Visite à un ange blessé [Amy + libre]

Amy avait lutté contre le sommeil durant la soirée, ne voulant pas abandonner William et Cait’ une seconde fois, mais rétrospectivement, une fois endormie, elle ne c’était pas tant reposée que cela. Ses rêves avaient été troublés ; il y avait eut Mutant Town, où elle c’était retournée pour tenter de sauver son amie des flammes, puis lorsqu’elle était parvenu à l’appartement, franchir le seuil lui avait fait se retrouver dans la bataille du musée. Puis, lorsqu’elle c’était effondrée, il y avait eut le froid. Un désert glacé, à perte de vue, seul des murmures dans le vent lui tenant compagnie. Et ces murmures avaient été des voix, des rires d’enfants, des engueulades de parents, mais elle ne parvenait plus à se souvenir de ce qui avait été échangé.

C’était sur cette impression de froid et de vide qu’elle c’était réveillée, au son d’une voix familière.

- Amy, réveille-toi petit ange…

Ses paupières étaient encore lourdes et elle produisit un petit râle mi-agacé, mi-étonné ; un petit « hein ? » de personne émargeant d’un sommeil troublé. Elle dû cligner des yeux plusieurs fois avant d’avoir une image correcte, et ses sens lui transmirent le contact d’une main sur sa joue. Ses yeux brun suivirent le bras jusqu’à un visage ; un visage qu’elle connaissait. Un visage légèrement ovale encadré par une épaisse chevelure brune, des yeux marron encadrant un nez fin…

- Sœur Evangeline ?

Ce n’était pas la première personne qu’Amy c’était attendue à voir à son réveil ; Sœur Evangeline, mais qu’est-ce qu’elle faisait ici ? Tilt : les lettres, la visite du musée et l’attaque, elle devait être au courant de tout ! Zut, zut et zut ; Amy fut prise d’une quinte de toux qui coupa court à l’affolement de son cœur. Bon déjà, aujourd’hui, pas d’affolement, il récupérait.

- Mais… qu’est-ce tu fais là ?

Question, certes inutile, mais moins pire que « comment ça va ? » aux vues de la situation. La situation qui d’ailleurs était très gênante pour Amy : la sœur avait toujours été une conseillère et une confidente, une sorte d’ange gardien, et à la vue de son visage, l’italienne se sentait honteuse. De la peur, de la colère aussi, et de la tristesse ; Evangeline c’était visiblement beaucoup inquiétée pour elle, et le faisait encore. Elle avait de plus des marques évidentes d’un sal moment passé à attendre : elle avait des cernes, donc peu ou mal dormis, elle était plus que décoiffée et elle avait un bleu sur le front ; une arrivée précipité et visiblement, elle devait avoir attendu la, ou quelque part, depuis longtemps.

Nephilim voulut se cacher, cacher les marques qu’elle avait sur elle ; elle remonta la couette pour couvrir celle de strangulation qui bardait sa gorge, dissimulant également ses mains couvertes d’hématomes.

Elle ne parlait pas, elle ne savait pas quoi dire, prenant conscience qu’il y avait une personne de plus qu’elle aurait abandonnée si elle n’était pas revenu. La culpabilité, pour n’être pas assez forte, pour ne pas être capable de… cela ne servait à rien, elle avait fait de son mieux. Mais cela n’empêchait pas la culpabilité d’être là.

Passé la surprise, les douleurs dans tout son corps revinrent, même s’il était agréable pour l’italienne de constater qu’elle bougeait à nouveau.

- Je suis… désolée, finit-elle par dire en voyant la larme d’Evangeline.

Amy se pinça les lèvres : elle ne savait pas quoi dire, ni quoi faire, et de toute façon, son corps protestait contre la totalité des idées qu’elle aurait put avoir. L’italienne devait rester là et attendre, simplement.

Le contact sur la joue était douloureux, principalement grâce à l’entreprise de Cait’ le soir précédent, mais Nephilim accueillait plus le réconfort du geste que la douleur l’accompagnant.

