Celui qui cherche la vengeance devra d’abord creuser deux tombes ; on ne sait jamais, l’autre peut être accompagné [PV : Fatale]

Sébastian attendait sur l’aéroport Kennedy, à New York, près de sa voiture. Il était encore tôt, un vol de nuit à destination du Japon, et de la guerre.

Le Sombre Voyageur c’était vêtu comme à son habitude, homme pâle de taille moyenne et de corpulence un peu faible, vêtu d’un costume sombre sans cravate, avec une chevelure mi-longue d’un noir corbeau. Il attendait, un sac de voyage à la main.

Sur la piste se trouvait d’autres voitures que la sienne, ainsi qu’un jet privé ; pour cette bataille, il n’allait pas agir seul.

Malgré qu’il fut, indirectement et officieusement, à l’origine du conflit, car cela servait ses intérêts, le Léviathan continuait d’agir comme un mercenaire : il était payé pour ce qu’il allait faire, alors qu’il en était la cause. Le rêve, non ?

Dans son cas, il avait obtenu tout ce qu’il voulait de ce contrat : 5 millions, même s’il ne toucherait pas un centime, et surtout le choix de son équipe. Après le carnage de la précédente bataille, Sébastian n’avait fait appel qu’aux meilleurs à sa connaissance, d’où la prime si élevée offerte par les Yakuza.

Car rappelons un instant la situation : les Yakuza étaient divisés en deux depuis quelques temps, une branche uniquement mutante, et une branche « normale » mêlant mutants et humains. Du fait, ils s’entretuaient ; pas bon pour les affaires. Donc, un lieutenant de seconde zone, nommé Johnny Tran, avait fait appel à Sébastian et un groupe d’autres mercenaires pour faire passer un message en éliminant un lieutenant du chef de la pègre mutante japonaise, Hichiro. Sauf que cela ce n’était pas passé comme prévu, enfin pour les humains, car le Léviathan avait tout intérêt à déclencher une guerre ouverte. Du fait de la guerre ouverte, Frederick Faust, célèbre tueur à gages et alter-égo de Sébastian, avait obtenu des Yakuza qu’il monte une équipe d’assassinat contre Hichiro, histoire d’appliquer la doctrine : couper la tête, le corps mourra. Mais il ne pouvait le faire seul. Donc, nous en revenons à notre scène d’introduction.

Dans les autres voitures se trouvaient Tran et plusieurs de ses hommes, tous humains et armés. C’était des japonais pure souche, et du point de vu de Sébastian, ils se ressemblaient un peu tous. Il y avait, vêtu d’un costume gris, un charmant jeune homme qui descendit d’une limousine ; 1m80, physique agréable, chevelure brune courte et soigneusement peinée, yeux bleus… bref, le mec tout droit sorti d’un magasine de mode. Et rien n’était plus faut quant on savait de qui il s’agissait : Chronos, un mutant pratiquant une Chronokinésie très particulière. D’un côté, il figeait les choses, de l’autre, il les faisait exploser. Sébastian ne l’avait jamais affronté, le Léviathan lui interdisant, mais ils avaient déjà travaillé ensemble. Ce mec était un psychopathe, cliniquement parlant : absence totale d’empathie ou d’émotion, intelligent et manipulateur, impulsif, aucune morale sexuelle… Il se comportait toujours avec charme et était très habile au proverbial stylet politique, aussi bien au sens propre qu’au sens figuré. Sa seconde alliée, qui allait d’ailleurs lui ponctionner sa part du gâteau, c’était Black Cat : la meilleure voleuse de NY. C'était une femme à peine plus grande que lui, à la longue chevelure blanche et au visage caché par un masque tout aussi impromptu que sa tenue moulante noire. Inutile de dire que sans les 10 millions qu’elle y gagnait, elle ne se serait pas déplacée. Car en effet, si elle ne participerait pas au massacre à proprement parler, elle avait le premier rôle dans le jeu du Léviathan. Une fois sur place, elle disparaitrait pour accomplir sa mission spéciale. Tous ce qui avait motivé ce bain de sang était du fait que la quatrième personne, celle qui n’était pas encore là.

Ce qui avait conduit Sébastian von Orchent et son tutélaire à s’intéressé à cette affaire de guerre de gang était un vieil objet dérobé au musée national de Tokyo : un katana ayant appartenu à Go Saga. La voleuse l’avait fait pour le compte d’Hichiro, qui l’avait par la suite trahie pour toucher la prime offerte par le BAM. 1 million, autant dire que le mafieux manquait cruellement d’argent. Et cette personne n’était autre que Pamela Greenwood, alias Fatale, Acolyte de la Confrérie des Mutants.

Sébastian avait fait répandre dans les rues le fait que Frederick Faust voulait la rencontrer car il souhaitait l’aider à se venger d’Hichiro. Cela, additionné à la prime de 5 millions, devrait suffire à faire sortir la dame de sa cachette. Ne lui offrait-il pas sa vengeance sur un plateau ?

Elle connaissait les lieux et était une combattante aguerrie du plus grand mouvement terroriste international ; sa présence serait appréciée.

Mais voilà, l’heure du départ approchait, et nulle trace de Fatale.

- Vous êtes sure qu’elle viendra ? demanda Tran en s’approchant, ses hommes ayant fini de charger armes et bagages dans la soute.

- En fait, je pense qu’elle est déjà là…

Le problème avec les polymorphes, c’était qu’il est virtuellement impossible de savoir qui ils sont. Sébastian avait présumé de la présence de Fatale parmi eux, d’autant que non content d’être polymorphe, la Confrériste était également capable de se rendre invisible.

Sébastian comme le Léviathan soupçonnait des pouvoirs dérivés de la Photokinésie, qui expliquait le changement d’apparence comme la disparition, et ceux grâce à la déviation de la lumière. Cependant, à moins de l’avoir vu en action, ils ne pouvaient que présumer.

Cependant, lorsqu’un rugissement de moto retentit, Sébastian comprit qu’il avait été aussi paranoïa qu’à son habitude en pensant qu’ils étaient espionnés ou infiltrés : Fatale était juste en retard.

La mutante fonça droit sur lui pour s’arrêter dans un dérapage contrôlé. Du fait de cette attitude agressive et de la proximité de Tran avec le Sombre Voyageur, les Yakuza présents avaient déjà levés leurs armes, mais leur chef, bien qu’ayant fait un pas en arrière, leur avaient interdit d’ouvrir le feu d’un geste de la main.

