Si tu dis vrai, mets le pied à l'étrier [LIBRE]

Elle avait prit le rythme, c’était déjà cela. En moins d’une semaine, elle tenait les deux heures de course ininterrompue sans trop de difficulté, et parvenait selon la motivation du jour à faire les trois. C’était assez fatiguant, certes, mais elle se remettait plus vite et fatiguait moins vite que la moyenne, grâce à ses pouvoirs. Non, rien que l’apprentissage avec Jubilee était plus fatiguant et douloureux que la piscine et la course réunies, dusse-t-elle en faire six heures. Encore qu’Amy se savait parfaitement incapable d’enchaîner entre deux et trois heures d’arts martiaux après trois heures de natation, donc qu’elle gardait généralement le temps de repos prévu entre les deux activités de l’après-midi.

Il était entre dix heures et midi, elle n’en savait pas grand-chose, il faisait beau, il faisait chaud ; si chaud qu’elle en avait déployée les membranes nictitantes pour s’assurer une meilleure ventilation. Encore de la triche, oui, mais elle s’en foutait. Elle avait des pouvoirs, autant en profiter quant ils lui étaient utiles ; elle n’était en compétition avec personne, de toute façon.

Survêtement assez malmené allié à ses baskets qui commençaient elles-aussi à souffrir de la brusque mise à un entrainement intensif, portant son t-shirt à manches violet et raillé, qui s’il n’était pas l’idéal par cette chaleur, lui permettait de déployer ses Ala-pulmos, de petites ailes fibreuses et de couleur sang d’un peu plus d’une trentaine de centimètres, sans avoir à ôter son haut, la jeune brune aux traits juvéniles courrait dans le parc de l’Institut, ses écouteurs dans les oreilles et ses cheveux unis en une queue de cheval. C’était une scène des plus banales, depuis le début du mois d’aout, de la voir ainsi s’entrainer, conformément à un programme devant la mettre au niveau qu’elle s’imaginait celui requit pour suivre la formation des X-Men. Matin : course, entre deux et trois heures. Aprèm’ : natation, entre deux et trois heures, puis combat, entraînée par Jubilation Lee, théoriquement entre deux et trois heures mais plus souvent au maximum qu’Amy pouvait donner, ses pouvoirs régénérateurs étant alors extrêmement important pour tenir jusqu’au bout du délai imposé.

Une nouvelle journée qui allait se dérouler selon ce rythme forcé, Nephilim voulant emmagasiner autant de capacités physiques que possible avait la rentrée, ou elle ne pourrait alors plus que s’entretenir. Oui, pour réaliser son objectif est être digne des X-Men, pour caresser l’espoir d’intégrer leurs rangs, elle se donnait à fond. Son mois d’aout allait y passer, maigre sacrifice, à ses yeux, qu’entre 6 et 9 heures d’entrainements physiques durant trente-et-un jours, pour espérer avoir les capacités des super-héros de l’Institut. Maigre sacrifice et probablement insuffisant. Mais elle s’en moquait, tout donner pour espérer être à la hauteur, voilà ce qu’elle faisait. Une fois les cours repris, ce serait impossible de continuer à un tel rythme. Elle ne mangeait pas, certes, ce qui lui libérait du temps, mais elle devait dormir comme tout autre. Enfin, elle ne mangeait pas, si, mais différemment. Comme en témoignaient ses membranes nictitantes, étranges secondes paupières vertes transformant ses yeux en émeraudes visuellement parlant, elle se nourrissait en ce moment même : photosynthèse. Ce n’était pas la classe quant face à un mec de 2m60 tout en rubis tu sortais que t’étais Photosynthèsiste, mais Seigneur ce que c’était utile. Elle avait cependant besoin d’eau, ce qui expliquait la gourde sanglée à son côté, gourde qu’elle s’arrêtait régulièrement remplir dans la rivière. Pas potable l’eau ? Elle s’en foutait, son estomac secondaire filtrerait les mauvaises choses et ne garderait que les sels minéraux dont elle avait besoin, qui plus était elle n’avait aucune chance d’attraper la diarrhée, puisqu’elle ne mangeait rien.

Aller, on accélère un peu, et on grimpe la montée encore plus rapidement. Rien de bien compliqué, car si elle n’avait pas de trajets précis, elle connaissait bien tout le parc de l’Institut, désormais. Trop bien, même. Aller, une petite course en forêt, cela ne lui ferait pas de mal. Du dépaysement, le bois de l’Institut étant un ancien domaine de chasse, il devait être encore plus étendu que le parc, niveau superficie. Puis en tant que Fougère, surnom débile mais adopté, c’était idiot de n’avoir jamais courue en forêt, non ? C’était parti pour du footing version cross !

Que de témérité pour la jeune italienne ; témérité qui lui revint bien vite dans la figure, par ailleurs. Rapidement, ou pas d’ailleurs tant la notion du temps lui était étrangère, Amy se prit un pied dans une racine, s’étalant violement contre le sol dans un jappement étouffé. Se redressant et se retournant vers sa cheville, Nephilim grimaça de douleur ; zut, elle c’était faite une entorse ou quoi ?

Bah, elle s’en sortait bien : une entorse légère, c’était cinq jours de guérison, soit deux et demis grâce à sa guérison, ou moins d’une minute si elle accélérait son biologisme. D’un côté, elle n’avait pas deux jours à perdre, de l’autre l’APB allait la fatiguer bien plus que la course, et elle n’était pas sure de tenir la séance. Réfléchissant en se frottant la cheville, espérant ne rien avoir et que la douleur passerait d’elle-même, elle fut surprise d’entendre une voix ; quelqu’un l’avait entendu ou vu se casser la figure, et approchait.

Est-ce que ça va?

Question usuelle dans ce genre de situation, mais témoignant d’un intérêt, lancée par une voix masculine essoufflée.

Amy se retourna, sans pour autant changer de position ; la voix venait de derrière elle, du même sentier, visiblement. La personne qui arrivait à sa rencontre était un jeune homme mince plus petit de peu que la moyenne, elle plus donnait moins de 170cm, ce qui lui laissait au moins une demi-douzaine de plus qu’elle-même, avec des yeux et une pilosité d’un vert qu’elle identifiait comme du brun, ayant même une légère barbe taillée. Il était également vêtu pour le sport, jogging et d’une camisole probablement gris.

Le regardant s’approcher, l’italienne retira ses écouteurs. Il répéta sa question après avoir légèrement reprit son souffle.

- Je me suis viander, dit-elle avec un sourire de gêne. Mais je m’en remettrais, ne vous inquiétez pas.

Toujours à moitié en tailleur et se frottant la cheville, elle se désintéressant de sa douleur plutôt secondaire pour s’intéresser à cet inconnu. Enfin, inconnu, en neuf mois, elle avait fait le tour des personnes ou peu s’en faut, c’était juste qu’elle n’avait pas parlé à nombre d’entre elles. Elle savait qu’il était résident à l’Institut, mais c’était à peu près tout. En fait, il était peu probable qu’il soit un élève, puisqu’en aout, la plupart étaient retournés dans leurs familles.

