C'est élémentaire mon cher Watson [PV Eléazard]

La rentrée avait eu lieu il y a quelques jours et en ce début d’après-midi, je me rendis dans ma chambre pour me préparer à sortir. En effet, j’avais accepté d’accompagner un élève hors des murs de l’Institut Xavier. Je ne l’avais encore jamais rencontré et n’avais pas lu son dossier. Je préférais d’abord me faire une idée par moi-même. S’il y avait eu quelques indications importantes, le professeur Xavier m’en aurait fait part, sans l’ombre d’un doute.

Je m’approchais à grands pas de mon armoire et l’ouvris en grand. Je n’avais pas pour habitude d’être de sortie mais j’étais resté beaucoup trop longtemps entre les quatre murs de cette bâtisse. De plus, il était grand temps que je me rachète des chemises. Et puis, le nombre de mes cravates et de mes chapeaux avaient tendances à stagner ces derniers temps. Je choisis une chemise hawaïenne qui jurait un peu trop avec le bleu de mon pelage et un pantacourt couleur bleue nuit (histoire que mes vêtements et mes poils ne puissent être confondus). J’aurais bien tenté de mettre une cravate mais cet accessoire ne se mariait pas spécialement avec ce genre de tenue. Par contre, le chapeau et les lunettes de soleil étaient de la partie. Il me fallut une bonne demi-heure pour me décider sur le couvre-chef qui allait se pavaner sur mon cuir chevelu alors que ma paire de binocles fut en place en quelques secondes seulement. Si seulement j’avais une compagne à mes côtés, elle aurait associé avec plus de facilité que moi les vêtements qui faisaient de beaux ensembles. J’admets que je n’étais pas au top pour les tenues décontractées et je n’étais pas sûr que ce que je portais était très à la mode. Mais bon, qu’importe…

J’avais donné rendez-vous au jeune Eléazard dans le hall d’entrée à 14h30. Ayant encore une demi-heure devant moi, je passais au secrétariat retirer les clés de la voiture que nous allions utiliser aujourd’hui (pour faire simple, c’était la mienne que j’avais mise à disposition pour les sorties mais très peu, voir personne à part moi l’utilisait). Il y avait peu de voitures adaptées à ma taille (bon, d’accord, il y en avait seulement deux : en comptant un véhicule d’intervention !). Je remerciais poliment la secrétaire et passais par la cuisine pour chercher un thermos de café. Je discutais quelques minutes avec des élèves sur une notion de biologie qu’ils n’avaient pas bien saisis : je les invitais à passer me voir le lendemain matin après le cours de onze heures pour discuter de tout cela. Il s’agirait de ne pas être en retard à mon rendez-vous.

J’arrivais en sifflotant dans le hall d’entrée. Je reconnus rapidement mon petit protégé de l’après-midi. A vrai dire, je ne pouvais pas vraiment le raté… Il faisait partie de cette fameuse catégorie où le physique déterminé tout de suite sa nature. Lui et moi avions au moins ce point en commun. Je me dirigeais vers lui et d’un ton joyeux et paternel, je le saluais :

« Bonjour Eléazard. Comment vas-tu ? Je suis le professeur Henry « Hank » McCoy. Je suis ton accompagnateur pour ta sortie d’aujourd’hui ! »

Je lui tendis ma patte en espérant qu’il accepte de la serrer en guise de bonjour.

« Bien, ne tardons pas ! Notre carrosse nous attend dans le hangar à voitures ! »

Je souris. Bon, j’admets que le carrosse n’était plus de son âge et que cela faisait belle lurette qu’il ne devait plus croire aux contes de fées. Je crus bon d’ajouter dans un petit rire amusé :

« Ne t’attends pas à une voiture super cool comme celle du professeur Scott ! »

En effet, c’était une vieille voiture qui pourrait s’apparenter à une collection. Elle était bien loin de ces véhicules dont rêvaient les jeunes. Elle roulait, c’était l’essentiel.

Spoiler:

Je m’assis à la place du conducteur et introduisis la clé dans la fente : le moteur vrombit. Je souris. Après quelques mois passés ici, elle fonctionnait toujours. Même si je ne l'utilisais pas souvent, j'en avais pris grand soin. Après avoir invité mon élève à prendre place côté passager, je pris la route du centre-ville.

