La Sorcière et le musicien [PV Scarlet Witch]

L'impondérable aurait on pu dire, mais c'est le Mystery qu'il convenait de l'appeler. Dans ce club papillotaient les New-Yorkais amourachés d'occultisme, d'art gothique, et de spiritualité. On y trouvait toujours ce qu'on ne cherchait pas, et d'autant mieux on appréciait de l'avoir trouvé. Que c'eut été dans l'enchantement d'une discussion sur la théosophie d'Helena Blavatsky avec tel adepte ou dans la délection d'un poème oral qui vous esbaudissait, vous sortiez toujours mûr de cet endroit.

Wanda s'était insinuée à une table, où dansaient des lucioles de feu sur leurs bougies. Engoncée dans une robe noire courte et moulante en satin elle portait aussi des bottines ouvertes recouvertes de motifs floraux cousus.
À la table contigu à la sienne des jeunes gens tout en rédigeant des poèmes, se les déversaient en se défiant dans la bonne humeur. Une houle de voix agitées tantôt d'exaspération tantôt d'exultation en provenait. Wanda, elle, n'aspirait qu'au calme et au dilettantisme ce soir là. La suavité de l'atmosphère suffisait à oblitérer un moment le tumulte de l'extérieur.

Des notes de guitares parvinrent à ses oreilles. Aussitôt une voix, par dessus les accords, émonda le chahut. Une voix onctueuse, qui progressivement envoûtait la salle. Les jeunes d'à coté abandonnèrent leurs plumes et pivotèrent leurs chaises. Wanda s'abandonna à cette mélopée, ses yeux dodelinaient entre la guitare du musicien et les yeux de celui-ci, et comme il plongeait ses yeux dans les siens comme pour lui dédier ses vocalises elle y céda à son tour en fixant son regard sur lui. Les accords de voix et de guitare s'étrécirent pour disparaitre complètement. Wanda tapota vivement des mains, des applaudissements dans la salle saluèrent aussi la prestation du chanteur.

Venant vers elle comme naturellement il lui baisa la main. Elle hocha doucettement la tête en souriant. Il s'éloigna ensuite vers une table et s'y installa. Rester assise une seconde de plus à cette table, aussi vacante que l'était celle du musicien lui paru absurde. Elle se mit debout et lissa sa robe. Après s'être dirigée vers la table elle le vit, s'il l'avait vu arriver ça aurait été d'un œil seulement puisqu'il était oblique par rapport à elle qui arrivait derrière. Elle tira une chaise puis s'assit. "Quelle prestation !" dit-elle pour engager la conversation. "Moi c'est Wanda." Il avait des yeux bleus d'azur, et des cheveux châtains hirsutes. "Vous êtes un habitué ?"

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Elle aussi goûtait à ce lieu pour l'analogie qu'elle lui renvoyait de sa propre vie. La saveur d'échanger avec d'autres, humains comme mutants, moins les vicissitudes de l'existence et le jugement manichéen d'une meute. De l'intolérance ne subsistait plus rien. On ne trouvait que la candeur de jeunes gens réuni autour d'un pentagramme et entonnant des psaumes rituels ou encore celle des poètes à l'instar de Evan.

-Vous avez raison, il est bon de ne pas avoir à se cacher. C'est rassurant de pouvoir partager avec d'autres ce que nous croyons juste. Les philosophes de tous temps disent que le monde sera changer par une poignée d'hommes. Ce sont des ténèbres qu'émane la lumière dit la cosmogonie des sages orientaux." Il fallait éviter de s'éparpiller dans la philosophie occulte mais ça se révélait inévitable. "L'évolution je veux dire, elle s'incarne dans l'homme..." Elle gratifia Evan d'un sourire éloquent. 

Celui-ci aborda un thème qui la lancinait depuis l'adolescence. Pour elle la magie était peut-être la mutation obscurci volontairement par le symbolisme pour en preserver la substance. Les pogromes contre les sorcières avaient-t-ils eut d'autres visés ? Ses aïeuls en bohême lui contait parfois d'inquiétante histoire là-dessus. L'oppression des sorcières d'hier se poursuit par endroit sur les mutants d'aujourd'hui.

