Quand une patate a la frite, elle vous vole dans les plumes [PV Doop]

Près du métro, une silhouette vête d'un lourd manteau et d'un chapeau chantait. A ses pieds, un étui de guitare bien garni prouvait son succès. Un succès peu commun pour les mendiants, mais Josh n'en était pas vraiment un, il avait un toit à l'institut, seulement pas de travail pour lui et le jeune homme avait trop de fierté pour dépendre entièrement de qui que ce soit. Les Guthrie, famille très pauvre avait toujours été maîtresse dans l'art de la débrouillardise, chaque enfant avait un petit job en rapport avec ses capacités. C'est ainsi que Jay avait été amené à faire un ou deux concerts, malheureusement il avait ensuite dû être interné à l'institut Charles Xavier, dépressif, dangereux pour lui avec des risques de l'être pour les autres. N'étant pas assez connu, il avait été englouti par le fléau de l'anonymat et devrait refaire ses preuves avant de compter chanter ailleurs que dans un métro. Quelques bars le prenaient, mais c'était plutôt rare vu la crise financière qui semblait toucher le pays et son petit problème de plumes. Car quoiqu'il fasse, dans les vestiaires ou par hasard, au détour d'un couloir on découvrait toujours son secret depuis qu'il ne mettait plus de courroie de cuir.

Cette dernière enserrant cruellement ses ailes lui avait été interdite à l'institut et depuis, ses muscles avaient put se reformer facilement, l'ossature se remplumer et surtout se préparer à résister à un nouvelle assaut. Ses ailes n'étaient plus assez flexibles pour permettre à Jay de les torturer de la sorte et puis malgré lui, il commençait à s'entraîner un peu. Désormais, après de lourdes séances de musculation, il avait les capacités pour voler, mais la technique c'était autre chose. Enfin bref, tout ça pour dire que le jeune chanteur évoluait à son rythme, lentement avec bien des problèmes encore mais il sortait du trou quand même.

Icare se déplaça, il n'aimait pas trop les endroits fermés et préférait aller dehors. Dans une ruelle peu fréquentée, tout en continuant de chanter il put prendre un peu de repos et s'autorisa même une détente en s'adossant au mur et en regardant les nuages d'un air rêveur. Peu de gens passaient ici, certains attirés pas sa voix claire venait à lui pour lui tendre une piécette mais la plupart passait leur chemin. Jay avait du succès certes mais il ne fallait pas exagérer, il restait un simple artiste de rue.

Le garçon enleva son chapeau, dévoilant de longues mèches blanches et lisses qui tombèrent sur son visage androgyne, N'étant pas totalement sans domicile, le jeune homme restait propre sur soi, sa constitution était fragile et il semblait manquer de nourriture mais c'était surtout sa nature qui le voulait ou lui car l'institut l'accueillait encore à bras ouverts. Icare ne cessa pas de chantonner en comptant les piécettes, il prit un quart de la recette comme argent de poche et garda le reste de côté pour sa famille. Ses parents n'avaient plus 11 enfants à charge mais ils restaient très pauvres et trop âgés pour être embauchés. Le mutant ailé ne voulait pas les laisser tomber malgré son internement forcé. Ils avaient voulut bien faire.

Quoiqu'il en soit cette journée était fructueuse, Josh laissa glisser un peu son manteau, dévoilant la naissance de ses ailes au niveau des omoplates, néanmoins il restait attentif, prêt à filer en cas de soucis. C'est ainsi qu'il vit une tâche dans le ciel. Plissant les yeux le mutant put apercevoir la chose grandir. C'était difforme, vert et ça portait une caméra?! Josh se frotta les yeux puis les rouvrit... La chose était encore là, pire, elle fonçait sur lui! Sans doute un mutant bizarre et incontrôlable comme il y en avait parfois? Malgré son avancée dans l'acceptation de sa "race", Icare avait encore du mal à tout accepter et cette situation pour lui devenait terrifiante. Une patate géante lui voulait apparemment du mal ou quelque chose d'autre mais sûrement un truc bizarre vu son allure.

Le chanteur se mit debout, passant rapidement sa guitare autour de son cou. Excédé de s'étrangler avec la courroie, il se débattit, déchirant un peu son manteau. Mais qu'importe... Icare se mit alors à courir après être resté scotché deux secondes de trop sur place. Désormais il détalait comme un lapin, s'enfonçant dans des ruelles non fréquentées.

-Laisse-moi la chose, va-t-en!!!!!

Essaya-t-il vaguement de dire sans même se retourner pour observer la patate volante et observer ses réactions, Enfin, ça avait des émotions un féculent géant? Josh remonta son col de son mieux, maintenant son manteau d'une main et de l'autre sa guitare, il commençait déjà à fatiguer. Son corps était fait pour aller très vite sur une courte distance afin de prendre de l'élan et voler, pas pour tenir la distance à terre.

Invité

Ce qui est chouette quand on peut voler, c’est la liberté que ça procure, pouvoir se déplacer sans contrainte, sauf lorsqu’il y a du vent. Le vent, c’est franchement déconcertant, à souffler un coup dans un sens, un coup dans l’autre. Heureusement, à New York, c’est généralement assez peu contraignant, comparé à ce qu’on peut trouver un Floride. John se rappelle d’une fois où il s’était trouvé embarqué par un cyclone, par pure maladresse. Un moment d’inattention, et hop ! Il avait sagement attendu que le phénomène climatique s’essouffle de lui-même pour repartir, mais cela l’avait franchement retardé. En temps normal, l’important c’est de saisir les courants ascendants, pour ménager ses efforts, et même si la plupart du temps Doop n’y est pas réellement soumis, puisqu’en réalité il ne vole pas mais lévite, il aime de temps à autre simuler un vol, grimpant lorsqu’il sent un courant d’air chaud, pour ensuite suivre un oiseau dès qu’il en rencontre un, et l’imiter.

Certes, ce n’est pas parfait comme méthode, mais pour réaliser une vidéo aérienne, elle a fait ses preuves. Et c’est d’ailleurs pour ça que cet après-midi l’ancien agent secret s’est équipé de sa caméra, et a filmé les palpitantes aventures de Rodrigues, un Columba livia domestica, plus communément appelé pigeon, dans sa quête de nourriture. Tout ceci l’a naturellement amené à se poser finalement au sommet d’un immeuble, afin de revisionner l’heure et demi de tournage qu’il vient de réaliser. Certaines séquences assez peu pertinentes seront évidemment à effacer, il s’en rend compte au fur et à mesure. Mais la scène finale, où il se fait écraser par un camion-poubelle, c’est véritablement de l’or en barre. Une chute particulièrement croustillante, à garder absolument.

Allant pour ranger sa caméra, le patatoïde aperçoit soudain quelque chose d’intéressant en contrebas. De très intéressant. Un artiste de rue. Par les temps qui courent, on n’en trouve plus énormément. Sans doute la faute à un revenu vraiment minime, des conditions de travail précaires, l’absence de couverture santé, tout ça tout ça… Toujours est-il qu’il semble bien y en avoir un là, aussi John refixe-t-il sa caméra sur le côté de sa tête après avoir relancé l’enregistrement, et commence sa descente vers la ruelle.

Ah. Il semble avoir vu Doop, mais sa réaction est pour le moins exagérée, tant il remballe ses affaires dans la précipitation, il se met même à courir dans la direction opposée. Pas très pratique, ça. M’enfin, l’objet d’étude est roi, le patatoïde ne va pas l’empêcher d’agir comme bon lui semble. Par contre, fait intéressant, dans sa tentative éperdue de prendre la fuite, l’individu a déchiré une partie de son manteau, révélant ce qui semble être une… oui, une plume. Le zoom lui permet catégorique là-dessus, une plume s’échappe de l’ouverture. Ça c’est intriguant, et ça le pousse évidemment à accélérer pour se porter à la hauteur du fuyard, malgré son absence manifeste de volonté de coopérer et ses protestations. Tant pis, le cinéaste s’en passera. Déjà, comme pour lui donner raison, son personnage principal commence à perdre de la vitesse, petit à petit. Il est temps d’en profiter.

Accroissant brusquement sa vitesse, John dépasse le jeune homme à la chevelure étrangement immaculée et, tendant un bras dans sa direction, main ouverte, crie un bref mais autoritaire :

Quand une patate a la frite, elle vous vole dans les plumes [PV Doop] 4174892411

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Spoiler:

-Hein QUOI?!

Un anglais étrange mais très compréhensible surgit de la bouche de son interlocuteur. La vérité était sans appel: la patate parlait. Bon certes, avec les mutants il fallait s'attendre à ce que la pire des bizarreries mondiales se transforme en logique indéniable mais quand même... Une patate parlante munie d'une caméra! Cette fois mère Nature avait été trop loin dans ses idées farfelues. Josh s'arrêta sur le coup, poussé à le faire par la main tendue qui ne voulait pas s'ôter de sa trajectoire plus que par le désir d'obéissance ou la reconnaissance d'un leader en la personne du féculent volant. Désormais les deux mutants étaient dans une ruelle que personne ne fréquentait, engoncés dans les tréfonds de New-York. Heureusement pour Icare, ils étaient plus côté quartiers chics que mal fréquentés, quoique en tant que chanteur dans certains bars il avait eu le bon feeling avec certains lascars. Le chanteur se mit à reculer légèrement, que lui réservait l'être? Pourquoi l'avait-il arrêter lui?

Sa caméra était-elle un objet qui servait à faire exploser les choses ou encore emprisonner les gens dans une autre dimension? Icare avait apprit à se méfier de ces personnages à qui la science ne devrait même permettre d'être viables. Ils avaient parfois l'air fragile, simplets, gentillets même-quoiqu'un peu repoussant au goût de Josh qui trouvait les tubercules de la chose peu avenantes- mais se révéler comme les pires tueurs du moment. L'ange recula d'un autre pas, il serrait contre lui son manteau et mit sa guitare contre sa poitrine, protection bien futile si jamais la patate se révélait être un de ces mutants omégas que rien ne pouvait arrêter ou presque. D'ailleurs cette constatation éclair lui fit penser que c'était bien étrange que le monde ne soit pas encore détruit alors que de telles créatures foulaient le sol.

Reprenant toutefois courage, voyant que la chose ne semblait pas vouloir le tuer-ou tout du moins pas de suite- le chanteur tâcha de faire front. Il n'allait quand même pas se laisser impressionner par l'un de ses plats favoris, certes trop gros, trop bavard, trop vert et trop volant, mais quand même, une patate restait une patate jusqu'à ce que l'être lui prouve qu'il soit bien un de ces mutants extra puissants; chose plausible mais à laquelle sous peine de défaillir l'angelot préférait ne pas penser.

