Chez Danko, y'a tout c'qui faut ! (Bronx) Pv Amy

Comment avait-elle put atterrir là ?

La dernière fois qu’elle s’était posée cette question, Amy avait mit beaucoup de temps pour s’en remettre, et sa vision du monde avait changé à jamais ; aujourd’hui c’était l’inverse : pour ne pas que sa vision du monde ne change et qu’elle s’en remette, elle avait atterrit ici.

Déjà, commencer par le ici : le Bronx, à New York. L’image qu’on avait du Bronx était plutôt péjorative, car longtemps considéré comme l’arrondissement pauvre de la métropole mondiale, les préjugés à son encontre voulaient en faire un milieu défavorisé et peu sure pour les personnes extérieures. Certes, ce n’était pas Manhattan, mais Amy ayant déjà été agressée deux fois sur l’île, le Bronx ne devait pas être beaucoup plus dangereux que son voisin « riche ».

Toujours était-il que sortir si peu de temps après la seconde desdites agressions n’avait pas été de son plein gré. La dernière fois, il lui avait fallu trois semaines pour remettre le nez hors de l’Institut ; pis là, seulement quelques jours après l’embuscade du Met, elle était de nouveau dehors. Il n’y avait qu’une seule personne qui aurait put la convaincre de faire cela, et elle l’avait fait : Caitlyn Elioth, aka Fuzzy, sa camarade de chambre à l’Institution Xavier, dont la franche camaraderie et le passé similaire, ainsi que l’exubérance et la gentillesse maladroite mais épique, avaient conduits à un rapprochement aussi soudain que bienvenu. Des sœurs de cœur, cela avait été annoncé à voix haute, et surtout, cette promesse implicite n’avait pas été rompue.

Quant Nephilim était revenue, chamboulée après l’attaque des Cyborg, Cait’ l’avait consolée. Devant son refus de sortir, la Tite Rousse avait fais des pieds et des mains pour la convaincre du contraire, ce qui avait fini par marcher. Alors que Nephilim, Wiccan et Paladin avaient été prit au piège dans le Met par une bande de dégénérés augmentés mécaniquement, Fuzzy avait reçu un héritage de son mystérieux passé sous la forme d’une belle mallette de dollars. Et comment lui refuser la dépense de cet argent tombé du ciel (et des poches d’un mec en costume noir) alors même que quelques jours plus tôt, elle lui avait promise une sortie en ville ? Puis Caitlyn savait se montrer convaincante, et lorsque cela ne suffisait pas, insistante.

Du fait, Amy avait finie par la suivre ; ou plutôt la conduire. Bon, l’Institut lui prêtait une voiture pour se rendre en cours, du fait de son cursus externe, mais comme elle ne rendait pas les clés à chaque retour, l’italienne pouvait s’en servir n’importe quant et pour n’importe quoi. La meilleure surprise restait cependant que l’on refaisait le plein d’essence pour elle, et donc la laissait sciemment vadrouiller dans la nature. Certes, cela ne lui avait pas toujours réussit, mais c’était une chance que peu d’élèves avaient.

En bref, malgré les quelques égratignures qu’elle pouvait encore avoir, ainsi que les nombreux bleus dont la guérison était à un stade deux fois plus avancée qu’elle n’aurait dû, elle était sorti avec Cait’. Des vêtements amples, jeans, t-shirt, pull et veste dans des tons gris, une écharpe claire nouée autour du coup pour dissimuler la marque sur sa gorge, des ballerines et c’était reparti.

Conduire l’heure qui séparait l’Institut de Manhattan n’avait pas été plus fatiguant de d’habitude, mais la conduite dans le Bronx, milieu qu’elle ne connaissait pas, avait été un peu plus délicate. Pourquoi le Bronx ? Selon Cait’, parce qu’on y trouvait les meilleurs instruments de musique. Un mensonge, plutôt flagrant pour une personne comme Amy ; elle n’avait cependant pas contredit Fuzzy. Elle lui faisait confiance. De toute façon, si Caitlyn avait quelque chose en tête, outre que l’italienne ne pensait pas être capable de le lui enlever, mais surtout elle était convaincu qu’elle ne tarderait pas à le découvrir ; pour son bonheur comme son malheur.

