Papotages {Jade Elioth-de Lauro}

L’été approchait, il ne manquait plus que quelque jours pour que son solstice l’annonce officiellement même si les températures étaient déjà là. Les vacances scolaires aussi approchaient même si elle n’avait aucune idée de la date précise et cela l’indifférait assez. Rachel aimait l’été, elle avait dans sa jeunesse été contente de son nom de famille pour cela, et si dans cette même jeunesse elle avait aimée les vacances d’été le bilan était désormais contrasté, entaché par l’inquiétude muette qu’il arrive quelque chose. Oui, cette période était toujours celle de la liberté et la désertification de l’Institution de la part des élèves ayant encore un minimum d’intégration au monde extérieur le prouvait bien mais c’était paradoxalement en cette période qu’ils étaient le plus vulnérable car elle ne veillait plus. Il n’y avait aucun intérêt à veiller sur un Institut quasiment vide alors que ses résidents s’étaient dispersés dans tout le pays voir plus loin encore car plus que le lieu c’était l’âme qu’elle cherchait à défendre. Cette âme pour l’heure partie, processus nécessaire à ce qu’elle ne se coupe pas de ce monde qu’elle devrait aider, était donc manipulable par leurs adversaires sans que les X-Men ne puissent rien faire. Il y avait peu de probabilité mais c’était en cette période que des machinateurs comme Sinistre pourraient s’emparer de certains élèves afin de placer leurs pions d’ici à la prochaine rentrée scolaire. Si jamais cela arrivait ils géreraient à l’arrivée comme cela avait été fait pour Ernest mais cela impliquerait que d’autres en souffre et cette idée était déplaisante. Mais l’Echo du Phénix acceptait ses limites et restait donc à la place qui était sienne, tournée vers ce petit paradis pour l’heure bien occupé.

Elle s’occuperait aussi, se levant aux mêmes dix-onze heures pour s’en aller manger tranquillement aux douze et improviser la suite entre promenade digestive, lecture quelconque, lezardage en bonne et due forme et autres séances de méditation surveillante depuis les toits ou d’entrainement au gymnase ou dans le parc. Rachel n’avait jamais réellement de routine car plus qu’improviser sur le tas ce qu’elle allait faire elle restait plus qu’ouverte aux imprévus, vivant une sorte de jour-le-jour qui lui était parfaitement naturel. Elle n’en avait pas moins conscience de l’écoulement du temps et faisaient des choses progressivement, tant dans l’attente passive que ces amies blessées lui pardonnent et reviennent vers elle que dans des tentatives de progression personnelle. Ororo avait commencé à se remettre de la culpabilité qu’avait déclenchée Rachel par des aveux de la douleur qu’elle lui avait infligée, l’ayant évitée jusqu’à la mission deux jours plus tôt, et désormais les choses s’amélioreraient progressivement alors que chacune composerait avec les traces du passé qu’elle portait, tandis que Caitlyn cheminait toujours repliée sur sa tribu dont elle-même ne faisait plus vraiment parti pour l’heure. L’Echo du Phénix ne cherchait pas à comprendre pourquoi, cela lui serait expliqué en temps voulu et elle ne forcerait pas les choses, passive à en être contemplative mais ayant tout de même une idée du pourquoi. Cela faisait dix jours, si sa mémoire ne la trompait pas, dix jours que Caitlyn avait sombré dans une chose qu’elle n’avait pas contrôlée comme elle en avait été avertie bien des mois plus tôt et l’intervention du Phénix avait sans doute été de trop. Mais Rachel ne regrettait sa son geste car il devait être fait et en un sens, c’était elle qui c’était mise à l’écart seule en s’en allant une fois la situation purgée. Se désengager, ne pas affronter les épreuves pour les autres, voici un domaine où elle progressait également.

A défaut de se battre pour les autres elle continuait de veiller sur eux et elle n’avait perdu personne du regard, présente quand elle le devait quitte à en être seule lorsque personne n’avait besoin d’elle, qu’importe qu’elle détestait cette situation. Elle ne serait jamais très sociable ou bavarde mais elle ne serait pas non plus solitaire, elle ne l’avait jamais été. Peut-être était-ce pour cela qu’elle entreprit de déranger une Jade qui, en bonne geekette, savait très bien s’occuper seule, surtout en ce milieu d’après-midi arrivant. Son ancienne protégée était peut-être celle qui c’était le mieux sortie de la mésaventure du gymnase car malgré qu’elle en fut une victime elle s’était relevée et avait servie de lumière aux autres, sans jamais avoir entendues ses paroles le Phénix l’avait bien vue. Jade qui progressait également dans bien des domaines, de sa socialisation à son acceptation de soit ; deux points que Rachel lui enviait légèrement car même si elle n’avait jamais été aussi mal que Silent dans ces domaines, elle tentait d’y travailler également. Avec des efforts différents que l’adolescente cependant. Si elle n’avait pas à accepter l’entièreté de son corps, Rachel devait accepter d’en dévoiler des parties significatives, à savoir montrer ses cicatrices au grand jour, et elle visait des tenues bien différentes également.

Short en jean et bustier tubulaire aussi court que noir, bottines à semelles plates et chemise blanche à poids rouges nouée pour en faire un haut court, elle laissait visibles ses jambes, son nombril et son torse au-dessus de la poitrine sur lequel reposait son collier en X cerclé. Elle avait cette envie de monstration contradictoire avec le fait qu’elle tentait de cacher ces cicatrices, même si la tenue du jour relevait du compromit puisque son dos resterait caché aussi longtemps qu’elle serait au sec, les seules marques visibles étant une zébrure verticale de fouet sur le mollet gauche et un impact de balle sur le droit. Elle avait déjà fait mieux mais le but était justement qu’il ne soit plus question de mieux et de pire, qu’elle n’ait plus à craindre le regard des autres et leurs questions alors qu’elle assumait ses mutilations. Il en serait différent pour les Marques d’Assermentation, celles-là seraient toujours cachées sauf lorsqu’elle endosserait le costume d’X-Woman, car si elles faisaient partie de la quête et de l’engagement de la jeune femme elle n’en voulait pas dans sa normalité. Même si c’était un bien grand mot la concernant.

Pénétrant dans le dortoir des filles, elle n’eut pas à chercher pour savoir quelle était la chambre de Jade car plus que connaitre le numéro elle savait que c’était la mieux tenue, reconnaissant parfaitement un entretient quotidien voir biquotidien dont elle regrettait parfois l’époque où c’était leur chambre qui en bénéficiait. Encore que parfois était peut-être minimaliste, souvent étant plus exact. Mais cela faisait parti de la progression de Jade alors elle se contentait de cet avancement avec bienveillance. Tant qu’elle n’était pas indésirable à l’instar de la poussière cela lui allait.

Fermant le poing, l’Echo du Phénix l’abattit trois fois à l’encontre de la porte fermée, signifiant parfaitement par là de qui il s’agissait et ne lui faisant rien ajouter avant qu’on ne lui ouvre.

- Salut Jade, commença-t-elle simplement, comme à son habitude. Ça va ? J’peux squatter ou t’es occupée ?

Jade avait tout de la geek, en effet, plus que la boisson à côté de l’ordi et la porte fermée (à clé, parce que c’était Jade), elle avait aussi la tenue improbable même si ça se limitait chez elle à ses chaussons. Elle avait aussi le coup de main avec les clés et Rachel put rapidement lui faire fasse pour la saluer, recevant des salutations qui la firent sourire.

Marraine, déjà, cela lui faisait plaisir. Elle rigolait en disant qu’elle jouait à Marraine la Bonne Fée mais à défaut de ne plus être tutrice ou surveillante de Jade, marraine était une place qui lui allait parfaitement pour ne pas dire qu’elle n’aurait pu avoir mieux. Ce n’était pas le genre de choses qui se demandait, donner de tels surnoms, et ça n’en faisait que plus plaisir car ça prouvait la valeur du lien.

Mais sinon, non, elle n’avait pas renoncé à passer par les fenêtres, sauf que c’était pour sortir que sa simplifiait les choses, pas pour rentrer ; d’autant plus quant le rebord de la fenêtre était piéger à coup de cactus ! Famille d’Amy ou pas, c’était dangereux un cactus et ça nécessitait suffisamment peu d’entretien pour être la parfaite plante du geek ; de toute façon, c’était soit une plante indépendante soit un chat et si l’Echo du Phénix avait le chat c’était logique que Jade choisisse la plante, c’était moins sale. Enfin, si, mais ça gardait la saleté dans son pot.

