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 La chasse est ouverte [Nora]

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Yitzhak Anavim
Confrériste Delta
Yitzhak Anavim


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MessageSujet: La chasse est ouverte [Nora]   La chasse est ouverte [Nora] Icon_minitimeLun 10 Fév - 20:33



On pourrait se dire qu’entre mes études, les entraînements à la Confrérie et les sorties, je n’ai pas de temps à consacrer à des activités nocturnes, illégales et dangereuses. Faut croire que rien ne me calme. Avec des semaines totalement saturées, je trouve quand même le besoin d’aller chercher d’autres occupations. Je pourrais vraiment pas vous dire pourquoi. Ça me prend souvent à l’improviste. Je me balade tranquillement avec des amis, un truc attire mon attention, la minute d’après, j’ai disparu et je me retrouve dans une sale histoire de baston ou quelque chose dans le genre. Parfois, je le cherche vraiment. Entre l’option boîte de nuit ou avalanche de problèmes, la seconde l’emporte un peu trop souvent. C’est pas une bonne chose pour la construction de soi. Ça me fait un peu peur de me dire que j’y trouve un intérêt encore plus addictif que le sexe. Non, carrément plus addictif en fait. J’ai toujours un nouveau gadget à tester, une nouvelle technique à vérifier, et il y a tellement de mecs qui ne demandent qu’à se faire dévisser la tête, que ce serait dommage de s’en priver. Quand je rôde dans les rues sombres, en charognard prêt à se jeter vers la moindre effluve de sang, je me dis que les gens que je connais dans la « vraie » vie n’y croiraient pas un instant.
La « vraie » vie, c’est celle des gens qui se voient sains d’esprit, du campus où la vie de tout le monde semble à peu près normale, où, t’as pas d’autre souci que faire la fête, t’envoyer en l’air, survivre à une gueule de bois et expédier tes devoirs. Là-bas, je ressemble à un jeune adulte classique, un peu excessif mais, enfin, tout le monde vous dira avec une condescendance à peine dissimulée que c’est livré avec l’étiquette tafiolle. Donc ouais, je les fais bien marrer. Je suis le petit génie efféminé qui a toujours une réplique drôle et une passion assez mignonne pour les armes à feu. « ça doit être pour me convaincre que je suis viril », ou un truc comme ça, qu’ils vous diront certainement.

Peut-être bien que ça me bouffe de m’en tenir à cette image pour garder une couverture inoffensive. Des fois, j’aimerais sortir du mensonge, rien que pour voir leur tronche. Mais ça serait la fin de ma vie socialement acceptable, le début d’une traque. Alors je me défoule comme je peux. Pour faire d’une pierre deux coups, j’essaye aussi de rendre service. Je cible uniquement des connards, comprendre par là les mecs qui attaquent en bande et, surtout, tous ceux qui s’associent de près ou de loin à un purificateur. Il y a eu des attaques sérieuses, où j’ai vraiment sauvé des mutants, d’autres un peu plus gratuites. Si je pars chasser, j’ai un peu de mal à rentrer le flingue sous le bras, en me disant « pas grave, je trouverai un gros poisson la prochaine fois ». Je cherche une cible, n’importe quoi d’assez détestable pour mériter une raclée. Dans ce moment, n’importe quelle marque d’intolérance à l’égard des mutants surprise dans une conversation fera l’affaire. Mais les cas sont rares. J’arrive à m’organiser assez bien pour éviter les attaques à l’aveuglette. Je me fais des fiches. Je cible le plus de types possibles, et je les espionne à distance. J’ai réussi à pirater leurs méthodes de communication sur internet, une sécurité tellement bricolée qu’un rien l’a fait sauter. Forcément, après les chefs très organisés des purificateurs, viennent tous ceux qui ont, un peu comme moi, besoin d’animation dans leur vie, des jeunes pas très futés qui se font un devoir de casser du mutos, qui perfectionnent leur organisation, leurs techniques de combat de jours en jours, dont les armes sont officieusement prêtées par les partis qu’ils soutiennent, bref, de la vermine qui prolifère un peu trop ces derniers temps.

Quelques courageux, avides de challenge, tentent leur chance avec des mutants mis à prix. Les autres, ceux que je file ce soir, préfèrent repérer les plus faibles, les aberrations génétiques sont la seule particularité est d’avoir des mains palmées, par exemple. On sait tous comment ça se finit quand ils arrivent à les isoler. Je l’ai vu moi-même il y a quelques semaines, c’était dégueulasse, ils brandissaient en trophée une main verte tranchée. Ça m’a mis hors de moi, de le voir, de ne pas être arrivé à temps. J’ai peut-être commis la plus grosse erreur depuis mon retour à New-York. J’ai laissé tomber la bataille rangée ou la balle proprement placée - même si je tue assez rarement. « ça a l’air drôle de se balader avec des mains coupées, je peux essayer ? », que je leur ai lancé en rejoignant leur petit groupe. Et j’ai visé celui qui semblait être le leader. J’ai fauché sa main et je suis parti. Après, j’ai commencé à me taper un délire bizarre en la prenant en photo sous des angles rigolos, du genre en lui faisant faire un « fuck » (ouais je suis subtile), et je l’ai posté sur leur « groupe » internet. Ça les a rendus complètement fous. Mais c’était pas malin de ma part. Pas à cause de leur ferme envie de me retrouver, mais parce qu’on se serait sérieusement cru dans un thriller, et que, du coup, ça a fait jaser bien au-delà de leur petit cercle.

Ils avaient aussi essayé de changer de moyen de communication, mais… on va dire que c’est pas encore ça. La nouvelle ratonnade était pour ce soir, une fille soupçonnée d’être mutante à cause d’une ouïe qu’on avait dénoncée comme anormalement fine, et parce que personne ne l’avait vue les oreilles découvertes, enfin, ça pouvait aller loin. Ils étaient trois, armés de flingues d’un assez gros calibre pour exploser une tête à bout portant. Ça craignait à mort. Comme souvent, je me suis dit que le mieux était de les ralentir avant qu’ils ne soient un peu trop à découvert. Donc je me suis élevé jusqu’à un balcon pour viser l’arme identifiée comme la plus destructrice au fusil d’assaut.
Bam, en plein sur la hanche ! Ils ont violemment sursauté, le mec visé a hurlé de peur comme de douleur (j’avais arraché un bout du treillis au passage) et je les ai vus reculer de manière totalement confuse.

- C’était quoi ça ?
a dit l’un d’eux d’une vois blanche.
- Tu crois que le fou… le tueur des purificateur est dans le coin ?

- Arrête, je vois pas comment il aurait pu nous retrouver. Oooh…

J’avais retrouvé la terre ferme et, encore dans l’ombre, visé un genou. Je pouvais tous les neutraliser à distance, mais les prises de contact étaient souvent tentantes. J’aimais trop ces discussions à couteau tirés pour m’en priver. Donc, entièrement caché sous une tenue en kevlar sombre, deux guns à la main et l’air armé jusqu’aux dents, je me suis pointé devant eux.

- Je sais que vous avez fait votre possible pour me tenir éloigné des prochaines festivités, mais je tenais vraiment à être de la partie, même si nous ne visons pas tout à fait les mêmes personnes.
- Ouais, d’ailleurs, il se pourrait qu’on change de cible, a dit celui qui avait le plus de cran.
C’était aussi celui qui semblait le plus à l’aise avec une arme. Il m’a fait un headshot impeccable qui, combi ou pas, avait de quoi me sonner. Sauf que la balle a disparu dans ma tête sans laisser de trace, et j’ai répondu à son regard horrifié en tirant droit dans sa main.
- Bien vu, mais tu ne pensais pas que ce serait aussi simple quand même ? ai-je dit désolé.
- Putain, on se casse les mecs !
D’un coup, le courageux s’est sauvé comme un lièvre, le type a la hanche brûlée a suivi, et l’autre, celui au genou pété, est resté bêtement par terre. C’était pas la peine que je m’occupe de lui. J’ai suivi le plus dangereux, le bon tireur toujours armé malgré son poignet cassé. Ça n’aura pas été dur, une poussée d’énergie et j’étais déjà à sa hauteur pour le faire basculer par terre.
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Nora Passeri
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MessageSujet: Re: La chasse est ouverte [Nora]   La chasse est ouverte [Nora] Icon_minitimeSam 22 Fév - 18:43

L'agent 31 ne comprenait pas pourquoi ce dossier lui avait été confié. Déjà, elle en avait un en cours avec la fameuse Colleen Caravella qui se révélait être un cas des plus particuliers... Mais en plus, il n'y avait pas grand chose, sur ce type. Elle devait le suivre et recueillir des renseignements sur ses activités et liens, il y avait des soupçons d'appartenance à soit la Confrérie, soit un autre groupe anti-humain, mais de ce qu'elle voyait... C'était maigre, très maigre. Quelques propos étranges, quelques personnes blessées à ces moments où il n'était pas chez lui... C'était extrêmement insuffisant. A vrai dire, avant qu'elle n'intègre le BlackHawk, si Nora avait eu le dossier de ce type en main, elle l'aurait probablement rangé de côté sans lui accorder un grand intérêt. Il faisait des études, et voilà. L'italienne n'était pas du genre MILF croqueuse d'étudiants, donc elle ne voyait pas trop pourquoi s'intéresser à lui.

Mais le travail était le travail, au fond. Contre mauvaise fortune bon cœur, elle commença donc à le suivre discrètement. Et ce ne fut pas aussi simple que cela : le type était étonnamment discret. Elle perdit sa trace un bon nombre de fois et ne parvenait en général à le retrouver qu'en surveillant l'endroit où il faisait ses études. Ce fut un des premiers éléments qui éveilla sa méfiance... Un simple petit jeune pensait en général à se bourrer la gueule et baiser des connasses, il ne couvrait pas ses mouvements. La miss radioactive décida donc d'être plus attentive, commençant à le surveiller de loin mais à longueur de journée. Elle avait malgré tout encore perdu sa trace, un soir, mais des éléments intéressants se mirent à surgir...

Dans le quartier où elle l'avait perdu de vue, une agression des plus intéressantes avait eu lieu. Un humain s'était fait trancher la main, mais il avait refusé de porter plainte ni quoi que ce soit de ce type, et peu de temps après, des photos de la main furent postées sur un forum utilisé par des groupes de connards anti-mutants. Pour Nora, c'était net : c'était lui, c'était sa cible. Bien entendu, c'était encore insuffisant pour le mettre dans la case "confrériste génocidaire", mais c'était tout de même intéressant. Faire cela montrait qu'il s'intéressait autant au fait de faire souffrir ses victimes qu'à la "justice". S'il avait été une sorte de justicier masqué, il aurait juste tué ces mecs, ou les aurait livrés aux flics, ou quelque chose de ce type. Mais non : il lui avait tranché la main avant de se payer sa tronche. Cela montrait, pour elle, qu'il n'avait pas une très grande empathie et qu'il pourrait donc correspondre au profil d'un membre d'un réseau anti-humains.

Cela la décida à le suivre de plus près. La voilà qui se retrouvait donc, en pleine nuit, dans les rues de New-York à suivre de (très très) loin un personnage potentiellement dangereux. Elle le vit entrer dans un bâtiment, mais décida de rester à l'extérieur pour l'instant. Hors de question de se faire attraper dans un couloir et de devoir faire du corps-à-corps avec lui... Il n'y aurait que deux options. Soit elle utiliserait sa puissance maximale et le tuerait, ce qui irait à l'encontre de ses objectifs, soit il aurait le dessus et c'était elle qui se ferait tuer. Perdante dans tous les cas... Ce genre de situation ne lui plaisait absolument pas.

Mais alors qu'elle campait à l'extérieur, des coups de feu se firent entendre.

- Merde... C'est pas vrai ça...

L'italienne se mit à courir à toute vitesse pour faire le tour du bloc, et tomba sur une scène des plus intéressantes. La bande de débile était armée, l'un d'entre eux était au sol avec un genou visiblement éclaté, un autre venait d'être projeté au sol par ma cible. Les deux derniers étaient en train de fuir. Et ils l'avaient vue... Le calcul fut assez vite fait. Des personnes dont elle savait qu'ils commettaient des actes de violence ou de torture envers des personnes innocentes, qui en plus pouvaient la compromettre ? Aucune pitié. En plus, cela lui permettrait de s'attirer la confiance de ce personnage qui était subitement devenu des plus intéressants...

Son bras droit se mit à luire d'un puissant jaune vif alors que les radiations s'accumulaient dans ses nerfs. Cet engorgement radioactif faisait vibrer les cellules et l'air autour, commençant à produire un son grave... Et après une seconde environ, c'était prêt. Elle tendit la main vers les deux qui la regardaient, n'essayant même plus de s'échapper, et un rayon partit vers eux dans un bruit aigu et assourdissant. En l'espace de quatre à cinq secondes, leur peau se mit à se dessécher sous l'effet des brûlures radioactives, leurs organes se décomposèrent, et ils finirent par tomber au sol avec l'aspect de deux momies au visage déformé par la surprise et la douleur. Le spectacle de son et lumière s'arrêta alors, son bras luisant encore un peu malgré tout... Elle ne voulait pas trop en faire : elle risquait de causer des dégâts collatéraux... Et faire cela lui demandait une certaine énergie. Si par malheur le justicier mutant n'était pas convaincu par sa prestation, elle pourrait avoir besoin de réagir rapidement...

