Rencontre avec les autochtones (PV Rachel A. Summers)

Beaucoup considéraient l’Institution Charles Xavier pour Jeunes Surdoués comme une forteresse ; enfin, beaucoup parmi ceux qui connaissaient son existence et ne se laissaient pas berner par le secret de polichinelle qu’était la signification de « surdoués ». Plus que son isolement dans le comté de Westchester, puisqu’il se trouvait à une dizaine de kilomètres au nord de la ville la plus proche et à environ une heure de route de New York City, c’étaient les grands murs de briques qui cerclaient tout le domaine Graymalkin qui pouvaient faire penser à des remparts. Mais les remparts n’étaient pas infranchissables, le passé l’avait déjà prouvé, ainsi donc étaient-ce les sentinelles et gardiens de ce lieu qui justifiaient véritablement  cette considération. Les X-Men étaient les guides et les protecteurs de l’Institution X mais l’éternelle veille était assurée par une machine de leur création, machine elle-même suppléée par l’un d’entre eux.

Rachel Anne Summers avait grandi dans cette Institution, d’une certaine façon, et de cette même façon elle l’avait vu brûler et avait contribué à détruire son message et ses enseignements. Mais ils avaient survécu en elle comme en d’autres et si elle était la seule à avoir vécu cela elle n’en avait pas moins retrouvée la voie de ses aïeux de même que certains d’entre eux, ici. « Plus Jamais » était un serment qu’elle s’était faite à elle-même et ainsi son ombre aviaire veillait sur ce lieu et les gens qui s’y trouvaient, prête à les défendre du cœur et de la force des autres comme d’eux-mêmes. Ainsi passait-elle une certaine partie de son temps perchée sur l’espèce de tour que formait l’infirmerie, méditant sur le point de mire de l’Institut où elle était visible de tous ceux qui se montreraient suffisamment attentionnés.

Néanmoins elle-même n’avait pas réellement besoin d’un point de mire pour tout percevoir, son esprit possédant des sens psychiques capables de la renseigner sur tout ce qui se passait sur un certain rayon et Danger lui étant connectée par le biais du traditionnel communicateur que possédait chaque X-Men, ainsi donc il était des jours où elle ne se perchait pas à cette hauteur pour sa méditation et ce jour-là en faisait parti. Non pas que ça fut chiant, méditer étant l’une des principales occupations de l’Echo du Phénix, mais elle profitait du retour des beaux jours avec un peu d’avance.

La vingtaine bien portante même si elle était légèrement émaciée, la jeune femme promenait son mètre soixante-quatorze dans le parc qui s’étendait à l’arrière de l’Institut, autour du Lac Breakstone. Un léger vent lui caressait les jambes, lesquelles étaient nues à l’exception de bottines et d’un short bleu clair à motifs blancs, les bras, qui n’étaient pas couverts ni par son gilet noir à fermeture ni par le long manteau blanc sans attache qui n’était pas sans rappeler celui de sa combinaison d’X-Woman (et pour cause, comme toujours ses vêtements n’étaient rien de plus que des imitations faites avec les molécules instables de l’une de ses combinaisons), et le visage, lui emportant les longs cheveux cuivrés à l’égale du bas de son manteau. Le contentement se lisait sur ses traits acérés,  son visage se parant d’un petit sourire alors qu’elle voyait, écoutait et sentait un réveil naturel qui battait son plein à défaut d’avoir atteint son paroxysme. Elle n’était pas seule ni n’était en mission ainsi les marques d’assermentation étaient dissimulées à la vue de tous, laissant sa peau claire sans réelles défauts ; sur sa face tout du moins. Dévoiler ainsi des parties de son corps impliquaient en trahir les cicatrices, le haut de son épaule gauche dévoilait une marque de fouet qui disparaissait sous son vêtement tandis que le bras en dessous laissait place à quelques coupures sur l’arrière et la marque d’une balle sur le côté extérieur, une marque également visible sur l’arrière de la jambe droite ; mais tout cela n’était rien comparé à ce qu’elle cachait.

