New-York sous la neige est toujours plus chaleureux vu par la fenêtre

Alerté par mes cris un représentant des forces de l'ordre s’arrêta non loin d’Aaron, qui venait d’immobiliser le voleur. Récupérant mon sac avec un soulagement non feint, j’ai pu recommencer à respirer normalement. Je n’aurais pas supporté que mes affaires aient été ainsi dérobées sous mes yeux. Vérifiant méthodiquement que toutes mes affaires y étaient, victime de paranoïa, cherchant frénétiquement parfois des objets pour les retrouver ensuite, poussant un soupire libérateur une fois la main dessu.

Le voleur était à présent embarqué par le policier, rejoint par ses collègues. Diverses personnes étaient présentes autour de nous et formaient un attroupement certain, observant le spectacle que nous leurs offrions. Les arrestations étaient monnaies courantes à Central Park, il y en avait assez souvent, ce n’était pas non plus le lieu de tous les vices mais on ne pouvait pas non plus dire que les pickpockets fuyaient comme la peste ces lieux, au contraire. Malheureusement pour ce dernier, il avait été attrapé. Je connaissais déjà la suite et j’ai regardé Aaron. Sortant un stylo et un morceau de papier de mon sac, j’ai griffonné rapidement une adresse avant de lui tendre le papier, un sourire contrit aux lèvres.

« Tenez. Voici l’adresse du café, nous pourrions nous y retrouver dans… disons, deux heures ? Je vais devoir régler quelques formalités. »

Comme pour affirmer mes dires, le policier qui était intervenu vint nous voir et me demanda de le suivre pour faire une déposition. Le suivant sans aucune opposition, je me suis retournée vers le coureur, lui ai souri comme à mon habitude avant de lui faire un clin d’œil et de disparaître en compagnie de l’agent.

~

Une fois sortie du commissariat, la neige ne cessait de tomber, plus forte et plus présente que quelques heures auparavant. Frottant mes mains l’une contre l’autre pour les réchauffer devant cette agression extérieur, je me suis dépêchée de rejoindre le point de rendez-vous. Je ne voulais pourtant pas m’enfermer dans un taxi, qui plus est, avec le temps et la neige qui crissait déjà sous mes pas, les véhicules seraient ralentis et il y avait fort à parier que j’irais plus vite par mes propres moyens.

Je ne me trompais pas, je voyais bien sur la route les voitures qui avançaient au pas, les coups de klaxons des coursiers énervés par la lenteur indéniable de la circulation. Je ne comprenais pas comment on pouvait être énervé quand il y avait de la neige. Tout prenait un nouvel aspect, c’était si merveilleux, comme si le rêve prenait le pas sur la réalité, comme si le ciel décidait de nous accorder un peu de de sa douceur pour nous aider à supporter la vie. Je faisais fis de tous ses bruits, de toutes ses marques d’agressivités, je ne pensais qu’à moi, c’était égoïste mais pas reposant toute fois. Alors je marchais, je pensais, je rêvassais sur la route, continuant ainsi pour retrouver ce jogger.

La neige recouvrait mon poncho, mon bonnet, ma chevelure et mon sac, elle me recouvrait toute entière et je me sentais dans mon élément, presque comme lorsque je me retrouvais dans l’océan. A présent, je n’avais même plus l’occasion de retourner à l’eau, plus depuis que j’étais arrivée ici, à New-York. J’étais enfin arrivée devant le bar et j’ai poussé la porte. Cette dernière s’est ouverte, laissant entrer en même temps que moi un courant d’air apportant des flocons blancs. Refermant rapidement la porte, j’ai frotté mes pieds sur le tapis, enlevant la neige qui recouvrait mes chaussures puis j'ai retiré mon bonnet pour en faire de même. J’ai ébouriffé ma chevelure pour en faire de même avant de regarder ma montre. J’avais déjà vingt minutes de retard. Regardant les environs, je me suis finalement dirigée vers une table, préparant mentalement des excuses avant de prendre place.

« Je suis sincèrement désolée du retard, je ne vous ai pas trop fait attendre ? Laissez-moi vous inviter, pour me faire pardonner et pour vous remercier à la fois. Je vous dois bien ça au moins. »

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