Fixant son regard sur lui, elle fronça les sourcils et lâcha d'une voix ferme :

- Finissez-moi ces deux débiles, il faut qu'on se tire !

Et vite. Si le BlackHawk avait de l'autorité, Nora doutait fort que ses supérieurs apprécient qu'elle se fasse attraper par la police municipale sur une scène de crime de ce genre. Leur discussion devrait avoir lieu autre part, loin d'ici de préférence.
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Yitzhak Anavim
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MessageSujet: Re: La chasse est ouverte [Nora]   La chasse est ouverte [Nora] Icon_minitimeMer 5 Mar - 23:59

- Lâche-moi ! Laisse-moi partir, t’as eu ce que tu voulais non ? Qu’est-ce que tu crois que je vais faire avec une main qui pisse le sang ? Sérieusement…
Là, c’est clair qu’il faisait pas le fier le loustic. Il avait peur, sa peau était tellement blanche qu’il semblait faire de son mieux pour réussir à articuler des mots sans tourner de l’œil.
- Attendre qu’elle pourrisse et qu’elle tombe ? ai-je répondu du tac-au-tac sans la moindre compassion, juste comme ça, pour le dégoûter.
Il avait le même regard que les autres, partagé entre la défiance et la rage. Je l’énervais. Je ne prenais pas la gravité de sa blessure, la probabilité de sa mort au sérieux. Au final, les gens préfèrent le masque impassible d’un bon gros psychopathe, ou les délires totalement flippants d’un psychotique. Moi, je continuais juste à me payer sa tête. J’étais plus énervant que terrifiant. C’est mon style. Je m’amuse. Je veux être sûr de devenir la personne qu’ils détesteront le plus au monde. Il n'y a pas pire que se faire humilier, rétamer, par quelqu’un qu’on n’a aucune envie de respecter...
- Je voudrais pas balancer, mais t’a quand même essayé de me tuer non ? Comme ça, sans prendre le temps de discuter un peu, ai-je continué en saisissant son poignet blessé pour examiner la largeur du trou à travers les bouillons de sang.
- Dégage… T’avais tiré sur mon pote…
- Armé d’un gros calibre pour sa promenade vespérale ? Ouais, ouais je sais. Mais j’aime pas voir des flingues sur des types que je connais pas. J’dois être un peu parano, j’ai toujours l’impression qu’ils vont faire une bêtise avec…

Non, il avait pas l’air de bien comprendre. Il soufflait difficilement en gardant son air de gros dur. Je les aime bien ceux-là, on peut prendre du temps avec eux, avant de les faire craquer. En ce moment, il sentait qu’il avait tout intérêt à garder le silence. J’ai du mal à frapper un ennemi à terre. La torture gratuite, c’est pas mon truc. Je préfère quand les mauvais côtés de mes cibles finissent par ressortir au plus profond de leur désespoir, juste au cas ou je me trompe… J’en ai déjà relâché qui pleuraient comme des gosses, la plupart d’entre eux en fait. Pour les autres, ceux qui finissent par se rebiffer et m’insulter, ça devient plus trash. Je vois bien que je suis tombé sur un vrai chef de gang. Il soutient mon regard, il m’avait tiré entre les yeux sans chercher à comprendre qui j’étais. Ça, c’était du tueur aguerri, de l’irrécupérable. Il ne s’en tirerait pas. Seule sa crainte de crever comme la grosse punaise qu’il était l’empêchait de me cracher un tas de trucs dégueulasses au visage. Mais, en général, les gars de son genre le faisaient à la fin, quand rien ne devenait plus important qu’essayer de laver ce qu’ils confondaient avec l’honneur.
- Tu l’as mauvaise pas v…

J’étais sur le point d’en rajouter une couche pour le mettre bien hors de lui, mais il s’est passé un truc, une lumière, un bruit glaçant à quelques mètres de nous, là où les deux autres fugitifs avaient tourné. Ça ressemblait un peu à une radiation. Il y a de nouveaux atomes dans le coin, un truc qui hérisse mon code génétique et me fait automatiquement penser « ça mon chéri, c’est pas un truc digeste ». Et là, une nana avec le bras luisant s’est pointée. Pas la peine de se demander où étaient passés les deux autres casseurs, j’ai comme l’impression qu’il ne doit pas en rester grand-chose. J’aime pas ça. Une mutante aussi balèze et sûre d’elle, on en croise pas souvent au hasard, surtout la nuit, dans un quartier où on ne peut rien rencontrer d’autre qu’un mutant aux prises avec des pseudos-purificateurs. La question automatique est donc, qui de moi ou d’eux suivait-elle ? Je suis quand même un peu rassuré de savoir qu’elle a tué les humains. Ça m’embêterait d’avoir affaire à une redresseuse de tort d’un autre genre que le mien. Je ne sais pas si son truc pourrait me tuer d’un coup, mais ça mettrait très certainement un joyeux bordel moléculaire que je n’ai pas du tout envie d’expérimenter.

Très vite, elle donne le ton. Je ne peux pas vraiment lui reprocher de vouloir liquider tout le monde. Après les coups de feu et les ondes radioactives, il est impossible que les flics en patrouille ne soient pas de la partie. Ça me pose quand même un problème de conscience. Je tue selon l’inspiration du moment, pas dans l’urgence, sans savoir si ça vaut le coup ou non, sauf quand ma vie est directement menacée, que c’est moi ou l’autre… En général, je me contente de menacer, d'anéantir une vie d'une autre manière. Seulement, on n’a pas toujours le temps de faire dans le sentiment ou la subtilité, et j’ai une mutante cheloue qui me propose une virée plus intéressante. Ce serait un peu idiot de la contrarier tant que je ne sais pas ce qu’elle veut. J’appuie sur la gâchette du flingue que je tiens dans une main. Avec l’option silencieux, on n’entend presque rien. La balle se fiche au même endroit que celle qu’il m’avait collée plus tôt. Sauf que, contrairement à la mienne, sa tête explose à moitié.

- Ok, ai-je répondu avec un léger décalage.

Je me suis relevé. L’autre humain me regardait, le « pitié » au bord de ses lèvres tremblantes. Mon bras s’est tendu. Il a gémi un truc qui ressemblait à un « nooon », mais l’angoisse l’empêchait d’articuler quoique ce soit. C’était gênant, j’ai balancé une connerie :

- Désolé, pas ce soir. On verra la prochaine fois !

Même traitement pour lui. Une balle dans la tête. Ça évite les morts trop inutilement longues qui finissent en mauvais drames, surtout qu’il m’a semblé entendre des sirènes au loin. Je me suis retourné vers l’autre tueuse, elle était déjà en train de courir pour s’éloigner des lieux du crime. C’était sans doute un autre problème qui s’annonçait, mais je l’ai suivie dans la seconde même. Ma curiosité était déjà trop piquée pour que je songe un seul instant à essayer de me sauver de mon côté.


Dernière édition par Yitzhak Anavim le Mar 11 Mar - 19:43, édité 1 fois
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Nora Passeri
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MessageSujet: Re: La chasse est ouverte [Nora]   La chasse est ouverte [Nora] Icon_minitimeSam 8 Mar - 13:26

Il semblait surpris. Parfait. Surpris, mais sans réaction excessive. C'était pile le bon équilibre : le fait qu'il soit surpris, pris au dépourvu, permettrait à la brune de partir avec un certain avantage sur les futures discussions. Le fait qu'il ne panique pas, en revanche, lui permettait aussi de... hé bien, de survivre, tout simplement. Aussi "balèze" puisse-t-elle paraître, le fait était qu'une simple balle pouvait l'abattre, elle devait donc faire preuve d'une grande méfiance et d'une grande vigilance. Le type l'observa quelques instants avant de finalement appuyer sur la gâchette, abattant le "pauvre" type sans une grande émotion. Sa tête, ou une partie en tout cas, voltigea dans la rue. Ce fut à ce moment seulement que le petit jeune se décida à répondre, un simple "ok" parfaitement sobre et sans grande émotion. Un psychopathe ? Possible.

Son dossier ne tirait aucune conclusion définitive quant à son état de santé mentale et le danger qu'il pouvait représenter à ce niveau. S'il était dangereux à ce niveau-là, ce serait drôle, pour la brune... Elle se retrouverait abonnée. Entre Colleen qui voyait l'image de sa sœur morte et était abonnée aux hôpitaux psychiatriques, et le tueur sanguinaire des ruelles de New-York, ça ferait un bon mélange. Mais d'un autre côté, c'était aussi une très bonne occasion de faire ses preuves auprès de l'organisation : si elle parvenait à rendre des dossiers complets en s'attirant la confiance de ces deux personnages très... disons... chatoyants, elle pourrait aussi montrer qu'elle était capable de gérer des situations assez complexes.

Se redressant, il abattit le type qui était par terre d'une autre balle, avant d'ensuite partir avec la miss radioactive. Maintenant, il fallait partir d'ici et très vite. Ce petit spectacle était peut-être très distrayant et ferait super sur un écran 3D, mais ici, ce n'était pas Mutant Town ni le Bronx. La police serait là dans les prochaines minutes et il convenait donc d'évacuer les lieux à grande vitesse. Si un civil la repérait, il se souviendrait d'une jeune femme avec les cheveux noirs de jais : elle avait pris soin de les colorer pour l'occasion. Ses mèches blanches étaient un vrai problème... C'était un signe distinctif trop évident et elle devait donc faire en sorte de s'en débarrasser dès que possible lorsqu'elle sortait pour suivre la trace de quelqu'un.

- Par là, on sera tranquilles, lança-t-elle alors avant de partir vers une petite porte grillagée, dans un coin de la ruelle.

Celle-ci les fit passer dans un petit tunnel sur une dizaine de mètres, avant d'ouvrir sur un petite cour intérieure qui avait été aménagée en terrain de basket. Vu les signes environnants -ballon abandonné, bouteilles de jus de fruits, papiers de gâteaux, ...- cet endroit était assez animé durant la journée. Mais à une telle heure... c'était vide, et même assez sinistre.
La jeune femme entra alors dans un bâtiment sur le côté, et après avoir descendu des escaliers puis ouvert une autre porte, les deux se retrouvèrent soudainement sur une plus grande rue, en centre ville de NY. Difficile de croire que moins de 5 minutes auparavant, ils étaient dans une petite ruelle isolée. Ce passage permettait de passer au travers de plusieurs blocs d'un seul coup et de couper au travers des petites rues du coin.

Nora fit signe à celui qui la suivait de continuer de le faire, passant dans une rue un peu moins grande, et après cinq à huit minutes, ils se retrouvèrent face au Cask Bar & Kitchen, un établissement à la fois élégant et tranquille du centre-ville New-Yorkais. Il ne leur fallut pas longtemps pour obtenir une table. La musique était douce, mais suffisamment forte pour qu'il soit difficile d'entendre les conversations des voisins : c'était la raison pour laquelle la brune avait choisi cet endroit qu'elle affectionnait particulièrement, pour les discussions tranquilles. Il y avait ça, et les boissons, évidemment, mais c'était une autre histoire.

Reprenant un peu son souffle et jetant un oeil au menu "drinks", elle demanda alors à Yitzhak :

- Depuis combien de temps vous suiviez ces débiles ?

Sans attendre de réponse, elle ferma le menu et le poussa vers lui, histoire qu'il puisse au moins faire semblant de choisir et ne pas faire trop suspect. Même s'il était fort improbable que quelqu'un ne les retrouve ici, vu qu'il n'y avait à priori pas eu de témoins, elle préférait se méfier.


Dernière édition par Nora Passeri le Dim 16 Mar - 14:23, édité 1 fois
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Yitzhak Anavim
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MessageSujet: Re: La chasse est ouverte [Nora]   La chasse est ouverte [Nora] Icon_minitimeMar 11 Mar - 20:43

On ne va pas se mentir, quand on se fait des virées nocturnes comme les miennes, on espère toujours, dans le fond qu’un imprévu annule le programme annoncé. Choper des types, les torturer ou les tuer, rentrer chez soi, le plan change assez rarement… Alors suivre une mutante inconnue apparemment habituée aux raccourcis de New-York pour savoir ce qu’elle me veut, est une possibilité séduisante. Je ne suis pas certain que la suite me plaira, mais elle aura au moins le mérite de me donner un nouveau challenge. Tout en la suivant, je reste malgré tout sur mes gardes. On ne sait jamais que d’autres personnes, peut-être même des potes à elle, nous surveillent au loin. Je suis curieux, mais pas inconscient au point de me jeter dans un piège les yeux fermés. Aucun moyen de connaître ses intentions pour l’instant. Elle appartient peut-être à un gang que j’intéresse ou, au contraire, qui me trouve dérangeant. Je m’attendais à attirer l’attention sur moi à un moment ou l’autre. Je suis prêt à en évaluer les conséquences… Du moins, je l’espère.