-Certains, oui." Elle attira la flamme d'une bougie dans sa paume. Celle-ci se reflétait dans ses yeux comme lune moirant sur le lit de la rivière. "On dit de moi que je suis une sorcière." La flamme retourna alimenter sa bougie. C'était comme se revitaliser de révéler ses dons, il n'y avait pas de peur à avoir. Quelque que soit la réaction on révélait ce qu'on était, sans crainte. Wanda est d'avis qu'il s'imposait d'être un porte étendard de la mutanité en lieu et place de la peur, ce sillon aride qu'est la peur. Si les humains l'acceptaient tous de conserve comme l'évolution de leur nature même le gain serait considérable. Mais à l'inverse les défenseurs de l'ère mutante s'activeraient inexorablement pour le leur rappeler.

-Et vous êtes-vous capable de m'ensorceler ?" Elle sourit. "Sans la guitare... ni les vocalises."  Au risque d'aller au devant d'une déception elle s'aventura tout de même à soulever subrepticement cette question importante, était-il comme elle ? Son regard s'appuyait plus que jamais sur Evan. 

Cet homme avait indubitablement un don pour dérober des bribes de secrets à ses interlocuteurs. Cette équipé dans le champ lexical du hasard et des probabilités le démontrait perspicace. Gageure qu'il ne parlait de hasard, cette fantasmagorie des profanes, que pour mieux louvoyer jusqu'aux secrets enfouis de Wanda.

-Le hasard n'existe que dans la subjectivité des hommes je dirais. Et puis les probabilités sont faites pour être démenti." A peine eut-elle prononcée ces mots qu'il s'apprêtait lui aussi à ce prêté au jeu des sortilèges.

Il ferma les yeux, se concentra puis l'instant d'après elle ne put que constater la volatilisation du musicien. Peut-être un bien grand mot dès qu'elle vit une bougie près d'elle se soulever pour cabrioler autour d'elle. Wanda tapota des mains un rire aux lèvres.

- C'est un don impressionnant que vous avez là. Elle dodelina des yeux jusqu'à ce que la bougie retrouve sa position sur la table.

Evan redevint visible mais penché sur elle et lui soufflant des mots dans l'oreille. Il accrut en quelques murmures l'intérêt qu'elle lui portait. Mais quel homme était-il hors de ce bar. Un citoyen bien rangé et probe la forcerait à biaiser ses paroles autant qu’un pro-Confrérie lui permettrait de chanter sa vie sans vergogne, mais avec prudence. L'oxymore étant dite ses yeux confluèrent de nouveaux avec les siens.

-Avez-vous des raisons d'avoir les poignets entravés ?" son visage adoucissait ses propos même pour annoncer la suite. "Des gens aimeraient me voir menotter..." Elle toisa la réaction d'Evan puis poursuivit. "En fait ce n'est pas un secret, mon nom cour en ville. Maximoff rimerait avec extrémisme" Elle tressaillit de rire pour attenuer l'effet de la phrase. " N'écouter pas les ignorants qui relaient ses facéties. Aider les mutants dans le monde à lutter contre l'oppression dans ses diverses formes à l'aide de fonds important pour se protéger n'entre pas dans le cadre de "l'extrémisme"." Elle souligna l'adjectif en mimant des guillemets avec ses mains. Tout en haussant les épaules puis en se relâchant elle rejoignit Evan des yeux. "Je travaille pour une association d'aide aux mutants. Chacun y voit ce qu'il veut et entend là-dedans ce qui lui convient. Je vous est parlé de moi à vous." Elle s'accouda la paume sur la joue. "Je pense que vous serez aussi loquace.

Qu'avait-elle à y perdre d'avoir été dans les limites du raisonnable raconter ce qu'elle est. Elle avait parsemée le tout de dénégation mais la graine peut-être féconde était plantée. Elle ne craignait pas de déverser autant d’élément sur elle. Ce pouvait être vu comme de la provocation par les autorités qui n’ignoraient pas ses déplacement en ville, mais c’est la nature de la diplomatie, faire passer par de la rhétorique, et à louvoyer en somme, ce qu’on pourrait répandre dans un langage belliqueux mais insensé. On ne gagnait rien sans risquer ses plumes dans le macrocosme New-Yorkais. Il fallait persévérer inlassablement. Qui avait-elle en face d’elle ? Elle lirait entre les lignes. Elle appliquait des prunelles onctueuses, sur Evan, et qui semblaient le presser de se dévoiler.