Visiblement, la question inutile de la présence avait blessé Sœur Evangeline, qui eut un instant de tristesse sur le visage. Evidemment, elle avait vu les infos, mais surtout elle avait téléphoné et Darla avait donné les informations comme une machine ; ah celle-là, Cyberpathe à la noix.

La bonne sœur repoussa une partie de sa chevelure rebelle en arrière, souriant en énonçant un acte irréfléchi qu’elle avait accomplit pour venir la voir ; c’était vrai, elle n’allait pas bouger de là, alors pourquoi ne pas attendre simplement et venir le matin même, plutôt que de passer une mauvaise nuit et de s’affoler ? Il n’y avait qu’une seule personne qui était capable de faire pareille chose pour elle, Cait’... Qu’est-ce que cela voulait dire ?

Evangeline lui caressa le front, puis repoussa une mèche de cheveux ; Amy la regarda étrangement. Elle ne s’était pas montrée si maternelle lors des précédente rencontres, ni même lors de la correspondance, alors, c’était quoi cela ? Evangelina avait eut si peur pour elle ?

Elle avait beaucoup prié, selon ses dires, et si cela toucha Amy, le fais qu’elle soit « saine et sauve » la laissa perplexe. Bon, un point positif pour Darla, elle n’avait pas sorti texto qu’elle était revenu morte du Met par arrêt cardiaque, que le temps de la réanimer pouvait avoir laissé des séquelles irréparables dans son cerveau et qu’elle avait passé l’après-midi et le début de soirée dans le coma. Comme quoi, l’hôtesse d’accueil de l’Institut n’était pas entièrement désespérante.

- Tu te sens mieux ?

Bon, pour les questions à la con, visiblement, elles avaient cela dans le sang l’une comme l’autre. Par contre, la phrase qui suivit attrista Amy ; c’était peut-être pour cela qu’Evangeline avait autant de report affectif sur elle, c’était dur d’abandonner les ordres, de renier un engagement religieux et une communauté aussi soudée. C’était de la faute des Purificateurs, ça, Amy en aurait mit sa main au feu. Eviter le sujet pour ne pas être blessante était sans doute la meilleure chose à faire.

- Bah, j’ai mal partout, comme si j’avais couru un marathon en hypoglycémie, j’ai faim et soif, mais dès que j’aurai vu le soleil, sa ira mieux. Comme t’as dis, le plus important c’est que mon cœur soit reparti…

Gaffe ; puis une belle en plus. Fermant la bouche de manière assez caricaturale, parfaitement interdite, Amy ôta tout doute à Evangeline sur une potentielle mauvaise formulation. Oui, oui, son cœur était reparti, donc il s’était arrêté, donc elle était théoriquement morte.

Si cela avait été Caitlyn en fasse d’elle, l’italienne aurait misé sur une gifle ; c’était le rôle de la grande sœur de la recadrer quant elle faisait ou disait une bêtise, même si dans le cas de Cait’, c’était surtout un moyen de paraitre assez forte pour deux et de canaliser sa peine en violence. L’éducation des rues, surement. Cela ne devait pas être le cas d’Evangeline, qui avait dû recevoir une éducation catholique bien rangée.

Cela ne l’empêchait pas de flipper face à la réaction.

- J’ai eut un souci avec mes pouvoirs, mais tous va bien maintenant, saine et sauve, comme tu l’as dit, s’empressa-t-elle d’ajouter, pour éviter toute réaction démesurée.

Charger de sujet, vite.

- Sinon, sa fait longtemps que t’as quitté les sœurs de Milton ? C’est à cause des Purificateurs c’est cela ? C’est triste de savoir qu’ils font autant de mal même aux gens de leurs confessions…

Huit heure le matin, ce n’était pas son heure, à l’italienne : elle avait l’impression d’enchainer gaffe sur gaffe. D’habitude, elle avait quatre heures de photosynthèse pour se réveiller, alors que là, elle enchainait directement sur une amie qui avait vécu un peu trop de chamboulement récents.