Elle n’était néanmoins pas là pour penser aux jours d’un futur passé dont il semblerait qu’elle soit la dernière survivante mais bien pour se promener en toute simplicité avec des proches et des moins proches. Elle ne disait pas grand-chose mais était là, sa passivité caractéristique n’enlevant rien à sa présence ni aux rares mots que sa voix fluettes pouvaient lâcher de temps à autre. Peut-être était-ce drôle ou cliché qu’une personne au nom de famille comme le sien aime l’été mais elle s’en foutait et l’attendait en profitant de ses prémices. A moins qu’ils n’y soient déjà, la classification des événements et des choses lui échappait comme énormément de trucs qu’elle ne préférait pas comprendre par absence d’envie de compliquer sa vie.

D’autant que les complications venaient généralement de leur propre initiative et ce jour ne fit pas exception alors qu’on la bipait : Danger avait repérée une mutante s’intéressait de prêt à l’Institution et en longeait désormais les murs extérieurs, toujours à son avant puisque le bois s’y tenait des deux côtés du mur. Etait-ce si difficile que cela de se présenter au grand portail de fer, à battant et dans lequel était stylisé un « X » dans un cercle, qui servait d’entrée du domaine ? Bon, certes il n’y avait pas d’interphone mais ça restait une politesse. Après, Rachel éviterait de faire des leçons de cette matière considérant que c’était chez elle également plus théorique que pratique. Poussant un soupir en raccrochant l’objet à sa ceinture, elle s’excusa auprès de ses compagnons de retour et s’élança vers l’affaire « urgente » qui l’attendait. S’envolant loin du sol, elle se déplaça rapidement jusqu’au mur, ses perceptions psychiques lui faisant entrevoir la scène avant qu’elle n’y soit physiquement.

L’autre mutante était petite, un peu épaisse pour sa taille mais c’était surement du à sa mutation, mutation qui la rapprochait de l’insecte dans un drôle de mélange physiologique que le Phénix observa à défaut de comprendre. Une peau esthétiquement chitineuse, des yeux insectoïdes, des oreilles d’elfes et un nez atrophié, des mains à quatre doigts griffus, des pieds dans la même veine, des bras avec des étranges « trucs » rétractiles, des jambes de sauterelle, une queue avec un dard, de quoi en rebuter la plupart mais la vision de la rousse était bien différente que le commun sur ce monde ; à l’intérieur, l’autre était peut-être différente mais il y avait énormément de points communs cependant.

L’autre mutante qui d’ailleurs continuait son mouvement erratique de repérage à la grande interrogation du Phénix. Si elle comptait faire le tour du domaine en longeant les murs externes, elle en aurait pour la soirée au moins, voir une partie de la nuit. Que cherchait-elle ? Une entrée ? Une faille ? Rachel avait trois moyens de savoir, le premier étant trop intrusif et le second trop long, elle opta pour le troisième et traversa les arbres sans réelle finesse pour atterrir à quelques pas de l’étrangère, sans aucun dommage de ce qui pouvait être comparable à une chute, le ralentissement final et le fait qu’elle n’ait nullement perdu son équilibre excepté.

Restant droite, bras le long du corps et paumes ouvertes de la façon la plus naturelle possible, elle posa la question qui était à l’égal de cela.

- Qu’est-ce tu fais ?

Un réflexe de fuite fut son seul accueil, même si sa vis-à-vis ne s’enfuit pas, et Rachel put constater qu’à son calme et son ouverture répondaient un affolement et une paralysie momentanée. Cela partait mal. Néanmoins elle resta à distance et donna tout loisir à l’inconnu de donner le ton pour ce qui allait se passer, consciente que cette dernière n’avait pas la moindre chance de lui échapper aux considérations de ses pouvoirs et de sa formation de chasseuse de mutants. Elle ne venait pas créer des problèmes juste poser des questions, une question pour l’heure et sans doute d’autres ensuite, et effrayer comme confronter l’autre n’était pas nécessaire pour obtenir les réponses. De la décontraction et de la patience, oui, en revanche, et si la première lui était naturelle, elle saurait faire preuve de la seconde également. Mettant les mains dans les poches de son minishort elle entreprit de répondre face aux hésitations.