Il fallait se montrer précautionneux bon gré mal gré lorsqu'on vous taxait d'appartenir à la Confrérie. Nier était le meilleur remède lorsque vos rapports avec une personne étaient encore à leurs balbutiements. Pourquoi faudrait-il se précipiter alors même que la Confrérie était dotée d'une kyrielle de succursales pouvant servir d'intermédiaires. Wanda, elle, utilisait comme paravent une association pro-mutante crée sur commande par les opérateurs de la Confrérie.

C'était un peu comme dresser une porte devant une autre. Pour divertir ou au contraire attirer lentement vers le cœur de l'organisation de Magnéto. Mais toujours est-il qu'il ne fallait émettre que des sous-entendus, dut votre interlocuteur savoir que vous dissimuliez la vérité, il n'en serait que plus soucieux de la découvrir mais sans galvauder d'étape.

Evan touchait un point sensible. Argumentant sur les interactions entre humains et mutants, et la saillie du gouvernement avec son bureau des affaires mutantes. La création de cet organisme était prévisible. Mais elle avait le malheur de stigmatiser la race mutante, l’ostracisant davantage. Ne faisant qu'obstruer davantage mais vainement le cheminement vers un monde mutant en se faisant les gardiens de l’égalitarisme. Une ignominie de plus qui risquait d’être baigner dans le sang.

- Tout à fait. Mais les mutants doivent se prémunir, parce qu'il y a trop d'ambivalence dans ce qui est qui raconter à la population au sujet de la mutation. C'est l'évolution de l'homme. Moi, je suis non-violente. » Une lapalissade à n'en pas douter. Wanda répudiait la violence dans toutes ses formes. Que ce soit l'oppression par l'économie ou le massacre par les armes, elle ne tolérerait rien de tout ceci dans le monde que bâtirait son père.

Elle n'était pas naïve non plus sur les qualités immanentes de chaque individu qu'ils soient humains ou mutants. En proportion on trouvait certainement autant de nocivité et d'indigence spirituelle chez les uns comme chez les autres. Les pénitenciers de l'ère mutante pourraient servir à réprimer tout ce frai là. Les humains ne seraient pas asservis mais réduit peu à peu à une minorité. Leurs technologies potentiellement nuisibles aux mutants ne seraient étrécies à rien. Une transition ne se produisait jamais sans heurt.

-Nous sommes une minorité, nous les mutants. Une minorité ne peut rester pusillanime devant la trépidante envie de certains d'en finir avec elle. Evidemment mes activités sont aussi basées sur le renseignement. Je suis charitable mais je dois aussi être fourbe. Dans cette ville tout n'est qu'acier contre acier, acier contre bouclier. Plus à propos de moi, on dit que je suis rechercher, oui. Mais on dit aussi que je suis une diplomate en ville, l'un des intermédiaires possible entre establishment et mutants organisés. Il serait super-super tendancieux que Magnéto pense qu'on ne veut plus discuter avec les diplomates indépendants pro-mutants." Elle s'esclaffa en espérant qu'Evan saisirait le bon goût de la plaisanterie et la vérité qui en émanait.

Dusse-t-il avoir envie de se mettre en costard-cravate pour épier les mondain, Wanda l'aurait bien copter dans son secteur. Il saisissait les dissentiments existants entres mutants pro-mutants et humains effarouchés sans pour autant penser devoir recourir systématiquement à l’agression physique dans cette opposition sempiternelle.
- Que faites vous dans la vie pour être recherché par les autorités ? » Elle agita le doigt d’un air mutin en souriant. « Vous ne m’avez pas répondu…