Pitié, que quelqu’un lui vienne en aide.

Evangeline eut la réaction crainte, alors que ses larmes coulaient encore plus.

- Amy…

Un nom, un simple nom, qui voulait tout dire ; grâce à Caitlyn, l’italienne avait comprit que des fois, il n’y avait pas besoin de mots, même si elle restait accroché à eux. Certaines choses se disent en silence. Après avoir tenté d’essuyer ses larmes d’un revers de main, l’ancienne sœur donna les raisons de son départ : elle voulait être plus utile, bien que les Purificateurs eussent effectivement joués un rôle définitif dans son départ. Elle culpabilisait pour ne pas avoir été plus utile, envers Nephilim notamment. C’était quoi ce délire ? C’était une religieuse, elle n’aurait rien put faire ! Elle aurait été blessée, et aurait prit des risques inutiles ; Amy ne voulait pas que l’on prenne de risques pour elle. Elle guérissait de tout, et deux fois plus rapidement, alors inutile de prendre une blessure à sa place.

Alors qu’elle s’apprêtait à réponse, Nephilim fut interrompu par l’impossibilité existentielle qu’était Cait’ : impossibilité existentielle car la scène n’avait tout simplement pas la chance d’exister selon les lois qui régissaient l’univers. Après, cela n’avait pas gênée Fuzzy pour se trouver une tenue d’infirmière indécente dont l’utilité ne devait pas être le soin à autrui, ainsi qu’un bidon de… de quoi ?! C’était de l’engrais ? De l’engrais pour plante d’intérieur ! D’une, même si on l’avait surnommée Girasole, tournesol en sa langue natale, Amy n’était pas une plante, et de deux, le tournesol n’était pas une plante d’intérieur !

- Ah ben..heu….Non, c’est bon, je vais lui faire sa toilette et puis si il faut je la porterai jusqu’aux chiottes pour son pipi, par contre je ne sais pas si elle fait popo…elle m’a jamais dit…heu..heu..c’est le Docteur Sheppard qui m’envoit, ou Grey, ou House…merde un toubib, quoi.

Caitlyn était parfaitement interdite, coupée dans son élan, mais trouvait quant même quelque chose à dire ; Amy avait cependant peur que cela ne choque encore plus l’ex-sœur Evangeline qu’elle-même, car elle devait bien n’admettre ne pas s’être attendu à pareil chose, et être horriblement gênée ; qu’allait-on penser d’elle, et de Fuzzy, après ça ? Pire, qu’allait penser Evangeline ?

En fait, Amy n’eut pas le temps de paniquer que cette dernière était déjà pliée de rire. Du coup, c’était l’italienne qui comprenait plus : comment face à un signe flagrant de débauche et d’homosexualité une bonne-sœur, même retraitée, éduquée dans la tradition catholique pouvait rire.

- Très réussi le costume ma puce … mais pas crédible, la jupe est trop petite, et …

Plus que les éclats de rire persistants et l’espèce de pseudo-étouffement d’Evangeline, c’était le « ma puce » qui choqua Amy ; comment une bonne sœur pouvait appeler une parfaite inconnue, qui plus est qui ne devait pas avoir tant d’années que cela de différence avec elle-même, « ma puce ».

Eva était la seule à rire de cette blague, et Amy commençait réellement à avoir peur : elle qui parvenait à lire les mensonges sur les visages, aurait-elle refusée, dans la détresse qui avait accompagnée sa rencontre avec la sœur des années auparavant, de les voir ? Et ainsi depuis lors ?

Pourtant, les émotions d’Evangeline à son égard étaient sincères ; Amy ne comprenait plus rien. Fatiguée, à peine remise de son épuisement de la vieille et pas encore de ses blessures, elle ne pouvait pas tout gérer.

