Messages : 1618 Date d'inscription : 06/04/2012 Age : 36
Sujet: Dream Team Legacy ( Pv MotherTucker) Mer 5 Juin - 18:11
Un vent, voilà qui était des plus embarrassants comme aurait dit Firefox. Déjà que de se déplacer dans cette foutu bâtisse avait vocation à lui foutre la nausée autant que les Jours de Grand Ménage dans la cachette de Kurkaru, si en plus le personnel nourrit à l’incompétence et aux donuts sirupeux avait pris le parti de lui briser les ovaires, cette journée d’excursion allait vite tourner à la prise de tête ou à la migraine de fin de journée.
Et pourtant pour cet entretien avec le successeur de Daniel Hopes en tant que responsable du programme de réinsertion était d’une importance capitale pour que l’œuvre de Hopes puisse lui survivre et qu’au-delà, l’Institut et le BAM puisse poursuivre efficacement leur coopération. C’était peut-être le cadre de cet entretien qui la gênait avant tout parce qu’il supposait forcément de tirer un trait sur ce que le fameux Time Tricker, figure quasi paternelle pour l’Irlandaise, avait fait pour elles (incluant sa compagne) et par-delà le cas particulier qu’elles constituaient : l’institut en général. Le Bam avait était prompt à réaffirmer à Charles Xavier la poursuite de leur collaboration puisque les résultats en étaient probants (n’en était-elle pas la parfaite illustration du haut de sa charge de X men et de conseillère sociale). Caitlyn n’était en rien l’interlocutrice privilégiée de l’organisme d’Etat mais était celle qui s’y était rendu le plus souvent ( à titre personnel comme à titre professionnel lors de la récupération de jeunes mutants à qui l’on proposer d’intégrer le programme comme un unique chance de pouvoir à nouveau retrouver des repères et de « changer »). C’est donc en toute logique que le professeur avait décidé de l’envoyer afin de faire le point avec le « nouveau venu » sur certains profils de l’Institut et évoquer une collaboration plus « resserrée ».
Pour donner une bonne impression et prouver sa maturité (le professionnalisme, on verrait plus tard, le monde de la bureaucratie ne la mettant pas à l’aise), elle avait opté pour une tenue très femme, revêtue d’un long trenchcoat rouge et transportant ses documents dans un large sac à main en cuir rose pâle. Chaussée de ses escarpins et maquillée avec une justesse idéale, la voilà faisant réellement son âge et attirant les regards obliques de bien des agents plus ou moins afférés derrière leurs écrans ( plus sur Poker en ligne et Facebook que par des affaires courantes). L’aspect physique avait son importance dans une discussion ! C’est du moins ce que Emma avait tenté de lui expliquer en Briefing X Men alors que Cait affalée sur une chaise se curait le nez en baillant…En même temps son décolleté n’était pas des plus vertigineux mais au moins, il était naturel LUI. Elle comptait donc sur ses jambes au galbe assez bien dessinées sous ses collants opaques et aux formes avantageuses de son fessier pour travailler son argumentaire.
Et bien à défaut d’avoir fait piailler Amy de plaisir et d’admiration devant sa glace ce matin, son « stratagème » venait de tomber à l’eau puisque l’agent en question avait eu un empêchement sous forme d’ « urgence » ( Sans doute un blessé à la photocopieuse, ou une rupture de stocks dans les ramettes de papier) et venait de lui poser un superbe lapin digne d’un Géant des Flandres vu la taille. Un coup dans l’eau, carrément oui ! Il ne lui restait plus qu’à rendre son Badge visiteur marqué du nom de « E.Elioth » à l’accueil et à regagner l’Institut pour pester comme une damnée dans le Bureau de Charles, impotent patient à la calvitie rutilante à force de se faire des cheveux. Mai était chaleureux après un hiver rigoureux mais le contribuable chauffait le bâtiment généreusement (pour créer un contexte favorable à la sieste d’avant déjeuner et celle d’après déjeuner à tous les coups !) et puis franchement, toutes ces mesures de sécurité finissait par faire croire que l’or du Fort Knoxx avait été transféré dans les sous terrains ou qu’on cachait des micros jusqu’à dans les cuvettes des chiottes.). Dix heure déjà ! On ne pouvait que difficilement louper l’heure dans les bureaux, les horloges étant jalousement couvées du regard et donc dénuées de tout système de sécurité (l’instrument de travail le plus important de tout Bameur afin de le dégager de ses « obligations » harassantes ne saurait être victime de vandalisme !). Donc ça chauffait à donf et de ce fait, il se faisait rapidement soif !
Elle décida donc d’approcher du lieu, LE LIEU, le plus important de cet etage, tel un QG ou un temple précieux et moderne dédié à l’activité entière du service : la machine à boissons et café !
Évitons le café qui ressemble à du jus de bouillasse aromatisé « degueulasse » et optons pour une canette de Coca…Coca Zero s’il vous plait, puisque l’Irlandaise entretenait jalousement ses formes pour entrer dans sa robe de mariée. Subtilité d’une belle mécanique hig-tech budgeté Uncle Sam, rutilante d’efficacité et confié à loisirs aux besoins avides du travailleur mais qui trouve TOUJOURS le moyen de se gripper lorsque le bras mécanique semble vous dire Fuck Off et s’arrête comme un fonctionnaire à midi moins cinq. Geste classique de la cliente flouée, Cait s’énerve légitimement et appui sur le bouton comme un dingue avant de constater la non efficacité de son action. Un coup d’œil à gauche et à droite et posage de sac entre les jambes, c’est parti pour une méthode moins orthodoxe : le bastonage !
- B…de M…de connerie de machine à la c… ! RENDS MOI MA CANETTE ! ENC…de ta r….. !
Certes, parler à une machine à autant d’effet que de parler poésie du 17eme Siècle à Robert Mercer ce qui lui fit opter pour l’attaque finale : le « tu l’auras voulu, saleté ». Elle enclencha la ZPCE nimbant son corps d’une décharge pas si discrète que ça et qui fit ouvertement disjoncter l’appareil en cramant la prise dans une brève implosion et actionner tous les bras automatique sde la machine dans un vacarme de canettes chutant dans le dévidoir sous le regard halluciné de la rousse s’estomaquant.
- Mais…mais..mais…merrrrrde ! C’est…c’est pas moi !!
Dernière édition par Caitlyn Elioth le Jeu 8 Aoû - 20:04, édité 1 fois
James Tucker Agent du BAM Alpha
Messages : 470 Date d'inscription : 29/03/2012 Age : 33
Sujet: Re: Dream Team Legacy ( Pv MotherTucker) Lun 10 Juin - 4:07
« Que la hâte se fait immense lorsque, au loin, se ruinent les édifices de nos souvenirs »
« Une unique balle dans un révolver vide, voilà ce qu'il me reste. Une unique balle pour résumer l'état actuel de mon existence, froide, métallique et machinale. Que ne puis-je, alors, venir à bout de cet ennemi invisible qui rôde et menace, n'attend dans les ténèbres que le premier tremblement de ma certitude, et faire choir le cyclope titanesque de mes peurs. En cet artefact de métal qui danse entre mes doigts, si petit, luit pourtant tant de lumière dans le noir.