S’avançant à la suite de l’adolescente qui s’en retourna à son ordinateur, sa place naturelle comme l’avait dit Platon puisque les corps tendaient toujours à retourner à leur position naturelle, la rousse ne parcouru nullement du regard la pièce puisqu’à défaut d’être jamais venu elle avait perçu et percevait l’incroyable rangement et l’absence de décoration puisque l’un des trois efforts fait dans ce domaine trônait sur la fenêtre et de l’autre côté de la vitre ; sans doute un conseil maternel puisqu’à être du côté intérieur de la vitre Laurette avait connue un nombre incroyable de mésaventure et de cassement de pots improbables, incluant une propulsion télékinétique de chewing-gum dont Rachel était responsable. Mais les deux autres se tenaient au plus proche du lit pour la photo de famille et pour remplir le mur comme attirer le regard pour la peinture provenant de cette même famille aussi bien qu’Aislinn ne les signait pas.

- Rentre mais ferme derrière toi… verrouilles. Je déteste les portes ouvertes. Tu viens déjà me supplier de revenir partager ta chambre ? Je te manque avoue ! Mais tu sais Rachou, tu me manques aussi enfin… sauf quand tu manges et que tu inondes la douche… T'es venue pour voir des modèles de vêtements de cuir sur le net, je t'avais dit que je connaissais des sites… c'est ça ?

Levant la main, index et majeur tendu, l’Echo du Phénix poussa la porte avant de verrouiller le mécanisme mentalement, pas flemme de bourriner sur la clé, continuant d’écouter avec le sourire.

- Tu me manques, oui. La chambre se vide et même si c’est une bonne chose que vous preniez votre envol… bah c’est vide quoi. J’suis plus habitée à être seule, y’a des fois j’me dis qu’il faudrait voir à demander à Cylon de faire une colloque. Mais je suis pas sure de me sentir moins seule.

Outre que cela ferait beaucoup jaser et qu’il était probable, considérant la personnalisation apportée par Sage à sa chambre, que la Cylon suscitée refuse l’offre, c’était peut-être un peu sévère d’un autre côté si Ororo avait réussie à s’approcher d’elle, Rachel c’était contentée de la fixer sans savoir que dire et face à l’imperturbabilité de l’autre elle n’avait pu que ce demander comment était-ce possible que ce soit cette même personne que les X-Men avaient récupérée suppliante de la laisser mourir.

- Heureusement y’a Cerberus.

Cerberus qui toute indépendante aux heures pleines et chieuse aux heures creuses (incluant celles de la bouffe) restait fidèle et présente au besoin, câline et brute comme elle l’avait toujours été. La seule différence avec avant c’était que les poils perdus pouvaient attendre plusieurs jours avant le ménage bimensuel de l’X-Woman. En fait, même si l’Echo du Phénix avait suppliée Jade de devenir, cette dernière n’aurait jamais acceptée une fois la chambre découverte ; alors non, ce n’était pas sale vu que Rachel salissait très peu, mais comme le moindre grain de poussière était immédiatement repéré par le radar à saleté de la saleté ci-présente (donc Jade puisqu’il n’y avait ni Cerberus ni la moindre saleté dans la chambre également ci-présente donc non suscitée à l’inverse de la responsable du tout, Cerberus excepté) elles auraient droit à une crise de « c’est sale » même si la formulation exacte aurait plutôt due être « c’est pas propre » sachant que comme le monde, la propreté et la salissure n’étaient pas manichéenne : ce n’était pas parce que ce n’était pas propre que c’était forcément sale ! Mais Rachel n’en dirait rien car JAMAIS Jade ne l’admettrait. Même si du coup… non rien.

- Sinon j’sais plus pour les modèles de fringues mais considérant que celles que je voulais avoir quand je serais grande étant gosse ne sont pas encore sorties, ça me tente bien. Le cuir tiendra pas trop chaud puisque ce sera que des imitations.

Venant se poser à côté de Jade en croisant les bras, la rousse reconnue le site préféré de Caitlyn auquel elle avait désespérément essayé de mettre ses proches et dont l’échec cuisant n’avait pas empêché toute une ribambelle de réinterprétations de voir le jour,  travestissement tant des protagonistes que des événements pour permettre à sa sœur d’adoption de dédramatiser ce qu’elle vivait et avait vécu ainsi que d’avoir un sentiment de contrôle dessus. Peut-être que lire ce journal intime exposé en public et la réinterprétation des événements du gymnase permettrait à Rachel de comprendre la distanciation actuelle mais elle n’avait jamais voulu ainsi espionner son ainée, considérant qu’elle lui dirait les choses qu’elle avait à lui dire en temps voulu. Néanmoins Jade était moins respectueuse du jardin secret des autres, Amy ayant fait tout un foin que sa fille pirate le dossier scolaire de Sanzo.

- Tiens, tu suis les aventures de Super-Castor ?

Mais il ne fallait pas avoir honte de lire les aventures de Super-Castor, si ? Pourquoi Jade recyclait-elle la page dès celle-ci évoquée ? C’était bien écrit et agréable à lire même si le contenu pouvait paraitre étrange ou perturbant aux profanes ; les Elioth aimaient l’art, Caitlyn c’était la musique et l’écriture, et dans l’une comme dans l’autre elle se débrouillait très bien. Néanmoins la réponse apportait une nuance que Rachel eue l’agréable surprise d’avoir prévue, preuve qu’elle connaissait suffisamment bien Jade. Jade qui n’appréciait pas d’être tenue à l’écart des affaires de famille, d’ailleurs, alors même que c’était tout naturel qu’elle ne sache pas grand-chose des affaires des X-Men puisqu’elles ne la concernaient pas.

Autrement dit, je dois me démerder pour savoir le nom de la tempête du moment qui souffle… Qui a dit « question de confiance ? » Hu ? En tout cas, ils doivent me croire sacrément nulle pour ne pas être capable de les soutenir, je suis adulte merde !!

L’Echo du Phénix prit une inspiration, cherchant quoi répondre avant d’être sauvée par un aparté enfantin parfaitement en contradiction avec l’énoncé précédent ; lol cat, il y en avait pour tout et n’importe quoi, elles avaient bien essayé d’en faire avec Cerberus et ça n’avait pas réellement marché puisque « Rachel avait trop mal dressée sa bestiole ».  En tout cas, pas question d’oreilles de chat pour son costume ! Ça ne serait ni classe ni sérieux !

Enfin «  ca me permettait » je devrais dire parce que depuis les aventures Irlandaises… Y'a plus rien. Plus inquiétant, elle a déserté le site et ne se connecte plus à ses réseaux sociaux même pour sa connerie de ferme.

Rachel grimaça. La dernière fois que Caitlyn avait disparu de ses réseaux sociaux était lorsqu’elle avait du les fermer à cause du Wonder Beaver sur Youtube mais elle n’avait pas tardé à trouver une parade ainsi c’était bien plus signifiant qu’elle les déserte volontairement. Que Jade ne soit pas au courant de ce qui c’était passé en Irlande l’étonnait aussi, même si les Elioth de Lauro en mères poules très protectrices n'était pas nouveau elles auraient au moins fait le point pour avancer à nouveau. Finalement, peut-être qu’il n’était pas tant question de repli sur la tribu que de repli sur soi considérant que même Jade était tenue à l’écart. Pire qu’elle l’avait pensé puisque que les non-dits et les distanciations s’installaient au sein du couple même, visiblement ; l’Echo du Phénix inspira lourdement.

Elle aussi elle observait mais elle était bien moins douée que Jade et bien moins interventionniste également. Cependant peut-être devait-elle l’être plus même si elle ne pouvait pas faire mieux qu’une enfant dans cette histoire de famille. Oui, il s’était passé quelque chose que l’observation de Silent pouvait percevoir là où celle de sa marraine avait vu et à cette remarque cette dernière tourna la tête en pinçant les lèvres.

Beaucoup à dire, beaucoup à penser, beaucoup plus à faire ; trouver l’équilibre de tout cela était difficile, très difficile, et visiblement Jade était aussi perdue qu’elle.

Mais je peux pas forcer les gens à parler, c'est comme ça, non ?

- Tu peux essayer mais c’est leur choix que de répondre ou non, insister… est risqué.

Je sais qu'elle t'évite… mais je crois que c'est général. Je sais qu'elle manque beaucoup son travail, j'ignore ce qu'elle fait et ce qui se passe.

Parler à Aislinn… elle était trop récente pour réellement connaitre les personnes, cela viendrait plus tard et elle serait d’excellent conseil une fois qu’elle aurait comprit ce qu’elle observait. Pour l’heure en revanche, elle ne voyait qu’une succession d’événements et non le déroulement des choses, c’était ainsi lorsqu’on était habitué à voyager dans le temps : des points, des fragments, certes gouvernés par la causalité mais il devenait bien plus dur de distinguer causes et conséquences puisque les unes étaient conséquences d’autres et les autres causes d’unes.

