Cornue {Kaede Kobayashi & Rachel Summers}

Cette journée est l’une des plus difficiles qui me sera arrivée, émotionnellement parlant. Nous ne sommes partis qu’un mois alors que notre univers c’était effondré et ça a été suffisant pour que tant de choses changent en bien comme en mal… d’autres univers se sont construits et effondrés sans nous, certains qui nous sont chers et d’autres qui ne nous voient comme un moyen. Je suis étrangère à l’univers de Kaede en tant que personne mais l’absence de ma fonction l’a faite se consumer dans ses erreurs. Et je dois tout rattraper dès mon retour parce que cela va faire deux semaines et demie qu’elle a subit les conséquences de ses actes. Ça aurait put en rester là, c’était l’une des deux fins possibles et si non la meilleure la plus probable, mais elle ne le veut pas. Est-ce une preuve de ma réussite ou de mon échec ? Les deux je pense. Mais je ne culpabiliserai pas, nous n’avons pas eu assez de temps pour progresser correctement mais l’avons fait suffisamment pour que la seconde corrompe la première et que Rachel l’enferme.

Elle a tenté de tuer Sanzo et que Rachel ne l’ait pas étripé pour cela est une bonne surprise puisqu’après tout Kaede s’est placée exactement dans le profil des victimes de sa tutrice. Sans doute le lien déjà tissé en a empêché mais sans doute que si tuer la première Kaede n’avait pas entrainée la mort de la seconde elle l’aurait fait. Elle avait marqué une sacrée distance avec la Cornue depuis ces événements et il est peu probable qu’elles continuent de cohabiter longtemps maintenant que Kobayashi a été forcée à ne plus être un danger. Je pense qu’il y a de la culpabilité mais je ne suis pas ici pour analyser Rachel. Je suis ici pour la je-ne-sais-combientième seconde chance.

Ne serait-ce pas plus simple de reprendre tout depuis le début ? Ce n’est pas une option, cela l’était avant que j’entre dans la danse mais maintenant que la seconde et la première s’attirent comme des aimants au lieu de se repousser de la même manière, priver l’une de l’autre affectera la stabilité psychologique. Et ça fait déjà onze jours que c’est ainsi. Quel bordel…

D’autant plus que Kaede a passé les derniers jours seules avec elle-même, ce qui n’a pas dû l’aider. Le Phénix à été tué à Londres le 28 et elle ne s’est éveillée de son « œuf » que cet après-midi sachant que depuis notre retour ce même 28 tandis Jade a trouvée chaque soir une raison de venir nous voir, que ce soit pour un repas comme elle en passera, je l’espère, bien plus avec nous à l’avenir, ou simplement pour discuter et profiter de notre retour, comme la fille qu’elle est en train de devenir – une raison de plus d’éprouver de la difficulté émotionnelle en ce jour puisqu’il faudra que j’en parle à Caitlyn et qu’on lui en parle à elle aussi dès que le soir sera venu. Comment va réagir la Cornue à cela ? Elle a été capable d’agresser Sanzo par jalousie alors je crains le pire car qu’elle l’aime ou non elle est en train de la perdre, simplement.

Tellement de trucs à gérer de tous les bords, c’est usant. Je ne serais pas la seule à être usée puisqu’à peine réveillée Rachel doit venir m’aider pour la séance de « psychologie » à venir ; séance qui n’a absolument plus rien de psychologique d’ailleurs. Il sera question de télépathie et de sceau psychique, d’endiguements et de pleins d’autres choses que j’ignore si l’on pourrait les qualifier de métapsychologie…

Enfin Bref, ça promet. Pas de couleurs choisies pour moi aujourd’hui, juste une chemise blanche et un pantalon de tailleur noir parce que cela fait parti des fringues propres qu’il me reste, la blouse blanche et la veste de tailleur noire entassées sur le dossier de ma chaise. Les deux coudes en appuis sur la table j’ai la tête dans les mains et j’attends que cela arrive à défaut de pouvoir attendre que cela passe. Je ne sais même pas quoi dire à Kaede lorsqu’elle se présentera et je ne suis pas douée pour l’improvisation.

- Bonjour Kaede, commence-je à son attention, en me levant pour aller l’accueillir non sans rester sur mes gardes et à l’affut de sa réaction. Je sais que les derniers jours ont été difficiles mais j’espère que ça va. Tu accepterais de m’en parler ?

Je ne vais pas rentrer directement dans l’action, surtout considérant que Rachel n’est pas encore arrivée et qu’elle sait mieux que moi ce qui se passera. Elle s’est laissée aller tout à l’heure avec Caitlyn, elle aura sans doute refusés les tests médicaux puisqu’elle en est phobique, mais elle sera présente pour sa protégée une fois encore. Mais pour combien de temps ? Les choses sont en changement, le recul d’un mois d’absence me crache à la figure à quel point elles le sont, reste à savoir si Kaede réussira à s’y faire ou si son monde se brisera à nouveau. Si nous réussissons à ce que Jade trouve en nous une famille, un foyer, elle n’aura plus de raisons de rester sous surveillance et la prochaine étape de son intégration et de sa normalisation sera qu’elle rejoigne les dortoirs de l’Institut, comme tout élève normal. Kaede est loin d’être prête à la suivre et ça ne sera qu’un nouvel éloignement. S’en rend-t-elle compte ? Il n’y aura pas possibilité de jouer sur son trouble psychique pour avoir des faveurs, plus maintenant, elle commence à comprendre le prix des choix tout comme le fait qu’elle ne puisse tout avoir.

Kaede Kobayashi est à un croisement de sa progression où j’ai une fois de plus l’impression de ne servir à rien mais je continuerai d’essayer pour elle.

Il y a des signes de fatigues en plus de l’instabilité mentale prévisible et dont j’ai été prévenue, il y a également de la joie et de la peur, mais il n’y a pas une once d’agressivité et cela est plutôt positif ; j’ignore si c’est qu’elle ne nous en veut pas, à Caitlyn et à moi, de lui « prendre » Jade en tant que famille alors que Sanzo lui a déjà prise sur un autre plan, qu’elle ne fait pas le rapprochement ou encore que c’est noyé sous la honte et la tristesse. Je grimace légèrement de la voir ainsi mais n’en change pas ma conduite, continuant mon observation-réaction habituelle tout en réfléchissant aux possibilités.

Elle m’interrompt, j’ai une sainte horreur de cela ; mes mots sont déjà trop lent et qu’on s’amuse à me couper la parole est le plus efficace moyen de me faire m’y perdre, laissant là ce que je disais pour passer à autre chose alors que tout n’est pas dit, sans compter l’impolitesse que c’est. Mais je ne relèverai pas, je ne m’exprimerai pas là-dessus puisque ce n’est pas l’affaire, l’écoutant me parler de sa « grosse bêtise » et des conséquences qu’elle mélange par ignorance. L’égocentrisme est un défaut que nous partageons et plus que ne vouloir la voir Rachel est morte mais cela Kaede ne peut le comprendre, elle ne voit pas au-delà de ce que ces yeux lui montre et ne semble pouvoir conceptualiser les choses, coincées entre une enfance révolue et une adolescence qui n’arrive pas.

Si je vois le geste arriver avec sa lenteur habituelle et me laisse faire sans rechigner, je dois avouer que le fait que ce soit moi qui soit choisie comme cible me surprend ; peut-être a-t-elle l’impression que je suis la dernière personne qu’il lui reste ou simplement suis-je la seule ici, j’ignore ce qui serait le mieux mais je sais ce qui serait le plus amer, tant pour elle que pour moi. D’où que je me laisse faire même si, paradoxalement, c’est désormais que j’entretiens des relations maternelles que les gestes adéquats ne me viennent plus « naturellement » parce que Kaede n’est nullement mon enfant. Néanmoins alors qu’elle parle, je lui montre ma présence en la tenant dans mes bras, une main dans les cheveux et si aucun mot tous les gestes qui me semblent adéquats.

- Désolé, désolé j'ai tout foirée. –  nous n’avons pas eu le temps de suffisamment progresser pour cela et l’absence de mes conseils a du jouer, ce n’est donc pas entièrement sa faute mais je ne suis pas sure que ça l’aidera à accepter ; mieux vaut donc continuer pour espérer changer la donne – Rachel veut plus me voir, – c’est beaucoup plus complexe que cela mais je vois difficilement comment expliquer ; sans doute que cela permettrait de soulager la culpabilité mais d’autres problèmes pourraient voir le jour – je vais resté comme ça toute ma vie comme une enfant qui ne grandira jamais – comment en être sure ? Simplement il faudra des années pour réussir à progresser comme une enfant alors qu’elle est déjà, physiquement du moins, entièrement femme – et j'ai cassé tout ton travaiiil… – outre que c’est notre travail, c’est peut-être ce qui est le moins grave pour l’heure – Je sais plus ce que je dois faire. C'est dur de tout gérer, mon autre moi me manque. Elle est pas si dangereuse en faites, c'est moi qui lui fait faire des trucs dangereux. Elle savait juste pas encore bien se contrôler j'ai… j'ai… J'ai faillit tuer Sanzo…

Je la laisse faire sa pause sanglotante en silence, consciente qu’elle n’a pas encore finie de parler. Ne pas l’interrompre est important pour les mêmes raisons que je n’aime pas l’être sachant qu’il n’y a rien de plus contreproductif que de couper quelqu’un dans un aveu, à moins qu’on ne souhaite pas entendre la suite. Même si je la devine, la suite, il faut que je l’entende pour savoir et agir au mieux.