-Qui êtes-vous et que me voulez-vous à la fin? Pourquoi vous me poursuivez avec... Avec ce, cette caméra? Enfin je suppose que s'en est une?

Dans ce monde, même ce qui semblait évident ne l'était pas toujours! Un simple bâton pouvait être l'arme magique d'un mutant comme ce fameux Gambit dont beaucoup parlaient, alors une caméra pouvait bien être tout autre chose. En fait Icare serait plus étonné que la patate lui apprenne qu'il s'agissait juste d'une caméra et pas d'un objet aux facultés hyper complexes. Un genre de vortex pour l'espace ou quoique ce soit d'autre serait plus logique.

Invité

Ah ! Il a réagi et s’est arrêté, bien ! Pas besoin de continuer la course-poursuite, c’est une bonne nouvelle. Non pas que ce ne soit pas intéressant, du point de vue cinématographique, mais lorsque ça s’éternise, les spectateurs ont vite tendance à en avoir marre. Et ce que veut Doop, c’est quelque chose qui scotche les gens dans leurs sièges, béats d’admiration devant le génie qui a manié la caméra. Bon, il est maintenant temps de passer à l’étape suivante, soit la prise de contact.

Alors que le jeune homme recule lentement, comme effrayé par l’arrivée abrupte du patatoïde, ce dernier se décide à lui livrer quelques éléments, tout en restant dans le contexte de son film, donc sous forme de commentaires :

Quand une patate a la frite, elle vous vole dans les plumes [PV Doop] 1552476621

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Marquant une pause, John en profite pour arrêtez l’enregistrement, le temps d’informer le jeune homme sur quelques points, qu’il juge inadaptés dans le cadre de sa vidéo et veut donc se dispenser d’avoir à couper au montage :

Quand une patate a la frite, elle vous vole dans les plumes [PV Doop] 2118185922

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Il appuie à nouveau sur le bouton « REC », et réalise une série de zooms/dé-zooms, pour capter certains détails de son sujet d’étude, se décidant au bout de quelques instants à entamer une série de questions-réponses :

Quand une patate a la frite, elle vous vole dans les plumes [PV Doop] 3279156823

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Spoiler:

Oui, à première vue, Doop s’était complètement trompé d’hypothèse, dans la précipitation. A seconde vu aussi, d’ailleurs…

Un anglais bien étrange disions-nous donc. La chose parlait de paons et de parade, du coup l'angelot se demandait si sa traduction était bonne où si il s'agissait là d'un américain alternatif qui pour lui se résumait en une suite de mots compréhensibles mais qui ne pouvaient décemment pas s'unir. Où bien la patate était complètement tarée, ce qui serait une hypothèse plus facilement crédible étant donné qu'un féculent n'était pas sensé parler! De plus vu sa taille il ne devait pas avoir un cerveau bien gros, enfin bon Icare jugea meilleur de ne pas emprunter la voie du raciste et tâcha de se concentrer sur les paroles du dit cinéaste. Au moins la bavarde verte ne semblait pas dangereuse et bien qu'il demeure un peu méfiant, le chanteur cessa de reculer, il laissa même retomber sa guitare sur le côté. Celle-ci flattait doucement son flanc, tirant légèrement sur son col sans qu'il n'y prenne garde, trop occupé par le dit Johnn Doop-les patates avaient des noms de famille et faisaient des stages chez de grands cinéastes?! Jay aurait plus vu le dit Johnn comme un effet spéciaux de plus de Spielberg. Enfin bon, disait-il la vérité? C'était peu probable. Il avait l'air toqué.

-Oh vous savez-Fit l'artiste en haussant les épaules, l'air légèrement blasé et philosophe.- Ici, tout peut être n'importe quoi vu le monde où l'on vit.C'est plutôt rare de voir un objet avoir pour unique fonction ce pour quoi il a été crée.

Le professionnalisme de la chose impressionna tout de même Icare qui contempla la caméra de plus prêt, offrant donc un gros plan à la patate si tenté que son approche ne se soit pas faite tandis qu'il avait cliqué sur le bouton pause. Bien qu'il n'y connaisse rien, l'ange fut forcé de reconnaître que c'était du beau matériel. Confus d'être ainsi mis en boîte mais aussi légèrement flatté dans le fond, Josh se mit à éprouver de la curiosité voir de la sympathie pour le caméraman.

-John Doop... Jamais entendu parler, mais je ne suis pas une référence, je ne regarde pas souvent la télé. En tout cas moi vous pouvez m'appeler Jay. Désolé d'avoir fuit comme ça, mais avouez que votre technique d'approche est plutôt surprenante- Son physique aussi mais Icare ne voulait pas se montrer discourtois. Qui plus est sa peur des mutants habituelle faisait qu'il craignait encore un peu John; seul son intérêt le poussait à surmonter sa gêne face aux siens.- Et vous faites souvent des reportages comme ça? ça passe à la télé donc? Quelle chaîne? Et vous faites aussi des films? Quel style?-Après tout malgré ses paroles bizarres du début la patate semblait aborder des sujets sérieux, les questions étaient cohérentes et intelligentes. L'individu désormais l'intéressait autant que ce dernier paraissait intrigué par lui-même- Ho mais vous l'avez rallumé? Euh vous savez je ne suis pas sûr d'être un très bon témoin. M'enfin, ça ne me coûte rien de répondre...

Ainsi Josh était malgré lui la star du petit reportage de son camarade lévitateur. Le regard ne fixant pas directement la caméra car il était plutôt timide et loin d'être assez égocentrique pour aimer être le centre d'attention, le jeune homme fit des efforts pour répondre. Même si la patate était un peu fofolle ça ne lui coûtait rien et puis l'individu s'était montré poli. De plus il trouvait ça chouette que quelqu'un s'intéresse aux petits boulots de la rue comme celui très décrié des artistes. Certains disaient que ce n'étaient que des mendiants comme les autres, des sangsues tandis que les âmes les plus douces arguaient qu'au moins ils tentaient de travailler, de gagner leur vie honnêtement. Icare lui n'avait pas à se plaindre, il avait un toit mais sa famille manquait quand même d'argent, alors il venait ici quand il n'était pas à l'institut.

-Et bien... C'est plus un "travail" à temps partiel quoi. On ne mange pas avec ça tous les jours même s'il y a moins de concurrence ces derniers temps. En fait je suis étudiant-Il ne dit pas où évidemment, pas question de trahir sa condition de mutant et mieux valait ne pas parler de l'institut Charles Xavier bien que ce dernier soit connu.- et je gagne un peu d'argent de poche ainsi. Sans compter que ma famille n'est pas très riche alors ça aide un peu...

Josh baissa la tête, un peu gêné de parler de sa famille bien qu'il effleurait tout juste le sujet. Il redressa finalement cette dernière vivement dans un geste qui visait à effacer tout apitoiement sur son sort. Après tout il avait de la chance lui, ce petit boulot lui rapportait pas mal grâce à sa voix d'or, mais modeste, il avait préféré ne pas s'en vanter. Quant à sa symbolique utilisé, ce fameux redressement digne de la tête pour ne pas avoir l'air faible, mal lui en prit, la guitare qui pesait de plus en plus sur son col s'était en fait accroché à un bouton. Celui-ci émit un petit craquement discret, annonciateur de la catastrophe.

-Écrivain... Hum, oui j'écris mes chansons mais avec un styl...

Icare avait ensuite dans l'idée de lui dire que c'était juste une plume de cygne qu'il avait ramassé car il la trouvait jolie mais il n'eut pas le temps de parler plus que le manteau acheva de craquer, ses ailes se libérèrent instantanément, lesquelles dévoilèrent à John des milliers de plumes semblables à celle qu'il avait vu. Autant dire que s'il en voulait, il était servi. et dans un sursaut d'étonnement le mutant les détendit sur toute leur largeur, 5 mètres d'envergures immaculées qui le firent nettement rougir et perdre ses moyens.

-Euh...

Se contenta-t-il de dire l'air béat, la courroie de sa guitare glissée maladroitement entre ses mains après sa chute et le manteau en lambeau par terre après que ses puissants muscles aient achevé le pauvre tissu. La tête légèrement inclinée sur le côté, ses yeux bleus fichés au sol, une petite moue gênée accrochée au visage, le mutant ailé ne savait plus que dire de plus et surtout il ne savait pas quoi faire. Malgré son envie de fuir ou de se cacher dans un trou de souris anorexique, il resta planté là, comme un piquet.

Invité

Nouvel arrêt de l’enregistrement, le temps de quelques réponses qu’il juge hors-sujet :

Quand une patate a la frite, elle vous vole dans les plumes [PV Doop] 6871777731

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Appui sur « REC ».

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Le discours du jeune Jay, puisqu’il s’appelle ainsi, est parfaitement adapté au style de réponse qu’il attendait. Quelque chose de poignant, d’émouvant. Avec une touche de mélodramatique, la mention de la famille. Très bien, les valeurs familiales, c’est quelque chose d’important, en ces temps de crise, où il faut savoir se serrer la ceinture pour le bien de tous. Certes, Doop n’est lui-même pas concerné par ce point, mais c’est un menu détail. Il serait intéressant de s’enfoncer un peu plus dans le sujet.

Quand une patate a la frite, elle vous vole dans les plumes [PV Doop] 7481467233

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Spoiler:

Soudain, rebondissement épique. Le manteau craque, révélant une masse duveteuse immédiatement étendue par son possesseur, sous la forme de deux magnifiques ailes qu’on n’imagine pas un instant factices tant elles semblent vivantes, s’étendant brusquement de toute leur envergure. Ne perdant pas un seul instant, John se remet en mouvement, et effectue des cercles concentriques autour de Jay alors que tout ceci arrive, sifflotant d’une voix légèrement éraillée un air de plus en plus rapide alors qu’il monte en spirale autour de l’homme-oiseau, pour finir à quelques mètres de hauteur, filmant le jeune homme en contre-plongée. Puis il redescend lentement à sa hauteur.

Quand une patate a la frite, elle vous vole dans les plumes [PV Doop] 7270594934

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Spoiler:

Devant l’air gêné de Jay, le patatoïde se décide brusquement à éteindre sa caméra, avant de poursuivre la conversation, ingurgitant dans le même temps l’appareil enregistreur. Il en profite pour passer à un anglais plus classique, pour lui le film est vraisemblablement terminé, et il doute même de le voir sortir un jour. John n’est pas de ceux qui se repaissent du malheur des autres.

« C’est impressionnant. Elles sont fonctionnelles ? Hum, attends un instant. »

Farfouillant dans sa bouche, il en sort au bout de quelques instants une couverture, un peu élimée aux bords, et la tend à son interlocuteur stupéfait.