Wanda devait radoter inlassablement le mensonge éhonté de sa non-appartenance à un groupe d'activiste mutant terroriste, qu'elle s'entendait servir à la même sauce à ses interlocuteurs et qui même s'il laissait entendre la verité lassait immanquablement. Mais elle ne pouvait se résoudre à s'étendre plus. Evan était vraisemblablement un agent de renseignement. Un informateur sans aucun doute. La paraphrase qu'il venait de formuler pour désigner son activité comportait cet indice. En considérant cela il fallait communiquer avec parcimonie. Aurait-t-il une raison de se taire si jamais elle lui confirmait ce qu'il voulait savoir ? Pas vraiment. Mais à y bien réfléchir que risquait-t-elle ? En ville les gens savait sans savoir qu'elle était une activiste de cette Confrérie que refermaient en secret la forêt et les éminences rocheuses. 

On prêtait aux diplomates cette cure que l'on nomme paix et stabilité. Wanda, plutôt appréciée dans cette fonction, affectait désirer la cohabitation. Par ce procédé chacun savait qu'il permettait à son antagoniste d'accroître sa force et sa résistance et de ne repousser finalement qu'a plus tard un affrontement. Il fallait se dire faible lorsqu'on était fort et inversement. Pour quelques mutants tués à Mutant Town c'est toute la ville qui subirait un déchaînement sans pareil de la Confrérie. Une action qui paraitrait non revendiquer mais qui portrait tout de même l'estampille des Acolytes.

- Je vois. Donc si je vous payait "grassement..." Elle illustra des guillemets avec ses doigts. "...Vous feriez ce métier libéral dont vous parler, mon cher Evan ? Car voyez vous la confiance s'acquiert. Mais il semble y avoir une nuance. Nous avons des affinités mais le problème c'est le boulot. Nos activités nécéssitent de réprimer tout ce que l'on pourrait avoir envie de dire. Et puis concernant Magnéto je le connais effectivement dans le cadre de mon activité d'entremetteuse, mais sa Confrérie franchement bien trop violents. Ils sont néanmoins très important sur l'échiquier.

Il y avait longtemps qu'elle n'avait proférer un mensonge aussi fantasque. Non seulement pour ce qui était d'exprimer une certaine distance avec son père biologique et en second lieu qu'elle trouvait la Confrérie trop impétueuse. Ce qui était faux puisque chaque action des confréristes était réfléchi et obombrait des fins plus nobles. Toutefois elle comptait sur l'acuité d'Evan pour déchiffrer ce marasme. 

-Ce que vous dites est absolument véridique. Les humains sont trop limités technologiquement. Non mais franchement vous imaginer une prison en plastique pour Magnéto ?" S'époumona t-elle de rire. La menace est ailleurs, et pour tout vous dire elle vient de la race mutante elle-même. Certain des nôtres sont dans l'inertie et refuse de voir plus loin que le brouillard idéologique qui les aveugle. Je parle des égalistaristes, certains mutants comme vous et moi. Ils débauchent des mutants féroces et les réduisent à la docilité d'un caniche. Ils sont faibles et fort à la fois, organisés et nombreux mais susceptibles de défaillir face à ces mutants peu soucieux d'effondrer des ponts et des buildings ou de faire du monde un brasier où se mêleraient chair calciné et os humains brûlés si seulement ça leur permettait de protéger un seul mutant. Mais en ce qui vous concerne êtes vous plutôt versatile en tant qu'agent libre ou est-ce qu'une idéologie vous intéresse plus qu'une autre ? Je dirais les deux mais je veux savoir  à quelle profondeur se trouve vos racines. On ne le défini jamais correctement avec vous autres agent. Nos affinités et nos activités respectives peuvent-elles coexister, c'est un des objets de ma question.

Même si la prudence s'imposait dans la dialectique il eut été rédhibitoire de laisser la chaleur buccolique de cette soirée être fouler par les affaires urbaines. Mais Wanda comptait bien ajouter un allié de plus, même frivole dans ses activités, à son répertoire. C'était truculent mais scabreux de débiter autant sur elle dans un lieu qu'elle fréquentait régulièrement non pour ses activités mais pour la détente. Mais ainsi allait la société, pernicieuse toujours, connivente parfois, hostile souvent, et où l'on se prenait à surmonter les cimes que l'on osait gravir, et à espérer les dévaler sans rencontrer de heurts.