[Prom night] L'aile ou la griffe ? [Icare/Kaya + Libre]

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T'ainnnnnnnn quoi ! Je réagissais TROP comme une gamine de 16 ans ! Quand il me dit que j'étais très belle et me donna EN PLUS une rose, je ne pus m'empêcher de rougir. Si les types de mon ancien gang m'avaient vue comme ça, ils m'auraient sûrement charriée pendant des semaines entières... Et j'aurais probablement dû leur mettre un pain dans la tronche pour qu'ils me lâchent la grappe. Mais un truc me rassurait : je n'étais pas la seule à réagir de manière totalement ridicule. Lui aussi s'embarrassa quelque peu en me demandant où je voulais aller, et compagnie, avant de s'emmêler tout seul les pinceaux. Le pauvre ! Je n'aimais pas le voir dans cette situation, vu que je n'aimais pas non plus être dans ce genre de situation.

Je l'interrompis donc d'un coup en lui faisant un gros bisou sur la joue, avant d'ensuite éclater de rire. Ce n'était pas un rire moqueur, mais juste... gratuit. Comme ça, je trouvais la situation drôle alors je me marrais. Je n'étais pas très souvent spontanée, alors bon, pour une fois...

« T'en fais pas va, je suis aussi nulle que toi dans ces situations, on fait la paire. Du coup... »

J'examinai un peu les lieux, avec un air curieux, comme une gamine qui chercherait une idée stupide ou un coup crétin à faire, un sourire au coin des lèvres. A quel endroit pourrais-je aller embêter des gens...?
Bah. Je n'étais pas obligée d'aller foutre le bordel, puis ça serait mal vu. J'aimais bien faire des blagues et embêter le monde gentiment, mais au fond... Il y avait beaucoup de personnes présentes, y compris les profs et les haut-placés de l'Institut. Si l'un d'eux n'avait pas le même genre d'humour que moi, je risquais de m'attirer des ennuis dessus toute seule. Tant pis, les imbécillités, ça serait pour une autre fois visiblement ! Mieux valait passer une soirée calme, pour une fois...

J'attrapai donc le poignet de Josh, le tirant un peu alors que je me dirigeais vers l'une de mes occupations favorites : la bouffe. J'avais la ferme intention de profiter du buffet, d'autant que je m'étais encore entraînée (ou plutôt que je m'étais éclaté les bras contre le poteau) quelques heures plus tôt à peine : j'avais un ou deux bleus sur les bras à cause de ça.
Et du coup, ayant déployé mes lames (qui consommaient des quantités débiles d'énergie), j'étais morte de faim. J'aurais pu avaler un bœuf entier. Sans exagérer.

« Vu que je suis incapable aussi de danser, je propose d'aller vers quelque chose de fantastique : la bouffe ! On aura tout le temps de voir le reste après, de toutes façons. Y'aura sûrement d'autres discours, et des machins du genre. A la fête de fin d'année de ma prom', chez moi, y'avait aussi des élections des élèves les plus populaires, m'enfin je doute que ça soit le genre de la maison ces trucs-là. L'Institut m'a pas l'air d'être le genre à mettre juste en avant trois personnes dans la soirée, qui se font mousser après. C'est vraiment un truc de péquenaud en fait... »

Une fois arrivée devant le buffet, je croisai les bras derrière le dos et observai la nourriture placée là avec un grand sourire. Interrompant ma mine admiratrice pendant quelques secondes, je me tournai vers Icare avant de reprendre en haussant les épaules.

« Après, j'y suis restée genre 10 minutes, à la fête de fin d'année de mon lycée. Personne m'avait invitée et en fait personne me connaissait, dans mon bahut, donc forcément c'était pas *super* intéressant. » Je revins ensuite à la nourriture, l'examinant avec le plus grand intérêt. « Alors voyons voir... »

Ouf ! Kaya ne souhaitait pas danser ! Non pas que Jay souhaite se cacher d'être le cavalier de la demoiselle, il était au contraire fier d'évoluer avec cette gentille fille qui était très jolie en plus... Mais il était mauvais danseur hors pair, le meilleur dans sa catégorie. Autant le mutant avait une voix d'ange, autant il ne savait pas quoi faire de ses membres lorsqu'il fallait mouvoir son popotin sur une musique quelqu'elle soit. Au moins, pour le buffet, Josh savait comment s'en sortir, sa mutation lui coûtant beaucoup d'énergie, il avait souvent la fringale. Bien sûr, le jeune homme se promit d'être raisonnable, il fallait savoir se tenir, surtout en compagnie d'une demoiselle et il était de toutes manières habitué à avoir toujours faim après avoir vécu dans une famille aussi nombreuse que pauvre. Ce fut donc avec un certain raffinement bien étudié -qui était donc d'autant plus drôle et charmant- que Jay s'essaya à mener sa compagne vers le lieu qui leur permettrait de se sustenter. D'ailleurs c'était plutôt Kaya qui l'y avait déjà traîné mais chut, sa virilité en prendrait presque un coup. Sur le chemin le mutant reconnut Amy de Lauro qui brillait dans sa jolie tenue aux teintes chaudes, il la salua timidement mais avec franchise, même si Kaya n'était apparemment pas dans les petits papiers de la demoiselle, le chanteur n'avait encore une fois, aucune honte de s'afficher avec elle.

Après s'être frayé un chemin, difficilement certes, le duo se retrouva devant des mets très appétissants. Icare attendit que quelques personnes se servent avant de faire de même, proposant une coupe à son interlocutrice, lui-même s'y refusant car à l'approche de ses 20 ans, il n'était pas encore autorisé à prendre de l'alcool.

-Moi non plus, avec le discours qu'ils ont fait, ce serait contradictoire d'élire un roi et une reine. Ou peut-être mais pour rire... Qui sait ? Les gens ont l'air de mieux savoir se tenir que dans la majorité ds écoles j'ai remarqué. Je crois que la différence que nous avons tous les rend plus tolérants. Enfin, en général ! Bof, t'sais, tu n'as rien perdu dans tes anciennes écoles, c'est eux qui n'ont pas gagné au change en refusant de t'inviter.

Fit-il avec un petit sourire angélique. Kaya avait beau être une brute -et de ce fait il comprenait pourquoi ses camarades l'avaient un peu évité, même s'il ne cautionnait pas.- à ses heures perdues, elle était gentille comme tout, très jolie aussi et intelligente. En effet la jeune femme tenait un discours très averti sur le monde qui l'entourait, les cruautés des jeunes et elle avait l'air d'avoir bien compris l'ambiance de l'école de Xavier en émettant ses théories sur les bals de promo. Josh sentait que la soirée allait se dérouler dans une ambiance sympathique, il était de belle humeur en tout cas.

-Dans mes anciennes écoles, il n'y avait même pas assez d'argent pour acheter une guirlande, alors les bals... Et puis vu que j'ai passé mes diplômes à distance, du coup je ne connais pas grand chose sur les lycées et encore moins l'université. C'est vrai qu'ici c'est grandiose, on se sent tout petit et on ne dirait pas qu'on est dans le gymnase.

Il faut dire qu'avec une bonne coordination, les pouvoirs bien utilisés des mutants pouvaient faire des merveilles, même lui l'ancien "contre-nature" qui n'aimait pas ceux de sa "race" devait bien le reconnaître. Le Gêne X pouvait être une bénédiction, tant dans les activités banales comme celles-ci que dans les situations périlleuses comme un mutant résistant au feu qui se faisait pompier. Le jeune homme n'avait toujours pas l'intention de devenir un X-Man, mais il comprenait un peu mieux le point de vue de Paige qui voulait à tout prix faire partie de ce genre d'équipe, tout comme son frère Samuel. Enfin, inutile de songer à ça pour l'instant, Josh avait Kaya devant lui et c'était elle qui l'intéressait.

-Je ne voudrais pas remuer le couteau dans la plaie, tu n'es pas forcée de me répondre et je m'excuse par avance, mais dans cette école que faisais-tu comme études ?

Demanda-t-il en essayant d'y mettre autant de tact possible. L'ange était en effet très curieux de nature, et lorsque le "sujet" était aussi intéressant, il ne pouvait pas se retenir longtemps. Vraiment, le blond avait envie de connaître Kaya. Ses yeux azurs se posèrent un instant sur son bras perclus de deux bleus et d'impacts de balles... Pour ce genre de choses aussi l'angelot était curieux mais il savait se tenir. Lui aussi avait connu bien des moments de souffrance bien que sa régénération n'admettait aucune cicatrices. Au moins sur ce sujet, Icare savait être plus mature que la majorité des gens de son âge et puis ce soir, c'était surtout les côtés positifs de Kaya qui l'intriguaient bien qu'il accepterait tout du personnage... Notamment sa partie brutale qui l'avait tant impressionné lors de leur rencontre.

-Santé alors ? A notre premier bal de fin d'année agréable...

Acheva Josh en levant son verre rempli de jus de pomme pour choquer avec celui qu'il avait galamment proposé à Kaya auparavant ou un autre qu'elle aurait éventuellement choisi à sa place.

Jay non plus ne semblait pas trouver logique qu'ils décident d'organiser un concours de la reine de l'école, ou un truc du genre. C'était une chose de moins dont je pourrais me préoccuper du coup. Quoique, dans un sens, je m'en foutais déjà à la base, du coup... Quand il déclara ensuite que c'était eux qui avaient perdu en ne m'invitant pas, je ne pus m'empêcher d'avoir une mine un peu gênée, l'espace d'un instant, avec un petit sourire que j'avais l'air de retenir autant que possible. Pour toute réaction, je me contentai de hausser les épaules, tout en attrapant une des assiettes posées sur le côté. C'était l'heure de commencer à se servir... J'allais probablement passer pour une crevarde mais je mourais de faim.

J'écoutai donc Icare d'un côté alors que celui-ci parlait de l'école où il se trouvait auparavant. Petit endroit manifestement, et il avait passé ses diplômes à distance. C'était compréhensible, vu ses ailes... Il avait probablement préféré rester isolé. Je pouvais comprendre ça. Même si ma mutation était très physique, je pouvais la dissimuler assez facilement tandis que l'ange en revanche avait certainement eu beaucoup plus de difficultés à passer inaperçu dans la rue. C'était même probablement inimaginable sans avoir un attirail conséquent, comme des sangles et un grand manteau ou quelque chose de ce genre. Un sac à dos creux spécialement conçu... Quelque chose de ce style.

Les deux ailes étaient sûrement le genre de chose qui pourrait attirer une attention indésirable de la part de certaines personnes mal intentionnées. Les purificateurs qui attaqueraient à vue... Les gens juste racistes et cons... La confrérie qui tenterait de le recruter et le tueraient s'il refusait... Même si mes capacités étaient on ne peut plus médiocres, j'aurais pu avoir nettement pire, au final.

En tout cas, tout en écoutant donc, je commençai à piocher de la nourriture. Un petit canapé par-ci, une crevette par-là, de ce côté une bouchée à la saucisse, et de l'autre une petite bouchée à la viande séchée... Le problème, en fait, était que mon assiette avait, comment dire... Des fuites. Chaque fois que je posais quelque chose de comestible sur mon assiette, je le mangeais presque immédiatement. Du coup je posais autre chose, je le mangeais, etc. Du coup, en toute logique, l'assiette ne serait jamais pleine. Je venais d'inventer le mouvement perpétuel, en quelque sorte. Le mouvement perpétuel alimentaire.

Josh me posa alors une question concernant mes études, semblant un peu gêné par celle-ci. Je me tournai vers lui, ayant un peu l'air d'un écureuil avec la bouche remplie. Je me rendis d'ailleurs compte de l'allure que j'avais, rougissant encore un peu et mâchouillant pour finalement avaler l'ensemble. Ne me laissant absolument pas démonter, je répondis alors en haussant à nouveau les épaules :

« Hum... Bah, je vois pas pourquoi tu t'excuses, je m'en fous moi. J'étudiais la littérature, c'est ce que je vais aussi faire ici d'ailleurs, pour terminer mon cursus. »

Je remarquai alors son regard rapide vers mes bras. J'observai ces derniers à mon tour, avant de finalement sourire ; je ne le prenais absolument pas mal.

« Ah, ça. 'me suis faite tirer dessus. »

Pour illustrer mon propos, je posai l'assiette de bouffe un instant, avant de croiser les bras devant moi en position défensive réflexe, cette même position qu'ont les personnes qui se font battre. Les impacts de balle avaient pile le bon emplacement, montrant que je m'étais faite tirer dessus quand j'étais dans cette position-là. Avec les lames sorties, évidemment.