Avant de débouler en plein centre-ville, je modifie la constitution moléculaire de ma tenue. Je veux bien qu’on soit pressé, mais son idée aurait été un peu foireuse si je n’en avais pas été capable. Des coups de feux, quatre mecs sauvagement assassinés, et un type qui se balade en combinaison intégrale à quelques rues de là, tout va bien, ce n’est pas du tout suspect… Ou alors, elle connaît par avance mes capacités ? ça aussi, ce serait pas super bon pour moi. Ma technique de camouflage habituelle pourrait totalement tomber à l’eau. Ceci dit, je préfère lui offrir le visage d’un blond aux yeux bleus et à la peau claire pour éviter toute identification trop facile pour un tiers trop fouineur. Niveau tenue, pas le temps de faire dans l’original, je me contente d’un jean et d’un t-shirt noir, le truc le plus lambda du monde, tellement commun qu’on ne me verrait jamais porter ça dans la « vraie vie ». Quand on franchit la porte d’un bar banché de New-York, mon look a sensiblement changé. C’était le moment de se fondre encore mieux parmi la clientèle. Soudain, je porte une chemise à carreaux bleus et des lunettes épaisses, en mode moitié hypster, moitié sérieux. Je suis la nana jusqu’à une table, jette un vague coup d’œil à la carte qu’elle me tend mais j’ai à peine le temps de me demander ce que je vais bien pouvoir prendre qu’elle me demande abruptement depuis quand je file les autres zouaves.

- Je ne les suivais pas, ai-je dit sans lever les yeux de la carte de suite. Je savais juste que des petits malins anti-mutants allaient frapper ce soir. Des petits groupes comme ceux là, il s’en forme régulièrement, des jeunes en mal de repères qui se disent que casser du mutos doit être une bonne vocation, j’imagine.

J’avais dit ça sur un ton assez léger, en prenant soin de ne pas livrer trop de détails. Ce serait idiot. Moins j’en dirais, plus je la forcerai à me demander clairement ce qui l’intéresse, car je ne sais toujours pas les motifs de sa présence sur les lieux du carnage, et vu la rapidité avec laquelle elle m’a invitée à me suivre, elle est très certainement venue pour moi. En tout cas, elle sait suffisamment qui je suis pour ne pas avoir eu besoin de me demander mon identité ou ce genre de choses. Sans laisser la place au doute, je préfère donc attaquer de but en blanc :

- Et toi, tu me suis depuis combien de temps ?

A ce moment, il me semble qu’il y a un peu de défiance dans mon regard. J’essaye de repasser à toute vitesse ces derniers jours dans ma tête. Il ne me semble pas avoir commis de réelle imprudence mais c’est vrai que, si je mets bout à bout les actions de ces derniers mois, c'est pas mal tendu. Qu’elle vienne en amie ou ennemie, il va falloir que j’étudie cette affaire de plus près. A partir du moment où quelqu’un peut vous pister, les méthodes sont à revoir. Parce qu’enfin… Je n’ai peut être que dix-huit ans, mais quand on arrivera à me chopper pour un crime avec ma véritable identité, la liste risque de devenir très longue, et le mossad va aussi s’en mêler. Je suis clairement pas le genre de mutant auquel on souhaitera rendre sa liberté.


Dernière édition par Yitzhak Anavim le Dim 6 Avr - 22:20, édité 1 fois
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Nora Passeri
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MessageSujet: Re: La chasse est ouverte [Nora]   La chasse est ouverte [Nora] Icon_minitimeDim 16 Mar - 14:36

Il ne les suivait pas ? La brune ne sourit pas, mais intérieurement elle était assez amusée. Elle avait traqué les pas de ce personnage douteux et était tout à fait convaincue qu'il les suivait. Néanmoins... Elle ne pouvait pas lui dire, pas de cette manière-là en tout cas, car il ne devait pas savoir qu'elle le suivait lui. Il devait rester convaincu qu'elle suivait les tueurs de mutants et personne d'autre, elle devait le persuader du fait qu'elle n'était qu'une sorte de justicière de l'ombre qui abattait les grands méchants pas beaux pas gentils bouhbouh et toutes ces choses-là. D'un autre côté, au fond, c'était vrai... Elle suivait les personnages dangereux qui échappaient au système judiciaire, et elle les exécutait pour la sécurité du reste du monde. Du moins... c'était ce dont elle s'était convaincue. Donc, quelque part, elle ne mentirait pas en disant qu'elle voulait abattre les espèces de fous furieux qui torturaient et tuaient aveuglément.

Néanmoins, il avait raison sur un fait assez triste : des groupes comme celui qui venait de se faire massacrer, il s'en formait des dizaines chaque jour. Peut-être que le fait que les jeunes anti-mutants se mettent à y passer intimiderait certains... La brune n'en était pas entièrement certaine, à vrai dire. Abattre les personnes extrêmement dangereuses que la justice ne pouvait pas condamner ou attraper, qui avaient des dizaines de morts à leur actif et qui étaient parties pour en tuer plus encore ? Oui, pour elle, il n'y avait aucun doute moral à ce niveau. En revanche, s'attaquer aux jeunes abrutis complets qui "cassaient du mutos" mais qui pouvaient très bien se faire chopper par les flics et coller en prison pour 30 ans, c'était une autre histoire.

Car il y aurait deux effets possibles à cette chasse à l'homme. Abattre les groupes de jeunes anti-mutants pourrait intimider les idiots qui auraient des ambitions similaires. Mais d'un autre côté, Nora savait que ça pourrait aussi galvaniser l'extrémisme de certains de ces groupes. Au lieu de se dire "ceux qui veulent tabasser du mutant se font abattre, c'est un mauvais plan", ce qui en soi serait une réflexion assez intelligente et logique, se diraient à la place "ils ont attaqué nos camarades, il faut les tuer, bwaaargh", ce qui en soi serait une réflexion stupide et primaire. Or... Il était maintenant établi que les anti-mutants, comme les anti-humains, étaient des personnes stupides et primaires de base. Il ne fallait pas espérer d'eux un raisonnement qui serait logique.

- Hmhm... répondit-elle donc à la fin de la petite tirade du mutant.

L'italienne ne semblait pas particulièrement convaincue, mais laissait pourtant passer les choses, n'ajoutant rien et ne cherchant pas à le contredire. Pour le moment, il n'était pas dans son intérêt de se le mettre à dos, il fallait... Parvenir à le mettre en confiance, ce qui en soi serait assez complexe : elle n'avait que très peu d'informations vis-à-vis de son profil psychologique. Le fait qu'il abatte les gens de cette façon pourrait laisser penser qu'il était, comme Nora, une sorte de pseudo-justicier avec un sens de la morale un peu trop vindicatif. Mais... Le fait qu'il aime bien faire souffrir ses victimes pourrait aussi laisser penser qu'il s'agissait plutôt d'un gros psychopathe, dangereux pour tout le monde et pas seulement pour les anti-mutants crétins qui erraient dans les rues de NY.

Une chose qu'elle pourrait en tout cas noter dans son profil était qu'il était direct : d'entrée de jeu, sans préliminaires, il demanda directement pourquoi elle le suivait. Fronçant les sourcils, Pulsar répondit alors avec une voix un peu irritée :

- Mais qu'est-ce-que j'en ai à faire, de vous ? C'était eux que je suivais, le plan c'était d'attendre qu'ils soient isolés, de leur mettre un coup de rayon de la mort et d'évacuer les lieux... Les coups de feu ce n'était pas du tout prévu, et à c...

La fouineuse s'interrompit, alors qu'un serveur s'était approché pour prendre leur commande. Affichant subitement un sourire ravi, comme si elle n'était qu'une petite jeunette venant profiter de la journée avec un ami, elle commanda :

- Un 167 Classic pour moi !

Une fois la commande prise, elle reprit alors :

- Ça fait plus de 10 ans que je nettoie les rues des abrutis dans ce genre, 10 ans que je ne me fais pas prendre, mais à cause de votre petit coup je ne suis pas passée loin d'entrer dans un monde vraiment merdique...!
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Yitzhak Anavim
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MessageSujet: Re: La chasse est ouverte [Nora]   La chasse est ouverte [Nora] Icon_minitimeDim 6 Avr - 23:50

Elle n’a pas l’air de me croire. Ceci dit, détails à part, la vérité n’est pas si loin. J’ai entendu parler de l’attaque en interceptant des messages. Depuis, évidemment, j’ai eu de quoi récupérer tous les moments de vie privée jetés en pâture sur internet, mais… tout le monde le fait plus ou moins non ? ça m’a occupé une soirée dans la semaine. Je ne suis pas un monstre sans cœur, j’aime savoir quel genre de vie je risque de détruire en préservant une autre existence. Au moins, dans le doute, si un type doit payer pour tous les membres du groupuscule, je choisis celui dont les traces sur le web m’auront le plus agacé. Je tiens à me rendre le plus utile possible. Parfois, j’admets, je donne dans l’ultra arbitraire, le délit de sale gueule ou d’absolu mauvais goût. Sur les gars qu’on a laissé pourrir sur le pavé, j’ai pas grand-chose à dire. Je m’en fiche. Ils n’existaient pas pour moi avant, ils n’existent plus maintenant, et j’ai mieux à faire que les pister pendant des jours. Je préfère m’en tenir aux vraies figures charismatiques de ces groupes, ceux qui arrivent à persuader les brutes en sommeil de prendre les armes pour se faire démonter à leur place. Pourquoi ne pas couper la source, me diriez-vous ? Le problème est plus complexe. Les plus influents ne se battent pas. Ils écrivent des articles vindicatifs derrière leur ordinateur et refusent, en général, d’être assimilés aux bandes armées. Ils ont tendance à l’oublier quand la nouvelle d’un massacre de casseurs tombe. Je sais que je joue une partie à l’efficacité incertaine, mais observer tout cela est très amusant.

Observer la mutante radioactive l’est un peu moins. Quelques trucs me dérangent. J’ai l’impression qu’elle attend quelque chose de moi. Vraiment. Mais, quand je lui retourne la question, elle s’offusque. Donc, si je dois la croire sur parole, elle ne me connaît pas, n’a jamais entendu parler de moi, se fiche même totalement de moi, mais m’embarque dans un bar sans la moindre hésitation. Faut avouer qu’il y a de quoi être très suspicieux. Du coup, je lui rend son froncement de sourcils. En plus… Un serveur interrompt mes grandes réflexions pour prendre notre commande. Apparemment, ma « compagne » a l’air de connaître la carte par cœur. Moi, je n’ai pas la tête aux découvertes. On n’est pas là pour passer du bon temps, et les consommations mystère, ça m’embrouille la tête à cette heure. J’y connais pas grand-chose en bières, par réflexe, je lance :

- Une sangria.

Bref. Elle poursuit. Dix ans qu’elle fait le ménage dans les rues, et il semblerait que j’ai bien failli griller sa petite affaire pour une fois. Je ne comprends pas très bien. Déjà, je n’ai pas eu beaucoup de retours concernant des humains radiés. Ensuite, si son but était bien de se débarrasser de ces types, au final, je m’en occupais moi-même. Quel est très clairement le problème au fond ? Je suis dans le flou total. Il me manque trop d’éléments pour faire un raccord logique, je ne sais pas très bien ce qui me tombe dessus et, dans tous les cas, je ne vois pas du tout où elle veut en venir. Donc, je commence par m’étonner assez sincèrement :

- De nous deux, il me semble que j’étais le plus exposé. Si nos buts étaient les mêmes, pourquoi avoir pris le risque de se compromettre avec moi au lieu de me laisser finir le travail ? Tu veux que je t’envoie un sms la prochaine fois que je décide d’agir peut-être ?

Et je finis par jouer au con… Quand une situation m’échappe, je n’arrive pas à rester sérieux. C’est une sorte d’auto-défense instinctive, et pas forcément subtile. Dans le doute, plutôt que se la faire mettre à l’envers, ne pas chercher à comprendre, bloquer la discussion, provoquer la perte de contrôle en retour. Je suis passé maître dans l’art d’être assez imbuvable pour repousser la plupart des gens qui cherchent à me connaître. Ceux qui y arrivent sont de véritables acharnés, ou des gens que j’ai décidé de bien aimer. Là, je me sens quand même en terrain hostile, objectifs proches ou non.
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MessageSujet: Re: La chasse est ouverte [Nora]   La chasse est ouverte [Nora] Icon_minitimeJeu 10 Avr - 17:57

Nora le laissa commander, l'observant ensuite. Sa réaction n'était pas extrêmement positive, mais d'un autre côté, elle ne s'attendait pas à ce qu'il devienne subitement tout gentil tout mignon tout rose et lui fasse une confiance aveugle. Arriver à un tel stade, si c'était possible, demanderait nettement plus de temps... Et dans l'immédiat, il était extrêmement méfiant ce qui pouvait bien se comprendre. Il venait de découvrir qu'il n'était pas le seul à nettoyer les rues des abrutis extrémistes, il se sentait visiblement "exposé" comme il le disait, déclarant qu'il aurait mieux fallu le laisser faire plutôt que d'arriver dans le tas. Nora soupira longuement, haussant les épaules à sa dernière question sur le SMS.