Enfin, une sortie en ville ne pouvait pas être aussi traumatisante que l’attaque du Met, ou celle de Mutant Town. Il pleuvait, ce qui avait contribué à la déprime de Nephilim ainsi qu’à l’impossibilité d’accélérer son Facteur Guérisseur, mais pour une fois, la fraicheur de la pluie avait été bienvenue.

Une fois la voiture garée, et la prière de la retrouver là au retour faite, l’italienne avait suivit l’irlandaise dans le borough sans faire d’histoire. Et elle était arrivée jusqu’au décor présent.

Magasin de musique au nom spécial – à l’instar de son gérant d’ailleurs – dans lequel une jeune mutante survoltée faisait un esclandre.

Aucune des guitares présentes ne semblait convenir à Cait’, qui le faisait savoir avec son habituel dynamisme, soutenu par son tout aussi habituel langage imagé.

Amy était mal à l’aise, vraiment mal à l’aise. Quelques pas derrière Caitlyn, mains croisées dans le dos, regard fuyant et lèvre pincée, en plein milieu d’un magasin dans lequel elle n’aurait jamais mit les pieds de sa propre initiative et face à grand tatoué et taciturne, elle se disait qu’elle était peut-être, enfin probablement, un aimant à ennui. D’ordinaire, elle aurait eut plutôt peur. Non, d’ordinaire, elle ne se serait pas trouvé ici, mais passons. En cet instant précis, elle n’avait pas peur. Gênée, oui, mais pas effrayée. Même quant, après avoir essayé une énième guitare et l’avoir trouvé à son goût, Fuzzy balança de but en blanc qu’elles étaient mutantes (et malheureuse, ce qui comme le premier détail, ne se voyait pas au premier regard) et donc qu’elles méritaient une réduction, Amy fut plus consternée par le discours de Cait’ qu’effrayé à l’idée de la réaction du type. Fuzzy avait encore mal interprété son don, voulant l’enjolivé (ben oui, dire qu’elle bouffe comme les plantes et régénère plus rapidement quant il fait beau temps sa a pas la classe, alors que Phytokinésie, ça c’est du don), mais surtout avait déclaré ouvertement qu’elles étaient mutantes, après plusieurs attaques anti-mutantes. Si des Purificateurs ou des Cyborg rappliquaient, ça allait être leur fête. Nephilim n’avait pas envie de se battre, mais depuis peu, elle avait réellement comprit pourquoi Jubilee avait été aussi impressionnée la première fois qu’elle l’avant vu en Salle des Dangers.

D’ailleurs c’était une idée cela ; aller faire un tour chez Danger, avec Caitlyn surement, histoire d’être prête pour la prochaine fois que Dieu la mettrait à l’épreuve.

Amy n’eut pas le temps de réfléchir plus, concluant sa phrase en demandant un avis. Mais celui de qui ? Du tatoué baraqué ou de l’étudiant en psycho vêtue comme en plein hivers ?

L’italienne ne répondit rien, bafouillant quelques instants puis décidant finalement de laisser la main.

Danko ne semblait pas intimidé le moins du monde par Cait’ et son discours, et Amy devait y être pour quelque chose : pâle, gênée, stressée, mal-à-l’aise ; nombre de qualificatifs auraient put lui être accolé, et ils contribuaient certainement à ne pas rendre crédible les menaces de Fuzzy. Clairement, le gérant semblait prêt et capable à les éconduire s’il le devait. Peut-être était-il lui-même un mutant, mais en tout cas, il était physiquement capable de les mettre dehors à coup de pied dans l’arrière train ; peut-être même de leur faire traverser la rue de cette manière !

Mike The Dead reprit la parole de sa voix usée par la cigarette, répliquant en lui lançant quelques fientes bien loin du niveau de celles que pouvait propulser la Tite Rousse. Tite Rousse qui semblait d’ailleurs bien décidée à lui en mettre plein la vue, ce qu’elle fit sans la moindre pudeur et de sa façon si particulière.

Si le regard d’Amy avait put aller encore plus bas que ses pieds, elle aurait creusé à la vitesse d’une foreuse industrielle.

Le discours de Caitlyn était clairement à double sens, et pour l’autre armoire à glace et pour elle-même : une fois encore, les propos de Cait’ touchaient juste, mais Amy avait déjà comprit cela. Comprit, mais refusait de l’appliquer. Elle s’était entrainée dure pour pouvoir se battre, ce qui lui avait servi, mais elle avait toujours se contrecoup après le combat, celui de s’isoler quelques jours pour ruminer les malheurs du monde et digérer ce qui c’était passé.