Frederick Faust, lui, n’avait pas bougé d’un centimètre.

La femme sur la moto révéla un visage asiatique aux longs cheveux noirs lorsqu’elle ôta son casque, et était vêtue d’une combinaison de cuir noir.

C’en tenait presque du cliché : les deux tueurs à gages en costume de riches et les deux tueuses en combinaison de cuir…

"Bonsoir, Monsieur Faust je crois que nous avons un avion qui nous attends."

- Exacte, Mademoiselle Greenwood ; nous ferrons les présentations une fois à bord, répliqua simplement Sébastian.

Suivant le mouvement non sans prendre le soin de laisser la dernière venue passer devant lui, la galanterie voulant qu’on cède la place à une dame et le tueur préférant l’avoir dans son champ de vision, il monta parmi les derniers.

Il y avait une douzaine de Yakuza dans l’avion, les hommes d’élite de Tran sr, ainsi que Johnny et le commando.

Johnny Tran se présenta, héritier de l’une des familles Yakuza, ainsi que la mission pour laquelle ils s’embarquaient. Selon le plan tissé par Faust, lui et ses hommes attaqueraient de front, pour faire diversion, tendis que le commando mutant s’infiltrerait dans la maison pour tuer Hichiro. Et ce que le Sombre Voyageur n’avait révélé à personne, le rôle de la Chate Noire : récupérer le Katana. Tous les assassins seraient payés 5 millions s’ils ramenaient la tête d’Hichiro.

Bref, ainsi exposé, ils n’avaient plus qu’à attendre l’arrivée à Tokyo, et avait donc tout le temps de faire connaissance.

Sébastian s’était installé dans l’un des coins de l’appareil, dont l’habitacle avait été aménagé pour ressembler plus à un studio qu’à un transport de troupes. Les Yakuza discutaient entre eux, tandis que Chrono avait déjà tourné son attention vers Tran, avec qui il discutait probablement affaire. Black Cat s’était isolée, comme lui, épiant le reste du groupe.

Restait juste à savoir ce qu’allait faire Fatale : non armée, de ce qu’il avait vu, et la plus étrangère à ceux qui étaient présents. Pas la pègre, mais les humains ; encore que dans le groupe réunit par Faust, il n’y avait pas un seul humain : trois mutants et un hôte démoniaque.

Son sac posé sur le siège à côté de lui contenait ses équipements pour cette mission, équipement pour certains modifiés et amélioré. Il ne les équiperait pas encore, mais les gardait à côté de lui.

Il n’avait confiance en personne dans l’avion, même s’il était à peu près certain de pouvoir tuer chacune des personnes présente. Il ne se méfiait pas de Black Cat, car elle était son employée plus que celle de Tran ; Tran et ses hommes, étaient humains, donc ne représentaient pas un danger. Fatale… ses capacités seraient à évaluer, mais elle n’avait aucun moyen de le tuer définitivement. Chronos par contre…

C’était lui le véritable point faible de son plan, l’élément incertain. Ce n’était pas parce qu’il se montrait aimable et courtois qu’il ne pouvait pas, d’un simple claquement de doigt, pulvériser quelqu’un. Et la pulvérisation, Sébastian n’avait pas franchement envie de tester.

- Vous avez quelque chose à me dire, Mlle Greenwood ?

Sébastian ne put s’empêcher d’avoir un sourire en coin lorsque, avec franchise, Fatale parla de son rôle dans cette affaire. De la figuration… non, elle était une pièce importante d’un plan rentrant dans une machination plus vaste. Ses pouvoirs de Téléportation et d’invisibilité seraient un atout aussi précieux que ses connaissances du lieu.

Pamela Greenwood le dévisageait, mais le Sombre Voyageur ne ressentait nulle gêne à cela, et soutenait son regard de ses yeux marron.


Sébastian eut un petit rire à la pensée du Léviathan.

- Rassure-vous, vous serez loin de faire de la figuration, Mlle Greenwood.

"Savez-vous ou nous mettons les pieds exactement? Ou suivez-vous les ordres comme un bon exécutant?"

- Qu’est-ce qui vous rassurerait le plus ? Nous avons chacun un rôle à jouer ; vos compétences seront aussi précieuses que les miennes une fois que nous auront atterrit. Il va de soit que nous ne fonceront pas tête baissée dans la gueule du loup, à la différence de Tran et ses hommes qui mèneront un siège ; nous devront nous infiltrer pour tuer notre proie. Hors, vos pouvoirs sont particulièrement adaptés à l’infiltration. J’aurai quelques questions les concernant, cependant : je pense qu’ils sont un dérivé de Photokynésie, vous permettant de courber la lumière pour changer d’apparence ou ne pas en avoir du tout. Êtes-vous capable de le faire sur autrui ou uniquement sur vous-même ? Même question sur la Téléportation : pourrez-vous tous nous faire entrer, ou simplement vous seule ? Enfin, ce qui m’a réellement motivé pour demander votre participation à cette mission, outre le fait que vous ayez un compte à régler avec notre cible, c’est que vous connaissez déjà les liens. Il y a une taupe chez Hichiro, sinon nous n’aurions jamais apprit votre mésaventure. Cette taupe pourrait nous faire entrer, mais je préfère avoir un plan de secours.

Sébastian avait envie de lui parler du katana, mais Fatale n’était ni assez fiable, ni assez renseignée sur le sujet : elle l’avait volé, ce qu’en avait fais Hichiro lui était inconnu. Et puis, pourquoi Sébastian aurait-il gagé dix millions pour engager la Chatte Noire s’il avait été aussi simple de récupérer la relique ?


C’était vrai, même si Fatale, ou Chrono, essayait de le doubler, il y avait toujours le fait que la quatrième mutante roule pour lui, et sache se défendre.

Du point de vue de Sébastian, l’ordre de dangerosité de ses alliés était simple : Chrono en premier lieu, Fatale en second, Black Cat en troisième et les Yakuza en dernier. Restait à établir celui de ses ennemis.

- Par ailleurs, savez-vous quels sont les limites des pouvoirs d’Hichiro ? Force, Résistance, Agilité ? Son hybridité doit lui offrir des capacités étendues dans tous ces domaines, et si je ne doute pas de nos capacités à le vaincre, cette connaissance me permettra d’établir une stratégie.

Fatale détourna ses questions sur son don pour ce renseigner sur ceux de Faust, ce qui fit sourire ce dernier ; une information contre une autre ? Soit.