- Et vous ? Vous avez l’air d’avoir du mal.

Elle-même n’était pas plus essoufflée que cela, l’amélioration pulmonaire apportée par ses ailes l’ayant aidé à ne pas tant devoir haleter. Elle ne savait pas depuis combien de temps elle courrait, donc elle n’avait pas la moindre idée de depuis combien de temps lui courrait, mais s’il avait commencé comme elle vers les neuf heures, c’était logique qu’il soit dans cet état.

C’était un ancien de l’Institut, dans le sens où il était présent depuis pas mal de temps ; comment le savait elle ? Il avait un côté blasé qu’on ne gagnait qu’à force de voir des mutations toujours plus étranges. Elle l’avait remarqué car il n’avait pas de réaction particulière face aux membranes nictitantes, choses plutôt rare. Après, si Nephilim voulait surprendre, elle avait toujours ses mini-ailes couleurs sang, c’était sympa aussi dans le genre exotique. Bon, le plus exotique chez les Ala-pulmos c’était le fait qu’il s’agisse d’une excroissance pulmonaire, mais ce n’était pas réellement visible ça.

Puis elle n’avait pas forcément l’envie d’attirer l’attention sur elle, étant quant même timide sur les bords ; déjà que sa chute n’avait pas été d’une discrétion formidable, elle n’allait pas en rajouter. Mais du coup, à part se frotter la cheville, elle ne savait pas trop quoi faire. Elle ne pouvait pas user de l’Accélération des Processus Biologiques sous peine de passer pour une folle, ou au moins une excitée de la vie, étant pour le moins hyperactive quant son biologisme accélérait, et ce malgré un contrôle accrut grâce à l’entrainement avec Samuele et l’appui de ses ailes pulmonaires.

Pour conclure, alors que le temps s’écoulait et que ses pensées s’égaraient les unes après les autres, elle se rendit compte qu’elle avait manqué à la politesse la plus élémentaire. Fallait bien avouer qu’elle avait été prise au dépourvue, pour le coup : la surprise, elle y était habituée, à se faire surprendre durant la moitié de l’année par des élèves en maraude lorsqu’elle faisait sa photosynthèse, mais elle était sur ses deux pattes lorsque cela arrivait.

Elle eut un nouveau sourire de gêne à l’idée que l’autre l’ai surprit durant sa chute, passant sa main libre contre sa nuque, gardant sans difficulté l’équilibre cependant. Elle n’osait pas vraiment parler, en fait, vu comment elle était tombée, elle avait surtout honte. Elle ne cessait pourtant de fixer l’autre de ses yeux teintés, observant les expressions de son visage ; pas de mépris, il ne se moquait pas d’elle, c’était déjà cela.

Bon, maintenant fallait qu’elle se l’ouvre, mais si d’habitude elle y arrivait à peut près correctement, sa chute lui avait fait perdre le fils, et à défaut de paniquer, elle ne disait rien. Seule de la gêne transparaissait dans son attitude.

En tout cas, un point positif de sa chute, hormis la rencontre inattendue : la douleur commençait déjà à diminuer, elle ne s’était rien fait du tout. Pas besoin d’utiliser l’APB devant témoin ou de miser sur des capacités régénératrices accélérées, elle s’en normalement, comme tout le monde.

Encore que la normalité n’était pas le standard à l’Institut, ce qui la poussa à se demander qui il était, ce qu’il faisait ici et quels étaient ses pouvoirs. La curiosité aidait pas mal, pour les gens timides, en tout cas chez elle : une information contre une autre, c’était un bon moyen de se motiver. Encore fallait-il qu’elle ouvre la bouche.

Finalement, ce fut l’inconnu qui prit l’initiative d’une conversation qui ne démarrait pas.

De la surprise passant sur le visage de l’homme, puis de la joie quant elle lui dit qu’elle s’en remettrait, cette dernière prouvant à Amy que l’autre n’avait pas demandé par politesse. Ce fut au tour de Nephilim de s’interroger lorsqu’il parla. Il courrait depuis plus longtemps qu’elle, ou aussi longtemps, ne sachant pas vraiment quelle heure il était. C’était bête de se dire qu’on pouvait courir régulièrement dans un lieu comme l’Institut en étant fichu de ne pas se croiser ; bon, vu la taille du domaine, c’était déjà moins improbable que de ne pas se croiser dans les couloirs, surtout quant l’un courrait dans les bois et l’autre dans le parc. Il avait également un entrainement quotidien, et une punition, ce qui ne lui laissait pas le temps de courir habituellement ; la course ne faisait donc pas parti de son entrainement, dommage. De la gêne apparut sur le visage de l’autre, ainsi que dans sa voix qu’il dû éclaircir pour prononcer le mot, lorsqu’il parla de sa punition.

L’italienne, outre faire des études de psychologie, avait une capacité d’observation plutôt rare, elle parvenait à lire les micro-expressions faciales, des expressions involontaires du visage se déroulant en 1/25ième de seconde qui traduisaient les émotions des autres, se qui avec son entrainement était proche d’une capacité empathique. Du fait, elle savait voir peu ou prou les émotions des autres, ainsi que s’ils mentaient ou non, mais les micro-expressions ne manifestant que les émotions simples, dont la gamme réduite était la base de celle des émotions complexes, elles laissaient une grande partie d’interprétation.

Ainsi, elle savait qu’à sa gêne répondait de la compréhension, et avec une étrangeté déconcertante, l’autre entreprit de se présenter. Il mima quelque chose du bout des doigts, plaçant une main au sommet du crâne pour soulever quelque chose d’inexistant, la faisant tourner au-dessus de sa tête. Il finit par parachever son œuvre, laissant Nephilim cogiter à grande vitesse sur ce qui avait été mimé. Elle n’eut pas le temps d’exprimer les idées farfelues qui lui passaient par la tête que l’autre matérialisa ce qu’il avait mimé. Cependant, la forme était lumineuse et indécise, la captation accrue des membranes nictitantes empêchant Amy de voir de quoi il s’agissait. D’un simple clignement d’yeux, elle replia ses troisièmes paupières, dévoilant ainsi ses yeux marron « normaux » et restant un instant transie de surprise. L’inconnu n’avait pas seulement miné quelque chose, il l’avait créé !

Enfin, vu les couleurs et la texture, Amy n’était pas sure que l’objet soit réel, comme les créations de Wiccan ; il pouvait s’agir d’une illusion due à une manipulation photokinétique, qui aurait expliqué le mauvais rendu sur ses membranes nictitantes. Dans tous les cas, c’était très impressionnant.

Ainsi, l’autre avait désormais sur la tête un objet lumineux comme un laser, un haut de forme blanchâtre avec un bandeau rougeâtre et une plume également blanche, comme un hologramme ou plutôt ce qu’Amy s’imaginait être un hologramme. Joli !