Danko resta impassible ; en tout cas pour des yeux normaux. Nephilim lançait de vifs regards sur la scène à quelques mètres d’elle, pour être sur que cela n’allait pas mal tourner. Elle n’avait pas envie de se battre, mais jusqu’à lors, on ne lui avait jamais vraiment laissé le choix. Elle s’imaginait déjà retourner au BAM au côté de Cait’, cette fois non pas en qualité de témoins, mais de délinquante. Elle, une délinquante ? Toute personne la connaissant un minimum aurait rit à cela, mais en cette instant, c’était une possibilité que l’italienne envisageait plutôt sérieusement. Elle n’avait jamais fais les bêtises qu’on aurait put s’attendre à la voir faire, mais cela allait peut-être commencer.

Bref, lorsqu’il ne put plus se contenir, le gérant éclata de rire. Ouf !

Finalement, Caitlyn eut droit à une belle réduc’, s’étant visiblement attiré la sympathie de l’armoire à glace. Amy, elle, se dégonfla comme une baudruche : cela n’allait pas partir en live.

Bon, elle restait pas mal mal-à-l’aise, en bon Ovnis qu’elle était dans ce monde là, mais n’avait plus de crainte que cela tourne mal.

Fuzzy la regarda tandis qu’elle signait l’acte de vente ; toujours le regard fuyant, les mains croisées dans le dos comme une fillette qu’on gronde, Amy essaya de se raccrocher au regard familier de sa sœur. Bien entendue que son discours avait été à double sens, Caitlyn voulait la rassurer. Ce qu’elle avait dit devait également s’appliquer en cet instant, mais si l’italienne avait eut quelques dons d’invisibilité ou de téléportation que ce soit, elle aurait disparue depuis un bon moment.

Lançant un timide « au revoir » en sortant du magasin, Amy recommença à suivre Caitlyn, l’écoutant.

Bon, la rousse était fière de son affaire, et la taquinait. Il pleuvait toujours dans la rue. Nephilim comprenait Fuzzy comme son discours : non, il n’y avait pas que des idiots anti-mutants et des Terminator version la redoute dans les rues, cela ne constituait même pas la majorité des gens ; heureusement d’ailleurs. Mais quant à gueuler plus fort qu’eux : Caitlyn n’avait pas connu la violence comme elle, et ne pouvait pas le comprendre. Il ne servait à rien de gueuler, il fallait juste frapper fort là où cela faisait mal. Amy se posait en victime de la haine, mais ne l’était-elle pas ? Elle devait accepter cela pour avancer, pour ne plus l’être. Son corps était encore douloureux, malgré sa régénération accrue.

Être fier de sa nature ; l’italienne ne pensait pas qu’on puisse tirer la moindre fierté d’être mutant ou humain ; c’était le terreau pour les idéologies extrêmes, la différence. Puis marcher la tête haute, avant de le faire métaphoriquement, il faudrait déjà qu’elle le face au sens propre. Après le stress du magasin, elle continuait de fixer ses pieds et les endroits où elle les posait, l’eau de n’infiltrant pas dans sa nuque que grâce à l’écharpe. Elle regarda Caitlyn lui montrer le sommet de son crâne en l’encourageant à être plus forte moralement. Ce n’était qu’une question de volonté, et Amy avait déjà montré posséder une grande volonté. Elle connaissait théoriquement plus de trucks que sa sœur de cœur sur l’affirmation de soi, pour l’avoir étudié en cours, mais il était indéniable que Cait’ avait la pratique innée là ou elle-même apprenait la théorie.

Un homme s’imposa à elles, visiblement ni des plus propres ni des mieux portants, sortant d’une longue veste une liasse de billets. Il regardait Amy quant il posa une question qui la terrifia.

L’italienne resta parfaitement interdite, terrifiée ; bon Dieu, mais qu’est-ce qu’il voulait celui-là ?

Vêtue comme elle était, avec son physique juvénile et sa petite taille, elle aurait passé pour une adolescente bien plus jeune et encore plus timide qu’elle ne l’était vraiment, et il l’abordait comme si elle n’était qu’une… catin ?