Laisser emportée oui, ça arrive tout le temps oui, mais pour la première fois depuis qu’elle est ici Kaede découvre les conséquences que cela a. Les extrémismes ambivalents que personne n’a été là pour gérer en font parti, il était tant que je rentre et c’est regrettable de voir combien personne n’a put le faire ; mais à vivre déphasé on loupe bon nombre de chose et on en fait louper également.

Kaede s’en va à sa chaise pour signifier qu’elle a finie, qu’elle se calme, et je la regarde faire ainsi avant d’en faire de même, me limitant cependant à son côté de la table et m’asseyant du fait sur cette autre chaise si peu usitée, ne pouvant m’empêcher une inspiration contrite avant de prendre la parole.

- Ecoute Kaede, on a eu très peu de temps pour avancer ensemble, c’est pour ça qu’il est arrivé ce qu’il est arrivé. Tu n’aurais pas du t’en prendre à Sanzo, non, et Rachel a été magnanime vis-à-vis de ce qui c’est passé ensuite. Tu dois comprendre cependant que c’est mérité. L’autre et toi, vous êtes une division, ce n’est pas elle qui n’a sue se contrôler mais toi qui n’a sue te contrôler. Apprendre à vous rapprocher jusqu’à que vous soyez une, c’est pour ça qu’on est ici. Tu as découvertes des choses sur elle comme sur toi en son absence, tu l’as dit toi-même, et tu es consciente que tu es la cause de ce qui c’est passé ; est-ce que tu penses que tu pourras faire l’inverse, à l’avenir ? L’empêcher de faire des trucs dangereux et l’aider à se contrôler ?

J’attends une réponse dont j’espère la connaitre, et lorsque je l’obtiens j’attends qu’elle finisse pour reprendre la parole.

- Je ne vais pas te mentir, maintenant que Rachel a enfermée ton autre toi dans un sceau mental, je peux plus rien faire. Je ne suis pas télépathe. Cependant Rachel ne t’a pas abandonnée, elle ne voulait pas ne plus te voir. Elle a eut des problèmes, c’est pour ça qu’elle a disparu. Mais elle est revenue et elle veut t’aider encore. Tu dois cependant comprendre qu’il y a des conséquences à nos actes et qu’elles peuvent être positives ou négatives ; tu dois y penser, vous devez y penser, lorsque vous faite quelque chose. Oui, tu as agit sous le coup d’une émotion et cela arrive à tous, mais tu sais mieux que moi le danger que Sanzo a encouru. Il ne t’en voudra pas mais il ne faut pas que ça ce reproduise, jamais. D’accord ? Tu dois comprendre tes responsabilités, envers les autres comme envers toi-même, si tu veux qu’on puisse te faire confiance. Essaie de me dire quelles elles sont, selon toi.

La responsabiliser, j’aurai du le faire plus tôt, au lieu d’essayer de les rapprocher en espérant que ça viendrait naturellement. Mais il n’est pas trop tard, il n’est jamais trop tard. Rachel ne devrait pas tarder à arriver mais pour l’heure c’est la réponse de Kaede que j’attends ; je composerai avec la première lorsqu’elle sera là.

Elle avait passée la majorité des deux dernières heures avec Caitlyn, à la retrouver, à se retrouver et à parler de ce qui lui était arrivée à elle. Non son ainée n’était pas la meilleure personne avec qui discuter de Phénix et d’Echo mais c’était la meilleure pour bien faire comprendre que cela ne changeait rien, au niveau des cœurs. Une vérité, oui, même si elle n’empêchait le doute et les questionnements, elle assurait au moins d’autres choses toutes aussi importantes si ce n’était plus, à leurs yeux. Elle avait passée un certain temps avec Amy aussi, durant la pause de cette dernière de son après-midi de travail hebdomadaire, profitant de la pause des 16h pour la mettre au jus et se faire mettre au jus de ce qui c’était déroulé durant leurs absences mutuelles. Et de ce qu’elles devraient faire désormais.

Kaede Kobayashi. Voici dont il était question à cette heure. Qu’en avait à dire le Phénix, c’était une longue histoire. Une longue histoire qu’elle s’était préparée à affronter considérant son rôle prépondérant dans ce qui c’était passé précédemment dans la vie de la Ptite Cornue. Elle n’avait pas coupé les ponts comme elle était capable de le faire, toujours extrême et décidée dans ses choix, néanmoins elle avait marquée une certaine distance vis-à-vis de sa protégée qui avait payé le prix de cette surveillance d’une partie de son esprit ; et c’était cet acte proche de la trahison que la jeune femme ne pouvait s’empêcher de voir à chaque fois qu’elle regardait ce corps plus vieux et cet esprit plus jeune qui n’étaient que les restes d’une personne dont leurs parcours étaient trop similaire. Kaede avait toujours été double et elles avaient toujours fait avec, jusqu’à ce qu’elle menace Sanzo et que la télépathe ne consolide les barrages mentaux déjà dressés par l’esprit lui-même afin de bloquer définitivement l’une de ses parties, la partie que beaucoup considéraient comme originelle mais qui était secondaire aujourd’hui. Enfermer une personne dans son propre esprit, même pour la bonne cause, lui avait beaucoup coûté moralement, parce qu’elle savait ce qu’avait déjà ressentie l’autre tout autant qu’elle savait lui infliger similaire souffrance à nouveau. Alors oui, elle était plus distante, moins tactile et à l’aise en présence de Kaede depuis lors, mais elle tenait trop à cette étrange numéro pour l’abandonner complètement. Et pourtant c’était ce que cette dernière avait cru.

Trois jours, durant trois jours Rachel avait été absente, suffisamment longtemps pour que la Kaede déboussolée en tire ses conclusions. Ou plutôt cette conclusion. Adossée contre le mur du couloir et vêtue de sa combinaison rouge et jaune d’X-Woman, parce qu’elle n’avait pas d’idées ou l’envie d’en chercher pour une quelconque tenue, néanmoins ôtées du cache-poussière si particulier ou de ses protections de combats la jeune femme avait entendue la conversation, écoutant à la porte sans oser rentrer face à cette déclaration. Amy avait essayée d’expliquer la situation, de ne mettre la faute sur personne et même de la couvrir complètement, mais ça ne changeait rien à ce que les cœurs avaient éprouvés: une trahison. Kaede avait ressenti une trahison qui c’était réellement passée, elle n’avait pas comprise la véritable trahison mais avait souffert tout de même. Rachel n’avait jamais réellement vécu en paix, comment aurait-elle pu mourir de cette manière ?

Et entendre Kaede parler de « s’assurer qu’il n’y aurait pas de prochaine fois », de « faire ce qu’il y avait à faire », « une bonne fois pour toute », c’était éprouvant cela aussi. A peine revenu parmi les vivants et déjà tant éprouvée, s’en était usant. Heureusement, Caitlyn avait été là pour ses propres problèmes, lui permettant de s’occuper au mieux de ceux des autres désormais. Et il y avait tellement à faire que Rachel en déglutie.

- Tu dois comprendre tes responsabilités, envers les autres comme envers toi-même, si tu veux qu’on puisse te faire confiance. Essaie de me dire quelles elles sont, selon toi.

- C'est comme si j'avais une arme constamment chargé sur la crâne. Je… Je ne dois plus voir mes anneaux comme des menottes, mais comme une sécurité. Je les aime pas mais je suis obligé. Et c'est pas toujours agréable. Aussi, si je suis pas capable de vivre sans mettre les autres en danger, alors c'est que je ne dois pas vivre. Je ne veux pas être simplement une machine à tuer parce-que ce n'est pas ce que je suis. Mais je ne veux pas n'être que… la moitié de moi-même. Enfin je veux dire regarde. Si je reste ainsi toute ma vie, je vais rester une enfant qui ne grandira jamais. Il est donc hors de question que j'échoue. Cette situation ne se reproduira plus je peut te l'assurer.

Etait-ce vrai ? Kaede était-elle incapable de grandir par elle-même, avec les ans, comme n’importe qui ? Elle tenait un discours incroyablement mature pourtant et cela ne faisait que quelques semaines. Il revenait à Amy de décider de la fréquence des visites de son suivit psychologique mais que ça soit demandé pour combler une lacune de laquelle Rachel était partiellement responsable n’était pas agréable à entendre. Le Phénix ou l’Echo, quoi qu’il soit, ferma les yeux quelques instants.

Elle les rouvrit lorsque la voix étouffée de Kaede prononça son nom à l’interrogative, demandant de ses nouvelles ainsi que des explications qu’elle-seule devait fournir. Du fait, Rachel se décolla de son mur pour faire face à la porte, chose ne lui réclament qu’un pas mais beaucoup de courage. Trois coups sourds à l’encontre du bois, comme elle faisait toujours et qui l’identifiant clairement vu la puissance qu’elle y mettait, puis elle tourna la poignée pour pénétrer dans la salle également.

Physiquement elle était en parfaite santé mais elle semblait relativement secouée et si ses réveils après ses cauchemars la voyaient dans un pire état, elle n’était pas au mieux de sa forme bien que rétablie moralement.

- Il m’a attirée, il m’a piégée. L’homme qui… l’homme qui m’a dressée…
on c’est entretués, s’introduit-elle simplement, répondant à la question avec la vérité crue. Je suis morte mais je vais mieux.

Elle laissa un silence avant d’ajouter, avec un sourire forcé mais se voulant bienveillant.

- Il me reste trop de choses à faire pour rester morte bien longtemps. Et t’en fais parti, Kaede.

S’avançant jusqu’au bureau, la rousse tira la seconde chaise pour s’y assoir, rentrant dans le vif du sujet avec concision.