- Et pourquoi pas ?

Elle était sarcastique à son tour, mais ne comptait pas s'arrêter à ça.

- Le risque de me compromettre, je sais pas, j'ai pas réfléchi ok ? ajouta-t-elle avec une allure mi-honteuse mi-énervée.

Faire passer ça sur une improvisation mal choisie serait sûrement la meilleure manière de s'en sortir. L'erreur humaine, ou mutante, était une source majeure de problèmes et le fait que Nora ait décidé d'intervenir pouvait aisément s'expliquer par cette cause tout à fait commune. Il arrivait souvent que des personnes pourtant parfaitement intelligentes et civilisées réagissent d'une manière étonnamment stupide face à une situation inattendue. L'improvisation n'était pas vraiment un talent que tout le monde partageait... Par chance, Nora avait un peu d'expérience dans ce domaine, mais elle savait bien qu'ici, elle devrait être très prudente. Yitzhak n'était pas un de ces glandus de base qui tuent du mutant ou des humains "pour le fun" après le foot et quelques bières...

Il s'agissait véritablement d'un prédateur. Elle distinguait vraiment les prédateurs et les imbéciles. Un imbécile allait tuer des gens, mutants ou humains, pour une "cause" sans queue ni tête, sans logique réelle. Pour "suivre le mouvement", parce que "c'est cool", parce que "ils nous volent notre travail", ... Les causes étaient aussi multiples qu'imbéciles. En général, ces personnes-là étaient faciles à manipuler car leur haine venait en général du fait qu'ils se faisaient manipuler comme des gros pions. Les prédateurs, en revanche... C'était tout à fait différent. Ils trouvaient une proie, ils l'étudiaient avec soin, ils tournaient autour sans se faire voir, et ils bondissaient pour l'abattre avant de disparaître. Quant à leurs motifs... Ils pouvaient être très divers, mais ils étaient en général complexes. Bien plus qu'on ne pourrait le croire.

Et monsieur Anavim faisait partie de cette catégorie-là, pour Nora. Elle se doutait donc qu'elle ne serait pas en mesure de l'appâter avec deux ou trois idioties et qu'elle ne pourrait pas l'amener là où elle voulait avec facilité. Leurs échanges demanderaient de la réflexion et un seul mot en trop, ou manquant, pouvait signifier un échec total et définitif. Gros risques, gros enjeux. La banque pour laquelle elle travaillait était une spécialiste de ce domaine d'ailleurs... Mais il y avait une différence. Quand sa banque investissait en prenant un énorme risque et échouait, les citoyens d'Amérique payaient la facture. Dans le cas présent, si elle échouait, elle risquait de payer très cher.

- J'ai improvisé. Comment j'étais censée deviner qu'une espèce de jeune... ninja sortirait de nulle part avec des armes ?

Soupirant, elle ajouta :

- J'aurais dû faire quoi ? Vous laisser mes proies ? Ou vous abattre ? Je nettoie les rues, moi... Je ne suis pas une espèce de psychopathe qui bousille tout le monde...

Pulsar conclut en précisant avec un air un peu accusateur :

- Puis dans le genre discret, vous faites fort, avouez-le... Armes à feu, combat au contact, et des corps ensanglantés de partout, sans parler des témoins qui ont failli s'enfuir... Je ne vous donne pas 6 mois avant de vous faire attraper. Sans rire, à quelques secondes près, l'un d'entre eux fichait le camp ! Et honnêtement, certains mutants disent "haha, le BAM, sacrebleu, je me rrrriiiiis du BAM", mais croyez-moi ils devraient bien se méfier...
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Yitzhak Anavim
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MessageSujet: Re: La chasse est ouverte [Nora]   La chasse est ouverte [Nora] Icon_minitimeDim 13 Avr - 15:30

Elle retourne à ma provocation une réponse du tac-au-tac. C’est pas mal pensé, si on joue aux idiots tous les deux, il est clair que la conversation ne pourra jamais progresser. Je me retrouve donc coincée à la table d’une mutante très certainement de type alpha qui, après un joyeux massacre, m’oblige à boire un coup avec elle sans m’expliquer pourquoi. Elle voudrait me faire croire que son arrivée dans la bataille tient du coup de tête. Sur ce point, je lui accorde que je serais capable de faire ce genre de connerie si un autre mutant me souffle une proie durement traquée devant mes yeux. L’ennui, c’est que je ne vois pas très bien en quoi les types que je poursuivais étaient indispensables à son tableau de chasse. Et si c’était le cas, si cette nana était une véritable monomaniaque, je pense qu’elle m’aurait exprimé toute sa contrariété, sans réfléchir non plus, bien avant de m’attirer dans ce bar. Je ne sais pas très bien sur qui elle s’attendait tomber mais, quoiqu’elle me veuille, je n’ai pas l’intention de lui lâcher grand-chose tant que son histoire ne sera pas un peu plus nette. Elle semble gênée. Ça pourrait aussi être une bonne comédienne qui n’a pas encore très bien décidé du rôle à adopter. L’idée d’être sondé malgré moi est assez insupportable. Je donnerais un bras pour posséder des talents de télépathe à cet instant.

Bon, à la croire, elle y tenait vraiment à ses « proies » et ne m’avait pas abattu pour une raison encore inconnue. Je peux concevoir cependant, par simple déduction logique, qu’essayer de neutraliser un mutant dont on ignore l’étendue des capacités peut se solder par la destruction partielle ou totale de tout un quartier. La prise de risque en vaut donc assez peu la peine lorsqu’on ne fait que passer pour faucher la mauvaise herbe d’un trottoir. Par contre, j’apprécie très peu me faire traiter de psychopathe par une personne qui vient de me montrer autant, voire plus, de comportements tordus. Là, forcément, je me sens obligé de répondre en baissant ma garde. Je suis peut-être un peu cramé dans ma tête, mais je ne suis pas un agitateur décérébré. Et puis, les pires, ce sont sans doute les gens comme elles, ceux qui s’investissent d’une mission absolue en se persuadant qu’ils ont plus de bon sens ou de noblesse que les autres. Ça expliquerait peut-être les discours bidons qu’elle me tient depuis tout à l’heure après tout.

- Est-ce que je viens bien de me faire traiter de psychopathe par une personne qui me parle de « ses proies » et qui vient d’atomiser deux post-ados en un battement de cils ? Va falloir m’expliquer la nuance entre nettoyer les rues et bousiller les gens, parce que là, j’vois pas trop. J’ai même l’impression que tu les as carrément plus abîmés que moi ces pauvres types, avec une technique qui crie au mutant over dangereux à trois mille kilomètres.

Après ça, c’est moi qu’on va accuser de ne pas être discret. Vraiment sympa de s’inquiéter pour moi. Où elle veut en venir ? Elle a l’intention de me donner des conseils pour être un super tueur ? Bof… Le profil du mentor, elle ne l’a pas non plus. Et ses remarques me font surtout réfléchir au fait que mes prises de risque sont peut être en train de se payer ce soir. Même si je ne pense pas encore le BAM assez cynique pour m’envoyer une tueuse, il est possible qu’elle soit inconsciemment en train de m’avouer que j’ai manqué de prudence ces derniers temps. Sauf qu’il est un peu tard pour devenir paranoïaque. J’aurais dû faire gaffe avant. Dans l’immédiat, je feins de prendre la mouche, ce qui n’est pas difficile. J’ai la vexation facile, même si j’arrive, en général, à me contrôler quand la situation l’exige. Le visage plus fermé, je lui réponds donc :

- Déjà, mes armes sont sous silencieux. Ensuite, j’utilise des calibres tellement classiques que je pourrais être un millier de tireurs différents. Je n’étais pas non plus venu pour les tuer nécessairement, tu ne m’en as pas laissé le choix. J’en ai déjà laissé filer d’autres. Ça a tendance à les calmer. Les gens ne parlent pas si facilement quand ils se sentent traqués.

Au pire, ils n’auraient pas grand-chose à dire. Je ne suis pas le seul mutant à agir sous couverture, et il n’est même pas possible de prouver concrètement que le tueur est un mutant. Cependant, je n’ajoute rien de plus, je me retiens aussi de préciser que le BAM me laisse agir en paix depuis déjà presque un an. On ne sait jamais, toute information trop précise pourrait me causer du tort tant que je n’arrive pas à définir ses intentions. Je fais donc de mon mieux pour avoir l’air de lui lâcher des informations naturellement, tout en gardant pour moi les choses qu’une bête enquête ne pourra constater par elle-même. Et si c’est une personne qui désapprouve tout simplement mes méthodes, tant pis, je n’ai pas à me justifier sur le fait que je trouve plus « utile » de laisser les corps en vue ou de renvoyer des salauds traumatisés chez eux. Les gens ont besoin qu’une menace soit concrète pour commencer à réfléchir. On ne parle presque jamais des disparus. Je n’assassine pas gratuitement.


Dernière édition par Yitzhak Anavim le Mer 23 Avr - 19:34, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La chasse est ouverte [Nora]   La chasse est ouverte [Nora] Icon_minitimeLun 21 Avr - 19:54

Nora devait bien reconnaître qu'il n'avait pas entièrement tort, sur le côté psychopathe... Le fait qu'elle en parle comme de ses "proies", ça faisait peut-être un peu trop quand même. C'était à mettre sur le compte de l'enthousiasme. Ce qu'il disait au sujet de tuer des post-ados en un battement de cils la laissait perplexe, par contre. Il avait donc un sens moral ? Celui-ci semblait assez étrange à Nora, mais manifestement il en avait un... C'était donc bel et bien une forme intéressante de psychopathie. Il avait son propre code de principes acceptables, différent de la "normale", qu'il respectait d'une certaine manière. Visiblement, ce sens moral bien particulier lui permettait parfois de commettre des meurtres... Mais parfois non. L'enquêteuse était assez gênée par le fait de ne pas connaître les détails des principes qui faisaient agir Yitzhak.

Peut-être aurait-elle l'occasion s'en savoir plus, mais pour le moment, elle se focalisait sur le fait de donner le change. Elle prit donc une mine énervée, excédée même, et répondit d'une voix forte :

- J'ai dit que j'avais impr... S'interrompant, elle reprit, plus discrète : J'ai dit que j'avais improvisé, ok ? En temps normal je peux faire disparaître les corps, mais il n'y avait pas le temps. Quant au fait que je les ai abattus... D'une part, hors de question qu'ils donnent mon signalement à la police. C'est quoi cette idée stupide de les laisser partir ? Quoi, vous croyez que vous leur faites peur ? Ce sont des tueurs sans aucune forme de sens moral, ils massacrent pour le plaisir contrairement à moi... Le fait de torturer et abattre des mutants, ou des humains selon le cas, provoque chez eux un sens de bien-être, d'accomplissement... Qui fait qu'ils ne sont plus des pré-ados mais des dangers publics. Quelqu'un qui torture des innocents ne peut pas utiliser son âge comme argument, pour moi. On ne naît pas sadique, on le devient par des choix, en cédant à des pulsions furieuses et malsaines.

Pour le coup, elle ne mentait pas. C'était vraiment ce qu'elle pensait.

- C'est pas une histoire de psychopathe. Je fais ça pour que les personnes assez fortes d'âme et courageuses, celles qui ne cèdent pas à ces pulsions primitives et immondes, soient protégées des fous furieux qui sont contrôlés par leurs plus bas instinct.

Nora soupira ensuite, s'interrompant alors que le serveur leur ramenait leurs boissons. Elle le trouvait assez mignon. La tradeuse n'était pas une grande adepte des "petits jeunes", mais une fois de temps en temps elle ne dirait pas nécessairement non, surtout avec celui-là. D'ailleurs, lorsqu'il se retourna pour repartir vers le bar, elle ne put s'empêcher de s'offrir une jolie vue sur son fessier.
Mais l'heure n'était pas vraiment à ça... L'agente reprit donc son air sérieux, répondant au Confrériste qui se trouvait face à elle. S'il n'avalait pas son histoire, ça pourrait être soit un échec, soit une catastrophe. Il ne fallait surtout pas que la Confrérie sache qu'une agence gouvernementale utilisant des mutants s'intéressait à eux... Cela ne ferait que renforcer leurs délires paranoïaques selon lesquels l'humanité veut les traquer et les tuer, alors que jusqu'ici... Au fond, la Confrérie n'avait fait que de donner aux humains des raisons de se méfier, finalement. Un ratage aurait donc des conséquences politiques et diplomatiques pouvant être très sévères.

- Le problème avec le fait de les laisser partir, c'est que tu te prends pour le mâle alpha ultime, tu crois que tu fais peur ? Il suffit d'un seul humain, un seul, pour signaler qu'un mutant a attaqué tabassé et torturé ses amis avec du matériel de guerre pour que la situation ne dégénère... Pour le moment, les seuls humains qui en veulent aux mutants ce sont des fous furieux de religieux. Mais si les nouvelles selon lesquelles des mutants tabassent des humains se multiplient, s'il y a d'autres attentats comme Yggdrasil...