« J’imagine bien que ça doit pas être facile tous les jours de ressortir autant parmi la foule. De faire systématiquement partie du un pour cent qu’on remarque. Alors couvre-toi avec ça, pour l’instant je n’ai rien de mieux à te proposer. »

Icare aurait bien répondu concernant sa famille, mais il était déjà trop occupé à maintenir sa guitare en rougissant fortement. Oui, rougir prend beaucoup d'énergie et aurait tendance à faire surchauffer le cerveau. Ce qui explique sans doute qu'une personne sensée prendre le large reste stupidement cloué sur les lieux même de la scène de crime. John filma et l'adolescent tourna la tête vers lui au point de frôler le torticolis, ses pieds décollèrent de l'endroit où il était à défaut de terre pour suivre le mouvement du patatoïde. Il mourrait d'envie de dire stop, d'arrêter le tournage car il ne voulait pas être reconnu comme un mutant mais sa voix restait bloquée dans sa gorge. Heureusement la patate éteignit la caméra et l'avala. Attendez... Il l'avala?! Icare haussa un sourcil, réagissant avec curiosité malgré sa situation compliquée.

-Mais... Vous, vous l'avez mangé? Elle... Elle est où?

La question paraissait très stupide, mais en réalité elle avait été lancé par réflexe. Josh ne pouvait pas s'imaginer que le cinéaste l'ait tout simplement dévorée. Comment cela tendrait-il dans son estomac? Bon d'accord, c'était un mutant, encore une fois rien n'était étonnant en ce qui concernait ceux de sa race mais quand même, l'idée que la patate si intéressée et avouons-le intéressante via son art ne pouvait tout simplement pas avoir mangé son bien. Comment ferait-il pour proposer ses films par la suite? National Géographic, quelle classe! Bah finalement elle était bien sympathique cette patate volante mâle et si la situation n'avait pas été celle qu'elle était, Josh lui aurait sûrement offert un grand sourire.

-Euh ben... Fonctionnelles sensées oui mais je ne... Enfin je ne peux pas faire comme vous quoi. Je n'ai jamais voulu apprendre...

Icare s'était bizarrement confié assez rapidement, il n'avait pas tenté de noyer le poisson en passant à autre chose et s'était confié tout de go. Lorsque John sortit une couverture d'il ne savait où le jeune homme s'en recouvrit et offrit finalement ce fameux sourire au patatoïde, un petit étirement des lèvres timide et doux mais reconnaissant. John se montrait curieux mais très respectueux, l'approche n'était pas si fastidieuse qu'avec d'autres bien que le début avait été de mauvais augure. Il faut dire que le tubercule géant avait soudainement un physique qui n'effrayait plus Josh mais le réconfortait. Le cinéaste en herbe-ou plutôt en sauce vu sa condition- ne risquait pas de se moquer de sa personne, étant lui-même pourvu d'un physique modifié.

Icare replia ses grandes ailes, prouvant qu'effectivement elles étaient fonctionnelles et lui obéissaient. Il s'enroula dans la couverture, hochant la tête pour remercier chaleureusement son compagnon. La tétanie qui s'était emparée de lui semblait déjà s'amenuiser et il s'assit dos au mur, ouvrant l'étui de sa guitare.

-Merci John

Osa-t-il enfin. Jusque là il avait vouvoyé le patatoïde, le craignant, le respectant mais ne voulant pas non plus se rapprocher de lui. Désormais il l'humanisait, lui reconnaissait un statut de sympathique sympathisant des mutants comme lui. Ce n'était pas un profiteur qui filmait les gens pauvres dans la rue ou un rapace avide de mélodrame, c'était un cinéaste très gentil. Le jeune homme sorti sa guitare pour voir si elle était abîmée tout en réfléchissant à sa réponse. Il ne voulait pas se plaindre surtout qu'il estimait avoir de la chance en comparaison à monsieur Doop.

-Oh ce n'est pas simple mais j'ai de la chance. Vous... Enfin toi si tu me permets, ce doit être encore plus difficile car tout ton corps est modifié. Alors je n'ai pas à me plaindre! Tu as l'air bien courageux et supporter ce petit souci de gêne sans ambages. Comment fais-tu?

Icare sorti ensuite de sa poches deux belles pommes, il en proposa une à la patate, espérant ne pas lui faire offense en proposant un fruit à un féculent géant puis croqua dans la sienne.

-J'ai aussi du chocolat, et si tu as vraiment faim, de quoi faire un pique-nique, on peut acheter des hots-dogs ou autre chose. Enfin... Là il faudra sortir dans la rue, mais avec la couverture ça ira, on me prendra juste pour un mendiant un peu bizarre.

Il sourit et posa un morceau de son manteau à terre pour inviter la patate à s'assoir à ses côtés, enfin s'il le pouvait sans jambes puis continua à manger sa pomme. Il avait des milliers de questions pour John... Comment avait-il fait avec ses parents concernant sa mutation, comment cela s'était-il passé etc, mais il préféra se taire. Sa famille avait été formidable mais ce n'était pas le cas de toutes, quant à ses ailes elles l'avaient fait souffrir pour apparaître alors pour John ça avait dû être encore pire lui qui avait tout son corps de changé. Bien sûr, le jeune homme n'imaginait pas que monsieur Doop ait pu naître ainsi. Pour lui, tous les mutants découvraient leur "malédiction" à 12 ans, environ, 14 pour lui. Il se contenta donc d'une autre question qui ne semblait pas heurter la pomme de terre parlante:

-Comment as-tu apprit à voler?

Josh se doutait que sans jambes, ça avait dû être encore plus vital pour John que pour lui comme apprentissage.

Invité

Devant l’air ébahi de l’ange, un large sourire ne manque pas de s’étirer sur le visage de Doop. Evidemment, ce point de détail auquel il est lui habitué depuis longtemps a toujours tendance à faire son petit effet devant les nouveaux observateurs, pour le plus grand plaisir du patatoïde.

« Héhé ! Tu te doutes bien que je ne vais pas détruire mon matériel d’enregistrement. En vrai professionnel, je l’ai juste… rangé. En lieu sûr. D’ailleurs je peux y ranger plein de choses, c’est plutôt grand. »

Non, il ne va décidément pas tout révéler de prime abord à quelqu’un qu’il vient tout juste de rencontrer dans la rue. Le strict minimum suffira, du moins pour l’instant. Aux dernières nouvelles, Jay ne sait donc pas voler, même s’il devrait normalement en être capable. Volontairement, en plus. Etrange. L’homme rêve de voler depuis la nuit des temps, avec le moins d’artifices possible, aussi habituellement tout nouveau mutant découvrant ses dons s’empresserait d’apprendre à s’élever pour taquiner les oiseaux, la réaction de l’artiste était donc pour le moins étrange. C’est pourquoi, après l’avoir laissé s’enrouler tranquillement dans la couverture qu’il lui a tendue, John lui en fait la remarque.

« Tu n’as jamais voulu apprendre ? Pas envie de prendre de la hauteur, voir tes soucis s’évanouir à mesure que tes pieds quittent la terre ferme et que le vent chaud vient te fouetter le visage ? Ça a quand même ses avantages, tu sais. »

Le sujet est temporairement détourné sur l’aspect de l’agent secret à la retraite, qui esquisse une grimace, mais sentant un malaise identitaire profond chez le jeune homme, il décide de ne pas esquiver le sujet. Oui, Doop est particulièrement compréhensif, ce soir, ce n’est pas souvent.

« Mon corps modifié ? Et bien… Disons je n’en ai jamais connu d’autre, je n’ai donc rien à regretter. Pour ce qui est du regard des autres, pour être honnête, je ne m’en suis pendant longtemps pas rendu compte, ce qui m’a évité bien des déboires, les remarques acerbes me passant largement au dessus de la tête. Maintenant, quand ça arrive, parfois ça me met en rogne, parfois je m’en moque, parfois ça me peine. Tout dépend de comment c’est tourné et de mon état d’esprit. Oui, il m’arrive de haïr ce corps difforme. Mais c’est le mien, et c’est le seul que j’ai jamais connu, alors je m’en accommode. »

Le cinéaste accepte la proposition de nourriture, croquant un petit bout de la pomme pour le garder sur sa langue et en ressentir le goût, mais refuse le reste.

« Pas la peine, je ne ressens pas la faim. C’est vraiment pour en sentir le goût, parce qu’une fois que je l’avale, ce sera « stocké », comme le reste. »

Le patatoïde refuse dans un premier temps de s’asseoir, faisant un geste circulaire de la main pour signaler qu’il va répondre après avoir fini sa pomme. Mâchonnant les bouts du fruit au fur et à mesure, Doop prend son temps avant de répondre à l’ultime question de Jay. Qui mérite sans doute de plus amples explications pour être plus compréhensible.

« Je n’ai pas appris à voler. Je flotte ainsi en permanence, depuis que je me suis… éveillé. Je ne vois pas comment dire ça autrement. Ce n’était pas vraiment une naissance. Sinon, j’aurais des parents, j’imagine. Enfin, toujours est-il que puisque je flottais dès le départ, je ne me suis jamais vraiment posé de question. »

Jetant un regard en coin à l’ange, qui semblerait presque envieux face à ses propos, il prend soudain une décision le concernant. Sans lui demander son avis, évidemment.

« Accroche-toi. »

Saisissant Jay sous les deux bras, comme s’il ne pesait rien, Doop s’élève lentement mais inexorablement, tenant fermement le mutant, dépassant finalement le sommet des immeubles, pour le déposer sur le toit. Ils se trouvent maintenant à une bonne vingtaine de mètres de hauteur. Profitant de l’étonnement du jeune homme, l’ancien agent se saisit de l’étui à guitare, le referme, et l’ingurgite directement dans DoopLand.

« Voilà, comme ça il ne risque rien. Tu sais, le meilleur apprentissage, c’est la pratique. »

Spoiler:

John était passionnant et encore, c'était un euphémisme. L'angelot l'écoutait avec attention, très bon spectateur. Il était fasciné, comment pouvait-on naître mutant? Et... Sans parents? Est-ce que Doop avait été abandonné? Ce ne serait guère étonnant vu son physique, quelle tristesse. Mais les orphelins aussi avaient une vraie naissance, alors est-ce que la Patate serait le fruit d'expériences? Bof, ça paraissait un peu trop irréaliste même dans un monde où régnaient les mutants. Il devait s'agir d'une métaphore pour dire qu'il était né sans l'amour que l'on offrait normalement à chaque bébé. Pauvre pomme de terre parlante. Josh lui offrit un petit sourire triste sans se montrer trop compatissant non plus, souhaitant éviter d'avoir de la pitié, un sentiment qu'il haïssait pour lui-même alors inutile de le faire subir aux autres.