- Ey, calme, dit-elle simplement, un peu avant que l’autre ne se relève prudemment et ne lui parle avec un drôle d’accent mais plus de contenance.

Juste dans le coin pour porter une lettre, l’esprit du Phénix ce concentra sur ses sens psychiques pour la chercher sur l’apparence de l’étrangère afin tant de vérifier sa présence que les motifs inscrits dessus.

Comprendre aisément qu’elle n’avait pas suivit la route ? Pas réellement non vu que pour déposer du courrier à l’Institut où même y entrer il fallait justement suivre la route. Quand au tour pour aller jusqu’à l’entrée, cela se passait de commentaire ; peut-être avait-elle enfin trouvée plus simplette qu’elle mais toute consciente qu’elle était de vouloir être simplette Rachel ne s’en méfia qu’un peu plus.

Et non, il valait mieux éviter de grimper le long du mur pour ne pas être sommé par une voix robotisée et semblant provenir de partout à la fois de se rendre le temps que les X-Men viennent l’intercepter. Vu comment l’autre s’affolait à une simple arrivée une telle mésaventure aurait été suffisante pour lui faire faire un arrêt cardiaque ou prendre la fuite et la rencontre aurait été bien moins calme.

"Je ne pensais pas être en propriété privé, si c'était le cas, je vous prie de m'excuser."

- Les murs délimitent la propriété privée, déclara-t-elle en désignant du pouce ce dont elle parlait, et le domaine fait plusieurs hectares donc si tu comptes en faire le tour y’en a pour un moment.

Rachel n’avait pas la moindre idée de combien il faisait mais tablerait facilement sur une dizaine voir un peu plus. Même si le manoir était relativement proche, une centaine de mètres environ, de l’entrée du domaine il y avait encore derrière lui le lac de Breakstone et le parc de l’Institut, avec tout au fond le tertre. A bien y réfléchir, même dix hectares ne lui paraissaient peut-être pas suffisant, d’ailleurs.

- Pour arriver à l’entrée fallait suivre la route donc non je comprends pas que tu l’ais pas fait.

Rachel n’était pas stupide et plus qu’avoir été prévenue du repérage elle savait en reconnaitre un également. Et puis il y avait tous les échos laissés par les pensées fortes de la mutante, que le stress propulsa sur le plan astral avec une grande ardeur. Mais l’Echo du Phénix ne répondrait pas parce que sa position dépendrait des attentes de la presqu’intruse vis-à-vis de l’Institution et de Charles Xavier, attentes qu’elle espérait bien découvrir à travers la lecture mentale de la lettre.

La paranoïa de sa vis-à-vis lui semblait trop importante pour être vraie ainsi restait-elle sur ses gardes ; il fallait une bonne connaissance des capacités mutantes pour tenter de se servir de la télépathie contre un télépathe, même sans en posséder soi-même, et les pensées fortes étaient particulièrement utiles pour induire en erreur. Néanmoins elle restait le Phénix et n’avait rien à craindre d’une mutante comme son interlocutrice, comme d’à peu près tous les autres d’ailleurs.

- Calme-toi, il n’y a pas de danger ici, essaya-t-elle d’encourager avec un petit sourire. Tu veux bien qu’on discute ?

Les missions de récupération n’étaient pas son fort mais elle tenterait de faire de son mieux même si l’autre lui paraissait plus que louche, chose compliquant beaucoup son naturel et le fait qu’elle puisse se montrer ouverte et détendue. Les réactions de Rachel se basaient sur le modèle spinozien, à savoir la fuite ou la confrontation, et s’il n’était pas question qu’elle fuit il restait sa savoir comment sera la confrontation. Cela pouvait très bien se passer puisqu’à l’instar des autres, l’inconnue était considérée comme innocente jusqu’à preuve du contraire, ou mal tourner si les suspicions et preuves s’accumulaient contre elle.