« Les lames ont arrêté les balles, 'fin pas totalement, mais en partie. »

Je ramassai en tout cas mon verre et le levai en même temps que Josh, tout en inclinant légèrement la tête avec un sourire amusé. Je devais avouer que c'était bel et bien mon premier "bal de fin d'année" agréable. Entre guillemets, car l'ambiance était plutôt particulière. Il y avait de tout ici. Des mutants animaux, déformés, à l'allure normale, certains brillaient un peu... Et ce fut à ce moment-là que je me rendis compte d'un élément intéressant : je n'avais même pas fait gaffe. Un mois plus tôt, j'aurais probablement remarqué ce genre de choses, mais maintenant ça faisait pour moi partie du paysage. L'Institut avait son influence, manifestement.

« Santé du coup, à la première fête de fin d'année qui sera autre chose que la fête de la déprime ! » lançai-je du coup avec un large sourire.

Des balles ? Voilà qui lui rappelait Julia. Le jeune homme baissa la tête un moment. Si son ancienne petite amie avait eu les lames de Kaya, elle s'en serait sortie. Julia qui se serait transformée en sa soeur de coeur probablement. D'un autre côté son père l'aurait abandonnée car mutante comme elle était morte parce que lui l'était. La vie était si complexe, c'était horrible ! Essayant de penser positif, le jeune homme accorda un sourire à son interlocutrice, au moins, elle avait pu s'en sortir, elle, avec cette histoire sordide de balles. Le mutant se demanda bien qui avait pu lui faire ça mais ce n'était pas le moment pour évoquer ce genre de choses, la phrase qui sortit de ses lèvres quoique plus légère lui parut déjà très intrusive.

-Certains mutants ont le pouvoir de faire disparaître les cicatrices, tu pourrais peut-être aller les voir ? Enfin ce n'est pas que c'est moche loin de là, mais tu vois, pour ne pas trop penser à ça en voyant... Enfin... Euh. Je sais que quand le père de Julia m'a tiré dessus, si je ne régénérais pas j'aurais gardé les cicatrices et j'aurais vraiment eu du mal à voir tout ça dans le miroir mais tu es sûrement plus courageuse que moi.

Et voilà il avait évoqué un sujet fâcheux malgré lui en voulant se montrer intéressé par la santé de la jeune fille, une fois de plus ! Flûte, à croire que finalement c'était lui qui avait besoin de plus d'aide pour ses soucis de socialisation que Kaya pour sa brutalité envers les poteaux de l'institut. Pour meubler la conversation qui prenait un virage tendancieux, le chanteur pris un petit four et tenta le tout pour le tout en revenant sur les études. Un peu minable.

-Littérature, ah d'accord. Tu veux te spécialiser dans une époque, un pays, un genre ? J'ai surtout fait de la musique mais j'ai aussi abordé la littérature un peu dans mon cursus. Si tu veux je pourrais te filer d'anciennes notes ou on pourra en discuter. Non ?

Bim, allez continue de creuser Icare, vas-y, tu t'es déjà bien brûlé les ailes, flagelle-toi avec un rayon de soleil maintenant. Bien embêté le jeune homme vira totalement au rouge. De loin la scène était plutôt amusante. On pouvait croire à s'y méprendre qu'il avait fait une déclaration à Kaya. Un ou deux bellâtres offrirent un sourire charmeur à Kaya. En robe elle pouvait attirer, après tout elle était très jolie. En tout cas ces deux là l'invitaient clairement à quitter ce nul de première. Icare ne se défendit même pas, rougissant encore plus si c'était possible car c'était vrai, il faisait un piètre cavalier.

-Euh oui santé pour la fête sans déprime, enfin si j'ai pas tout gâché quoi. Euh sinon, si c'est encore possible que tu restes, tu voudrais trouver des gens avec qui discuter ? C'est l'occasion de faire connaissances, on pourrait faire de chouettes rencontres, pour t'intégrer tout ça, c'est idéal. Après tout je t'ai promis d'être ton guide l'autre fois, donc j'assume jusqu'au bout ! Ou alors on reste ici et on se goinfre...

La deuxième optique vu sa timidité était nettement plus réjouissante mais comme un général Jay se tenait prêt. Loyal guide jusqu'au bout. Au moins, il les tenait ses promesses et bien que maladroit il tentait vraiment de faire passer une bonne soirée à Kaya, même s'il n'avait pas beaucoup d'idées pour s'amuser. Ahlala, qu'étaient sensés faire les jeunes à ce style de fêtes à part danser ?

Le pouvoir de faire disparaître les cicatrices ? Cette idée ne m'enchantait pas spécialement, en fait. Je ne saurais dire pourquoi, mais pour le moment je préférais conserver ces marques. En approfondissant, peut-être était-ce pour me rappeler des conneries que j'avais faites, une sorte de marque punitive que je tenais à conserver... Ou alors je les voyais comme une partie de mon histoire comme certaines personnes avec les tatouages. Quelque chose du genre, p'tet, va savoir. De toutes façons avec mon cerveau tout déglingué et parasité, c'est pas évident de bien saisir les raisons qui me pousseraient à vouloir conserver des marques d'impacts de balle sur mes avant-bras...

Peut-être était-ce aussi le fait que je n'aimais pas la perfection. Elle était... Ennuyeuse. Barbante, même. Quelqu'un de 100% parfait ne m'intéresserait pas une seule seconde, en fait, que ce soit physiquement ou socialement. Et ce n'était pas à cause d'une histoire de se sentir inférieure à un tel être ou autres, mais simplement parce que la perfection n'est constructive que quand elle est un objectif. Une fois cet objectif atteint, que reste-t-il à faire ? Rien. Que reste-t-il d'imparfait et d'intéressant à distinguer, à travailler ? Rien. En fait, un visage parfait n'aurait aucun de ces petits défauts qui créent une sorte de charisme intéressant, et une personnalité parfaite me paraîtrait très probablement barbante à en mourir.

« Bof, j'ai rien contre le fait de les garder. » dis-je du coup à Josh.
« Chais pas pourquoi, mais en fait je pense que j'ai pas envie de les faire enlever. » ajoutai-je en haussant les épaules.

Je me remis ensuite à manger (me goinfrer en fait) alors que l'ange continuait de parler, visiblement assez gêné par ce qu'il disait. Il était tout rouge, c'était trop mignon ! C'était en fait précisément l'illustration idéale de ce que je venais de penser concernant la perfection. S'il avait été parfait, totalement à l'aise, il aurait probablement été nettement moins intéressant. Je me retournai en tout cas vers lui, comme si j'allais dire un truc, mais je réalisai alors que j'avais la bouche pleine (il y avait trois petits fours dedans). Je pointai donc mes joues gonflées (et un peu ridicules), l'air de dire "attends 2 secondes", me mettant à mâchouiller et avaler l'ensemble.

Une fois libérée, je pus finalement m'exprimer en rigolant un peu :

« Hahaha, détends-toi ! J'suis pas genre Brittany la reine du bal qui te juge au premier mot maladroit, hein. En fait j'sais pas si t'es au courant, mais si on avait été dans une école normale, tu aurais été "le mec qui a eu pitié de la nana bizarre" dans le lot. Alors c'est bon, dis des conneries, moi j'm'en fous en fait. Ça m'gêne pas de parler des impacts de balle sur mes bras, ni des études, ni de rien. En fait si un truc m'embête, je te le dirai, c'est plus simple. Si je dis rien il faut partir du principe que je m'en f... »

Je m'interrompis, repérant des regards dans un coin de ma vision. Deux types m'observaient... Et je ne savais pas trop que penser de la façon qu'ils avaient de me fixer. Je grimaçai légèrement, l'air assez mal à l'aise... Que me voulaient-ils au juste ? Car je n'arrivais pas à interpréter ces regards. J'avais des théories, mais aucune certitude... Il pouvait s'agir de drague, mais il pouvait aussi s'agir de moquerie, d'hostilité ou même de dédain. J'avais... Quelques difficultés à bien interpréter les expressions des autres, et du coup le fait que ces deux élèves me regardent me mettait extrêmement mal à l'aise, c'était d'ailleurs très visible.

« Y'a deux types qui m'observent... Je sais pas c'qu'ils veulent... »

Plus les secondes passaient et plus j'avais l'air de virer de l'inconfort à la panique. Pourquoi est-ce-qu'ils me regardaient ? Qu'est-ce-qu'ils me voulaient ? A chaque instant ces questions m'écrasaient un peu plus. Après que Jay ait proposé de se déplacer, rencontrant ainsi d'autres personnes, je réagis immédiatement et lui répondis avec un air suppliant, lui attrapant l'avant bras :

« Oui... Allons autre part. »

Ouf ! Kaya était vraiment à part, elle ne prenait pas la mouche pour rien... Ni pour ce qui était grave d'ailleurs. La jeune femme était réellement à part. Il la trouvait courageuse d'assumer ses blessures mais également étrange de préférer les garder. Une chose était sûre, son aînée l'intriguait et le rendait de plus en plus curieux. A l'aise également vu l'étendue de son ouverture d'esprit. Souriant tandis que sa rougeur se perdait petit à petit, le mutant se demanda ce qui pouvait bien mettre Kaya mal à l'aise. Par manque de chance il eut sa réponse assez rapidement tandis que la jeune femme finissait d'avaler ses deux petits fours qui lui gonflaient les joues.- Icare n'avait pu s'empêcher de rire à ce moment, avant de l'imiter dans un élan de prise de confiance, révélant son côté "humoristique." Cette dernière lui indiqua les deux garçons qui la fixaient depuis tout à l'heure, à son tour le chanteur avala ses petits fours, faisant passer le tout avec un verre de jus de pomme.

-Ils te trouvent jolie, c'est tout, et ils ont bien raison. Je les félicite pour leur bon goût moi.

Fit-il en souriant, bien conscient toutefois que cela pouvait être gênant pour Kaya qui n'avait jamais été remarquée avant. Sans compter que les deux jeunes n'étaient pas très polis de la fixer de la sorte, sans gêne. Finalement Jay se dit que ce n'était pas uniquement flatteur, en se mettant à la place de la jeune femme lui aussi se sentit dérangé. Ils avaient vraiment l'air de la considérer comme un morceau de viande. Ah ces adolescents, aucune délicatesse, avait-il été ainsi un jour ? Qu'on le punisse sans tarder si ça avait été le cas.

-Viens, allons sur le balcon si tu veux. Il y a un coin de table tout prêt, on aura toujours accès aux petits fours.

Fit Josh en essayant de désépaissir l'ambiance. Il jeta un regard noir aux deux garçons en bon chevalier servant, protégeant sa "dame" en lui prenant le bras-celui que Miss Spencer lui avait attrapé juste avant.- et se mettant entre eux. Certes Kaya était forte mais ce soir c'était à lui d prendre soin de sa cavalière et ces deux-ci étaient des goujats. Haussant les épaules, les intéressés rirent quelques instants, prenant un air efféminé en mettant une main sur leur hanche et en faisant mine de se faire des bisous tout en le fixant avant de regarder une autre jolie fille. Ils avaient du goût mais aucun savoir vivre.

-Ne t'en fais pas, il n'y aura aucune suite, c'est juste des mecs... Ça regarde mais ça ne touche pas, c'est des ados quoi. Regarde, ils fixent déjà une autre.

Tenta-t-il pour rassurer son aînée, cette fois confiant en lui-même et ses propos. Le jeune homme n'avait aucune intention que Kaya se sente traquée plus longtemps. Il ignorait pourquoi ce ton suppliant quand elle avait eu l'air si forte sur tous les sujets juste avant mais pour une fois il garda sa langue. C'était son affaire si elle craignait moins le traumatisme de son accident avec les balles que des regards d'adolescents, sa crainte avait peut-être une racine ou peut-être pas mais elle devait être prise au sérieux, le tout sans trop insister. Un entre deux que le jeune homme espérait avoir réussi à atteindre.

-On va toujours sur le balcon ? Tiens prend ma veste, il fait froid.

Fit-il en souriant, retirant son habit qu'il proposa aux épaules dénudées de la jeune femme. Les trous par lesquels ses ailes passaient s'accorderaient normalement sur les replis noirs de la robe de Kaya, et si ce n'était pas le cas, Icare souhaitait tout de même diminuer les risques de rhume chez sa comparse. Comme toujours, il était prévenant avec les filles, très proches d'elle par habitude, sans être déplacé non plus.