- Je n’ai pas créé le sceau mental qui enferme ta seconde personnalité, j’ai renforcé un sceau déjà existant pour qu’elle ne puisse plus s’en échapper, pour qu’il ne puisse plus s’ouvrir. Je suis incapable de le déverrouiller simplement, si je l’ouvre c’est en le détruisant.

Comprenaient-elles ce que cela signifiait ? Sans le sarcophage les deux Kaede seraient à armes égales : plus moyen pour l’une d’enfermer l’autre car il n’y aurait plus de « lieu » où la cloisonner et il était impossible de créer un nouveau sceau puisque celui qui avait été là s’était naturellement formé en même temps que l’autre personnalité. Rachel ne savait pas créer de tels sceaux mentaux, cela dépassait ses compétences en télépathie et de loin. Même en accédant aux souvenirs d’Emma Frost dans le cerveau d’Amy, la télépathe était incapable de modifier uniquement cet aspect de la personnalité ; et elle se refusait à essayer de réécrire la mémoire de Kaede pour qu’elle se forge seule un nouveau sceau, plus parce qu’une telle méthode l’horrifiait que parce qu’elle n’était pas sure que cela fonctionnait. Lorsqu’elle avait occupé le cerveau de l’italienne, la télépathe avait bien vu que des connaissances utiles dans le domaine s’y trouvait, cependant elle les avait laissée là pour une bonne raison et ne s’en allait pas changer d’avis maintenant. Même si le fait que Kaede soit prête à se suicider l’effrayait.

Kaede Kobayashi n’avait aucune notion de valeur de la vie, elle ne pensait pas aux conséquences de sa disparition et ainsi ce n’était pas des paroles en l’air, Rachel le savait. Mais comme il avait été dit, c’était ainsi que cela se ferait : quitte ou double. Ça passait ou sa cassait. Pas le choix ?

- Je l'en empêcherais. Je peux même t'assurer qu'il n’y aura pas de prochaine fois. Non seulement, je porterais mes anneaux de façon constante tant qu'il y aura un risque, même mineur, mais si jamais, je venais à voir qu'il m'est impossible de garder ce contrôle… Je ferais ce qu'il y a à faire Amy. Une bonne fois pour toute.

Ce n’est pas tout à fait ce à quoi je m’attendais et il y a une notion qui me déplait au plus haut point : celle du suicide. Car il s’agit bien de suicide et Kaede semble résolue. Je n’en parle pas, pas tout de suite, cela le mériterait mais je dois finir ce que j’ai commencé, peut-être par entêtement mais j’espère être plus compétente que cela. Et ce finir la fait désespérer et implorer silencieusement, puis la soulage et l’inquiète, la culpabilise et lui impose de se masser les tempes de fatigue.

Une arme constamment chargé dans le crâne, oui ; mais surtout une main tremblante pouvant faire feu à cause de son manque de contrôle. Ne plus voir les inhibiteurs comme des menottes mais comme un cran de sureté ; une bonne initiative bien plus facile à dire qu’à faire considérant qu’ils ont été créés comme des menottes. Enfin comme cran de sureté d’une arme vivante pour leur permettre de la maitriser, ce qui n’est pas bien différent de menottes si ce n’est que c’est pire. Une arme incapable de vivre sans mettre les autres en danger, c’est faux : durant des moins, il n’y a pas eu le moindre danger, l’une clairement dominante alors que l’autre clairement endormie, mais il a fallut que cela change, que l’équilibre mental de Kaede soit altéré. Ce n’est pas un tord, on ne peut demander aux autres d’arrêter de vivre et d’évoluer car elle est incapable d’en faire de même et réagit par conséquent mal aux changements significatifs ne l’impliquant pas comme centre. De là à conclure que l’on ne doit pas vivre, que l’on doit mourir… Kaede n’est pas une machine à tuer et même si elle est une meurtrière il y a un monde de différence ; mais Kaede est la moitié d’elle-même, oui, à bien des égards.

- Enfin je veux dire regarde. Si je reste ainsi toute ma vie, je vais rester une enfant qui ne grandira jamais. Il est donc hors de question que j'échoue. Cette situation ne se reproduira plus je peux te l'assurer.

- Kaede, le discours que tu me tiens là prouve que tu ne resteras pas ainsi toute ta vie : tu es bien plus mature que tu ne l’étais quand je suis partie. Bien plus extrême aussi. Que tu menaces la vie de quelqu’un, je suis d’accord que cela ne doit pas ce reproduire, mais tu ne dois pas non plus menacer ta vie.

- Je viendrais aussi vous voir plus souvent aussi. J'aime pas être toute seule et… On voit ce que ça donne. Je vous fais confiance et surtout en toi Amy. Je sais que tu vas y arriver car, c'est le seul chemin possible.

- On va y arriver. Pas parce que c’est le seul chemin possible mais parce qu’on fera les efforts nécessaires pour y parvenir. C’est une question de volonté, d’effort, et légèrement d’entêtement aussi. Mais on va y arriver. Et si tu veux qu’on se voit une heure de plus en fin de semaine, c’est d’accord, il faudra juste en trouver une où tu n’as pas cours.

- Et Rachel ? Elle va bien ? Qu'est ce qu'elle a eu comme problème ?

Je ne dis rien et me contente de tourner le visage vers la porte ; j’entends son souffle, même si je ne sais depuis quand elle est là, et j’ai entendues toutes les variations dues aux émotions qui l’ont traversée. J’entends ses pas et les trois lourds coups qu’elle assène à la porte avant de rentrer, me levant pour m’en aller à sa rencontre. Nous nous sommes vues tout à l’heure mais à défaut d’avoir l’air mal elle n’a pas l’air bien, même si je sais combien Caitlyn l’a déjà remontée par une scène de sororité dont je ne peux que m’imaginer.

J’écoute ses paroles bien réductrices, bien sommaires, pour tout ce qui c’est passé à Londres tout en étant consciente qu’elle continue de protéger sa protégée de cette façon : elle ne ment pas mais ne parle pas trop non plus. Elle dit même, face au fait qu’elle soit morte, qu’elle va mieux.

- Réponse d’X-Men ça, lui souris-je avant de lui laisser ma place tout comme la parole pour une déclaration assez surréaliste pour quelqu’un de normal ; mais elle n’est pas quelqu’un de normal, quoi qu’elle soit.

Je contourne mon bureau pour prendre ma place habituelle sur la troisième chaise, la laissant se poser sur la seconde avant de parler.

- Je n’ai pas créé le sceau mental qui enferme ta seconde personnalité, j’ai renforcé un sceau déjà existant pour qu’elle ne puisse plus s’en échapper, pour qu’il ne puisse plus s’ouvrir. Je suis incapable de le déverrouiller simplement, si je l’ouvre c’est en le détruisant.

Je prends une inspiration, ayant suffisamment de connaissances théoriques en télépathie pour comprendre. Elle semble avoir fini de parler et attend qu’on conclue, la main me revient donc quant à ce qui va advenir ensuite ; c’est vraiment plus de la psychologie et je ne pense même pas que ça rentrerait dans une quelconque métapsychologie.

- Kaede… tu penses que tu es prête à vivre comme ça ? A vivre sans pouvoir plus enfermer l’autre ? A vivre en devant la conseiller et être en accord avec elle tout le temps tout en perdant le contrôle de temps à autres sans moyen de le reprendre ?

Je lui laisse un instant de réflexion avant d’expliciter la démarche, démarche que je connais pour l’avoir déjà expérimentée avec Emma, sur un tiers patient.

- C’est ton choix, mais si tu le fais, Rachel nous conduira dans ton subconscient. Pour briser le sceau psychique. La dernière fois qu’elle y est allée, ça a fini à l’infirmerie ; il faudra que tu te tiennes au maximum calme, d’accord ?

Rachel a faillit se faire tuer, même si c’est très relatif pour elle, la dernière fois qu’elle s’est baladé dans le subconscient de Kaede, justement après que cette dernière ait enfermée sa mauvaise partie. Qu’adviendra-t-il si on va la libérer ? Je n’en sais rien mais je n’aime toujours pas me balader dans les subconscients des autres et seuls mes attachements pour l’une et pour l’autre de ces jeunes femmes me pousse à les accompagner dans cette aventure alors que je pourrais très bien attendre ici qu’elles en aient fini de décoincer le trouble mental.

Une grande inspiration et je suis prête.

- Je suis morte mais je vais mieux.

- Réponse d’X-Men ça.

Certes. Mais il n’était pas question d’X-Men pour l’instant. Enfin, pas dans leur approche des choses même si en définitive elles agiraient comme des X-Women, risquant leurs vies pour autrui là où les humains ne pouvaient accéder de part leur normalité.

Les questions d’Amy sont pertinentes, surement, et les réponses de Kaede tout autant. Devenir des jumelles et effacer peu à peu les différences pour réellement fusionner… est-ce ainsi que cela c’est passé pour elle-même ? Est-ce comparable vis-à-vis du fait que ce ne soit nullement de parties d’un être se réunissant mais deux êtres s’unissant, quand bien même ils partageaient le corps de l’un depuis sa naissance ? Probablement pas. Et ce n’est pas ça dont il est question. Kaede cherche à redevenir normal alors que Rachel a quitté le peu de normalité qu’elle avait pour une condition d’existence toute autre même si elle a choisi de rester ici, de vivre ici. C’est une question de choix, juste de choix, oui.