De la main droite, il ôta le chapeau et s’inclina à la manière d’un lord, faisant disparaitre sa création et se présentant : Smether Avery, alias Mr. Mime. Le prénom avait une consonance anglaise, et les manières indiquaient également une forte éducation, à moins d’en être une parodie ; l’italienne n’aurait sue le dire, accaparée qu’elle était par un autre détail : sa main n’avait que trois doigts. Aïe, il en manquait deux, le petit doigt et l’annulaire.

Mise mal à l’aise par cette constatation, ne sachant comment il les avait perdus, Nephilim fixa la main puis fit un aller-retour au visage.

- A… Amy, de Lauro, déclara-t-elle après quelques instants de plus à fixer la main mutilée, insistant naturellement sur la prononciation italienne de « dé laouro ». Qu’est-ce qui vous est arrivé, à la main ?

Dans l’ordre des sujets à aborder, une mutilation passait avant les pouvoirs ou les origines. Cela avait été la même avec Morgan, qui avait perdu son bras, même si elle ne l’avait pas sût de suite à cause de sa mutation et d’un adducteur holographique. Après, ce genre de sujet pouvaient être délicat, elle en avait bien conscience ; mais pas forcément plus que les origines ou les dons, outre le fait que c’était surement lié. Mais plus elle regardait la main, plus cela lui semblait étrange : il n’y avait pas de cicatrices, donc la perte était improbable. Hormis pour un régénérateur, cela lui aurait laissé des traces à vie, à l’avis de l’italienne. Elle écouterait la réponse avec l’émotion appropriée, probablement de la tristesse, non pas par mimétisme, mais par empathie. Quoi qu’il eut put arriver pour entrainer la perte de deux doigts, cela avait dû être douloureux physiquement, et très probablement mentalement, donc elle compatirait.

L’histoire étant moins triste qu’elle ne s’y était attendue, elle put cependant renchainer.

- Ce que vous avez fait c’était… très impressionnant, sourit-elle. Vous êtes Photokinésiste ? Pour ma part, mon alias est Nephilim, et mes pouvoirs sont, pour faire simple, Photosynthèsiste, Régénératrice et Berserker. Sinon j’ai dix-huit ans et je suis arrivée d’Italie en décembre de cette année.

Malgré la réplique concernant sa main, Smelther ne se sentit pas plus concerné que cela ; ni tristesse ni douleur, il n’avait pas perdu ses doigts, confirmant peu après, avec un sourire, qu’il était né ainsi, et que les doigts ne lui avaient jamais manqué, puisqu’ils n’avaient jamais été.

Amy n’était pas forcément d’accord avec ce point de vue, car elle-même n’avait jamais connu ses parents, et avait pourtant toujours ressentit ce manque. Elle les avaient attendus, elle les avait espérés, mais n’avait jamais cherché à les remplacer, comme c’était si courant.

Bon, j’ai 22 ans, et je suis arrivé du Connecticut l’année passée. Pour mes pouvoirs, je crée des champs de force. Je peux les faire tangibles et invisibles, mais comme vous vous êtes probablement rendu compte, je peux aussi leur donner une luminosité semblable a un sabre laser. Je peux aussi les faire intangibles mais visibles, ceux-là je ne vous les ai pas encore montrés. Si vous le permettez, une démonstration s’impose.

Champs de Force, ok, elle ne voyait pas bien de quoi il s’agissait, mais après deux démonstrations, elle savait qu’elle trouvait cela joli. Surtout que la seconde démonstration fut encore plus impressionnante que la première : après quelques instants de concentration, Smelther les transporta dans une ville qu’elle connaissait, pour y être déjà allé, et surtout parce qu’elle était mythique. Il y avait de l’eau en dessous d’eux, et autour, Venise ; même des gondoles charriant des amoureux. Même si tout le monde avait la même tête ou peu s’en faut, c’était magnifique.

Toujours contre le sol, Amy regarda tout autour. C’était des illusions visuelles, rien de tactile et s’en était dommage ; Nephilim aurait presque touchée l’eau, mais c’était impossible. Tant pis. Elle n’en restait pas moins émerveillée par la beauté du don.

- C’est… très impressionnant… magnifique même, déclara-t-elle en tournant la tête vers le créateur de tout cela. Je vous ferai bien aussi une démonstration de mes dons, mais la photosynthèse, à défaut de faire de mon une plante, se pratique en permanence tant que je récolte, clignant des yeux, elle déploya ses membranes nictitantes, transformant visuellement ses yeux en émeraude, puis elle déploya ses ailes poumons, de petites ailes rouges aux plumes fibreuses d’une trentaine de centimètres, les laissant s’étendre dans son dos alors qu’elle poursuivait, tandis que le facteur guérisseur n’est pas franchement visible, et que le Berserk risquerait de faire du dégât, surtout que je me contrôle pas au mieux.

Retournant à sa contemplation, l’italienne repensa à ce qu’elle savait ; il était aussi élève, n’ayant nulle part où aller, et pas beaucoup plus vieux qu’elle. Il courrait de temps à autre, et elle n’était pas contre un peu de compagnie durant le footing. Se frottant encore un peu la cheville, Amy se demandais véritablement si cela ne valait pas le coup d’user de son accélération biologique pour reprendre la course en compagnie de l’autre élève. Mais elle ne voulait pas passer pour une excitée de la vie, donc n’osait pas le faire.

- Je peux vous demander un service ? Tutoyez-moi, on est tous les deux élèves ici donc inutile de se formaliser, non ?

C’était plutôt logique comme demande, et détendrait beaucoup la conversation à l’avis de Nephilim ; elle n’aimait pas vouvoyer les gens, car cela mettait une distance entre eux. Le pire restait cependant de tutoyer et d’être vouvoyé, ou vice-versa, puis qu’en plus de la distance, cela mettait un rapport de force entre les deux personnes. Encore qu’elle était habituée au rapport de force négatif, soit elle qui vouvoyait l’autre. Donc s’il acceptait de la tutoyer mais ne voulait pas l’inverse, cela ne posait que peu de problème à l’italienne ; s’il préférait qu’ils continuent de se vouvoyer, là elle allait mettre un grand moment avant de se sentir à l’aise.

Mais bon, la vie continuait.

Et pour que la course aussi, elle devait se remettre sur pied. Elle attendrait un peu avant d’utiliser le seul pouvoir qu’elle pouvait activer à volonté, et que grâce à Samuele, elle parvenait à désactiver à peu près à volonté aussi, car si elle pouvait s’épargner un coup de Berserker, Nephilim ne disait pas non.

Pour l’instant, Amy resterait donc à discuter, plus ou moins assise par terre, avec l’autre élève, devant lever la tête pour regarder son visage, chose qu’elle faisait au moins par intermittence, pour ne rien manquer de ses expressions visuelles.

Smelther avait accepté de la tutoyer, sans pour autant lui en donner l’autorisation, ainsi l’italienne n’allait prendre aucune initiative et continuer sur sa propre lancée de vouvoiement. Elle ne voyait pas vraiment en quoi le « tu » était irrespectueux, mais n’escomptait pas manquer de respect à l’autre étudiant. Va pour un tutoiement à sens unique alors, tant qu’elle-même n’était pas vouvoyée, cela lui allait. Education italienne du sud, que voulez-vous ?