- Concernant Chronos, il module la vitesse des molécules ; il peut ralentir voir arrêter le temps, ou faire exploser les choses. Et cela d’une simple pensée. Les limites de ses pouvoirs ne me sont pas connues, mais je sais qu’il a été capable de stopper le temps sur un rayon plutôt vaste, suffisamment pour figer plusieurs étages d’un building. En toute logique, il devrait pouvoir faire exploser ledit building. Concernant Black Cat, c’est une voleuse, et son objectif diverge légèrement des nôtres ; mais pour répondre à votre question, elle affecte la chance et la malchance, et serait une sorte d’hybride féline. Cependant, son cas n’a jamais été identifié par le BAM, et du fait je ne puis vraiment énoncer ses pouvoirs, puisque les Delta n’ont pas les capacités pyrotechniques des Alpha. Enfin, me concernant : ma réputation est assez proche de la vérité, je ne suis pas un mutant. Je suis allé jusqu’en Enfer pour faire un pacte avec un Diable et en retirer, non seulement l’immortalité, mais quelques capacités démoniaques également. Il vous en sera fait la démonstration bien assez tôt, croyez-moi.

Ne pas trop en dire, d’autant plus que décrire ses pouvoirs était compliqué : il ne les comprenait pas lui-même. De ce que le Léviathan lui avait expliqué, il était un portail sur l’enfer personnel de l’Entité. Ensuite, libre à elle de faire passer ce qu’elle voulait par le portail, tant que ce dernier était suffisamment large ; dans le cas contraire, elle le tuait.

Les explications concernant les capacités d’Hichiro lui laissèrent un goût amère ; enfin, pas les explications en elles-mêmes, mais les capacités du chef Yakuza. Sébastian était déçu : force classe 1, le combat s’avérerait bien moins intéressant que prévu. Bon, c’était toujours suffisant pour pulvériser son corps humain, mais la réciproque était vraie : n’importe quel Hydre de classe 2 ou plus pourrait venir à bout de leur proie. C’en était désobligeant.

"Comment pensez-vous neutraliser la garde rapprochée? Si les hommes de Tran font diversions, ce n'est qu'une partie du menu fretin. Hichiro ne se sépare pas de ses plus fidèles sujets qui lui ont permis d'obtenir son poste. Surtout si ce dernier ce sens menacer."

Le Sombre Voyageur sourit à cette question ; un sourire dédaigneux qui laissait pleinement apprécier l’assurance et le mépris qu’il affichait face aux capacités de leurs ennemis.

- Si Hichiro, comme il en va de la logique, est meilleur que ses soldats, se sera plus que simple de la neutraliser : on refera le décor version abattoir. S’ils sont meilleurs que lui, non seulement ils manquent cruellement d’ambition, mais en plus se sont des idiots. Toujours est-il que tant que c’est organique, mes griffes et mes crocs peuvent s’en occuper. Si cela ne l’est pas, Chronos le fera exploser. La partie la plus complexe du plan est l’infiltration, en réalité. Les autorités me créditent, sous un autre nom, d’une centaine de meurtres avec circonstances aggravantes, cependant, je dois être plus proche du millier. Vous êtes la seule touche de délicatesse dans l’équipe de bouché que j’ai réunie, Mlle Greenwood; d’où votre importance. Maintenant, si vous pouviez avoir l’aimable obligeance de répondre à mes questions concernant vos pouvoirs, que je sache si nous pourrons y aller en finesse ou si cela sera sanglant du début à la fin…

Son sourire disparut alors qu’il posait sa tête contre l’appui-tête de son siège, regardant Fatale du coin de l’œil ; elle ne dirait pas la vérité, c’était assuré. Mais d’un autre côté, il n’avait pas besoin d’avoir les détails : un simple oui/non lui suffisait.

Il n’avait pas de préférence quant à la méthode employée, puisque le meurtre d’Hichiro n’était pas sa priorité, juste une diversion de plus.

- Maintenant, je suppose que vous avez également des renseignements quant à sa garde rapprochée, puisqu’elle a dû être la seule chose vous empêchant de clouer sa tête en haut d’une pique ? Comme je l’ai dis, j’ai choisit l’élite pour cette mission, mais la connaissance est une arme. Et vous m’avez l’air armée, Mlle Greenwood.


- Ferme-là, murmura-t-il, si bas qu’il espérait que Fatale ne l’eut pas entendu.

Sébastian ne cacha pas sa déception lorsqu’il apprit que les dons de Fatale étaient uniquement tournés vers elle-même ; elle était bien moins intéressante, d’un coup. Le Sombre Voyageur n’avait pas l’espoir de parvenir à démêler la vérité du mensonge lorsque c’était une polymorphe photokinésiste qui parlait, et se contentait simplement de ranger chacune des informations recueillies de la bouche de Mlle Greenwood dans la classe « informations peu fiables » ; rien de personnel, juste qu’il ne lui accordait pas la moindre confiance. Il nota tout de même l’absence d’information concernant son polymorphisme, mais ce n’était qu’un détail.

Elle lui expliqua ce qu’il savait déjà, même si Sébastian avait effectivement envisagé une mutinerie globale plutôt qu’un duel à l’amiable. Il n’y avait pas lieu de creuser ce sujet cependant. L’exemple de Tran le fit sourire : Johnny était un neveu, ce n’était pas du tout lui qui tirait les ficelles.

Ecoutant Fatale lui présenter leurs ennemis, Sébastian resta pensif : il n’aimait ni la pyrokinésie ni l’hyper-vitesse, bien qu’une fois que l’on eut attrapé l’un comme l’autre les déchiqueter soit tout aussi facile, mais ce qui lui posait véritablement problème, c’était les champs de force. Pas grave, Chronos la ferait péter à travers. Son visage prit une expression claire de contrariété lorsqu’il fut mention d’un télépathe.

Il prit un sourire carnassier.

- Le télépathe concentrera ses attaques sur moi, selon toute probabilité, car il voit plus loin que mon apparence physique ; pour le bouclier, Chronos la désintégrera à travers. Le Pyrokinésiste est aussi dangereux pour nous que pour ses amis, une fois que nous seront au corps-à-corps. Combien sont-ils ?

La partie allait être beaucoup plus violente que prévue : le Léviathan n’avait aucun moyen de se cacher d’un Télépathe, et ce dernier pourrait le localiser à un kilomètre. La résistance à prévoir était donc très forte, et l’utilité des dons de Fatale, sensiblement diminuée. Bah, de toute façon, ils étaient personnels.