-Oui donc, on disait quoi déjà ? J'sais plus mais en tout cas t'as une sacrée descente avec la nourriture, c'est cool une fille qui ne craint pas pour sa ligne. Faut dire que la tienne est parfaite ! Moi c'est ma mutation qui me fait manger comme ça, mes ailes sont gourmandes. Tiens d'ailleurs, un jour je cuisinerai pour toi si tu veux.

Ajouta Jay en riant, troisième dans une fratrie nombreuse, il savait cuisiner et surtout en se contentant de peu vu la pauvreté de la famille. Rien qu'un bon plat savamment assaisonné pouvait remonter un coeur et faire oublier un peu la misère. Certes, la meilleure restait Lucinda mais Josh ne se débrouillait pas mal. Partant sur un sujet aussi simple, Icare espérait détendre l'atmosphère mais aussi inviter Kaya à le revoir, qui sait, peut-être pendant les vacances d'été ? Tout à fait probable, il en avait envie et possédant son propre appartement c'était désormais possible.

Rentrant de moitié le jeune homme attrapa une assiette de petits fours et quelques gâteaux apéritifs. Kaya avait réveillé son côté drôle, il se sentait bien avec elle. Se saisissant de deux Curly, il les positionna sur ses dents façon vampire et déploya ses ailes, mettant ses mains devant son visage pour jouer les Draculas de fortune. Mouais, à voir si Kaya accepterait son invitation implicite après ça.

Me trouver jolie ? Nan... Je ne pouvais pas croire que c'était ça. Et je ne disais pas ça genre "oh diantre je ne puis croire que blabla", nan nan. J'étais dans l'incapacité totale d'imaginer cette possibilité... Et pour tout avouer, même si ça avait été le cas, je n'aurais pas été bien plus à l'aise. Dans les gangs j'en avais croisé, quelques bourrins, mais je pouvais en général m'en sortir par un jeu d'intimidation et de respect qui était très particulier. Une fois par exemple, un type d'un gang adverse avait proposé pour faire la paix que "Ta nana là elle pourrait m'faire reluire le pitch un coup nan ?". J'avais répondu "avec plaisir" avant de transformer mes dents en de longs rasoirs à l'allure peu engageante. Ce genre de réponse, à la fois intimidante et sarcastique, était en général bien vue et m'avait souvent permis de me sortir de ce genre de situations.

Mais ici... Je ne pouvais pas vraiment faire ça. Sortir les lames et grogner ne m'attirerait que des emmerdements, en imaginant qu'ils n'aient pas de pouvoirs surpuissants permettant de me tuer... laisser des adolescents avec des capacités surhumaines devrait être le cauchemar de l'humanité, vu qu'ils représentaient selon moi ce que l'on pouvait faire de pire chez les gens.

La question ne se posa rapidement plus en tout cas, vu que Jay me prit le bras et m'escorta plus loin, en direction du balcon... Pendant tout le trajet, j'avais les yeux fermés ou presque, semblant tenter de me calmer. Une fois que nous y fûmes, il me passa sa veste sur les épaules et seulement à ce moment-là rouvris-je les yeux avant de soupirer longuement, comme si j'étais soulagée. Ils avaient arrêté de me fixer, et autant dire que j'allais nettement mieux. Ce n'était pas tant leur regard qui me paniquait que le regard PLUS le fait que je ne pouvais pas me défendre de manière purement physique. Encore une fois, aller provoquer une baston en pleine fête de fin d'année serait certainement mal vu, j'avais donc préféré la fuite et, heureusement, Josh ne m'avait pas laissée seule là-dedans et avait bien compris.

« Merci... » répondis-je tout en continuant de reprendre mon calme.

L'ange reprit la conversation, ce qui dans un sens était plutôt une bonne chose pour moi. Cela me permettait de me re-fixer sur quelque chose et de laisser de côté cet incident. Quand il parla du fait que ma ligne était parfaite j'affichai un air un peu gêné, mais lorsqu'il dit que ses pouvoirs consommaient de grandes quantités d'énergie, j'eus soudainement un sourire amusé :

« J'ai aucune mérite, j'ai le même problème. Ces lames pourries consomment une quantité d'énergie stupide, du coup j'suis obligée de me goinfrer si je m'en sers. »

Et lorsqu'il se déguisa en Dracula, je ne pus m'empêcher de pouffer bêtement de rire. Ce n'était... Pas extrêmement crédible, je devais bien l'avouer. Ayant une idée, j'affichai un petit sourire malin avant d'ouvrir la bouche et laisser voir mes dents du haut. Les deux canines se mirent à gagner en longueur pour devenir deux crocs pointus dans un petit bruit de craquement.

« Avec plaishir pour la bouschffe, on schuschera le schang des innoschents ! Ou on pourra fschaire un coschplay de Twligscht ! » ajoutai-je en gloussant.

Pas pratique, pour parler... Enfin tant pis.

« Tu scherais le puischant vampire VON CURLYKOV, pis moi, scha sch'rait DAME COSCHONNA, parsch'que dans tous les films de vampires, les nanas sch'est toujours des pouffiasches. »

Cela commençait à devenir une habitude, pas de réponse basique de la part de Kaya. La jeune femme eut soudain l'air de se concentrer et deux longues canines sortirent de ses lèvres. Josh ne s'y attendait absolument pas, pour lui, les lames de la demoiselle sortaient uniquement de ses poings. Lorsqu'elle claqua des dents, surpris le mutant recula lestement. Un petit sursaut pas si petit que ça le colla contre le balcon et le déséquilibra. Le jeune homme se retint de tomber -ce qui n'aurait pas été une catastrophe en soi- mais ne put qu'assister à la chute des pauvres Curly dans le vide. Son coeur battant la chamade, le chanteur se remit de sa frousse avant de commencer à rire. Kaya était vraiment drôle, elle surenchérissait sur tout, bref, de quoi s'en faire une amie sans trop se poser de soucis. Bien sûr, la notion de respect demeurait importante mais avec elle, Icare se sentait moins prisonnier, il pouvait commettre une bêtise sans être jugé. Enora était également une amie très proche, ils s'étaient bien amusés d'ailleurs à dragouiller le serveur mais elle était plus douce, plus calme, une sorte de princesse tombée des cieux en réalité. Son interlocutrice faisait un peu plus "aventurière", il avait donc accès à un panel de possibilités plus larges, le tout en se posant moins de questions. Génial non.

Se tenant le ventre lorsque la jeune femme évoqua leurs noms de scènes, Josh ne pouvait plus s'arrêter de rire. Peut-être que la blague volait bas mais il ne s'était pas amusé comme ça depuis un certain temps. Enfin quelqu'un qui ne le prenait pas pour un petit angelot fragile de qui se moquer ou à admirer béatement comme s'il allait se casser dans la seconde ou qu'il était une apparition de dieu. Vraiment, Icare s'entendait mieux avec les femmes, il avait avec elles, une relation intime lorsqu'elles devenaient plus amies, au point que cela pourrait devenir ambigüe bien que ça ne le soit pas puisqu'à ce stade en général elles connaissaient ses préférences. Jay avait d'ailleurs prit l'habitude de ne plus s'offusquer quand ces dernières lui posaient la question avant même sa révélation ou souriaient en hochant la tête "je le savais". C'était toujours un peu gênant de savoir que c'était apparemment "visible" mais plus pratique. Depuis le chanteur ne se posait plus trop de questions, il agissait tel un cavalier lors des bals mais devenait un vrai pot de colle à câlins quand il était plus proche d'elles. Autant dire que Josh ne se serait pas amusé comme ça avec un garçon.

-Curlykov Hihihihihi... Elle est pas mal celle là ! Content que tu acceptes en tout cas ! Que dirais-tu de la semaine prochaine ? Pourquoi faire tarder le rendez-vous, et comme ça si ça se passe bien chère collègue Coshonna on pourra continuer de se voir.

Fit-il, sans la moindre gêne, persuadé qu'il apprécierait la présence de Kaya et ne voyant donc pas pourquoi il devrait se priver de l'inviter si souvent. Le jeune homme imaginait déjà bien leurs soirées de folies, ce serait drôle, enfin selon les désirs de sa chère hôte bien sûr!

-Dit donc voir, je ne savais pas que tes Lames aussi pouvaient se manifester à travers ta dentition. C'est rudement impressionnant ! Un chien mord fort, mais toi tu dois carrément exploser la main avec des crocs pareil ! Tu peux les faire jaillir d'où tu veux alors ?

Icare n'était pas du genre à s'attarder sur les dons habituellement, surtout que lorsque ceux-ci devenaient un peu trop puissants, il en avait encore peur, d'où sa réaction couplée à la surprise tout à l'heure. Seulement avec Kaya il se sentait en confiance, sans parler de sa curiosité naturelle bien sûr. En attendant les éventuelles réponses le jeune homme reprit quelques gâteaux apéritifs et sauta sur le balcon en arrière pour atterrir, fesses sur la rambarde. En équilibre précaire, ailes toutes déployées, il tendit son assiette d'un air mutin à sa complice.

Bon, les dents c'était rigolo mais c'était un peu chiant quand même, pour parler... Au moins, en tout cas, ma connerie sur le nom du Comte VON CURLYKOV semblait lui plaire, et j'affichai un grand sourire très fier de ma petite imbécillité. J’acquiesçai quand il parla du rendez-vous, et je l'observai avec une mine curieuse quand il évoqua ensuite le fait que les lames puissent sortir des dents. En fait, elles pouvaient sortir un peu n'importe où, concrètement... Ca demandait juste plus ou moins de concentration et d'énergie selon l'endroit. Genre sortir des lames au niveau des reins serait assez compliqué vu qu'il n'y avait pas d'os du tout, mais les dents c'était assez facile. Je lui répondis du coup en attrapant l'assiette, et en haussant les épaules.

« Ouais, sch'peux les faire schortir n'imp... Oh fait schier sches truschàla con... »

Les deux crocs rentrèrent immédiatement, et j'ouvris grand le yeux. OH PUTAIN DE LUI QUOI !!!
Je me portai la main à la bouche en faisant une grimace de douleur et en laissant entendre des mots étouffés qui ressemblaient fortement à des insultes (des insultes vraiment pas jolies du tout). Je secouais la main droite bêtement, comme si ça allait m'aider à avoir moins mal, posant l'assiette et me rapprochant du bord du balcon. Une fois près du vide, j'enlevai la main de ma bouche, crachant alors une grande quantité de sang par dessus la rambarde et finissant par réussir à parler.

« P'T'AIN ! SAL'TÉ DE CONCENTRÉ D'HYDROCARBURE QUOI !! »

Je crachai à nouveau du sang, un peu moins, avant de regarder Josh du coin de l'oeil avec un air mi-désolé, mi-bordel-ça-fait-mal.

« Hmmff... Désolée... Je les ai rentrés trop vite... ça a gonflé l'os... et ça m'a éclaté les gencives... 'fin pas éclaté, mais voilà... »

Une nouvelle fois, d'une manière pas extrêmement glamour je devais bien l'admettre, je crachai encore un peu de sang avant d'attraper mon verre histoire de me rincer la bouche. Je pris donc une gorgée, avant de bien me nettoyer tout ça, et recrachant (encore) le tout par dessus la rambarde, vers le bas. Puis... Après une seconde environ, j'ouvris grand les yeux en observant mon verre, puis une fois la surprise passée, prononçai avec un air vraiment dépité :

« Ah. Mais ouais, évidemment... C'est de l'alcool. »

J'avais oublié ce petit détail pourtant critique... Oh, ça allait faire mal. En fait, ça commençait déjà à bien faire mal... Je remis du coup la main sur ma bouche ensanglantée (mais TROP glamour, quoi) en me remettant à prononcer divers mots que les plus jeunes d'entre nous ne devraient jamais entendre. Il fallut presque 30 secondes pour que la douleur ne passe et que j'enlève enfin ma main, enfin capable de dire quelque chose qui ne serait pas vulgaire ou même carrément obscène.

« Chuis... désolée... J'aurais dû faire gaffe... Enfin ça répond à ta question, oui les lames peuvent sortir de partout, ça peut aussi être des pointes. Mais y'a des endroits où il vaut mieux éviter ! » finis-je en riant, finalement, de ma propre mésaventure.

Que pouvais-je dire ? La situation était bien débile, et le ridicule me faisait toujours rire, même si j'étais moi-même l'objet de ce ridicule. Et je ne pus m'empêcher de rire encore plus alors que j'imaginais quelque chose de... VRAIMENT pas séduisant.