Mr Mime l’interrogea sur ses ailes, trop petites pour pouvoir voler bien que cet espoir n’échappait toujours pas à Nephilim, ainsi que sur ses membranes et, plus délicat à répondre, sur son accélération des processus biologiques, plus couramment appelé Berserk. Autant, les explications sur les ailes et les membranes ne pouvaient se faire que par la parole, autant démontrer comment était le Berserker, c’était bien plus délicat. Outre la relative nouveauté du pouvoir, c’était également son instabilité, sa dangerosité et les mauvais souvenirs qu’en avait Amy qui la rendait peut enjouée à l’utilisation de cette capacité. Encore que cela lui permettrait de se débarrasser vite fait bien fait de sa douleur à la jambe.

- Les ailes sont en réalité une partie de mes poumons, et elles me permettent de mieux respirer et d’absorber CO² comme O² pour ma photosynthèse, tandis que les membranes nictitantes sont vertes à cause d’un dérivé de chlorophylle me permettant d’absorber la lumière, commença-t-elle par expliquer, épargnant les détails qui la rendaient si passionnante à étudier pour des scientifiques comme le Dr Mc Coy – détails qu’au passage, elle ne comprenait pas toujours elle-même.

Puis vint le moment de la démonstration de l’accélération des processus biologiques… mauvaise idée ? Surement, mais comment l’expliquer alors qu’on envisageait de l’utiliser de toute façon ? L’italienne passa de nouveau une main derrière la tête en signe de gêne.

- Si j’ai tout suivit de ce que m’ont expliqué les docs, mon organisme s’accélère, à cause d’une suractivité cellulaire. Force, endurance, intelligence, vitesse, toutes mes capacités physiologiques augmentent… sauf qu’au bout d’un moment, je sature : paf, tachycardie, j’en suis à deux arrêts cardiaques pour l’instant ; deux « morts ». Sans compter que je gère mal les émotions quant je suis dans cet état : mon cerveau reçoit cinq fois plus d’informations, donc c’est assez bordélique. Mon corps c’est adapté pour éviter d’avoir des conséquences trop néfastes, et si je me suis entrainée à user de ce pouvoir, je préfère éviter à moins de nécessité. Je suis toujours un peu hyperactive quant je booste ainsi. Pas envie de passé pour une folle hyperactive…

…surtout devant des gens qu’elle connait mal, en fait. Avec Samuele, cela ne lui avait pas posé trop de problèmes, et si cela avait été évité en présence de Cait’, c’était surtout parce que cette dernière aurait eut beaucoup trop d’idées pour combler l’impatience de Nephilim, des idées que l’italienne savait qu’elle aurait refusées en temps normal mais son état mental altéré aurait put changer cet état de faits, et elle préférait éviter. Où alors que la rousse l’aurait frappé pour se mettre en danger inutilement, ce qui aurait put entrainer une réaction incontrôlée de la part d’Amy, réaction qu’elle voulait à tout prix éviter.

Elle resta silencieuse et immobile quelques instants, cogitant rapidement sur le pour et le contre ; bah, de toute façon, il n’y avait pas grand risque de rencontrer du monde ici et Smelter était prévenu que le Berserker c’était assez spécial. Puis il y avait cette douleur à la jambe aussi, sans compter que les Ala-pulmos l’aideraient à ne pas trop se déconcentrer... Rah, tant de pour et si peut de contre, hormis l’avertissement d’Emma sur le fait de se reposer sur ses pouvoirs et uniquement sur ses pouvoirs.

- Eloignez-vous un peu, s’il vous plait, demanda-t-elle pour avoir une distance de sécurité.

Le mime s’envola carrément, démontrant une autre facette de son pouvoir qu’Amy ne parvenait pas à relier au reste. En tout cas, elle maudissait ses propres ailes de ne pouvoir la porter ; tant de monde pouvait voler, et pas elle. Bref !

Elle ferma les yeux, prenant le visage le plus neutre possible, puis effaça la douleur. Ses ailes, jusqu’à lors calmes, s’agitèrent, non pas par battement, mais elles semblaient se gonfler et de dégonfler, comme du vent traversant les feuilles d’un arbre. Le rythme cardiaque d’Amy accéléra rapidement, devenant tout aussi vivement mortel pour un être humain, et le visage de la jeune femme fut prit de tics divers et variés, de plus en plus rapides et bientôt trop vif pour que l’œil humain puisse les saisir. Malgré son calme apparent, qui était plus que vacillant d’ailleurs, elle gigotait des mains et des pieds, ses pensées allant de plus en plus vite.

Que penserait-il ? Il la prendrait pour une hystérique à la voir ainsi immobile et crispée, tremblante alors que ses ailes étaient pliées contre son dos et qu’elle ne respirait plus que par elles ; cependant, pour avoir un meilleur effet de surprise quant à ses capacités, Amy ce devait d’attendre. D’attendre au moins une minute ; sauf que pour elle, une minute était aussi longue que cinq, et elle était devenue trop impatiente pour attendre cinq minutes avec la vitesse de pensée qu’elle avait.

Elle bougea donc, se relevant d’un même geste, sans les mains, et trois fois plus vite qu’elle n’aurait dû (littéralement). Combien de secondes ? 30 ? 40 ? Trop. Rouvrant les yeux, elle regarda Smelther, n’ayant plus mal. Ses poings se crispaient et se décrispaient en rythme toujours croissant, comme si elle avait eut des convulsions localisée, tendis qu’elle ne tenait vraisemblablement en place que par un effort de volonté ; effort bien réel.

- Sans situation de combat, c’est dur de montrer à quel point cette Accélération des Processus Biologiques est performante, mais si t’es d’humeur aventureuse, n’hésite pas à me jeter quelque chose de visible : je l’esquiverai, dit-elle certes rapidement, mais intelligiblement, un net progrès par rapport aux premiers essais.

Et bien sure qu’elle l’esquiverait, voyant, réagissant et bougeant cinq fois plus vite que la norme ; enfin, elle n’esquiverait pas une balle ou autre, mais une pierre ou un simili était parfaitement interceptable voir pouvait retourner à l’envoyeur en moins d’une seconde.

A ce que je peux voir, tu t’es décoincée, tu as arrêté de me vouvoyer!

Certes, quant elle avait le cerveau qui tournait de plus en plus vite, l’italienne n’avait plus trop tendance à s’arrêter à des détails ; pis Smelther le prenait bien, affaire classée.

Il était descendu des airs, ce qui n’était pas forcément une bonne idée, Nephilim c’étant plus attendu à ce qu’il concocte des boules de champs de force comme projectile ; mais non, après d’interminables cinquièmes de seconde, le Mine ramassa des cailloux. Plus il renait de temps et plus Amy avait de mal à tenir en place, son corps accélérant.

