Le milliardaire et la pauvre petite fille riche

C’est pas vrai ! Merde ! J’avais fais quoi, au juste, pour mériter ça ?! ok, ok, je suis sur que niveau karma, ma balance cosmique est pas forcément au top, mais quand même. Non seulement je dois me tapper des interrogatoires avant d’avoir la chance de ne serait –ce que faire mes preuves ici, mais en plus on me bizute !

Dernière plaisanterie en cours : on m’affecte pour aller « accueillir » et « tester » un nouveau. Et pas n’importe lequel, l’espèce de PlayBoy milliardaire grande gueule de Tony Stark. Alors bon, en étant tout à fait honnête, je dois dire que j’ai moi aussi une grande gueule, mais ça n’a aucun rapport. Moi c’est parce que c’est mérité, c’est parce que les gens sont lents, peu fiables, mous, et énervants d’une façon générale. Lui il gueule par principe, rien à voir donc… Le pire, dans tout ça, c’est que je ne pouvais pas me soustraire à cette corvée, sinon on allait sans arrêt me refiler des plans looses, c’était sur. Le réveil à 3 heures du mat pour aller gratter des tâches de sang dans une cave sordide d’une maison de banlieue, non merci…

Le seul côté intéressant de cet entretien en devenir, c’est que pour une fois on ne lui foutait pas un décérébré en face. Si ce que j’avais lu de lui était à moitié vrai, on avait affaire à un type franchement intelligent.. ouais.. bon.. un génie, n’ayons pas peur des mots. Un type qui était capable de produire et inventer autant de trucs technologiquement innovants, ça devait pas trop être un cave. Bon et puis il y avait un certain charisme aussi, sur les vidéos, les photos… Mais je savais, avant même de l’avoir rencontré, qu’il allait être aussi pénible que.. que… que moi !
Agacée, donc, pianotant avec mes ongles parfaitement manucurés sur le petit bureau qu’on m’avait généreusement octroyé, histoire que ça fasse un peu plus officiel, j’essayais de me rappeler l’attitude de ma boss quand j’étais arrivé. Un savant mélange de condescendance, de regard incisif, de phrases assassines et encourageantes, histoire de savoir ce qu’il y avait derrière le masque. Je souris en repensant à cette journée. Je l’aimai bien, cette Clarice. Aussi garce que moi, et pas du genre à se laisser chier dans les bottes… Enfin une nana qui se laissait pas faire, ça changeait des greluches, pour ce que j’en avais à fiche…Il était en retard… Il ne pouvait pas en être autrement, et je le comprenait parfaitement. Arriver à l’heure était un signe de faiblesse, arriver en avance un aveux de crétinerie…

Quand, enfin, on m’annonça via le petit communicateur qu’il arrivait, je me levai, vérifiait que je n’était pas fringuée comme l’as de pique, et pris une grande respiration. Je ne pouvais pas le recevoir dans le bureau, il avait un certain statut, on lui devait le respect. Mais rien ne m’empêchait de jouer la hautaine affairée. Je programmai donc mon portable pour qu’il me rappelle dans 2 minutes…

1 minute 40 seconde, je descendait les escalier, lunettes noires sur le nez.

1 minute, premier étage, je le voyais d’ici, devant l’hotesse d’acceuil.

30 secondes, j’arrive près de lui, avec un sourire encourageant.
« Monsieur stark ? » j’enlève mes lunettes, histoire de jouer un peu avec mon regard incisif. « Enchantée, je suis… »
Impeccable, le téléphone sonne, pil poil à temps. « Oui ? » . Bien sur, personne au bout du fil. Je me gondole intérieurement, me tournant, histoire de dire « je suis affairée ». Hors de question d’en faire plus que ce qu’on m’a demandé. Il est pas mal, je dois dire… « Non, j’ai pas le temps. Débrouillez vous. Vous n’allez pas m’appeler chaque fois qu’il faut résoudre une énigme aussi simple non ? »… Je raccroche.

« Désolée, le travail, le travail », fis-je, en haussant les épaules. « Enchantée, donc, Monsieur Stark. Monet St-croix. Je vous fais visiter ? je préfère nettement me pencher sur cette nouvelle énigme : vous ! ». Je lui fis signe de me devancer lui indiquant l’escalier menant à la coursive, ou on pourrait avoir une vue impressionnante des lieux. Il fallait toujours en jeter plein les yeux, quand on recevait un génie scientifique… Avec un peu de chance, il serait tombé sur la couverture de vanity faire, ou je suis en vedette... Comme ça je passerait pour une pauvre petite fille riche...

