en étais. Bref, j’évite simplement de déclencher la marche forcée de mes pouvoirs et je fais avec ; il y a des tas d’autres mutants avec des pouvoirs bien plus destructeurs qui doivent être aidé avant moins. Pour reprendre l’exemple de la main tendue, bah je la tendrais plus vite et risquerais assez de le bousculer en agissant trop vite pour lui. Je pense être plus dangereuse que cela.

Nephilim n’aimait pas cette idée, d’être dangereuse pour autrui ; c’était tellement, étranger, à elle-même. Elle ne voulait pas faire de mal, même si elle avait apprit à se défendre et savait que sa défense pouvait causer la douleur de ses agresseurs ; cependant, elle ne voulait pas qu’ils souffrent. Elle en avait des remords, comme pour le Cyborg qu’elle avait dévisagé – et potentiellement castré.

C’était des créatures vivantes, elles ressentaient la douleur – mention spéciale à certain cyborg qui tenaient plus de l’androïde que de l’homme – et quelque soit la personne qui souffrait, Amy ne voulait pas qu’il en soit ainsi. C’était purement utopiste de sa part de souhaiter que plus personne de souffre, et elle en était bien consciente, mais elle ne pouvait s’empêcher de montrer de l’empathie pour toute l’humanité.

Une goute lui tomba sur le museau, et elle regarda Karma.

- La pluie vous gène ? C’est pas mon cas.

Une invitation comme une autre à ne pas bouger malgré les éléments.

Alors qu’elle parlait, quelque chose se produisit en elle ; Amy avait plutôt une mauvaise expérience de ses « crises » et n’aimait pas en parler, car c’était comme parler d’une maladie, on se concentrait dessus. Non-pas que l’italienne refusait ces nouvelles capacités, juste qu’elles lui faisaient peur ; elle comprenait désormais Kjerstin et son envie de se débarrasser de ses dons. Dans son cas, même si cela l’avait tué, elle ne voulait pas y renoncer : c’était elle, qu’elle le veuille ou non, et si Dieu avait voulut qu’elle soit comme cela, elle n’avait rien à y redire. Cela l’avait sauvé, et c’était le principal.

Elle était légèrement shootée, ne comprenant pas ce qui se passait, le stress s’évacuant de lui-même. C’était plus étrange que désagréable, et elle se laissa porter.

- Mes pensées accélèrent au même rythme que mon corps enfaite ; je sais pas si cela a de quoi perturber un télépathe, donc si l’on peut vraiment considérer cela comme psychique. De plus, je ne connais pas l’impact des crises sur le long terme, physiquement ou biologiquement.

Tant qu’elle ignorait tout de ce « pouvoir », Amy préférait jouer à prudence et éviter de l’utiliser. Courageuse mais pas téméraire, cela n’avait pas changé malgré les mésaventures. Nephilim fit de gros yeux lorsque la X-Woman se déclara capable de l’aider ; elle n’avait aucune idée des dons de Karma, mais l’explication l’effraya passablement : capable de ralentir un cœur… l’italienne ne savait pas quoi dire ; d’un côté, c’était un moyen de savoir, de l’autre, la dernière fois qu’on avait essayé d’interférer avec cette accélération, elle était morte.

Amy ne savait pas quoi dire, et ne releva même pas la plaisanterie de Karma ; elle savait qu’il y avait des mutants capables de prendre possession des corps et des esprits, mais elle n’en avait jamais rencontré et était heureuse de n’est ni suffisamment intéressante ni suffisamment puissante pour intéresser ce genre d’individus. Qu’on la face agir contre sa volonté, que l’on bride son libre arbitre et que l’on s’insinue en elle au point de devenir elle la terrifiait tout simplement. Elle se recroquevilla à cette idée. Qui était-on si autrui pouvait devenir nous ? Si l’on perdait le plus précieux des cadeaux de Dieu, à savoir notre libre-arbitre ?

Elle envisageait à quel point la possession de Karma avait due être traumatisante : prisonnière de son propre corps, à le regarder agir sous la volonté d’un autre ; comment pouvait-on se remettre de cela ?

La professeure, lui assura qu’elle l’aidait de bon cœur ; cela faisait bien longtemps qu’Amy ne doutait plus de cela, mais c’était bon à entendre.

- La pluie vous gène ? C’est pas mon cas.

- Jamais. Ce sont ces climats là qui me plaisent. C'est une grande leçon d'humilité face aux forces de la nature que nous prenons à chaque fois, et c'est aussi juste agréable et beau. Tu veux rester ?

- Oui, l’eau ne me gêne pas, c’est l’absence de soleil qui me déprime. Pour votre aide, on ne parle pas d’une petite accélération ou d’un cœur battant à 120 pulsations par minute, je dois être largement au-dessus, puisqu’il lâche à 200 et qu’il a lâché instantanément la dernière fois. Le double ou le triple au moins ; de plus, c’est pareil dans tout mon corps, vous croyez vraiment parvenir à canaliser tout cela sans… me faire mal ? c’était inutile de cacher son inquiétude face à la méthode employée, d’autant que Karma l’avait probablement déjà perçue. Malgré l’étrange vague de calme presque forcé en elle, Amy préférait éviter ce l’on usurpe sa souveraineté sur son être. Je ne parle pas de la douleur physique, celle-là je ne la ressentirais pas vraiment, mais une possession…

Et ne savait pas quoi dire. C’était une chose qui l’effrayait tellement que même avec l’étrange calmant courant en elle, elle n’était pas tranquille. N’être qu’une marionnette, une esclave, un bout de viande sans liberté, cela lui faisait peur ; même si c’était une personne comme Karma qui tirait les ficelles. Cela remettait en question non seulement ses convictions et ses croyances, mais aussi tous ce qu’elle avait et pouvait accomplir, voire même être et devenir.

- Je préférerais éviter ; pas que je vous fasse pas confiance mais… je peux pas. Je veux pas…