- Je garderais mon calme en revanche, je sens qu'il y a eu du changement. Le… Le "Sarcophage" est bizarre. Enfin, tu verras par toi même quand vous y serez, Rachel. Et… Tu sais Rachel, je… Je croyais que tu étais en colère contre moi et que tu ne voudrais plus jamais me parler. Mais, enfin, juste… Je ne t'en veux pas moi non plus. Tu l'as fait pour Sanzo, et pour moi aussi mais c'était inévitable. Enfin voila, on y va dès que vous serez prête.

Kaede avait une perception bien étrange et rare de son subconscient, peut-être par la division de ses personnalités ou bien les drogues qui lui étaient injectées, mais elle savait s’y rendre sans passer par le rêve, cela se rapprochant plus d’une sorte de palais de mémoire au niveau de la conceptualisation. Peut-être qu’un jour Rachel pourrait lui apprendre à utiliser cette capacité demandant normalement beaucoup de discipline mental et un certain entrainement ; pour l’heure il allait simplement s’agir de s’y rendre, d’emmener Amy et de ne pas y laisser des plumes.

Répondre en passant était une bonne idée aussi, ce que la télépathe fit avec un petit sourire.

- Je ne voulais pas plus te parler, Kaede. Mais j’ai du mal à te regarder en face après avoir enfermée une partie de toi dans une boite. C’était peut-être inévitable mais ça n’empêche pas que ce soit horrible. Il est temps de lui donner sa seconde chance. A vous deux.

Tendant une main vers Amy, avant-bras posé sur la table, elle attendit que son amie la prenne avant de porter une autre main vers la tempe de Kaede, fermant les yeux. Projeter son simple esprit jusqu’au subconscient ne lui était pas difficile, même si elle devrait éviter de forcer l’entrée. Projeter sa conscience jusqu’au subconscient d’autrui était déjà plus complexe, sa projection astrale quittant son corps à elle pour infiltrer celui d’une autre personne. Et en faire de même avec deux projections, c’était de l’inédit. Mais ça ne lui semblait pas dangereux, d’autant plus que l’esprit d’Amy lui était plus que familier depuis le partage de corps. La plus grosse couille qu’elle pouvait leur réserver était d’arriver amalgamé. En revanche, Kaede pouvait les tuer.

Elles se retrouvèrent rapidement dans le laboratoire, sur la grande mezzanine qui surplombait une toute aussi grande salle de travail, reliée à cette dernière par deux escaliers longs et disposant de nombreux sas pour donner vers les autres salles du complexe, ainsi qu’un ascenseur menant aux bâtiments du dessus ; celui-là même qu’elle avait pulvérisé lorsqu’elle avait détruit le laboratoire, ne laissant qu’un immense trou béant. Les tables à interface tactile étaient toujours là, dans cette grande salle de travail, prouvant combien le lieu était à la pointe de la technologie humaine et surtout combien ceux qui faisaient cela étaient financés. Mais les lieux étaient toujours aussi désert, exception faites des deux formes astrales qui venaient d’y atterrir.

Baignant dans la silhouette enflammée du Phénix, vêtue de sa combinaison rouge aux bras, ventre et gorge couverts de picots d’acier, et la chevelure rousse réunie en une longue et fine tresse, Rachel entreprit de se tourner vers Amy, toute aussi présente qu’elle et bien plus nouvelle tant par le mode de transport.

- Et après tu dis que Cait’ doit pas complexer sur sa poitrine, dit-elle après quelques instants à contempler la forme astrale d’Amy, forme témoignant de la perception de soi-même.

N’attendant pas réellement de réponse, la télépathe entreprit de se rendre là où se trouvait le sarcophage tel qu’elle s’en souvenait, tout en gardant en tête que s’il avait véritablement évolué il était parfaitement possible qu’il ne soit plus du tout au même endroit. Néanmoins il ne serait pas tellement long à trouver même s’il était préférable de ne pas s’éterniser dans le subconscient d’une personne au risque d’y trouver des choses qui, plus que ne concerner personne d’autre que la propriétaire, avaient été refoulée et étaient potentiellement inconnues, même de ladite propriétaire.

Néanmoins il semblait que le sceau ne ce soit pas déplacé, peut-être parce que l’esprit de Kaede n’avait plus le contrôle sur lui, peut-être parce qu’il n’avait eu aucune raison de le faire ; la structure était peu différente à l’inverse du sarcophage lui-même, désormais bien plus limité même si Rachel était incapable de se souvenir si c’était elle qui lui avait donné cette aspect. En tout cas, l’aura de lumière douce lui était étrangère.

- On y est, indiqua-t-elle simplement une fois dans la salle face à la porte lice. Reste derrière moi.

S’avançant jusqu’à la matérialisation mentale du sceau psychique, la jeune femme commença par en faire le tour, l’observant en détail et le touchant à plusieurs reprises ; cependant, une fois revenue à son point de départ, elle opta pour la seule méthode qu’elle connaissait. A défaut d’avoir la moindre idée de comment le crocheter elle allait le pulvériser. Tendant la main comme une lame, elle la planta dans la surface blindé et s’enfonça jusqu’au poignet avant de la ressortir. Puis elle agrippa de ses deux mains, doigts dans la fente, avant d’écarter de toutes ses forces et d’écarteler la machine, en forçant l’ouverture.

Une fois la porte blindée éventrée, elle fit face à ce qui se trouvait à l’intérieure, prête à encaisser une attaque, tout en laissant le soin à Amy de lui parler.

- Je pense que le mieux pour nous… moi et moi je veux dire, c'est encore que l'on se côtoie constamment pour que l'on s'accepte l'une l'autre jusqu’à ce que… et bien nous ne faisions plus qu'une. – c’est déjà ce qu’on essayait de faire avec la cohabitation et les échanges volontaires, cependant ce sera sans sécurité maintenant ; autre que Rachel en tout cas –  On doit devenir des jumelles, faire qu'il n' y ai plus de différences entre elle et moi. Je garderais les inhibiteurs constamment sur mes cornes, sauf pour la douche et quand je dors jusqu’à ce que je sois redevenue… normale.

J’hoche la tête et je poursuis, l’instant de réflexion lui ayant été plus que suffisant, dans les explications sur ce qui va advenir. Kaede gardera son calme, pas comme si elle n’était pas habituée à avoir des pensées cohérentes dans le subconscient, mais nous averti qu’elle sent du changement. J’ai toujours du mal à conceptualiser le principe de sentir son subconscient changer mais interagir avec est possible, c’est prouvé, donc peut-être que Kaede a simplement plus de technique que la moyenne dans le domaine, par discipline mentale ou à cause de son trouble, j’en sais rien. Toujours est-il que le sceau mental s’est visiblement modifié de lui-même ; bon ou mauvais signe ? Ça peut tant être une mauvaise réaction du subconscient face à la manipulation mentale qu’une évolution du sceau lui-même, il faudra s’en méfier. Je les laisse se rabibocher en réfléchissant à ce que cela peut être comme aux risques pris, une fois de plus, mais je me tiens prête, comme toujours.

Rachel me tend la main et je la prends sans réelle hésitation, prête à subir une fois de plus sa télépathie d’une façon inédite en me disant qu’il faudra qu’un jour, elle s’y forme réellement. Elle n’a jamais fait cela et je pense très fort au fait qu’Emma sache le faire pour l’aider via indication mentale, puis je ferme les yeux en me demandant si une telle agitation ne lui complique pas encore plus la tâche. Entre ça est mes pensées accélérées de toute façon… mais j’espère bien qu’elle ne se fera pas avoir par ma vitesse mentale parce qu’elle l’a déjà eue durant une journée donc elle en a l’expérience ! Et… faire le vide dans ma tête devrait lui faciliter la vie, je dois être plus chiante que Kaede.

Kaede dont le subconscient me surprend même si je me doute bien de ce dont il s’agit ; le laboratoire. C’est donc ici qu’elle a été testée, on se croirait dans une base futuriste typée celle des X-Men. Encore que notre laboratoire ne doit pas être aussi grand, je pense, et qu’on n’a pas toutes ces tables tactiles ni les deux niveaux. Je suis aux côtés de Rachel devant ce qui me semble être un ascenseur d’entrée mais une fois le tour du décor fait c’est sur sa forme astrale à elle que je m’arrête ; elle n’a plus la peau rouge sang, elle a progressé à ces niveaux même si elle n’en reste pas moins en combinaison de limier. Toujours fidèle à ses origines, toujours aussi dangereuse, et confondue avec le Phénix à défaut de savoir ce qu’il est réellement.

- Et après tu dis que Cait’ doit pas complexer sur sa poitrine, me sort-elle après m’avoir également considérée dans mon apparence astrale.