« je vous fais visiter un peu, avant qu’on puisse discuter tranquillement sur vos.. motivations à venir ici… »

Ce qu’il y avait de sur, c’est que Monet n’était pas déçue. Tony Stark était… et bien Tony Stark, en somme. Elle ne pouvait pas lui en vouloir. Elle-même avait un peu forcé sur le trait, comme une sorte d’entrée en scène dans une pièce de théâtre grandiloquente. Jouait-il un rôle ? Son instinct lui dictait que c’était le cas, mais qu’il y avait, tout comme pour elle, une partie de vérité. Regardant en douce son visage, son regard, les tics nerveux ou les moindres expressions qu’il portait, son analyse mentale, boostée par ses capacités mutantes, lui indiqua une intelligence hors pair, doublé d’un certain don pour le bluff. Il ferait un sacré joueur d’échec et de poker, et elle se demanda fugitivement si elle aurait l’occasion de lui disputer une partie un jour.

Restait à savoir ce qui avait réellement motivé un tel personnage à proposer son aide au BAM, alors qu’il avait à priori tout pour mener une vie déjà suffisamment mouvementée… En étant tout à fait honnête, cette tergiversation s’appliquait aussi à elle-même… Bien. Un rude concurrent, donc, ou un partenaire de filouterie potentiel. De ce qu’elle en savait, sa personnalité publique le dépeignait comme une sorte de « thrill seeker », un électron libre. Autant elle adorait faire sa petite garce incontrôlable, autant elle n’était pas sur d’apprécier d’être en tandem avec sa version masculine.

Toujours est-il que sa petite visite guidée fit son effet. Mais elle lui accordait un sacré sens du self control, il ne serait pas facile à impressionner.
« alors, la, en théorie, je vous fais un grand speech sur le fait qu’on soit doté d’une technologie avancée, et plein de gadgets vraiment classe, mais je crois que vous avez vos propres jouets, et qu’ils n’ont absolument rien à nous envier… » Elle se retourna, un air faussement inquiet. « D’ailleurs, c’est un peu la raison pour laquelle on vous fait confiance sur ce point. Vous ne risquez pas de venir prendre des idées ici, niveau technologie en tout cas, car vous avez largement de quoi nous tenir la dragée haute de votre côté. Vous n’imaginez même pas les heures de paperasserie que cela nous à épargné à vous et moi… ». Elle prit son temps, le laissant regarder les installations.

Un sourire énigmatique en coin, elle finit par reprendre la visite, ouvrant une nouvelle aile menant à la salle d’entrainement. Arrivé sur place un spectacle assez commun dans les environs les accueillis. Quatre agents étaient en train de s’entrainer, dont un qui se tenait le bras douloureusement, à terre. Cependant il souriait. Allez savoir pourquoi, certains types adoraient se faire rosser… Il faut dire que la seule femme qui s’exerçait ici avait l’air d’avoir des formes généreuses. Leur ballet était bien coordonné, et les machines d’entrainements tiraient des rayons que l’on sentait potentiellement dangereux, ce qui en disait long sur les agents impliqués.
« Il y a différents protocoles d’entrainement… Ils ne jouent pas avec des balles à blanc, si vous voyez ce que je veux dire… Ils sont d’un niveau suffisant pour risquer des vraies blessures…. ». Elle avait vécu ça… Mais elle, c’était de la triche. Ce qui n’empêchait pas sa crise de nerf lorsqu’elle avait tout de même été touchée… On avait retenu sur son salaire les dégâts occasionnés « sans réelle raison » suite à ça. Il faut dire que faire des boulettes de métal avec des flingues high tech n’était pas spécialement la meilleure façon de gagner des points ici…
« Je vous déconseille le niveau 4… mais il y en a encore d’autres après… ça pourrait être amusant, un de ces quatres »… Petit à petit, la visite se poursuivait. De jeunes recrues, un peu enthousiastes, baissèrent d’un ton à leur approche. Restait à savoir si c’était le milliardaire qui avait eut cet effet sur eux ou la « foldingue hystérique »… Oui… Elle était au courant de son surnom par certains… Elle s’en occuperait bientôt…