Haussant les épaules, elle but une gorgée de son cocktail avant d'arriver à la conclusion.

- Ce ne sera plus une poignée de 10.000 humains qui nous craindront mais 6 milliards. Et les mutants qui disent "oui mais je suis gros bill", je leur réponds "oui mais eux ils sont 500". C'est pour ça que j'élimine les mutants qui posent problème et les humains qui posent problème... Pour éviter des incidents qui mettraient TOUT LE MONDE dans la merde.

Avec un grand sourire, m'appuyant au dossier de ma chance, j'ajoutai :

- En fait, je suis une sorte de diplomate !
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MessageSujet: Re: La chasse est ouverte [Nora]   La chasse est ouverte [Nora] Icon_minitimeJeu 24 Avr - 0:14

Sur le moment, j’y ai vraiment cru. Je me suis dit qu’elle allait tout balancer de vive voix, parler de meurtres et de cadavres au beau milieu d’un bar rempli d’ahuris qui scrollaient plus leur i-pod qu’ils n’écoutaient leurs potes. Vous imaginez l’embrouille ? La nouvelle d’un quintuple assassinat commençait peut-être déjà à tourner sur les réseaux sociaux. Avouer aussi clairement son implication dans l’affaire à une trentaine de personnes serait d’une débilité sans nom. Je l’ai d’abord regardée avec de gros yeux perplexes. Sans doute que si elle avait continué, je l’aurais traitée de malade mentale avant de me barrer. Mais elle s’est calmée. Timing presque parfait. Je suis de plus en plus déstabilisé. Si elle tient un rôle, j’ai trouvé aussi fort que moi, une personne capable de tenir un comportement si chaotique qu’il réduit à néant toute tentative d’analyse. Le problème, c’est que l’interprétation souhaitée (et peut-être véritable) serait celle d’une personne instable. Je ne vois pas très bien où elle voudrait en venir. Essayer de me faire perdre patience ? Me rendre aussi passionné qu’elle ?
Quelques années plus tôt, j’aurais foncé tête la première. Aujourd’hui, je fraye trop régulièrement avec le risque pour ne pas garder la tête froide. Et je suis devenu solitaire. J’ai appris qu’essayer d’expliquer ses démarches est une perte de temps. Je me laisse encore emporter, évidemment, mais j’arrive de mieux en mieux à m’arrêter quand je vais trop loin. Au fond, je crois que mes idées premières ont perdu de leur intérêt. Je fais ce que je pense bien, de la manière dont j’ai envie. Réfléchir à une décision mène toujours à d’autres choix. Tout raisonnement a ses failles. Alors pourquoi, toujours, chercher les autres possibles, s’énerver en essayant de prouver qu’on est plus dans le juste que les autres ? Je m’en fiche. J’en ai marre de tout ça. Quoiqu’on fasse, on finit toujours par se planter un jour. J’ai constaté qu’on provoquait autant de catastrophes en pensant bien agir que de bonnes choses en refusant la sensiblerie. Il n’y a pas de règles, et ce n’est certainement pas à une inconnue que je m’ouvrirai là-dessus, pas tant que je n’aurais pas décidé de la trouver sympa ou non, et là, on revient au problème de départ.

N’empêche, je suis assez choqué par ses propos. On dirait que la moitié des gens pourraient être taxés de gros psychopathes dans son monde. Enfin… C’est celui qui le dit qui l’est, pas vrai ? Je hausse un sourcil. Elle a quand même l’air sincère dans son délire. Le passage « ils massacrent pour le plaisir, contrairement à moi… » me fait sérieusement tiquer. Wah… Je suis vraiment censé réagir à ça ? Oui… Parce que malgré tout ce que je viens de vous dire juste avant, ça me remue à l’intérieur. Pas que j’ai envie d’argumenter des heures sur le sujet, mais il m’est difficile de retenir une remarque bien sentie devant tant de grandiloquence.

- Sérieusement ? C’est quoi cette psychologie à trois cents ? J’ai l’impression d’entendre le speech convaincu d’un de ces débiles conservateurs anti-gay. Te fiche pas de moi. Et si c’est pas un genre de test, sincèrement désolé pour toi, je donne pas dans la mission divine, massacre des infidèles ou je ne sais trop quoi…

J’étais prêt à m’avancer un peu plus en soulignant que, contrairement à elle, je ne pensais pas que tous les « casseurs » aient des profils de tueurs, un problème de sociopathie et une idée très claire de ce qu’ils suivaient. Il y a encore une partie de moi qui voudrait donner leur chance aux gens. Je sais trop bien comme il est facile pour certains de manipuler des personnes faibles et désorientées. Alors, tant que l’irréparable n’est pas commis, tant que la personne semble assez intelligente pour avoir les capacités de se reprendre, je ne vois pas pourquoi je tirerai à vue un gamin de quinze ans enrôlé du mauvais côté pendant sa crise d’adolescence tant qu’il ne m’y contraint pas. Seulement, un serveur, effectivement pas mal du tout, nous interrompt avec les boissons. Par réflexe, je lui envoie un sourire charmeur, mais on ne peut pas dire que j’ai vraiment la tête à ça, c’est presque alarmant, j’en suis arrivé à un stade où, quand je sors pour faire semblant de m’amuser comme tout le monde, je me bourre la gueule pour n’avoir que des souvenirs flous des mecs qui me lèvent et me donner l’illusion de ressentir quelque chose. Je crois que j’essaye de me raccrocher à un truc, et je le fais tellement mal que ça donne n’importe quoi. Bref, on s’en fiche. On dirait que mon interlocutrice est fascinée par le déhanché du type aussi, vraiment une prédatrice à tous les niveaux faut croire.

Je prends mon verre pendant qu’elle poursuit un raisonnement qui n’aurait rien à envier à un purificateur. Même si je me doutais bien que mes actions n’allaient pas m’attirer les personnes les plus saines du monde, je ne m’attendais pas à une maboule pareille. Son esprit unilatéralement moralisateur est insupportable. Je crains qu’on ait vraiment beaucoup de mal à s’entendre. Allez… Allez… J’ai entendu ce genre de blabla des centaines de fois, avec le Yggdarsil dans ta face comme argument absolu d’autorité qui revient presque tout le temps. Quelle connerie cet attentat quand même. J’ai vraiment du mal à comprendre ce que le plan de base avait de brillant. Mais je n’étais pas aux Etats-Unis à ce moment, donc je préfère ne pas me prononcer et livrer posément quelques grandes lignes de ma pensée, des sentences toutes faites, rien de très développé, un discours catégorique en appelle un autre.

- On cache les cadavres des deux côtés, le malaise persiste, tout le monde est content… Mais ça ne marche pas comme ça. Les religieux sont ceux qui crient le plus fort, c’est tout. L’ennui, c’est que la plupart des gens restent profondément religieux et primaires. Ils ont peur d’un changement qui dépasse leurs repères présents et passés, surtout quand il pourrait faire basculer le statut dominant auquel on les a habitués. Je veux bien donner dans les gros chiffres et les scénarios alarmistes, mais je n’y crois pas. Les gens sont plus lâches que ça. Ils tiennent à leur confort, à leur petite vie. Il n’y a que les fous furieux et ceux qui n’ont rien à perdre pour se soulever. Je crois qu’on est loin de ça, et que ceux qui « posent problème » sont souvent des victimes comme les autres de tout ce bordel. C’est comme tirer sur un petit revendeur de drogue et son acheteur en prétendant qu’on va enrayer un trafic… J’essaye d’éviter le massacre des mutants les plus faibles de temps en temps, mais les vrais combats, les vraies conséquences, ne se jouent certainement pas dans la rue.

Je bois une gorgée de sangria. Puis, je pose mon verre sèchement sur la table, et perd, en un instant, toute gravité, pour un visage bien plus effronté.

- Donc, on en vient à quoi finalement, je pose problème et ce sera l’affrontement à mort si je recommence ?

Si c’est le cas, ce serait tout de même idiot. Je vais devoir redoubler de prudence, et j’ai de fortes chances de perdre le combat. Mais mon regard ne dit rien de tout ça, il reste provocateur. Après tout, j’ai déjà tenté un tas de morts stupides ou inutiles. Ce ne sera qu’une inconséquence de plus commise par ma fierté. Ou la dernière. Je n’ai pas encore décidé si le pire scénario possible avait ou non de l’importance.


Dernière édition par Yitzhak Anavim le Dim 4 Mai - 21:11, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La chasse est ouverte [Nora]   La chasse est ouverte [Nora] Icon_minitimeMar 29 Avr - 19:28

La jeune femme haussa un sourcil, affichant un air des plus incrédules et déçus. Clairement, la réponse de Yitzhak ne semblait pas lui plaire des masses. Dans les faits, elle s'en fichait, mais mieux valait afficher des émotions dans le cas présent. Un antagonisme, même bref, valait mieux que de l'indifférence. Il serait toujours possible de rattraper la situation derrière.

- Un de ces débiles conservateurs anti-gay ? Vous vous fichez de moi, ou vous êtes VRAIMENT en train de comparer les homosexuels à des psychopathes qui torturent et tuent des gens qui ont eu le malheur de naître avec le "mauvais" gène ? répondit-elle, en insistant sur le mot "mauvais" pour faire bien sentir les guillemets. Chez vous, lutter contre les fous furieux qui tabassent des gamins, c'est comme lutter contre les droits des gays ? Vous le sortez d'où cet argument, l'encyclopédie de la mauvaise foi ?

Il enchaîna en signalant que, selon lui, ça ne réglait pas le problème. Pulsar était d'accord à ce sujet, mais elle savait aussi que ne rien faire en attendant d'avoir une ouverture purement hypothétique sur un "grand méchant" était la meilleure manière de ne jamais rien faire. D'après elle, c'était justement en montant dans les crans de dangerosité que l'on finissait par ferrer des gros poissons... D'abord elle avait tué des petits morceaux, puis ensuite avait pris des cibles plus ambitieuses, et la voilà maintenant au BlackHawk, cherchant des informations sur des groupes et personnalités encore plus dangereuses. La Confrérie... L'un des deux groupes qui cherchait désespérément à provoquer une guerre totale, qui faisait tout pour provoquer son adversaire, ne ratait jamais une seule occasion de faire en sorte que la situation empire. Avec les Purificateurs, c'était pour Nora l'un des deux pôles du mal moderne.

Pouvoir surveiller ce groupe de mutants extrémistes serait un excellent moyen d'agir à l'avance et d'éviter qu'ils ne provoquent cette guerre qu'ils désiraient tant... Mais pour ce faire, elle devait trouver un moyen d'entrer et Yitzhak était sa seule piste, pour le moment. Problème : il avait l'air assez hostile. Son profil psychologique n'était pas très étendu et elle avait donc plus ou moins improvisé, et aussi pris des paris... Manque de chance, au poker, on ne gagne pas toujours. Elle avait joué pile et manque de chance, le mutant devant elle, c'était face. Il fallait trouver un moyen de retourner la situation, mais comment ? Déjà, se payer sa tête en se moquant de ses arguments n'était probablement pas une bonne méthode... Ensuite, tenter de raisonner avec lui non plus. D'après son dossier, il était assez malin et cultivé, faire appel à ses connaissances historiques serait-il suffisant ? Peut-être pas... Mais elle devait bien tenter quelque chose, et n'avait pas le temps d'y réfléchir deux heures.

- Vous posez problème, oui, mais d'une part je ne vois pas l'intérêt de faire un affrontement à mort, et d'autre part vous ne semblez pas comprendre où je veux en venir...

Buvant une gorgée de son propre cocktail, elle prit quelques secondes pour construire rapidement son raisonnement avant de reprendre :

- Vous voulez peut-être éviter les problèmes, enrayer le trafic comme vous dites, éviter le massacre des mutants les plus faibles... Mais ce n'est pas le cas de tout le monde. Certains groupes n'attendent qu'une seule chose pour lancer des agressions massives et organisées : une bonne excuse. C'est un peu...

Levant un peu le regard avec une mine pensive, elle reprit alors avec un air assez content :

- Tenez, l'assassinat du duc François-Ferdinand d'Autriche. On dit dans les livres d'histoire que ça a été le déclencheur de la première guerre mondiale... Mais en réalité, les pays impliqués étaient tous extrêmement tendus depuis longtemps, et n'attendaient qu'une excuse pour s'attaquer. Si François-Ferdinand n'avait pas été tué, ils auraient utilisé une autre excuse, n'importe laquelle, pour se lancer à l'assaut.

Soupirant alors, son regard partit un peu dans le vague, laissant place à un air préoccupé, inquiet même.

- Ce que je fais, ce n'est pas une histoire de psychopathe, de justicier ou d'idéologie anti-gay ou je ne sais quoi... Les gens se feront à la présence des mutants. C'est comme avec les noirs, qui pour rappel avaient interdiction de voter dans notre pays jusqu'à il n'y a pas si longtemps. A une époque tout le monde les méprisait et ils n'avaient que peu de droits... Mais avec le temps, les générations, ce phénomène s'est réduit et effacé progressivement. Il existe encore du racisme mais bien moins qu'il y a 30 ans, et il est même devenu illégal. Il faudra aussi du temps pour que les mutants soient acceptés... Mais si une étincelle fait tout exploser avant que cette acceptation n'ait lieu, le monde finira en flammes. Je ne prétends pas sauver le monde, mais j'essaie d'éliminer autant de sources d'étincelles que possible à mon échelle.