Au moins, le côté « diversion dans la diversion allait fonctionner plus qu’à merveille » : les autres sauraient exactement où le commando se trouverait. En faire part ou non à ses équipiers… c’était tentant.


- Comme vous vous en doutez, je ne suis guère plus humain, et si notre ennemi a un Télépathe, il ne leur sera d’aucune utilité de nous localiser. Je ne sais pas comment réagira Hichiro, mais je pense qu’il usera de mutants de second plan dans les premiers temps ; les tuer sera facile. Mais il faudra que l’on face une nouvelle diversion avec sa garde d’honneur, pour vous donner le temps de le tuer. Si l’on s’occupe d’eux, Hichiro ne devrait pas vous donner tant de problèmes. Par contre, j’aurai deux services à vous demander : ramenez-moi sa tête et son cœur, l’une pour Tran, l’autre pour ma collection personnelle. Ensuite, garder Chronos à l’œil. On ne sait jamais comment va réagir un psychopathe, mais s’il est doté du don de stopper le temps… Je ne voudrais pas qu’il nous face un enfant dans le dos. Puisque notre approche « discrète et feutrée » est compromise, que ma position sera relativement près du combat et que je n’ai nul moyen de me dissimuler à ses yeux, vous êtes la seule à avoir une chance. Sauf s’il décide de tout faire sauter, cela va de soit.

Rediriger l’attention de Fatale sur l’être le plus instable et le plus dangereux du groupe, cela pouvait la pousser à faire cause commune avec lui-même. Sébastian n’avait nulle intention de tuer ses coéquipiers s’il n’avait pas de raison de le faire ; encore une fois, c’étaient des pions, et l’on ne les sacrifiait pas inutilement.

La seule chose qui l’intéressait réellement, c’était le Katana.

Sébastian eut un sourire mauvais lorsque Fatale déclara qu’il n’y avait que huit hommes dans la suite d’Hichiro. Huit ; selon leur mutation, le Sombre Voyageur aurait peut-être put les tuer à lui seul. Encore qu’aux vues des mutants qu’il avait déjà affrontés, cette organisation combinait à merveille les dons puissants. Mais vu leur nombre réduit, la diversion serait peut-être inutile.

Tout en lui transpirait la confiance, cette affaire était certes plus difficile que les autres, mais cela mettrait un peu de piment au défi. Puis il ne fallait pas oublier que la mort d’Hichiro n’était pas son but principal, bien qu’il dû l’abattre pour donner la prime à Black Cat ?

«Puis-je savoir comment je m’y prends pour découper notre cher Hichiro ? Je me vois mal le faire avec un petit canif vu la bête et cela risque de devenir une véritable boucherie. »

Sébastian la regarda un instant, comme pour voir si elle avait fait de l’humour ; à la vue du petit sourire de la Confrériste, c’était fort possible.

- Si vous craignez ne pas y parvenir, mes griffes et mes crocs y parviendront, dit-il simplement. Visez en priorité le Télépathe, en ce cas, un canif devrait effectivement suffire.

Sébastian ne fit aucun commentaires lorsque Fatale lui assura qu’elle aviserait en temps voulu, concernant Chronos ; elle n’avait pas la moindre chance, lames et balles ne passant pas à travers de son costume et il était capable d’arrêter le temps par reflexe. Mais c’était toujours bon de la garder dans son camp.

- Je vous remercie de votre bienveillante coopération, Mlle Greenwood. Nous allons avoir un certain temps de voyage, donc je vous en prie, mettez-vous à l’aise. Vous pouvez faire connaissance, ou bien rester dans votre coin ; à votre convenance. Je vais personnellement privilégier la seconde option ; mais ne vous fier pas aux apparences, je ne dormirai pas.

Ce n’était ni totalement vrai ni parfaitement faux : Sébastian dormirait, mais son cerveau continuerait à percevoir son environnement, comme toute personne en sommeil. Sauf que toute personne en sommeil n’avait pas une entité multimillénaire lié à son esprit par Télépathie ; ainsi, le Léviathan resterait parfaitement conscient de ce que percevaient les sens de Sébastian, et par voie de fait, les Hydres aussi.

Laissant Fatale retourner à d’autre activités, Sébastian ferma les yeux, avec l’espoir que face à la bataille à venir, le Léviathan n’envahirait pas ses rêves pour le torturer…


- Arrivée à Tokyo dans cinq minutes, cinq minutes.

Se faire réveiller par la voix d’un commandant de bord japonais n’était pas la meilleure chose que Sébastian ait jamais eut droit ; mais c’était loin d’être la pire. Se levant, il ôta le cadenas de sur son sac de voyage et sorti non calament ses effets. Il avait prit du lourd pour cette bataille : gilet pare-balles kevlar avec des plaques de titane, qu’il enfila par-dessus son costume, et qu’il vint compléter pas des cuissardes, des protèges tibias et des brassards. C’était lourd, sa restreignait ses mouvements, mais cela l’empêcherait de finir comme la dernière fois. Il sortit ensuite plusieurs holster, deux de flan dans lesquels il rangea des micro-uzi à chargeur de 32 balles de 9mm Parabellum, quatre de ceinture où il harnacha des Beretta 92 avec chargeur de 16 en 9mm de guerre, deux de cuisses avec Glock 17 et l’éternel 9mm en chargeur de 19. Après cette ribambelle d’armes traduisant plutôt bien ses préférences de Pistoleros, Sébastian sorti un lourd et long imperméable noir, renforcé par du kevlar et aux endroits stratégiques par de titane ; un véritable manteau pare-balles. Finissant par enfiler des gants, il se tint prêt ; il n’avait nulle besoin d’armes de corps-à-corps, les Hydres le seraient pour lui. Enfin, il sorti un FN P90 ; le compromit entre un pistolet mitrailleur et un fusil d’assaut : chargeur 50 SS190, avec un poids de trois kg.

- Des 4x4 nous attendent, le groupe d’assassinat, montez dans celui de droite, les autres, dans ceux de gauche. On aurait peu de temps : on se déploie et on y va, comprit ?

Une question bien inutile pour Sébastian : il était en guerre depuis trois quart de siècle.

"Je vous rejoins sur place. Je vous retrouverais à la lisière de la propriété d'Hichiro."