Elle les compta, n’ayant rien d’autre à faire de toute façon ; enfin, si, elle se demandait combien de temps il mettrait à les ramasser, s’il aurait l’intelligence de s’éloigner avant de tirer, s’il les tirerait un à un ou à répétition, s’il userait de son don pour les projeter, si ses trois doigts ne le gêneraient pas pour tirer… puis ses pensées dérivèrent : trois doigts, sa devait être bizarre, nan ? Outre que tu passais pour un extra-terrestre quant en maternel on faisait de la « peinture » avec les mains et qu’on offrait tout fier une feuille avec nos mains dessus version Hollywood, cela devait être dur d’écriture ou de se brosser les dents. Puis pour porter des bagues et autres chevalières, c’était l’arnaque ! D’ailleurs, il n’en portait aucune, la preuve qu’elle avait raison.

Et cela continua jusqu’à ce qu’il ait fini de ramasser ses caillasses, moment où Amy dû se re-concentrer.

Smelther lança ; pas de prêt ou d’avertissement ? Pis toutes les caillasses d’un coup ?! Mauvais joueur !

Amy bougea vite, certes, cinq fois plus vite, même, mais esquiver un projectile à dispersion à quelques mètres de distance, on lui en demandait beaucoup. Combien, une seconde avant impact ? Deux ?

N’ayant plus de douleur, elle se releva d’un geste, environ deux cinquièmes de seconde après que les cailloux aient été lancé (oui, un cinquième pour que l’information monte au cerveau et un cinquième pour qu’elle redescende), bondissant de la position qui était la sienne quelques mètres en arrières. Malgré l’accélération de vitesse, l’italienne ne bougeait toujours pas aussi vite que les cailloux, et bien que son déplacement lui eut permis d’éviter le gros de la masse, elle s’en prit quant même sur les genoux.

Durant un cinquième de seconde, elle eut une expression contrariée, puis commença à parler, cette fois à vitesse normale (pour elle) :

- Mauvais-joueur-je-t’avais-dis-quelque-chose-de-visible-pas-la-moitié-de-scott-hart, déclara-t-elle en un peu moins d’une seconde, comme si elle n’avait prononcé qu’un mot, croisant les bras sur son torse encore plus rapidement.

L’exemple du gros mec en rubis était certes mal choisit, puis que c’était de la caillasse qui lui avait été jeté et non pas des rubis – dommage d’ailleurs –, qu’il n’en avait pas jeté une tonne et que quant le Big Red était brisé, il se reformait. Mais elle ne connaissait pas d’éboulis mutant, pas de bol.

Fermant les yeux, elle poussa un long soupir, désactivant l’APB. Ses ailes ralentir leur rythme, et après quelques secondes, Amy les repliant, son cœur revenu à la normal. Regardant un instant sa cheville, la décollant du sol pour la plier de travers en faisant preuve d’équilibre, l’italienne s’aperçue qu’elle n’avait plus mal.

Relevant la tête et reposant les pieds, elle sourit à Smelther.

- Bon, je suis bien ; on court ensemble en discutant ?

Proposition comme une autre, mais maintenant qu’ils s’étaient tombés dessus, s’eut été dommage de courir chacun de son côté. Après, vu comme il était arrivé après elle, peut-être que courir et discuter n’était pas au programme du Mime. Elle lui forcerait pas la main, et était même prête à rester discuter s’il lui en faisait la demande. Elle pouvait bien perdre quelques minutes, après l’entrainement qu’elle avait fait.

Smelther était mal à l’aise de sa bêtise, mais Amy n’était pas rancunier et n’avait pas été blessée, hormis peut-être un peu dans son orgueil mais cela elle s’en moquait, donc il n’y avait pas de problème. Il s’excusa cependant, acceptant l’offre s’il avait le droit d’user de ses pouvoirs. A ben ça c’était sur que s’il faisait du jogging en volant, quant il touchait le sol il allait avoir du mal. Mais bon, chacun profitait de ses pouvoirs comme il l’entendait, elle, elle était plus endurante et mieux nourrie.

Elle attendrait qu’il soit prêt avant de partir, elle-même n’ayant plus la douleur pour sa cheville. Cela prit assez longtemps, enfin pour elle qui, le temps que les effets de l’APB se dissipent complètement, restait légèrement impatiente. Il se regarda, d’abord les jambes, puis le torse et les bras, surement pour visualiser quelque chose et le créer. Et lorsque l’objet en question apparut, la mâchoire d’Amy se décrocha ; purée, il avait matérialisé une armure de plates en champ de force
En plus, son armure faisait du bruit ! Comment de la lumière pouvait-elle faire du bruit ?

- Euh, question comme cela : t’es d’la famille à Paladin, le professeur Morgan Stronghold, toi, nan ? Votre pouvoir c’est le même sauf que t’as les illusions en plus.

Certes, c’était une question stupide : Smether et Morgan étaient très différent physiquement, mais aussi de part leurs origines. Et à bien y réfléchir, de part leurs dons aussi. Nan, en faite, ils n’avaient rien en commun à par le sexe et le fait qu’ils n'avaient tous deux pas vingt doigts de chairs. Ouh la boulette…

Restait à espérer qu’il ne connaissait pas Paladin, et qu’il ne demande pas qui c’était. Aucune chance.

- Nan, je plaisante, ce rattrapa-t-elle comme elle le put.

Tournant les talons pour recommencer à courir comme il lui avait proposé, Amy constata parfaitement son geste de fuite : là pour faire fort elle avait fait fort.

Recommençant à penser au rythme de ses pas, elle se dit d’avoir été contente de faire cette blague à un autre élève qu’à un professeur, surtout à un professeur comme Morgan qu’elle n’avait pas osé aller remercier après les événements qu’ils avaient vécu ensemble. Il faisait certes partis des X-Men qu’elle admirait le plus, mais aussi de ceux qui l’intimidaient le plus, avec Cyclope et Wolverine, bien qu’eux elle n’en eut connus que de réputation.

Etant toujours dans le bois, elle ralenti légèrement ses réflexions pour regarder où elle mettait les pieds, histoire de ne pas faire un remake de la fougère dans les choux. Elle courrait peut-être moins vite que précédemment, mais cela ne se ressentait pas encore extérieurement : elle gardait un excellent rythme, surtout en tout terrain.

En même temps qu’elle faisait son jogging, l’italienne essayait de se concentrer un peu sur son ouïe, histoire de ne pas être surprise quant un chevalier en armure commencerait à essayer de la rattraper. C’était stupide comme truc, d’ailleurs, l’armure pour courir, à moins qu’il ne s’agissait d’une exo-armure qui augmentait sa force ; ce dernier cas étant plus probable car lui donnant un avantage à la course au lieu d’une difficulté. Mauvais joueur.

Heureusement qu’elle-même n’était pas mauvaise joueuse, parce qu’une course entre une exo-armure volante et elle en APB, c’était loin d’être une bonne idée. La course à pied n’était que le premier de ses entraînements de la journée, et elle devait conserver des forces pour la suite ; ne pas faire d’excès de zèle, quoi.