- Ça risque de te perturber et ce n’est peut-être pas à moi de te le dire mais puisqu’elles ne l’ont pas fait ni ne m’ont interdit de le faire, je vais te dire ce que je sais de la situation familiale.

Décroisant les bras en inspirant profondément une fois de plus, Rachel posa un doigt sur sa tempe en une demande muette mais trahissant la quantité de choses à dire sur le sujet, tant qu’elle en aurait du mal à tout exprimer par les mots. Elle attendrait néanmoins la permission de Jade pour entrer dans son esprit, y imprimant des pensées qui feraient bouger les choses.

- Les X-Men, t’as pas à savoir, mais ta famille si. Je me moque qu’elles m’en veuillent tant que vous réussissez à aller mieux, toutes.

*Ce qui c’est passé en Irlande se résume simplement au fait qu’elles y ont été attirées par le père biologique de Caitlyn et qu’elles l’ont tué. Toutes les deux. Beaucoup de choses se sont brisées là-bas. Ce que tu as vu et subit au gymnase est dans la continuité ; Caitlyn a cessé de combattre ses mauvais penchant pour tenter de les maitriser, de les utiliser, mais elle n’a pas réussi et ils ressortent, ils la rongent, désormais. Ils l’ont poussée à s’isoler, à se replier sur une relation distante comme elle a pu avoir avant Amy, une relation qui fournissait motivation et bouée de sauvetage à défaut de réellement s’épanouir. Cette même relation que tu côtoies désormais. Mais c’est pas passé auprès d’Amy, tu imagines bien. Elles se sont disputées… mais pas comme tu peux le faire avec Sanzo. Un soir après le gymnase, elles ont eue une discussion, ça a mal tourné et Amy… elle a dépassé la limite. Je ne sais pas si tu as déjà vue Amy « libre » mais dis-toi que c’est là une limite qu’elle s’impose. Il n’y a pas que ses capacités physiques et intellectuelles qui ont été altérées par sa mutation, mais tout son ressenti a été amplifié et parfois elle perd le contrôle. Lorsque j’ai passée la journée dans son corps, il y a de nombreuses fois où j’ai dû lutter contre son ressenti, contre le mien même ; si ma volonté m’a permit de résister peu ou prou, la sienne flanche parfois. Lorsqu’elle perd le contrôle, elle est totalement dominée par ses émotions, elle n’agit plus en fonction de pensées cohérentes mais du ressenti le plus fort. Ressenti qui s’accroit encore lorsqu’elle fait usage de son pouvoir de Berserk car il démultiplie encore le tout. Ce soir-là, elle a fait les deux, perte de contrôle et crise de Berserker… une porte lui avait été fermée et elle l’a défoncée, littéralement. Elle a brisé le poignet et l’épaule de Caitlyn à vouloir la retenir, elle l’a agressée de paroles et de gestes. Tu en perçois les conséquences mieux que moi.*

Marquant une pause, l’Echo du Phénix expira lourdement, évacuant un soupire par le nez. Il n’était plus question de regarder des fringues sur internet, il était question d’infiniment plus grave et plus personnel. Renforçant son croisement de bras, Rachel fermant les yeux en espérant ne pas avoir fait le mauvais choix. Elle aurait beau considérer que c’était le choix de Jade que de vouloir savoir c’était aussi le sien que de lui avoir expliqué cependant il n’y aurait pas de responsabilité partagée, tant aux yeux des autres que pour le cœur de sa protégée.

Elle écouta les pensées, les conséquences de ses actes, les percevant à chaque seconde en attendant la réponse avec désolation.

Le point avait été fait, une bonne chose, une chose naturelle à défaut d’être normale qui avait connue deux occurrences, après coup et en justification du gymnase ; plus pernicieux que les mauvais penchants, Rachel ne voyait pas réellement ce qu’il pouvait y avoir. Comme elles deux, Caitlyn avaient connues des années d’un malheur qui s’était imprimé en elle et l’avait poussée à développer certaines caractéristiques, caractéristiques aujourd’hui refreinées mais toujours présentes et qui pouvaient faire surface de temps à autre, de norme, avec ça de pernicieux que Fuzzy avait tenté d’apprendre à les utiliser et à les maitriser, se faisant d’une certaine façon corrompre à nouveau. C’était comme un poison, isolé quelque par en elle et qu’elle avait maintenu isolé longtemps, et désormais qu’elle l’avait libéré elle n’arrivait plus à le renfermer et il circulait librement. Non, cette monstruosité n’était pas une donné génétique mais un apprentissage ; après l’Echo du Phénix n’avait pas été au fait de l’élévation de cette illusion au rang de vérité fondamentale.

Faire accepter à Caitlyn qu’elle eut tord ne réclamerait pas des arguments causales comme pouvaient en cogiter Amy ou Jade, lui démontrant qu’elle avait tord, mais des arguments du cœur qui plus que faire comprendre feraient sentir. Les deux jeunes femmes pouvaient le faire, elles l’avaient déjà prouvé par le passé, mais cela impliquait cette proximité qu’elles étaient en train de perdre ; chose suffisant à écarter du jeu Rachel malgré qu’elle soit dans cette même logique réflexive que celle qu’elle aimait à considérer comme son ainée.

Elles en revenaient à la question de Jade cependant : pouvoir ou non forcer les gens. Même si l’on en avait le pouvoir, se devait-on de l’utiliser ? Question inappropriée, surement, mais présente quand même. C’est ce qu’Amy a fait et la colère de Jade raisonne dans l’esprit de Rachel après qu’elle lui eu donné raison.

Les pensées s’emportent, vives et agitées, trahissant questions et émotions, volontés et évidences. Il n’y aurait eu aucun besoin de geste de la main pour que la marque psychique du Phénix se dissipe mais il fut fait quand même, le temps de réaction de la jeune femme la faisant accomplir la demande en simultanéité du geste et répondre par un baissement d’épaule attristé. Elle nota l’usage de la balle antistress en tournant le regard vers sa filleule, la laissant se calmer peu ou prou en comprenant pourquoi les mères avaient choisi le silence. Mais c’étaient les instants suivants qui détermineraient qui avait eu raison ou tord car plus que secouer Jade, peut-être cela contribuerait-il à secouer les choses.

Rien n’était inexcusable, seuls les gens pouvaient finir par ne plus excusé ; et dans une situation ainsi cela signifiait une rupture, ni plus ni moins. Le merdier dans leurs têtes devait être très grand, entre la mémoire absolue de l’une et l’espèce d’hypermnésie de l’autre, mais l’Echo ne pensait pouvoir réellement l’imaginer.

- Ce sont mes mères mais avant tout… ce sont deux grosses connes et il me faudra bien de la maîtrise pour ne pas leur cracher MA vérité au visage… Ça viendra, plus tard… mais ça viendra. Pour l'heure, il faut les aider… je vais… je vais en parler à Aislinn.

- Tu disais à l’instant que parler à Aislinn n’avançait pas beaucoup. Elle doit apprendre à s’impliquer pour réellement pouvoir vous aider ; mais c’est en l’impliquant qu’elle le fera, je pense, dit doucement Rachel, ignorante de si cette déclaration visait ou non à l’éconduire.

Prenant une nouvelle inspiration, elle détourna le regard de Jade pour fixe le mur d’en face, baissant légèrement le visage sans en faire de même pour son regard.

- C’est normal de ce disputer dans un couple mais c’est plus risqué pour des personnes comme Caitlyn et Amy que pour toi ou moi. Il faut les aider, oui, mais comment ?

Et surtout qui ? Fallait-il laisser cela entre les Elioth de Lauro ou y intervenir également ? Sa dernière intervention avait eu pour but d’éviter le pire mais à défaut que tout se soit brisé d’un coup, cela ce brisait toujours et rien n’était réparé. Rachel n’avait pas la moindre idée de sa place là-dedans et craignait qu’à ne pas la prendre, ses proches en souffre. Pouvait-elle les aider ? Oui. Comment ? Elle trouverait. En avait-elle le droit ? Quelques mois plus tôt, elle s’en serait fait un devoir, mais depuis l’Irlande elle ne savait plus. Complexes contradictions de l’existence…

- Elles sont très fusionnelles et interdépendantes, peut-être même trop, du coup si elles vont dans des directions opposées ça fait bien plus de dégâts ; je crois que c’est ce qui c’est passé. Réussir à les mettre sur la même longueur d’onde, à les unir…

L’Echo du Phénix ferma les yeux et pencha légèrement la tête en avant, apposant ses doigts sur ses tempes avant de faire appel à ses souvenirs. Des petits bonshommes en pâte d’amande dans une boite, des corps mécanisés par leurs âmes absentes, une cessation de communiquer et de vivre due au trauma d’un reflux du passé qui avait emporté nombre de choses ; elle n’en avait vue qu’une partie mais elle se souvenait. Elle se souvenait que le temps avait été le principal onguent de leur guérison, ou cicatrisation car comme Amy lui avait un jour fait remarqué Rachel ne distinguait pas les deux. Hors aujourd’hui il était possible que le temps soit leur adversaire car plus qu’être absentes, se préservant de ce fait, elles continuaient d’être là à se désagréger chacune de son côté… si elle-même avait tout comprit à la situation. Elle pourrait toujours observer, elle ne voyait pas au-delà des mensonges des corps par ce seul fait.