« Où veux-tu que nous allions ? »

La première remarque de mon élève me fit à demi-sourire. Bien que je savais qu’il ne me manquait pas de respect, le tutoiement qu’il utilisa pour m’adresse la parole me surprit. Nous nous connaissions depuis quelques instants seulement mais il donnait cette impression de me connaitre depuis des mois, voire des années. Je ne le fis pourtant pas remarquer à mon interlocuteur.

Nous roulions depuis quelques minutes déjà lorsque je lui demandais où il voulait se rendre. Sa réponse me convint qu’à moitié. Par quoi devais-je donc commencer ? Si nous devions passer le reste de la journée ensemble, autant que nous partions tout de suite sur de bonnes bases. Je devais admettre que cela ne me dérangeait pas plus que ça que les tout-petits me tutoient mais ils mettaient un « monsieur » devant le « doudou ». Plus grands, ils apprennent la politesse et ils passent au vouvoiement et optant pour un professeur ou un monsieur.

D’un ton amical mais ferme, je répondis :

« Le nounours est devenu grand mais n’apprécie pas vraiment le surnom que tu viens de lui donner. »

Et avec un grand sourire :

« Le nounours ne se rappelle pas non plus avoir joué dans la même cours que toi ! »

C’était une façon comme une autre de lui faire comprendre qu’il considérait Eleazard comme tous ces élèves. Il ferait tout pour le pousser à se dépasser, à s’intégrer et à apprendre tout en s’amusant mais il ne devait pas perdre de vue que j’étais son professeur et qu’il était mon élève. Bien que nous soyons en sortie, cela ne changeait rien au niveau des statuts. Je pouvais rigoler et jouer mais je ne dépassais jamais la frontière : j’étais certes une figure paternelle et une oreille attentive, mais je n’étais pas leur ami.

Je passais la vitesse supérieure et accélérais. Le parc du Bois Joli ? Je devais admettre que je n’y avais jamais mis les pieds bien que sache approximativement où il se trouve. J’en avais rapidement entendu parler mais sans plus : c’était une occasion pour découvrir un nouvel endroit de la ville. Si je connaissais un fleuriste ? J’avais plusieurs noms dans mon répertoire.

« Je te propose que nous nous rendions dans une petite rue piétonne. Elle a une particularité unique : elle est peu fréquentée mais réunit des petits magasins forts sympathiques. Les vendeurs y sont particulièrement charmants et il se trouve qu’il y a justement un fleuriste : comme toutes les autres enseignes de cet endroit, sa boutique est un peu la caverne d’Ali Baba. »

Je continuais en lui faisant un clin d’œil :

« Je suis sûr que tu pourras trouver ce que tu cherches. »

Le reste du voyage s’effectua en silence. Je ne tins pas compte des klaxons ni de certains passants qui nous lançaient des injures. Le monde est parfois étrange et je dois admettre que ces insultes ne m’atteignaient plus : je ne les connaissais pas et j’avais appris que ceux qui se moquaient des autres étaient plus mal à l’aise et mal dans leurs corps que moi. Je m’enfonçais un peu plus dans cette jungle de béton et nous arrivâmes bientôt à destination.

C’était une petite ruelle piétonne comme une autre qui reliait deux grandes avenues. Nous aurions pu penser que beaucoup de citoyens l’emprunteraient et pourtant… ils passaient tous devant comme si elle n’avait jamais existé. Je souris et sortis de la voiture. Je l’avais garé juste à l’entrée de la rue. Je lançais :

« J’aime venir ici lorsque je suis de sortie. Lorsque je viens, cette place est toujours libre. A mon humble avis, cet endroit est un peu magique et mystérieux. Je n’ai jamais fermé ma voiture à clef : les gens passent devant comme si elle était inexistante. Connais-tu la saga d’Harry Potter ? »

Et avec un petit rire, je continuais :

« Eh bien, cette rue, c’est un peu Pré-au-Lard ! »

Et je m’enfonçais dans les méandres de la ruelle. Certains vendeurs étaient sortis sur le palier de leur établi et je les saluais de loin, avançant tranquillement. Une bonne odeur de brioche et de croissants flottaient dans les airs. Nous marchâmes quelques minutes avant d’arriver chez le dit fleuriste. J’invitais Eleazard à me suivre. Je chuchotais avant d’entrer :

« J’aime bien ce magasin : quand je rentre, j’ai l’impression de voyager à travers des paysages magnifiques. Profites de toutes les bonnes odeurs qui s’offrent à toi ! »

Je disparus. Lorsque la sonnette de la porte tinta, un petit homme ressemblant grandement à un gnome des prairies, apparut dont ne sait où.