Est-ce là, ce qu'on nomme l'espoir ? »
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« Je sais que tu es là, dans le silence invisible duquel tu te pares, et que tu écoutes malgré le voile qui nous sépare. Je sais les mimiques et les semblants, les mensonges et les façades, tout ce que tu arbores désespérément à la face d'une réalité en une fragile parade. Je sais les angoisses superbes qui t'étreignent comme le glacé d'une vie mort-née, ces pensées orphelines dont tu t'amputes et qui babillent, dans le vide, résonnant d'une inexistence morbide. Je sais l'enfer au fond de ton âme, ces choses qui frémissent aux bordures de la raison, auxquelles tu penses pouvoir échapper par la mascarade, dénier leur existence en disparaissant dans ces affres de débilité sans nom. Je sais en toi les défuntes oraisons, l'exhalaison d'or et de poussière des cadavres d'os blanchis, qui parsèment la terre de ton chemin comme les tombeaux de vœux éteints. Je sais, de ton vol insaisissable, l'ivresse enivrante qui court dans les veines. La bile et la chair. Cette ardeur chatoyante qui teinte l'âme, le bruit de l'acier qui glisse. La nuit qui pénètre le jour et le fil blanc de l'Aube. Je sais bien plus encore, de ces choses qui furent les tiennes, de celles qui sont les nôtres, et qui ne sont plus là que les ruines désolantes du temps qui passe, disparaissant peu à peu dans l'espoir vain d'être de nouveau habitées. Entends-tu seulement ce monde exister, tout autour de toi ? Entends-tu le bris de cette conscience qui s'étiole dans la nuit ? Ces espoirs qui se fanent et meurent comme se flétrit la chair inanimée ? M'entends-tu seulement mourir ? Moi, je l'entends. Comme un cri dans la nuit. Un cri long et rouge, sanglant. Un cri aveugle qui ne déverse dans les cœurs que l'amertume de ce qu'il a perdu, la souffrance d'une conscience qui a appréhendé plus que ce qu'il n'est supportable. Où t'envoles-tu, désormais ? Vers les champs érubescents des lames de la solitude ? Vers ces futurs ébréchés, encore vierges de ton regard, tandis que tu fuis en l'avant de nos responsabilités ? Ne peux-tu seulement voir, que c'est ici que se jouent les choses de la vie ? Où t'envoles-tu, cette fois-ci, toi qui alluma cette flamme d'ivoire au sommet de la forteresse de mon âme, à la fois si forte et si fragile. Mais je tremble. Je sens les vents du destin souffler avec plus d'ardeur encore que les tempêtes déchaînées d'hier. Je sens la fragilité de ce fil qui nous suspend au-dessus du vide. Et quelle n'est pas ma surprise, lorsque je lève les yeux vers cet apocalypse qui nous guette, de constater que ce sont ces victoires d'hier pour lesquelles nous avons sacrifié notre abnégation, qui sont devenues les menaces d'aujourd'hui. Au-delà d'un ennemi mortel, de la violence inéluctable ou des intérêts divers des puissants qui voudraient nous briser, c'est un rouleau compresseur d'une toute autre nature qui, aujourd'hui, me fait trembler, insidieux et pervers dans sa familiarité sans chaleur. L'inexorable immaculé qui perce ce trou de lumière dans les ténèbres au travers duquel tu n'oses regarder, mais qui chaque jour s’étrécit un peu plus, ne dispensant plus que quelques faibles rayons isolés, çà et là, comme les derniers spasmes d'une agonie doucereuse. C'est la destruction de toute volonté, la destruction de toute signification. C'est l'oubli.
Arrête-toi, rien qu'un instant, et pose ton regard au travers de cette ouverture avant qu'elle ne se ferme. Pose ton regard, et vois la lumière qui y brille encore, des feux ardents de ceux qui ont su dire non à la Mort. »
Arcane Temporelle de la Nation X. Chronique des Vents Hurlants. Chapitre 0 : La Lumière du Cœur. Feuille volante trouvée entre les pages. Auteur inconnu.
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Maybe
She's got this kind of hope Why don't we let her know She's got this kind of love Why don't we let her know
Maybe she got what she came for Laying naked on the pine floor Lonely we dance around the dying Maybe she got what she came for
Don't be scared, I'm not here for your heart Don't be scared, I'm not here for your reasons Don't be scared, I'm just here for the radio That plays in the background while you're asking me to go
Don't be scared, I'm not here for your heart Don't be scared, I'm not here for your reasons Don't be scared, I'm just here for the radio That plays in the background while you're asking me to go
Maybe she got what she came for Laying naked on the pine floor Lonely we dance around the dying Maybe she got what she came for
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~ Quand on œuvre pour une cause comme celle de la sécurité nationale au sein d'un organisme tel que le Bureau des Affaires Mutantes, il est des facettes à afficher et des mesures à prendre qui ne se rejoignent pas. Autrement dit, la différence entre l'image et la réalité. A l'aube d'une ère en passe de devenir incontrôlable de par la multiplication de l'apparition de mutants dont les capacités entraient dans la catégorie « potentiel de guerre », il est certains raccourcis et certaines décisions qui, bien que la morale et l'éthique les réprouvaient, étaient nécessaires de prendre afin d'agir dans l'ombre pour conserver le contrôle. Le contrôle. Peu importe ce que pensait l'opinion publique ou tous ces bien-pensants, nouveaux chevaliers de la bonne pensée et premiers aptes à dénoncer ces exactions qui pourtant étaient parfois le salut de beaucoup de vies et un investissement pour l'avenir. L'important n'était pas de faire, mais de faire croire. Détourner le regard des actions véritables pour mieux pouvoir agir dans l'ombre. Oh, bien entendu, le Bureau des Affaires Mutantes faisait exactement ce pour quoi il était né : construire un pont entre une humanité haineuse et raciste et une mutanité acculée par l'incompréhension et la peur d'un inconnu aux proportions terrifiantes. Mais sous couvert de neutralité, l'organisme gouvernemental prélevait son dû, récoltait les informations dans une allure qui prenait parfois des airs de Big Brother. Oh, ce ne sont pas des méthodes inhérentes au BAM, certes non, elles existaient bien avant la création de la structure, mais tout prenait une ampleur nouvelle quand il s'agissait de mutants. Quand un seul d'entre eux était capable de raser une ville par manque de contrôle, il n'y avait pas de questions à se poser sur les méthodes à prendre. S'il n'était possible de faire autrement, alors que valait une vie seule dans la balance face au reste ?
Le contrôle.
On en revenait toujours à cette même conclusion. Cette même et unique obsession suintant dans le crâne, névrose psychologique retranscrite sur le monde environnant. Le contrôle, c'est la sécurité et l'apaisement. Alors, d'où lui venait cette angoisse permanente que tout était susceptible de partir en un déferlement d'éclats cassés à n'importe quel moment du jour et de la nuit ?
James feuilletait les notes étalées sur son bureau empreint d'une concentration intense. Il ne faisait pas attention à ce qui l'entourait et ce qui l'entourait était bien la dernière des choses qui l'intéressait. Plongé dans l'affaire du Mange-Cœur, cette histoire prenait une tournure soudainement beaucoup plus attractive depuis quelques temps, maintenant qu'il avait récupéré une troisième source d'information qui, si les motivations qui avaient amené ces documents entre ses mains lui étaient totalement obscures, recoupaient parfaitement ce qu'il avait déjà en sa possession en plus de confirmer les autres sources. Il était toujours étonnant de voir les tours et détours que prenait le fil du destin dans cette course invraisemblable qu'était la vie que chacun menait, et il félicitait une fois de plus cet instinct aiguisé qui l'avait tiré plus d'une fois de mauvaises situations de lui avoir fait sentir le danger là où il se trouvait. Le Dévoreur... Le criminel jouait à un jeu dangereux et, au vu de ses exactions et du doigté avec lequel il menait les forces de l'ordre par le bout du nez depuis tant d'années, ce n'était pas un adversaire à prendre à la légère ni à sous-estimer. Mais le BAM n'était pas n'importe quel organisme d'enquête, et le moindre de ses agents mutants défiait la simple réalité rationnelle. La balle était à Tucker et Mercer, mais la précipitation n'était pas de mise. Il prenait le temps de faire les choses comme elles devaient être faites car le poisson à ferrer était bien plus qu'un simple acabit de requine coquine. L'avantage, c'est que sa cible ne connaissait pas l'état actuel des nouveaux éléments découverts, et que menée à bien, cette enquête vaudrait certainement à James une promotion. Néanmoins, plus il réfléchissait à l'ampleur de la chose, plus il devenait évident qu'une simple arrestation n'était pas de mise ici. Ils n'auraient pas le droit à l'erreur, après avoir enfin une piste - et même plus que ça - au bout de plusieurs décennies d'enquête.