Le patatoïde était cependant revenu sur la situation incongrue de l'ange qui refusait de voler avant de parler de la sienne. Le concerné devait répondre, ne serait-ce que par courtoisie après toutes les révélations de son vis-à-vis.

-Et bien... Je suppose que j'ai un peu le vertige et puis... Les hommes ne sont pas sensés voler, c'est toujours ce que je me suis dis. C'est un joli rêve mais ça reste un rêve... Enfin normalement quoi.

Icare se sentait stupide, tout son raisonnement s'effondrait face à un être comme John qui n'était même pas sensé vivre. Le jeune homme croqua dans sa pomme, imité par Doop qui révéla une autre de ses capacités extraordinaires. Il sentait le goût mais ne "mangeait" pas? Jay lui en avait terriblement besoin, ses ailes dévoraient une bonne partie de ses calories rien qu'en restant sagement pliée dans son dos; ses épaules supportant le fardeau consommaient également... Mais lui mangeait aussi peu qu'un moineau anorexique bien qu'il sache de temps à autre apprécier un bon plat de spaghettis à la carbonara ou autre douceur. Toutefois il ne s'imaginait pas arrêter de boire ou de manger, c'était vraiment un concept bizarre, mais alors de quoi vivait la patate? Est-ce qu'elle avait besoin de l'énergie du soleil et d'être arrosée comme les plantes pour forger sa propre énergie?

Il n'eut pas le temps de le demander à la verte bavarde que celle-ci le saisit par les bras. Surpris Icare rattrapa in extrémiste la couverture d'une main ainsi que son étui de guitare. Au début il tenta de se retenir à Doop mais attendre ses petits bras maigrichons était impossible, comment diable faisait-il pour porter Josh? Certes ce dernier était très menu et petit mais ses 5 mètres d'envergure pesaient quand même leur poids et il était encombrant, dépassant de 70 cm environ John. Par instinct après avoir eu une belle peur, le mutant battit légèrement des ailes. Aidées par Doop qui stabilisait Icare, ces dernières trouvèrent automatiquement le bon mouvement et la bonne cadence après quelques hésitations. Ainsi Josh devait être un peu plus léger. Enfin l'expérience était trop courte pour être totalement concluante bien que l'artiste trouva ça agréable. Il se laissa choir sur le toit, regardant John avaler son étui de guitare avec une légère appréhension mais sans plus, commençant à réellement faire confiance au patatoïde.

-Tu as beaucoup de force aussi. Pas besoin de manger, de boire, tu lévites, tu es très fort et tu peux ranger plein de choses je ne sais où... Tu pourrais être un super agent secret

Fit le chanteur en plaisantant qu'à moitié. Il regarda ensuite le vide mais attrapant le tournis, il préféra reculer un peu, à l'abri sur la toiture plate. Le vent chamboulait sa chevelure immaculée, l'air lui semblait plus pur, loin des pots d'échappements, des gens qui toussent ou qui postillonnent. Josh se laissa glisser en arrière, les yeux levés vers le ciel qui ne lui avait jamais paru plus proche et les ailes étendues pour prendre le soleil.

-Dis, tu as essayé de trouver un mutant qui modifie les apparences? ça pourrait peut-être marcher pour toi?! Regarde mes cheveux, ils étaient roux, mes ailes aussi mais après une dispute avec un porteur du gêne X qui modifie la couleur ils ont virés à cette couleur, tout comme mes yeux verts auparavant. Visiblement le changement est définitif car ils ont poussé depuis, j'ai perdu des plumes et d'autres ont repoussés, blanches.

Icare sourit à son camarade, il trouvait étrange de discuter du gêne X comme solution, lui qui avait toujours songé que c'était un gros problème. Cependant cela pouvait être la solution pour Doop. Déjà un mutant changeur de couleur pourrait lui donner un teint humain, il devait bien en exister d'autres des comme celui de l'institut pas vrai? Après il y avait la chirurgie esthétique mais dans le cas de John ce serait très lourd et ça ne paraissait pas viable vu sa trop grande différence avec les hommes.

-Hey, sinon à l'institut-Bim il en avait parlé, trop tard! Enfin tant pis depuis que les purificateurs avaient mis le bordel partout, chacun savait ce que cachait réellement l'école de Charles Xavier, et puis c'était le X scotché sur le ventre de son camarade qui l'avait inconsciemment poussé à avoir cette idée.- On a des inducteurs d'image. Sur moi ça ne fonctionne pas, peut-être parce que mon visage n'est pas modifié? Ou parce mes ailes sont trop larges? Je ne sais pas, mais en tout cas, on a un x-man qui est tout bleu avec une queue de diable, des oreilles d'elfe et tout, il actionne l'objet et tout le monde le voit comme un humain! ça ne règle pas directement le problème mais c'est déjà bien non?

Icare essaya de se souvenir du nom de cet homme mais il n'y parvint pas. Il faut dire que le monde des mutants ne l'intéressait habituellement pas, ainsi même en étant un élève de l'école depuis un bon bout de temps, Icare n'avait jamais cherché à connaître ces personnages hauts en couleur souvent connu du grand public comme des super-héros ou des dangers sur pattes. Cependant Josh voulait aider John qui lui était réellement sympathique. Ce dernier était dans le même cas que le diable bleu, pourquoi l'inducteur ne marcherait-il pas? Et Charles Xavier accueillait tout le monde au sein de son école, il accepterait sûrement de donner un tel objet non? Ils en avaient plein! Sinon Icare s'arrangerait pour en obtenir un... Sans dérober quoique ce soit mais en suppliant ou en proposant quelque chose en échange peut-être?

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« Non, les rêves sont faits pour courir après, et évoluer au fur et à mesure de nos accomplissements. Pas pour rester immuables. Si on considérait nos rêves comme d’irréalisables chimères, jamais on n’avancerait, dans la vie. »

Visiblement, le jeune mutant a pris correctement l’escapade aérienne forcée, allant même jusqu’à accompagner le mouvement de battements d’ailes. Bon, les réflexes semblent bien coordonnés, somme toute, pour quelqu’un qui s’est toujours refusé à voler. En le comparant mentalement aux mouvements du pigeon qu’il a suivi pendant trois heures aujourd’hui, John les trouve même franchement adaptés. Une idée germe donc dans son esprit, sans tenir compte des émotions possiblement engendrées. Dans une simple envie d’expérimentation.

« Je suis effectivement plein de ressources, et paré à faire face à bien des situations. Une véritable arme vivante, en somme… »

Une légère pointe d’ironie vient teinter les propos de l’ancien agent, alors que derrière cette blague grossière se cache l’improbable statut qui a été le sien durant de longues années. Apercevant le mouvement de recul de Jay, qui vient de regarder en bas, il en profite pour relancer le sujet.

« Lorsqu’on est capable de s’élever plus haut que n’importe quel humain, on ne peut pas se contenter d’un coup d’œil à quelques mètres de hauteur. Il faut pouvoir embrasser globalement le paysage, de plus haut, voir les habitants se déplacer dans les rues, tels des fourmis, ça donne un certain sentiment de supériorité, lorsque tu te rends compte que tu es là à expérimenter le souffle du vent, les courants aériens, alors qu’eux mènent leurs petites vies monotones sans en avoir aucune idée. »

La remarque suivante de l’ange quant à son apparence très particulière arrache un sourire en coin, presque une grimace, à Doop, qui réfléchit à sa formulation afin d’exprimer son point de vue le plus justement possible.

« Tu sais, ce n’est pas vraiment la couleur qui me gêne, dans mon physique. Ça, à la limite, on s’y fait. Une couleur, c’est certes une source de discrimination, mais ce n’est rien à côté de la silhouette globale. Avoir une apparence humaine, ça, c’est ce que j’aimerais bien atteindre un jour. Ou tout du moins quelque chose s’en approchant un peu plus que ce corps disgracieux. Rien qu’avoir le choix entre léviter ou marcher normalement parmi la foule, ce serait une grande avancée… »

L’Institut. Tiens, amusant. Combien de temps qu’il ne s’était pas approché du manoir ? Il avait dû le visiter à l’occasion, une ou deux fois, il y a de ça plusieurs années. A son époque de super-héros, avec certains membres de son équipe. Ça commençait à remonter maintenant.

« Hum, je vois ce que tu veux dire, mais non. Un hologramme, ça ne réglerait pas le problème, ça se contenterait de le masquer. Ce n’est pas une solution viable pour moi, plus une sorte de tricherie. Je préfère encore garder cette apparence, à laquelle je suis tout de même habitué, que devenir dépendant d’un joujou technologique. D’autant que face à des gens vraiment lourds, j’ai nombre d’arguments à faire valoir en ma faveur. »

Regardant le jeune homme qui prenait un bain de soleil, les ailes grandes étendues, John décide alors de mettre son plan à exécution.

« Allez, si je t’ai parlé de pratique, ce n’est pas pour rien. »

Après ce simple avertissement, le patatoïde agrippe Jay par la ceinture de ses deux bras, et le pousse petit à petit vers le rebord du toit.

« Je veux que tu répètes les mouvements que tu as faits lors de notre ascension, mais plus amples, et un peu plus rapides. Ce n’est qu’en faisant face à ses démons, à ses peurs les plus profondément ancrées en soit, et en leur crachant à la gueule, qu’on peut espérer ressortir grandis. »

Sur ce, se contentant de se tenir fermement à l’ange, mais toujours prêt à le rattraper en cas de chute trop brutale, Doop, d’une ultime impulsion, le force à s’élancer dans le vide…

-Non mais je donnais la couleur comme exemple. Je veux dire, si un mutant peut modifier la pigmentation, d'autres peuvent le faire pour le corps non? Enfin quoique... Sinon il serait riche à force de transformer des gens "normaux" en mannequins... Et je comprends pour l'hologramme. Fin' c'est quand même pratique.

Acheva Jay d'une petite voix, toujours un peu têtu quant à ses idées. Après tout si lui pouvait utiliser cet engin, il ne s'en priverait guère. Quoiqu'il en soit John n'avait rien dit en ce qui concernait l'institut et le mutant ailé en fut soulagé. Soulagement qui dura quelques secondes seulement. Se sentant poussé l'angelot comprit rapidement le noir dessin de la patate. Voilà! On essayait d'aider et on se faisait jeter dans le vide, littéralement parlant. Non pas comme dans une soirée où personne ne voulait vous parler, pire, du haut d'un 20 aine de mètres, avec un petit discours sur la supériorité en primes. Icare lui aurait bien répondu qu'en s'écrabouillant à terre, sous forme de purée de sang c'était plutôt les gens qui vous marchaient dessus qui risquaient de se sentir supérieurs mais il bloqua ses mots dans sa bouche. Sans doute à cause du mot purée...

