Suivre l'étoile. ( Pv Kaede, Amy de Lauro)

- Arigato… Aibu watashi no atama ? déclara simplement Kaede, alors qu’une larme coulait sur sa joue.

C’est pas faux, aurait bien répondu Amy, qui si elle savait que le « arigatō » signifiait merci, n’avait rien comprit au reste de la phrase ; italien, anglais, français, et un peu d’allemand, c’était déjà bien, mais elle n’avait pas eut l’occasion d’étudier, où même de rencontrer, des japonais là d’où elle venait, et Kuragi, un autre élève d’origine japonaise, n’était pas parmi ses fréquentations les plus régulières, voir même ses fréquentations tout court. Cependant, un léger mouvement de la tête de la jeune femme intrigua l’italienne, alors qu’elle semblait légèrement se frotter à elle ; des caresses ? Pourquoi pas, Nephilim n’était plus à ça prêt, de toute façon.

Lorsque Caitlyn arrêta la voiture, le reste du trajet parcouru, Kaede dormait contre elle, et son aimée se retourna pour lui murmurer que, plus qu’être en colère de la voir ainsi collée à une autre, elle en était attendrie. Un aspect d’Amy qu’elle ne voyait que rarement, mais qu’elle aimait voir. L’italienne eut un sourire amer ; le monde ne se prêtait pas à cela, et cet aspect d’elle, cet aspect remontait à un passé depuis longtemps oublié, un aspect qu’elle ne considérait pas. Oui, il y avait des monstres sur cette terre, et c’était bien pour cela qu’Amy n’avait pas à se montrer ainsi, son rôle à elle étant d’affronter les monstres. Pas une mère, pas une sœur, juste une combattante, et pour certains, une amie. Ni plus ni moins. Elle avait trop vécue pour que cet aspect d’elle représentât encore quelque chose.

- Ok, je la porte ; juste le temps de reprendre la cape. T’sais quoi, je crois que je vais la virer, c’est peut-être utile, mais c’est assez chiant…

Repassant le manteau qui lui avait prit des nuits entières de création, elle attrapa par la suite la jeune japonaise, et aidée de Fuzzy, la sortie, avant de la porter sans effort à travers les couloirs de l’Institut.

- Fin de la mission… début d’une nouvelle vie… C’est à ce moment que j’ai vraiment l’impression de servir à quelque chose. Oh hé tant que j’y suis… Je… j’espère que plus tard, t’as rien contre des enfants… parce que moi ça m’plairait assez bien… avec toi. Aheum… Il me semble qu’on doit retourner à la voiture après non, c’était le deal ?

Amy laissa s’écouler plusieurs secondes, marchant au rythme de son aimée, son visage comme ses yeux se baissant avec beaucoup de tristesse.

- Les, les enfants, je peux pas. Désolé Cati. J’ai jamais eut de mère, j’ai pas la moindre idée de ce que c’est. J’ai eut des éducateurs, pas des parents, et jamais je pourrais élever des enfants : je saurais pas comment faire, il y aurait toujours une distance, comme si c’était une obligation. Je crois pas que je pourrais le vivre autrement, et je veux pas infliger ça à des enfants. Même ceux d’Eva… je sais que mécaniquement, je saurais m’en occuper, j’ai déjà fait ça à l’orphelinat, mais… y’aura jamais rien de plus.

C’était un véritable aveu, sur un sujet qu’elles n’avaient jamais abordé. L’italienne n’y avait même jamais sérieusement songée, car la vie d’X-women, leurs ennemis et ennuis à venir, cela compromettait à ses yeux toute chance de normalité, et elle ne ferait pas l’erreur des Richards, à tenter d’outrepasser cela, car ça finirait mal. Oui, grâce à Franklin, elle avait eut un aperçu, elle avait vécu, en quelque sorte, ce qu’était avoir des parents, mais elle savait aussi que l’extraordinaire ne pouvait pas se lier à l’ordinaire sur le long terme. Franklin avait été enlevé plusieurs fois, et risquait d’être placé en stase par sa famille, pour son bien, et pour ce même bien, ils avaient tenté de l’isoler à l’Institut, pour le protéger. Jamais elle ne voudrait infliger quelque chose de semblable à un enfant.

- Puis, avec la vie d’X-Women, se serait irresponsable. Qu’adviendrait-il si l’une de nous se faisait tuer en mission, si on l’utilisait pour faire pression sur nous… Regarde Rachel, sa mère a été tuée alors qu’elle était… aussi jeune que moi lorsqu’ils ont tué la mienne…

Amy se refusait à détruire une vie, quelqu’en soit le moyen, par le meurtre, ou l’abandon.

- Laisse-moi le temps, d’accord ? Je veux pas dire non, mais pour l’instant, je suis pas capable. Peut-être que je suis encore trop jeune, j’ai plus de la grande sœur que de la mère, même si mon physique pourrait faire croire à l’inverse.

Une demi-douzaine d’année, voilà ce qui les séparait, malgré les apparences. Amy avait beau avoir physiquement vieillit prématurément, elle n’avait pas encore l’âge d’être femme, alors que Caitlyn atteignait bientôt celui où la plupart des gens avaient des enfants. Leurs mentalités étaient différentes, chose qui avait parfaitement été matérialisée par les thermes qu’elles employaient pour désigner leur relation : Amy était la compagne de Caitlyn, et Caitlyn la petite amie d’Amy.

- J’espère que tu m’en veux pas trop.

Non, bien sur que Caitlyn ne lui en voudrait pas, même si elle serait un peu déçue ; mais elle avait besoin de l’entendre dire, ayant comme toujours peur de ne pas correspondre aux attentes qu’on avait d’elle ; oh, Caitlyn savait cela, également, comme elle savait que la franchise qu’avait eut Amy en lui disant qu’elle n’était pas prête, elle ne l’aurait pas eut pour n’importe qui. Mais, si c’étaient des circonstances atténuantes, cela n’enlevait rien au crime.

- Quant au deal, oui. Juste, tu pense vraiment qu’on va réussir à faire rentrer mes ailes là-dedans ? Je les ai pas mesurées récemment, mais aux dernières nouvelles, elles étaient à 234cm chacune. Faudra rabaisser les sièges avant, sinon on va être très à l’étroit… Mais ça vaut le coup d’essayer. On a quelques heures devant nous, avant qu’elle se réveille.

L’italienne regarda son aimée avec un sourire ; oui, elle avait envie de certaines expériences, pour les mêmes raisons que précédemment. Oui, elles allaient se marier, mais Caitlyn était également la première d’Amy, et à tout ce qui touchait aux choses de l’amour, et aux domaines connexes. C’était clairement la rousse qui guidait le couple, à ce niveau là, et malgré que la brune puisse apprendre vite, elle avait particulièrement peur de le faire trop vite, car la structure n’en serait que plus fragile. Et Dieu savait qu’elles avaient encore beaucoup d’épreuves devant elles…