Par tout les Anges du Paradis, les Saints de la Terre et le Très-Haut Lui-même, c’était cela le délire ? Il la prenait pour une prostituée ?!

Il s’approcha encore, insistant. Amy réagit à la main qui s’approchait d’elle.

Vivement, elle se saisit du poignet, passant dessous le bras tendu pour se retrouver dans le dos du type ; sa main brûla le poignet de l’inconnu alors que dans le même mouvement, elle lui fauchait les jambes d’une balayette. Finalement, l’italienne posa son autre main contre l’épaule du gars, tirant sur le bras pour lui intimer de rester face contre terre.

- Ma per chi mi prendi ? déclama-t-elle sans la moindre colère, son réflexe lui ayant fait parler sur le disque original.

Lorsqu’elle réalisa ce qu’elle avait fait, Nephilim lâcha le pervers pour faire quelques pas de retraits, effrayée tout autant pas sa réaction que par le type.

Elle tourna un regard suppliant vers Caitlyn.

Caitlyn confirma les dires d’Amy, très surprise par le geste de cette dernière mais ne voulant pas laisser la main. Toujours interdite par son propre geste, l’italienne laissa les choses se dérouler sous ses yeux, passive.

Fuzzy, avec un jeu d’acteur exécrable, changea la situation pour innocenter Nephilim. Elle n’avait pas fracassé la tronche du type par terre, il avait glissé tout seul. Elle l’aida même à se relever, se faisant insulter au passage. Cait’ eut une micro-expression de colère, mais l’installa quant même sur le trottoir, assit, avant de se dédommager d’une partie du pognon que le pervers avait dans la main.

Elle entraina ensuite Amy, qui n’avait pas bougé d’un centimètre, dans la rue, se remettant en marche.

Son discours fut absent de toute émotion, comme si elle parlait en professionnelle, de son travail. Un joli exposé pouvant simplement être cassé en disant : faut éviter de faire des conneries sur la voie publique. Jamais l’italienne n’aurait dû accomplir de geste aussi violent, malgré la situation. Elle était en tord. C’était pas Cait’ qui allait leur attirer des ennuis, elle maîtrisait elle ; non, c’était bien Amy. Elle s’en voulait.

Ne pas courir, c’était la base : les coupables couraient. Mais ce barrer rapidement. C’était aussi frustrant que l’épreuve de marche rapide des JO ; pourquoi ils se tuaient à faire des enjambées comme cela, t’avais juste envie de leur crier : mais coure Forest, court !

Ensuite, sa sœur de cœur ne cacha pas sa surprise quant aux capacités martiales d’Amy ; nan, elle la voyait en victime, pas en combattante. Quant Nephilim leur avait dit, à elle et à Ciera, qu’elle savait ce battre, c’était pas des sottises. Bon, visiblement, Caitlyn c’était aussi entrainée avec une certaine Domino ; inconnue au bataillon. Elles allaient devoir se montrer mutuellement ce qu’elles savaient faire ? bon, ben demain Amy réservait une séance chez Danger. Son amabilité lui manquait.

Amy se pinça les lèvres à l’évocation de la « vanne » qu’elle avait lancée. La grande classe ? « Pour qui tu me prends ? » ? Bah, c’était ce qui avait de bien à parler une langue aussi poétique que l’italienne, même des banalités semblaient avoir la classe. Par contre Cait’ serait déçue en apprenant la traduction.

Finalement, sautant du coc à l’âne, Fuzzy se plaignit du fait que le choix du pervers se soit porté sur Amy et non sur elle. Elle aurait voulut échanger ? Nephilim ne disait pas non.

Ah, et surtout ne pas dire à Fuzzy qu’à l’inverse d’elle, la puberté d’Amy se poursuivait, et que ses formes, discrètes pour l’instant, risquaient d’encore bouger. Nan, plutôt mettre les deux doigts dans une prise directement, sa économiserait les frais de transport.

La regardant fixement, Amy se demanda ce qu’elle pourrait bien dire. Elles étaient arrivées à un café, dont l’italienne ouvrit la porte sans cesser de fixer Cait’.