Et dire que c’était elle qui se disait cela !

Elle courait, à vitesse modérée pour que Smelther puisse la rattraper sans s’essouffler à l’effort, mais aussi pour ne pas faire le remake de sa chute précédente. Elle attendait aussi les cliquetis avertisseurs de l’approche du mime, qui devaient signaler son approche.

Et ils le firent, mais de la seule façon dont l’italienne ne s’attendait pas. Ok pour l’armure, si elle permettait d’aller plus vite ou de voler, mais là Smelther atterrit version mastodonte à côté d’elle, la surprenant en plein élan, chose qui causa une nouvelle chute, alors là même qu’il lui parlait.

Retournant parmi les feuilles et les racines en un juron lâché par reflexe en italien, Nephilim vit sa course s’interrompre à nouveau de façon brutale et non désirée. Tête contre le sol, elle eut un temps de latence avant d’exaspérer, poussant un long soupire avant de se relever.

Elle ne c’était pas fait pas, pas aux chevilles en tout cas : son visage avait morflé, de même que son poignet lorsqu’elle avait amortie sa chute, et elle était désormais à plat ventre contre la terre, un peu plus loin qu’un arbre.

Fuck, Scheisse, Merde, Merda, etc. elle s’était recassée la tronche ; bon, on pouvait difficilement faire moins crédible pour le coup, moins dégourdie ou plus maladroite. Se relevant en secouant la tête et s’empoussiérant plus ou moins tout le flan droit, elle regarda le mine en armure d’un air contrarié.

- C’est un jogging, tricheur. Tu m’as fais peur avoir ton entrée aérienne, et…

Amy s’interrompit, remarquant quelque chose qu’elle n’avait pas vu jusque là : Smelther était blessé ; une longue cicatrice, du nez jusqu’au sommet du crâne. Surprise, interdite au point d’en perdre son latin, il fallut plusieurs secondes à l’italienne pour qu’elle arrêtât de fixer le front de l’autre élève, et qu’elle reprenne la parole, inquiète.

- Et…et… c’est quoi cela ? Tu t’es blessé en sautant ?!

Question idiote, car la plaie était déjà refermée, et mal refermée d’ailleurs, ayant dû s’infecter pour laisser une telle marque, mais il ne l’avait pas eut avant qu’elle ne parte. Amy grimaça, observant un peu plus ; traces de maquillage.

- C’est moche, tu t’es fais cela comment ?

L’italienne avait un peu de mal avec les cicatrices physiques, car outre que son propre corps ne pouvait être définitivement marqué, comme l’avait prouvé le fait qu’elle eut régénéré la brulure électrique faite pas sa petite amie, c’était les impacts de balle présent sur l’épiderme de cette dernière qui l’attristait le plus, car elles trahissaient une douleur physique et généralement moral et rappelaient sur le long terme cette douleur.

Elle n’alla pas jusqu’à toucher, ni même lever les mains pour s’interrompre, un tel contact n’était pas dans ses habitudes ou ses facilités hormis pour la personne qui partageait sa vie, mais elle se hissa sur la pointe des pieds pour mieux voir. Heureusement que le chevalier-mime n’avait pas de casque lumineux ; de toute façon, on ne devait pas pouvoir voir au travers.

Mais ce n’était pas la question, songea-t-elle en agrippant ses cheveux pour en virer négligemment la terre, détournant un peu le regard.

- Sa va pas vraiment le faire si tu t’amuse à voler au lieu de courir, j’ai beau être plus endurante que la moyenne, je tiendrais pas. Après, c’est sur que vu comme t’étais fatigué tout à l’heure, tu ne suivras pas mon rythme, même si je ralentis, déclara-t-elle le regard perdu dans le vague.

Elle ne devait pas se laisser aller, elle avait trente-et-un jours pour s’améliorer le mieux possible, et en cela elle ne pouvait pas réellement perdre de temps : on ne devenait pas X-Men en ne donnant pas le meilleur de soi. En même temps, elle n’était pas à dix minutes près…

Bah, elle verrait bien si Smelther était prêt à continuer de jogging en gentleman ou préférait arrêter là, parler restant une option bien qu’elle préférait le faire en courant, généralement indifférente aux points de côtés jusqu’à ce qu’ils apparaissent, résistante après bien que de manière générale, elle les éliminait avec l’APB.

C’était chiant en fait, ils avaient des pouvoirs tellement différent que quoi qu’ils fassent, l’utilisation de l’un désavantageait forcément l’autre, et pas moyen d’équilibrer la donne : elle n’avait pas envie de courir à côté d’un volant, cela la démoraliserait, surtout si elle devait par la suite user de ses propres capacités pour ne pas souffrir d’une boulle au ventre.

Et elle n’avait pas répondu à la question qui lui avait été posée.

Smelther semblait surprit pas ses questions, devant réfléchir un instant pour se rappeler d’où lui venait la blessure : une bagarre avec une autre mutante et des purificateurs, et le grand niais qui avait couvert la blessure avec du fond de teint AVANT qu’elle ne soit refermée. Amy grimaçant en pensant à la douleur que cela avait dû lui faire.

- Ohi, et ça te serait pas venu à l’idée d’aller montrer cela aux infirmières ? La plus jeune est guérisseuse, je suis sure qu’elle pourra t’arranger cela. Où si ça te gène d’aller voir avec elles, y’a Josh Foley aussi qu’est guérisseur, si tu lui demande il t’arrangera cela en quelques secondes.

Oui, malgré des pouvoirs régénérateurs qui s’amélioraient toujours plus, elle avait une carte fidélité à l’infirmerie, notamment pour réanimation cardiaque, et connaissait bien le personnel qui y travaillait comme les élèves qui y faisaient du bénévolat.

Il y eut sur le visage du mime une drôle d’expression, qu’Amy plaça entre la gêne et la frayeur, ainsi elle n’allait pas plus creuser sur le sujet de la mésaventure, ne voulant pas être désagréable. Dommage, elle aurait bien voulut savoir pourquoi un élève de l’Institut se fritait avec d’autres mutants, car si les Purificateurs cela tombait sous le sens, Smelther ne devait pas avoir de très bonnes fréquentations s’il était amené à ce battre avec.

Bon, juste pour information, je ne vole pas, mes objets de force me permettent de faire toute sorte d’objets, y compris de ressorts, qui m’ont permis de faire ma lancée et mon atterrissage, qui t’a surpris un peu, ils me permettent aussi de faire des plateformes pour rester dans les airs, mais a partir de la, il faut que je marche / courre ou utilise des objets de force a nouveau.

Amy ne dit rien, ne voulant pas le vexer en mécomprenant son don, qui visiblement, à défaut d’être compliqué, avait des applications multiples et variées. Un fait qu’il démontra immédiatement après, par ailleurs, en matérialisant des espèces de bottes ressorts, usant à nouveau de ses pouvoirs pour créer des inventions.