« Dommage que j'sois pas venue avec une fille. Si en rentrant on m'avait demandé pourquoi ce sang sur ma bouche, j'aurais pu répondre qu'elle avait ses règles ! »

Oui, c'était vraiment nul comme blague, et vraiment dégueu, et vraiment pas classe du tout. Mais d'un autre côté, je pensais avoir maintenant prouvé que sortir avec moi n'était pas toujours un instant d'une grande élégance...!

Josh manqua une fois de plus de tomber de sa rambarde, il glissa et se rattrapa uniquement grâce à ses réflexes et un coup d'ailes bien placé. Faisant fi du haut-le-coeur qui avait automatiquement accompagné cette pré-chute, Icare se précipita à l'intérieur comme s'il voulait fuir la scène. Bien sûr, il n'en était rien bien que ce soit crédible pendant un instant. En réalité, le jeune homme s'était plutôt dépêché pour saisir d'une serviette en tissu ainsi que des glaçons et d'un verre d'eau. Manquant de tout renverser, le chanteur passa à nouveau le balcon et déposa ses victuailles sur un coin de la rambarde en équilibre.

-Kaya, ça va aller ? Tu veux que j'appelle quelqu'un ? Tiens, mets ça sur ta lèvre, ça va stopper le sang, empêcher les hématomes et que ta bouche enfle aussi, calmer aussi la douleur.

Rendu tremblant par le stress, le jeune homme ne se donna pas le choix toutefois quant à l'efficacité et il s'approcha de la mutante pour lui apposer le tissu imbibé d'eau froide sur la lèvre. Si cette dernière l'acceptait bien sûr toutefois.

-Je suis désolé ! -Ne put-il s'empêcher de dire, car si effectivement ce n'était pas sa faute, il se sentait quand même "désolé" pour ce que son amie avait à subir. Sans compter que c'était pour le faire rire qu'elle avait joué avec son don et surtout pas fait attention ensuite.- J'imagine pour les endroits à éviter.

Icare grimaça en ayant une idée déplacée sur les lieux de sorties des dites pointes. Mais à peine la honte l'effleurait-il que Kaya sortit une blague encore pire. Cette fois le jeune mutant ne put empêcher une grimace de dégoût de se peindre sur son visage. Mince, il était homo ok mais de là à lui causer règles de filles, ça devenait glauque. Loin de trop s'en formaliser pour ça cependant, le garçon se contenta de rougir comme une tomate puis de sourire trèèèès timidement, ne sachant vraiment pas ce qu'il était sensé faire suite à cette sortie disons, peu élégante. Au moins, il pouvait se permettre encore une ou deux sottises avant d'égaler le niveau de Kaya. Choisissant finalement le rire, content de la voir assez "bête" pour aller mieux, Jay lui tendit un autre chiffon en réserve et mis un autre glaçon dans le verre d'eau. La pauvre avait déjà bu de l'alcool, un peu d'eau lui ferait sûrement de bien. Il la laissa d'ailleurs une seconde pour retourner à l'intérieur et revenir avec du pain.

-Tiens, mange la mie quand tu pourras, ça va un peu absorber l'alcool. Décidément, tu n'en rate pas une, je crois que j'ai trouvé pire que moi question enchaînements de pas d'chance... Enfin non on va dire égalité.

Affirma-t-il en se souvenant de quelques bonnes catastrophes à la suite issues de ses propres mains, ailes ou autres membres appartenant à son corps.

-Bon, ben, on fait quoi maintenant ? Tu devrais peut-être aller voir quelqu'un quand même parce que les dents et les gencives question infections ça ne pardonne pas si on ne fait pas attention. Surtout qu'il y a des mutants guérisseurs, en deux secondes tu n'as plus rien et ça ne les dérangera pas c'est sûr de sûr. Tu as besoin de te changer ? Je peux t'accompagner à ta chambre... Et après on peut rentrer aussi, tu connais quelques personnes dedans ?

Fit-il gentiment dans l'optique de ne pas bousculer Kaya mais de lui faire quand même prendre conscience qu'il ne fallait pas rire avec les infections, surtout au niveau de la bouche, c'était de là que toutes les complications venaient lui avait expliqué sa mère. Icare n'avait plus de soucis à ce niveau grâce à sa régénération mais par réflexe il se souvenait bien des conseils de Lucinda. Il aurait tant aimé pouvoir guérir les gens au lieu de se soigner lui-même. Décidément, son don était franchement égoïste ! Alors le moins qu'il puisse faire c'était proposer à Kaya de se soigner, de l'accompagner ou autre.

Icare revint avec de l'eau, des serviettes, et des glaçons. Tout ce qu'il fallait pour se nettoyer la tronche, parfait ! J'utilisai donc ce qu'il avait fourni, passant un glaçon dans ma bouche. Celui-ci ressortit rouge, pas très ragoûtant... Je le jetai donc par dessus la rambarde, avant d'ensuite garder la serviette appliquée contre mes lèvres. Pas à dire, ça faisait mal cette connerie, mais bon, j'avais de la chance : les gencives, ça cicatrisait vite, donc ça aurait pu être nettement pire.

« Hmf, merci... » dis-je quand il me donna l'ensemble.

Par contre, quand il se mit à rougir comme pas possible suite à ma blague douteuse, j'explosai de rire de manière presque incontrôlable. C'était TROP mignon quoi ! J'acceptai en tout cas le deuxième chiffon ainsi que la mie de pain, commençant à manger l'air de rien. Bon, il restait encore un peu de sang, et le pain imbibé de sang c'était pas super, mais d'un autre côté... C'était ça ou rien.

Quand il signala ensuite que je n'en ratais pas une, je ne pus m'empêcher d'afficher un large sourire très fier. Être fière de ce genre de bêtises pouvait paraître bizarre, mais encore une fois, j'aimais l'absurde, et faire des bêtises était un de mes petits loisirs. Oh, ce n'était jamais rien de terrible, mais je ne pouvais pas m'en empêcher. Si j'avais une occasion de dire quelque chose de stupide mais drôle, je ne la ratais pas ! Et sans ça, je devais bien avouer que la vie serait franchement déprimante... alors pourquoi pas au fond ?

J'écoutai ensuite les propositions de Josh, avec une petite mine pensive. Oh, j'avais des idées, mais probablement pas celles auxquelles il pensait, clairement. Je repris en tout cas ce qu'il venait de dire, point par point :

« T'en fais pas pour ça, la bouche ça cicatrise super vite. Et avec l'alcool que je me suis envoyée, je pense que je suis tranquille niveau infections, héhé ! » démarrai-je avec un petit air malin.

Pour le reste, par contre, mon regard se fixa dans celui de Jay alors que je parlais d'une voix tranquille :

« Après, m'"accompagner à ma chambre", pourquoi pas... Je ne pensais pas à vraiment me changer, mais si tu veux je peux sûrement trouver quelque chose de plus... disons, dans l'ambiance, hmm ? »

Ok, d'accord, je devais admettre que c'était... un peu, disons, brutal comme façon de faire, mais je voyais assez bien l'ange comme quelqu'un qui aurait peur ou honte de faire ce genre de proposition. Moi en revanche, nettement moins, donc autant faire bon usage de cette différence de caractère, non ? Par contre, je n'avais aucune idée de la réaction qu'il aurait. Peut-être qu'il ne comprendrait pas, malgré le très (TRÈS) lourd sous-entendu. Peut-être qu'il redeviendrait tout rouge, ça serait encore trop mignon. Peut-être aussi qu'il m'enverrait carrément chier, j'avais aussi pris en considération cette possibilité. De toutes façons, on verrait bien.

Évidemment, Kaya voulait plaisanter. Il était normal d'aller dans sa chambre pour se changer après de tels déboires. Certes la jeune femme ne s'était miraculeusement pas tâché mais avoir un peu de répit pour se rafraîchir serait sûrement le bienvenue. En ce moment, les toilettes devaient être débordées de filles du bal qui voulaient se remettre du mascara et bien qu'elle paraisse joviale, la pauvre Kaya avait dû être bouleversée. Icare avait été très impressionné par la démonstration, il craignait que la jeune femme se soit fait franchement mal et que la douleur fluctue encore un temps. Elle semblait habituée à supporter beaucoup, n'étant pas une petite chose fragile mais était-ce bien une raison pour n'avoir aucune attention à son égard ? Certes pas.

La "proposition" frauduleuse de Kaya fit rougir le chanteur qui tenta de se reprendre rapidement. Allons bon, son aîné allait le prendre pour un idiot incapable de se décoincer. Un de ces anges totalement plats et ennuyeux, tellement parfaits qu'ils en étaient plein de défauts. Le jeune homme décida d'avoir un peu de répondant cette fois, Kaya finirait par s'ennuyer sinon à balancer des blagues seule et à prendre des risques. Lui aussi devait se mouiller un peu.

-Dès le premier soir ? Je ne pensais pas que vous seriez ainsi mademoiselle. Mais soit, allons-y, laissez-moi vous conduire...

Fit-il dans un sourire, jouant le jeu en toute innocence. Adressant un clin d'oeil charmeur à la jeune femme, l'angelot oscillait entre sérieux et blague, de telle sorte qu'il était facile d'interpréter selon ses envies. Menant la jeune femme au dortoir des filles qu'il connaissait plutôt bien pour s'y être souvent introduit- et oui, le cliché du meilleur ami homo invité dans les draps féminins pour des confidences tardives était vrai- il s'arrêta à l'orée du couloir, laissant Kaya le mener dans sa chambre. Habitué, il n'éprouvait cette fois aucune gêne à l'idée de rentrer dans la pièce où vivait des filles, ce qui ne faisait qu'augmenter encore la confusion bien sûr. Galant toutefois, ce qui devait heureusement relever le niveau, l'artiste esquissa une légère révérence pour inviter sa compagne à le précéder.

-Vous voilà près de vos appartements chère comtesse Coshonna

Fit-il en se rappelant du surnom que s'était donné Kaya à l'heure où était né le compte Curlykov, le tout sans sous-entendu de sa part une fois de plus, mais qui à part lui pouvait le deviner ? En tout cas fier d'avoir tenu la blague sans avoir l'air d'une mijaurée, il attendait, confiant, que Kaya l'invite effectivement à entrer chez elle pour se changer et repartir au bal bras dessus, bras dessous.

Haha, évidemment je voulais plaisanter. HEY BEN QUE DALLE ! Je ne plaisantais pas du tout pour ma part, et hélas, ma maladresse légendaire se mit encore à l'action. La preuve arrive.

Le fait qu'il rougisse encore l'air tout gêné me rendit encore plus impatiente. Je trouvais ça, comme je le disais, trop mignon. Que peut faire une jeune femme telle que moi face à tel charme innocent ? Je vous pose la question ? Franchement, vous, vous feriez quoi ? Bon, rien, vu que vous êtes un public invisible, mais même, pour le principe, voilà. Du coup, quand il parla de "dès le premier soir" et de me "conduire", je pensais pour ma part qu'il ne plaisantait pas non plus. Bon, là, j'avoue, j'aurais dû me douter que ce n'était pas "pour de vrai", vu que cette attitude ne correspondait pas vraiment à la timidité de Josh. Mais que voulez-vous... Quand on a le cerveau dans un bain d'ocytocine et d'endorphine, on ne réfléchit pas forcément aussi bien qu'on le ferait en temps normal.

Nous montâmes donc les marches et je le guidai jusqu'à la chambre que j'occupais, sans quitter mon grand sourire une seule seconde, l'air très joueuse, le genre à me coller un peu, la totale, quoi. A ce moment-là, je n'avais aucune idée des préférences de mon interlocuteur, et de fait, je n'avais donc pas la MOINDRE idée d'à quel point j'étais en train de me ridiculiser totalement. Pour tout avouer, si j'avais pu voir cette scène de l'extérieur en en connaissant tous les tenants et aboutissants, j'aurais sûrement ricané bêtement avec un air moqueur. Mais... Nous verrons cela dans un second temps, car pour le moment, j'étais face à la porte avec Jay.

Il me montra la porte en m'appelant "Comtesse Coshonna". Mouais. Pas super sexy, mais au moins il s'était rappelé du surnom ridicule que je nous avais donnés. J'ouvris donc la porte tranquillement, liu faisant signe d'entrer et le laissant faire, avant d'observer les alentours... Il n'y avait aucun signe de vie pour le moment, l'endroit avait manifestement l'air vide, c'était donc absolument parfait !