- T’es pas laideron du tout, mais l’autre c’était un pervers, il avait pas de goût. Concernant le fight, ben c’est qu’en faite, depuis Mutant Town, je m’entraine presque huit heures par semaines, chez un particulier. Donc oui, j’ai acquis un bon niveau. Mais j’aurai jamais dû le frapper ; certes c’était un idiot et un pervers, mais j’ai apprit à me battre pour protéger les autres, pas les violenter. Je pensais pas que tu t’entrainais aussi de ton côté ; on se fera une Salle des Dangers un de ces quatre ? Pis si tu veux, invite-y ton ami, Domino, je l’ai jamais rencontrée. C’est une autre élève ?

Amy n’était pas très rassurée par ce dans quoi elle mettait les pieds ; à dire vrai, s’il n’y avait eut Caitlyn, jamais elle ne serait allé dans pareil endroit. C’était un lieu qu’elle considérait comme infréquentable, et ne devait pas être la seule, puisqu’il n’y avait pas grand monde, hormis des gens tout aussi infréquentable que ces lieux.

Fuzzy, elle, ne semblait guère dérangée, s’asseyant sur un banc et prenant le menu d’un naturel surprenant. Nephilim savait qu’elle avait grandit dans la rue, mais elle d’avait jamais vraiment imaginée que ce fut cela, la rue.

Cait’ répondit au sujet de Domino, qui était sa professeure, une X-Woman spécialisée dans les arts martiaux et plutôt taciturne. Amy n’en avait jamait entendue parler, par contre de Wol-urine, ou plutôt Wolverine, si. Elle avait sagement éviter ce X-Man depuis son arrivée, mais depuis le Met, elle se demandait si la brutalité de l’homme aux griffes d’Adamantium n’aurait pas put lui être utile, en tant que professeur également.

La Tite Rousse n’aimait pas les surnoms, trouvant que cela dénaturait les gens ; Nephilim n’était pas d’accord, et commençait à réfléchir à sa réponse. Le rêve de Caitlyn était très révélateur, cependant, selon l’avis d’une jeune étudiante ayant vu l’Interprétation des Rêves selon Sigmund Freud.

Le rythme d’entrainement de la rousse était bien plus lent que celui de la brune, mais la première semblait… avoir le combat dans la peau, quant on l’écoutait. « Une seconde nature »… c’était assez effrayant, et Caitlyn était bien d’accord.

- S’tu veux psychotée avec quelqu’un, je suis là, se proposa Amy, essayant de sortir sa sœur de cœur de la tristesse qui c’était emparée de son visage. Pour se faire, elle lui posa la main sous le menton, lui relevant la tête pour la fixer de ses yeux bruns. L’italienne n’avait pas l’intention de s’étendre sur le sujet si Caitlyn ne le désirait pas.

- Ahem...tu écris toujours à ton amie ?

Amy sourit devant la tentative de l’autre de changer de sujet.

- Oui pourquoi ? Tu voudrais la rencontrer ? Amy laissa une pause, attendant la réponse, reprenant à la suite : Pour les surnoms, j’suis pas d’accord. Je trouve que c’est sympa, comme une marque d’affection. Regarde P’tite Brune et Tite Rousse, c’est affectueux. Les alias sont un peu différents, puisqu’ils servent à dissimuler notre vraie identité. T’aime peut-être pas qu’on t’appelle Fuzzy, mais c’est cool si l’on est en mission pour les X-Men. Puis Fuzzy c’est bien, simple, classe et court, alors que Nephilim ; t’imagine si on doit me prévenir d’un danger ? Je suis morte trois fois avant qu’on se souvienne de mon pseudo. Viennent enfin les sobriquets, comme Tournesol ou Fougère, ça s’est pour taquiner. Je pense que tu voulais que j’t’appelle « Buse Cendrée », au moins inconsciemment, sinon tu m’en aurais pas parlé. Donc maint’nant, tu m’appelle Fougère et je réponds Buse Cendrée. Remarque, sa peu être un code secret, comme un mot de passe pour se reconnaitre !

Amy fit un clin d’œil à Caitlyn, ayant sagement évité le sujet sensible.

L’italienne essayait d’instaurer, malgré le lieu peu propice à son goût, un climat de confiance et de bonne humeur. Faillait juste espérer que cela marche, car Nephilim ne supportait pas de voir Caitlyn triste.

La discussion avait tourné court : non pas que les répliques d’Amy n’eussent pas eut l’effet voulut, à savoir instaurer un climat de confiance et de bonne humeur dans le but d’ôter Caitlyn à sa tristesse, mais elles avaient été interrompues par un OVNI.