La représentation que j’ai de moi-même est une chimère car à beaucoup d’égards j’en suis une moi-même : il y a des caractéristiques qui étaient propres à la « première » Amy, même si moins que ce que je m’en souviens à cause des fragments de mémoire que j’ai perdus, d’autres qui sont celle que je suis devenue, le tout complété par des parties d’Emma alors que celles de Franklin ont presqu’entièrement disparue avec la perte de sa mémoire. Et il y a quelques touches de Caitlyn désormais, suite aux symbioses. Chevelure auburn, visage mélangeant les deux que j’ai portés avec les sourcils et la mâchoire juvéniles et discrets de l’ancienne et le reste de la nouvelle, torse majoritairement tiré du physique d’Emma (poitrine refaite incluse), tandis que les membres sont les miens et qu’un tigre blanc me mange le flanc gauche pour repartir vers la fesse ; ça, c’est à Caitlyn. En résumée, ma forme astrale est une jeune femme svelte de la vingtaine aux cheveux auburn lisses, avec un visage au front large dont les contours descendent agréablement jusqu’à un petit menton discret surplombé par une bouche fine et rosée, un nez droit et doux, et de fins sourcils, grande d’un bon mètre soixante-quinze pour une soixantaine de kilogrammes et dotée de membres fins nullement cachés par une tunique moulante d’un rouge sanguin, accrochée autour du cou et de la ceinture et dont le bas est composés deux larges pans de tissus volant, un à l’avant et l’autre à l’arrière, pour caché une nudité crue. Enfin le dos est ouvert entre les deux attaches, révélant les parties hautes du tatouage pour peu que mes mouvements n’incitent pas la robe à en faire de même avec la basse, alors même que deux paires d’ailes de chair et de plumes d’une taille proche des deux-mètres cinquante s’extirpent d’entre mes omoplates et mes reins, tandis que l’avant-bras droite suinte du sang de façon constant, sang coulant mais ne touchant pas le sol puisqu’il reste partie intégrante de mon corps astral, non de celui qui compose notre environnement. Je m’étais penchée sur la signification de chaque partie d’une telle apparence la première fois que je me suis contemplée ainsi, mais je n’ai pas l’envie de le refaire cette fois. Je constate juste les changements par rapport à avant.

Et je me sens mal à l’aise à la réplique de Rachel, aussi, portant mes bras contre la poitrine d’Emma pour la cacher en grimaçant.

- Ce n’est pas ce que tu crois, dis-je en conscience que je chercherai à tout expliquer plus tard, ne sachant pas s’il s’agit d’un troll sans conséquence ou d’une véritable remarque mais réagissant comme si c’était le second cas de toute façon. Néanmoins pour l’heure je m’acharne à changer de sujet, entreprenant de la suivre par la même occasion : C’est joyeux comme subconscient, non ?

C’est d’un calme mort en tout cas, même si Rachel doit faire son possible pour éviter qu’on tombe sur les processus mentaux conduisant à faire les rêves de Kaede. De ce que je sais, il doit y avoir des scientifiques prêts à expérimenter et d’autres à se faire massacrer dans ce complexe subconscient et ils ne seront pas forcément très amicaux si on les croise. Tout n’est qu’onirisme et les rêves sont « réalités » dans les subconscients, venir y chercher quelque chose de refouler ne change rien à cela.

On marche relativement peu de temps avant de trouver une salle avec une grande porte blindée parfaitement lisse que Rachel indique comme ce qu’on cherche, me demandant de rester derrière. La porte est le seul objet de la pièce et elle émet une source de lumière apaisée, je ne me sens pas en danger et j’aurai tendance à l’interpréter comme une chose positive mais il faut s’en méfier tout de même alors je suis les instructions, restant à l’entrée tout en me servant de mes sens pour rester à l’affut du moindre bruit qui signalera une approche ; est-ce que cela marche même dans un subconscient ? Pas sur, il faut juste que le bruit fasse parti de la projection et qu’elle n’apparaisse pas tout simplement à proximité. Un subconscient dans lequel on envoie sa conscience c’est un peu comme une séance de Salle des Dangers en mode random : on ne sait jamais sur quoi on peut tomber et ça peut faire très mal. Après, la Salle des Dangers ne risque pas de nous tuer, là il suffirait que Kaede s’endorme pour nous transporter dans un tout autre environnement ou encore qu’elle nous refoule pour nous broyer purement et simple ; d’où la nécessité qu’elle soit calme et en paix. Même si nos corps sont toujours face à elle, en contact et tout, notre conscience et nos pensées sont dans sa caboche à elle.

Après une brève inspection de « sarcophage », Rachel se décide à la technique qui lui est habituelle et passe en force, l’éventrant littéralement tout en se plaçant entre ce qui se trouve à l’intérieur et moi, prête au combat. J’ai un instant pour faire de la diplomatie et je m’empresse de le faire, mes rapports avec la seconde Kaede étant sans doute les plus cordiaux qu’elle possède dans tout l’Institut.

- Kaede, commence-je pour attirer son attention et la suspendre dans une potentielle agression, c’est moi, Amy. On est venu te parler, tu accepterais ?

- Ce n’est pas ce que tu crois, lui répondit Amy, cherchant à ce défendre même si Rachel ne croyait rien, observant les choses telles qu’elles étaient, c’est joyeux comme subconscient, non ?

- J’trouve pas. Après, mon seul élément de comparaison c’est l’mien et la seule fois où je l’ai contemplé c’est quand j’ai tenté de me suicider ; il avait l’apparence du camp de la mort enneigé et était hanté par mes fantômes…

Donc à défaut d’être joyeux, il n’était pas aussi horrible que cela puisqu’il aurait très bien put contenir des équipes de scientifiques en train d’expérimenter et tout l’imaginaire de Kaede considérant l’impact sur le décor. D’un autre côté peut-être que tous les subconscients n’étaient pas jouasses puisqu’ils étaient le contenant de ce qui avait été refoulé par la conscience. Mais cela ne les concernaient pas pour l’instant.

La destruction du sarcophage affecta l’environnement, lequel s’agita un instant et fit se tendre l’Echo du Phénix qui se rendait compte d’une grave erreur : oui, elle était en position pour protéger Amy de ce qui se trouvait dans le sarcophage mais nullement dans le reste du subconscient et la réaction de l’esprit était tout autant une menace que ce qui se trouvait derrière le sceau mental. Mais ledit derrière n’était pas sans danger non plus, le sarcophage n’étant qu’une porte vers un recoin encore plus reculé de l’inconscient de Kaede et un recoin aussi enténébré que l’accès avait été auréolé de lumière. Alors même qu’Amy parlait, Rachel chargeait dans sa main une agressivité maligne pour préparer une attaque mentale aussi bien utilisable contre ce qui se trouvait dans la nouvelle pièce que ce qui aurait pu venir à leur encontre depuis le reste du complexe, se fiant à ses sens psychiques pour percevoir la moindre menace envers son amie.

Il n’y avait rien et la psyché sembla ce calmer rapidement, peut-être grâce aux paroles de l’italienne ou peut-être grâce au calme que parvenait à garder Kaede, puis la nouvelle salle se révéla en pleine lumière pour montrer à leurs yeux une grande salle de classe où un quadruple meurtre venait d’avoir lieu. La concentration télépathique continua d’enfler  alors que Rachel prenait considération du nouvel environnement ; les cadavres étant plus un danger qu’un indicateur de danger puisqu’ils n’étaient pas « morts » au sens propre du terme mais bien des projections de morts parfaitement capable de s’animer pour s’en prendre à elle.

- Je passe devant, exposa-t-elle froidement, n’appelant aucune réponse. Reste un pas derrière moi.

S’avançant dans la salle de classe, la majeure partie de son attention à l’encontre des cadavres bien qu’elle restait à l’affut de tout mouvement et prête à riposter, l’Echo perçue rapidement la projection de Kaede, toute aussi explicite que les leurs concernant son auto-considération. Une cyborg à visage humain larmoyante en mauvais état et recroquevillée dans un coin, enserrant de toutes ses forces un petit objet en forme de fleur qui luisait en guise de cœur, centre de toutes les faiblesses de la partie cybernétique.

- Je peux sortir ? Je… Vous n'êtes plus fâchée contre moi ? Je vous jure… Je… Je voulais pas les tuer.

Rachel leva sa main libre dès que la première question fut posée, ne fermant pas le poing mais intimant sans un mot l’immobilisation immédiate. La majeure partie de son attention se tourna une fois encore vers les corps qui auraient, à cette simple évocation, put se lever pour s’en prendre à elles comme assaillir la projection de Kaede s’ils étaient de la culpabilité. Il y aurait également put avoir l’apparition d’une quelconque autre projection pour symboliser la personne à qui elle parlait même si l’absence de réponse étaient possiblement toute aussi indicatrice. Mais il n’y eue pas d’absence de réponse alors qu’une Kaede à poils se matérialisait prêt d’elle, manquant de peu de finir pulvériser par une attaque psychique suite à un réflexe de défense offensive.

Autant Kaede semblait contente, tendant la main à son autre partie, autant l’Echo tremblait toujours pour contenir son attaque en elle. Les surprises étaient plus déplaisantes dans un environnement astral que nulle part ailleurs et la Cornue était trop douée pour en faire à son goût, cette fois. Rachel était dans l’un des environnements où elle était la moins efficace en combat et plus que déprécier fortement ce fait elle restait d’une tension presque meurtrière, comme avait faillit le découvrir Kaede.

Mais la scène continuait alors que Cyber-Kaede se levait et s’approchait, peu ou prou considérant ses difficultés ; la télépathe grimaça même si elle était incapable de dire si c’était ou non de sa faute que l’autre se trouvait dans un tel état. En tout cas, il était plus que temps de venir et elle restait toujours autant sur ses gardes, considérant que CK s’en allait franchir les cadavres. Ils ne s’agrippèrent pas à elle pour montrer le poids de la culpabilité, non, elle buta juste dessus, comme quoi cela ne devait être qu’un détail même si Rachel restait prête au pire.

Laissant tout loisir aux autres d’agir elle continua à faire le système de sécurité, surveillant la salle et son extérieur avant de bouger aux alentours du groupe, puissance astrale toujours prête à être lâchée. La disparition du sarcophage aurait pu être mortelle si elles avaient encore été présentes en son sein et ce ne fut qu’un réflexe de propulsion qui sauva l’Echo qui avançait en queue, laquelle atterrit contre le sol de la première pièce avant de se remettre sur ses jambes ; Kaede lui avait déjà fait le coup une fois, pas deux, fit-elle parfaitement comprendre d’un regard noir.