James releva les yeux et parcourut du regard l'assemblée présente dans l'espace immédiat. Il surprit un regard furtif qui disparut aussi vite qu'il s'en était venu et le balaya comme le reste. Il ne s'était pas fait beaucoup d'amis récemment au sein de ses collègues. Il n'avait que faire des petites intrigues de basse cours qui pouvaient parfois courir ici et là entre certains, ni des rumeurs ou autres on dit qui persistaient quelque soit le milieu professionnel. James avait une certaine ambition, et il faisait ce qu'il fallait faire pour y venir à bout. Si l'interrogatoire de la Confrériste Esther Ophraïm avait soulevé quelques frustrations parmi des membres du secteur investigation qui auraient été plus à même que lui de mener la chose, indéniablement, les questions inquisitrices posées sur l'agent Daniel Hopes puis l'instruction de l'enquête sur l'affaire Blake, son interrogatoire et la démission expéditive de l'illustre agent commençaient à lui donner l'image du jeune salopard qui n'avait pas de scrupules à descendre ses camarades pour monter en grade. Ce qui, en soit, n'était pas totalement faux. Pas totalement vrai non plus. Il ne se positionnait que d'un seul côté, celui du contrôle et de la sécurité, et l'affaire Blake avait été comme une couleuvre à avaler. Il n'empêche que, désormais, certains l'appelaient James "MotherTucker" Tucker.
Le mutant soupira. Cette affaire était prioritaire, mais même en y passant la majeure partie de son temps, James trouvait encore ça trop long. Les résultats des tests ADN étaient absolument nécessaires pour pouvoir avancer mais, malheureusement, l'analyse détaillée du génome X n'était pas aussi aisée
James se leva, refermant le dossier contenant les informations cruciales et dématérialisa le tout. Ce n'est pas qu'il ne faisait pas confiance à ses collègues, mais on n'était jamais trop prudent, et lui même étant capable de s'introduire dans nombre de places réputées "fortes", cela faisait réfléchir. Il se dirigea d'un pas tranquille vers la machine à café, celle-là même qui servait des substances si rebutantes que Monet les avait appelées autrefois "Lazare lève-toi". Habillé simplement d'un pantalon noir et d'un T-shirt bleu avec, par dessus, une veste légère plus foncée de laquelle dépassait son holster, il allait drapé dans la plus banale des indifférences quand le vacarme d'une scène pour le moins rocambolesque parvint à ses oreilles avec la subtilité délicate d'un Jack Colter criant « BAGAAARRE ». Il aperçut alors l'énergumène responsable de toute cette agitation : une femme, rousse, sa chevelure de feu cascadant dans son dos comme une rivière de lave et habillée de la vivacité des éclairs. Il l'entendit clairement pester tandis qu'il s'approchait d'elle par derrière, alors qu'autour de lui, l'air prenait soudainement comme une fragrance plus lourde, empreint d'une tension presque tactile, alors qu'il ralentissant en même temps que son cœur partait s'emballer sur les champs de course. Comme si son âme s'était arrêtée, mais que son corps continuait de marcher par devant lui. Quelque chose, quelque chose clochait dans l'irréalité de la scène, le faisant à la fois sourire tant le contraste entre l'apparence et le parlé de la jeune femme tranchait, et saigner du cœur pour une raison qu'il ignorait totalement. Intérieurement, il se débattait, sans comprendre pourquoi. C'était comme de respirer, et de se rendre compte, qu'au-delà de l'oxygène, c'était du vide qui s'insufflait dans les poumons. Du vide, et rien d'autre que la sensation de respirer. Rien d'autre. Et encore l'infernale impression qui le faisait se sentir vulnérable et faible et insignifiant dans l'ordre du monde qui revint à la charge sans crier gare. Cette sensation contre laquelle il se révoltait toutes les nuits avec l'indignation farouche d'un égaré. Celle de se tenir au milieu d'un cercle de lumière, entouré par l'ignorance des ténèbres, et de sentir autour de soi cette zone de confiance s'amenuiser, peu à peu, inexorablement, menant jusqu'à l'asphyxie du corps et de l'esprit, avant de plonger dans les abysses infernales et d'en devenir une part intégrante. Une part intégrante du mal.
Il repoussa violemment cet assaut destructeur sous l'emprise duquel il était en train de tomber, perdant pied l'espace d'un instant dans une angoisse sans nom qui l'avait laissé totalement désarmé, mobilisant toute la volonté dont il était capable avant de fracasser brutalement son poing à deux doigts de la jeune femme contre la vitre en plexiglas de l'automate qui se fendit dans un claquement sec. Il ne tolérait pas. Il ne tolérait pas que la réalité ne fut pas sous contrôle, sous son contrôle. Encore moins dans un moment pareil et pour des raisons qu'il se savait à mille lieues de comprendre. La puissance qu'il dégagea à ce moment là dans la violence de son interjection n’eut d'égale que la brusquerie de sa réaction.
_ ...TOI ! »
Il avait presque hurlé entre ses dents le mot, lancé à la figure comme un soufflet monumental dont le fer de lance était cette lueur féroce dans les yeux, à la teinte indescriptible de ceux qui savent mais ne comprennent pas. Il ne se rendit alors compte que maintenant à quel point il venait de passer proche de l'emballement cardiaque, comme si l'on jouait du doigt avec ses ventricules, d'avant en arrière, d'avant en arrière, d'avant...
Il reprit brièvement contenance avant de faire face à l'inconnue aux yeux d'émeraude, comme une délinquante prise en flagrant délit. Mais la pression dans le cœur ne cessait pas, toujours présente, toujours pressante, derrière la façade de cette fausse réalité. Alors il sortit la première des choses qui lui vint à l'esprit, pour évacuer la tension dont il venait d'être envahit.
_ Et quand tu fais des photocopies c'est l'imprimante que tu passes par la fenêtre ?! Si tu fais ça comme tu nous fais un café, tu vas vite nous coûter notre job ma jolie. Et c'est pas avec cette paire d... »
Il prit brutalement conscience d'où il était, de ce qu'il faisait et, surtout, de ce qu'il disait. Ça lui avait échappé, comme un réflexe, avec le naturel d'un parlé familier. La mâchoire du jeune homme se crispa tandis qu'il sentit comme une chape de plomb sans précédent s’abattre sur ses épaules, menaçant presque de le faire vaciller tandis qu'il inspirait l'air comme on eu bu après un marathon. Les yeux coulèrent l'espace d'un instant dans l'éclat de porcelaine de ce visage inconnu qu'il connaissait pourtant si bien.
_ Bor... Del... »
Il se passa une main sur le visage, comme pour en chasser ses mauvais rêves. Il grommela alors dans sa barbe la suite, la dureté dans l'éclat des yeux pour mieux dissimuler le trou qui y régnait.
_ Qui c'est qui m'a foutu d'une... Buse... »
Il allait dire quelque chose, brusquement, mais ce fut comme si la connaissance l'avait traversée l'espace d'un éclair et s'en était aussi vite allée. Le dernier mot lutta dans sa bouche pour se former, comme mu par une volonté propre, hésitant jusqu'à la fin de la forme à tenir.
_ ...Pareille. » »
Caitlyn Elioth X-Men Beta
Messages : 1618 Date d'inscription : 06/04/2012 Age : 36
Sujet: Re: Dream Team Legacy ( Pv MotherTucker) Sam 29 Juin - 7:20
Institut Charles Xavier. Fin Février 2013.
Elle regardait les photos, les tournant avec lenteur l’une après l’autre avec toujours cette expression stupéfaite dépeinte sur son visage alors que Hopes contemplait habité de son flegme impeccable le parc de l’Institut avec une nostalgie évidente enserrant entre ses doigts sa tasse de café. Le silence était leur invité, un silence lourd de signification venant parapher d’une façon théâtral l’écho des révélations qui venaient d’être concédées à la faveur d’une rencontre intimiste qu’elle avait appelé de ses vœux. Toutes les vérités, certes, mais était-ce pour autant que toute vérité était bonne à être délivrée, elle se devait d’y croire puisque le puzzle de sa vie ne demandait qu’à se solidariser une bonne fois pour tous et ce puzzle passait par un nom longtemps tenu enchainé dans les méandres chaotique de son esprit : Dimitri Loyv.