Mais Rachel restait ouverte d’esprit et attendait que les informations lui viennent pour juger, espérant qu’on ne lui mentirait pas comme consciente du fait que ce qu’elle se refusait à faire pour connaitre la vérité, le Professeur X le ferait par mesure de précaution si l’étrangère s’intéressait véritablement à l’Institution et ce qui s’y passait.

Pour l’instant, elle attendait tranquillement une réponse, espérant que la lettre suscitée fournirait elle-aussi des preuves.

La proposition de la discussion sembla beaucoup détendre l’atmosphère vis-à-vis de l’étrangère mais elle précéda une constatation qui déplaisait au plus haut point à l’Echo du Phénix : alors même qu’elle prétendait venir poster une lettre pour le professeur Xavier, l’inconnue n’en avait nullement sur elle. Les sens psychiques de Rachel étaient capable de lui faire percevoir son environnement jusqu’à l’échelle subatomique, si elle se concentrait, conceptualisant le tout comme une modélisation tridimensionnelle dans son esprit, modélisation montrant parfaitement chaque point de son environnement sous chacun de ses angles et chacune de ses couches, lui permettant de voir l’extérieur comme l’intérieur des choses et des êtres et à avoir entièrement observée sa vis-à-vis elle n’avait trouvée aucune lettre. L’excuse était donc bidon.

Ne pas vouloir commettre « d’exaction », ce n’était pas rentrer sur une propriété privée parmi les mieux défendues aux mondes qui entrait dans cette catégorie aux yeux d’une personne ayant connus des camps de la mort, quand à ne pas suivre la route pour ne croiser personne, cette volonté de discrétion pouvait en effet être due au physique anormal de la mutante mais, alliée à son repérage, pouvait également signifier qu’elle ne voulait pas être découverte de l’Institut. Inutile de dire que cette possibilité jouait contre elle. Phénix hocha la tête, néanmoins, car elle comprenait qu’on puisse chercher à fuir les regards par crainte des gens qui les portaient et regarda l’autre mutante s’ôter de son haut comme de son turban pour faire une démonstration de sa mutation et du fait qu’elle soit rasée ; des choses que l’X-Woman savait déjà grâce à ses sens psychiques mais qui devaient faire preuve de bonne foi et réclamer sa compréhension en considération de son « mode de transport assez particulier » ; mode de transport hors sujet dans cette tentative d’explication car il y avait des arbres à l’entrée et jusqu’à l’Institution ; ça pouvait cependant justifier une aide ou une présence dans ses murs même si l’autre n’avait nullement l’air d’en avoir besoin.

"Au fait, reprit-elle après avoir remit ses habits et avec un sourire, m'appelle Xen, mais on m'appelle souvent l'Alien"

Rachel ne dirait pas qu’elle était contente de la connaitre car ce n’était pas le cas, trop de suspicion l’entourait encore. Gardant ses mains dans ses poches, elle réfléchit quelques instants à ses options et aux possibilités, des choses qui ne lui étaient pas habituelles car elle y allait plus à l’instinct et à la passion qu’à la raison mais cette fois l’un ne se méfiait pas et l’autre n’était pas impliquée, ainsi il fallait essayer de faire avec la troisième et uniquement la troisième. Néanmoins la troisième n’aiderait pas à garder la situation détendue parce qu’il y avait bien plus de raisons qu’elle ne le soit pas que l’inverse.

Lors d’une mission de récupération, les X-Men avaient déjà identifié leur cible et faisaient le premier pas, il n’y avait, généralement, pas d’évaluation à faire. Hors là c’était l’autre et il fallait justement évaluer si elle était un danger ou pas. Physiquement, non, et face au Phénix, non plus, cependant elle pouvait être une simple éclaireuse et son action première comme son excuse bidon orientaient les suppositions de l’X-Woman en ce sens. Restait à aborder cela avec plus de tact que d’habitude… ou pas.

- Ok Xen. J’vais être franche avec toi : je sais pas réellement qui tu es et pour l’instant j’ai pas de raisons de te faire confiance. Je suppose que tu sais ce qui se trouve derrière ces murs, bah j’en suis l’agente de sécurité.