Oui, un OVNI ; bon, c’était un humain, mais physiquement, il avait trente ans de retard, à moins, et intellectuellement, l’italienne se demandait si l’on pouvait atteindre un QI négatif.

Sa tenue comme ses propos étaient non-seulement familiers, mais très orientés aussi ; pas comme le pervers de tout à l’heure, car ce coup-ci, c’était de la drogue et c’était lui le vendeur, pas l’acheteur. Puis c’était Cait’ qu’était visée, pas Amy.

D’ailleurs, l’une comme l’autre restaient interdites, chose qui s’aggrava pour l’italienne lorsqu’il sortit des paquets de… elle ne préférait pas savoir quoi.

C’était la première fois que l’italienne voyait sa sœur de cœur aussi hallucinée, et devait donc prendre l’initiative.

- P…pardon… mais… vous vous trompez de personnes… monsieur, dit-elle, légèrement effrayée.

Parce qu’un mec comme cela, si on refusait sa dope ou lui expliquait qu’il c’était trompé, cela pouvait tourner mal : il n’était visiblement pas un étranger aux produits qu’il vendait, et s’il se braquait, sa allait encore finir dans la violence.

Point positif : Amy pourrait appliquer la technique de Cait’ du « quand on fait une connerie de ce genre dans la rue, on reste pas stoïque comme une cruche, on compose, on se casse et surtout on ne court pas ». En même temps, il y avait des témoins ici, non ?

La plupart semblant déjà pas mal atteint par quelques névroses provoquées par des substances plus ou moins licites, les témoignages ne seraient pas cohérents. C’était déjà cela.

Amy retira sa main du menton de Caitlyn et vint la placer contre son propre flan droit, prêt à frapper si c’était nécessaire. Estomac, on enchaine sur la glotte et on se barre en sifflotant. Chances de réussite ? Première parti, 75%, sans paraitre présomptueuse ; la seconde par contre…

- Remballez vos… trucs… s’il vous plai.

Dire qu’Amy avait un mauvais pressentiment était utilisé un euphémisme. Autant, elle avait le don d’atterrir comme une fleur droit dans des situations impossibles et dangereuses sans avoir rien fait pour, autant dans un quartier malfamé, il fallait bien le dire, face à un dealer-borgne appelant une ex-comateuse par des surnoms douteux et s’inventant une histoire commune avec elle, sa puait vraiment. On pouvait toujours dire qu’elle n’avait pas d’instinct, mais là, elle stressait pas mal. Pas suffisamment pour déclencher une crise, mais pas mal quant même.

La pire chose qui pouvait arriver était que Caitlyn prenne au sérieux les dires de ce camé et qu’elle le croit sur le passé commun. Elle avait perdu trois ans de sa vie, et face à un type prétendant la connaitre, elle pouvait se laisser avoir…

Merde, pourquoi on n’a jamais de taser ou de pulvérisateur de gaz-poivre quant on en a besoin ?

Les Voies du Seigneur sont impénétrables… Nephilim avait envie de dire que pour le coup, oui, Il était sacrément tordu.

Le Camé commença à fustiger Amy pour sa réplique, et là où l’italienne avait déjà été hésitante à la base, elle devait bien avouer qu’elle était apeurée face au borgne. Cependant, elle était prête à se défendre ; le poing sérer contre elle, elle attendait la moindre raison d’invoquer la légitime défense. Plutôt que de la jouer discret, fallait se la jouer réglo. Puis discret, avec l’autre qui cri comme un putois, s’eut été dure.

En tout cas, l’italienne envisagea sérieusement de distendre autres choses que les relations de Jo La Douille, bien qu’elle n’en eut pas le temps : Caitlyn avait réagit avant elle. Elle avait agit avec vitesse et adresse, mieux qu’Amy ne pensait le faire elle-même.

Effectivement, sa payait l’entrainement avec Domino !

Cependant, quelque chose n’allait pas… Fuzzy n’était pas elle-même ; elle semblait, absente, prise entre peur et colère, hors d’elle. Brisant le bras du type, ce qui, l’italienne s’en effraya, ne dérangeait pas Amy plus que cela, la Tite Rousse intima à l’agresseur (ben oui, si les flics se ramenaient, c’était de la légitime défense face à du harcèlement sexuelle – ça c’est fait !) de lui dire d’où il connaissait son surnom.