Le cadeau bonus d’une résurrection, le recouvrement total de sa mémoire jusqu’à sa « conception » et quelques verrous psychiques placés par sa progéniture qui avaient de ce fait, volés en éclat. Elle se souvenait de tout, de leurs errances : deux étoiles sanglantes tombées du firmament, de leurs univers : un vaste conglomérat de sang, d’excitations et de risques, de leurs fêlures : deux âmes singulières habillées de vide qui avaient fini par se souder sous les pluies acides. Une paire de feu follet à la lueur grisée du tombeau sans avenir qui s’était éveillés à la nuit sous des astres défavorables. Seulement il ne restait que l’écho de ces batailles livrées, l’écho de cette gloire arrachée, l’écho de ses promesses livrées aux ombres et de ses semblants de chaleurs aux corps qui savaient se céder. Tout était lointain, et sans lumière : un souvenir sans vie et sans émotions. Elle le regardait donc dans cette autre vie qui n’était pas la sienne, elle regardait ces clichés volés de l’Agent James Tucker, nom ridicule ou il suffisait de changer une lettre pour faire de lui un hymne au trollage, sans doute le BAM avait-il un sens de l’humour particulièrement fin et recherché, l’Américain moyen n’en finira jamais de nous étonner. Elle passa la main dans les cheveux en un geste plein de perplexité et rabattit des longues mèches rousses qui lui cascadaient sur le visage en arrière du crâne avant de lever les yeux vers Hopes toujours absorbé en une posture contemplative.
- C’est flippant. Vous voulez dire qu’il n’a vraiment aucun souvenir de tout ce qui s’est passé avec les Maraudeurs. - Aucun…Du moins c’est ce qu’on m’a affirmé.
Hopes se tourna enfin vers elle, plantant ses iris d’un bleu délavé froid dans les siennes avant de questionner d’une voix sans émotions.
- Et tu veux dire que c’est cette…Aislinn qui a éradiqué ce que tu ressentais pour lui et que tu ne ressens aucun sentiment ? - Aucun…Du moins c’est ce que me dit mon cœur. - C’est effectivement « flippant ».
Elle s’adossa à sa chaise en lâchant un lourd soupire tout en se tassant.
- C’est effectivement mieux ainsi, non ? Elle a agi au mieux pour nous protéger tous les deux…Il a ce dont il a toujours rêvé, une femme, un vrai foyer, une vie d’action et l’impression de servir à quelque chose pour combler ce vide qui l’habitait. Il est du « bon côté » de la barrière au fond.
Hopes lui renvoya un faible sourire tout en s’approchant de la table pour saisir une photo et l’observer d’un air absent.
- Caitlyn, il faut que tu comprennes que si tu veux protéger un minimum Dimitri Loyv, il faudra que tu considères qu’il n’est jamais revenu avec toi. Il est mort. Tu n’as ici que James Tucker, un excellent Agent qui s’accroche à sa vie et sa stabilité. Tu mettrais toute son existence en péril si tu l’approchais pour lui révéler une mémoire à laquelle il ne PEUT pas croire faites de souffrances et d’ennemis TRES puissants…Je pense qu’il est inutile de te faire un dessin à ce sujet. N’est-ce pas ? Vous vous êtes reconstruits autrement tous les deux, autrement et ailleurs, c’est une autre chance qu’on ne doit pas lui gâcher.
Elle tiqua, affichant cette expression adulte qui la prenait parfois lorsque le pas du temps se faisait plus lourd et que les vérités qui y étaient égrainés n’en étaient que plus cinglantes.
- Oh, non..ce n’est en rien comparable. J’ai eu le choix de me reconstruire, j’ai eu le choix de changer les choses. Lui vous ne lui avez pas laissé, vous avez décidé de ces choses à sa place et croyez-moi…je le connais assez pour savoir que personne ne décide à sa place, vous pouvez trafiquer sa mémoire, vous n’étoufferez jamais sa nature. Votre science et vos belles théories, il va s’en torcher le fion, c’est juste qu’il n’a pas encore finit de tout évacuer aux chiottes…
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Il était là. Devant elle. Elle était là. Devant lui.
Il venait de lui cracher une interjection avec un tel fracas qu’elle resta bouche bée un instant, ne pouvant rien faire d’autre que de le contempler dans un présent en deux réalités, celle lointaine qui se déroulait dans cette pièce et celle plus percutante qui déboulait dans son esprit. Les souvenirs, son passé, leur passé. Cette étrange farandole d’un passé qui se conjuguait en une teinte : un passé composé mais dépassé, décomposés. Décomposé de sentiments à part cette inévitable nostalgie de retrouver un jouet brisé de son enfance dans un grenier poussiéreux. Décomposé d’avenir commun à part cet étrange reliquat de leurs chairs qui jouait à l’apprentie divinité.
Qu’ont-ils fait de toi ? Pourquoi t-ont-ils cloués les ailes ? Muselé la rage de vivre ? Tu étais superbe d’indépendance, superbe de puissance et ivre de cette liberté de prendre ton destin en main. Tu n’es pas un clone, je le sais bien puisque je suis issue d’un même désir, mais ca me fait horriblement mal de te voir dénaturé ainsi. Je n’étais pas préparé à cette rencontre, je crois que je n’y aurais jamais été préparé de toute façon. Je voulais garder de toi une autre image, pas m’imposer ce mensonge horrible, réduite à l’état de spectatrice muette et veule. Alors je ne dis rien.
Elle le regarda hurler, piquer une crise et s’en prendre à elle comme une simple stagiaire. Elle retint son souffle au nom de « buse » de peur de voir le voile se déchirer. Curieuse sensation d’en avoir envie tout en sachant que c’était là une très mauvaise chose. Il lui sembla avoir apparaitre le trouble derrière la tempête, elle l’espérait mais se le défendait à la fois.
Mais il nous fallait jouer les masques, c’était ainsi. Elle prit une profonde inspiration avant de relever le visage. Un visage bien trop fermé et concentré pour être naturel, elle serra es poignée de son sac pour lui faire face et se dressa face à lui dans toute sa petitesse et son aplomb.
- Wo hé ! C’est bon, on s’calme , Dinozzo! C’est un accident, ok ? Je vais réparer les dégâts en payant alors pas la peine de vous foutre en mode King Kong. A hurler comme ça, vous allez réveiller vos collègues pendant la sieste et ce n’est pas bon pour leur transit. J’suis pas une connerie de groupie adepte de vos services, j’suis une visiteuse ce qui implique que VOUS travaillez pour moi, la citoyenne de base, ok ? Emmenez-moi au service des contentieux et je vous ferai un chèque pour votre « précieux »… Vous devriez essayer les tisanes, ca calme pour les nerfs et je suis certaine que c’est exactement ce qu’il vous faut ce genre de chose, tiens !
Une fausse expression de bouderie et elle exila son regard, son rythme cardiaque s’emballant sous la pression de ce moment redouté. Cette dispute lui en rappelait tant d’autre qu’elle en devenait horriblement familière.
James Tucker Agent du BAM Alpha
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Sujet: Re: Dream Team Legacy ( Pv MotherTucker) Mer 31 Juil - 22:18
Caitlyn Elioth X-Men Beta
Messages : 1618 Date d'inscription : 06/04/2012 Age : 36
J’encaissais assez bien ses remontrances dans le fond, j’avais essuyé des tempêtes d’un autre genre d’intensité d’éclat avec lui et si le fait d’écarter les pans de sa veste pour se frapper virilement le torse en se déhanchant comme un primate faisait partie du packaging et du Son et Lumière « Touche pas à mon Donuts », tout son cirque ne m’impressionnait pas le moins du monde. Il faisait sa grosse colère d’avant son popo mais j’avais un millier de souvenirs beaucoup plus frappants avec lui en comparaison que cela soit en étreintes intimes ou en train de lui apporter une tisane suite à une méga gastro le clouant littéralement sur ses chiottes. Alors de le voir faire The Artist dans son numéro de claquettes impeccable, autant dire que ça ne me faisait même pas suer une goute en comparaison à l’idée d’un entrainement viril entre confreristes avec le Con, la Pute et le pauvre gland.
Je ne m’étais jamais dégonflé devant lui, jamais et de le voir faire son scandale amena sur mes lèvres un sourire entendu et un regard vaguement nostalgique. Il me faisait grâce des menottes ? Ah oui ? Le plus inquiétant étant qu’il se refusait à me laisser partir et cela me mettait évidemment dans une situation ou Hopes lui-même se serrait tiré les cheveux. Je dansais au-dessus du volcan, je m’en fichais Dimitri Loyv vaut bien une danse et croyez-moi, je danse admirablement bien, un de mes talents cachés que vous n’êtes pas prêt de voir. J’affichais un sourire mutin tout en le fixant droit dans les yeux du haut de ma petite taille face à lui puis je lui emboitais pas en le houspillant.