Voici qui, à défaut de la présenter, l’introduirait dans sa fonction ; Rachel ne donnait pas son nom parce que l’autre le faisait, elle n’en avait pas l’habitude et même si c’était ce que dictait la politesse elle n’en avait pas beaucoup connue durant la dernière décennie alors elle se passait aisément des règles, cela ne la rendrait pas plus méchante et elle se montrait déjà d’une honnêteté impolie à l’habitude. De plus, ne pas répondre à une question était impoli et Xen n’avait rien demandé. En revanche, son repérage pouvait surement être considéré comme impoli même si elle n’avait pas franchie la limite des murs.

- On t’a vu roder autour des murs alors je suis venue voir ce qui se passait. De ce qu’on a observé, tu faisais du repérage. Lorsque je suis arrivée, tu as voulu t’enfuir, comme si on t’avait prise en flagrant délit.

Une espionne ? C’était possible. C’était même possible, considérant les ennemis des X-Men, qu’elle soit une espionne sans même le savoir, Sinistre étant plus qu’apte à manipuler le cerveau d’un mutant sans histoire pour l’envoyer accomplir inconsciemment des missions pour lui ; Ernest n’avait pas été sans histoire mais il avait subi cela et aujourd’hui il n’était plus. Rachel avait perdu un ami, un mauvais ami considérant qu’il n’était ami avec elle que pour la protection du Phénix, mais cela avait quand même fait mal. Peut-être même plus que s’il était simplement mort. Une telle éventualité n’impliquait Xen ni comme coupable ni comme victime, juste comme dommage collatéral, mais Rachel priorisait la protection de l’Institut aux éventuels dommages collatéraux causés dans les camps adverses ou même dans les neutres.

- Je pourrais t’arracher la vérité mais je ne veux pas utiliser mes pouvoirs contre toi, les X-Men n’attaquent pas les premiers. Je ne te veux pas de mal mais je protège l’Institution Xavier et ses résidents coûte que coûte. Ne me mens pas : tu n’as aucune lettre sur toi alors qu’est-ce que tu viens faire ici ?

La question primaire à laquelle Xen avait menti à moins qu’elle n’ait « oubliée » la lettre mais cela Rachel n’était pas prête à le croire ; trop facile. Elle s’était faite avoir avec le coup de la lettre alors elle ne se ferait pas berner une seconde fois et pour couper court à tout mensonge elle s’en alla calmement clarifier la situation. Elle attendait la réponse, toujours aussi détendue car toujours aussi sure d’elle.

Rachel était restée calme, elle n’avait eue l’impression d’être menaçante même si l’énoncée de la vérité pouvait en effet le faire passé. Si elle s’était voulue menaçante cependant sa première action aurait été de couper à sa proie toute possibilité de s’échapper avant de passer à un interrogatoire potentiellement douloureux. Sans doute n’avait-elle réussi à temporiser correctement car une fois de plus l’Alien prenait la mouche mais elle n’avait pas été hostile, pas à son niveau cependant. Xen ne l’avait pas reconnue, elle n’avait donc pas vu les événements de Londres trois mois plus tôt, et ne pouvait se douter de ses capacités même si elle connaissait les limites des siennes.

Limites dans lesquelles Phénix inclurait le self-control considérant que le plan astral commença à se saturer d’écho répondant à ses paroles, ce qui ne la fit pas réagir le moins du monde quand bien même on passait de « Steuplé, dis ami, steuplé !! » à « Certes ma fifille, c'était toi qui le disait ça ! ». Si la confiance se mesurait Alien aurait réussie à passer dans les négatifs à force d’actes et d’incohérences et tenter d’agresser mentalement l’X-Woman ne résoudrait nullement sa situation. Pourquoi cette dernière avait-elle plus de raison de dire la vérité ? Parce qu’elle venait défendre l’Institution qui l’employait pour cela et envers qui elle avait prêté serment des mois auparavant là où l’étrangère s’en venait de manière suspecte avec des motifs erronés.