Cette simple phrase prononcée, L’Acolyte de la Confrérie disparue dans le sol. Sébastian ne put s’empêcher de noter la façon dont elle s’était téléportée : un portail dans le sol. La plus part des téléporteurs se contentaient de se dématérialiser et de re-matérialiser à un autre endroit, alors que Fatale avait ouvert un portail. Il n’était pas un expert en Téléportation, mais avait suffisamment d’expérience pour savoir faire la différence entre les différents types : avec l’ouverture de portail, si elle les maintenait ouverts, il y avait moyen de transporter un grand nombre de personne. Peut-être n’avait-elle pas assez d’expérience ou de force pour cela, mais le plus probable était qu’elle lui ait menti.


Enfin, méfie-t-en ; plus que les autres. Ils étaient tous des professionnels, mais ils étaient surtout tous des meurtriers. Pas d’honneur chez les voleurs, disait-on ; et chez les tueurs ? Pas de code de conduite pour de comité d’éthique : éliminer la concurrence pouvait se faire assez littéralement. Bref, rester sur ses gardes : dans le groupe de quatre, il n’y avait que Black Cat dont il n’avait pas à se méfier, puisqu’elle était de son côté.

Montant silencieusement dans le véhicule qui leur avait été assigné, Sébastian s’assit sur la dernière rangée de siège, rapidement rejoint par Black Cat. Ils avaient à perler. Leur dernière rencontre n’avait pas été des plus courtoises, et si le contrat avait été passé, les détails restaient à régler. Ils parlèrent, élaborant le plan B. Il n’était pas exclut que Sébastian meurt durant les combats, donc elle devrait déposer le sabre dans un endroit sûr ; elle n’avait aucun autre objectif que le sabre, il se chargeait du reste. Il avait détourné dix millions pour ce sabre, il le voulait. Le Léviathan le voulait. Et s’il fallait bien éviter de s’attirer la colère d’une créature, c’était celle de son tutélaire. Les Démons n’étaient pas connus pour leur abnégation, et Sébastian lui-même était des plus rancuniers. Ils avaient sans la moindre hésitation déclenché une guerre mafieuse qui allait faire beaucoup de morts, et ils étaient prêt à beaucoup d’autres choses pour récupérer la relique ; c’était le prix, l’objectif d’une éternité, trouver les Reliques de la Prédation. Cela, il ne le dit pas, mais Black Cat lui assura qu’il n’avait pas besoin de la menacer implicitement : elle lui rapporterait sa babiole. Après la bataille, ou bien plus tard, selon le plan.


Le Japon était un pays… exotique, sans même que Sébastian y eut beaucoup travaillé, il le savait déjà. Il ne parlait pas Japonais et ne s’intéressait nullement à leur culture ou leurs traditions, et s’il travaillait avec des Yakuza, c’était surtout en territoire américain. Regardant par la fenêtre d’un air distrait, essayant d’avoir une discussion constructive avec son démon aux sujets des Reliques de la Prédation et de l’Essence du Léviathan, il ne vit pas le voyage se dérouler.

Frapper vite et fort ; ils avaient la surprise de leur côté. Cela faisait moins de 36 heures que la guerre avait été déclarée, et ils allaient déjà décapiter le QG adverse. Ambitieux à la limite de la prétention, c’était cela qui leur assurait l’effet de surprise. Les demeures des chefs de la pègre étaient toujours des forteresses, mais des forteresses faite pour passer inaperçues : de hauts murs, des gardes avec chiens (et armes) et des caméras de surveillance, pas grand-chose de plus que l’homme politique paranoïaque du XXIème siècle, somme toute.

L’intervention allait se faire vite et bien. Les voitures de Tran défonceraient le portail, dérapant dans la cour pour offrir par la suite couver à ses hommes, lesquels ouvriraient le feu, derrière le couver ; ils avaient même apporté quelques rpg de ceux qu’il avait vu. Leur voiture à eux foncerait jusque dans les garages, pour pénétrer dans la maison. Une fois dedans, ils porteraient le combat jusqu’à Hichiro et prendraient sa tête. Black Cat disparaitrait pour trouver le sabre dès le début de l’affrontement.

Les premiers tirs avaient résonnés sur les carlingues à plusieurs centaines de mètres avant qu’ils eussent atteint la demeure, mais les armes étaient trop légères pour véritablement les arrêter. La voiture des mercenaires en tête, ils furent les premiers à essuyer les tirs plus convainquant d’armes de guerre.

Lorsqu’ils passèrent au travers de la grille de fer qui barrait l’entrée, Chrono claqua des doigts ; à l’extérieur, tout se figea. Les balles restaient suspendues dans les airs, les voitures également immobilisée, et ceux sur un rayon impressionnant. Et dire qu’il aurait put tout faire sauter de se même claquement de doigt ; si Sébastian avait put ressentir la peur, il l’aurait fait. Tous reprit mouvement une dizaine de secondes plus tard, alors qu’ils avaient embouti le garage et quelques motos de luxe qui trainait trop proche de sa porte. Dehors, le déploiement se faisait, et à l’intérieur, il en fut de même.

Sébastian sortit du véhicule alors même que l’Essence du Léviathan émanait de son corps, comme un militaire, le FN P90 épaulé. Il fit quelques pas en sécurisant les lieux alors même que les Hydres jaillissaient de lui-même, six tentacules de chair de l’épaisseur d’une cuisse humaine ou d’un bras musclés, et dont l’extrémité se terminait pas une tête serpentine garnie de long crocs qui dépassaient de sa gueule même lorsqu’elle était fermée.

La bataille avait commencée.