Elle ajouta finalement avec un air plus sûr d'elle :

- Si malgré mes efforts un tel affrontement éclatait je prendrais bien sûr le parti des miens sans hésiter. Mais je préférerais qu'une telle situation ne se présente pas.
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MessageSujet: Re: La chasse est ouverte [Nora]   La chasse est ouverte [Nora] Icon_minitimeDim 4 Mai - 23:12

Ce qu’il y a de bien avec les grosses comparaisons sur des sujets sensibles, c’est qu’elles énervent toujours les gens. Je jette souvent des pavés dans la mare en me fichant totalement des répercussions. Le but n’est pas d’argumenter, je laisse juste la personne se défendre toute seule d’un truc qui la scandalise. Là, par exemple, la tueuse louche se sent obligée de montrer à quel point ses propos n’ont rien à voir avec ceux d’un réactionnaire primaire. De ce que j’en ai entendu, les procédés du raisonnement ne me semblent pourtant pas beaucoup différents. Elle déplace mon discours, un classique dans un dialogue de sourd. Sa cause est plus noble, elle lutte contre des « fous furieux », non contre des droits inaliénables, etc. Je n’avais même pas l’intention de faire un parallèle aussi énorme. Alors, quand je me fais accuser de mauvaise foi, je n’ai même pas envie de la contredire. Je laisse le débat se dégrader. Au lieu de risquer de perdre patience en lançant des idées sincères, j’ai depuis quelques années une technique imparable : forcer les gens à s’énerver en parlant tous seuls.

- Dans un camp comme dans l’autre, les activistes sont persuadés d’agir pour le bien et l’ordre de la société, non ?

A ce stade, vous devez certainement vous dire que je suis totalement fermé au moindre échange censé. Ce n’est pas tout à fait vrai, même si c’est ce qui ressort le plus souvent de mes relations avec des inconnus. Disons qu’il faut savoir partir du bon pied avec moi. Si on me met sous la réserve, je deviens clairement imbuvable. Mon self-control est trop aléatoire. J’ai besoin de rester détaché à tout prix pour ne pas perdre la mesure de mes mots, de mes actes. Certaines choses doivent rester au fond de moi. J’ai l’impression que j’y laisserais un bout de mon esprit si elles explosaient vraiment. Du coup, malgré mes singeries, cette discussion à couteaux tirés avec une femme dont j’ignore l’histoire et les intentions me laisse dans un malaise extrême. J’ai l’impression qu’elle essaye de crocheter une serrure dans ma défense, sans savoir où placer mes barrières. La première approche n’ayant pas fonctionné, elle tenta d’ailleurs autre chose. Le ton devint moins passionné. Elle reposa ses buts plus clairement pour me parler comme à un idiot dont un essaye de flatter l’intelligence par des références surfaites que tout le monde est capable de comprendre. Raté. Je connais très bien mon histoire contemporaine, je n’ai pas envie de partir dans une ronde de références pour lui prouver que l’exemple de François-Ferdinand est bidon, surtout lorsqu’on sous-évalue à ce point mon niveau de culture. Beaucoup de profs se sont cassé les dents sur moi avant elle. Il n’y a pas d’arguments d’autorités qui tiennent. Pourtant, peut-être parce qu’elle a tenté une méthode plus détournée, je me suis adouci. Disons que je passe de la provocation ouverte aux répliques acerbes. C’est un début.

- Ah… L’invocation à la Grande Histoire, le meilleur moyen de faire dire ce que l’on veut avec des exemples choisis. C’est bon pour manipuler les masses. Je ne crois sincèrement pas que tu veuilles t’embarquer dans ce jeu stérile avec moi.

Je lève à nouveau mon verre et, enfin, je m’autorise une réflexion plus avancée, pas pour la convaincre, juste parce qu’il ne me semble pas très pertinent de lui fermer toutes les entrées et risquer de m’attirer un ennemi mortel si je peux l’éviter. Nous sommes agissons dans la même ville après tout. Ce ne serait pas bon pour les affaires de s’écorcher sur le même terrain. J’aurais trop à y perdre.

- Cependant, des points se contredisent. Je n’ai pas tout à fait le souvenir que les noirs aient obtenus plus de droits sans un certain nombre de coups de sang très violents, dont le départ n’était souvent pas grand-chose… Parce qu’il y avait un malaise, un ras-le-bol qui enflait depuis des années. Je ne suis pas pour une guerre générale, mais le fait est que dissimuler les manifestations de la colère ne va pas la détruire, au contraire, les ignorer risque d’aggraver la crise lorsqu’elle va éclater. Je donne des avertissements aux anti-mutants armés, les moins convaincus renoncent, les autres se radicalisent. Il est important de casser leur image de braves citoyens et limiter les dégâts si tout doit basculer. Je ne te demande pas d’être d’accord avec moi, tu peux me trouver trop idéaliste, persister dans tes visions plus totalitaristes, et tout ça. De toute manière, personne ne peut avoir raison, on ne se base jamais que sur des présupposés et ce qui nous semble le plus pertinent l’est rarement lorsque la réalité nous rattrape. Je n’ai pas plus envie d’un holocauste que toi et, en général, j’évite de me mettre les miens à dos, surtout lorsque nous voulons, au bout du compte, sensiblement la même chose.

Soudain, Yitzhak connaît un changement troublant de personnalité. C’est l’heure où je deviens aussi sérieux qu’un politicien aguerri, prêt à faire des compromis etc grâce au pouvoir magique des mots. Je suis bien obligé de jouer un jeu plus franc si notre entretien se poursuit. Il faut que je l’amadoue aussi, je dois lui permettre d’en venir à l’origine de son approche, qui n’a certainement rien à voir avec un besoin soudain de partager sa vision du monde avec un « tueur d’humains ». Donc, dans l’immédiat, la meilleure chose est encore de retourner en zone neutre, si elle accepte d’avoir aussi tort que moi sur cette manche. Moi, ce n’est pas mon problème. Je me suis déjà retourné tellement de contre-arguments à moi-même que rien ne pourra me surprendre ni me faire changer d’avis et vu ses discours, il n'y aurait pas grand chose à développer entre nous. Je lui donne donc le minimum, le discours le plus acceptable, en taisant ce qui l’est beaucoup moins.


Dernière édition par Yitzhak Anavim le Jeu 15 Mai - 20:11, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La chasse est ouverte [Nora]   La chasse est ouverte [Nora] Icon_minitimeDim 11 Mai - 14:54

Il commença d'abord par des provocations, qui n'eurent pour résultat qu'un haussement d'épaules de la part de Nora qui leva aussi les yeux au ciel avec un soupir dépité. Il commença à lui sembler évident qu'elle avait pris un mauvais angle d'approche... D'abord elle avait tenté l'angle "il faut tuer les humains", qui est pourtant très populaire au sein de la Confrérie, mais étonnamment ça n'avait pas marché. Elle avait donc tenté un positionnement plus "neutre" qui n'avait pas donné grand chose non plus vu que le mutant rebondissait sur des points qui ne lui convenaient pas. Maintenant, la question que se posait Nora concernait la nature de cet insolite personnage... Était-il une brute qui tabassait et torturait des humains, ou un philosophe ? Ou les deux ? La dernière perspective était la plus effrayante... Car les brutes aveugles peuvent regagner la vue, les philosophes peuvent adapter leur point de vue. Un mélange en revanche... Cela donne souvent les plus dangereux individus du monde.

Mais à la surprise de l'agent 31, Yitzhak se lança dans un argumentaire assez complet. De l'avis de la tradeuse, il y avait bien des choses à redire... Néanmoins, cela voulait dire qu'elle avait pu capter son attention. C'était peut-être sa dernière chance d'arriver à quelque chose, même si des points restaient flous, notamment l'attitude à adopter. Contrairement à la plupart des personnes qu'elle manipulait avec une grande aisance, elle avait beaucoup de mal à bien prévoir quelles pourraient être ses réactions et ce qu'il fallait lui dire pour obtenir l'un ou l'autre résultat. Dans le cas présent, elle avait certains doutes... Valait-il mieux qu'elle aille dans son sens et soit "convaincue" par ses arguments ? Ou serait-il déçu qu'elle ne cherche pas à répliquer ? Le fait était qu'il était nettement plus complexe et intelligent que ses cibles habituelles, et qu'il allait donc falloir qu'elle déploie des trésors d'ingéniosité pour arriver à quelque chose de constructif.

Elle analysa donc chaque mot de son discours, chaque formulation de phrase, chaque choix sémantique, tentant de bien comprendre où il voulait en venir et surtout ce qu'il faudrait répondre pour obtenir quelque chose de lui... un exercice bien plus difficile qu'à l'accoutumée, clairement. Laissant un bref silence une fois que le confrériste eut terminé son argumentaire, la jeune femme but une autre gorgée de son cocktail avec une mine pensive avant de finalement répondre :

- C'est un raisonnement qui peut se défendre... Surtout sur le fait de casser l'image de brave citoyen... Si le public voyait de ses propres yeux ce que font ces personnes, il y aurait un immense courant de sympathie envers les mutants. Le problème là-dedans est que pour que les gens voient à quel point ils sont horribles, il faut qu'il commettent des atrocités. Il faut des victimes... C'est là que je suis divisée. J'ai pris le parti de les éliminer pour qu'il n'y ait plus aucune victime, mais il est vrai qu'en les éliminant, je supprime tout... disons... le "bénéfice" qu'ils pourraient apporter en commettant des horreurs qui seraient ensuite révélées au grand public.

Restant encore pensive un bref instant, la jeune femme enchaîna :

- Enfin je vois où vous voulez en venir, mais je ne comprends pas bien le raisonnement qui vous mène à vos conclusions... Tenez, vous comparez Yggdrasil ou Mutant Town au combat mené par les noirs pour obtenir la liberté, donc en soi vous semblez -et si ce n'est pas le cas corrigez-moi, c'est simplement l'impression que j'ai eue- dire que ces massacres étaient justifiés. Alors qu'ils ont touché quasi-exclusivement des civils sans aucune responsabilité dans tout ça. Mais d'un autre côté, abattre des personnes qui ont pratiqué des tortures ou qui préméditent des meurtres, donc qui ne sont pas du tout des innocents, c'est inacceptable. Vous voyez ce que je veux dire ?

Bon, il y avait une ouverture de son côté malgré tout. Restait à voir s'il voudrait la saisir ou non et s'il le faisait, cela permettrait à Nora de pouvoir ajuster son discours de la bonne manière. Il fallait espérer que la suite de la discussion donnerait à miss 31 plus de données car pour le moment, son enquête ne se passait pas extrêmement bien et autant dire que l'infiltration semblait très sérieusement compromise. Dans l'éventualité où elle échouerait, il faudrait qu'elle laisse tomber et trouve une autre cible, ce qui pourrait se révéler problématique assez rapidement... Même si le BlackHawk avait pas mal de données sur des confréristes connus, ils n'étaient pas tous extrêmement simples à approcher. Pour arriver à ses fins, elle devrait tenter de trouver quelqu'un avec un profil de recruteur, ou d'exalté de Magnéto, ou quelque chose de ce genre... ça ne devait pas manquer, au fond.
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MessageSujet: Re: La chasse est ouverte [Nora]   La chasse est ouverte [Nora] Icon_minitimeJeu 15 Mai - 21:40

Ce que je lui dis la laisse pensive. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être qu’elle cherche à argumenter, qu’elle ne s’attendait pas à une réponse construite et se rend compte que ses exemples clinquants ne serviront à rien… Ou bien elle prend sur elle. Tout ce que je lui dis n’est pas en accord parfait avec ses convictions, mais elle essaye de faire la part des choses pour clore un débat qu’aucun de nous deux ne souhaite vraiment. Sa réponse semble confirmer la seconde option. Sa condescendance involontaire me laisse assez peu d’illusions. Vu la manière dont elle a digéré mon discours, il est clair qu’elle n’a pas voulu en comprendre la substance. Sinon, je vais vraiment finir par croire que je m’exprime très mal. Bref… A l’écouter, je lui ai vraiment sorti un truc de gros niais. Non, évidemment, rien n’est si simple, le public ne va pas se mettre à câliner les mutants parce que leurs oppresseurs sont des vilains. Je n’ai jamais dit ça. Je mise plutôt sur un retour à la neutralité. Si on ne peut pas forcer des imbéciles sectaires à nous aimer, on peut au moins les inciter à ne pas se mêler d’affaires qui les dépassent. Que les rednecks restent dans leur campagne à se fusiller entre consanguins pour un bout de clôture. Quand on n’a plus d’ennemi commun sur lequel taper, on se démonte la tête entre semblables, c’est bien connu, la logique de bande appliquée à l’échelle mondiale. Le problème, me direz-vous, c’est qu’on pourrait remarquer le même phénomène chez les mutants. Je suis au courant. Mais moi, j’agis juste pour limiter les dégâts, pas pour la paix totale. Je contiens et alimente le feu de la colère.
Lorsqu’elle parle de « bénéfice » je la sens encore trop cynique pour être sincère. Ou trop maladroite peut-être. Le parti que je viens d’adopter ne lui correspond pas du tout. Elle essaye de m’amadouer, et n’y arrive pas. En tout cas, c’est l’impression que ça me donne. Ces observations peuvent s’appliquer à deux types de personnes, celles qui sont surprises par un discours qu’elles ne peuvent maîtriser à chaud, et les manipulateurs mal préparés. A ce stade, il m’est toujours impossible d’opter pour l’un ou l’autre. A tort ou raison, je me sens cependant moins en danger que tout à l’heure.