-ARRÊTE, toi tu fais ça depuis ta naissance! C'est pas du jeu. NAN JE NE SAIS PAS! JE VEUX PAS! Lâche-moi espèce de patate folle!

Malheureusement John avait bien plus de force que ne le laissait suggérer sa petite taille et le pauvre élève malgré lui se retrouva projeté dans le vide. Josh ferma les yeux, paniqué; il avait le coeur au bord des lèvres et son effroi était si grand qu'il ne parvint même pas à crier. Son angoisse amplifiait donc dans sa poitrine, la voix de la patate n'était qu'un écho lointain dont il se fichait éperdument. Malgré tout comme la chute lui paraissait bien trop longue, l'angelot ne put se retenir d'ouvrir les yeux et son cerveau se connecta enfin sur l'option "écoute" dans un sursaut de survie.

N'ayant plus le choix, Icare se retrouva à tenter de voler plus que jamais auparavant. Ses profs avaient tout essayé mais rien n'avait su le persuader même si ces temps -ci il avait commencé à montrer un certain intérêt pour la chose, allant au moins jusqu'à participer aux cours visant à rendre leur musculature à ses ailes, à les rendre de nouveau fonctionnelles. John avait choisi un technique moins pédagogique et le réfractaire n'avait plus qu'une option: "étudier".

Le jeune homme tenta donc de réitérer les mouvements, mais ses réflexes étaient endommagés par la peur, c'était bien plus simple de réagir lorsque quelqu'un vous portait déjà. Il lui fallut de longues secondes pour se coordonner et finalement comme le sol approchait, l'angelot parvint en gardant les ailes complètements déployées à "planer". Il acheva sa route sans trop de mal, en roulant en boule jusqu'au pied du mur. Arrivant à l'atterrissage, le garçon n'avait pas été si mauvais que ça, mais c'était uniquement son corps qui avait réagit, ce n'était nullement le fruit d'une réussite d'apprentissage. Comme pour un oisillon, ce serait ardu; et puis il lui faudrait certainement avoir un peu plus foi en ses capacités.

-Tu es fou?! J'aurais pu m'écraser, et t'écraser avec! Enfin toi tu le mérites franchement

Grogna le chanteur en s'époussiétant et en paraissant faire la tête. Inconsciemment, au fond de lui il était tout fier d'avoir "si bien" atterrit, mais pour rien au monde le jeune homme n'avouerait que cette expérience avait eu du bon. Il ne voulait pas donner raison à Doop qui avait osé le pousser sans prévenir autrement que part une petite phrase vicieuse. Croisant les bras de manière somme toute un peu féminine avouons-le, Icare tourna la tête et ferma à demi les yeux. Là, il boudait!

Invité

Soutenant légèrement l’ange lors de l’envolée, afin de ralentir discrètement sa chute, mais sans l’empêcher, Doop se laisse dans un second temps porter, grisé par la sensation de vitesse qu’entraîne cette descente vertigineuse. Et s’il craint de devoir rattraper le mutant jusqu’au dernier moment, gâchant par la même occasion tout l’intérêt de sa mise en pratique anti-pédagogique, dans les derniers instants précédents la chute le déclic se produit chez le jeune homme.

Le résonnement du patatoïde est pour le coup extrêmement simple : comment apprennent à voler les oisillons ? En faisant des essais, puis le grand saut. Et lorsque le petit ne veut pas faire le grand saut, sa mère le pousse, au bout d’un moment. Rien ne semble donc étrange à John alors qu’il applique strictement la même méthode à un être humain. C’est pour lui une mise en parallèle parfaitement logique, oblitérant au passage toute forme d’appréhension possible –et probable- chez l’homme.

Bon, l’atterrissage n’est pas exceptionnel, aussi l’ex-agent secret se désolidarise de Jay au dernier moment, reprenant tranquillement sa lévitation alors que l’autre roule en boule après avoir plané sur quelques mètres. S’approchant en douceur du point de chute du jeune homme, Doop émet un petit ricanement en réponse à ses propos énervés.

« M’écraser, moi ? De véritables colosses s’y sont essayés, avec le temps, et s’en sont tour à tour mordus les doigts, littéralement. Comment veux-tu qu’un poids plume comme toi réussisse là où ils ont échoué ? »

Appuyant ses propos d’un sourire toujours plus grand, il reprend, sur un tout autre sujet :

« L’important à saisir, c’est que tu ne dois pas voler avec ta cervelle, mais avec ton corps. Faut le laisser faire tout le travail, et te déconnecter en même temps. Tout ce à quoi faut penser, c’est la sensation grisante de vitesse que tu peux ressentir. Le reste, c’est à proscrire. »

Jetant un regard en coin en direction de Wall Street, il lance même un malicieux :

« On recommence de plus haut ? »

Mais se doute bien que le jeune mutant doit être un peu perturbé après cette expérience, et risque en toute logique de refuser. Qu’à cela ne tienne, il a après toujours la guitare en sa possession. Oui, lorsque John se mettait une idée en tête, il avait tendance à transcender l’altruisme et l’égoïsme, dans le seul but de remplir son objectif. Par quelque moyen que ce soit.

Evidemment, il ne compte pas le lancer contre son gré une deuxième fois. La seconde devra être parfaitement voulue. Doop ne cherche pas non plus à le traumatiser, donc s’il refuse franchement, il n’insistera plus. Il mise juste sur une étincelle d’intérêt allumée chez lui, qui pourrait commencer à le ronger jusqu’à ce qu’il se décide, ce qui se fera sans doute plus tard...

-En tout cas ça ne m'étonnent pas qu'ils aient essayé

Répliqua Icare en boudant encore un peu pour la forme. En réalité, bien malgré lui, ça cogitait dans son cerveau, ça bouillonnait même. Au fond, la patate survitaminée était un bon professeur. Pédagogie 0 mais sécurité fiable avec sa force herculéenne. Et puis ce vol avait réveillé son instinct. Non seulement le jeune homme avait des ailes, mais il avait aussi tout son corps qui s'était adapté à sa mutation. Au contraire de Melody qui pouvait visiter les cieux sans plumes mais qui n'avait rien d'autre qui caractérisait une nature d'être volant, Josh disposait d'un métabolisme entièrement tourné vers le vol. Sa vue perçante, ses poumons et même un voile transparent qui recouvrait ses pupilles lorsqu'il allait en altitude. C'était instinctif, il en avait besoin après avoir découvert cette sensation. Ce vide, cette faiblesse qu'il avait toujours ressenti sur terre, dans le ciel il devinait qu'elle serait bien moins présente bien qu'au début il resterait terrifié à l'idée de décoller bien entendu.

-De plus bas et tu aurais pas un matelas ou un coussin dans ta... Euh... Bouche?

Finit par répliquer l'adolescent après un bon moment d'attente. John n'aurait pas encore ses remerciements car ce dernier s'amusait très certainement, il se rendait autant service qu'à Jay et ce dernier devait encore faire mine de bouder un peu, ne serait-ce que par question de dignité. On ne pouvait pas concéder un large sourire à quelqu'un qui venait de vous jeter de plusieurs étages, décemment non!

-C'est quoi ta vitesse maximale?

Consentit toutefois à demander Jay, se montrant étrangement intéressé, lui même en était le premier étonné. Cependant il y avait une petite explication à cela. Quand on l'avait examiné à l'infirmerie pour savoir s'il pouvait voler -après tout certains comme Beck avaient des plumes mais se trouvaient incapables de faire quoique ce soit avec leur mutation- naturellement et après avoir tant maltraité ses ailes, on lui avait dit qu'il pourrait atteindre les 100 km/h sans problème en simple vitesse de croisière. Jusque maintenant l'adolescent s'en moquait éperdument mais désormais il avait de quoi en être un peu fier. Pourvu que John ne le dépasse pas encore outrageusement comme pour tout jusqu'à maintenant. ça lui mettrait un peu de baume au coeur. Bon, il n'apprendrait pas à voler en se jetant plusieurs fois du haut d'un immeuble, il fallait de la technique, apprendre à décoller du sol soi-même aussi au lieu de se servir d'une hauteur mais ce serait un bon début pour le forcer à revenir à l'institut pour écouter en classe au lieu de rêvasser ou de râler.

[HJ: pardon c'est très bof ]

Invité

Visiblement, ce petit envol imprévu a quelque peu froissé le jeune homme, qui chercherait presque à voler dans les plumes du patatoïde. Cette petite remarque fit d’ailleurs sourire ce dernier alors qu’il volète autour de son interlocuteur. Mais ce sourire s’élargit largement alors que Jay répond à moitié positivement à sa proposition, ne manquant pas de le surprendre. Après une frayeur pareille, Doop aurait parié sur son refus, voire même son départ. Mais le contraire arrive, montrant bien au patatoïde que presque cinquante ans n’ont toujours pas été suffisants pour qu’il réussisse à saisir le mode de pensée humain dans son entièreté. Pendant un bref instant, il se demande d’ailleurs s’il y réussira jamais.

« Hum, de plus bas, soit. Pour le matelas, je vais voir ce que j’ai… »

Fouillant à nouveau dans son gosier, après quelques instants John en ressort un canot pneumatique, qu’il dépose à l’envers sur le sol.

« Ça devrait aussi bien faire l’affaire, je pense. Allez, viens. »

L’ancien agent de la CIA s’amuse follement à participer aux premiers vols d’un oisillon, s’émerveillant de la fragilité de son instinct, qui s’affûte au fur et à mesure des essais. Entraînant l’autre à sa suite, Il le soulève à mi-hauteur de l’immeuble et le dépose dans l’escalier de secours métallique, avant de répondre à sa question.

« Généralement, je ne dépasse pas les 80 km/h, après ça devient fatiguant. Bon, pour ce qui est de l’envol, je ne vais pas pouvoir t’être d’une grande utilité, n’y connaissant pas grand-chose, mis à part ce que j’ai observé chez certains oiseaux. Donc tu étends bien tes ailes, tu prends une bonne impulsion sur la rambarde de l’escalier, et tu t’élances. Si besoin, je te rattraperai. »

Il attend ensuite que l’ange se décide, et franchisse le cap, pour finalement se saisir de lui et le stabiliser dans les airs, lui faisant faire une sorte de vol stationnaire.

« Bon, maintenant, vu la taille de la ruelle, si je te laisse directement atterrir sur le pneumatique ça ne va pas être très enrichissant comme expérience, donc je vais te maintenir un peu. Là, tu vas effectuer de grands battements d’ailes, comme un piaf, en somme. Si tu te débrouilles bien, je n’aurai pas à te maintenir longtemps, juste à éviter que tu n’avances. »

[HJ: désolé des fautes, je suis sur un clavier español]

-Comme un oiseau? Tu crois que je dois faire exactement pareil?