Sans rien dire, je poussai brutalement l'ange vers le lit, avec une force sûrement un peu surprenante pour une fille, d'ailleurs. Eh, mettre des coups de griffes à un poteau ça fait de la masse, quoi ! En tout cas, une fois qu'il fut tombé sur le lit, je l'observai et remontai ma robe pour lui sauter ensuite dessus -très littéralement- et me pencher sur lui, laissant une vue plongeante sur ma poitrine. Certes, ce n'était pas très romantique, mais je devais avouer que pour le moment, je m'en moquais un petit peu au fond. Sans laisser à Josh le temps de dire quoi que ce soit, je passai soudainement une main sous sa chemise et il put entendre le craquement audible quand mes griffes sortaient... J'en avais sorti une seule, qui me servit à déchirer d'un coup le haut du pauvre garçon, qui se retrouva du coup dans une position...

Enviable, pour certains. Torse-nu, dos contre le lit, avec une jeune femme installée sur lui, j'étais sûre que les deux connards rencontrés plus tôt seraient verts en voyant ça, d'ailleurs ! Mais j'étais, comme je le disais, encore très loin de me douter que je serai celle qui serait verte, dans quelques secondes... Enfin, pour le moment, je continuai de me pencher pour écraser ma poitrine contre le torse de l'ange et lui dire à voix basse, de ma voix la plus sensuelle possible :

« Je pense préférable de me changer dans un second temps, seulement... »

Et maintenant attention messieurs-dames. La honte totale dans trois... deux... un...

Kaya était vraiment la reine de la blague, elle allait très loin, si loin qu'on s'y croirait presque ! Trop forte ! Icare lui s'amusait en toute innocence à répondre aux avances de la belle. Certes, c'était beaucoup plus timide qu'elle, aussi se suffit-il à passer une main sur sa hanche ou à déposer un bisou sur sa joue, mais il jouait quand même. Aucun de ses gestes cependant ne perdait son ambiguïté pour tout cerveau encore capable de se contrôler, en effet, il n'y avait absolument rien de sexuel dans ses applications, l'ange ne faisait que s'amuser comme un pré-adolescent qui imite les "grands" ou un jeune qui se moque des publicités dévergondées. Kaya aurait été un garçon que jamais, ô grand jamais Jay ne l'aurait suivi, il n'était pas un garçon facile quand même ! Pour le reste, il lui paraissait évident que la demoiselle n'était pas non plus de cet acabit. Comme tout le monde, elle avait fini par deviner ses préférences, ce qui était aussi gênant que pratique sur le coup, et cela l'avait amené à jouer sans complexe. Évidemment encore une fois, cette scène n'aurait jamais eu lieu si jamais il y avait eu de l'attirance physique entre eux. N'est-ce pas ? C'était uniquement de la complicité.

Oui enfin, Kaya commençait à pousser la blague un peu loin quand même, c'est ce que s'était mis à penser Icare lorsqu'il se retrouva plaqué contre le lit. Il avait juste eu le temps de replier un peu ses ailes pour ne pas se prendre les poteaux qui encadraient ce lieu intime et les avait finalement entièrement déployé dans un réflexe défensif, lorsque le souffle coupé, il s'était retrouvé prisonnier de la belle. Par chance, le jeune homme savait mieux se contrôler désormais, ainsi, il ne perça pas les tympans de Kaya ni ne l'envoya valdinguer d'un coup d'articulation d'ailes dans la mâchoire. Se contentant d'avoir un air médusé et le souffle de plus en plus coupé jusqu'à ne plus respirer au fur et à mesure que la supercherie se révélait réalité.

-Mais... Mais... Mais...

Kaya voulait juste provoquer, pas vrai ? Cette poitrine contre lui, ça allait un peu loin mais autant se montrer compréhensif. C'était lui le coincé qui n'arrivait pas à blaguer, MINUTE ! La vue sur la poitrine ça n'était pas nécessaire ! Et si un prof passait ? Et si... Non mais même sans prof, ça devenait gênant là.

-Oh Oui Kaya... Euh non je voulais dire non ! Il faut que tu te changes vraiment dans un premier temps, ça serait mieux...

Bing, Icare venait de percuter l'énormité de la chose... Kaya ne plaisantait pas ! De là à dire que c'était une fille facile non, mais elle avait peut-être eu le coup de foudre pour lui ? Ou peur de lui déplaire si elle ne cédait pas à ses avances ? Il était reconnu que certains garçons trop gentils cachaient à peine leur jeu et que si la fille se refusait à eux, ils la rejetaient. Serait-ce possible que Kaya se sente forcée ? Bon là, elle ne semblait pas vraiment l'être mais la voir à peine grimacer sous la douleur lui rappelait combien sa comparse était bonne comédienne. En tout cas même si c'était horriblement gênant pour lui, cette confusion était largement préférable au coup de foudre ou à l'envie soudaine, même si c'était bien sûr, la moins probable.

-Je crois qu'il y a eu un malentendu, tu blaguais non ? Hein c'est ça, on rigolait juste à la base ? Kaya, du calme. Je... Enfin, on ne peut pas faire ça.

Lança l'Ange qui pouvait désormais rivaliser avec une tomate en plein été. Sa main enlaçant le peu de chemise qui lui restait, ses ailes débordant de chaque côté du lit, le jeune homme n'avait pas l'air bien plus malin que sa cavalière. Il tenta de la repousser gentiment mais fermement en se redressant d'un coup d'ailes vigoureux, grimaçant en fermant les yeux avant d'en rouvrir un pour contempler le poteau du lit qui cinglait après avoir été frappé.

*Aïe... Et dans tous les sens du terme... *

-Kaya, faut pas te sentir forcée parce que je t'accompagne, enfin, j'vais pas te laisser tomber parce qu'on fait rien. En plus c'est le premier soir. Oh mais qu'est-ce que je raconte, de toutes manières ça ne m'intéresse pas, tu n'es pas du tout mon genre. Enfin si... T'es super belle, mais...

3... 4 .... 5 La honte, et pas que pour Kaya !

Et hop ! Ça venait tout juste de démarrer, et ce n'était pas prêt de s'arrêter.

Sur le coup il eut l'air surpris, ce qui m'intrigua un peu... Il venait quand même de me proposer d'aller dans ma chambre après m'avoir invitée au bal et avoir eu une attitude assez peu équivoque. Je n'aurais pas pu me planter à ce point, non ? Hé bien, visiblement, si, parce qu'il commença avec un "mais mais mais" de protestation, pour ensuite me dire qu'il... valait mieux que je me change avant ? Alors là... Je ne comprenais pas trop. Mais il n'avait rien de rien compris ? J'avais une tête assez sidérée et je le fixai du regard un moment, comme si je ne pigeais pas de quoi il parlait. Naaan, tous ces signes, c'était pas possible que ça ait été fortuit, quand même... Si ?

« Me chang... Mais qu'est-ce-que tu me chantes là ? » demandai-je l'air sidérée.

Il déclara ensuite qu'il y avait eu un malentendu, et que je... Blaguais ? Parce que j'avais l'air de blaguer ? Il me disait de me calmer, et qu'on ne pouvait pas faire ça. Comment ça, "on ne pouvait pas" ? Il y avait quoi, un problème étrange de physique quantique qui l'empêchait ? Un rayon de la mort s'était abattu sur la terre et empêchait de faire quoi que ce soit ?

« Mais... 'fin... On peut carrément, on fait c'qu'on veut encore, non ? » demandai-je encore, cette fois en fronçant les sourcils.

J'avais du mal à y croire. Je ne savais en fait même pas quoi penser pour le moment... Je me demandais s'il faisait ça par gêne ou par véritable rejet, et j'eus rapidement la réponse à cette question quand il me repoussa carrément. Ce n'était pas violent, mais c'était en tout cas clair et net. Là, aucun doute possible... Surtout qu'il enfonça le clou en déclarant que j'étais carrément pas son genre. Ah... Ben au moins, j'étais fixée. C'était carrément réglé. C'était la veste du siècle, autant le dire...

« Non mais... » Je me mis alors à crier : « J'AI L'AIR D'ÊTRE DU GENRE A ME SENTIR FORCÉE DE QUOI QUE CE SOIT FRANCHEMENT !??! »

J'étais le symbole ultime de la je m'en foutiste qui fait ce qu'elle veut quand elle veut et il me sortait qu'il ne voulait pas que je me sente forcée... Enfin, il avait aussi dit autre chose. Je me calmai en tout cas assez rapidement, pour passer de l'énervement à la déprime complète. J'avais l'air totalement dépitée.

« Forcément... C'est Kaya... Kaya n'a pas de sentiments, c'est connu. Kaya c'est juste la rigolote qui dit des bêtises, puis qu'on oublie dix minutes après. Elle faisait forcément ça pour blaguer, hein ? »

Je fermai alors les yeux, reprenant un air plus scandalisé.

« Franchement c'est quoi l'idée ? Alors ça y est, une fille te fait confiance, t'en profites, tu l'invites au bal, tu lui lances des sous-entendus ultra lourds "on va dans ta chambre pour finir la soirée ?", tu réponds aux avances de la façon la plus évidente possible pour l'envoyer chier après ? C'était quoi là le but ? Je veux dire, je pige pas ? Me montrer que je vaux rien, que je suis le genre de personne, que je crèverai seule ? J'ai pas besoin d'un rappel, merci, ça va, je suis au courant. Tu pouvais très bien t'abstenir de faire une démonstration concrète, le dire cash le soir où on s'est rencontrés aurait LARGEMENT suffi. »

Je finis par me frotter le visage (énergiquement) en soupirant longuement avant de finir d'une voix aussi neutre que possible :

« 'fin laisse tomber... Redescendons... »

Je me dirigeai vers la porte, l'ouvrant... ne l'ouvrant pas en fait, j'avais fermé à clé avant de jeter Josh sur le lit. Ce manque de coopération de la porte me tira un air assez peu avenant... Même la porte allait me faire chier ? Sérieux ?

Abordant le même air sidéré ou presque, Icare fixait sa compagne, il inclina légèrement la tête, ayant soudainement l'air d'un petit animal effarouché. A vrai dire, le jeune homme était encore en train de se demander comment la situation avait pu autant dévier, et autant dire que son cerveau tournait en rond. Lorsque Kaya cria, elle eut le mérite de le faire sursauter mais aussi celui de stopper ses questionnements. Le mutant se replia légèrement sur lui-même, non pas qu'il soit froussard mais il avait quand même un minimum d'instinct de survie. Tout d'abord son interlocutrice ne semblait pas comprendre pourquoi il se refusait à passer à l'acte maintenant avant de saisir que ce ne serait jamais le cas. La voir triste ravagea Icare de culpabilité. Le chanteur chercha où et quand ses avances avaient été explicites, pour lui rien n'avait été ambigüe mais il partait aussi du principe que l'amitié primait sur l'amour. En songeant à cette situation avec un autre garçon, le jeune homme s'aperçut qu'il aurait eu tendance à prendre les réponses pour une invitation. Certes son caractère l'aurait empêché de se lancer comme Kaya, il aurait attendu que l'autre fasse bien plus que le premier pas et explicite clairement ses intentions au lieu d'interpréter totalement mais étant très timide, ce n'était peut-être pas une bonne référence.

En réalité la jeune fille avait réagi comme un garçon tandis qu'Icare, toujours selon les normes, avait joué les vierges effarouchées. Depuis quand la gente féminine prenait les choses en main ? Et Kaya si renfermée avait vraiment déjà consommé ? Lui qui la pensait immature côté relations charnels car trop enfantine venait d'avoir la preuve que non. En fait Kaya avait eu envie de lui, elle ne s'était pas senti forcée, simplement désireuse, la pire des hypothèses en somme car la chute n'en était que plus dure. Baisant la tête, le jeune homme supporta l'engueulade comme il le méritait, ayant probablement agit de manière irréfléchie. Ce ne fut que lorsque la mutante s'acharna sur la porte que Jay osa se relever, toujours torse nu.

Hésitant, le chanteur s'approcha et finit même par mettre une main sur l'épaule de son amie, quitte à se prendre un coup de griffe. Il voulait vraiment la rassurer mais aussi tâcher de la calmer, et pour ça mieux valait se mettre aux aveux.

-Kaya... C'est de ma faute, excuse-moi. Je ne m'en suis pas rendu compte, je croyais vraiment que c'était une blague très osée, comme le truc avec les règles, je trouvais ça marrant et surtout je voulais me décoincer parce que je sais que je suis chiant des fois. Du coup j'ai joué trop loin. Je ne m'en rends jamais compte, il parait que "ça" se voit et "ça" se sait, et puis surtout je n'ai pas l'habitude de le balancer à la tête de mes connaissances ou même amis.