L’italienne resta interdite à cette réplique : elles venaient d’inventer ce surnom par rapport au rêve de Cait’, il l’avait simplement entendu et voulait jouer les malins. Mon Dieu, faite qu’il lui dise cela, qu’elle ne lui brise pas le bras !

Ben non, il continuait à s’entêter dans son histoire de passé commun avec Caitlyn. Et autant dire qu’elle n’appréciait pas du tout, bien que pour une fois, le discours n’allait pas avec la pensée. Ou alors c’était du Caitstyle mais en colère.

Nephilim remarqua que les autres clients présents et en états de le faire avait levé la tête et les dévisageaient à présent.

Zut, zut et zut, ça allait tourner vraiment mal.

Mais s’il y avait une chance pour que ce type ait des explications concernant la vie de Caitlyn durant son « coma », comme la blessure par balle ou le tatouage, fallait les obtenir.

Ra ! Pourquoi les situations impossibles l’accompagnaient à la moindre sortie ? L’italienne allait finir par ne plus mettre les pieds hors de l’Institut à cette allure.

Bon, hiérarchisons les choses : d’abor, empêcher Cait’ de fumer ce type. Ensuite, lui faire cracher le morceau. L’inverse était pas plus simple ? Il avait l’air beaucoup plus coopératif avec la tête dans sa coke et le bras brisé.

Amy se leva, se positionnant à côté de Caitlyn et lui prenant le bras.

- Fuzz’, commença-t-elle en utilisant son pseudonyme, pour que leur victime ne sache pas quel était son véritable nom. Il vaut pas le coup. Lâche-le, s’te plai. On va discuter normalement, ok ?

Amy insisterait tant qu’il faudrait ; mieux valalit pas trop se faire remarquer ; ce qui était trop tard. En fait, fallait juste éviter que les camés du coin ne reconnaissent leur messie en train de se faire maltraiter, sinon ils risquaient de vouloir le défendre. Nephilim n’avait vraiment pas envie de casser la tête à qui que ce soit, même des cons au fond du trou.

- Fuzz’, lâche-le, reprit-elle, toujours avec un ton doux et calme, mais un peu plus suppliant. Elle se baissa au niveau du visage de Jo, reprennant la parole : Il va nous dire tous ce qu’il sait, poliment, et sans mentir. N’est-ce pas ? Clignant des yeux, elle déploya ses membranes nictitantes, transformant ses yeux en deux émeraudes polies dans lesquelles l’infortuné dealer pouvait voir la mesure de son infortune. Si tu mens, je le saurai. Fuzz’, lâche-le qu’il puisse coopérer de son plein gré. S’il-te-plai.

- Fuzz’ ?

Amy était plus qu’inquiète, et cela transparaissant dans sa voix ; tant de colère sur le visage de Caitlyn, alors qu’elle beuglait de nouveau.

- Hyyya ! Mais...bordel....arrrrretttte....j'sais rien d'plus

Un sourire de sadisme apparut sur les traits d’habitude joyeux, et la Tite Rousse franchit la limite.

- Fuzz’ nan !

Trop tard. Le craquement se fit entendre, effrayant Amy alors que le borgne commençait à hurler un simple nom entre deux jérémiades de shooté.

Ashe Lovelace… Pourquoi ce nom sonnait-il comme une condamnation à mort ?

L’italienne était trop choquée par le geste de sa sœur de cœur pour faire quoi que ce soit d’autre que la regarder avec effroi, suppliante.

Caitlyn se ressaisit, libérant le bras brisé en un instant ; son regard se posant sur Nephilim, l’implorant de se sauver.

Amy ne pouvait pas ; quelque chose s’était fissuré en elle. Caitlyn avait révélé une chose qu’elle n’avait jamais voulut voir, mais qu’elle aurait dû voir.

Qu’était cette ombre ? Qu’était-il arrivé à la rousse durant ses trois années ?

Ce n’était pas un délire ou une psychose qui causait tant de troubles à Fuzzy ; il s’était réellement passé quelque chose, quelque chose dont elle ne se souvenait pas.

Le BAM ; ils savaient. C’étaient vers eux qu’il fallait se tourner…

Caitlyn lui saisit le poignet, l’entrainant sans ménagement au dehors dans une course effrénée.

Amy la suivit, plus par réflexe qu’autre chose.