D’un mouvement brutal mais souple, Rachel décolla ses doigts de ses tempes et ses fesses du bureau de Jade, faisant un pas en avant alors que ses bras revenaient contre ses flans et qu’elle se tournait vers sa vis-à-vis.

- Les gestes, elles n’osent plus les faire ou elles ne le veulent plus ? Si elles n’osent, peut-être que simplement les pousser à faire des activités ensembles, vous pousser à faire des activités toutes les trois, permettra de retrouver cette familiarité familiale, nan ? Elles ne baisent plus et ne font plus leurs jeux pour se chauffer, elles ne doivent plus faire grand-chose en dehors des automatismes.

Vraies questions suivies d’une affirmation et d’une supposition, Rachel n’aimait pas essayer de raisonner de la sorte pour décortiquer le fonctionnement des choses mais elle s’y essayait aussi adroitement qu’elle le pouvait.

- A défaut de pouvoir les forcer à parler de leurs problèmes, on peut peut-être les amener à se rapprocher afin qu’elles retrouvent la même direction. Enfin… toi et Aislinn.

Rachel n’avait pas la vélocité de pensée de Jade ou d’Amy, cependant elle était apte à faire plusieurs choses en même temps, généralement. Néanmoins analyser en même temps qu’elle pensait ne faisait vraiment pas partie de sa spécialité ainsi si elle avait entendues les paroles de son interlocutrice, c’était à divers degrés de compréhension allant du normal, pour les premières paroles, au pas du tout, comme le fit remarquer Silent lorsqu’elle-même sortie de sa construction mentale mnémotechnique pour donner un semblant de conclusion.

Pour reprendre les choses néanmoins, elle était consciente que Caitlyn faisait une fixation sur sa « tribu » tout comme elle faisait le ménage en son sein ; pas pour laver le linge sale en famille, une activité en désuétude à cause des machines à laver selon l’Echo du Phénix, mais pour laver la famille de certains linges sales dont elle-même s’estimait faire parti. Maternité exacerbé possible, Amy voulant y venir mais avec une lenteur et des tâtonnements  sans doutes compréhensibles considérant son âge – même si à ce niveau là, Rachel évitait de se la ramener – et des questions d’adoption avec malus cumulés ; oui, bon, ça partait dans tous les sens. Elles avaient beaucoup de choses à faire ensemble mais la plupart étaient déjà faite et les autres nécessiteraient plus d’avancement dans la réconciliation avant de pouvoir se faire. Quand à la psychologie de bazar, de toute façon c’était le bazar la psychologie parce que ça étudiait un truc bordélique, donc Jade avait surement raison !

Que ses filles se liguent fut abordé plus tard, surement inspiré par cette supposition ; quand aux brimades, Rachel ne savait qu’en dire et ne dit rien de toute façon. Caitlyn la plus ratée des X, surement pas ; outre la concurrence féroce pour ce titre par le passé Caitlyn avait participée à bon nombre de mission (surement plus que les concurrents suscités réunis) et avait sauvée des vies, pas toutes et c’était sans doute pour cela qu’elle se blâmait. A part des X oui mais pas la plus ratée, certainement pas. Et c’était pas parce qu’Ororo l’avait envoyée faire le café, ça c’était une connerie monumentale mais pas de la faute de la Ptite Rousse !

Et oui, Aislinn pouvait être de bons conseils, elle le serait à l’avenir, mais elle devait s’impliquer, « percuter » ; elles étaient d’accord. Quand à avoir peur de tomber sur l’Echo c’était hors sujet même si ça mériterait à être débattu, puisque touchant du doigt bon nombre de choses desquelles elle n’avait jamais réellement parlé et ne se souvenait pas réellement de toute façon. Mais pour l’heure, les relations de famille primaient et il fallait réussir à en placer une dans le presque-monologue de Pipelette.

T'aurais du les transformer en ballon, ça a marché avec moi… Sinon, il reste le ring de catch et la boue, ca aurait pu les exciter ? Sanzo m'a d'ailleurs dit que, lui, ce genre de chose. Hum… Oui, humpf… comment ?

Aucune réponse, tant parce qu’elle continuait son analyse que parce qu’elle n’avait rien à répondre, cela ne la concernait pas. Et ce qui suivit eu droit à se résumer à un bruit de fond alors qu’elle parcourait les tombes sur lesquelles elle avait matérialisées les informations importantes de sa mémoire selon les techniques du palais de mémoire, le sien formant un bordel organisé qui en aurait vite été sinistre si le cimetière n’avait été aussi ouvert et dégagé de toute autre décor que les stèles ; il fallait un lieu marquant pour les palais de mémoire et aucun lieu ne l’avait plus marqué que le champ de tombes des X-Men.

Donc oui, elle n’avait pas écoutée une partie du discours mais revint à Jade comme à la réalité, par les gestes comme par les mots ; mots qui entrainèrent la remarque sur son évasion qui n’eue elle non plus pas de réponse.

Quoi de plus beau qu’un théorème de Thalès dans le creux de l’oreille ? Pauvre Sanzo, il allait devoir réciter les échelles de triangle pour que Jade réponde à son cylindre au garde-à-vous… L’étude de courbe, ça lui revenait aussi… et la fonction affine se traduirait pas F(e)=bX+0,8Y+Z, avec X le tour de poitrine, Y celui de taille et Z celui de hanche, le tour de poitrine étant altéré par le bonnet et se devant d’être proche du tour de hanche pour l’équilibre esthétique du corps, de même que le rapport taille-hanche devait être inférieur ou égal à 0,8 pour une femme si cette dernière était en parfaite santé. Jade connaissait sans doute suffisamment bien ses mensurations pour réduire le problème mais le pauvre Sanzo aurait déjà vu son sang reflué qu’il n’aurait finit son calcul de volume. D’autant plus que lorsqu’il y avait afflux de sang dans la bite, le cerveau était moins irrigué, alors cela allait lui causer de graves problèmes décisionnels !

En tout cas, oui, elle s’exilait ; il n’était pas question d’aller jouer au jambé, elle ne savait pas ce que c’était de toute façon même si elle supposait qu’elle y serait meilleure qu’à des jeux olympiques des maths, mais de ne pas imposer sa présence tant à Aislinn qu’à Caitlyn. Ce que Jade disait la touchait mais elle ne pouvait en être sur car si la distance faisait en effet souffrir, il y avait une raison pour que Caitlyn continue de la maintenir ; l’Echo était là, restait là, attendant le premier pas. Quand à Amy… elle n’en savait rien.

Tu fais parti de cette famille Rachou…

Un petit sourire se dessina sur ses lèvres car, oui, elle voulait faire et faisait parti de cette famille de cœur mais elle avait conscience qu’il y avait des périodes d’éloignement, même dans une famille. Surtout dans une famille.

Ah et j'ai besoin d'un maillot de bain en molécules instables au fait.

Un petit rire lui échappa et de la gratitude elle passa à la bienveillance.

Sinon, t'es partante pour mon marathon des Maths ?

Et à l’amusement.

- Tu sais, ma participation au JOM se limitera à compter les points, c’est pas à moi qu’il faut d’mander. En mécanique ou en électronique je dis pas, mais en math, elle laissa un petit temps, réfléchissant au fait que la mécanique et l’électronique impliquaient des maths comme tous les domaines liés à la physique de toute façon mais que ses maths à elle se limitait à réussir à refaire, voir à contrefaire, ce qui était déjà fait, évitant ainsi toute nouvelle nécessité de calcul qui se serait résumée à des tests et des conclusions du genre « ça marche » ou « ça marche pas ». Après, embêter tes mères de cette façon les forcera à prendre le parti de l’autre donc ça peut être une bonne idée.

Marquant une pause, tant pour réfléchir que pour laisser à Jade l’occasion de se plaindre de l’incompréhension générale qu’avaient toutes les personnes aux coefficients intellectuels limités qu’elles étaient – un moyen en cinq mots pour dire idiot – Rachel reprit sur les autres sujets qui lui restaient encore en tête.