Soupirant à nouveau, le chanteur regretta cette fois de ne pas être plus efféminé. Ses manières passaient pour celles d'un garçon courtois, très affable et délicat, un genre de dandy modernisé. Il avait tellement perdu l'habitude d'avoir des barrières avec les filles, étant même celui qui dégrafait leur soutien-gorge pour les aider ou qui les prenait dans ses bras couché sur le lit pour écouter leurs peines de coeur. De son autre main, le jeune homme essaya de faire se retourner Kaya pour qu'elle le regarde. Il plongea ses yeux bleus dans ceux de sa camarade, la mutante pouvait y lire toute sa gentillesse mais surtout sa culpabilité.

-Kaya, je suis gay. J'ai un copain, enfin plus ou moins et tout. Enfin, désolé, vraiment désolé.

D'un ton plus ferme ensuite, l'artiste continua, il restait doux mais se montrait intransigeant cette fois, comme pour marquer la véracité de ses propos. Tout en disant cela, il tâcha de repeigner un peu sa comparse, enfin si cette dernière était décidée à se laisser faire. De la même façon, il essaya de relever son menton pour la pousser à soutenir son regard azur.

-Par contre, je maintiens ce que je pense... Tu vaux beaucoup Kaya. J'adore être avec toi, tu es drôle, sympa mais pas seulement... J'ai vu tes sentiments, crois-moi, j'ai bien saisi que tu en as, quand on a discuté, tu es intelligente et sensible. Quant au physique, tu as ton charme vraiment. Ne me crois pas si tu veux, mais homosexuel ou pas, je suis encore capable de trouver la beauté chez une femme. Tu as tout pour toi, faut juste que tu aies un peu confiance. Moi je ne vais pas te lâcher, si tu veux... On fait équipe, je ne te laisse pas tomber d'accord ? Et on leur montrera combien tu vaux. Ok ?

Tentant un sourire, le mutant plaça une main sur la porte comme pour entourer Kaya sans non plus aller jusqu'à la serrer dans ses bras. Il voulait lui montrer qu'il était là mais sans l'étouffer. C'était à Kaya de décider si elle lui prenait la main, lui prenait le cou ou s'il devait se prendre un doigt d'honneur. Vraiment, la demoiselle avait le choix et tout son temps pour ça.

Je me mis à traficoter le verrou de manière fébrile pour débloquer la porte, et alors que j'allais l'ouvrir, l'ailé posa la main sur mon épaule. P't'ain, mais il me voulait quoi encore là ? C'était bon, j'avais compris... Tout ce que je demandais c'était de pouvoir redescendre, me goinfrer, et me pinter la tronche dans le parc, c'était rien de surréaliste, si ? Et il trouvait ça marrant, et blablabla, et compagnie, patin couffin... Encore des justifications dont je n'avais, très honnêtement, pas grand chose à foutre pour tout avouer. Je n'avais envie que d'une seule chose pour le moment, c'était foutre le camp de ce merdier et oublier tout ça rapidement... Quitte à utiliser le prompt renfort d'un liquide avec des bulles et de l'alcool, d'ailleurs. Ce n'était pas mon genre, de me bourrer la tronche, je n'aimais pas trop ça. Très étrangement, j'avais tendance à consommer la plupart des choses avec modération (oui, même le sexe, je vous vois rigoler au fond de la salle alors ça va hein).

Le fait était que je n'étais pas convaincue, et je n'avais pas l'air convaincue. Quoi, "ça" se voyait ? Que je n'étais pas très intéressante ? Ah ben putain, ça mon vieux, oui ça se voyait et pas qu'un peu. J'avais même très très bien vu, pas la peine d'épiloguer là-dessus... Mais quand il me retourna, je me laissai faire avec un air surpris et... La phrase suivante me laissa un peu comme une conne.

« Oh...? » demandai-je avec un air surpris. Mais la surprise passa rapidement...

Effectivement, maintenant qu'il me le disait... Je commençais à mieux assembler pas mal de choses dans mon esprit tordu. Mes yeux s'ouvrirent d'un coup alors que j'avais soudainement l'air de réaliser.

« Ohhhhh... » repris-je, semblant maintenant piger.

Bon, autant dire que je me sentais carrément conne. J'avais pris ça pour moi, m'imaginant encore comme le centre du monde, alors que ça n'avait juste rien mais alors RIEN à voir avec moi. Du coup, dans un sens, on en revenait à l'histoire de l'invisibilité sociale, note. Enfin, je n'allais pas repartir là-dessus de toutes façons. Là, je devais faire du contrôle des dégâts, parce que j'avais VRAIMENT sûrement l'air d'une très grosse conne de service. Il se mit pourtant à faire mon éloge, mais très franchement, je n'en crus pas un mot. Pas parce que je n'avais pas confiance en lui, loin de là, mais plutôt parce que rien de concret ne me démontrait ce qu'il racontait. Quelle preuve évidente, matérielle, avais-je de ce qu'il venait de dire ? Zéro.

Je me frottai en tout cas de nouveau le visage, non plus l'air énervée mais carrément gênée. Je ne semblais plus savoir où me mettre.

« Oh quelle conne... Je suis... Désolée... Je suis pas quelqu'un de très perspicace... J'ai un peu de mal à interpréter les sentiments des autres et les rares fois où je le fais... Ben ça donne une catastrophe, comme là... Écoute, il faut que je... que j'assimile un peu les informations. Pas le fait que tu sois gay, je m'en fous... J'ai déjà couché avec des filles aussi, c'est pas ça... C'est juste le fait d'être vraiment passée pour la dernière des connes. Faut que je réfléchisse à tout ça, et pour le faire, faut que je redescende, que je fasse semblant d'être sociale, que je mange des petits fours, et que je boive du champagne... Beaucoup. Tu viens ? »

Josh laissa ses muscles se détendre petit à petit, il n'allait pas se prendre une gifle bien griffée, apparemment l'explication avait suffit et Kaya ne demandait pas de preuves. Le jeune homme restait toutefois légèrement contrit par la tournure des événements. Il ne savait plus trop comment se comporter, espérant vraiment que son amie avait eu une envie soudaine et que ces agissements n'étaient pas dus à un coup de foudre. Si la mutante était amoureuse, ils étaient vraiment très mal partis. Heureusement ça ne semblait pas être le cas, mettons cela sur la folie d'un soir.

-Ne t'en fais pas, je n'ai pas mieux analysé que toi... J'aurais peut-être dû comprendre que la blague allait un peu loin pour en être une. Mais bon, c'est vrai que je n'ai pas l'habitude des personnes aussi entreprenantes.

Fit-il en se grattant la tête et finissant par rattraper le dernier bout de sa chemise et de sa veste qui pendait malencontreusement au bout de son aile. Choisissant de sourire, le mutant offrit un clin d'oeil à sa camarade tandis qu'elle avouait sans souci aucun avoir déjà couché avec des filles. Entreprenante et libre donc. Oui vraiment, Kaya était la plus libre des deux. Icare l'admira pour sa spontanéité, d'un côté c'était un peu effrayant pour la société mais tellement plus vrai. Pourquoi est-ce que tout le monde s’embarrassait autant ? Son aînée respectait les autres, bon d'accord, elle avait quasiment failli le violer mais il avait quand même pu mettre des limites. Voilà, Kaya c'était du pur, du marrant et du vrai... Que l'on soit dans la joie ou dans le chagrin, c'était entier, pas de plongeon à moitié.

-Et bien, je vais d'abord aller dans ma chambre à moi si tu veux bien pour trouver un truc à me mettre, et je te rejoins. Au pire, viens avec moi... Enfin si tu as envie hein, euh. Par contre ça ne sera pas aussi classe, c'était mon seul "costume".

Erf oui, il allait falloir repayer une tenue de scène parce que les morceaux étaient tellement éparpillés que même un mutant qui réparait le tissu ne pourrait sauver son pauvre habit. Le jeune homme offrit toutefois un sourire à son amie, elle ne devait pas s'en sentir coupable, seul, il aurait bien fini par l'exploser un jour avec ses ailes ou une autre bévue comme il en avait le secret.

-Pour ce qui est du champagne, pas besoin de se mettre à l'envers, en tout cas pas pour ça, le reste tu fais ce que tu veux, mais je t'assure qu'il n'y a pas mort d'hommes. Au moins on sait où on en est, l’ambiguïté n'aura pas duré. Il n'y a aucun mal je t'assure, et pour le bon côté des choses, te voilà assuré d'avoir un ami, un vrai, parce que je ne te lâcherai pas. Après si réellement ça te mets mal à l'aise, tu peux retourner en bas sans moi. Personnellement je préfère qu'on continue la soirée, mais je ne prendrais pas mal ta décision. Alors, qu'est-ce qu'on fait ?

Demanda-t-il, accompagnant ses paroles d'un sourire angélique bien que la gêne persiste un peu. Ben oui, il devait lui aussi digérer un peu ce qui s'était passé et laisser son coeur reprendre un rythme normal. Son corps était encore en retard, perdu entre le moment où la chemise était déchirée et où les seins de la belle jeune femme s'étaient frottés à lui. Sous le coup de la surprise, il avait vraiment été "excité", comme n'importe quel mâle, la seule chose c'est que cela n'aurait pas duré passé l'effet de l’invitation sexuelle, mais surtout, il avait eu très peur de perdre une amie à peine rencontrée. Oui, Icare avait plus craint cela que d'être déchiqueté par les griffes ou étouffé par la précipitation de Kaya, c'était ainsi, il était trop gentil parfois mais sans doute était-ce parce que la mutante griffue le valait bien. Tout ce qu'espérait Jay, c'était que leur amitié ne soit pas entachée et qu'ils puissent continuer à rire, se confier etc. Oui, désormais, c'était bien pour cette raison qu'il stressait.

Hé bien, voilà une conclusion simple mais efficace... Il avait été aussi crétin que moi. On faisait une bonne paire de glandus du coup... Hey, peut-être aurait-on pu ouvrir une sorte de site internet spécialisé ? Crétin.com ?
Enfin il n'avait visiblement pas l'habitude des personnes entreprenantes... Je pouvais comprendre ça, je l'étais moi-même assez rarement.

« Entreprenante... Je sais, désolée. Je le suis pas souvent non plus... Les seules fois c'est quand j'me sens en confiance totale, et bah... Je devrais peut-être me calmer un peu du coup on va dire. »

L'ange évoqua alors le fait de se changer, et je me mis à rougir en affichant un air vraiment honteux, mettant une main devant ma bouche. Sa veste de costume était intacte, mais la chemise, par contre... Je m'étais, disons... Peut-être un peu énervée. Au moins, j'avais épargné le plus cher : la veste. Une chemise, après, ça pouvait se trouver pour trois fois rien... Mais je lui devais une chemise en tout cas. Quelle idée débile j'avais eue de mettre un coup de griffe !? Pourtant, défaire des boutons, ce n'était pas non plus d'une complexité folle, si ? Enfin, je n'étais pas non plus un génie, mais faire et défaire des boutons c'était quand même à ma portée, d'un point de vue intellectuel...

« Oui... Désolée, j'y suis allée un peu... Enfin au moins la veste est intacte... Mais je te rachèterai une chemise du coup la prochaine fois que j'irai en ville. »

Il signala ensuite qu'il n'était pas nécessaire de se pinter la tronche, qu'il n'y avait pas mort d'homme ni rien. Mais je me sentais quand même vraiment, vraiment conne. Bon, je n'allais pas non plus me démonter le cerveau en pleine soirée, il fallait quand même avoir un *minimum* de standing. Puis j'avais déjà assez de problèmes sans en plus ajouter "elle a été déglinguée en pleine soirée de fin d'année et a foutu le bordel". Je remis en tout cas ma robe en place en sautillant un peu, avant d'ensuite ouvrir la porte.

« Allez va... J'te suis, allons te trouver une chemise en un seul morceaux puis redescendons. »

Je lui fis signe de quitter les lieux, pas de façon hostile, mais plutôt déconnante : un grand geste de la main style "domestique de maison riche", genre Alfred dans Batman.

« Si monsieur veut bien se donner la peine ! »

Une fois qu'il fut sorti, je le suivis alors jusqu'à la chambre, mais restai à l'extérieur le temps qu'il se change... Cela serait en plus une très bonne occasion pour réfléchir un peu à tout ça... Un petit débriefing, disons.