Mais elle devait gérer un minimum, au moins…

- Euh… Caitlyn Elioth, voici Sœur… euh pardon, Evangeline. Evangeline, voici Caitlyn Elioth. Evangeline, vu que vous n’êtes plus sœur, vous avez reprit votre non de famille, non ?

Le vouvoiement trahissait parfaitement le fait que sa confiance était ébranlée, car elle l’avait presque toujours tutoyée ; était-ce possible que cette personne soit différente de ce qu’elle avait crue ? De ce qu’elle avait vu ?

Amy ne pouvait pas le croire, ou du moins ne voulait pas le croire, mais les graines du doute avaient été plantées en son cœur ; et Caitlyn avait apporté du terreau…

Bonne nouvelle, ou pas d’ailleurs, Caitlyn sembla aussi interdite à la réaction de la sœur, puis eut un déclique lorsque les présentations furent faites, parlant d’un vieux film humoristique français qu’Amy connaissait de nom, même si elle voyait parfaitement le cliché. L’italienne avait pour ordre de ne pas vouvoyez Evangeline, qui avait un nom très poétique d’ailleurs, bien que la plus jeune des protagonistes ne put ramener sa science sur le sujet, trop vite interrompue par Fuzzy et le cliché suscité. La discussion qui suivit fut tout aussi décalée que l’augurait le début de la rencontre, Caitlyn commença par demander ce qu’il fallait baiser, la robe inexistante ou la main, se justifiant confusément sur sa propre adhérence à la chrétienté. Avant qu’Evangeline n’eut le temps de placer une phrase, Fuzzy avait déjà enchainé en déclarant qu’il fallait pas donner les derniers sacrements car la fougère était increvable, comme de la mauvaise herbe. Bon, Amy passait sur fougère, c’était comme tournesol, elle s’y habituerait ; mais la mauvaise herbe, c’était… vexant.

D’une nouvelle habileté pachydermique, Cait’ s’inquiéta de la perte de foi d’Evangeline, avec une question des plus déplacées, qui somme toute collait bien à l’ambiance.

- Je n'étais pas marié à Jésus, et pour te répondre je ne me suis pas non plus tapé un mec, j'ai juste décidé d'emprunter une autre voie.

L’autre voie en question était la médecine, un choix louable expliqué peu après. Amy avait beaucoup d’estime pour les médecins, même si son cas particulier faisait d’elle un sujet d’étude et non une patiente pour leur corps, c’était des personnes dévouées et bienveillantes. C’était un choix assez logique, en sachant que durant le moyen âge, c’était les religieux qui pratiquaient le plus souvent la médecine, soignant le corps et l’âme des patients. Elle-même, c’était l’esprit qu’elle voulait aider.

- C’est cool, tu sais déjà où tu vas aller ? Je suis un double-cursus avec la CUNY pour les matières ne pouvant m’être enseignée à l’Institut ; en plus, les enseignements médicaux et paramédicaux sont tous enseigné à Sophie Davis, on pourrait se voir entre les cours ?

Quitte à interrompre la correspondance, elles pourraient se voir régulièrement. Amy ne savait pas pourquoi, mais elle n’avait pas envie de perdre Evangeline, de ne plus la voir. Il y avait comme quelque chose de familier chez elle, bien que l’italienne ne sut quoi. Qui plus est, la cotoyer trois demi-journées par semaine lui permettrait sans doute d’y voir plus claire, ou qu’elles deviennent suffisamment familières pour être appelée « ma puce » et qu’Amy trouve à Evangeline un surnom également.

Après, certes, avec son emploi du temps aménagé et les entrainements avec Feing après les cours, elles ne se côtoieraient pas beaucoup plus que des camarades de classe, mais c’était déjà un progrès.

Il était inutile de demander à Caitlyn de venir, car elle avait mieux à faire de ses journées que de zoner dans NY, et ne pouvait pas assister aux cours, l’année étant presque finie. Sauf que l’année prochaine, Amy devait reprendre les cours de psycho ici, si c’était possible, donc elle avait potentiellement dit une belle connerie : Evangeline ne recommencerait pas ses études à moins de deux mois de la fin et Amy n’était pas sure d’être là l’année prochaine. Oh la bourde !