- Je pense aussi que Caitlyn et Amy souffrent de la distance mais quant elles seront prêtes à venir me voir, elles le feront. Je ne dois pas les forcer. Juste attendre.

Une petite absence alors que son regard se perdant dans le vide.

- Pour Aislinn… je n’étais pas encore… moi, lorsqu’on s’est croisé. Je sais ce qui c’est passé mais j’en ai aucun souvenir. J’ai l’impression de la connaitre sans jamais l’avoir rencontrée, physiquement parlant. Mais…

Sa voix mourut alors qu’elle cherchait ses mots, qu’elle cherchait à mettre des mots comme si souvent.

- Il y a une petite fille perdue dans un égout, seule, je le sais sans réellement l’avoir vécu. Je le rêve je crois. Elle s’est enfermée là et je lui parle, jusqu’à ce qu’elle remonte à la lumière. Je lui fais une promesse dont elle ne se souviendra pas, dont je ne me souviens pas non plus. Puis je m’éveille.

Qu’y avait-il de plus à dire là-dessus ? Qu’y avait-il à analyser ? C’était hors de la portée d’elles-deux et même si Jade s’y essayait, l’Echo du Phénix n’avait aucune réponse à lui donner. Croisant les bras en continuant de se perdre du regard, elle mit un certain temps pour poursuivre, chose qu’elle fit en un aveu qui s’adressait à sa filleule comme le soulignèrent ses yeux qui vinrent l’interroger.

- Tu sais, Jade, je vous aiderai. Je vous aiderai toujours… Juste que… Je sais jamais ce que je dois faire ou pas, quelles sont les limites que je dois m’imposer, jusqu’où je peux intervenir… c’est compliqué. Si compliqué.

Se détourant de honte, Rachel grimaça et se tourna vers la fenêtre pour se perdre vers l’horizon. Elle aurait put développer bien d’avantage, parler du fait qu’Amy et Caitlyn avaient traversées ses épreuves seules et autant souffert parce qu’elle ne les avait pas protégées. Elle aurait pu parler de ce sentiment d’impuissance, de retenue forcée, car là où les gens normaux aidaient de leur mieux leurs proches, s’entraidait en faisant leur maximum, elle ne le faisait pas parce qu’elle n’avait de limites à atteindre en ce faisant. Et du fait, elle n’avait à savoir si elle pouvait le faire, elle pouvait toujours, ni si elle voulait le faire, elle était prête à tout pour les personnes qui lui étaient chères, mais si elle devait. Exodus lui avait dit qu’elle n’avait aucune responsabilité car il n’y avait personne au-dessus du Phénix pour venir lui dicter sa conduite et si Rachel ne voulait plus jamais qu’on la force à agir elle avait l’oppressante sensation qu’elle avait au contraire plus de responsabilités que tout autre dans le moindre de ses actes, justement parce qu’il n’y avait rien pour la limiter dans ses choix et ses possibilités.

Mâchoire crispée elle fit silence car les mots ne lui suffisaient à dire cela.

- Je vous aiderai mais dois-je être là pour le faire ? Ou dois-je agir qu'en amont, comme pour ton maillot de bain ?

Raisonner à l’envers et du fait avoir tord ? Possible, elle n’en savait rien. Elle avait toujours fait comme ça et ça avait marché, pour Caitlyn, pour Sanzo… ça avait prit longtemps mais ça avait marché. Caitlyn ne savait pas comment régler le problème pour l’heure et l’Echo ne lui en imposerait pas un de plus en se présentant dans l’égoïste but d’être ré-acceptée au plus vite.  Elle-même lui importait moins que les autres alors elle prendrait son mal en patience, c’était aussi simple que ça. Un manque de clarté ? Sans doute mais elle avait beau être sage elle ne savait réellement quoi faire, elle-même.

Oui, elle avait été d’une franchise destructrice au gymnase mais cela avait été un moindre mal, c’était ainsi qu’elle agissait. Un procès, à de nombreux égards, oui ; c’est ce que fait le Phénix même si elle-même ignore ce qu’elle est, à ce niveau là. Caitlyn avait ramassé le plus, oui, ayant envoyé le plus également, quand aux témoins qu’ils soient là ou pas indifférait complément : ils étaient témoins, pas jurés. Quand au fait que ce soit un être humain, l’Echo ne voyait pas en quoi c’était contradictoire avec ce qui c’était passé et que se soit sa sœur d’adoption n’avait que plus motivé à agir. Besoin de la petite sœur, de son pardon et de ses bras oui, il avait été question de cela par le passé, c’était une promesse que d’agir en petite sœur et en grande, avec tout ce que cela impliquait. Seulement Rachel était tiraillée par les implications et son « devoir de réserve ». Caitlyn était surement vexée et blessée, en effet, d’où qu’il faille lui donner le temps de guérir et de pardonner. C’était triste mais cela ne changeait en rien l’idée qu’elle s’était faite car elle continuait d’en arriver au même point, peut-être parce qu’elle raisonnait toujours à l’envers mais elle ne raisonnait pas comme Jade même si elle la croyait volontiers.

Faire ce qui devait être fait sans se préoccuper de l’après… la méthode du Phénix. La sienne par voie de conséquences. Et Jade l’avait très bien faite, preuve en était que Caitlyn c’était moins éloignée d’elle que des autres même si elle s’était tout de même éloignée. Pas d’excuse ni d’inquiétude, juste le besoin de sentir combien elle est essentielle ? C’était vrai qu’à avoir les choses on l’oubliait trop souvent. Même Rachel avait commencé à oublier et quelque part cela la choquait ; influence de ce monde et preuve qu’elle finissait par s’y intégrer ? Une mauvaise influence alors. Mais elle s’occuperait de cela plus tard car en effet c’était vraiment grave, plus qu’elles-mêmes, de ne pas l’avoir vu.

- Et puis, quant à toi, c'est pas en restant à l’écart que ca s'arrangera tu perds du temps et tu aggraves les choses.
Ce n'est pas forcer que de DIRE aux gens combien ils ont leur place dans notre vie, tu ne les force pas à s'expliquer, tu parles juste de toi. C'est ca qui les rapprochera, leur montrer l'une à l'autre combien elles s'aiment.

Jade n’eue aucune réponse car il n’y en avait aucune à donner, car cela n’en demandait aucune, ainsi Rachel continua vis-à-vis des autres alors même qu’on lui parlait d’elle, sortant de sa triste absence pour ce faire.

Ne pas savoir quoi dire quand au rêve n’était pas grave, elle ne le savait pas non plus et ne s’attendait pas à ce que quelqu’un sache un jour, comme pour nombre de choses la concernant. Aislinn resterait aussi mystérieuse qu’elle en exilée d’une autre réalité ayant défié l’espace-temps d’une façon que l’Echo du Phénix jugeait répréhensible mais qu’elle savait lui être utile, un jour. Pourquoi ou comment elle l’ignorait mais elle avait cette certitude là, simplement. Beaucoup de points communs entre elles, peut-être même plus que des deux partis avec Caitlyn, mais même si Rachel n’approuvait pas qu’on vole les secrets de la troisième rousse (moyenne ?) elle n’en dit rien ; Jade savait se servir dans les secrets des autres et cela ne changerait pas à moins d’une mauvaise aventure à découvrir une chose qui lui coûterait beaucoup trop, une chose que sa marraine ne lui souhaitait pas mais qui finirait tôt ou tard par arriver.

- Ce que je sais, c'est que Caitlyn n'a pas besoin du Phénix. Elle a besoin de sa sœur. Cette place est légitime, c'est la tienne et ça le restera tant que tu ne briseras pas le lien.

Le lien… son incarnation psychique était morte et Ashake était venue au monde pour le remplacer. Rachel n’était pas aveugle mais elle voyait les choses avec son télescope là où les autres regardaient à la loupe, la vérité se trouvant entre les deux et n’étant du fait qu’estimable. Qu’elle fut toujours appelée « sœur » la fit sourire, tristement puisque c’était en effet devant les étrangers que c’était fait et non plus en sa présence. Sans doute que cela c’était tant imposé que la filiation de Jade et c’était même encourageant.

- J'y crois pas que ce soit à moi de te sortir ça… le monde à l'envers ! Écoute donc ton cœur, il te dit quoi ? Elle te manque ? T'en souffre ? Bah, dis-lui ! C'est évident non ? Pourquoi se poser des limites à l'amour ? Tu es morte pour elle, tu l'as ramené… il n'y a PLUS de limites après un truc pareille.
C'est toi, Burning Chicken qui rend les choses compliquées.