Nephilim les regarda encore plus surprise, à la fois parce qu’elle n’avait rien n’imaginée de ce genre, mais surtout parce qu’un jeune homme en armure rouge laser avec des chaussures à ressort, c’était pas tous les jours que l’on en croisait. Assurément que sa copine voudrait le rencontrer, vu qu’il était presqu’une attraction. En tout cas, son pouvoir était différent de celui de Paladin, finalement.

Avec ses godasses de compétitions, le Mime pensait être capable de courir, discuter et ne pas s’essouffler, Amy aurait aimé pouvoir en dire autant, cependant elle devait avouer être très intriguée par les bottes ; et part le fait que Smelther tenait debout avec !

Elle-même qui n’avait jamais été fichue de porter des talons hauts sans finir par terre, elle l’admirait en quelque sorte.

- Et tu vas réussir à courir avec ça ? Déjà que l’armure doit pas mal restreindre tes mouvements, alors l’armure et le ressort, ça demande de l’entrainement, non ? Se baissant pour examiner les objets suscités, elle poursuivit. T’es pas un mime en fait, t’es un inventeur, nan ?

Elle avait toujours était plus ou moins curieuse, et pour le coup, elle était sacrément intriguée. Elle savait qu’elle perdait du temps pour son entrainement, mais si elle voulait que son histoire ne soit pas trop fantaisiste quant elle la raconterait à midi, il lui fallait bien la comprendre un minimum. Bon, avec un peu de chance, les Cuckoos seraient présentes aussi, et elles pourraient faire partager le souvenir si les explications ne suffisaient pas.

Contrairement à la plupart des personnes, qu’on lise dans sa tête ne gênait pas Amy, tant qu’on ne touchait à rien. Après avoir communiqué tous ses souvenirs et toutes ses expériences à un garçon de douze ans, on relativisait beaucoup la transmission de pensée. Seul ce qui touchait au contrôle et à la manipulation lui posait réellement problème, en fait.

- Pour parler en courant, tant que j’ai pas de point de coté ça me va ; après par contre faudrait ralentir le rythme, ou alors se taire, conclue-t-elle finalement, se relevant après son examen, pas beaucoup plus avancée dans la compréhension du mécanisme lumineux que lorsqu’elle c’était accroupie.

Visiblement, Smelther devait, à l’instar de Forge et de Franklin, vivre dans un autre monde : il ne voyait pas les choses de la façon lambda. Je viens de me faire éborgner par un purif’, pas grave, sa saigne encore mais un peu de fond de teint et on y verra plus rien ! Ne oser aller voir un soigneur quant on s’était blessé, c’était stupide. Où, Amy ne le faisait pas non-plus, mais elle, son pouvoir c’était la guérison, cela changeait tout !

Le Mime préférait y voir un symbole de son propre échec, avec l’alcool et avec les femmes, visiblement ; Nephilim ne rajouta rien, car elle ne voyait pas quoi rajouter. Il culpabilisait inutilement, sans doute, mais libre à lui de le faire, et ne connaissant pas les détails de la soirée, elle n’allait pas s’avancer et dire des idioties.

Après un blanc et un temps mort visiblement utilisé à la réflexion, Mr Mime fit disparaitre ses accessoires, soupirant.

Je pense qu’il serait mieux que nous allions chacun de notre coté pour nous entrainer, cela s’avèrerais un fardeau pour l’un ou pour l’autre de faire des concessions, je ne suivrai jamais ton rythme très longtemps sans mes pouvoirs, et les utiliser en lèverait toute la notion d’entrainement que je m’étais fixée…

- Erf, c’est pas faux, on ce dit à une prochaine alors ?

Alors, avant que nous allions chacun de notre coté pour poursuivre ce que nous faisions avant de nous rencontrer, je pourrais t’expliquer en détails mes pouvoirs, malgré que j’essaierais de faire un résumé, et je pourrais, si tu veux, ajouter l’histoire avec la mutante, si tu es intéressée.

Amy se passa une main derrière la tête, gênée.

- Bah, les explications scientifiques et moi, ça fait deux ; Le Fauve a déjà tenté de m’expliquer le fonctionnement de mon propre pouvoir, et le résulta a pas été faramineux. Par contre, l’histoire de ta plaie, c’est plus intéressant, mais t’en as déjà parlé à quelqu’un rassure-moi ; un X-Men ou un membre du personnel ? Faut pas garder une agression pour soit, surtout si elle est des purificateurs ; je sais de quoi je parle, je me suis fais sermonnée après Mutant Town parce que j’avais rien dit.

Enfin, rien voulut dire, le BAM lui avait laissé le soin de prévenir l’Institut pour son implication dans les évènements de janvier, ce qu’elle n’avait bien évidement pas fait, préférant voler un couteau en cuisine pour tenter de forcer le fonctionnement de son Facteur Guérisseur, chose ayant marché un temps avant de dégénérer en l’Accélération des Processus Biologiques durant son agression au Met. Mais elle n’allait pas souligner plus son hypocrisie : faites ce que je dis, pas ce que je fais.

Mais passons ; visiblement, Smelther et elle avaient un point en commun : la capacité incroyable à se mettre dans des situations délicates voir périlleuses. Déjà, ils avaient tous deux eut droit aux Purificateurs, elle à Mutant Town, durant l’incendie qui avait signé leur entrée en scène, et lui dans des conditions qu’elle n’allait pas tarder à apprendre ; par contre, elle-même n’avait encore jamais affronté d’autres mutants, juste des cyborg, et cette affaire l’intriguait vraiment : elle n’était pas violente de nature, même si depuis ce que la presse avait nommée « Plan Néron » elle s’entrainait dure, et depuis le début de ce mois, elle s’entrainait encore plus.

Elle avait un bon niveau, mais probablement pas celui de Smelther s’il s’amusait à se battre face à d’autres mutants ; elle-même savait ses propres pouvoirs extrêmement limités face à ceux de la plupart des mutants, encore que l’APB devait lui permettre de tenir un peu ; sa force et son endurance étaient aux limites de celles des humains, mais sa vitesse leur était clairement supérieure : si elle parvenait à égaler physiquement des haltérophiles olympiques, c’était par sa vitesse qu’elle dépassait les capacités de l’Homo Sapiens. En bougeant cinq fois plus vite que la normale, peut-être pouvait-elle affronter d’autres mutants, mais elle n’avait pas véritablement l’envie d’essayer. Même ses entrainements avec Jubilee se faisaient sans pouvoir.

Smelther se tenait pour responsable du combat, ainsi Amy attendait d’en savoir plus pour comprendre : il n’avait pas l’air d’un mauvais garçon ou même d’un bagarreur, sa cicatrice exceptée, et si les apparences étaient souvent trompeuses, le comportement du Mime n’était pas celui d’un violent.

Elle attendait son histoire, puis ils se sépareraient, comme convenu.