- Scuse-moi, je suis un peu fatiguée. C’est vrai qu’on approche de la fin d’année et des examens, comme je sais pas si j’y serai encore l’année prochaine ou pas, je me précipite trop. Et toi Cait’, les études pour l’année prochaine, rien te tente ?

Effectivement, Caitlyn veillait sur elle : pas de plus simple moyen de détourner la conversation que de lui lancer la balle. C’était peut-être un petit coup de vice, étant donné qu’elle c’était déjà ramenée en tenue dévergondée avec un pot d’engrais, mais au pire, Amy avait un parfait sujet de conversation si celui-ci était infertile. Elle attendit la fin de la discussion à propos des études pour se retourner vers Evangeline.

- C’est joli comme nom, Grigori. C’est hébreu, « veilleur ». Dans la Cabbale, c’était un groupe d’anges chargés de veiller sur l’Humanité après la Chute de Lucifer, sauf qu’ils sont tombés amoureux des femmes humains et qu’ils ont eut des enfants : les Nephilim ; pour la suite de l’histoire, elle prouve que mon surnom est mal choisit, mais je le garde. C’était toi qui me l’avais donné, hein Eva ; c’est un cadeau, comme la peinture. Je l’ai toujours d’ailleurs, elle est rangée dans mon armoire. Mon premier cadeau de noël…

Amy ne savait pas quoi dire, et savait qu’elle n’avait pas besoin de mot ; son regard et son sourire traduiraient pour elle l’importance de cette peinture comme de ce surnom, et par extension, de la personne qui les avait donnés. Caitlyn était sa sœur, Evangeline sa confidente, Wiccan son ami, Jubilee son modèle… pour la première fois depuis le début de sa vie, Nephilim avait une situation équilibrée et complète autour d’elle. Et cela grâce à Evangeline ; non, Amy lui devait trop pour qu’elle sorte de sa vie.

Finalement, Cait’ décida que le bidon d’engrain avait plus sa place sur le sol qu’entre ses mains. Eva elle enchaîna par le fait qu’elle n’avait pas encore commencé à chercher une fac, mais ravi à l’idée de partager du temps avec elle. Elle l’excusa sans problème après la désillusion de l’italienne sur le fait qu’elle ne savait elle-même pas où elle serait l’année prochaine. Evangeline prit sa main, lui souriant pour la rassurer : sa maladresse n’était pas mal prise. Fuzzy répondit à ce moment là.

- Hein ? Des cours ? Tu rigoles ! j'ai passé l'age, tu crois que j'sais pas lire ni écrire ? tu m'prend vraiment pour une goliote sister...Les bases, c'est laaaargement suffisant. Tes trucs dans tes bouquins c'est super joli mais ca remplace pas ce qui t'attend la dehors, ca ca se vie, ca se lit pas. Je préfère apprendre à l'école de la vie, chacun sa came mais j'respecte ce que tu fais ! Sérieux !

Bon, cela c’était fait ; pas étonnant, mais on ne perdait rien à demander. Caitlyn se tira une chaise pour s’installer alors que les paroles sur les Grigori étaient échangées : Evangeline ne connaissait pas toute l’histoire, c’était pourtant elle qui l’avait surnommée ainsi, principalement pour son côté poétique. Par contre, l’histoire du dessin lui faisait vraiment plaisir et il était vrai que si Amy ne l’exposait pas, c’était par peur qu’on la croit narcissique. Eva lui serra inconsciemment la main, probablement de joie.