- Il n’y a pas de limites. C’est à moi de me les mettre car sinon je n’en rencontrerai jamais aucune. Je suis morte pour elle… mais le Phénix ne meurt jamais. Et mon cœur…

Elle se tue alors que Jade s’emparait d’une enveloppe  à laquelle Rachel n’avait jusqu’à lors pas fait attention mais dont elle percevait l’extérieur comme l’intérieur dans son esprit et lut presque par inadvertance du fait de s’être concentrée dessus. Revenant auprès de sa filleule sans trouver le moindre mot, l’Echo du Phénix se posa sur le bureau sans savoir quoi faire d’autre ou quoi penser, laissant des explications bien inutiles se faire et lui passer autant au-dessus de la tête que la tête faite par Jade.

- Il reste un blanc dans godmother avant de renvoyer le truc… juste un blanc qui attend ta signature maintenant que t'as une identité officielle. J'attendais le bon moment pour demander ça, j'avais peur que tu trouves ça débile alors en t'appelant marraine, je voulais t'habituer à l'idée. Saches que Cait et Amy ont été ravies de mon choix.
Y'a pas mieux…
C'est ce qu'elles ont dit.

Elle regarda les noms, elle les regarda bien. Aucun lien de sang, non. Juste le lien de l’amour et cela la fit sourire. Oui, cette feuille transpirait l’amour, littéralement, les empruntes des émotions de ceux qui y avaient apportées leurs signatures étant plus qu’explicitent sur ce fait.

- Si avec ça tu ne comprends pas où est ta place… c'est une canne et un chien d'aveugle qu'il te faut.

Elle releva des yeux humides de les feuilles vers celle qui avait tendue, les déponant sur le bureau sans attention supplémentaire.

- Un stylo contre un câlin. On a un deal, marraine ?

Elle y gagnait sur tous les tableaux mais elle prenait le câlin avant le stylo ; et elle le prenait maintenant. Une demande tremblante non d’hésitation mais de contenance, pour ne pas forcer Jade, simplement composée de deux mains écartées en attente d’un accord pour se jeter littéralement au coup et enlacer de toutes ses forces, le tout sans risque d’étouffer mais avec un léger de renversement de chaise ; mais ce ne serait pas la première fois qu’elle se retrouverait à sourire bêtement par terre en enlaçant une personne qui lui était chère. Puis au moins, cette fois, le sol était propre.

- Mon cœur ignore ce qu’il est, ce que je suis, ce que je dois faire… il est empli de doutes mais cela ne l’empêche pas de battre, pour et par des personnes qui sont ses seules certitudes.

Elle n’avait pas pleuré, non. Ses yeux avaient commencé à transpirer d’amour comme la feuille mais elle n’avait pas pleuré. Ce n’était pas aussi humide et expansif que des pleurs mais ça en avait la profondeur et l’intensité. Quelque soit la position, elle resterait accrochée à Jade aussi longtemps qu’il lui serait permit, bien consciente que ça ne pouvait qu’être un stylo dans sa poche même si elle, elle était contente du câlin.

Brutasse, oui, elle était une brutasse dans son honnêteté et sa franchise même si elle n’était que rarement aussi expansive. Il n’y eut aucun dommage à l’encontre du sol, le bouclier psychique absorbant l’impact sans la moindre difficulté même s’il n’était que dans sa forme la plus basique et inconsciemment maintenue, mais cela n’empêchant pas la « proprasse » de se plaindre, sans doute de la perte d’altitude ou du contact direct, forcé et relativement envahissant ; même si après Kaede Jade devait être parée à tout. Et oui, c’était un oui, fuck off du verbal. Rachel avait raison sur ce point puisqu’une fois les protestations verbales terminées son étreinte lui fut rendue et elle n’en profita que d’avantage, alors même que sa filleule s’abandonnait en confiance également.

- Mais oui, mais oui… Je t'aime aussi grosse bébête ! Même si tu me fous tes cheveux tout cradingue sur le visage, ton hygiène laisse à désirer depuis qu'on n'est plus dans la même chambre, il faudrait peut-être que je te rappelle les bases, Lady Rachel Anne Summer de Sa Majesté blablablah !

Ces cheveux n’étaient pas sales, ils n’étaient pas propre d’hier, nuance ! Et puis c’était Dame : Lady c’était pour les femmes de Lord ou de Sir, sinon ce serait LCVO et pas DCVO (et parfaitement, il lui avait fallut plusieurs mois pour trouver le moyen mnémotechnique, le fait que les lettres post-nominales soient un acronyme l’ayant d’ailleurs bien aidé…). Quand à Kaedifier, Jade n’avait pas le potentiel mammaire ou la bonne orientation sexuelle pour cela et plus que ne pas souhaiter l’embrasser, Rachel ne souhaitait pas traumatiser Karmen avec qui elle avait déjà eu du mal à nouer le contact malgré les échanges du plateau de viande. Concernant Sanzo, elle préférait ne rien dire, il en était parfaitement capable et sans doute qu’un de ses rêves érotiques voir fantasme avoué devait tenir de la partouze ou du tripe lesbien Jade/Rachel.

Néanmoins le reproche sur lequel la voix de Silent mourut fut suffisant à ce que l’Echo desserre sa prise, interrompue dans son élan d’affection et si elle ne rompit pas le contact elle n’opposa aucune résistance lorsque sa vis-à-vis le fit, se contentant de se réinstaller pour être assise sur le sol même si un baiser sonore l’empêcha de se perdre dans ses pensées, ré-attirant sur sa filleule qui s’en allait le devenir officiellement, lui tendant le stylo. Un bref sourire et un hochement de tête plus tard Rachel se levait tout en s’emparant de l’objet, s’en allant dessiner le « RaS » qui lui servait de signature tout en se faisant reprocher qu’elle n’avait toujours pas répondue à la demande de maillot de bain. Mais oui, Marraine la Bonne Fée arrivait, fallait juste lui laisser le temps !

- Attend !!! Je me change !! J'aime trop ces fringues la…

Bonne précision, en effet, puisque la conversion vestimentaire consumerait la totalité de ce qu’elle portait, sous-vêtements inclus. Changer l’agencement voir la composition des molécules, une fois qu’on les voyait, n’était pas d’une grande difficulté pour Rachel tant qu’elle savait vers quoi elle se dirigeait cependant elle ne créait rien, elle se contenait de convertir : même si elle pouvait user de l’air ambiant, c’était bien plus compliqué puisque nécessitant de relier les molécules alors elle se contentait de changer les vêtements, convertissant les tissus en molécules instables avant de leur donner une autre forme.

- Tu sais, les trucs de castor c’est une manière pour Caitlyn de marquer son territoire. Elle n’a offert un pij’ comme ça, je crois que c’est l’un des rares trucs que j’ai pas converti en molécules instables pour en faire ce que je voulais.

Et c’était bien moins innocent que ce qu’on pouvait croire puisque Caitlyn se plaçait comme gardienne des cauchemars de l’Echo, elle le lui avait dit durant la journée de possession d’Amy. Rachel n’était pas seule, plus seule, c’était sans doute la grande chance de sa vie que de croiser et d’accompagner des gens d’exception, qu’elle aimait et qui l’aimaient également. Sans doute serait-ce à lui dire, en effet, lorsque le temps des retrouvailles serait venu.

En tout cas, à défaut d’avoir un maillot de bain Lovely Castor, c’était possiblement Caitlyn qui avait également choisie la tenue que Jade allait sacrifier dans l’instant : t-shirt jaune-citron et pantalon sans forme. Bon, on ne pourrait blâmer la Ptite Rousse que pour la couleur du t-shirt et Rachel la trouvait plutôt sympathique, tant qu’il ne fallait pas être discrète. Peut-être sortirait-elle un débardeur de cette même couleur dans les prochains jours… accompagné d’une minijupe rouge et de lunette carrée de cette même couleur, elle serait au top considérant la saison !

- Ca c'est moche, je m'en fous ! Bon ben pour la forme… heuu… classique quoi ! Pas un truc qui pique les yeux, t'as qu'a faire comme pour toi, tiens !

Passant un avant bras contre son ventre afin de soutenir son coude opposé dont la main irait poser son index et son majeur contre sa joue, l’Echo du Phénix réfléchit quelques instants. « Classique », « qui pique pas les yeux » et « comme pour toi », elle tâchait de trouver le bon mélange. Exit déjà le jaune, rouge et orange, ça allait piquer les yeux. C’était une excellente question le « faire comme pour elle » mais ça ne l’aidait pas puisqu’elle essayait de changer cela, justement. Et c’était sans doute au niveau des maillots de bain que cela se verrait le plus, aussi. Il fallut donc plusieurs dizaines de secondes de réflexions avant qu’elle n’agisse, même une fois qu’elle fut imprégnée de la structure moléculaire des tissus des vêtements de Jade pour pouvoir l’altérer afin de créer le si précieux matériau super-scientifique.