Icare rougit délicatement, une fois de plus. Il faut dire que son interlocutrice venait quand même de lui avouer s'être senti en confiance totale avec lui. Jay avait entendu une théorie sur les relations entre homo/hétéro de l'autre sexe, il ne savait pas si c'était vrai mais préférait se recadrer sur autre chose. En effet, si Kaya et lui se faisaient confiance, c'était parce que chacun faisait tout pour perpétrer ce sentiment. Bon d'accord, la jeune femme avait l'avait brisé en éclats pendant un moment mais Icare était du genre compréhensif et gentil de nature. En fait, il savait faire la différence -bien que trop naïf parfois, trop bon de ce fait.- entre une personne qui blessait volontairement et quelqu'un d'aussi maladroit que lui. Aimant avoir une seconde chance lorsqu'il faisait une erreur, Josh pensait qu'il devait toujours tendre la main à nouveau, enfin du moment qu'on n'avait pas attaqué sa famille ou ses amis bien sûr. De toutes façons, à bien y réfléchir, la situation était plus risible qu'autre chose, dans un mois le jeune homme comptait bien en rire à gorge déployée avec Kaya.

-Laisse tomber pour la chemise, j'en ai d'autres et puis je ne suis pas a la rue.

L'artiste était plutôt fier de pouvoir utiliser cette expression, il avait eu du mal à sortir de sa pauvreté. Aujourd'hui il avait un salaire presque fixe grâce aux concerts. Le jeune homme ne gagnait pas des milles et des cents mais la majorité du temps il touchait à peu près 1500 dollars le mois, ce qui lui permettait de bien vivre, surtout qu'il avait l'habitude d'économiser vu l'état des finances de sa famille. Depuis Icare essayait de les aider aussi un peu car évidemment, aussi isolé fut-il dans sa jeunesse, comme tout Guthrie -sauf peut-être Joëlle- la règle principale imprimée dans son crâne était :" la famille c'est sacrée." Toujours est-il que Kaya s'apprêtait à faire un pas dans cette grande communauté bruyante mais adorable en devenant son amie, ainsi le jeune homme souhaitait prendre soin d'elle. Il ne la laisserait pas tomber, surtout pas à cause d'une simple histoire de chemise déchirée à cause d'un désir sexuel mal retenu.

-Merci bien

Fit Icare en rendant une révérence à son aînée, le tout en fermant bien sa veste parce qu'il était torse nu dessous. Si son professeur de vol marchait parfois dans les couloirs sans rien question de pratique, Josh préférait cacher le plus possible ses morceaux de peau. Non pas qu'il avait de quoi avoir honte de sa poitrine mince mais musclée, notamment par le port de ses ailes mais toujours à cause de sa timidité. Une fille aussi désinhibée que Kaya risquait fort de s'ennuyer avec lui à force. Façon James Bond, le jeune homme regarda à droite et à gauche pour s'assurer que personne ne les avaient vus. Les professeurs pouvaient prendre des sanctions sévères s'ils les trouvaient là et des camarades pouvaient s'imaginer des choses. Jay n'avait pas du tout envie qu'on les embête lui comme Kaya avec ça pendant des semaines, surtout que ça le mettait mal à l'aise, lui si pudique. Néanmoins, la curiosité était plus forte que tout, ainsi, après avoir atteint sa chambre, s'être changé en vitesse et avoir rejoint son amie, il osa poser ses questions. Après tout, vu où ils en étaient arrivés, ce n'était plus le temps de faire des chichis entre eux n'est-ce pas ?

-Tu as eu des copains déjà ? Euh et des copines ? Je veux dire... Pendant longtemps ? Je n'ai eu qu'une petite amie, Julia dont je t'ai parlé. La pauvre, si elle était vivante aujourd'hui, elle me détesterait car c'est après sa mort que je me suis aperçu de... Enfin que je l'avais aimé comme une soeur.

Bon, le sujet n'était pas joyeux, mais comment passer sur ce thème habituellement insouciant d'adolescents ou de jeunes adultes sans parler de Julia qui était un pilier de sa vie ? Icare n'osait pas forcément parler de tout ceci avec n'importe qui, il prouvait d'ailleurs qu'il faisait confiance à Kaya. Si elle voulait être sûre de ce qu'il pensait en bien sur elle, c'était le moment parce que cela se voyait clairement, au vu de son caractère, que Josh n'entamait pas souvent ce genre de discussion.

-Et pour les filles, t'as su comment ? Moi ça a été un choc... J'avais déjà les gênes en bordel, je l'avais mal vécu, alors là, avouer aux proches qu'on a aussi les hormones mal foutues, heureusement j'ai une famille très compréhensive. Aujourd'hui c'est encore difficile mais ça va, on avance y'a pire quoi ! Vaut mieux annoncer un gêne X pas trop dangereux et son homosexualité qu'un meurtre ou un cancer hein... Oups, désolé, là c'est moi qui devient bizarre, chui glauque nan ?

Bon, ils feraient tout ce soir, décidément ! Kaya le connaissait mieux que la majorité des gens maintenant, physiquement et mentalement...

« J'ai pas demandé : "Accepterais-tu que je te rachète une chemise ?", j'ai dit "Je te rachèterai une chemise". J'ai eu l'air de te demander ton avis ? » répondis-je avec un air de "fausse dure", qui devint rapidement un sourire un peu moqueur.

Je l'observai en tout cas alors qu'il refermait sa veste... Quel dommage. Enfin... Je savais que ce n'était pas vraiment le genre de chose que l'on contrôle. De toutes façons, je savais que je n'étais pas en état de bien réfléchir à tout ça, et décidai donc de ranger tout ça dans un coin de mon cerveau. Le lendemain, après avoir dormi, évacué l'alcool, et en étant moins sous le coup de l'émotion, je pourrais sûrement mieux revenir là-dessus et repenser à tout ça... Je ne savais donc pas encore trop quoi en penser, du coup, je n'y pensais pas. En général, j'étais incapable de faire ce genre de chose, mais étrangement, avec Josh, je n'avais pas trop de difficultés à le faire. Même si je venais de me manger la veste du siècle, je me sentais encore en confiance... Je savais que je pouvais "ranger cette histoire" pour la soirée sans risquer quoi que ce soit, du coup.

Une fois à la chambre, donc, je le laissai se changer. Une fois qu'il fut sorti avec une chemise en bon état, je lui souris d'une manière un peu neutre, l'air un peu perdue dans mes pensées, avant de reprendre le chemin du gymnase où la soirée devait continuer de battre son plein. Sur la route, il me posa des questions... étranges. Enfin, non, elles n'étaient pas étranges, c'était juste que je ne me les étais jamais posées moi-même, pour certaines. Quand il finit par dire qu'il était bizarre et glauque, je haussai les épaules avec un air un peu négligent.

« Glauque ? Ce qui est glauque c'est quand subitement tu dis que tu es glauque alors que tu n'as rien dit de spécialement glauque... Ce qui serait glauque, ce serait de dire que lors de mon premier rapport avec un homme, je lui ai tranché le matériel en faisant sortir des lames par erreur. »

Je laissai un bref instant de silence, gardant un air très sérieux... Avant de finalement pouffer de rire bêtement.

« Ça, c'est glauque par exemple ! Et crado ! Bon, c'est pas vrai, hein... Mais ouais, je pense du coup qu'il vaut mieux annoncer une mutation et son homosexualité qu'un meurtre ou un truc du genre, ça a rien de glauque, c'est même plutôt du bon sens je trouve. »

Je me mis ensuite à réfléchir un bref instant à ses questions, levant un peu le nez avec un visage assez pensif. La question était simple, mais pas la réponse.

« Après... J'ai eu des... On peut pas appeler ça des copains... Plutôt des relations... Les gens se lassent très vite de moi, ça a jamais duré plus d'une semaine. Du coup, ben pendant longtemps, pas tellement. Après, j'ai découvert comment, ben, je sais pas... Quand quelqu'un me plaît, j'ai tendance à rien avoir à foutre des détails. Si une personnalité me plaît, qu'elle soit dans le corps d'un mec ou d'une fille, ça change pas grand chose pour moi. Du coup, je l'ai pas vraiment découvert, je l'ai toujours plus ou moins su, d'une certaine façon. Après, j'dois avouer que la première fois que j'ai été avec une fille, ça a été un peu... ridicule, m'fin bon, c'est pas bien fascinant. »

Alors que nous approchions du gymnase, la musique devenant clairement audible, je finis par tourner de nouveau les yeux vers lui (les deux yeux, vu que je les avais encore !), avec cette fois-ci un regard plutôt de compassion.

« Je suis vraiment désolée pour ton amie en tout cas... 'fin je sais que j'y suis pour rien, mais tu vois ce que je veux dire. »

-Yeurk...

Josh fronça le nez, dégoûté rien qu'à l'évocation du "matériel" mis hors de nuire par les griffes de Kaya, pour la peine, il ressentit même un petit élancement au dit endroit en signe de compassion pour l'homme fictif. Finalement le jeune mutant choisit de rire avec son amie, il s'habituait à la provoc' de Kaya, surtout que celle-ci cachait bien autre chose. Son aînée était bien plus réfléchie qu'elle n'y paraissait, et Icare l'appréciait beaucoup, pour preuve, il osait se confier à lui, parler de ses doutes, de ses regrets. Sa mutation bien plus spectaculaire que sa révélation quant à ses préférences lui avait prit une bonne partie de son énergie. Le garçon avait toujours mis au placard ses questionnements hormonaux ou sentimentaux. Il était sorti avec un poète un peu lunatique et Junkie à qui il servait de muse mais sinon c'était plutôt le désert. Enfin... Les frontières du désert qu'il s'apprêtait à franchir avec Lilian, un journaliste tout aussi provocateur que Kaya dans un autre genre. Pourquoi lui le timide se sentait-il attiré par des gens qui s'extériorisaient autant ? Sans doute cette histoire de contraires. Quoiqu'il en soit, parler avec une personne aussi décomplexée et mature (oui oui, j'insiste) que la jeune femme était un soulagement.

-Je vois, c'est le meilleur plan ça. J'aimerais tellement en être capable. Genre... Julia, je l'adorais, vraiment, pourtant je n'aurais pas été capable de quoique ce soit physiquement... Je trouve ça superficiel mais je n'arrive pas à le contrôler. J'avoue que des fois je me sens coupable, c'est pas faux ce que tu dis, la personnalité passe avant et tout... Sauf que j'ai jamais rien pu avec les filles même proches avec qui le caractère collerait et tout quoi. Toi par exemple, objectivement je te trouve belle, franchement, et dis moi le contraire tu te prends un coup d'aile, crois-moi c'est pas tes griffes, mais ça fait mal. Donc oui, j'te trouve canon, mais je ne passe pas au-dessus du physique. Je ne sais pas si c'est "naturel" ou superficiel comme obstacle. 'Fin bon... Pareil que toi sinon, rien de très sérieux, je vois quelqu'un qui me plais mais faut voir... Et toi, t'as pu jeter un coup d'oeil dans l'institut ?

Fit-il, osant blaguer comme les jeunes de son âge pour la seconde fois. En effet, Icare était artiste dans l'âme, il "méprisait" ce genre de discours bas et stupide, et surtout, c'était une bonne excuse pour cacher son mal être vis à vis de la question, mais aujourd'hui comme avec Enora l'ange avait le désir de s'amuser un peu et cette soirée qui se rapprochait à nouveau d'eux était parfaite. La musique se fit plus forte tandis que le jeune homme ouvrait la porte à "Dame Coshonna" la laissant entrer avec à son tour, une petite révérence. Si Kaya acceptait de jouer, le truc nouveau, c'est que Josh allait devoir composer avec quelqu'un de beaucoup moins doux ou timoré qu'Enora, suivrait-il le rythme ?

-En tout cas, c'est plutôt cool que tu m'aies sauté dessus comme ça en fin de compte, ça montre que je ne suis pas si moche.

Termina-t-il en riant, bien que cela n'ait pas toujours été un sujet à plaisanterie. Avec ses ailes et surtout la recoloration de ses cheveux ainsi que ses yeux Josh ne s'était pas assumé avant un bon moment. Encore aujourd'hui il ne se trouvait pas particulièrement beau même s'il relativisait en se disant qu'il y avait des mutations bien pire. Seulement jusqu'à aujourd'hui, ça n'était que de la résignation, de l'acceptation par défaut. Mais pourquoi pleurer sur son sort ce soir ? Non, il fallait bien se désinhiber un peu. Sans compter qu'il avait bien entendu Kaya lui adresser ses "excuses" pour Julia et que le jeune homme préférait faire l'impasse. Il était touché par les paroles de son amie mais ne souhaitait pas s'y appesantir, craignant de ne pas savoir se contrôler. Pour se faire Icare osa piquer une flûte de champagne et il en but une petite gorgée en rougissant. A 20 ans c'était encore interdit pour lui de prendre de l'alcool et le petit ange venait de franchir une règle, attention !