S’affalant en monde ado sur la chaise, Caitlyn commença à se présenter à sa manière déclarant avoir le cul bordé de nouilles. Le cul et les nouilles, Amy n’en savait rien, par contre, elle savait que sa sœur de cœur avait fait de sérieuses économies sur l’épilation…

Outre le fait qu’elle avait déjà entendu le discours de Fuzzy et savait déjà ce qu’il racontait, Nephilim perdit sa concentration et ferma les yeux, immobile, sa peau rougissant après ce qu’elle venait de voir. Bon, cela n’avait pas été le pire, en lui-même, puisque deux soirs auparavant Cait’ avait déboulée nue avec une araignée dans la gorge, mais cela faisait cumule, avec la tenue et la position.

- Je crois que c'est important. Hey ? vous m'suivez ? Quoi ?? Mon dieu...Par le Sang du Christ...ne me dites pas que j'ai le foin qui dépasse de la charrette...je..je..

Façon très imagée de décrire la situation, mais véridique, en effet. Amy resta les yeux fermés, mais entendit parfaitement la panique de Caitlyn ; « urgence, le docteur Shepard m’appelle », puis se fut la fuite. Nephilim de son côté, fut presque contente de sa puberté modifiée ; elle devait certes s’épiler également, mais à la tête de celle de Cait’, chez elle cela poussait moins rapidement.

- Elle est toujours ainsi ?

L’italienne rouvrit les yeux, regardant Evangeline, s’apprêtant à répondre lorsque l’ex-sœur lui dit qu’elle ne devait pas s’ennuyer souvent.

- Non c’est vrai, le premier soir où je l’ai rencontrée, elle a avalé une araignée en se douchant et a courut la moitié de l’étage nue, pour venir s’échouer sur mon lit en étouffant. Mais c’est pas grave, je l’aime quant même. Sa fait pas longtemps qu’on se connait, mais j’ai l’impression d’avoir trouvé une famille, puisqu’on est deux orphelines et qu’on se comprend, malgré toutes les différences. C’est la meilleure amie que j’ai, et c’est même plus ; j’ai déjà eut de la loyauté pour des gens, mais jamais à un tel point. C’est comme cela que je vois une famille, Caitlyn a été le premier visage que j’ai vu en ouvrant les yeux après mon décès au Met, et aussi la première personne à m’avoir frappée parce que j’avais fait une bêtise, parce qu’elle avait eut peur de me perdre. J’avais déjà prit des roustes pour avoir fait des bêtises, même si de ce côté-là je dois être en dessous de la moyenne, je n’y avais jamais eut le droit parce qu’on s’inquiétait pour moi. T’as des frères et sœurs ? Je pense que c’est un sentiment de sororité que j’ai avec Cait’, on l’a même dit : sœurs de cœur.

Evangeline fut étonnée puis amusée de l’affaire de la première soirée entre Caitlyn, Amy et à l’époque, Ciera. A l’époque ; c’était il n’y avait pas si longtemps d’ailleurs : deux jours plus tôt, en fait. La disparition de cette dernière avait attristée l’italienne, et si elle avait espéré son retour, on lui avait fait comprendre que cela n’était pas utile. Peut-être que cette déception avait également contribuée à rapprocher Nephilim de Fuzzy, qui refusaient de s’abandonner l’une l’autre là où elles auraient dû être trois… Bref, l’affaire était close, malheureusement.

L’ancienne sœur l’écoutait et semblait contente qu’elle aille bien, malgré les péripéties de la vie de l’italienne.

Evangeline avait effectivement des sœurs, deux, l’une proche, l’autre éloignée ; un point commun avec ce qu’Amy et Cait’ avaient tenté de construire : d’une famille à trois, elles se retrouvaient à deux, pour le meilleur et pour le pire. Cependant, en quittant les ordres, Eva espérait pouvoir la retrouver ; une raison supplémentaire, mais plutôt illogique aux yeux de l’italienne.