Peut-être que la technique devait être différente pour lui qui était bien plus gros. Qui plus est Icare n'avait jamais entendu dire qu'il était un hybride comme certains, ce qui expliquait certainement son manque d'instinct et le fait qu'il ait pu réprimer ce besoin de voler si longtemps bien que son corps le réclame. Non pas parce qu'il pensait comme un oiseau mais parce que le gêne X l'avait transformé dans cette optique, et c'était aussi cela qui justifiait ses capacités de sprint excellentes mais sa médiocrité pour tenir la distance ensuite.

-Bon d'accord, je me mets là alors.

Pas très rassuré Josh se plaça devant la rampe, observant la patate placer le canot pneumatique, non sans l'avoir palpé auparavant pour vérifier son moelleux. En attendant du coup, il essayait de faire abstraction de sa peur. Josh imagina être un de ces skatteurs sans peur et cent reproches- avec toutes les bêtises qu'ils faisaient-que son ex petit ami malgré son statut de poète aimait fréquenter. Si eux pouvaient se lancer d'une rampe sans ailes, lui mutant fait pour voler pourrait sûrement y survivre... Sans compter qu'Icare avait l'habitude de souffrir après s'être automutilé des années, ce devait être moins pire qu'enserrer des journées et des nuits entières ces pauvres ailes ou que s'arracher toutes les plumes parfois unes à unes pour atteindre les ñuscles et les sectionner. Ça devait aussi faire moins mal que de perdre Julia ou Smmy Paares... Moins mal que de faire souffrir ses parents qui se voient alors forcer de vous interner.

-Bon je me lance, Vers l'infini et l'au-delà!!!

*Mince c'était au-delà, espérons que ce ne soit pas un lapsus révélateur*

Longtemps Jay avait eu des tendances suicidaires, mais il reprenait goût à la vie avec son sens du devoir envers sa famille. Cela le maintenait en vie. Il s'élança donc, ses chaussures ripant sur la petite barre, Les bras étendus et ses magnifiques ailes se déployant doucement le faisait passer du statut de pantin ridicule à sublime égérie, l'image même de la liberté. Comme quoi on ne pouvait pas passer son temps à être ridicule. On pouvait aussi lui accorder la représentation plus amusante d'un ange moderne en Jean avec de long cheveux de "hippie" qui faisait du skate sans skate. La photo ou la vidéo aurait été géniale pour une publicité de boisson ou sur le confort de vêtements. " Avec... Vous vous sentez pousser des ailes."

-John! Je vole!

Lança-t-il dans une parodie involontaire, ou plutôt une amélioration- ne soyons pas modestes pour une fois- du fameux film titanic. L'angelot se projeta ensuite dans les airs l'air concentré comme s'il comptait aller plus vite que la patate qui atteignait 80 km/H. Bien sûr pour un premier vol, y compris avec de l'élan c'était impossible, passer de 0 hm/h à environ 50 c'était radical, il avait l'impression de dépasser le mur du son.

-Hey je peux te filmer? Je suis sûr que tu as des vidéos sur tout sauf sur toi, pourtant tu as trop la classe quand tu voles ou que tu portes des trucs lourds, des trucs de héros quoi, on ne te l'as jamais dis?

Josh le pensait vraiment, et puis si ça pouvait réconcilier Doop avec son image... Ainsi ils s'entraidaient tous les deux, un prof de vol aidant un prof d'estime de soi. Bon Jay n'était pas le mieux placé pour ça, peinant avec sa propre image mais bom, pour les autres ça se tenait. Il avait même tendance à idéaliser un peu ses interlocuteurs.

Par chance Icare se souvint au dernier moment des dires de son prof improvisé et il se mit à battre des ailes, posant les yeux sur une colombe qui passait juste à côté suivit d'un petit moineau qui le chassait de son territoire. Petit mais teigneuse la bébête. L'angelot ne tomba donc pas directement, ses mouvements d'abord forcés et maladroits quoique volontaires devinrent plus gracieux, plus amples après une minute. Il parvint à tenir 15 secondes de la sorte avant de chuter sur le canot.

-J'ai voléeee tu as vu?! A toi, A toi sur la rampe

Lança Jay d'un ton euphoriqe. Après tout il restait un adolescent malgré son caractère généralement tranquille voir trop sérieux. Doop avait réussi à allumer quelque chose n lui, au poi nt que Josh prenait ça pour un jeu et qu'il voulait voir les exploits de son ami également.

Invité

Finalement, une fois le pied mis à l’étrier, le jeune ange semble se montrer bien plus volontaire, et les progrès, bien qu’encore modestes, sont néanmoins présents. C’est encourageant, et cela doit mettre le mutant plus en confiance quant à ses possibilités. Le vol se fait encore un peu instable, mais avec de la persévérance et de l’exercice, il devrait rapidement gagner en contrôle. Après, pour ce qui était des décollages et des atterrissages, Doop ne peut réellement émettre d’avis dessus, ce point étant trop technique pour lui. Il préfère ne pas induire le tout jeune volant en erreur.

« C’est bien, tu vois, le principe de base n’est pas vraiment compliqué. Maintenant, restera à gérer la technique des phases intermédiaires, et sans doute à travailler un peu ton endurance. »

La remarque à propos du filmeur filmé, proposition d’inversion des rôles, a de quoi faire rire le patatoïde, et pour cause.

« Tu sais, j’ai participé à une émission de télé-réalité il y a quelques années, donc pour ce qui est d’être filmé, même si je tenais la caméra principale, je n’ai pas été en reste. C’était un concept assez particulier, novateur pour l’époque, la vie d’une équipe de super-héros au quotidien. J’ai même eu des goodies à mon effigie, c’est dire. Tiens, regarde ! »

Il sort alors de sa gorge un petit porte-clés, véritable lui-même miniature, et le temps à l’adolescent.

« Tiens, j’en ai plein d’autres comme ça. »

Le cadeau n’a pas grand intérêt, mais vient en quelque sorte comme récompense, reconnaissance des efforts du jeune homme. Il pourra par la suite en faire ce qu’il voudra, cela n’importera pas vraiment à Doop. Même s’il aurait sans doute un pincement au cœur s’il le jetait, question de fierté personnelle. Car s’il lui arrive de se lasser de son apparence si disgracieuse, il sait cependant qu’elle fait partie intégrante de ce qui le caractérise, et lorsqu’il chercher un moyen de la changer, ce n’est généralement pas pour le faire en permanence, mais en avoir la possibilité à l’occasion, s’il en décidait ainsi.

Eludant volontairement la proposition de remplacer Jay, John se pose à ses côtés, et ressort de DoopLand la guitare dans son étui ainsi que la couverture, les tend au jeune homme, et en profite pour rembarquer le bateau pneumatique avant d’entraîner son jeune ami à sa suite dans des ruelles plus fréquentées.

« Bon, je ne sais pas toi, mais j’ai une envie de hot dog. Ça te dit ? »

-Oh d'accord... Mais je ne peux pas essayer ta caméra quand même s'il te plaît? Un porte-clé, ouah cool!

Icare oublia instantanément sa demande comme il avait oublié son aversion pour ceux de sa race, impressionné par l'idée d'imaginer John déambuler parmi les gravas et les décombres laissés par une bataille titanesque. Le jeune homme reçu avec précaution son étui et sa guitare, il accrocha aussitôt le cadeau de Doop à la fermeture éclair, une place de choix donc. Savoir que John avait malgré son physiaue réussit à être accepté dans le monde très selectif de la télé l'étonnait et lui donnait de l'espoir en même temps. Malgré ses étranges cheveux blancs ainsi que ses ailes, est-ce que cela signifiait qu'Icare pourrait un jour chanter sur scène? La gloire ne l'intéressait pas mais il rêvait de partager sa passion, d'entendre sa musique traverser une bonne sono et d'avoir un groupe pour accompagner sa voix.

-John, tu crois que si je te chante un petit truc, tu pourras me dire si c'est bien s'il te plaît? Pas pour aller à la télé ou devenir une star, restons modestes mais pour faire de bons concerts? Tu as vu tant de choses, tu sais tout sur ce milieu...

Le jeune homme se mit à marcher à côté de son nouvel ami, il se sentait nal à l'aise à cause de sa demande, son intention n'était pas de passer pour Narcisse, ce n'était pas le mythe qui lui correspondait, mais celui d'Icare non plus aujourd'hui. Jay voulait se relever, pouvoir regarder le soleil en face. Ce serait ardu et sa convalescence commençait à peine... Mais John lui en avait donné l'envie. Il était l'exemple type de ceux qui réussissaient malgré les difficutés. Désormais quand Josh voudrait se plaindre, il songerait au patatoìde qui avait un physiaue bien plus discriminatoire que le sien, il était temps de se bouger. D'abord via la musique son don, celui que tout le monde lui prêtait puis peut-être sa condition de mutant quand l'art lui aurait donné assez d'assurance. John était celui qui l'avait éveillé, c'est pourquoi son avis comptait tant pour le chant... Et puis ses parents adoraient sa voix mais ils restaient ses parents, et ceux qui l'avaient écouté lors de son plus "grand" concert, des voisins, il fallait sortir du carcan, de la protection des connaissances, amis ou inconnus qui n'en savaient rien pour choisir un public plus difficile.

-Oui allons prendre ce hot dog alors, je t'invite. Et comme ça en échange tu peux me raconter comment tu as découvert ta passion pour les films. Tu en as d'autres aussi? Des passions je veux dire?

Icare se réfugia sous la couverture, ils marchèrent un petit peu puis il s'arrêta, tremblant de peur à l'idée de ce qu'il avait soudainement décidé de faire. Sa main retira doucement la protection et il la tendit à la patate, hésitant et à la fois décidé, apeuré mais vaillant.

-Tu sais quoi? Puisque toi tu te montes tel que tu es, que les autres vont te juger du regard, et bien pour moi aussi ils n'auront qu'à le faire. Nous sommes dans la même situation, affrontons-là de la même manière!

Josh savait que le physique de John le faisait souffrir bien qu'il avait dit ne pas s'en formaliser la plupart du temps. L'achat d'un simple hot dog prenait oute une symbolique, Josh avait l'intention de ne pas se cacher comme un souffreteux. Si son camarade devait affronter les regards déplaisants, lui aussi. Son allure d'angelot tombé du ciel dans une flaque de boue charmerait, irriterait, dégoûterait, effrayerait... Peu importe, il s'en fichait pour aujourd'hui. Doop n'avait pas à subir seul les yeux fureteurs.