« Bonjour, professeur McCoy. Belle journée, n’est-ce pas ? »
« Bonjour, monsieur Tirliby ! »
« En quoi puis-je vous être utile ? »
« Pour être franc, je n’ai pas besoin de vos exquises fleurs aujourd’hui. Par contre, le jeune homme, là-bas ! »

Je désignais Eleazard. J’adressais un clin d’œil à monsieur Tirliby :

« Ne soyez pas trop dur avec lui ! C’est sa première visite ! »

Monsieur Tirliby se gratta le menton :

« Intéressant ! »

A l’adresse d’Eleazard, je lançais :

« Je te laisse entre de bonnes mains ! Je t’attends dehors ! »

Et je glissais à son oreille avant de disparaitre :

« Si je devais te laisser un unique conseil : ne le dévisage pas trop. Nous savons toi et moi que c’est un gnome et que les gnomes n’aiment pas que nous les regardions d’un air ahuri. »

Fier de moi, je sortis. La probabilité que cet homme soit un gnome atteignait probablement les zéro pourcents mais monsieur Tirliby aimait raconter qu’il descendait d’une grande et illustre famille de gnomes. Et il n’aimait pas non plus que les nouveaux clients viennent accompagner !

Je saluais de la main le fleuriste avant de sortir, laissant mon jeune étudiant entre les mains de cet expert. Je ne pus m’empêcher d’afficher un sourire lorsque je passais la porte du magasin. Je me mis de l’autre côté de la rue et me mis à dévisager avec intérêt les petites voitures exposées en vitrine. Monsieur Tirliby n’aimait pas les espions. Ce gnome avait l’œil pour dénicher les petits fouineurs.

Pendant ce temps, dans la boutique de Monsieur Tirliby.

Seul. Il était enfin seul avec ce jeune homme au physique étrange, certes, mais ayant une idée fixe : les fleurs. Il voulait des fleurs. Cela arrangeait bien ses affaires, il était un expert en matière de pétales, de cœurs floraux, de tiges, d’épines et de couleurs.

Il écarta ses ridicules petits doigts de gnome et les posa délicatement devant sa bouche. Il se mit à souffler entre chaque boudin de ses mains comme s’ils avaient eu besoin d’un petit rafraichissement ou que des champignons se mettraient à pousser comme par magie s’il ne provoquait pas une tempête de vent à chaque intersection.

Il sortit un mouchoir et vint essuyer une feuille d’un petit arbrisseau se trouvant non loin de là. Il jura dans sa barbe avant de mouiller le chiffon avec sa langue Il le passa de nouveau sur le même petit carré de verdure. Il la caressa avec tendresse, en lui murmurant des mots tout bas, puis nettoya encore une fois le cheveu de la plante. Une fois satisfait, il reporta son attention sur Eléazard. Il s’approcha en sautillant, fit le tour du garçon en le dévisageant sous tous les angles, et vint se poser sur un tabouret. Et seulement après avoir rangé son précieux tissu, il dédaigna répondre à la question de l’étudiant.

« Mon jeune ami, vous et moi savons que nous avons le même gène mais, nous avons chacun notre propre histoire. »

Il ouvrit une petite boite et en sortit une vieille pipe : c’était une antiquité. Il y fourra du tabac et l’alluma avant de continuer.

« Il y a celle que le destin avait choisi pour nous, celle que nous avons effectivement vécu, et celle que nous aurions aimé vivre. Et comme je préfère laisser l’imaginaire décider une bonne partie de mon histoire, je vous conterais celle-là ! »

Ce personnage était des plus excentriques. Peut-être que le professeur McCoy aurait dû mieux avertir son jeune protégé, mais les surprises n’auraient plu été au rendez-vous ! Monsieur Tirliby sourit.