Après un temps, ou elle c’était laissée guidée comme une brebis, Girasole releva la tête ; Caitlyn courait devant elle, la tenant par la main, encore et toujours.

Cette pression sur son poignet, c’était le lien qui les unissait ; leur sororité de cœur.

Ne jamais s’abandonner. Ne pas s’arrêter de courir ; suivre Caitlyn jusqu’en enfer… Amy pensait en être capable : son plus grand souhait avait toujours été d’avoir une famille, et Fuzzy était cette famille.

Quoi qu’il lui fut advenu durant ses dernières années, elles le découvriraient, ensemble.

Ne jamais s’abandonner. Ne pas s’arrêter de courir…

Amy n’aurait sut dire combien de temps elles avaient courues, ni où Caitlyn l’avait entrainée. A vrai dire, elle s’en foutait, elle voulait simplement aider sa sœur de cœur.

Il s’était mit à pleuvoir, comme si les cieux joignaient leur tristesse à la sienne.

Elles finirent par échouer dans une ruelle exempte de toute vie humaine, Fuzzy la lâchant brusquement. Cela sentait la crasse et l’urine, mais Nephilim s’en moquait ; elle resta là, à regarder Caitlyn évacuer la douleur dans de grands éclairs bleutés.

Amy ne savait pas quoi dire, alors elle se tût. Elle resta là, bêtement, à quelques pas de la Tite Rousse, toutes deux les bras le long du corps, attendant que l’autre parle. Cait’ regardait le ciel, alors que la Ptite Brune regardait Cait’ ; qui savait ce que le ciel, lui, regardait à ce moment.

- Ce n'était pas moi...c'que t'as vu...c'était plus moi. Je suis désolée de t'avoir...infligé ça, déclara la rousse, au bord des larmes.

Si, c’était elle ; pas la elle qu’elle était, mais une autre elle. Comme un fantôme, une autre personnalité. C’était cela l’explication ? Une double personnalité, l’une violente, l’autre douce ?

Cela aurait put se tenir, et Amy voulait d’autant plus y croire que cela innocentait la Caitlyn qu’elle connaissait de ce qu’elle venait d’accomplir. Mais elle ne pouvait pas ; il y avait quelque chose de sombre enfermée en sa sœur, et cela l’effrayait. Toute l’histoire commençait à prendre la plus inquiétante des tournures : trois ans de vie volée, des crises de rage, un tatouage et des blessures, le BAM… qu’est-ce qui avait bien put arriver à Caitlyn Elioth durant ses trois dernières années ?

S’appelait-elle seulement Caitlyn ?

Amy avait mal à l’idée de la perdre, mal et peur. Mais elle refusait d’abandonner. Elle refusait de l’abandonner.

Quoi qu’il lui fut advenu durant ses dernières années, elles le découvriraient, ensemble.

Ne jamais s’abandonner ; elles se l’étaient promit.

Nephilim se moquait de ce que Caitlyn avait put faire, ou même être, désormais, elle était Caitlyn. Rien d’autre ne comptait.

- S'il te plait...rentrons à la maison...rentrons chez "nous".

Caitlyn se retourna, tentant de lui sourire, ses larmes se mêlant à la pluie.

Amy s’avança jusqu’à elle, la serrant dans ses bras.

- Chez nous, répéta-t-elle, autant pour Caitlyn que pour elle-même. Chez nous.

Elle continua son étreinte encore un moment, et cligna des yeux, déployant ses membranes nictitantes. Laisser parler son cœur, y aller à l’instinct.

Lorsqu’elle lâcha, Nephilim maintint Fuzzy par les épaules, la forçant à la regarder dans les yeux.

- Je veux que tu me fasses une promesse, Cait’ ; tu vois ces yeux, mes yeux ? Jamais ils ne te jugeront, jamais ils ne te condamneront. A travers eux, ton reflet restera inchangé : tu es ma sœur de cœur, ma famille, et quoi que tu fasses ou ais déjà fait, cela ne changera pas. Je veux que tu te regarde à travers eux, non pas comme ce que tu pourrais être, ou ce que tu as été, mais ce que tu es, maintenant. Et ce que tu es maintenant, c’est une personne merveilleuse. Quoi qu’il advienne, nous seront ensemble. Nous l’avons promis. Ne l’oubli jamais : Ensemble …