-Bon, on y va?

Lança le chanteur d'une voix blanche mais avançant tout de même d'un pas pour montrer qu'il était décidé. Oui il avait peur, mais sans peur, le courage ne serait que folie et l'amitié passait avant tout. Le problème était réglé, la discussion close.

Invité

Le petit gri-gri fait son effet immédiatement, attirant l’attention pleine et entière du jeune homme, qui s’empresse de l’accrocher bien en évidence sur son étui à guitare. Manifestement, il le trouve plutôt à son goût, ce qui ne manque pas de faire plaisir au patatoïde, alors même qu’il se replonge dans les souvenirs de cette époque de luxe et de célébrité. Ah, qu’elle était douce et facile, la vie, en ce temps là ! Une période à profiter d’un confort exceptionnel, couplé à une couverture médiatique sans pareil, il en avait donné des interviews à l’époque. Mais ce temps était désormais révolu, il lui semblait d’ailleurs être le seul à avoir survécu dans l’équipe, non sans avoir failli y passer également pour autant. L’eau avait coulé sous les ponts, depuis, mais il arrivait encore à Doop de repenser à tout ça, et de se demander si cela avait eu un sens plus profond, un but véritable autre que distraire un public toujours en quête d’héroïsme et de sang versé.

John sort de ses pensées lorsque Jay le rappelle à la réalité, semblant vouloir profiter de l’expérience télévisuelle de l’ancien super-héros du petit écran. Et si ses propos laissent à penser qu’il lui accorde bien trop de crédit, ils restent néanmoins flatteurs, aussi Doop acquiesce-t-il, emballé par la voix claire du jeune homme. Pour ce qui est des conseils qui suivront, ils se révéleront sans doute moins utiles que prévu, mais cela reste à voir.

La proposition d’un encas fait écho chez son jeune compagnon, qui lui propose même de le lui payer, en échange d’un petit récit sur ses débuts cinématographiques. Voilà une demande qu’on ne fait pas souvent à John, qui pour le coup éprouve un grand plaisir à aborder le sujet.

« Comment j’ai découvert cette passion dévorante qu’est la cinéphilie ? Pfiou, ça remonte au début des années 2000, ça. J’étais nouvellement à la retraite de mon travail précédent, plutôt éreintant, et j’ai donc profité de tout ce temps libre pour voyager un peu, et faire de nouvelles rencontres. Mais c’est vraiment lors du réveillon de la nouvelle année, en 2000, que j’ai été initié à l’art de la réalisation par un grand de ce milieu. Steven a passé une bonne partie de la soirée à m’expliquer tout de fond en comble, de la prise de vue générale, de l’importance de l’ambiance, de l’environnement, au moindre détail qui pouvait changer complètement le sens de la scène capturée. De l’importance des contrastes, du sujet principal à mettre en avant, de la retranscription des émotions, de la chute… bref, l’essence même de l’art. Et ce côté saisie du moment, capture de l’événement remarquable, j’y ai immédiatement accroché. Revoir ce qu’on a filmé permet après de repérer des détails qui nous avaient échappés, mais aussi de voir si l’on a réussi à capter le cœur de la situation filmé, ça c’est important. »

Evoquer cette période si amusante, où Doop a tant appris, le met de bonne humeur, si bien qu’il en dévoile un peu plus sur sa personne au jeune mutant :

« D’autres passions, hum… J’aime bien collectionner les trucs. Un peu tout et n’importe quoi. L’avantage c’est que je garde toujours tout ça à portée de main ! »

Et un clin d’œil appuyé pour cette référence à une de ses capacités très particulières. Qu’il met à profit quelques instants plus tard pour avaler la couverture tendue par le jeune homme, alors qu’il s’en sépare dans un effort psychologique impressionnant. Un pas de plus vers l’acceptation de soit, mais un pas de géant pour quelqu’un ne s’assumant pas depuis des années. Et si John a globalement l’habitude des réactions diverses liées à son physique disgracieux, il n’en est pas forcément de même pour son jeune ami, qui aura lui bénéficié pendant plusieurs années d’une morphologie parfaitement normale. C’est pourquoi ce geste lui et sans aucun doute bien plus difficile, aussi le patatoïde le gratifie d’une tape sur l’épaule, montrant par là-même qu’il reconnait la portée de ses efforts. Ce n’est jamais facile d’essayer de changer, de franchir une étape dans la vie…

[HJ: j'ai mis un peu d'action, si tu n'es pas d'accord, dit-le moi, je changerai de suite! Et aussi, désolé pour le retard. Tu peux aussi jouer des PNJ bien sûr dont celui a qui j'ai donné vie^^ ]

Josh écoutait attentivement, il était ravi de partager son point de vue avec un amoureux de l'art comme lui. Certes le chant ne versait pas spécialement dans la cinéphilie mais la passion éprouvée était semblable. Icare lui ne se souvenait pas d'un déclic particulier, ça avait toujours fait parti de lui. Au début le jeune homme avait eu peur car il croyait que son don était l'explication de sa voix que tout le monde jugeait mélodieuse. Heureusement cette idée lui était rapidement et à juste titre sortie de la tête. En effet le mutant se souvenait des premières vidéos familiales tournées avec une très vieille caméra qui avait suivi les croissances des 10 enfants de la famille Guthrie, les cassettes concernant Jay le montraient en train de fredonner ou claironner une chanson à tue-tête presqu'à chaque fois. Dès ses 5 ans il s'était distingué par son bon rythme et ses tonalités agréables; le reste il l'avait apprit en autarcie comme beaucoup de choses. Il faut dire qu'avant même l'arrivée de ses dons, appartenant à une famille dont tous les enfants sauf une étaient porteurs du gêne X, le petit garçon était déjà vu comme un mutant, il était donc très isolé malgré la présence de ses proches à Centerport.

Quoiqu'il en soit Doop avait oublié sa demande précédente concernant l'évaluation de ses capacités, ce n'était pas bien grave, l'artiste en herbe ne s'en formalisa point et ne réitéra pas le questionnement, retrouvant sa fameuse timidité. D'ailleurs il avait trop fort à faire à se concentrer sur le présent problème pour ouvrir son bec et montrer sa belle voix... Son plumage, peut-être pas le plus beau ramage de ces bois mais l'unique en tout cas. La jungle urbaine l'attendait ou plutôt les attendaient. Icare ralentit le pas, semblant rechigner à avancer un moment avant de le faire enfin, après avoir soufflé un bon coup. Pour éviter le regard des gens qui commençaient clairement à les dévisager le jeune homme se concentra sur son camarade, l'exercice était difficile mais Josh était plus vaillant qu'il ne le soupçonnait lui-même.

-Oui c'est pratique, et c'est quoi ta plus grande collection? Je te bas pour celle des plumes en tout cas...

Fit-il en souriant pauvrement, tentant de choisir bravement la voie de l’auto-dérision. Le tout sans trop de succès malheureusement. C'est ainsi que le chanteur baissa les yeux devant un patriarche qui les insulta, les traitant de vauriens et d'exhibitionnistes mais il tint bon et ne demanda pas la couverture à John. S'approchant résolument d'un marchand ambulant qui vendait des sandwich et autres le jeune chanteur sortit de son étui à guitare de la petite monnaie et la tendit pour prendre deux hots-dogs. Malheureusement les choses ne devaient pas se passer si simplement. Furieux de voir les autres clients s'éloigner prudemment à la vue de ces deux mutants ostensibles et ostentatoires, l'homme au ventre bedonnant s'approcha d'Icare qui insistait courageusement-et un peu stupidement admettons-le- le poussant. L'ange glissa sur le trottoir et se retrouva affalé en plein milieu de la petite ruelle, la cheville tordue par la chute pas si violente mais mauvaise. Sa régénération réparerait cela dans une dizaine de minutes mais en attendant John devait faire face, seul, à un gros humain et quelques badauds qui s'étaient alliés avec lui.

-Hey la patate verte on va faire de la purée pour ce midi, tu te joins à nous? Quant au petit angelot, on va le renvoyer dans son ciel, si possible des cieux très lointains des notres. Vous pourrissez l'air vous les mutants, les anormalités. C'est vrai quoi, comment un type sans jambes peut vivre. C'est pas normal, pire que Tchernobyll c'truc là. Vous faites fuir les clients, déchaînez les tensions politiques tout ça... Guerres, enguelades... Bravo!

Invité

« Ma plus grande collection ? Hum… Attends un instant… »

Sur ce, John Doop, faisant preuve d’une flexibilité à toute épreuve, entre le haut de sa tête et ses bras par sa bouche, et reste ainsi invaginé en lui-même quelques instants, fouillant DoopLand de fond en comble sans soucis de par l’absence de lois physiques s’y appliquant réellement, jetant un coup d’œil rapide aux tas d’objets plus ou moins utiles qu’il y a entreposés, puis reprend une attitude plus normal avant de déclarer :

« Les sandales. Oui, ça te paraîtra sans doute un peu inutile, à partir du moment où je n’ai pas de pieds, mais j’ai compté au bas mot 200 sandales dans le fouillis innommable que je possède et entrepose. »

Et alors qu’ils arrivent à hauteur d’un marchand ambulant, le léger mouvement de recul perceptible de la foule environnante devant leur différence apparente aux yeux de tous, qui n’est pas au goût du vendeur. Non content de leur opposer une fin de non-recevoir, le bedonnant contrarié s’en prend à Jay qui fait mine de persévérer, rassemblant son courage, mais finit sa course au sol, violemment repoussé par le gras et patibulaire individu. Ledit Pat Hibulaire se lance d’ailleurs dans une diatribe enflammée face aux deux mutants, encouragé dans cette voie par quelques passants qui manifestent leur approbation. Bientôt, les commentaires anti-mutants commencent à pleuvoir, les esprits s’échauffent, le conflit semble imminent, et un aller simple pour l’hôpital semble être inévitable pour certaines personnes ici présentes.

Mais pour le patatoïde, c’est une autre histoire : il est actuellement concentré sur l’achat de hot dogs pour lui et son nouvel ami, et peu lui chaut des cris de rages qui s’élèvent du petit attroupement alors qu’il déclare d’une voix monocorde :

« On voudrait deux hot dogs bien remplis, s’il vous plaît. »

Bouillant de colère, le négociant lâche un tonitruant « Va caguer sale mutos! » avant de s’élancer au pas de course vers le petit être verdâtre, armant son poing. Attendant le dernier moment, Doop s’élève brusquement de deux mètres, laissant son agresseur percuter le mur de la ruelle de plein fouet, puis redescend vers le chariot du vendeur, déclarant laconiquement :

« Bon, j’imagine qu’il faut le préparer soi-même, pour espérer manger, ici. »

Et devant les yeux ébahis de ses opposants, abasourdis par une réaction aussi illogique, il commence à confectionner deux sandwichs, alors que le propriétaire se remet tant bien que mal de son embrassade rocailleuse, et revient d’un pas titubant. Se mettant à siffloter, John finit son œuvre, puis décide devant les airs menaçants des spectateurs hostiles de faire une démonstration de force. Lançant dans un premier temps les deux hot dogs à son jeune compagnon ailé, il défonce d’un seul poing le chariot, pliant littéralement en deux la taule, et le rendant définitivement inutilisable. Relevant lentement les yeux vers ses détracteurs, Doop les gratifie d’un regard dur, qui allié à la couleur rubis de ses yeux, lui donne un air sincèrement inquiétant.