- Je ne vois pas très bien le problème. Les victimes existent. D’un côté elles sont cachées, de l’autre, elles sont visibles. Ça ne fait pas beaucoup de différences dans les faits. Ce n’est pas un business, mais une réaction à une réalité pénible, ai-je répondu pendant un silence.

Puis, elle avoue ne pas comprendre avec exactitude ma logique. C’est normal. L’expliquer serait aussi long qu’inutile. Si je le fais, je finis par me persuader que j’ai vraiment raison, je prends des raccourcis qui me semblent évidents, et, à chaque, on ne saisit pas précisément ce que je cherche à dire. Donc, je m’énerve. Je préfère vivre avec la certitude d’être incompris plutôt qu’être confronté à cette réalité où je parle sans toucher mon but. Au final, ça ne change rien. Les torts ne sont jamais donnés par les gens qui s’opposent à vous, mais par l’expérience. En tout cas, je m’estime suffisamment intelligent pour mesurer moi-même mes erreurs de jugement le jour où elles deviennent évidentes. Un point plus gênant est le retour que fait la mutante sur Yggdrasil. Ça tinte d’un coup dans ma tête. Elle a mentionné cette attaque un peu plus tôt dans la conversation et je l’ai délibérément ignorée. Si le sujet revient, alors il a son importance. Je pense alors « Confrérie ». Dans ce qui se présente comme une simple discussion de comptoir, elle essaye de me faire parler pour ou contre ce groupe, ça devient assez évident, non ? A quel dessein ? Je n’en sais pas vraiment plus. Des confréristes pourraient utiliser cette méthode pour sonder les recrues potentielles. Bien sûr, ce n’est pas son cas. Vu ses méthodes d’action sur le terrain, elle me soupçonne probablement d’être de ce bord. Elle attend peut-être d’être convaincue du bien fondé de nos actions, mais elle avait cependant l’air convaincue d’agir correctement quelques instants plus tôt. Ça me rend fou. Je n’ai pas le choix, je dois rester très prudent. De toute manière, les techniques d’approche restent agaçantes. Elle essaye encore d’exagérer mes propos en me faisant dire ce qu’elle a envie d’entendre. J’attaque donc assez froidement :

- Ce serait cool d’arrêter de m’inventer des discours. Peut-être que tu t’attends à ce que je tombe dans le panneau et avoue des trucs malgré-moi, mais je sais encore assez bien où j’en suis pour que ça n’arrive pas. Je ne crois pas avoir fait aucune comparaison avec Yggdrasil, même si tu as très envie d’en parler, désolé. Tout ce que je peux dire, c’est qu’à partir du moment où une attaque touche un grand nombre de civils, on trouvera forcément des intérêts qui n’ont plus rien de social, noble ou acceptable. Et ceux qui se rangent derrière une cause pour satisfaire un besoin de violence primaire en tapant à l'aveugle ne valent rien. Je ne traiterai pas avec plus de gentillesse un mutant qui tue des humains pour le plaisir et sans distinction.

A mon tour de ne pas vraiment répondre à la question. Je prends une nouvelle gorgée, l’air parfaitement décontracté. Si elle veut vraiment obtenir quelque chose de moi, elle sera obligée de me donner un peu plus le fond de sa pensée. Je ne dirai rien sur Yggdrasil, le sujet est trop glissant, parce que je connais ses justifications et pourrais les défendre, sous certains aspects. En réalité, je suis assez d’accord pour dire qu’une grande cause demande des sacrifices. Quand un changement s’opère, les plus faibles trinquent, c’est bien connu. Mais, souvent, tuer 100 personnes peut aussi éviter un massacre plus grand. Certains froids calculs sont nécessaires. Dans le cas du scandale de la confrérie, cependant, je n’en suis pas certain. Comme je l’ai sous-entendu, il y avait des raisons plus lucratives derrière. Le plan était bancal, une riposte extrême arrivée dans un mauvais contexte politique. Cependant, je peux le comprendre. L’attaque de Mutan Town était un choc suffisamment violent pour attiser la soif d’une vengeance. Je ne sais pas ce que j’aurais fait. Si j’avais perdu quelqu’un de cher dans cette folie, j’aurais probablement envisagé les choses moins sobrement qu’aujourd’hui.


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MessageSujet: Re: La chasse est ouverte [Nora]   La chasse est ouverte [Nora] Icon_minitimeMer 28 Mai - 15:40

Pas un business disait-il, c'était une déclaration qui semblait très étrange pour la tradeuse. Les groupes terroristes, comme la Confrérie, avaient pour fonds de commerce le meurtre massif et de préférence "flashy" et impressionnant, elle était donc un peu confuse par sa manière de raisonner. Une nouvelle fois, l'individu face auquel elle se trouvait lui semblait paradoxal et son dossier semblait tout à fait incomplet. La question qui tournait dans sa tête était : comment faire pour l'accrocher ? Y'avait-il seulement des points d'accroche existants ? Et surtout, était-il encore temps de s'en servir, si c'était le cas ? Car au point où en étaient les choses, il était fort possible qu'elle doive laisser tomber ce dossier pour le transmettre à quelqu'un d'autre du BlackHawk. En lui donnant les informations recueillies, d'ailleurs, histoire que son successeur soit prévenu de la difficulté de ce cas-là. Cette option commençait à devenir une réelle possibilité, pour la brune.

Elle n'avait pas de sorte de "dignité virile" qui la poussait à tout gérer elle-même sans aider au risque de tout faire foirer de A à Z. Elle était prête à reconnaître un échec sur une approche et laisser la main à quelqu'un qui gérerait mieux la situation. Sans compter qu'elle avait un autre angle d'approche pour la Confrérie, quoiqu'un angle assez instable et complexe : Colleen Caravella. Elle était... bien atteinte, quand même. L'ouvrière parlait à sa sœur invisible, faisait péter des objets "pour le fun", et avait un dossier psychiatrique aussi long que Les Misérables de Victor Hugo. Il n'était pas certain qu'elle tire grand chose de cette demoiselle pour le moins étrange. Et il n'était pas certain qu'elle tire grand chose de ce justicier masqué. Même pas masqué en fait, c'était un des détails qui faisaient tiquer Nora de façon sévère.

Mais peut-être était-elle aussi perturbée parce que Yitzhak aurait pu être comme elle, et inversement. La vie de Nora eût-elle été différente, elle serait peut-être à sa place, et lui à la sienne. Pour l'instant, néanmoins, ce n'était pas le moment idéal pour se poser de telles questions. Elle écouta donc sa réponse assez peu avenante à ces histoires d'Yggdrasil et de libération des noirs, signalant qu'il n'avouerait pas de trucs "malgré-lui". Il était plus malin qu'elle ne le pensait. Encore une fois elle allait devoir changer d'angle d'approche, mais ce serait la dernière fois : trop insister serait bien trop dangereux pour elle et pour toute l'organisation. Parfois il était plus courageux de lâcher prise que de rester accroché comme un imbécile et se faire traîner sur l'asphalte sur des kilomètres. Et plus intelligent, au passage.

- Ceux qui se cachent derrière une cause bidon pour satisfaire leurs envies primaires ne valent rien, nous sommes d'accord là-dessus. En fait je comprends mal pourquoi on discute de ça avec autant d'animosité vu qu'on est d'accord sur le fond...

Prenant un moment, la brune resta pensive, prenant une autre gorgée de son verre avant de soupirer et de reprendre :

- Tu veux la vérité ? Je te suivais. Enfin, pas toi directement, mais plutôt les attaques. Comme je disais... Tu laisses derrière toi des indices grossiers et de témoins vivants. C'est de cette manière que je me suis retrouvée à suivre les types que tu as attaqués, et que je te suis tombé dessus. Je les suivais parce que j'espérais te trouver, et je t'ai trouvé. Et si moi j'ai pu le faire, n'importe quel flic pourrait le faire. C'est pour ça que je disais que tes méthodes sont... compréhensibles mais dangereuses. Maintenant...

Le fixant du regard et fronçant un peu les sourcils, elle élabora :

- Je parlais d'Yggdrasil pour donner un point de comparaison. Je travaille dans le domaine politique, assez près du BAM. Ils ignorent tout de mes activités, mais de mon côté j'ai accès à certains documents... Après l'attaque de Mutant Town, l'opinion publique était émue et plutôt en faveur des mutants. On estimait que le nombre d'adhérents aux idées des "Purificateurs" était assez bas, très minoritaire. Mais après Yggdrasil... Catastrophe totale. L'opinion publique s'est retournée d'un seul coup, extrémisée. Beaucoup ont perdu quelqu'un de proche ou de cher. Les documents que j'ai vus parlent de plusieurs milliers de personnes exprimant un intérêt pour rejoindre les purificateurs alors qu'auparavant ce n'était qu'une poignée minoritaire de fous furieux de la campagne. Yggdrasil a pourri la vie des mutants et de personne d'autre. Et cet incident continuera de le faire pendant des années entières.

Après une brève pause, elle leva la main, comme pour préciser qu'elle en arrive quelque part.

- Je prenais cet exemple pour montrer que laisser des témoins est dangereux, car chaque attaque provoquée par un mutant va continuer de faire tourner la roue dans ce sens-là... Si tu laisses des témoins qui vont parler de ça aux flics ou à la presse, les purificateurs vont encore gagner des recrues et je veux à tout prix éviter ça.

Revenant au sujet, la fouineuse arriva au but :

- Maintenant la raison pour laquelle je m'intéressais à tes attaques, c'est que je ne peux pas changer le monde toute seule, tout simplement. Je voulais savoir qui faisait ça, et si nos... manières de raisonner étaient ou non compatibles pour travailler en duo. Il me semble qu'on est d'accord sur le fond, mais pas vraiment sur la forme.
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Yitzhak Anavim
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MessageSujet: Re: La chasse est ouverte [Nora]   La chasse est ouverte [Nora] Icon_minitimeLun 2 Juin - 21:41

Et forcément, après une heure de débat, le grand classique du « Mais dans le fond, on est d’accord, pourquoi on se dispute ? ». Ça lui va bien de me faire cette remarque. Vrai que je peux avoir l’air assez hostile parfois, mais il me semble que c’est elle qui me prend à parti depuis le début. Je me suis fait traîner dans un bar sans rien avoir demandé, tout ça pour qu’on critique ma manière d’agir et de penser. Au moins, maintenant que les choses sont dites, l’échange va peut-être évoluer. Elle a l’air prête à se jeter à l’eau en tout cas et mes interrogations trouvent une réponse plus convaincante que ses premières explications. Elle reconnaît m’avoir suivi. On ne peut pas tellement dire que je ne m’en doutais pas fortement. Qu’un autre mutant me prenne en chasse en analysant mes cibles, ça devait bien arriver un jour. Elle a raison, je me suis un peu relâché. Marre d’être discret, de devoir toujours me cacher. J’ai pas supporté le fait d’entendre parler d’attaques de mutants, d’être capables de les repérer à l’avance sans pouvoir intervenir. Prévenir les gens qui sont censés régler légalement les troubles ne sert absolument à rien. Ils s’en branlent. Vaut mieux pas bouger que prendre le risque de foncer sur une fausse alerte, après tout. Maintenant que j’ai commencé, c’est dur de décrocher. Les réseaux que j’ai infiltrés m’envoient des messages inquiétants tous les jours. Je pourrais faire autrement, c’est vrai. Mais, comme je l’ai expliqué de long en large, c’est pas mon moyen de procéder. En plus, c’est moins drôle. J’ai oublié de penser à toutes les conséquences que ma signature allait laisser tant que je m’amusais. En fait, on dirait presque que je me réveille d’une sorte de rêve assez confus, un genre de délire dont j’étais le héros absolu. Malheureusement, je ne suis pas seul.