- Les menottes ? Carrément ? Et après fouille au corps et je tâte de la grosse matraque parce que j’ai fait une « grosse bêtise »? Bordel, vous ne perdez pas de temps vous…Les assistantes et secrétaires sont déjà toutes enceintes ? C’est un ACCIDENT ! Qu’est-ce que vous ne comprenez pas dans le mot ? ACCIDENT ! C’est personnel c’est ça ? C’était votre ami intime la machine ? Me dites pas que vous aviez une sorte de déviance sexuelle malsaine avec elle ? Déjà que votre imbécile de collège ne sait pas tenir un rendez-vous sur un agenda, je me tape le frustré autoritariste de service en prime…C’est bien ma veine.
IL m’installa dans une sorte de salle de conférence où pour manifester mon mécontentement, je m’emparai de la chaise et la claqua sur le sol d’un geste rageur avant d’y poser mon royal fessier outré. Je croisais les bras dans une attitude ouvertement boudeuse et un refus manifeste de toute discussion.
- _ Asseyez vous je vous prie. Cela ne devrait pas durer longtemps.
J’émis un bref rire sarcastique en levant les yeux au ciel.
- Ah ben ça, c’est sûr que vu la gueule des préliminaires, je prie pour que vous soyez du genre engueuleur précoce, évitez de tacher mes vêtements par vos projections, ils sortent du pressing.
Il se présenta ce qui une fois de plus me fit prendre une sacrée claque quant à l’absurdité d’une telle situation. Me faisant glisser le formulaire, je me contentais de le regarder d’un œil morne avant de le regarder s’ouvrir une canette avec un air perplexe. Je restais interdite une petite minute avant d’afficher un léger sourire ironique.
- Non.
Un autre silence.
- Ah la la…Tucky, Tucky…Tucky…Je crois que nous avons un léger problème de communication. Laissez-moi, sans froisser votre encombrant ego, clarifier cette situation. J’utiliserai des mots simples, ne paniquez pas. Ceci constitue une violation du code pénal, du cinquième et sixième amendement de la constitution et de l’arrêt Miranda du 13 Juin 1966 validé par la Cour Suprême des états unis. En entravant ma liberté physique, vous me placez de ce fait dans un état d’arrestation et le fait que vous me fassiez remplir ce formulaire, à savoir le F2345 du District de New York concernant des délits de classe E à savoir mineurs vis-à-vis des lois des Etats ne peut se faire que par le précieux « Vous avez le droit de garder le silence. Dans le cas contraire, tout ce que vous direz pourra [être] et sera utilisé contre vous devant un tribunal. Vous avez le droit de consulter un avocat et d’avoir un avocat présent lors de l’interrogatoire. Si vous n’en avez pas les moyens, un avocat vous sera désigné d’office, et il ne vous en coûtera rien. Durant chaque interrogatoire, vous pourrez décider à n’importe quel moment d’exercer ces droits, de ne répondre à aucune question ou de ne faire aucune déposition. » Vous me voyez donc contraint de refuser votre proposition. Vous êtes un représentant de la loi, Mister Teuh-keur et certaine pas au-dessus d’elles, mutante et juriste : ce n’est pas de chance vraiment. Vous voilà déjà dans un vice de procédure mais ce n’est pas tout .
D’un geste de la main, j'avançai la feuille vers lui lentement.
- Vous vous êtes ouvertement servi dans le distributeur à boissons et cela sans monnayer votre acte, ce qui équivaut à une infraction de classe D : vol à l’étalage et je serai volontiers témoin à charge si il le faut. Donc... Commencez déjà par remplir ce formulaire sans tout faire péter en hurlant s'il vous plaît, on verra pour la suite après…
Évidemment vous pouvez invoquer Miranda à votre tour. Libre à vous.
Elle laissa passer un instant avant de poser son coude et d’appuyer son menton sur la paume de sa main.
- James Tucker, je vous connais assez pour savoir que vous êtes plus têtu qu’un troupeau de Mulet, l’Agent Hopes me l’a dit. Ce petit jeu va vite nous emmener dans les pires extrémités alors je vais y couper court. Mais veillez à ne pas me prendre pour une cruche, vous seriez un peu plus aimable, c’était un accident : rien de plus. Je suis une des membres de l’Institut Charles Xavier, je devais rencontrer votre collège Jack Danko Colter, le type en charge des relations du programme de réhabilitation de l‘Institut mais il m’a posé un lapin. Je suis Caitlyn Elioth, Assistante Sociale de l’établissement. Je vous livre de « plein gré » mon identité. Vous pouvez la vérifier sur mon badge et sur votre base de données.
Nous ne devrions pas être autour de cette table, Monsieur Tucker, ni vous, ni moi…Nous avons des chats bien plus gros à fouetter et ceux-là n’aiment pas jouer : croyez moi. Dites-moi à qui j’adresse ce chèque, et on en reste là, voulez-vous ?
James Tucker Agent du BAM Alpha
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Sujet: Re: Dream Team Legacy ( Pv MotherTucker) Jeu 8 Aoû - 1:03
_ Et si je refuse ? »
~ Les mots semblèrent comme suspendus dans l'espace qui les entourait, résonnant de cet écho si particulier qu'ont ces phrases qui nous marquent à vie de par leur pertinence ou leur dureté. Un silence irréel s’appesantit alors sur eux, ne laissant plus subsister derrière lui que le froissement velouté du Chant qui résonnait doucement par-delà les limites de sa conscience. Tout autour d'eux, l'atmosphère avait semblé soudainement s'épaissir à mesure qu'il avait prononcé les mots, s'aiguiser en une pointe acérée comme si chaque parcelle des Contrées du Rêves avait subitement retenu son souffle et porté son attention en ce lieu. Ou plutôt, sur elle. Aislinn venait de devenir le point critique de cette dimension si particulière dans laquelle ils étaient, et qui n'était autre que Dimitry lui-même. Son existence entière n'était actuellement plus qu'un effort de tension unique, tendue vers le point d'orgue qu'était sa fille, seule parcelle étrangère qui résidait en lui, et dont pourtant il recelait en son sein le fragment unique de son essence qu'elle lui avait confié, à lui, son protecteur et père.
Elle le regarde, une expression égale sur le visage. L'espace d'un instant, elle ne semble même pas saisir que c'est à elle qu'il s'adresse, et l'absence dans ses yeux ponctue d'un frisson d'effroi l'échine de Dimitry tandis qu'il entraperçoit une fraction de seconde durant le vide de l'infini dans ses pupilles. Quelque part, il le voit, elle est troublée. Comme si la réponse qu'il lui servait n'avait de sens que dans la mesure d'un esprit illogique. Elle papillonne des yeux, fronce les sourcils, légèrement, et à voix haute s'interroge, l'allure perdue d'un enfant sur le visage.
_ Refuser ? »
Il avait là sous les yeux, à à peine quelques centimètres de lui, les conséquences d'un détachement qui prenait une ampleur bien trop énorme à son sens. Il ne savait, exactement, ce qu'était devenue Aislinn, mais une chose était certaine, c'est qu'elle s'éloignait de ce que l'on pouvait qualifier d'humain avec la régularité d'un métronome et l’inexorabilité d'un papillon attiré par la flamme. Elle aussi était brisée, au final, en train de se perdre dans l'amas des possibilités infinies et de toutes ces ficelles qu'elle tirait, coupait, recréait et liait, en oubliant jusqu'aux motivations qui l'avaient poussée ici.
_ Mais cela n'aurait pas de sens. »
Il l'observe, sévèrement, tandis que gronde en lui les échos d'une révolte farouche alors qu'il affiche toujours pourtant l'expression froide du marbre blanc.
_ De sens ? De sens ? »
Le geste est vif et rapide, imprévisible, et sa tête part sur le côté tandis que suit dans le même mouvement l'oriflamme de lumière rouge qu'est sa chevelure. Le fracas de la gifle formidable résonne avec force dans cet espace hors du monde, en un coup de tonnerre dont le rugissement fit trembler, l'espace d'un instant, les fondations même de sa psyché toute entière. Comme si ce n'était pas juste sa main qui l'avait atteint, mais chaque parcelle de lui-même à la fois en un seul et unique choc venant résonner à travers toutes les réalités de sa fille. En cet instant, il avait son attention. Son attention à elle et à toutes les autres.