Quelques uns commencent à reculer, visiblement impressionnés par sa prestation, mais la loi a permis à tout citoyen américain de se doter d’un objet distillateur de courage insensé : une arme à feu. Et c’est visiblement mal à l’aise, mais malgré tout suffisamment rassuré par la sensation du métal dans la paume de sa main droite, qu’un jeune homme, visiblement à peine majeur, s’avance alors que les autres tendaient à se replier. Brandissant l’arme d’une main tremblante, le canon pointé en direction de l’ancien agent secret, il déclare d’une voix chevrottante :

« Saloperie infâme ! Tu ne devrais même pas exister, n’approche pas ou je… »

Doop l’interrompt sciemment, un léger rictus s’épanouissant sur son visage alors qu’il s’approche de lui en flottant:

« Ou tu… ? »

Il est évident que sous la pression, ce genre de situation dégénère presque systématiquement. Et cette fois-ci n’échappe pas à la règle. Se sentant oppressé, son détracteur agit fébrilement, et appuie sur la détente. John prend une balle en pleine poitrine. Ne se départissant à aucun moment de son sourire, il laisse son corps se reformer, éjectant de lui-même la balle intruse, avant de déclarer :

« D’autres volontaires ? »

HRP: PAs de soucis pour le délai, j'ai moi aussi diminué la cadence Wink

Sinon, j'avais bien noté que Doop acceptait d'écouter Jay, mais d'un simple signe de tête, tant pis si l'ange ne l'a pas compris ainsi ^^

[HJ: pardon j'avais mal lu... :/ Et désolé de cet immonde retard aussi ]

Josh était plongé dans ses réflexions juste avant d'être poussé, il se remémora le hochement de tête de la patate et compris que ce dernier avait accepté de l'écouter chanter. C'était lui et sa foutue timidité qui finalement avait fait marche arrière, comme presque pour tout dans sa vie. L'adolescent allait réparer cela lorsqu'il fut bousculé. Assis en vrac sur le trottoir, ses ailes dépassant allègrement sur un pan de route et ayant au moins le mérite d'écarter les badauds, Icare pu se redresser sans être étouffé par la foule qui s'était massée autour d'eux. Effrayés mais ne sachant résister à la curiosité les gens commentaient la scène, sursautant si un mutant s'approchait de leur personne mais revenant à leur place initiale ensuite, avides de la moindre goutte de sang, de la plus petite insulte croustillante.

Jay attrapa par automatisme les deux hots dogs, totalement abasourdi par les actes du patatoïde. Ce dernier avait beau être de son côté, le mutant ailé recula légèrement lorsqu'il offrit son regard couleur rubis à la populace. Le jeune homme se réveilla lorsqu'une arme surgit de nulle part pointa Doop. D'un doigt l'angelot désigna l'arme, incapable de parler la gorge sèche... Heureusement l'être vert était doté d'un système de régénération extraordinaire, il rejeta la balle devant les yeux ébahis de tout le monde. A partir de ce moment les badauds commencèrent franchement à reculer. Josh s'approcha sans difficulté de Doop que tout le monde fuyait désormais. Malheureusement le commerçant revenait désormais à la charge, n'ayant peut-être pas assisté à toute la scène ou souhaitant simplement ignorer ce fait pour se concentrer sur sa haine, pourvoyeuse en courage elle aussi. L'Ange se plaça devant son camarade, il posa délicatement les sandwichs et entama une chanson. On pouvait bien se demander pourquoi le garçon agissait ainsi en pleine situation dangereuse mais lui avait ses raisons...

-Bouche toi les oreilles

Lança-t-il à son camarade au milieu de deux respirations, espérant que ce dernier l'entendrait ou prêterait attention. Jusque là le mini concert avait duré 30 inexplicables secondes pendant lesquels l'artiste semblait avoir choisi son mauvais moment pour réparer sa bévue et être entendu par le cinéaste. Au bout de la 40 ème seconde cependant beaucoup eurent la surprise de remarquer que la voix d'Icare montait très vite en sonorité autant que dans les aigus, cela restait juste, très bien chanté mais difficilement supportable.... Une minute ensuite ils étaient accablés d'un son puissant. Icare venait d'achever son couplet sur une note qui durait, couplée à son pouvoir cela restait impressionnant bien que John était certainement un nombre incalculable de fois plus puissant que son camarade ailé.

Josh laissa toute sa colère fluctuer dans sa voix, la chanson était comme par hasard un hymne à la tolérance concernant le racisme des blancs contre les noirs mais c'était tout à fait applicable pour leur cas. Le jeune homme se souvenait du père de Julia qui avait indirectement tué sa propre fille à cause de sa haine envers lui, puis des moqueries que recevaient ses parents, sa famille... Il en avait marre de cette situation! Marre de se cacher pour survivre ou même pour aller acheter un simple hot dog sans faire d'esclandres et puis il n'était pas du tout content qu'on ait tiré sur le patatoïde son nouvel ami. Si ce dernier avait été comme Julia, vulnérable et sans régénération il serait également mort au même titre que l'adolescente puis que Samuel Paares... C'était impensable! Sa voix fissura la vitre d'un appartement proche avant qu'il n'accepte enfin de se taire, regardant la foule d'un air menaçant: "voyez ce qui arrive quand on nous embête alors qu'on voulait juste un ho dog". Les choses auraient pu être si simples en effet.

Plus terrorisés par Doop encore que par l'ange, les gens commencèrent à s'évanouir dans la rue comme une nuée de moineaux affolés. Sans Icare ils se seraient sans doute déjà dispersés mais Josh avait voulu leur infliger sa petite punition également. Se tournant vers John, gonflé à bloc, ignorant ce qu'il était réellement en train de faire et probablement influencé par le patatoïde le jeune mutant prit son hot dog et tendit l'autre à son camarade après avoir laissé 4 dollars sur le comptoir cassé de la paillote du marchant. Il faudrait bientôt s'inquiéter des conséquences de leurs actes même s'il n'y avait pas eu de blessés mais pour l'instant il n'en avait rien à faire.

-Alors, tu as aimé la chanson?

Demanda l'adolescent tout fier de lui bien que ce serait sans doute pour quelques heures seulement avant qu'il ne se décide à ne plus remettre les pieds ici pendant des jours et se planquent au fin fond de son lit à l'institut.

Invité

Réflexe instantané : les petites mains vertes viennent protéger les oreilles. Pas sûr qu’il soit réellement incommodé, mais Doop a décidé de ne pas prendre de risques pour cette fois. Qui sait ce que le petit ange réserve à leurs agresseurs. Les premiers instants semblent pour le moins irréels, alors que Jay semble avoir simplement commencé à chanter, comme s’il voulait tenter de faire honte à leurs détracteurs, y compris ceux armés. Intention certes fort louable, mais qui semble dès le départ vouée à l’échec, tant semble se confirmer le statut de brutes primitives pour l’ensemble des spectateurs-acteurs.

Pour autant, la voix du jeune mutant ne fait que gagner en intensité de seconde en seconde, montant dans les octaves au fur et à mesure, devenant de moins en moins supportable pour l’ensemble de l’assemblée. Ce qui était l’instant d’avant harmonieux devient suraigu, voire presque cacophonique –sans pour autant se départir d’un côté mélodieux, ce qui est évidemment perturbant-, le doux et l’agréable deviennent bientôt insupportables. Et alors que le jeune homme achève son chant irréel, manquant briser quelques fenêtres environnantes de peu, John ne peut s’empêcher d’émettre un sifflement admiratif, qu’il laisse pour sa part durer quelques secondes seulement, avant de répondre à la question que lui a posée son compagnon dans l’intervalle :

« C’était phénoménal, oui. Très impressionnant. Tu devrais persévérer sur cette voie, je pense, avec un organe pareil. Succès assuré. Te reste peut-être à accumuler un peu plus d’expérience en solitaire avant de réfléchir à engager un agent –mais il t’en faudra sans doute un bon, pour éviter les écueils que ta mutation pourrait engendrer-, mais surtout l’important c’est de toujours garder à l’esprit ce que tu veux faire, ne pas te perdre en route. Et te fixer de petits objectifs quotidiens, pour être sûr d’avoir avancé un peu plus vers ton but ultime à la fin de ta journée. Si tu arrives à t’y tenir, tu réussiras à percer. Et mutant ou pas, les gens seront forcés de reconnaître ton talent lorsque les disques commenceront à ce vendre. Alors oui, ça risque de prendre plusieurs années. Mais pour ma part, je pense que ça doit valoir le coup, rien que pour voir la tête de ce vendeur de hot-dogs lorsque tu seras célèbre. »

Regardant autour de lui, le patatoïde se rend compte que la foule s’est très rapidement dispersée, comme brutalement appelée ailleurs par d’autres obligations. Au loin, quelques sirènes commencent à se faire entendre.

« Hum, ça ce n’est pas bon pour nous, j’imagine. On ferait bien d’évacuer les lieux en vitesse. Tiens, voilà une de mes cartes de visite, il m’arrive de répondre aux appels ou de consulter mes mails, sait-on jamais, ça pourrait te servir un de ces jours. Ça a été un plaisir de te rencontrer en tout cas, petit. Savoure bien ce hot-dog en rentrant à l’Institut, continue tes exercices, et à la prochaine ! »

Ceci étant dit, l’ancien agent décide de partir avant l’arrivée des forces de l’ordre, vraisemblablement appelées par un voisin peu disposé à l’égard des mutants. S’envolant rapidement au dessus des immeubles, Doop rétrécit également sa taille pour atteindre tout au plus une vingtaine de centimètres, et profite du passage d’un pigeon pour venir se positionner au dessus du volatile, et disparaître ainsi parfaitement à la vue des New Yorkais proches, avançant de conserve avec le piaf en direction de Central Park. Intrigué par sa nouvelle rencontre, il se promet de revoir le jeune Jay, et surveiller ses progrès un jour ou l’autre. Parce que pour lui, le petit lui semble promis à un avenir radieux…

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