Les habitations japonaises étaient très différentes de par leur architecture de celle des occidentaux, et si cela aurait put perturber Sébastian, ce n’était nullement le cas du Léviathan. Le parking n’était pas en sous-sol, mais séparé du reste de la propriété par un couloir ; couloir dans lequel les hydres s’élancèrent à l’avant-garde du Sombre Voyageur, avides de sang. A l’heure actuelle, la taille des monstres était de quinze mètres par tête, portée permettant à Faust d’user d’armes à feu tout en laissant les créatures dévorer et déchiqueter à loisir. Néanmoins, cette distance réduite expliquait sa préférence pour les armes de points. Les Hydres avaient déjà entamé le massacre lorsqu’il pénétra dans la pièce sur laquelle conduisait le couloir : l’une d’elle s’était saisit d’une table en bois qui avait été renversée pour faire un couvert, usant de sa force pour coller les deux hommes armés qui s’y cachait contre le bois avant de soulever tous ce beau monde avec vélocité pour les broyer contre le plafond dans un craquement osseux des plus désagréables. Une autre hydre avait sauté à la gorge d’un autre yakuza, lui arrachant presque la tête en refermant ses mâchoires dont les dents perçaient les os. La troisième avait saisit un homme par le pied, transperçant sa jambe de la même manière que la précédente, et s’en servait d’arme contondante entre l’un de ses camarades et le décor. La quatrième s’étant enroulée autour d’un yakuza et commençait à pratiquer la technique de la constriction, s’étant saisit du plus proche collaborateur par le poignet pour l’envoyer valdinguer au travers de la pièce. La cinquième pratiquait une exécution particulièrement douloureuse et appréciée du Léviathan, s’étant enroulée autour de sa proie, elle pénétrait par le dessous de la cage thoracique pour aller chercher le cœur, perçant cette dernière quant elle ressorti, son trophée entre les crocs. La dernière hydre avait quant à elle trouvé son bonheur parmi une collection de katana rangé sur un piédestal, s’étant saisit du premier pour, après un lancé précis, empaler un malfrat au mur comme s’il avait s’agit d’un insecte. Sébastian n’avait jamais sut si chaque hydre avait son propre cerveau où si le Léviathan les contrôlait toutes, privilégiant cette dernière hypothèse du fait de la capacité à fusionner des organismes, mais en tout cas son tutélaire était multitâche, lui transmettant mentalement une description des lieux tels que l’avait vu ses créatures pour qu’il ait déjà une acquisition des cibles.

C’était ainsi que Sébastian se battait : par étape. Acquisition, Alignement, Exécution. Trois mouvements, une seule pression sur la détente.

La salle dans laquelle ils arrivaient était une sorte de séjour, avec, sur la droite, l’entrée, et sur la gauche, un escalier de bois en fer à cheval donnant sur les étages supérieurs. Lorsque Sébastian entra, ses Hydres avaient déjà repéré les lieux et étaient occupée à leur massacre décrit précédemment, ainsi le Sombre Voyageur put aligner les hommes restant. Trois pas, une acquisition des cibles, vise et appui sur la détente. Une seule pression, un tiers de seconde ; 5 balles logée dans de la chair. On n’arrête pas d’avancer, on quitte sa cible des yeux. Acquisition, Alignement, Exécution. Acquisition, Alignement, Exécution.

Derrière lui, marchant d’un pas nonchalant, Chronos admirait le décor. D’un simple geste de la main, il pulvérisa un téléporteur armé d’une lame qui apparu derrière Sébastian, repeignant le couloir et son allié de bout d’humain pulvérisé. D’un autre claquement de doigt, Chronos arriva à l’autre bout de la pièce, derrière un Pyrokinésiste qui commençait à faire parler ses dons, et lui planta une lame en travers du torse. L’instant d’après, il se trouvait en haut des escaliers, faisant exploser deux gardes qui les dévalaient. Les renforts arrivant de l’étage criblèrent sa position de projectiles en tout genre, mais il n’y était déjà plus, se trouvant à côté de Sébastian.

- Je m’en voudrais de douter de votre célérité, ainsi, veuillez me pardonner, mais si je pouvais vous prier d’accélérer, j’aimerai être de retour pour diner.

Chronos avait une façon particulière de tuer : rapidement, efficacement, et surtout, sans se salir. Il montrait toujours le même flegme dans ses déplacements, dans la bataille ou en dehors, et semblait n’avoir nulle adrénaline du fait du chaos qui l’entourait. Une main dans la poche et claquant des doigts de l’autre, il stoppait le temps, changeant de position comme un téléporteur. Il s’arrêtait pour regarder le mobilier, disparaissant dès que les projectiles arrivaient vers lui.

Sébastian aussi semblait dans son élément, mais plus comme un véritable soldat d’élite que comme un touriste.

Un homme multiple arriva alors que le Sombre Voyageur abandonnait son FN P90 désormais vide au profit des Uzi, le yakuza les encerclant à lui-seul, MP5 armé. Ils ouvrirent le feu simultanément, Sébastian tentant de nettoyer la partie de l’escalier qui l’intéressait tandis que les hydres fouettaient les deux autres parties de l’étage, pour le mettre à terre. Chronos avait encore disparut.

Même avec son armure et sa résistance à la douleur, Sébastian allait être taillé en pièce par le simple nombre des projectiles, mais il ne ressentait aucune peur : sa mort n’était qu’un retardement. Alors qu’il faisait face à une nuée de fer, il y eut une gigantesque explosion. Ses hydres retournèrent à l’état d’Essence pour se préserver, et lui-même fut projeté contre le sol par le shrapnel, de fer comme de bois.

Lorsqu’il rouvrit les yeux, le Sombre Voyageur vit une main gantée tendue devant lui, lui proposant assistance pour se relever. Chrono avait fait exploser tous les projectiles, et si Faust avait été blessé, l’homme multiple avait été taillé en pièce. Mine de rien, le psychopathe venait de lui sauver la vie. Lâchant ses uzi vide, le Sombre Voyageur saisit cette aide, se relevant. Crachant un peu du sang noir qui faisait sa particularité, sang qui commença rapidement à graviter autour de lui à cause de l’Essence qui s’en imbibait, Sébastian dégaina les Glock, les Hydres recommençant à se former autour de lui. Selon le Léviathan, qui diagnostiquait ses blessures et les soignait en ce moment même, le manteau pare-balles et les protections avaient eut une excellente efficacité : que du superficiel. Coupures, écorchures et hématomes, le tout disparaitrait en moins d’une minute. Il était certes défiguré, mais la douleur était moindre que si elle avait été provoquée par une explosion conventionnelle, dont le souffle brulant était plus dangereux que les fragments de shrapnels qui perçaient ses chaires non protégées.

- Rez-de-chaussée, coché ; voyons ce qui nous attend au premier.

- Aucun signe de Fatale ?

- Nullement, pas plus que de la Chatte Noire. C’est une virée entre hommes, à mon grand désespoir.

- La ferme, Manouchian, sinon demain, t’as ta tête sur l’affiche rouge. Ils ont largement eut le temps de nous tendre une embuscade à l’étage, tu pense pouvoir tout faire péter ?

- C’est inutile, mon cher, si Fatale est de l’autre côté.

- C’est inutile, mon cher, si Fatale est de l’autre côté.

- Excuse-moi si je ne l’attends pas.