- Aller c'est finit. Amy et Rachel vont pouvoir nous aider et t'expliquer comment on va faire.

- D'…d'accord.

Rachel resta silencieuse et renfrognée quelques instants avant de conclure simplement.

- On f’ra la discussion en haut, inutile de risquer nos vies plus longtemps.

Une inspiration plus tard et la rousse sentait l’affolement de son cœur suite au danger qu’elle avait réchappé de peu, revenant dans le monde physique et reprenant conscience de son corps en une seconde mais ne s’y réhabituant qu’en plusieurs. Ramenant ses bras contre elle, elle ferma les yeux pour se calmer, secouant la tête une fois que ce fut fait.

- J’trouve pas. Après, mon seul élément de comparaison c’est l’mien et la seule fois où je l’ai contemplé c’est quand j’ai tenté de me suicider ; il avait l’apparence du camp de la mort enneigé et était hanté par mes fantômes…

Outre que mon ironie lui est passée au-dessus de la tête je constate surtout que, visiblement, tous les subconscients sont des endroits au mieux inquiétants et au pire glauques ; ce n’est pas surprenant vu que c’est ici qu’on refoule tout ce dont on ne veut pas mais ça ne rassure pas ni ne rend l’endroit plus accueillant. De toute façon je ne pense pas qu’on puisse trouver accueillant un endroit où les règles avec lesquelles on a grandie n’existent pas et où un simple sarcophage peut s’adhérer être une porte sur les ténèbres ; ténèbres que ma vue ne perce pas puisqu’ils ne sont pas une obscurité réelle. Inutile de croire ces lieux éclairés ou même de respirer ici, tout n’est que conceptualisation chimérique.

Je regarde Rachel ce préparer au combat avant de tourner mon regard vers la lueur qui c’est réfugiée au plus profond des ténèbres une fois le sarcophage ouvert ; cherchait-elle à y entrer ? Possible. Cependant même moi n’ai pu la voir bouger et cette incapacité vulnérable me déplait au plus haut point, comme toujours, d’autant plus que Kaede c’est agitée à la destruction du sceau. Faire le vide dans sa tête nous facilite la tâche mais qu’elle reste calme ne signifie pas que son subconscient en fera de même ; ce qui est sur c’est que si elle s’agite à cause d’émotions, il le fera également.

Le calme relatif revient, la salle s’éclaire pour révéler quelques cadavres et une machine se tenant à l’extrême opposée, et Rachel continue de se préparer au combat non sans donner des ordres, passant la première mais me disant de resserrer la position ; elle semble l’oublier mais tout aussi faible que je sois dans un tel environnement je n’en reste pas moins une X-Woman. Prenant la formation, j’use de ma vitesse de pensée supérieure me laissant la vitesse d’action supérieure même ici pour faire la sentinelle, prête à dégager la zone en emportant ma coéquipière avec moi si elle n’a le temps de réagir à une éventuelle menace.

- Je peux sortir ? – c’est la voix de Kaede et la prononciation de l’autre et elle émane depuis la machine, machine qui lève le visage pour nous dévoiler qu’elle est Kaede ; Rachel réagit la première en dressant la main et je m’immobilise d’instinct – Je… Vous n'êtes plus fâchée contre moi ? Je vous jure… Je… Je voulais pas les tuer.

Je m’apprête à répondre pour la rassurer et faire mon job mais l’autre Kaede intervient, me surprenant d’abord de l’apparition pour le moins… inadéquate… puis des paroles. Si je me détourne par pudeur je l’entends tout de même faire ce que j’étais sensée faire, me renvoyant cruellement à mon inutilité dans tout ceci. Pourquoi me faire descendre si, une fois le sceau brisé, elle n’a besoin de personne pour communiquer avec l’autre ? Si elle n’a pas besoin de ma présence ou de mon avis ? J’ai horreur de risquer ma vie et encore plus de le faire inutilement. J’entends les pas et regarde le cyborg puis Rachel en évitant de croiser la nue ; tout se déroule comme si je n’étais pas là et je n’aurai pas dû y être. Ça m’énerve et çà me semble parfaitement révélateur. Alors je me détourne et laisse le tout ce jouer sans moi tout en restant prête à intervenir si nécessaire, misant comme toujours sur ma célérité.

On commence à s’en aller et j’ouvre la voie, prise au dépourvue alors que le sarcophage s’efface après le passage des deux Kaede, n’ayant même pas le temps de crier le prénom de Rachel alors qu’elle manque encore de finir broyée ; on a commise une erreur en descendant ici, je ne le comprends qu’alors que mon amie a échappée de peu au broyage mental et je suis à son côté pour l’aider à se relever.

- La prochaine fois, on détruit depuis l’extérieur, lui dis-je en lui tendant la main.

- Aller c'est finit. Amy et Rachel vont pouvoir nous aider et t'expliquer comment on va faire.

- D'…d'accord.

- On f’ra la discussion en haut, reprend la télépathe après un instant de silence, elle aussi contrariée par son rôle accessoire et les dangers bien trop grands qu’elle a couru pour lui, inutile de risquer nos vies plus longtemps.

J’hoche la tête simplement et si je commence mon mouvement par l’esprit je le fini par la chair, reprenant conscience du monde qui m’entoure, les bruits et les images m’assaillant avec une certaine violence alors que je récupère mes sens ; quelques clignements d’yeux et deux secondes de recalibrage me sont nécessaires pour être parfaitement dans… moi.

- Ça va ? Interroge-je Rachel, dont la posture laisse présager l’inverse.

J’attends sa réponse avant de reprendre à l’intention de Kaede.

- Bon, je pense que vous avez toutes les deux comprises la situation, néanmoins s’il faut réexpliquer dites-le, je le ferais. Cependant, la première chose à faire sera de vous différentier et de pouvoir savoir qui « commande ». Faudrait que cela ce voit au premier coup d’œil… genre vous prenez un chouchou ou un autre élastique et vous le mettez au poignet : le droit, c’est Kaede « enfant » et le gauche Kaede « adulte ». Vous l’interchangez quand vous interchanger. J’aimerai que l’adulte nous parle, si c’est possible ; je veux savoir comment tu vas et comment tu vois les choses vis-à-vis de ce que l’autre à dit.

Amy se remit à sa vitesse naturelle et Kaede suivit le mouvement sans trop de difficulté, seule Rachel s’en restant en difficulté dans sa réacclimatation physique ; cela ne lui faisait pas cela, habituellement, mais il n’y avait pas grand-chose d’habituel en cette journée, à commencer par la renaissance et ses effets secondaires.

- Ça va ?

Elle n’offrit pas un regard en réponse, se contentant de secouer la tête non pour répondre mais tout se remettre les idées en place alors que tous les regards étaient tournés vers elle, chose qu’elle percevait parfaitement malgré que ses yeux restaient clos.

- Mon corps est en pleine forme, commença-t-elle en rouvrant les paupières, regardant le vide devant elle, mais la résurrection… disons qu’il y a un décalage entre ma santé physique et mon épuisement moral.

Son corps était neuf, d’une façon très littérale, ayant été régénéré par l’œuf jusqu’à en être en parfaite santé comme dans sa meilleure condition physique, plus revigoré qu’aucun repos n’aurait put le faire, néanmoins son esprit avait subi le contrecoup de ses derniers instants de vie et les émotions ressenties comme celles du soutien et de bonheur de retrouver sa « dernière » famille avaient bien malmenée l’Echo du Phénix, creusant un écart corps-esprit qui n’en était que plus perturbant. Cela passerait.

- Ça va aller, répondit-elle en relevant le nez, regardant d’abord celle qui avait posée la question puis celle qui écoutait la réponse avec tout autant d’attention.

Terminant de laisser son cœur se calmer, Rachel ne décroisa pas les bras ni n’abaissa les épaules, continuant de se tenir seule pour revenir parfaitement « à elle » tout en laissant la discussion se poursuivre.

Sympathique l’idée du bracelet, il faudrait juste qu’elle parvienne à se souvenir de quoi signifiait qui ; chose qui passerait également par des surnoms à son niveau, considérant que Kaede 1 et 2 ne lui convenait pas du tout surtout considérant qu’il fallait définir qui était la 1 et qui était la 2. Non, il fallait trouver quelque chose de plus mieux, genre « enfant » et « adulte » ou du coup, Petite Kaede et Grande Kaede soit PK pour la première et GK pour la seconde ; voilà qui était fait ! C’était toujours mieux que DK pour Kaede de droite même si au final la Kaede précédemment enfermée restait GK. En tout cas, le fait de partager le bracelet ne contribuerait pas à les séparer puisqu’il leur appartiendrait à elles-deux et elles se le passeraient l’une l’autre, à l’instar du corps.

Une chose immédiatement témoignée alors que PK cédait la place à GK, devenant bien moins Kaedesque d’un seul coup afin de répondre à la demande d’Amy. Elle allait bien malgré qu’elle n’était pas encore bien réveillée et comprenait la situation grâce à la mémoire de « l’autre » Kaede, soit leur mémoire au final. Et elle prit un engagement, visiblement bien assagie. Puis elle se tourna vers l’Echo qui lui rendit son regard et l’observa dans son geste, la laissant se lever et s’incliner.

- Môshiwake arimasen.

- C’est pas faux, répondit-elle sans savoir si cela attendait une réponse ou non, répondant par défaut alors que Kaede restait dans sa position de grue.