Perplexe, celle-ci ne dit cependant rien, laissant son amie finir ; Eva la borda, se déclarant heureuse pour elle. Les hommes allaient et venaient, mais la famille était sacrée ; c’était bien un point de vu de religieuse, ça. Nephilim croyait au grand amour, même si elle n’avait jamais expérimenté ne serait-ce qu’une amourette. Cependant, Amy était heureuse de ne pas se faire de faire d’illusions : Caitlyn serait toujours là pour elle, même Evangeline le voyait. Par contre, l’ex-sœur ne voulait pas que l’italienne finisse arrosée d’engrais ; Nephilim sourit.

- Elle m’appelle fougère, car comme une plante, je me nourris par photosynthèse ; après, je pense que l’engrais, non le détergent, c’est une blague. Au pire, je devrais prendre une douche, tant qu’elle n’essaie pas de m’en faire manger, plaisanta-t-elle. Pour tes sœurs… j’espère que tu t’entends bien avec celle que tu côtoies et que tu retrouveras l’autre ; c’est dur d’être séparer de sa famille. Je les envie, dans un sens ; tu dois être une grande sœur formidable, vu comment tu es avec moi.

Amy sourit encore plus, offrant son plus beau sourire en soutien de son compliment.

- Enfin bon, je ne pense pas tarder mon ange. Si je suis venue si tôt, c'est parce que je ne pouvais venir qu'à cette heure-là. Et que je refusais d'attendre plus avant de te voir mais je vais devoir repartir, d'ici peu.

- Ok, répondit l’italienne, déçue. Merci d’être passée, en tout cas ; cela m’a fait plaisir de te revoir, même si c’est pas forcément dans les meilleures circonstances. En tout cas, je vais bien, et l’avenir me semble optimiste, comme d’habitude. Je ne saurai plus où t’écrire, mais dès que tu auras une adresse, envoie-là moi s’il te plait ; j’aimerai bien continuer notre correspondance, continua-t-elle en reprenant le sourire. J’aimerai bien prendre des nouvelles de ta sœur, si tu réussis à renouer le contact ; aucune famille ne devrait être séparée. Et j’aimerai pas perdre le contact, Eva.

Amy regardait Evangeline sans savoir si elle devait continuer de lui sourire ou s’attrister, préférant cependant la première solution. Elle était contente que l’ancienne sœur soit venue la voir, mais il y avait quelque chose d’étrange dans sa manière d’être aujourd’hui, comme si son visage était faux. C’était bien le visage qu’elle avait toujours connu, mais il y manquait quelque chose. Nephilim n’aurait sut dire quoi, probablement qu’elle refusait de le voir ; mais il manquait quelque chose, elle en était certaine.

Jusqu’à lors, elle avait toujours eut raison de se fier à Evangeline, la sœur étant de bon conseil et très attentive, la confidente et l’ange gardien. Maintenant, elle n’avait pas envie de s’éloigner d’elle, mais c’était ce qui arriverait, inéluctablement. Elle avait un nouveau confident, un nouvel ange gardien ; quelle place restait-il à Evangeline ?

Amy n’en savait rien, mais elle n’avait pas l’intention de l’oublier ; pas l’intention de rompre le contact. Peut-être était-ce égoïste de vouloir continuer de savoir qu’elle existait alors même qu’elle avait d’importantes affaires à régler, mais l’italienne acceptait ce fait. Elle voulait bien être égoïste si cela lui permettait de garder le contact avec cette personne qu’elle estimait et appréciait. Evangeline avait été l’une des premières personnes à qui l’italienne avait entièrement fait confiance, et si de nouvelles personnes partageaient cette particularité, elle resterait la première ; la première à un tel degré de confiance en tout cas.

- Peut-être qu’on pourra se revoir dans pas longtemps, si ton emploi du temps se décharge, proposa Nephilim, ne sachant vraiment que dire.

La rencontre touchait à sa fin, mais Amy espérait qu’elle ne serait pas la dernière ; non, elle savait que ce ne serait pas la dernière.

Evangeline eut un nouveau geste maternel, lui caressant les cheveux en se mettant d’accord avec Caitlyn : le surnom d’Amy c’était fougère… Bref, l’ex-sœur la considérait comme un bourgeon dont elle attendait la floraison ; vive le sens figuré, quant même.