-Allez, si on jouait aux stéréotypes des jeunes de maintenant ? On regarde des postérieurs et des poitrines ?

Fit-il en souriant et rougissant à la fois, son phrasé ne correspondant pas vraiment à la touche provoc qu'il voulait donner... Ni physique angélique et sa tenue bien sage ne l'aidaient à vrai dire mais qu'importe, il voulait tenter ! Et pour un grand timide, sortir de sa coquille de la sorte était une preuve de confiance totale, comme celle que Kaya avait mentionnée tout à l'heure.

Quand je vis la tête qu'il faisait, je ne pus m'empêcher de pouffer encore bêtement de rire. Voilà le genre d'image qui ne risquait pas de le convaincre d'essayer les filles, tiens ! Et rien qu'à cette autre idée, je me mis encore à me marrer bêtement. J'arrêtai finalement et continuai de parler, puis écoutai sa réponse avec curiosité. Il déclara que j'étais jolie, et autres, ce qui me laissa avec une mine un peu gênée. Il parla aussi du fait qu'il avait du mal à passer au delà de cette histoire de physique, ce que dans un sens je pouvais imaginer... Pas vraiment "comprendre", car je n'avais pas vraiment ce type d'obstacle, mais je pouvais facilement imaginer que certaines personnes restent bloquées sur un genre particulier et pas l'autre. J'ignorais si c'était naturel ou non, mais d'un autre côté, je ne voyais pas l'intérêt de se lancer dans une relation forcée dont on ne tirerait rien...

Et là... Il évoqua quelqu'un qui lui plaisait "mais faut voir". J'eus un bref flash... Moi, les lames sorties, avec un grand sourire flippant, en train de les planter profondément dans le crâne d'une personne non-identifiée. Enfin non-identifiée... Elle n'avait pas vraiment de visage, mais je savais très bien de qui il s'agissait... Le fameux "quelqu'un qui lui plaisait". Ces sortes de brefs moments m'arrivaient de plus en plus souvent, dernièrement. Quand j'étais contrariée de quelque chose. Je n'avais jamais encore franchi le pas, et je savais très bien que je ne le ferais peut-être jamais. Je n'avais en fait, consciemment, rien contre lui du tout. Et chaque fois que j'avais ces sortes de... "moments d'absence", je m'en prenais à des personnes contre lesquelles je n'avais rien. La vraie question était de savoir si je finirais suffisamment écrasée par la solitude pour craquer pour de bon... Je savais que si ce jour devait arriver, il n'y aurait probablement pas de retour possible, d'ailleurs.

Je laissai en tout cas encore une fois ça de côté, répondant avec une mine assez peu enthousiaste :

« 'rien vu d'intéressant j't'avoue. T'façons toutes les personnes intéressantes vont être prises, ou pas intéressées, donc j'compte pas me mettre à chercher, c'est l'meilleur moyen de déprimer... »

Et de péter un plomb, aussi. Si ce rejet de la part de Josh était relativement bien passé car il avait de très bonnes raisons, je savais que j'aurais beaucoup de mal à supporter un rejet pour... d'autres raisons. Je n'avais aucune idée de l'état dans lequel je me retrouverais, et je n'avais honnêtement pas très envie de faire l'expérience. Mieux valait donc que je tente de... Je savais pas trop, me stabiliser... Avant de me lancer dans quoi que ce soit. Je commençais à me faire à l'idée de crever seule de toutes façons.
Enfin... Je me replongeais dans une négativité assez violente, je devais donc me forcer à laisser ça de côté histoire de revenir à quelque chose de plus superficiel, et de préférence stupide.

Quand Jay proposa de jouer au stéréotype des jeunes, je quittai mon air morne pour sourire de nouveau, lançant alors :

« Et j'imagine que moi je m'occupe des poitrines et toi des petits postérieurs ? D'ailleurs, les "djeunz" ça dit "des nichons et des p'tits culs". "Poitrine et postérieur", ça fait genre ton oncle bizarre qui te parle de sa jeunesse, ou chais pas quoi... T'en fais pas, je ferai de toi quelqu'un de parfaitement vulgaire et infréquentable en un temps record ! »

Je conclus par un petit rire, saisissant une coupe de champagne... Quand je remarquai alors que l'ange avait fait la même chose. Je ne pus m'empêcher de lui faire un clin d’œil, avant de lancer avec un air un peu moqueur :

« Ouhlalaaa ! Nique la poliiice dis donc ! »

Après ma petite boutade, j'observai la salle, notamment les présents... Il y avait bien des personnes que je connaissais, mais je ne voulais pas non plus aller les gonfler et pourrir leur soirée. En fait, je ne connaissais pas grand monde, quand on y réfléchissait bien...

-Hey ça viendra... Et puis tu sais, moi j'suis même pas sûr, il est un peu bizarre des fois. Je crois qu'il me fait un peu peur, mais bon il a l'air honnête, juste un peu euh... Artiste.

Remarquant l'air triste de la jeune femme, Icare se tu, se contentant de lui assurer du regard qu'elle avait bien le temps de voir venir. Après tout, ils étaient à peine "nés". A 20 ans ou même 25 peu nombreux étaient ceux qui avaient trouvé le grand amour. Il y avait cru, mais à cause de ses préférences et surtout d'un père fou de haine, tout lui avait été arraché à 16. Depuis Jay avait mis de nombreuses années à croire à nouveau en quelque chose mais petit à petit ça revenait. Il y avait tellement de preuves autour d'eux. Certains mutants comme cet hybride poulet appelé Beck par exemple, à ce que l'on disait, il sortait avec une fille superbe.

Josh poussa un léger soupir, évidemment, il était loin d'imaginer ce pourquoi Kaya déprimait vraiment puisqu'il ne lui était pas venu à l'idée d'avoir des dons de télépathe, sans compter qu'il n'avait pas non plus celle de l'abandonner. Pour lui l'amitié et l'amour étaient deux choses différentes mais qui se valaient, aucune d'elle ne devait outrepasser l'autre et si ce monde était trop idyllique pour croire en l'égalité des sentiments, alors les amis passaient avant. Ces derniers étaient toujours là pour vous, et souvent présents avant le grand amour. Présentement le chanteur avait connu Lilian avant Kaya mais il se sentait plus à l'aise avec la jeune femme, et pour cause, il n'éprouvait qu'un amour fraternel à son encontre, c'était bien plus simple. Ainsi, son aînée savait bien plus de choses que Lilian n'en savait de lui... Même si évidemment, question physique, par la force des choses son ami était plus au fait.

-Mais arrête de te moquer de moi ! Je fais de mon mieux ! -Fit le jeune homme en donnant un petit coup de coude contre les côtes de son amie.- Et tu te trompes, je peux très bien regarder les poitrines... Euh Ni... Nichons- Sous l'effort pour dire ce mot, Icare avait parlé un peu trop fort, s'attirant ds regards. Aussitôt le garçon se terra comme il put derrière sa chevelure blanche. Oups, être un "délinquant" ce n'était pas facile du tout ! - je suis un grand connaisseur, non mais. Oh ben tiens, elle, elle n'est pas mal.

Fit-il en désignant une jeune de leur âge discrètement cette fois. Petite poitrine bien ronde et ferme valait mieux que grosse non ? Se sentant criminel et terriblement superficiel, Josh se rappela qu'il s'agissait de s'amuser et but une petite gorgée de champagne.

-Okay... Sans parler de ça spécialement ou en parler si tu veux. On se fait des défis ?! Ou un action/vérité !

Inutile de préciser des "défis" qui ne blesseraient ni n'humilieraient autrui, mais il fallait aussi que tout ceci reste raisonnable. Là s'affichait le problème principal. Où était la limite pour Kaya ? Peu importe, conscient de ses tendances suicidaires tout à coup, Icare leva les yeux vers la jeune femme, attendant sa réponse et peut-être aussi, le premier défi ou question.

Quand il me déclara que "ça viendra", je leva un peu les yeux au ciel l'air de dire "ben tiens". Mon visage resta pourtant un peu fermé quand il parla de l'artiste. Ce n'était pas tellement une question de jalousie... J'étais un peu déçue que Josh ne soit pas intéressé, mais je savais qu'il ne l'était pas pour une excellente raison, du coup je ne le prenais pas comme une faute de ma part, un échec personnel, ou quoi que ce soit de ce type. En fait, c'était comme si j'avais l'impression qu'on me le pique totalement et que je ne le revoie plus jamais. Ces flashs s'accumulaient, comme si je faisais mentalement une liste de personnes qui me volaient ceux auxquels je tiens, une liste qu'un jour je mettrais à mort si je finissais par totalement péter un plomb.

Comme une sorte de revanche brutale et sans pitié. "Je suis devenue comme ça à cause de lui, lui, lui, lui et lui, ils seront les premiers à en subir les conséquences". Je savais que ce n'était pas cohérent, au fond les personnes en question n'y étaient souvent pas pour grand chose... Et c'était pour ça que ces sortes de courts flashs m'effrayaient : ils ne répondaient pas à une logique que je comprenais vraiment.

Je fus en tout cas sortie de ces réflexions par Josh, qui semblait avoir un peu de mal à prononcer le mot "nichons". Je ne pus m'empêcher d'éclater de rire quand il se rendit compte qu'il l'avait dit un peu fort (carrément fort), et plus encore face à sa mine un peu embêtée, quand il observa une fille qui passait par là.

« Mon pauvre Josh, tu es bien trop gentleman pour adopter ce genre d'attitude, je pense. »

Le prenant par le bras, je l'attirai vers le buffet où je recommençai à me servir, avalant divers trucs qui me tombaient sous la main, à une grande vitesse. J'avais faim. Je n'étais pas non plus affamée, évidemment, mais sortir une lame ou des griffes me donnaient toujours faim... Je m'interrompis dans mon goinfrage, néanmoins, quand Jay parla d'action ou vérité. Je me retournai alors vers lui avec un air un peu ridicule, la bouche pleine, et mâchouillai laborieusement avant de finalement avaler l'ensemble. Hmmm, ça faisait deux fois dans la même soirée que je lui faisais le coup, il fallait peut-être que j'apprenne à manger un peu plus convenablement.

Une fois que je pus parler à nouveau, j'affichai une tête un peu incrédule :

« "Action ou vérité" ? Sérieux ? Eh, ça va, on a plus 16 ans. Même si j'aurais pas mal de questions indiscrètes, héhé... Plus j'y pense, plus je trouve ça intéressant... Hmmmm... "Vérité ou vérité" aurait été plus intéressant, même... Et en matière de défi... »

J'avais bien quelques idées... Mon objectif aurait été de "décoincer" un peu Josh en lui proposant des défis un peu idiots. Rien non plus de méchant, le but n'était pas de le rendre ridicule ou quoi que ce soit, mais juste de lui donner le "petit push" pour qu'il n'ait pas peur de se mettre un peu plus en avant. J'aurais pu l'envoyer draguer Amy, par exemple... Malgré le fait que j'aie donné une mauvaise image lors de notre rencontre, elle n'était à priori pas méchante. 'fin c'était ce qu'on m'avait dit. Mais mieux valait éviter les emmerdements, ça pourrait me retomber dessus... Ou alors, l'envoyer jongler devant Kaede pour l'amuser. J'aimais bien Kaede, elle était gentille même si elle avait des problèmes conséquents au niveau émotionnel, et j'étais sûre que l'ange qui jongle ça l'amuserait.

Mais encore une fois, ça pourrait peut-être incommoder certains des présents... Mieux valait donc laisser tomber, tant pis. Ou alors David ? Hmm... David était quelqu'un de gentil, mais il était peu sûr de lui, peut-être qu'il prendrait mal ce genre de petite plaisanterie. Et en fait, je ne connaissais pas grand monde. Pourtant, il y avait du monde... Du monde qui ne me connaissait pas, mieux valait donc éviter de s'attirer des emmerdements pour le moment. Tant pis pour les défis idiots du soir.

« Ou alors, on peut aller dans un coin plus tranquille dehors. Tu as déjà testé les cigares ? Je parle d'un vrai bon truc, hein, pas une bombe au poivre dégueu à 1 dollar les cinq. Je dois m'en taper genre un ou deux par an, pour les grandes occasions... J'avais prévu pour après, tu vois, 'fin... après voilà quoi. Ce s'rait con de pas en profiter nan ? »

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