Fallait-il en rire ? Cela avait l’air sérieux pourtant et dans le doute elle préféra ne rien faire, regardant néanmoins Amy pour la consulter du regard. GK était bien différente de PK, cela elles le savaient déjà, néanmoins la maturité ainsi montrée offrait des possibilités nouvelles car là où PK était enfermée dans son schéma de pensée enfantin l’autre, se limitant à une protégée voir comme le diraient certain à un « animal de compagnie », la seconde semblait suffisamment grande pour approfondir les liens et pouvoir instaurer un minimum d’égalité entre eux. Le mélange devrait donner quelqu’un d’à la fois mature mais apte à la juvénilité et Rachel l’espérait bien car elles pourraient continuer de bien s’entendre, même une fois que la surveillance ne serait plus de mise. Et cela allait arriver très bientôt ; Kaede en amie, elle disait oui.

- Ce sont des excuses officielles aux Japon. Je vous ai causés beaucoup de tords et j'ai risquées vos vies à toutes les deux. Aussi, de part ses excuses, je vous promets de tout faire pour… guérir le plus vite possible et pouvoir un jour vous rendre ce que vous m'avez donné.

Le Phénix regarda la prometteuse rougir suite à ses paroles, ne comprenant pas pourquoi mais laissant échapper un sourire en réponse.

- Guéris mais n’essaie pas de rendre, Kaede. Donne à ton tour, pour les mêmes raisons qu’on t’a donnée. C’est ça, l’affection.

Une fois de plus au second plan, Rachel n’ajouta rien alors que sa vis-à-vis se rasseyait, parlant une dernière fois avant de laisser la place à PK; une PK égale à elle-même et toute contente, d’une exubérance caractéristique et charmant mais que la rousse n’avait pas la volonté d’affronter aujourd’hui. Elle hocha néanmoins la tête au fait qu’il faille l’avertir au plus vite en cas de problème, se laissant légèrement contaminer par la bonne humeur : oui, tout redevenait normal, pour tout le monde. Les Elioth de Lauro avaient bravée et vaincue leur tempête, Kaede également, Jade et Sanzo étaient ensemble et elle-même était à nouveau là. Le microcosme poursuivait sa petite vie en attendant qu’Ororo en amène une autre pour tout bouleverser. Mais elles n’y étaient pas encore.

Se levant doucement, Rachel prit la parole, doucement et calmement comme à son habitude.

- On va y arriver, sourit-elle avant d’entreprendre de se détourner. Je crois que je vais aller un peu végéter d’vant la télé si ça vous gêne pas. On se voit plus tard.

Ce n’était peut-être pas le mieux pour outrepasser le « mal de la résurrection » mais le Phénix n’avait pas réellement d’autre idée pour l’heure alors elle s’y essaierait, ainsi elle laisserait écouler le temps que son esprit et son corps se remettent en adéquation de la façon la plus apathique possible. Il lui fallait également retrouver Jade pour lui expliquer le pourquoi du comment de ces derniers jours comme des prochains mais elle avait toute la soirée pour le faire, consciente qu’après les cours l’adolescente aurait plus tendance à s’en aller voir son petit copain que son agente de probation.

Oui la vie reprenait, pour ne pas dire qu’elle continuait tout simplement, et une fois de plus l’avenir était plein de promesses et de tout autant d’incertitudes.

- Mon corps est en pleine forme, répond Rachel sans regarder personne ou réellement changer de position, mais la résurrection… disons qu’il y a un décalage entre ma santé physique et mon épuisement moral.

Je comprends le principe d’avoir l’impression que les choses vont trop vite autour de soi alors même qu’en soit tout est encore figé même si je vis l’inverse cependant je crois que le plus dur sont ces restes des chocs émotionnels qui l’ont usée alors même que son corps n’en a rien ressenti ; heureusement que Caitlyn l’a aidée à se remettre sans quoi je ne pense pas qu’elle aurait pu faire ce qu’elle vient de faire, tout Phénix qu’elle soit.

Ça va aller, oui, elle fera aller et cela lui prendra le temps de se remettre en phase avec elle-même ; j’ignore comment elle compte s’y prendre mais je pense qu’il lui sera nécessaire de fatiguer son corps à la mesure de son esprit parce que tant qu’il sera parfaitement reposé elle ne pourra pas trouver le sommeil. Ou alors peut-être qu’elle peut retrouver l’équilibre par la méditation, je n’en sais rien. Je ne pense pas avoir de conseil à lui donner puisque cela sort de mon champ de compétence et je pense qu’elle saura parfaitement ce qu’elle fait. Retournons donc au sujet numéro un et à la Cornue qui n’a pas eu à s’en remettre mais à composer avec une « normalité » anormale qu’elle avait perdue depuis quelques temps déjà. Néanmoins elle est restée « elle-même » et a suivit le reste avec cette égale inquiétude pour la personne qui semble morfler le plus aujourd’hui ; journée de merde, beaucoup trop de trucs à gérer chez tout le monde. Et ça ne finira pas avec cette séance, on va encore avoir à proposer à Jade l’adoption… chaque chose en son temps, chaque chose en son temps.

Pour l’heure ce sont les explications et la proposition. Proposition qui enthousiasme Kaede de son enfantine façon et semble plaire à Rachel aussi ; et bien, suis-je la seule à trouver cela relativement logique ? Habitude italienne, les bracelets, même si j’avais donné tous les miens en guise d’au-revoir lorsque j’ai quitté Avellino. Mais passons, les doutes ressentie par la concernée actuelle arrivent bien vite après la première appréciation mais elle n’en réagit pas moins pour agir selon mon conseil, signalant par la même qui nous fait face. La seconde Kaede, l’enfant. Ce n’est pas difficile à remarquer pour moi considérant mes compétences et toute personne connaissant suffisamment Kaede n’en aura pas besoin non plus, m’est avis, cependant cela est une sécurité et les conduira à partager autre chose que le corps. Le plus dangereux lorsqu’on partage quelque chose sans qu’elle appartienne à l’une des personnes choisissant de la partager c’est la jalousie et le fait de se prêter le bracelet comme elles le font pour le corps permettra de les encourager dans la démarche de partage et d’identifier celle de possession si jamais elles commencent à négliger ou à virer le bracelet.

Pour l’heure, elles partagent et c’est bien la Kaede qui cède la place qui change le bracelet de poignet, exactement comme je l’espère.

- Je… Je vais bien.  Encore un peu engourdie par le sommeil mais, oui tout vas bien. Si je comprends bien je suis à égalité avec elle désormais. Bien. Je ferais de mon mieux. Non… Je ferais même plus. Plus que ce que je peux faire. Et…

C’est impressionnant les progrès qui ont été faits durant le « sommeil ». Nous n’avons là ni une enfant ni une bête meurtrière mais une adulte posée que je pense proche du caractère « final » de Kaede ; même si l’union avec l’autre personnalité la rajeunira et l’infantilisera un peu, cela se rapprochera plus d’un comportement volontaire à l’instar de celui de Rachel que d’un arriérèrent comme cela l’était jusqu’ici. Rachel qu’elle regard avant de se lever pour s’incliner face à nous et maintenir la position tout en prononçant ce que je suppose être des remerciements.

Hum… il y a quelques secondes à peine on se « baladait » avec une Kaede nue et maintenant elle se penche autant qu’elle peut… je suis désolée des associations d’idées et de la déviation du regard mais sérieux ce n’est pas une position à adopter devant une lesbienne surtout considérant la tenue et la taille de la poitrine… Là Caitlyn aurait de quoi complexer…

Enfin Bref je remercie Rachel et sa boussole lui indiquant l’ouest en lieu et place du nord et je la regarde surprise, alors qu’elle répond à une chose qui n’attend aucune réponse, recevant à mon tour un regard perplexe de sa part alors qu’elle doit se demander si elle ne vient pas de faire une connerie là. Attendre que sa finisse sans se la ramener c’est le mieux, je pense. Et c’est ce qu’on fait en attendant que Kaede ne se remette droite et ne nous explique que ce sont des excuses officielles au Japon ; comme quoi ce n’est pas pour rien que la morphologie asiatique inclut de petite poitrine. Mais je m’égare.

- Je vous ai causés beaucoup de tords et j'ai risquées vos vies à toutes les deux. Aussi, de part ses excuses, je vous promets de tout faire pour… guérir le plus vite possible et pouvoir un jour vous rendre ce que vous m'avez donné.

- Guéris mais n’essaie pas de rendre, Kaede. Donne à ton tour, pour les mêmes raisons qu’on t’a donnée. C’est ça, l’affection.

- Entièrement d’accord. Cherches pas à nous rendre ce qu’on t’a donné, on te l’a donné et c’est de bon cœur. Donne à ton tour dans ce même esprit et cela suffira, Cornue.

On la gêne, elle n’a pas l’habitude d’être ainsi ouverte et franche ni de recevoir une réponse à cela. Même l’autre Kaede, jusqu’à récemment, ne le faisait pas. Je la croie lorsqu’elle se dit prête à tout ce qui est nécessaire à son rétablissement et sans doute la surprendrai-je par ma réponse, néanmoins j’attends qu’elle ait finie hors son temps de parole compte double. La seconde Kaede revient et s’exprime avec son exubérance pour confirmer les dires et y rajouter de nouvelles promesses ; j’hoche la tête au fait qu’elle doive nous prévenir en cas de problème, confirmant cela, et sourit d’amusement à son comportement attachant mais empêchant tout approfondissement. C’est visiblement un honneur qu’elle nous a fait précédemment mais je ne le pense pas démérité alors l’accepte parfaitement au même titre que les remerciements qu’elle nous fait. Sa théorie de la « sœur de tête » est sympathique, amusante, un peu fausse mais ce n’est pas grave.