Eva promit de repasser, de la tenir au courant pour l’histoire de sa sœur perdue de vue, et de lui communiquer son adresse une fois installée. Elle promit une seconde fois de repasser la voir, de ne pas l’oublier. Elle lui proposa même une sortie en ville, malgré le fait que cela ne réussissait pas très bien à l’italienne, la grande ville.

- J’aimerai bien, une fois mes examens terminés, répondit-elle.

Arrêtant sa caresse bienveillante, Evangeline la bénie comme au temps des rois, d’un baisé sur le front.

- En attendant, fais bien attention à toi mon petit ange, je ne veux pas revenir pour te voir ici d'accord, la prochaine fois, tu me ferais faire le tour mais aujourd'hui, repose-toi, reprends des forces. Et ne fais plus d'expérience, comme celle du couteau ou d'autres encore plus dangereuse, promis.

Euh… la Salle des Dangers, sa compte ? C’était beau de promettre des trucs, mais pour le coup, selon ce qu’on entendait par « expérience », Amy risquait de se retrouver à ne plus rien faire du tout. Puis, côtoyer Caitlyn était une expérience entière !

- J’essaiera, déclara Amy, sachant bien que la plupart du temps, ce n’était pas volontaire qu’elle se retrouve dans la panade.

Oui, l’italienne avait horreur de mentir, donc elle ne mentait pas… enfin, pas réellement. Elle essaierait de ne plus faire d’expérience dangereuse, mais se battre c’était dangereux, et elle continuerait de s’entrainer. La Salle des Dangers pouvait être dangereuse, même si tout était contrôlé. Rien que côtoyer des mutants pouvait être dangereux, sachant qu’on n’était pas à l’abri d’un Pyrokinésiste hors de contrôle ou autre. Nan, vivre sans danger c’était impossible, donc pas la peine d’essayer. Elle n’avait pas promit, mais elle avait dit qu’elle essaierait de ne plus faire d’expériences plus dangereuse que la mutilation volontaire. Mais cette dernière s’avérerait nécessaire si elle voulait comprendre ce qui avait merdé avec son facteur guérisseur accéléré.

Rah c’était chiant : entre les baffes et les promesses, elle était bien tombée. Elle n’avait pas besoin d’un couteau pour déclencher son Facteur Guérisseur désormais, donc se couper volontairement, il n’en était plus question. Mais les autres expériences dangereuses… bah elle voulait devenir une X-Woman, donc elle n’avait pas vraiment le choix. Limiter les trucs stupides et délibérément dangereux, voilà la solution pour tenir sa promesse !

-A très bientôt Nephilim, prends soin de toi, déclara Evangeline en s’éloignant.

- A très bientôt ma sœur… euh, Evangeline.

Le lapsus était sortit tout seul, mais n’empêcha pas l’autre de s’en aller. A nouveau seule dans la pièce, ou plutôt pour la première fois seule dans la chambre d’observation de l’infirmerie, Amy se sentit triste ; désormais qu’elle avait goûté à l’amitié réelle et sincère, à la sororité, l’absence de l’un ou de l’autre lui était désagréable.

Elle aurait aimé que Caitlyn revienne, quitte à se faire agresser à coup d’engrais, ou que William arrête de se sentir nul pour le vieillissement de Paladin ou la gerbe qu’elle avait rendue hier soir, mais à l’instant même, elle était seule. Seule avec elle-même, comme elle ne l’avait pas été depuis longtemps.

C’était dans ses moments là qu’on faisait une grande introspection généralement, mais elle n’avait pas la tête à cela. Non, ce réveil matinal après tant de choses vécues n’appelait qu’une chose.

Amy mit la tête sous l’oreiller en grognant contre le soleil qui rentrait par la fenêtre ; pour une fois, une seule fois dans sa vie, elle ne voulait pas le voir. Dodos, on réfléchirait mieux au réveil.