« Est-ce que cela réponds à ta question, ou te faut-il plus de détails ? »

Il fit des ronds de fumée puis, après mûres réflexions, il lança :

« J’ai toujours rêvé de pouvoir faire comme Gandalf le Gris. Ah, ce fameux magicien ! Je ne sais plus vraiment à quel moment de l’histoire nous pouvons le voir faire des ronds de fumée après avoir tiré sur sa pipe. Puis, sorti de l’imaginaire ou de je ne sais où, un bateau fait de nuages gris s’envole à travers ses anneaux… Il me semble que c’était dans la Comté… Quel beau pays que la Comté, ne trouves-tu pas ? »

Il éclata de rire avant de se remettre sur ses pieds d’un bond.

« Mais, je ne pense que tu es venu entendre un vieux gnome tel que moi radoter sur ses ambitions, hein ? »

Il remonta ses manches après avoir posé son enfume-poumons dans sa boite.

« Alors ? »

Il croisa les bras sur sa poitrine :

« Pour quelle occasion requiers-tu les services de mes fabuleuses petites merveilles ? »

Le garçon n'ayant pas que les cheveux vert fut tellement éblouie par la présence de tant de chlorophylle et de verdure qu'il avait tout simplement oublié la raison de sa venue ici... Il n'était plus qu'obnubilé par la nature qui s'offrait à ses yeux. Il ne fit d'abord pas attention au temps que le gnome mit à lui répondre, mais quand il le fit, greenman l'entendit.

« Mon jeune ami, vous et moi savons que nous avons le même gène mais, nous avons chacun notre propre histoire. Il y a celle que le destin avait choisi pour nous, celle que nous avons effectivement vécu, et celle que nous aurions aimé vivre. Et comme je préfère laisser l’imaginaire décider une bonne partie de mon histoire, je vous conterais celle-là ! »

Tout en parlant l'homme de petite taille sortit une vielle pipe d'une boite et se mit à la fumer tout en parlant.

« Est-ce que cela réponds à ta question, ou te faut-il plus de détails ? »

À ce moment l'homme vert regretta moins sa question précédemment posée, le petit en face de lui avait l'air de posséder de la repartie et un humour certain. Ce qui ne risquer pas de lui déplaire, lui qui aimait tout ce qui sort de l’ordinaire et/ou qui amuse son petit monde.

- Si ça répond à ma question ? oui en effet mais... je suis curieux et j'aime toujours en savoir plus... Je me contenterais tout de même de cela car... et bien, à vouloir tout savoir on en sait trop et on peut être déçu... Bref, ça me vas perso.

« J’ai toujours rêvé de pouvoir faire comme Gandalf le Gris. Ah, ce fameux magicien ! Je ne sais plus vraiment à quel moment de l’histoire nous pouvons le voir faire des ronds de fumée après avoir tiré sur sa pipe. Puis, sorti de l’imaginaire ou de je ne sais où, un bateau fait de nuages gris s’envole à travers ses anneaux… Il me semble que c’était dans la Comté… Quel beau pays que la Comté, ne trouves-tu pas ? Mais, je ne pense que tu es venu entendre un vieux gnome tel que moi radoter sur ses ambitions, hein ? »

Il avait déclamer cette dernière phrase en riant et rangé sa vieillerie fumante de là d'où il l'avait sortie et finis par poser la question. La question pour laquelle l'antihéros en face de lui avait plus aucune réponse. Et oui être un hybride bizarre n’empêche pas d'avoir un cerveau passoire. Pris à court il finit par répondre piteusement.

- Bah je sais plus si y avais véritablement une occasion particulière car bah...j'avais une idée mais manque de pot j'l'ai perdu... J'aurais bien pensée à des hommes pendus histoire de décorer ma chambre, mais n'importe quoi tant que c'est une plante m'ira. Je n'aurais qu'une seule exigence: que ce soit en pot. Par ce que uno j'ai pas envie de faire un remake florale de Marie Antoinette et deuzio bah... pour la déco c'est mieux je crois ? enfin... peut être. Bref z'avez des idées pour m'aider ?

L'énergureptile verte savait parfaitement qu'il était (et est toujours...) complètement incapable de garder des plantes en vie plus d'une semaine mais bien qu'ayant zappé la raison de sa présence ici il voulait en ressortir avec un gros minimum de verdure...

HRP: c'est pas héroïque mais j'ai pas trouvé mieux là donc si tu veux je le change... J'ai mis Mr Tirliby en olive histoire que ce soit plus clair dans les dialogues...