A en juger par le visage de Smelther, la soirée n’avait pas été agréable, même avant la blessure ; il commença à parler avec avoir clos ses yeux, gesticulant non-pas pour mimer ce qu’il avait vécu mais pour le dessiner avec ses illusions, bien qu’Amy n’était pas sure de vouloir voir la violence de Purificateurs à nouveau. Elle le ferait cependant, elle avait déjà revécu cela en Salle des Dangers, Mutant Town, avec Jubilee. C’était là-bas en outre qu’elle avait développé le Facteur Guérisseur Accéléré, après quelques mutilations au passage, qui avait par la suite dégénéré en l’APB. Mais ce n’était pas d’elle qu’il s’agissait en l’instant.

Smelther c’était saoulé, expérience qu’elle ne connaissait pas et ne connaitrait surement jamais, et qu’elle n’enviait pas forcément, si ce n’était pour la curiosité.

Par la suite, il s’en allait jusqu’à une échoppe de ferronnerie pour acheter des gants – lien de causalité inconnu aux yeux de l’italienne, mais mettons – et percutait une femme avec une crêpe au chocolat. Là où toute personnes civilisées et bien pensantes se seraient excusées l’une l’autre en prenant en charge la tragédie à leur compte, l’état du Mime lui avait fait rendre la tâche à l’autre personne, avec ce que lui avait le plus en lui : de l’alcool. Il lui avait gerbé dessus, quoi. Bon, à la limite, il ne c’était pas fait une amie mais il n’y avait pas mort d’hommes ; mais pourquoi s’arrêter là ? A, les mecs bourrés…

Une prise de conscience plus tard, il se comporta enfin « normalement », mais fit un Epic Fail, comme dirait Cait’, surpassant tous les autres : utilisation malencontreuse de ses pouvoirs et hop, il avait quiché sur le sexe de l’inconnue. Bon, d’accord, là, il était irrécupérable.

Quelle idée d’aller se saouler aussi !

Mais cette histoire coquète, racontée en toute sincérité par un jeune homme ayant visiblement l’habitude de l’alcool vu les détails dont il se souvenait, devint encore plus surréaliste : que la nana le gifle, okay, qu’elle crit à l’agression aussi, voir à la limite qu’elle lui assène un coup à l’entrejambes, d’accord, mais qu’elle lui dise d’attendre là pour revenir le buter, là c’était tout simple… Même Caitlyn dans ses pires jours aurait pas put faire mieux (quoiqu’elle n’avait jamais vu Cait’ bourrée et que la dernière fois que cela avait été le cas, elle avait fait une tentative de suicide).

A son retour elle avait changé un peu. Ses yeux de serpents brillaient d’une lueur de meurtre et elle semblait avoir mué. Sa peau se détachait de part et autre de son corps, laissant une substance gluante derrière elle… S’ensuivit un combat à sens unique…

Et il fit apparaitre la mutante comme preuve de ses dires ; il aurait tout aussi bien put monter un flan, cela n’était pas une preuve que de faire preuve d’imagination. Cependant, elle ne voyait pas de trace de mensonge sur son visage, et une histoire relativement aussi improbable avait tellement peu de chance de paraitre crédible qu’elle en était surement vraie. Bah, elle n’aurait qu’à lui demander de tout raconter à l’envers : quant on créait une histoire, on apprenait à la réciter à l’endroit, pas à l’envers, ainsi pour vérifier si une histoire était vraie ou non, il suffisait, du moins chez une personne au QI moyen, de lui demander de la raconter à l’envers. Bon, les personnes d’un certain niveau intellectuel vous scotchaient sur place en le faisant sans sourciller, mais ce n’était pas le cas des personnes lambda qui perdaient le fil de leur récit.

Malgré sa vitesse et son agilité, elle ne pouvait rien faire contre mon armure invisible. Je fis apparaitre une corde autour de son cou pour l’intimider et l’immobiliser. Mais le fil se pris dans un crochet d’un poteau électrique, l’étranglant. La seule chose que je pensai a faire, ce fut de l’envoyer promener sur le toit le plus proche, ou elle atterri sur un matelas pneumatique.

P’tain, ça c’était de la chance ; déjà, Nephilim ne comprenait pas pourquoi il avait prit la peine d’accrocher ses illusions et champs de force à un poteau électrique, invoquer un disque autour de la gorge aurait suffit selon elle, mais en plus, plutôt que de faire disparaitre l’invoc’, il avait préféré jouer à la catapulte humaine. We have a new champion ! (désolé Cait’, t’es battue).

S’arrêtant dans son histoire grotesque, au sens premier du terme, Smelther prit une gorgée d’eau, laissant une Amy ahurie digérer son histoire. En fait, elle n’était pas si maladroite finalement.

Reprenant par un nouveau long monologue, il se défendit d’actes visant à blesser mais uniquement à effrayer, chose stupide si l’autre continuait le combat contre toute raison, mais visiblement le cas, et vainquit la mutante en l’assommant, sans le faire exprès. En gentleman bien éduqué et visiblement ayant dégrisé durant la partie, il prit le pouls de son adversaire et reçut le couteau qui lui fit sa blessure. Paf, comme cela, Purificateurs Moobs découverts ; surréaliste complètement. Usant de son intellect comme aucun mec bourré avant lui, Smelther avait protégé son adversaire et défait les Purif’ par la ruse, illusions sur illusions. Et il lui peignait la scène dans les moindres détails.

Mensonges, obligé ; il ne pouvait pas se souvenir avec autant de détail d’une situation si impossible où il était le héros, tous les événements jouaient contre lui là : le taux d’alcool, le coup sur la tête. Il ne mentait pas, donc il devait y croire, mais elle n’y croyait pas. Il lui montait un flan pour la dragué, là, pas possible autrement. Sa joie n’était pas de la fierté pour ses actes, il était juste en train de se moquer d’elle. Bon, ce n’était pas du mépris, donc son mensonge n’avait un but malveillant ou personnel, et il n’était pas méchant, il voulait juste pousser sa crédulité jusqu’au bout.

Puis sautant de toit en toit, je traversai la moitié de la ville, jusqu’à un motel éloigné, pour être sûr que je n’avais pas été suivi. Je l’ai ensuite déposée sur le lit. J’ai enlevé mon bandage de fortune que j’avais fait avec un objet de force, et remplacé par un vrai de la pharmacie de la salle de bain. J’ai barré la porte et j’ai été à l’hôpital.

Sourcils dressés, absolument pas convaincue, elle le laissa conclure. Passant une main derrière la tête, gênée de ne trouver ses mots, elle reprit la parole à son tour.

- Ouef, s’tu l’dis. Un peu trop tiré par les cheveux pour moi, ton truc, désolé. Je suis naïve, mais pas à ce point. En tout cas, t’es presque meilleur conteur que mime, tu sais ? C’est pas méchant, hein ?

Elle fit une pause, le regardant.

- En tout cas, ravie de t’avoir rencontrée, la prochaine fois tu me diras peut-être comment cela c’est réellement passé, hein ? Y’a pas de honte à avoir, tu sais ?

Se fut avec un petit rire amusé qu’elle quitta Smelther pour reprendre sa course, ayant une rencontre farfelue à raconter à sa copine le soir même.