Un café, ça te dit ? [Cait]

Caitlyn s’adossa sur le dossier de sa chaise tout en soupirant avec un léger sourire.

- Non Brian, je ne te montrerais « le gros pistolet pour buter les méchants » et non, je n’ai pas de super costume pour voler dans les airs pour « foutre une raclée » aux malfrat, quand à la dernière question « madame t’es une vraie rousse » , je préfère complètement l’ignorer car je te trouve un poil trop jeune pour t’en préoccuper, un poil, tu vois ce que c’est ou tu veux que je te baisse ton caleçon devant tes camarades pour te montrer par l’exemple que justement, tu n’en es pas encore pourvu ? Maintenant tu vas te casser de mon bureau ou je te montre qu’on peut électrocuter un mineur sans aller en taule rien qu’avec la carte « accident de contrôle de pouvoir » comme joker.

Le gamin ne demanda pas son reste alors que Cait affichait un demi-sourire de circonstance ressemblant plus à un rictus qu’autre chose. Méchanceté ? Non, c’était juste un peu jeu, celui du Croque –mi-Cait’ de l’Institut, l’horrible monstre roux mangeuse de petits enfants qui faisait des trucs contre nature avec une hybride plante. D’un geste lent, alors que le gamin sortait, elle étendit ses jambes et déchaussa ses escarpins rouges tout en défaisant son chignon. Elle secoua la tête pour ébouriffer sa coiffure de lionne et s’étira en un violent bâillement alors qu’on toquait à la porte.

Merde ! aucun répit aujourd’hui, et encore, elle avait prévu d’ici une heure d’aller un peu s’entrainer au corps à corps en salle des dangers avant de boucler sa journée par un retour au nid pour consommer quelques glaces avec Amy tout en bouquinant et bavardant en attendant le signal du « fuck o clock » habituel avant de s’endormir dans les bras l’une de l’autre et affronter une autre de ces interminables journées. Elle autorisa donc le fappeur à entrer tout en tentant de se recoiffer à la va vite et en rajustant sa veste de tailleur violette.

Son expression faciale marqua la surprise en voyant le visage d’Alexandre se dessiner dans l’embrasure de la porte. Il était ou avait été son ami, doute sur lequel elle ne voulait pas jeter la lumière, il y a encore quelques semaines mais les choses n’avaient jamais plus été les mêmes depuis qu’ils l’avaient récupéré et qu’Amy lui avait administré une formidable « gifle » mentale qui l’avait laissé humilié et colérique. Amy y avait été très fort ce jour-là et il est vrai qu’il en avait eu plus que besoin mais Alex avait dû apprendre que chacun de ses gestes avaient des conséquences et celles-ci avaient s’étaient montrés dévastatrices sur leur relation à tous les trois.

-Salut Cait, ça va toi ? Il t'a pas trop crevé le p'tit ? C'est une vraie pompe à énergie ce gosse.

Caitlyn se contenta de rassembler certains de ses dossiers en saluant d’un petit geste le nouvel arrivant sans s’attarder plus que nécessaire sur lui : sans doute avait-il une doléance d’ordre « professionnel ».

- Hum ? Non…c’est un gamin…Par contre, je crois que sa libido commence à s’emballer un peu, faudra voir à passer à un autre chapitre que celui du miel et des abeilles avec lui avant qu’il ne finisse l’œil rivé au trou de serrure des douches des fiches pour vérifier si « les rousses sont des vraies rousses »…

Elle n’eut pas le temps de reprendre son souffle que le jeune homme l’interpella.

- T'aurais cinq minutes pour parler un peu ? Ça fait un bail non ?

Des yeux ronds et une petite seconde de flottement, ah bah celle-là, elle ne l’avait pas anticipé. Elle cligna des yeux avant de se raidir sur sa chaise en jouant machinalement sous son bureau avec ses escarpins à demi rechaussées.

- Heu…Bah…oui…Si..Tu veux…T’as un problème dont tu voudrais m’parler où…heu..c’est juste comme ça ?

Elle le regarda tout d’abord d’un air étonné avant de commencer à afficher un léger sourire somme toute assez fantomatique. Elle savait qu’il reviendrait, il fallait juste lui laisser le temps de digérer, de le laisser faire son chemin vers sa vérité et les choix qu’il se devait de faire. Elle prenait très souvent de ses nouvelles mais toujours de façons informelles comme elle le ferait pour d’autres pensionnaires pour ne pas éveiller les soupçons. Il avait l’air plus posé, plus apaisé aussi comme si il était enfin parvenu à vaincre ses propres démons et dresser la liste de ses priorités, en gros : il avait muri. Son retour n’était plus qu’une question de temps. Elle était surprise que ça se passe de cette manière et aujourd’hui mais en fin de compte, comment cela pouvait-il se passer différemment au fond ? C’est juste qu’elle n’y avait pas réfléchis plus avant. D’ailleurs, concernant Alexandre, la liste des « dossiers en attente » ne se soldait pas seulement aux répercutions de sa fugue et l’engueulade monstrueuse qui s’en était suivi suite à un sauvetage des plus mouvementés. D’autres requêtes et explications « plus personnelles » étaient en souffrance, et toute semblaient tourner autour d’un même et épineux sujet : sa compagne. Plus de non-dit, c’était la règle et cette règle elle la respecterait avec tous ceux qu’elle considérait comme des amis.

Elle inclina la tête d’une façon innocente et charmante pour toute réponse à la proposition du jongleur affichant là un sourire des plus radieux qui illumina littéralement son visage puis se laissa aller à un léger soupire mi- amusé, mi- fatigué.

- Une seconde chance ? Tu vois ça comme ça ? Oh pauvre petit imbécile…Y’a vraiment que toi pour croire que tu avais perdu la première. J’attendais, simplement j’attendais. T’as toujours été mon ami, même si tu croyais que je l’avais oublié. Simplement, il y a des chemins dans la vie qu’on ne peut parcourir que tout seul et à ton rythme, c’est pour ça que je t’ai laissé le temps nécessaire pour le comprendre.

Elle partit d’un rire franc aux intonations enfantines avant de s’étirer à l’instar d’un chat ou poussant ses bras au-devant d’elle.

- Un café ? tu sais vraiment faire du café ? Pas des espèces de merdes imbuvables et solubles ? Tu sais que tu m’intéresses là ? Par contre, j’ai pas vraiment l’envie de bouger d’ici parce que dès que je passe cette porte, on me tombe sur la gueule par meute de Kids à problèmes, y’en a toujours pour ne pas comprendre ce que « intimité » veut dire. Alors je te propose un deal, vas me le faire ton café et reviens ici avec, je n’y serai pour personne d’autre et on sera tranquille pour discuter.

Elle lui adressa un clin d’œil tout en affichant une mine provocatrice avec un petit rictus moqueur.

- Ma « petite secrétaire » à moi, en gros…Tu ne veux pas aller chercher un bon kawa à tata Cait fatiguée ? Pleassse ? Oh et puis discute pas, c’est même pas du harcèlement sexuel vu mon orientation plus que connue à l’Institut. Au moins on ne jazzera pas, c’est déjà ça pour une fois.