Ces instants écoulés, elle ferma les yeux pui sa main gauche se décolla de son de son visage pour faire un cercle, index tendue, avant de remonter le doigt vivement ; non, c’était inutile pour ce qu’elle entreprenait mais c’était toujours mieux que « babidi boubidi bouh ! » puisqu’elle ne se souvenait plus bien de la formule magique. En tout cas, s’ils ne perdirent leur aspect, les vêtements de Jade changèrent de matière et la seconde était bien plus couvrante et élastique que précédemment, épousant bien mieux ses formes. Puis Rachel rouvrit les paupières avant de les pisser de concentration tandis qu’elle changeait la forme, faisant fusionner l’ensemble et migrer les molécules vers ce qu’elle recherchait. Le jaune de ce qui fut le t-shirt s’en alla former des bandes sur les flancs et les parties des manches et du short qui les poursuivaient, tandis que le reste forma une combinaison d’eau partant des genoux jusqu’à la gorge et au bas des bras.

- Je pense que c’est comme ça qu’je ferais, pour moi. La combinaison cache toutes les cicatrices. Après c’est pas un maillot d’bain…

Reprenant son opération, Rachel croisa les deux bras cette fois, toujours aussi concentrée. A l’intérieur même de la combinaison, une nouvelle structure se dessina, plus proche de ce qui devait être attendu, et elle se révéla entièrement lorsque la jeune femme décroisa les bras pour les écarter, une grande partie des molécules suivant son geste pour séparer en deux la tenue précédente et laisser Jade vêtue d’un deux-pièces de sport noir bien que le renfort de l’unique bretelle qui lui passait derrière le cou et la partie intérieure de la ceinture qui surplombait la culotte soient jaunes.

- Ça c’est un maillot d’bain comme j’aim… essaya-t-elle de dire.

Jade baragouina un truc en chinois, langue que Rachel ne parlait pas ni ne comprenait à moins de se trouver dans la tête de la miss pour avoir la traduction instantanée néanmoins quoi qu’elle put dire c’était surement moins prévisible que ce qui se passa par la suite, que l’Echo n’avait pourtant pas réellement prévu. Dans son esprit, c’était plutôt simple : elles feraient une gamme d’essayage puis Jade choisirait. Sauf que pour le coup l’idée n’était pas étanche… ou une expression du genre.

Kyyyyyyyya !!!!!

Si l’Echo du Phénix avait été cardiaque bah elle ne le serait plus, pour le coup, mais comme tel n’était pas le cas elle se contenta d’une interruption surprise qui ne la fit pas se crisper le moins du monde mais effectuer un pas sur le côté pour prendre ses appuis avant de décroiser les bras, prête à se défendre. Souffle coupé pour une seconde, cœur prêt à s’accélérer pour alimenter son effort, elle n’eut pour seule réponse qu’une Silent complètement paniquée et rougissant d’autant plus vite qu’à la gêne s’ajoutait la friction de sa peau alors même qu’elle tentait de forcer le soutien-gorge à se transformer en brassière, voir carrément en haut court. Alors oui, les molécules instables s’adaptaient pratiquement à tout et leur élasticité les rendaient quasiment incassable par extension néanmoins à tirer dessus avec les mains l’adolescente n’allait gagner qu’une chose et Rachel avait suffisamment tiré à l’élastique étant petite pour savoir quoi. Sauf qu’à la différence d’elle-même, sa filleule n’apprécierait certainement pas se balader avec une grosse marque de soutien-gorge sur le visage ! Il n’y avait donc pas énormément de moyen de lui éviter cette douloureuse humiliation dont l’une des rares choses à prendre plus de temps à s’effacer serait la mauvaise humeur et la rancune de sa propriétaire ; après il y en avait surement d’autres mais l’Echo du Phénix n’y réfléchit pas plus et y alla avec la finesse habituelle, sectionnant mentalement la bretelle de soutien alors même que le nœud dorsal se défaisait de lui-même, offrant à Jade qui continua son effort une vue imprenable sur sa propre poitrine qui promettait au passage de finir au moins aussi développées que celles de ses mères, surement au grand désarroi de Caitlyn d’ailleurs.

La regardant dans les yeux, Rachel ne fit aucun commentaire alors que le bug intersidéral de la génie était d’autant plus propulsé qu’elle devait contempler l’infime probabilité que cela se finisse ainsi et laissant une immense vascularisation d’autant plus agitée et agitante que le cœur battait la mesure.

- OH LA LA LALA !!!

C’était un bon résumé et si Jade se rendit invisible Rachel ne la perdue nullement de « vue », la percevant faire tant de bruit par la voix que par la maladresse alors qu’elle se viandait à travers la pièce avec un talent qui n’était pas sans rappeler ceux des deux rousses les plus proches de la jeune fille ; néanmoins le talent sans protection cela se finissait en rampant avec des bleus partout, une chose que l’Echo du Phénix regarda advenir en baissant sa garde. Néanmoins, en connaissance de la manie de Jade de fermer les portes et en considération de sa fuite à quatre pattes la rousse légèrement responsable de tout ceci eue la bonté d’ouvrir l’entrée du refuge où la réfugiée se réfugia en la claquant.

Ramassant de la main le reste de tenue qu’elle avait fait voleter un peu plus loin une fois retiré de Jade et qu’elle avait laissé tomber sous le coup de la surprise, Rachel entendit la complainte de Jade à travers la porte. Tournant le regard vers la combinaison à laquelle il manquait les parties du maillot de bain deux pièces tout en appelant à elle les restes du haut qui trainaient un peu plus loin, elle entreprit de ressouder le tout et d’essayer de rassurer Jade en attendant que ce soit fait. Heureusement, la seconde tâche risquait de prendre plus de temps que la première…

- Calme-toi Jade, y’a pas de problème.

Que dire ?

- Tu sais, t’as pas à avoir honte, hein ? Je perçois déjà tout le monde comme nu d’une certaine façon…

Sans doute pas ça…

- Enfin…

Ne pas renchainer sur l’explication amyesque des sens psychiques.

- Ça va ta tête ?

Jade aurait surement un beau bleu même si avec la rougeur ça risquait de faire un marron assez dégueulasse mais le pire avait été évité. Il était sans doute plus facile d’assumer un hématome à l’arrière du crâne qu’une marque de soutif à l’avant. En tout cas c’était le point de vue de l’Echo qui était capable d’assumer l’un comme l’autre ; elle n’avait pas le masochisme d’essayer cependant.

- J’voulais t’en faire essayer différents, en fait. La combi c’est pas un maillot d’bain mais « comme je ferais pour moi » c’est compliqué. Déjà parce que ça risque de piquer les yeux mais aussi parce que…

Elle s’interrompit, continuant de passer l’index sur les deux bords des deux tenues en molécules instables pour ressouder ces dernières comme elle le ferait d’une plaie, ayant bientôt fini la moitié de son rapiéçage (l’autre se trouvant encore sur l’intimité de Jade). Après plusieurs secondes de silence, elle reprit doucement.

- J’ai pas fait gaffe, désolée. Je sais ce que c’est que de pas vouloir montrer certaines parties de son corps et… bah disons que je voudrais travailler là-dessus. Tu peux me passer la culotte ?

Oui, c’était un changement de sujet mais elle avait bientôt terminée la restitution de la combinaison et il lui manquait donc l’autre partie ; partie qu’elle attendit devant la porte, prête à tendre négligemment la main pour se saisir du vêtement, que ses yeux le voient ou pas, avant de retourner à son ouvrage une fois qu’elle l’aurait.

- Merci. Les… « grandes » de chez moi avaient des tenues relativement courtes, je m’en souviens bien. Maintenant que je suis en âge, bah j’aimerai en porter à mon tour. Mais même si on cherche ensemble des tenues à imiter…

Elle grimaça puis soupira, espérant que ses paroles suffiraient à calmer relativement Jade et à… elle ne savait pas trop d’ailleurs. Elles étaient sensées regarder des tenues ensembles car malgré tout c’était bien sa filleule qui était sensément l’ainée et la plus « à la mode » dans la logique des choses ; elle serait déjà femme lorsque l’Echo deviendrait adolescente mais considérant que sa vision de la civilisation s’arrêtait à treize ans, donc théoriquement dans sept ans, Jade était plus concernée par les modes des jeunes femmes à venir que toutes les autres connaissances de Rachel. Un modèle vestimentaire ? Pas réellement même si l’adolescente savait choisir ses fringues, indiscutablement, malgré qu’elle les choisissait moins pour le port que pour la dissimulation. Une conseillère ? Comme une amie pouvait l’être, oui. Et c’était comme à une amie qu’elle parlait.