_ Comment oses-tu seulement parler de sens après ce que tu as osé faire ?! »
La main sur la joue rougie, la bouche à demi ouverte, elle semble comme une carpe s'asphyxiant hors de l'eau, tandis qu'une incrédulité mêlée d'incompréhension se peint sur son visage. Elle porte son regard à nouveau sur lui, et semble désormais le voir d'un œil nouveau, comme la gamine effrayée et vulnérable qu'elle était devant son père.
_ Qui es-tu, pour prétendre me dicter mes propres chemins ? »
La situation lui échappe, il le voit dans ses yeux. Déjà, elle envisage d'autres moyens pour contourner cette difficulté et parvenir à ses fins.
_ Je suis... »
Elle hésite, comme si elle-même ne savait exactement quoi répondre.
_ Tu es ma fille. Et jusqu'à preuve du contraire, je suis ton père, et je ne te permets pas de faire ce que tu fais. »
Dans ses yeux il lit une protestation silencieuse, celle qui la faisait le voir comme s'il n'avait été qu'un enfant demandant avec tout l'innocence du monde comment quelqu'un avait réussit un jour à peindre le ciel en bleu. A ses yeux, il ne comprend pas, alors qu'elle essaie de lui montrer le bien fondé de ses actions. Elle s'emporte alors, son assurance envolée.
_ Tu ne comprends pas, papa. Je fais ça par amour. Mon amour pour vous. Je vous offre ce bonheur que vous avez toujours espéré, mais que d'autres tentaient de vous prendre. Ce n'est pas autre chose, seulement des voies différentes. Des voies où vous pourriez être apaisés. Ne me crois pas exempte de remords ni de douleur ! Je sais mieux que quiconque ce qu'il en a coûté, et à jamais j'aurai votre sang sur mes mains ! »
Un silence, pesant. D'où lui vient cette obstination ? D'où lui vient cette déshumanisation ? A la première question il peut répondre aisément, au vu des caractères forts de ses parents, mais à la seconde, que peut-il faire ? Il réfléchit. Il pèse ses mots.
_ Je ne me suis jamais fait plaindre, Aislinn. Je n'ai jamais perdu de temps en auto-apitoiement ou considérations misérables de ce genre. Je n'ai jamais demandé à ce qu'on se penche sur mon cas et que, épris d'un élan de compassion, on vienne me tendre la main. Je suis ce que je suis, et mes blessures me définissent autant que le reste. Je me torche de la pitié des autres ou de leur soit disant bienveillance. Si j'avais du attendre de compter sur les autres pour survivre dans ce monde, voilà bien longtemps que je l'aurais quitté. Ton bonheur ne vaut rien s'il est artificiel, et je déplore que tu sois devenue si éloignée des sentiments humains pour le comprendre. Regarde, Aislinn, et ouvres les yeux. Est-ce que c'est mieux ainsi qu'avant ? Tu nous as arraché des morceaux avec l'espoir d'une vie meilleure, mais tu n'as fais que nous dénaturer. Nos choix, nos envies, nos vies, ne sont plus qu'un simulacre, parce que tu en as décidé ainsi. Je ne veux pas de cette façade, et je n'y entrerai pas. »
Elle sait. Elle sait au fond d'elle qu'il ne changera pas d'avis. Autant sa mère était têtue comme une mule et le faisait savoir avec moult cris et fracas, autant son père était pareil, même si lui, c'était les silences qu'il fallait redouter. Alors, elle se demande. Dit-il vrai ? Elle a créé un environnement propice à leur développement, pourquoi le refuse-t-il ? Elle relève les yeux, un air triste y passant, celui-là même de ceux qui considèrent un gâchis.
_ Quand bien même ta volonté, que pourrais-tu faire, si je t'en empêchais ? »
Il l'observe, intensément. S'il a peur ? Peut-être, il ne sait pas vraiment. La réponse est claire, et ils la connaissent tous deux déjà.
_ Rien. »
Elle ne répond pas. Pas tout de suite en tout cas. Un long silence s'écoule, alors qu'elle agite les rouages qui lui servent de méninges.
_ Je vois... C'est la liberté du choix, même si celui-ci conduit à ta fin. C'est ça ? »
_ En effet. »
Elle soupire, fait quelque pas dans le silence feutré du lieu, comme avec la nostalgie des jours passés.
_ Ça toujours été ton plus gros problème. Comme maman, d'ailleurs. Cette espèce d'indomptabilité infernale qui vous étreint. Jamais vous n'avez été capables de simplement vous taire et rentrer dans le rang, ne serait-ce qu'une seule fois. Je comprends mieux ce que disait maman, maintenant, quand elle me racontait ma naissance en Irlande : « Au début, c'était méga cool et tout. Ton père, on aurait dit Justin Bridou avec son béret et son pull en mouton. Et moi j'étais enfin chez moi, avec ces landes où le ciel et la terre sont si proches qu'il suffirait d'écarter les bras pour joindre les deux. On était au calme, enfin. Mais, bon, je me connaissais, et je connaissais Dim. Au final, on a finit par se faire chier comme cette connasse de Marie Ingalls dans sa prairie. ». »
Il la regarde, mais il ne sourit pas. Mal à l'aise, elle cesse son imitation et enchaine d'une voix plus petite.
_ Hm, euh... Pardon. »
Détournant les yeux, elle se frotte la joue comme si elle se remémorait la chaleur de la brûlure. Elle soupire, et dans ses yeux il semble apercevoir la lueur humide d'un possible remord.
_ Est-ce que j'ai fais une bêtise, papa ? »
Le murmure est proféré comme une douleur, mais il ne cille pas.
_ Peut-être. »
De toutes les réponses, c'est à la fois la plus significative et la moins évidente. Au fond, cela veut dire oui, il le sait, elle aussi. Mais il attend qu'elle continue. Elle le regarde de nouveau, et sur ses traits il lit la lassitude d'une vie trop compliquée pour ses frêles épaules. Enfin, il semble s'animer, se rapprochant d'elle avec douceur sans avoir besoin de parler pour lui faire comprendre ce qu'il ressent. Il écarte les bras, elle s'y blottit comme s'il en avait toujours été ainsi et il l'enlace alors en un geste paternel et protecteur.
_ Je ne veux pas d'une vie normale, parce que je vous aime comme vous êtes. Toutes les deux. Et c'est ça qui compte. »
Il se rend compte, alors, comme il est difficile, sans les remparts de la douleur dans le cœur, de résister à ces élans d'émotion qui l'assaillent en son sein. Il se sent lourd, et ça lui pèse, mais il devine aussi qu'il tient là quelque chose de précieux. Quelque chose qui subsistera en sa fille tant qu'il la protègera. Alors elle lui demande, dans un souffle, la voix chargée de la lucidité aigüe et humide de ses actes.
_ Et maintenant, qu'est-ce que je dois faire ? »
***********
Un sketch, voilà à quoi ressemblait cette scène. Ils auraient voulu la surjouer qu'ils n'auraient pas été très loin de la vérité. Le flic qui se la jouait badass alors qu'il était plein de vices de procédures face à lady jolie et cette dernière qui connaissait par cœur il ne savait quel code qu'il était supposé connaître également - si ce n'était comme un agent de l'administration, au moins dans les formes pour les procédures les plus courantes. Comme celle-ci, par exemple. Posée là sur sa chaise avec cet air contrarié qui ne faisait que la rendre plus diablesse encore, elle lui faisait la longue liste des points sur lesquels elle pouvait lui retourner le pavé des lois dans le derrière après lui avoir fait plus d'une insinuation à caractère explicite. Ça, pour sûr, elle avait un langage plus que fleuri pour un balcon de cette taille, et de la voir ainsi tout déménager comme une tornade sur son passage, ça mettait en quelque sorte un peu d'animation dans cette journée pour le moins ennuyante de paperasses et de rapports stupides qu'il fallait remettre au plus vite. Oui, l'agent aimait faire les choses à sa manière, souvent peu orthodoxe, et à envoyer chier ceux qui voulaient lui casser les pieds pour un oui ou pour un non. Comme avait dit un grand penseur philosophique de notre temps "Moi, je mets les pieds où je veux, et c'est souvent dans la gueule".