Les Hydres commençaient déjà à prendre les devants, montant vers l’escalier, Sébastian les suivants d’un pas rapide, les Glock en avant. Chronos le regarda avec un sourire en coin, puis le suivit, marchant calmement. Le Sombre Voyageur était couvert de sang, de bout de chair et de métal, mais avançait avec la même précision, indifférent au carnage qui l’entourait. Ses chaussures étaient déjà bonnes à jeter, de toute façon. En avant-garde, ses monstres tombèrent sur quelques morts, le Léviathan renseignant son hôte sur ce qui l’attendait, puis sur une patrouille surement chargée de découvrir si les assaillants avaient péris au rez-de-chaussée. Leurs cris durent avertir leurs alliés que tel n’était pas le cas, et lorsque Sébastian arriva à leur niveau, les six tentacules avaient déjà décoré le couloir avec leurs abats.

"Alors les garçons, je vous ai manqué."

Le Sombre Voyageur s’immobilisa, tendant l’une de ses armes vers la direction de la voix et, simultanément à sa tête, deux des Hydres regardèrent également dans cette direction, lâchant un grondement menaçant. Fatale.

"On devrait avoir de la visite bientôt."

- C’est gentil de nous ramener de la fête, on en manquait, sourit Sébastian, rictus rendu particulièrement horrorifique par le fait que ses chairs étaient bardées d’éclats de fer et de bois.

Ses plaies étaient déjà bien guéries, les shrapnels commençant à être expulsé de son visage par la recréation des tissus.


Les Hydres s’élancèrent contre un ennemi arrivant, lequel recommença à bouger en hyper-vitesse. Il esquiva les trois premiers tentacules, se jetant contre Sébastian avec son élan, le propulsant à travers le mur de bois jusqu’à l’étage inférieur, en haut de l’escalier couvert de cadavre. Ils y roulèrent ensembles, mais avant même que les Hydres eurent disparu, l’hyperrapide s’était relevé, cueillant son adversaire d’un coup de pied dans les côtés, les brisant et propulsant se dernier à hauteur de ses mains, qui s’en saisirent pour lui faire traverser la pièce comme un projectile. Le Sombre Voyageur finit encastré dans un meuble, achevant ce dernier. Il n’eut pas le temps de reprendre son souffle que déjà son adversaire se saisissait de ses cheveux pour le relever, et enchainait par une série de coups de poing lancés depuis toutes les directions à la fois, de manière à ce que Sébastian comme les Hydres ne puissent répliquer, les monstres du Léviathan se matérialisant et se dématérialisant pour tenter d’attraper leur ennemi, en vain.

Combien de temps cela dura ? Le Sombre Voyageur n’aurait su le dire sans l’aide de son tutélaire, mais ce fut incroyablement court et également très long à subir. Lorsque la pluie de coups s’arrêta, Faust s’effondra, les rares chairs non déchirées désormais parfaitement tuméfiées.

Lorsqu’il rouvrit les yeux, crachant un sang qui revenait à lui assez rapidement, et qu’il releva la tête temps bien que mal, il put voir l’hyperrapide figé devant lui, Chrono applaudissant depuis l’escalier. Les Hydres réapparurent et se saisir de l’homme, qui fut défigé dès que ses molécules entrèrent en contact avec celles des monstres. La scène qui suivit eut de quoi choquer même un vétéran aguerrit, car les tentacules ne se contentèrent pas d’écarteler l’homme rapide, car tendit que quatre d’entre-elles tirant sur les membres dans l’unique but de faire souffrir, la cinquième lui montrait les crocs à seulement quelques centimètres de ses yeux. Mais ce fut la dernière qui se chargea de l’exécution, le percutant verticalement pour dévorer sa colonne vertébrale, explosant la totalité des organes internes de part sa taille et ressortant telle les Dents de la Mer pour décapiter le mutant depuis son propre thorax. Avec une facilité effrayante, les autres Hydres déchiquetèrent le corps. Mourir écartelé, éviscéré et décapité par des monstres démoniaques, une mort qui resterait dans les anales.

L’une des Hydres recracha la colonne vertébrale prélevée sans la moindre délicatesse, puis retourna à l’état d’Essence. Pour ceux qui avaient observé la scène, les monstres semblaient clairement agir indépendamment de la volonté de Sébastian, car là où ce dernier peinait à se relever, elles avaient agit sans la moindre difficulté.

Le Sombre Voyageur mit un genou à terre, puis se redressa, ayant un déficit d’équilibre du fait des dégâts subis suite aux coups répétés à grande vitesse. Il s’effondra en arrière, mal en point. Malgré les nombreuses fêlures qui c’étaient ajoutées au shrapnel, il était encore en vie. Les plaques de métal dans son gilet et son manteau pare-balles étaient déformées, mais avaient encaissé la majorité des coups, sans quoi il serait probablement mort à cause de lésions internes.

- Donnez-moi… cinq minutes… déclara-t-il avec difficulté, alors que l’Essence le soignait.

Fatale lui accorda la pause, de même Chronos, qui ne dit mot.

Sébastian n’avait rien d’humain, à part l’apparence ; c’était dans des instants comme cela qu’on le voyait. Outre la fumée qui gravitait autour de lui, émanant de sa personne même, son sang était d’un noir d’encre, et revenait à lui, l’Essence se matérialisant suffisamment pour s’en imbiber et ramener le précieux liquide jusque dans son corps. Bien sur, le Léviathan aurait put recréer le sang comme il le faisait pour tout le reste, mais c’était surtout histoire de ne laisser de traces si reconnaissable derrière lui. La régénération par l’Essence n’était pas d’une vitesse exceptionnelle comparée à celle de certains mutants, la faute en imputant à la taille du portail.

La Confrériste entama la causette avec Chronos, déclarant ne plus pouvoir avancer. C’était bête.

« Il ne faudrait cependant pas trop tarder, s’il sent que la situation lui échappe il pourrait faire décider de s’enfuir. »

- N’a-t-il aucun courage ? demanda Sébastian, parfaitement intrusif dans la conversation.

Le fait que Fatale se tourne vers Chronos était positif pour le Léviathan, car elle se désintéressait de lui, donc le sous-estimait.

- Si le temps est compté, alors je vais me presser.

- Que voici une riche idée ; aurez-vous besoin d'aide, pour vous remettre sur pied ?