- Je sais à quel point j’ai du te mettre mal et je m’en excuse, Jade. Je ferais plus attention la prochaine fois.

Inspirant et soupirant profondément, l’Echo termina ses raccordements et du plat du poing elle cogna trois fois à la porte des toilettes avant d’y tendre la combinaison, sourcils relevé et commissures des lèvres tendues vers le bas.

- Y’a pas de fermeture, tire sur le col et la truc sera suffisamment élastique pour que tu puisses l’enfiler. Par contre, lâche pas quant tu tires sinon tu vas t’en mettre une, poursuivit-elle une fois la tenue rendue à sa propriétaire alors qu’elle s’en allait contre le mur libre, y posant le dos et un pied en appui en attendant que sa filleule sorte.

Jade n’avait pas été si traumatisée que cela considérant qu’elle renchaina bien vite, déclarant un fait que Rachel n’avait pas contredit ; vachement gênant peut-être mais pas un problème. Quand à son orientation sexuelle la rousse n’avait pas à être convaincue, elle, ne s’étant jamais posée la question. Quand au char de la Gray Pride, l’Echo du Phénix en avait déjà vu mais si elle imaginait parfaitement les Elioth de Lauro sur un elle ne les avait jamais vue ; et que Jade ne se plaigne pas, la place conducteur était celle invisible généralement !

La nudité de Sanzo, en effet principalement petit ami de Jade même si à l’époque qu’elle citait il n’en était rien, voici qui était un sujet sur lequel elle ne s’étendrait pas ; il y avait matière pourtant. Humiliant, l’Echo ne voyait pas en quoi puisque ça n’aurait pas été bien différent que si le chat avait déjà eue des copines avant Jade, ce qui n’était pas le cas mais pas par sa volonté à lui, quand à ce que Cait’ en parle c’était une preuve qu’elle n’était pas bloquée sur le sujet, une bonne chose en cas de besoin de conseils ! Ca changeait de l’autre. Quand à ne pas s’y intéresser… si c’était un début pour que Jade se mette à l’aise avec la bite de son copain, elles le feraient d’autant que Fuzzy n’y avait pas grand intérêt puisqu’elle était lesbienne et qu’elle-même avait eues suffisamment de difficultés à ce sujet par le passé.

- Ça va ta tête ?

- Et la tienne ? Quelle idée de me foutre des tenues pareilles ? Un string tant que tu y es ? Tu m'as confondu avec Aislinn ou quoi ? Me manque des centimètres en plus, la couleur de cheveux et un sacré paquet de neurones en moins pour ça !
Humpf !!! C'est pas la tête, c'est le genoux qui a trinqué, vais encore avoir un gros bleu… « Montres tes jolies jambes » qu'elles me disent après, tu verrais leurs gueules à mes jambes, et j'aime pas m'épiler, c'est CHIANT.

Elle percevait déjà mais ce n’était pas Sanzo qui allait se plaindre des poils considérant qu’il était à moitié chat. Quand aux idées elles continuaient de se faire et répondaient aux questions de sa vis-à-vis même si sa tête à elle allait très bien, aucun afflux de sang de s’y rendant actuellement.

Une fois que Jade eut virée la culotte pour la lui tendre, Rachel se mit à l’ouvrage en considérant ce qui lui était dit ; ne pas exhiber ses cicatrices, il n’était pas question de cela, juste de les assumer, pour l’Echo. Mais qu’importe les mots l’idée semblait la même et que Sanzo puisse les voir était une bonne chose ; que les autres soient maintenus au loin, d’accord, même que les mères soient maintenues à cette distance n’était pas grave, mais il fallait bien progresser avec le compagnon. Oh que non les cicatrices n’avaient jamais rien d’esthétique, c’était des marques dont la négativité n’avait d’égale que leurs origines, mais oui elle-même voulait parvenir à les assumer pour que même leur présence ne puisse l’empêcher d’être comme elle voulait. Faire la paix avec ça… elle aurait sans doute pu s’en débarrasser si elle l’avait voulu, après tout elle cachait bien les pires tout comme Jade cachait son corps. Les pires blessures étaient celles qu’on ne voyait pas, en effet. Et c’était bien pour cela qu’elle ne dirait rien les concernant, changeant de sujet pour s’expliquer dans sa démarche.

De la faute à Silent de lui avoir laissé le champ libre ? Oui mais ça n’était pas une erreur, juste une marque de confiance, c’était plutôt positif du coup. De quoi, alors même que l’Echo finalisait la tenue, lui redonner un peu le sourire alors même que la scène se poursuivait, brillamment illustrée par Jade d’ailleurs. Jade qui faillit lui refermer la porte sur la main dans son empressement à ravoir sa combinaison dont le côté seconde peau gênait moins que le dévoilement de la première et dont l’empressement suscité lui fallut une belle marque d’élastique sur la gueule qui ne mettrait que quelques jours à partir ; le tout encore une fois illustré par la demoiselle de sa jolie voix.

- Oui, celui là, il me va bien… adopté.

- Le coup d’élastique ?

Nan, c’était pas une vanne, c’était sorti tout seul car une question dans l’instant, il ne fallait pas fusiller l’Echo du regard, elle avait juste pas réfléchi ! Mais entre son pas réfléchi et sa pose visiblement tout clochait et Mémé commença à gueuler, donnant envie à l’autre de la pousser dans les orties ! Rachel n’aurait pas faite de trace sur le mur ni ne l’avait fait pour faire kéké Badass, juste parce que c’était une pose équilibrée qui lui évitait de glisser contre ledit mur déjà pas immaculé !

- Tu ferais ça chez la Reine D’Angleterre ? Non, hein ?

- Euh…

- Pfff…

L’Echo commença à regarder ses pieds, reposant son autre au sol afin de les avoir tout deux dans son champ de vision mais elle ne fit aucun commentaire parce que oui, elle l’aurait fait. Wisdom l’avait d’ailleurs engueulé avant qu’elle le fasse, lui, pour le jour de l’adoubement ; comme quoi faire la zonarde mal élevée n’était vraiment pas approprié et patati et patata.

- En tout cas merci…

Un simple sourire en guise de réponse, bienveillant et aimable ; malgré les péripéties ça c’était bien terminé même si en définitive Jade n’avait pas de maillot mais une combinaison. A la demande de question, elle releva le regard, puis alors que Jade détournait le sien vers l’extérieur, l’Echo du Phénix en fit de même pour chercher à voir ce que sa filleule regardait, perplexe.

- Tu sais nager toi ? Puisque t'as vu… mes seins… ils sont… heu… biens ? J'veux dire… si tu étais Sanzo et que… heu… Ils… Ben tu vois quoi ?! Olalalala !

- C’est quoi l’rapport ? commença-t-elle perplexe par l’enchainement de fait indifférent de Jade. J’ai vu et je vois, oui, et tes seins… bah pour une asiat’ tu t’en sors bien. S’tu prends encore un peu Caitlyn va faire la tronche et Sanzo la queue.

Oui, non, faire la queue c’était pas ça l’expression mais elle voulait pas du second degré là… et puis zut.

- Même sans être Sanzo je te trouve jolie, tu sais ? T’es pas sexy, non, t’es p’t’être pas encore assez « femme » pour être « belle », mais t’es jolie donc tu le deviendras.

Marquant une pause, elle chercha quelques instants ses mots puis reprit après une inspiration.

- Etre sexy, ça attire le regard et enflamme l’imagination mais être jolie, puis belle, c’est ce qui te permettra de trouver la bonne personne. Sexy, tu pourras toujours le devenir à ses yeux,  mais c’est pas pour ça qu’il t’aime et t’aimera.

Un fin sourire, encore, toujours bouche fermée mais toujours bienveillant également. Les questions esthétiques, Rachel connaissait bien et si elle se montrait parfaitement franche il n’y avait pour elle rien de péjoratif dans ses paroles.

- Puis le jour où tu veux essayer d’être sexy, d’mande à tes mères, aucune d’elle ne l’est mais elles savent toutes les deux très bien le devenir. Et même sans ça Sanzo démarre au quart de tour… c’est pas un chat c’est un lapin… avec une bite de cheval…

- C’est un drôle d’hybride en fait, rajouta-t-elle après s’être tue quelques instants pour réfléchir avec le plus grand sérieux dont elle était capable. Dis… quand tu disais qu’il fallait pas que ça devienne une attraction familiale la première queue d’ton mec… ça inclus qu’on en parle pas ou avec toi on peut ?

- Ah, et oui, j’ai su nager à une époque… mais c’est pas plutôt ramer qu’on doit dire, pour mon cas ?