J’ai encore moins envie de la ramener quand l’autre me mentionne qu’elle bosse près du BAM. A ce stade, je n’ai pas un seul instant l’idée de mettre ses paroles en cause. Je n’ai pas le temps d’activer ma paranoïa pour essayer de trouver une raison tordue qui la pousserait à me faire croire un truc pareil. Je m’en veux. J’ai clairement pas assuré sur cette affaire. On dirait que même faire peur à de la petite frappe, ça intéresse les services secrets. Là, tout de suite, j’ai envie de quitter le bar pour me demander là où je me suis planté. Dans l’immédiat, la nana d’en face a l’air de m’avoir trouvé en enquêtant sur les mouvements d’un « vengeur masqué ». Mais n’y a-t-il que cela ? Je suppose qu’ils ont aussi des génies d’informatiques dans ces bureaux qui sont bien plus balèzes que moi. Et j’essaye déjà de passer en revue tous les moments où, à cause d’une trop grande confiance, j’ai négligé la sécurité. C’est pas que je n’ai pensé à rien, c’est juste que j’ai misé sur le fait qu’on aurait d’autres priorités que me traquer moi. Sauf si le fait de retrouver ma piste sert des intérêts plus précis qu’envoyer un message d’avertissement à un ado qui s’amuse à faire peur aux anti-mutants… Seulement, je n’ai pas le temps pour ça. Il ne faut pas que je lui tire une tête trop perturbée. J’essaye de me recentrer au mieux sur la discussion. Yggdrasil encore. J’analyse tout rapidement. J’ai encore moins envie de donner l’impression de soutenir l’événement dont elle parle. En même temps, je ne suis pas d’accord avec son interprétation des faits, elle le sait déjà.

- On peut faire dire beaucoup de choses aux chiffres.
Et voilà ! L’une des pires répliques pour entamer un dialogue de sourds. Je donne dans l’attitude de la personne sceptique qui n’a pas envie de réviser son point de vue dans l’immédiat. La suite, je la prononce avec beaucoup de prudence. Je reste sur mes positions, je n’ajoute rien de nouveau, puisque nous ne tomberons pas plus d’accord qu’avant.
- Ceci dit, nous ne réécrirons pas le passé. Tu sais, même si les statistiques sont vraies, je ne crois pas que les gens soient de pauvres girouettes capables de virer à ce point d’opinion dès qu’un truc les perturbe. Tous ces gens étaient là avant Yggdrasil. Rien ne dit qu’ils ne se seraient pas réveillés d’une autre manière. Je me base sur ce que je vois. Alors oui, en maintenant une ambiance plus apaisée, peut-être qu’il y aurait eu de meilleurs résultats, mais l’abcès a été plus que crevé et, comme je te l’ai dit, je ne pense pas qu’on puisse répondre à un mouvement de haine si fort en recouvrant toute la crasse d’un voile.

Si elle veut changer le monde, c’est tout à son honneur. Nous défendons la même chose, avec d’autres moyens, situation qui a plus souvent déclenché des guerres que des compromis. La conclusion qu’elle tire est la même que moi, comme pour signifier un échec de la conversation. Et, pour lui faire une concession, je déclare finalement :

- J’y réfléchirai peut-être. Inutile de pousser la mauvaise foi à bout, le fait que tu aies pu me tomber dessus montre que j’ai quelques subtilités à revoir dans ma technique. Pour ce qui est de travailler en duo… je t’avoue que j’aurais beaucoup de mal à assassiner froidement dans l’ombre, mais je ne te vois pas comme quelqu’un qui agit contre moi. Peu m’importent les méthodes tant que des mutants sont épargnés.

Je lui aurais bien demandé son nom, ou même essayé de vérifier si elle connaissait bien le mien, mais je ne pense pas obtenir quelque chose d’intéressant. Il est certain qu’elle ne me donnera aucune information me permettant de remonter aussi facilement jusqu’à elle, et, si elle a plus de choses qu’elle ne veut l’avouer sur moi, elle ne le dira pas.
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Nora Passeri
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MessageSujet: Re: La chasse est ouverte [Nora]   La chasse est ouverte [Nora] Icon_minitimeSam 9 Aoû - 19:53

Faire dire autant de choses qu'on veut aux chiffres. Elle leva les yeux au ciel, car elle était lassée par ces personnes qu'elle considérait comme fanatiques de conspirations, qui ne croyaient même pas en les mathématiques et statistiques de base. Elle en avait vu, des chiffres, au long de sa vie... Et tous ne faisaient que lui révéler un univers bien plus sombre et terrifiant que ne pouvaient l'imaginer les citoyens des Etats-Unis d'Amérique. Les flux financiers, les spéculations, les taux qui fluctuaient selon le niveau de pauvreté du pays... Pour elle, il n'y avait qu'une seule interprétation de ces chiffres-là, et elle n'était pas particulièrement glorieuse.

Il convint malgré tout que les statistiques pouvaient être réelles, et fut-ce le cas, il ajouta que les gens n'étaient pas de telles girouettes. Cela tira à l'italienne un sourire amusé. Lui ? Un correcteur de torts de la Confrérie, être naïf ? Elle ne s'y attendait absolument pas. Elle n'aurait pas pensé une seule seconde qu'il puisse être naïf. En fait, elle lui aurait attribué bien des adjectifs mais "naïf" n'en faisait absolument pas partie. Pourtant, ce qu'il venait de dire paraissait terriblement naïf à la tueuse. Cela dit, elle se rendit également compte du fait que lui rentrer dans le lard ne l'aiderait pas des masses et qu'il valait mieux arrêter là pour le moment. Elle allait devoir mettre sur papier leur conversation, la relire avec l'esprit reposé, et tenter d'établir un profil plus précis de ce personnage très inhabituel... Autant dire que ça allait être très compliqué, vu qu'elle n'était pas profiler de métier. L'agence avait des personnes plus expérimentées qu'elles, néanmoins, qui pourraient peut-être l'aider dans une certaine mesure... Mais Nora n'aimait pas demander de l'aide. Elle avait toujours été un loup solitaire, et si elle n'était pas fermée à l'idée de travailler en groupe, ce n'était pas non plus un concept qui l'enthousiasmait outre mesure.

- Perdre un proche peut transformer n'importe qui en girouette... Même quelqu'un qui pouvait paraître très cultivé et intelligent peut se transformer en raciste infâme, si quelqu'un qu'il aime se fait tuer par une personne un peu différente. C'est triste mais la haine n'est jamais logique ou cohérente, c'est bien pour ça qu'on ne peut pas l'arrêter.

Prenant ensuite un bref instant de réflexion, elle enchaîna après un soupir, comme si elle était un peu dépitée de devoir l'admettre :

- Maintenant, tout enterrer dans l'ombre n'est probablement pas une solution efficace à long terme, je veux bien en convenir...

Un bref silence s'installa, avant qu'il ne déclare qu'il "y réfléchirait". Ce n'était pas très conclusif, mais au moins il ne rejetait pas tout en bloc. Visiblement, ce qui rebutait le plus le jeune confrériste c'était le fait d'"assassiner froidement dans l'ombre" et que les méthodes lui importaient peu tant que les mutants n'étaient pas touchés. Il était visiblement loin de se douter du nombre de mutants qui figuraient au tableau de chasse de la tueuse professionnelle... Alors qu'elle y réfléchissait, elle se rendit d'ailleurs compte qu'elle avait sans le vouloir fait une parité presque parfaite : elle y avait quasiment autant de mutants que d'humains à son compte. Elle n'était pas spécialement "fière" de ce décompte, néanmoins, et préférerais que ça ne soit pas nécessaire... Mais c'était ça qui l'avait poussée à agir. La sensation que c'était une absolue nécessité, qu'aucune autre solution n'était envisageable.

Dans le cas des gamins, une autre solution aurait-elle pu être envisageable ? Peut-être... Elle n'avait pas pris le temps d'y réfléchir, c'était le problème avec les décisions à prendre en moins d'une seconde en cas d'imprévu. C'était aussi la raison pour laquelle elle planifiait toujours tout à l'avance avec une immense prudence et n'acceptait pas que les choses dévient trop du plan : plus la situation "s'échappait" plus les chances que des innocents y passent était élevée. Et plus la probabilité qu'ELLE y passe était élevée... Devrait-elle se sentir coupable d'avoir ainsi abattu les petits jeunes d'un feu radioactif atroce ? En théorie, oui. En pratique, elle s'efforçait d'adopter une vision aussi méthodique, pragmatique et mathématique que possible de la situation. Sa conclusion sur cet incident n'était pas "je me sens coupable", mais "je dois adapter la manière dont j'évalue mes solutions en cas d'urgence".

Elle finit par se lever, laissant négligemment un billet de 20$ sur la table.

- Je ne doute pas qu'on se reverra, de toutes façons. Vu le genre de personnes après lesquelles nous courons, nos chemins ont de fortes chances de se recroiser, finit-elle avec un sourire, l'observant d'une mine assez curieuse, se demandant s'il serait plutôt ravi ou irrité à cette perspective.

Quelque chose disait à Nora que ce serait la seconde solution : que le fait de devoir retomber sur elle n'enthousiasmait pas vraiment le confrériste. Et il aurait bien raison d'être exaspéré, car à ce jour, elle n'avait jamais vraiment apporté le bonheur ou la réussite à qui que ce soit...
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Yitzhak Anavim
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MessageSujet: Re: La chasse est ouverte [Nora]   La chasse est ouverte [Nora] Icon_minitimeLun 18 Aoû - 20:41

Ce que je lui raconte a l’air de la faire mentalement râler. Il faut dire que j’y suis allé à fond sur le côté contestataire de base qui refuse de se fier aux chiffres tant qu’ils n’illustrent pas son point de vue et, pour le reste, elle semble avoir compris autre chose. Au bout d’un moment, j’en perds le fil moi-même. Je ne sais pas où elle veut en venir, je ne sais plus où je veux aller moi-même tellement je m’embrouille entre sincérité et phrases radicales ou lénifiantes pour éviter de lui donner mes idées les plus intimes sur un plateau. Si j’en crois sa légère condescendance, elle me prend pour un jeune idéaliste fou. Le problème, c’est qu’elle répond à un discours qui n’a jamais été le mien et devient, de ce fait, assez naïve à mes yeux. Je le répète, nous ne nous en sortirons pas. Elle a pris mon dernier argument sur un angle positif, en imaginant que je croyais dur comme fer en l’intégrité des gens… ça aurait été adorable mais non. Alors mettons nous bien d’accord : je ne pense pas que les humains haïront les mutants à cause d’un attentat, parce que la corruption, le rejet de l’autre est déjà là. « Perdre un proche peut transformer n’importe qui en girouette… » Oui, et non. Tout dépendra du profil du tueur, s’il est noir, cela justifiera de tenir un discours raciste assumé, s’il est de la bonne origine ethnique, peu de chance pour qu’une victime s’en aille dans une autre tribu déclarer la guerre au reste de son clan. Bref. Ce sont des exemples bidons, mais il faut bien passer par là. Alors, je le répète au moins en pensées, les gens ne détestent pas du jour au lendemain à cause d’un attentat, les germes du mal sont déjà présents. Et je m’en fiche de paraître radical. J’ai mes raisons.

Cependant, je n’ai pas envie de la recadrer. D’une part, parce que nous n’en finirions pas de continuer à nous contredire, mais aussi parce que son interprétation est une chance. En tapant à côté, elle vient de me prouver qu’elle n’était pas aussi extrême que moi, que je n’avais vraiment pas intérêt à lui laisser voir cet aspect de moi avant de mieux la connaître. Je feins de me donner le temps de la réflexion et, d’un air presque serein, je lance à demi-mots :

- Mais au final, n’est-il pas idéaliste aussi de considérer que l’apparence d’une paix absolue soignera des âmes si promptes à haïr ?

Pure rhétorique. Je n’ajoute rien, ne lui donne rien. Je continue de reculer, parce que l’absence d’éléments sur mon interlocutrice me paraît de plus en plus dangereux. En tout cas, nous savons au moins une chose, je ne suis pas du tout adepte de ses stratégies de dissimulation. Je préfère considérer les gens comme des êtres pensants et maîtres de leurs opinions, les punir ou les épargner selon leurs prises de positions, pas avoir à évaluer le mérite de tel ou tel mouton de Panurge. Aucun choix n’est jamais innocent, je ne crois pas en la manipulation non consentante.  
Et nous sommes dans une impasse, à nous promettre sans convictions manifestes de réfléchir aux déclarations de l’un et de l’autre. Ce pénible échange doit donc s’arrêter, sur la promesse de se revoir. J’acquiesce, neutre mais sans enthousiasme. Après ce que nous venons de nous dire, je ne suis pas certain qu’une future rencontre entre nous sera pacifiste, mais tout peut arriver. Elle aura au moins eu le mérite de me faire réaliser l’inconséquence des risques pris ces derniers mois. Et il n’est pas dit que je n’en tirerais pas quelques conclusions en révisant une partie de mes méthodes… Il est clair que je ne lui donnerai pas l’occasion de me remettre la main dessus en passant par les mêmes chemins. L’œil brillant de défi, je lui réponds cependant :

- Et je compte bien que cela arrive.

Car, après tout, j’ai l’intention d’en apprendre plus sur elle. Il va falloir que je repasse très précisément cette conversation dans ma mémoire une fois de retour chez moi. Et peut-être que cette rencontre méritera aussi un rapport. La Confrérie doit être tenue informée du genre de spécimen qui arpente New-York lorsqu’il est de nature aussi ambiguë, et doté de moyens apparemment puissants. Sur ce coup, je ne commettrai pas l’erreur de faire cavalier seul en gardant les informations pour moi. Tout indice sera bon à prendre.
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