Il la laissa finir sa tirade puis prit quelques secondes pour l'observer tranquillement. Elle était pleine d'assurance et de la certitude d'avoir la situation en main et de maîtriser les choses. Elle n'imaginait même pas à quel point, pourtant, elle se trompait. Et puis, le verdict tomba. Posant les coudes sur la table, s'avançant un peu en avant dans le même mouvement, il croisa les doigts dans un effet de style parfaitement maîtrisé avant de l'énoncer.
_ Vous parlez trop, miss Elioth. »
Simple constatation, s'il eut été besoin de la faire, après cette longue démonstration. Son regard aiguisé s'en vint alors se planter dans celui de la rousse. Il décroisa les mains et les tourna vers le plafond, pour ajouter le geste à la parole.
_ Mais avec quelle éloquence ! Je félicite la vivacité de l'esprit qui vous permet d'ordonner tant de chose en si peu de temps et avec une telle clarté. Il va me falloir faire attention à ce que je fais et dis, je vois. »
La pique, si elle était déguisée, n'était pas facile à saisir, mais ça, il l'avait fait exprès. Assis en face d'elle, il changea de sujet, sur un ton un peu plus bas, d'une remarque pas forcément du meilleur goût, mais qui s'avérait nécessaire.
_ Néanmoins, et tout à fait entre nous, vous ne devriez pas vous fier aux dires de l'agent Hopes, mademoiselle, car en plus d'être une espèce de parasite ventripotent aimant malmener les stagiaires et autres secrétaires - pour de vrai, cette fois-ci - il se trouve qu'il ne lui est plus accordé beaucoup de crédit dans le coin depuis qu'il a été découvert sa trahison avec une terroriste de la Confrérie. »
Une pause, très légère, mais comme s'il se rendait compte de l'aberration de ses propres propos. Néanmoins, il restait on ne peut plus sérieux.
_ Enfin, depuis qu'il nous a quitté, devrais-je dire. Mais je serai vous, je me méfierai de ce qu'il « vous a dit » à mon sujet. Sait-on jamais. »
Et puis, comme si ce n'était pas le sujet, il reprit, tout aussi sérieux et coincé dans ce rôle d'agent des force de l'ordre qui lui seyait à ravir en même temps qu'il lui était ridicule.
_ Mais ce n'est pas là le sujet. Et je ne voudrais pas vous donner l'image négative de quelqu'un qui aime à remuer les spectres de cadavres disparus, ce serait malvenu. Laissons les morts là où ils sont et concentrons nous plutôt sur ce qui nous intéresse, miss Elioth. Je n'ai pas pour but de vous faire perdre votre temps, j'imagine qu'il est tout aussi précieux que le mien et, comme vous dites, nous avons des chats ô combien plus gros à fouetter. Cela dit, si vous êtes vraiment juriste, vous n'ignorez pas la loi, notamment notre règlement intérieur qui proscrit aux visiteurs l'utilisation de capacités d'origine mutante sans autorisation, tout comme votre cher cinquième amendement fait une exception : en cas de danger public. Or, sans vouloir vous offenser, mademoiselle, il semblerait qu'une décharge électrique de la puissance dont vous avez fait preuve entre dans cette catégorie. »
Une pause, il penche légèrement la tête sur le côté au moment où il s'apprête à finir, comme s'il cherchait quelque chose qui lui échappait et que, soudainement, il venait de le retrouver. Un demi sourire que d'aucun auraient pu qualifier de presque malsain s'afficha sur ses lèvres, bien que la rousse en face de lui n'aurait aucun mal à reconnaître cette expression si particulière qu'il avait de dire les choses.
_ Oh, à moins que vous ne l'ayez fait exprès ? Passent encore vos mauvais jeux de mots à caractère sexuel, mais je crains que vous ne vous mettiez le doigt dans l’œil jusqu'à un niveau plus qu'indécent, si vous croyez que nous sommes de ce genre... »
Il fit un mouvement de tête vers le formulaire qui était toujours entre eux deux.
_ Il ne suffit pas d'un chèque pour s'en sortir, mademoiselle. Les tentatives de corruption sont également punies par la loi. »
Un silence, suffisamment long pour laisser son esprit imprégner la situation dans laquelle elle venait de se mettre, mais juste assez court pour qu'il enchaîne sans qu'elle n'ait le temps de répliquer. Et dieu seul savait qu'il fallait enchaîner vite. Dans le même temps, il recula son buste vers l'arrière, venant s'appuyer sur le dossier de sa chaise avec toute la gravité du monde.
_ J'espère que vous avez conscience de la situation, Caitlyn Emilie Elioth. » »
Caitlyn Elioth X-Men Beta
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Sujet: Re: Dream Team Legacy ( Pv MotherTucker) Jeu 8 Aoû - 7:51
Les choses ne changent pas, les êtres si.
Cette façon dont il m’observait n’augurait qu’une seule chose : du Dimitri Lovy ni plus ni moins, mais une sorte d’ombre décharnée et douloureuse. Car il avait horreur de s’avouer vaincu ou même ne serait-ce que mit en difficulté, il reviendrait et chargerait, incapable de fermer sa gueule lorsqu’il fallait la garder close et de l’ouvrir lorsqu’il l’aurait dû. Il m’avait fallu tellement de temps pour briser cette carapace de fausse assurance flirtant bien souvent avec l’arrogance, tellement d’attaques et de tests pour en définir la limite. Il était et restait un tigre et montrait toujours les crocs mais un tigre sapé en costard cravate et tournant dans sa cage n’appelait qu’une sorte de sentiment : la pitié. Mon Dieu, ma fille qu’est-ce que tu avais laissé faire ? Il avait été émasculé et jeté derrière un bureau depuis lequel il se battait fort le poitrail pour tenter les mânes de sa virilité envolée sous la douleur bien connu du syndrome du membre fantôme. La pitié est un sentiment des plus complexe, il ne force pas forcément à l’empathie et bien malin serait celui qui en donnerait la couleur positive ou négative. Ce silence long comme une inter saison de série ne présageait que la contre-attaque stérile et destructrice de celui qui veut jouer avec des cartes qu’il n’a pas en main, qui veut donner les leçons alors qu’il a tout apprit.
Pensait-il que j’étais de celles qui plieraient ? Qui courberait devant le toque en laiton de ce Tucker idiot et borné ? Sans doute oui, parce qu’il ne voyait de moi qu’une idiote montant sur ses grands chevaux et bien ignorante qu’elle n’était qu’un simple moucheron piégé dans sa toile complexe et superbe d’efficacité. Il n’avait pas changé mais au contraire régressé, il s’était caricaturé et ne provoquait par son pathétique blabla de bureaucrate servile et domestiqué qu’un léger dégout et une grande tristesse. Je maudissais Aislinn pour ce qu’elle venait de lui faire, dénaturé son géniteur et le placer là où il n’aurait pas dû stagner.
Seulement voilà, si lui avait reculé moi j’étais à présent bien plus loin sur un chemin différent, un chemin m’interdisant clairement de le laisser un être comme Dimitri s’échapper et errer dans les rues parce que sans cause, il était un danger pour les autres au-delà d’être un danger pour lui-même : cela n’empêchait pas de se poser la question principale , avions-nous encore un avenir, qu’importe sa forme ? Avais-je le droit de l’espérer avec l’arrogant et inutile James Tucker , la suite me prouva que non.
_ Vous parlez trop, miss Elioth. »
Ce n’était pas nouveau, tu me l’avais bien souvent reproché, disons que j’avais pris l’habitude de parler pour deux puisque tu étais si avare de tes mots. Mais là où 50 % de ce que je disais était bavardage superflu, les 50 % autre était pertinent au point que tu aurais dû t’en souvenir, mais tu ne le faisais pas. A quoi servait-il que je parle trop si de toute façon, tu prenais un malin plaisir à ne pas m’écouter ? J’aurais pu te le balancer, tiens…Pour briser ta belle démonstration que contrairement à toi, si je parlais trop, toi tu n’écoutais pas assez. Mais nous n’avions plus cette forme de sincérité, Aislinn avait tracé des voies divergentes envers et contre nous.