Sébastian dégaina ses deux Beretta, les deux dernières armes à feu qui lui restait à l’exception des M1911 qu’il portait toujours sur lui depuis trois quarts de siècle. Certes, il avait perdu les Glock lorsque l’hyperrapide lui avait fondu dessus, mais il n’était pas pour autant désarmé. La Peau de Démon se forma autour de lui, combinaison de muscles à vif transformant l’apparence humaine de Sébastian en créature écorchée vive, dont le visage était exempt de bouche ou de nez et dont les doigts se terminaient par des crocs. Mise à part sa chevelure est ses yeux, tout le reste du Sombre Voyageur avait été recouvert par le symbiote, sa tenue également. Il semblait droit sortit d’un film d’horreur.

Aidé des muscles de la création organique, il se releva, non sans douleur, mais cela était accessoire : s’il fallait faire vite, il régénérerait en mouvement. Avançant jusqu’au deux autres d’un pas trop naturel pour les blessures qu’il avait encaissé, il les rejoignit rapidement, entendant la question de Fatale au sujet de la quatrième roue du carrosse.

- Et vous, où étiez-vous passé ? déclara-t-il d’une voix transfigurée, plus aiguë et cruelle.

Prenant la tête du groupe, marchant alors qu’il guérissait, Sébastian arrêta de parler. Il franchit l’endroit où le précédent combat avait débuté, ne cherchant même pas ses armes du regard, et se dirigea vers l’étage suivant. Là, le ménage avait déjà été fait, ainsi il put également avancer sans difficulté autre que les messages nerveux envoyés par son corps.


Enfin.

Sébastian ne s’immobilisa pas alors même que le Léviathan projetait dans son esprit espionné des images horrifiantes, démontrant à l’étranger quelle créature il percevait depuis tout à l’heure : une créature de cauchemar, créatrice d’un monde de chair où les arbres mêmes n’étaient de monticule de viande rouge gémissante, où la chair nue s’étendaient jusqu’à l’horizon, où des créatures serpentines se formaient dans la « terre » pour surgirent comme un système immunitaire, et où mille et une horreurs indicibles incubaient et naissaient. Les suppliques portées par le vent répondaient aux grognements des créatures de ces lieux, où jusqu’à l’oxygène étaient saturé des particules de matière qui composait le Léviathan.

De telles visions avaient torturé l’esprit de Sébastian durant des années, effaçant toute trace de peur ou de dégoût de son être. Il avait provoqué des carnages indescriptibles, mais ce n’était rien comparé à ce monde vivant que son tutélaire lui présentait comme l’Enfer.

- Hichiro va fuir, son télépathe est rentré dans nos esprits et il sait qu’il ne pourra pas nous arrêter. Nous venons de remporter la partie, ricana Sébastian, le plan du Léviathan se déroulant à merveille.

Si Fatale était occupée dans la poursuite de sa Némésis hors du complexe, et que lui et Chronos affrontaient la garde chargée de les retenir, personne ne pouvait empêcher la Chatte Noir de voler le sabre. Ils n’avaient pas seulement remporté la partie, car le Sombre Voyageur avait également remporté une partie qui se jouait dans la partie, et à l’insu de tous les autres protagonistes.

Ils arrivèrent devant la grande porte, la Peau de Démon se dissipant, révélant un Frederick Faust, certes encore blessé, mais en état de combattre.

- Mlle Greenwood, approchez, déclara-t-il simplement, rangea l’une de ses armes. Hichiro va s’enfuir, vous serez la seule à pouvoir le rattraper. Chronos et moi-même nous occuperons de la garde qu’il a laissé pour nous ralentir. Vous devrez vous téléporter directement au corps-à-corps avec notre ennemi, suffisamment proche pour ne pas être bloqué par le bouclier. Vous m’avez dit qu’il disposait d’une force de classe 1, je suppute qu’il dispose d’une résistance équivalente et d’une agilité améliorée, aux sues de son hybridité. Je vais vous donner une force trois fois supérieure à la sienne, histoire qu’un seul coup vous suffise à le tuer. Cependant, il s’agit uniquement d’une force, donc si vous le tuerez en un coup, cela sera réciproque. Il ne doit pas vous toucher. Prenez ma main.

Le Sombre Voyageur tendit sa main libre comme s’il allait faire une banale poignée de main. Il n’en serait rien cependant ; Fatale devait lui faire confiance sur ce coup, ce qui était très risqué pour elle. Parmi toutes les créations du Léviathan, la Peau de Démon était peut-être, pour Sébastian, la plus terrible. Les Hydres étaient des organismes interdépendants, ne pouvant traverser le portail et étant par conséquent lié à lui et à lui seul. La Peau de Démon ne l’était pas : c’était un symbiote, et n’importe quel hôte pouvait faire l’affaire, même si ce dernier devait être au contact du portail pour que l’Essence puisse prendre forme sur lui.

Il n’y avait pas beaucoup de doute sur ce qui allait ce passer : Fatale prendrait sa main, et lorsque ce serait fait, l’Essence gravitant autour de Sébastian se condenserait au niveau de sa main pour se former sur celle de la Confrériste. La Peau de Démon s’étendrait alors sur son avant bras, puis jusqu’à son épaule, lui dévorerait le visage et le torse et ceux jusqu’à ce que la belle asiatique aux cheveux noirs et vêtue d’une combinaison kelvar/cuir soit recouverte d’une combinaison parfaitement adaptée fait de chair et de muscles, les doigts terminés par les mêmes crocs que ceux des hydres. La Peau de Démon s’adaptait à n’importe quelle morphologie et malgré qu’elle recouvrait les vêtements, elle réagissait en parfaite synchronisation avec son hôte, grâce à un lien psychique avec l’esprit du porteur. Lien psychique parfaitement exploitable par le Léviathan. Sébastian pourrait alors contempler un instant un visage métamorphosé et méconnaissable, visage qui à une éthie et un sexe près était le sien, puisque recouvert par le masque de chair, le nez et aa bouche devenus imperceptibles, ils auraient eut la même protection de leur identité. Évidement, si elle refusait, rien de tout cela n'adviendrait, mais le Léviathan ne pensait pas que son offre allait tomber à l'eau.

Sébastian sourit en se disant que dans l’histoire, la confiance devait être réciproque, puisqu'il abandonnait temporairement ses pouvoirs offensifs pour quelqu'un d'autre.

- Bonne chance, déclara le Sombre Voyageur une fois qu'ils furent près à l'action.

Se retournant vers la porte, il dégaina sa seconde arme ; il serait l’être le plus humain dans la bataille à suivre, s’en était presque amusant.