Je note également que les deux airs de son cerveau communiquent, les mains liées à chacune se touchant sans qu’elle y porte attention.

- On va y arriver, reprend Rachel une fois qu’elle s’est levée de la chaise, commençant à s’en aller. Je crois que je vais aller un peu végéter d’vant la télé si ça vous gêne pas. On se voit plus tard.

La télé n’était pas envisagée dans ma manière de se remettre en adéquation mais c’est possible pas apathie, sans doute. En tout cas je ne vais pas m’en mêler plus que je ne le dois, surtout considérant qu’on a pas mal de truc à faire de notre côté également, avec Caitlyn et Jade. Enfin pour l’heure je dois conclure avec Kaede alors je me contente de lui confirmer le plus tard qui se traduira sans doute par un « à demain ».

Me retournant vers Kaede une fois mon amie sortie, je reprends la parole.

- Niveau efforts, exercices et travaux nécessaires au rétablissement, je pense que ce qu’on faisait déjà avant que je parte dois être continué. Partagez votre vie, ce qui vous plait comme ce qui ne vous plait pas. Vous avez un âge mental différent, certes, mais vous n’êtes pas différentes donc par exemple, si l’une de vous aime le dessin, que l’autre s’y essaie ; sans doute ne l’aimera-t-elle pas pour les mêmes raisons mais elle devrait l’aimer aussi.

Dans ma théorie, si la jeune Kaede aime gribouiller cela devrait se retrouver chez l’adulte sous une forme plus mature et c’est en trouvant ces points communs qu’elles devraient se rapprocher, l’évolution de la personnalité se reliant comme une continuité et non deux choses séparées. J’ai prit l’exemple du dessin car c’est ce que font généralement les enfants mais cela s’applique pour tout.

- Essayez également de réagir « ensemble », surtout si vous n’êtes pas d’accord sur quelque chose. Il ne faut rien vous imposer mais compromiser.

L’imposition d’une décision d’une personnalité à l’autre entrainerait un déséquilibre puisqu’il y aurait une dominante et une dominée, c’est à gommer également.

- Et dans un même esprit, on ne force pas pour prendre le contrôle sur l’autre. Vous devez être complémentaires, pas opposées.

Théoriquement, je pense que cela devrait rapidement devenir un automatisme et elles devraient, à mesure de la progression, avoir de moins en moins conscience de ce processus jusqu’à ce qu’il ne soit plus puisqu’elles seront « elle » et réagiront fonction de la situation comme toute personne normale.

- D’ailleurs, il faudra que la première Kaede, l’adulte, puisse faire connaissance avec les autres également, entretenir des relations sociales avec les mêmes personnes que « vous » connaissez déjà. Pour éviter que ce soit des rapports différents entre vous deux, il faudrait que la Kaede « habituelle » commence la conversation avant, au moment propice, de laisser la main à l’autre. C’est à voir fonction de la situation, comme dit précédemment vous ne devez pas résonner séparément mais ensemble.

Bon, que puis-je y ajouter…

- Après, niveau exercice, j’ai des idées mais je ne suis pas psychiatre. Je pourrais vous dire de faire des trucs comme compter en alternance, l’une faisant un nombre et l’autre le suivant ainsi de suite pour que vous soyez parfaitement synchronisées, après c’est des idées comme ça, je suppose que ça peut aider.

Et je sais que ça n’aggravera pas le cas ce qui est le principal : la médecine doit veiller à deux choses, réussir à soigner et lorsqu’elle ne peut pas éviter d’empirer.

- Des questions Kaedes ?

La fait que Kaede passe à côté de l’apathie de Rachel ne m’étonne guère à la différence de celui qui suit alors même que je lui parle, ses deux mains s’accrochant au bracelet ; j’ignore si cela signifie ce que je crois mais je ne perçois pas comme possible un contrôle simultané du corps par les deux entités justement puisqu’elles sont deux. Si elles sont capables de contrôler en même temps c’est bien qu’elles sont une unité, il n’est pas possible avec deux esprits différents d’agir ensemble lorsqu’il s’agit de partie d’un même… J’ignore comment je dois traiter cela car je sais qu’il n’est pas réellement possible d’y faire d’analogie avec la télépathie ou notre symbiose avec Caitlyn, puisque la première provient clairement de deux êtres différents et que la seconde a été provoquée pour donner la possibilité à mon aimée de phaser en moi et d’interagir avec mes muscles, néanmoins je ne conçois pas comment deux esprits peuvent dominer un même cerveau. Heureusement que je n’ai pas la science infuse et que cette surprise sur une progression bien plus importante que je n’aurais put l’imaginer ne m’empêche pas de donner des conseils qui seront sans doute accessoires mais tout de même utiles.

L’assentiment est fait à chacune de mes paroles même si c’est au final la peur qui l’emporte, Kaede se plaçant le bracelet pour indiquer que l’enfant prenait les commandes ; chose qui plus que calmer le coup de stress lui fit y répondre toute seule. Une bonne chose qu’elles s’entraident même si un peu flippante à écouter d’un point de vue externe.

- Stress pas. Tu vas y arriver. Je vais t'aider tu vas voir c'est facile. Il faut juste y croire. Parfois ça tombe bien parfois ça tombe mal, on sait jamais sur qui on va tomber, et parfois y a d'agréable surprise.

-Mhhhngnnh…

Je regarde la scène sans rien dire, sans savoir quoi dire de toute façon, alors que le visage change plus vite que le bracelet ne peut le faire, pour s’alterner avec une régularité désarmante. Il n’est pas faux de qualifier cela de folie et ce n’en est que plus flagrant à présent d’un autre côté c’est en la laissant s’exprimer qu’on essaye d’y remédier. Les chances de succès ? Un psychiatre me traiterait d’incompétente, surement, mais je crois que Kaede y arrivera, cela prendra peut-être quelques mois mais elle semble prête à tout réussir avec un minimum d’aide de l’extérieur.

- Hihi elle est d'accord. Quand elle bougonne comme ça, ça veut dire oui en faites. – ah, c’est bon à savoir ; intéressant de voir qu’à peine ressortie du sarcophage, l’autre personnalité est déjà suffisamment mature pour avoir ses propres tic – Et du coup… J'ai pas de question et elle non plus. Quoique…

Quoique ? C’est déjà particulier de l’écouter se parler à elle-même avec ses changements faciaux mais à carrément regarder dans le vide… de plus c’est un mauvais signe puisqu’il traduit une projection de l’une d’elles ; regarder un miroir, je comprendrais, mais le vide c’est l’imaginer extérieure au corps.

- En faites si, on a une question. On peut venir te serrer dans les bras ? Mon autre moi est un peu timide pour l'avouer mais elle en crève d'envie aussi.

Hum… beaucoup de choses me passent par l’esprit alors qu’elle se confirme et rit toute seule, notamment le fait que la conversation à l’oral est complètement inutile si elles se perçoivent émotionnellement. Je réponds quelques secondes plus tard avec un sourire même s’il est plus pour me montrer bienveillante que par réelle joie du câlin.

- Ecoutez…

-A l'attaque ! déclame(nt)-t-elle(s) avant de s’approcher de moi, contournant le bureau alors même que j’entreprends de me lever pour recevoir cette charge expansive qui m’interrompt.

Le bracelet sert toujours de passerelle bien qu’il lui faudra bien être lâché par l’une des mains si elles veulent m’enlacer et je dois avouer que ce geste est celui qui doit le plus retenir mon attention même si en pratique c’est le rembourrage de cette jeune femme plus grande que moi de quelques centimètres et plus lourde d’une dizaine de kilogrammes qui attire l’attire le plus et me met légèrement mal à l’aise ; d’autant plus qu’elle fait pas semblant de ce coller ! Caitlyn ou moi en push-pup c’est sans doute un ou deux bonnets de moins que Kaede sans et du coup le câlin devient vraiment gênant. Je le rends du mieux que je peux du coup mais ne cacherai pas que j’aspire un peu à ce qu’il se termine au plus vite.

C’est d’ailleurs avec les joues d’un rouge proche de celui des cheveux de Kaede que j’en ressors pour m’installer et changer de sujet TRES VITE.

- Bon… je crois qu’on en a fini pour aujourd’hui. Si je peux me permettre un dernier conseil… éviter d’imaginer l’autre comme vous l’avez fait un instant auparavant. Vous pouvez discuter même si j’espère qu’avec le temps vous aurez plus besoin de le faire pour vous comprendre, c’est une étape, mais le fait de projeter l’autre Kaede à l’extérieur de vous met une distance avec elle, il n’en faut pas. Vous êtes Kaede toutes les deux, il n’y a pas à ce qu’une soit le reflet ou l’imagination de l’autre.

Ceci fait, je les laisse retourner à leur petite vie, m’en allant à la mienne en ayant conscience que c’est d’un rouge différent dont je risque de me colorer très prochainement. Je continuerai à suivre Kaede et son évolution mais je ne pense pas que j’y serais encore utile bien longtemps. Elles ont presque déjà tout fait et ce n’est qu’une question de temps maintenant ainsi à part tendre la main pour aider à se relever en cas de chute, je pense que j’ai accomplie ma tâche. Une tâche qui donnera naissance à une nouvelle personne.

Le métier de psychologue a indiscutablement quelque chose de maternel mais il reste bien plus facile que la vraie maternité et c’est là-dedans que je me lance, non envers Kaede mais Jade et Aislinn ; et si la première s’y fera avec le temps, tout comme moi, la seconde… va falloir lui en parler ; Seigneur-Dieu…

[Fin pour Kaede Kobayashi]