Comment était-on sensé réagir lorsqu’on était observé par l’inconnu ? Excellente question parfaitement retournable à l’inconnue sachant que Rachel était arrivée avant d’espionner avec sa franchise si mal prise. La présomption d’innocence avait justifiée que Phénix atterrisse à son côté et question, elle n’aurait eu aucune délicatesse comme le prouvaient ses actions lorsqu’elle savait quelqu’un coupable et en devenait juge, juré et bourreau si nécessaire.

"Je ne l'ai pas encore écrite, déclara-t-elle en un murmure tout en lui tendant du matériel d’écriture, étant donné que je voulais y mettre des informations de confidentialité sur moi-même et qu'il ne fallait pas qu'elle tombe entre de mauvaises mains, je souhaitais simplement attendre le tout dernier moment pour la faire, juste au cas où."

Sérieusement ? C’était cela l’excuse finale ? Faire le tour du domaine avant de rédiger ce pour quoi on y était venu premièrement en évitant au maximum d’être vu par ceux qui s’y trouvait ? Le tout parce qu’on avait des informations de confidentialité… L’au cas où avait été bien prévu pour le coup, Rachel en croisa les bras sur son torse alors qu’un nouveau reproche amusant lui était fait. Paranoïa ? Pas besoin d’en avoir lorsque le parti d’en face cumule une attitude coupable avec des excuses bidons et un intérêt non dissimulé tout comme sa crainte une fois prise la main dans le sac. Malgré qu’elle soit étrangère à ce monde la rousse l’avait suffisamment observé pour voir que tout était incohérent dans ce qui lui était dit. Oui, le corps de Xen était inoffensif mais ses intentions ne semblaient pas l’être et les méandres de son esprit restaient un mystère dont l’éclaircissement semblait à Phénix de plus en plus dangereux.

"Bon, je vois que je ne suis pas la bienvenue, je vais m'en aller alors. Au revoir oiseau de proie"

Terminer sur une réplique provocante confirmait qu’elle n’était plus bienvenue, en effet. Les personnes nécessiteuses ou ayant l’envie de devenir meilleure qui se présentaient à la porte de l’Institution y étaient les bienvenues et accueillies comme tel, celles contournant vicieusement les défenses avant de paniquer qu’on vienne à leur rencontre pour leur demander ce qu’elles faisaient, tentant de se justifier sans apporter les preuves de leur dire, non.

Phénix la laissa partir sans dire mot, considérant qu’une telle reconnaissance même interrompue comme cela avait été le cas aujourd’hui aurait été efficace. Après tout, Xen avait vue une partie de l’Institution de loin et repartait sans heurt. Rachel avait tenté de tendre la main, de faire confiance, temporisant sans en oublier les priorités mais tout ce qu’elle avait reçu en réponse était une victimisation et de l’agressivité. Non ses mots n’étaient pas les meilleurs du monde mais ils avaient au moins évité le pire.

Xen a.k.a. Alien serait enregistrée comme menace potentielle auprès de Danger, afin de confirmer au mieux ces dires. L’X-Woman ne la retiendrait pas, elle lui avait donnée une chance et s’en était fini, les X-Men n’étaient là ni pour tendre l’autre joue ni pour se laisser berner bêtement. Peut-être devrait-elle prendre plus de risque la prochaine fois, peut-être devrait-elle sonder télépathiquement de tels individus. Car il y en aura surement d’autres et si elle le devait elle les repousserait.

Les X-Men et l’Institution qu’ils défendaient avaient des ennemis ; ils pourraient toujours tenter d’aider les autres qu’ils devraient avant tout se protéger comme les protéger. Sinistre avait déjà infiltré l’Institut par l’intermédiaire d’un mutant « à ce point inoffensif » et Xen avait cette différence qu’elle se présentait comme suspecte d’entrée de jeu et y réagissait comme telle sur toute la ligne. En tout cas la rencontre était finie et une fois son signalement donné à Danger Rachel s’en retournerait là où elle s’était interrompue pour son devoir.