« Mais avec quelle éloquence ! Je félicite la vivacité de l'esprit qui vous permet d'ordonner tant de chose en si peu de temps et avec une telle clarté. Il va me falloir faire attention à ce que je fais et dis, je vois »
Il prenait ouvertement pour une conne, peut-être une attaque dirigée vers Xavier et l’esprit Institut tant décrié, je savais que certain le voyait comme une sorte de gourou mystique d’une secte de dégénérés mutants à la pensée unique, ou peut être suggérait-il qu’il fut au courant de mes problèmes de formalisation de pensées qui me valait le sobriquet de « Fuzzy ». Quoiqu’il en soit, c’était une attaque à laquelle il fallait se garder de répondre de peur d’en dévoiler trop ou de nous entrainer sur un terrain glissant et dangereux. Je me contentais donc de l’observer faire son numéro avec une expression fermée et sévère.
« _ Néanmoins, et tout à fait entre nous, vous ne devriez pas vous fier aux dires de l'agent Hopes, mademoiselle, car en plus d'être une espèce de parasite ventripotent aimant malmener les stagiaires et autres secrétaires - pour de vrai, cette fois-ci - il se trouve qu'il ne lui est plus accordé beaucoup de crédit dans le coin depuis qu'il a été découvert sa trahison avec une terroriste de la Confrérie. »
Blessant, il attaquait Hopes mais une fois de plus, ce n’était pas moi qu’il attaquait mais bien au-delà. Daniel était un ami et un confident et ce qui se disait-là était injuste, je ne laisserais pas passer une telle chose.
- Certains êtres sont plus prompts à salir la mémoire d’un mort que d’affronter le répondant d’un vivant. C’est dans la nature humaine, dirons-nous. Vous n’ignorez pas, puisque vous savez tant de choses, que l’Agent Hopes n’a jamais été démis de ses fonctions et même promu à l’étranger où il est mort dans des circonstances tragique, mais peut-être y’a-t-il eu un jugement posthume qui m’échappe en ce cas je suis heureuse de voir que ses propres collègues sont plus rapides à le juger dans la tombe qu’à élucider les causes de son meurtre : impressionnant. Quant aux mœurs de l’Agent Hopes, chacun devrait balayer devant sa porte avant d’accuser, Daniel était un homme de valeur qui a fait beaucoup pour la cause mutante et son corps repose à l’Institut comme celui d’un « juste »…un homme qui porte plus de crédit à ses histoires de fesses plutôt qu’à ses actions devraient apprendre l’humilité et se demander ce que LUI à fait de sa vie… Je n’ai pas besoin de me fier à ses dires vous concernant parce que jamais nous n’avons parlé d’un quelconque obscur gratte papier du nom de Tucker…mais ce que j’observe de vous suffit amplement à me forger une opinion, rassurez-vous.
J’étais restée assez calme, me contentant de m’expliquer sur un ton neutre et replongeant immédiatement dans mon mutisme une fois mon explication terminée.
« si vous êtes vraiment juriste, vous n'ignorez pas la loi, notamment notre règlement intérieur qui proscrit aux visiteurs l'utilisation de capacités d'origine mutante sans autorisation, tout comme votre cher cinquième amendement fait une exception : en cas de danger public. Or, sans vouloir vous offenser, mademoiselle, il semblerait qu'une décharge électrique de la puissance dont vous avez fait preuve entre dans cette catégorie »
Un sourire sur les lèvres, vaguement amusé.
- Règlement intérieur qui ne prévaut ni les Lois Fédérales, ni la Comon Laws et la jurisprudence. Nous pouvons aller au procès si ça vous amuse, j’ai déjà en tête 6 jurisprudences s’étalant de 2007 à 2013 dans 5 états différents pour vous exploser lors de l’audience préalable. Ow, J’ai oublié de préciser…je suis conseillère juridique en Droit Mutant à l’Institut entre autre et avoir une mémoire absolue me permet de stocker toutes les jurisprudences de chaque instance, vous jouez AVEC la loi personnifiée, Agent Tucker…je peux passer les quatre heures à vous réciter le code pénal si ça vous chante. Et je commence à avoir l’impression que vous faites de cet incident, une affaire personnelle. Continuez ainsi et la plainte pour harcèlement va vous tomber dessus.
Je fis une pause, me renfonçant dans mon siège.
« Oh, à moins que vous ne l'ayez fait exprès ? Passent encore vos mauvais jeux de mots à caractère sexuel, mais je crains que vous ne vous mettiez le doigt dans l’œil jusqu'à un niveau plus qu'indécent, si vous croyez que nous sommes de ce genre... »
- Présomption de culpabilité…de mieux en mieux…Juge, juré et bourreau ? Vous n’êtes clairement pas dans votre rôle Agent Tucker…On aurait dû vous lire Miranda.
Mon regard blasé se perdit ailleurs, tout cela commençait à m’agacer.
« Il ne suffit pas d'un chèque pour s'en sortir, mademoiselle. Les tentatives de corruption sont également punies par la loi. »
- Ben voyons…Ajoutons diffamation en ce cas
« _ J'espère que vous avez conscience de la situation, Caitlyn Emilie Elioth. »
Erf…Mon regard se tourna immédiatement vers lui en une sorte de colère froide et mon ton se fit explosif immédiatement.
- Ah non Hein !! Ne m’appelle pas Emilie ! Tu sais que je déteste qu’on m’appelle comme ça ! Combien de fois il va falloir que j’te l’répète, Russe dégénéré !!!
Mes yeux s’écarquillèrent alors que je me rendais compte de mon erreur et que je réalisais qu’il en savait bien plus que ce qu’il me laissait le supposer. Je semblais perdu durant un instant et je pris une profonde inspiration. Avant de me lever avec vivacité.
- Cette comédie a assez duré, j’y mets un terme. A votre tour d’assumer les conséquences, je m’en vais OU vous me placez en détention avec les répercutions que ça aura, en ce cas je demande un coup de téléphone, mon avocat et je conserverais le silence conformément à mes droits. Mais en ce qui me concerne, cette discussion s’arrête là.
James Tucker Agent du BAM Alpha
Messages : 470 Date d'inscription : 29/03/2012 Age : 33
Sujet: Re: Dream Team Legacy ( Pv MotherTucker) Jeu 8 Aoû - 20:58
_ Et maintenant, qu'est-ce que je dois faire ? »
~ La question fut lancée à demi-mot, dans cet instant d'intimité fragile qui n'appartenait qu'à eux. Pour la première fois depuis longtemps, Dimitry avait l'impression d'être chez lui, avec les gens qui lui étaient chers, même s'il manquait en cet instant Caitlyn et son phrasé scandaleux. Être père avait changé beaucoup de choses dans sa vision du monde et dans les raisons qu'il avait de continuer à vivre et à se battre, et s'il y avait bien une chose que les deux rousses lui avaient apportée au cours de leurs errances, de leurs joies et de leurs combats, c'était bien cette lumière dans la chaleur du cœur, et ce réconfort qu'il irradiait désormais, même étouffé sous les tentatives de meurtre de sa mémoire et de son identité. Il était passé d'une course effrénée pour la mort à une course effrénée pour la vie. Elles avaient allumé quelque chose qui n'était plus possible à éteindre, parce qu'il ne le permettrait pas, et qu'il emporterait avec lui dans la tombe. Elles lui avaient allumé un espoir.
Il ne répondit pas tout de suite, prolongeant encore un peu ce genre de moments qu'il ne dispensait que trop rarement, s'emplissant de la douceur du contact de sa peau et de la fragrance d'épices et d'orange de sa chevelure enfouie dans son giron. Ici, il n'avait pas à faire semblant. Ici, il n'y avait personne d'autre que lui et elle, cette enfant qu'il ne connaissait que trop bien et dont, pourtant, il avait encore tant à découvrir. Ici, c'était le sanctuaire dans lequel ils pouvaient se rencontrer, sans la crainte du monde extérieur et avec la certitude de retrouver ce Chant apaisant qui transparaissait en bordure de sa conscience. Il se rendait bien compte, là, à quel point Aislinn lui paraissait fragile et seule, et, pour connaître ce sentiment, il savait que peu importait de quelle hauteur elle s'était élevée dans son ascension et quel pouvoir formidable elle avait acquis, une part d'elle serait toujours sa fille qui aurait besoin de ces moments de soutien. Il comprit alors en cet instant, ce qu'avait signifié Aislinn, un an et demi plus tôt, lorsqu'elle avait fait de lui le gardien de son âme. Il brisa finalement le silence, mais pas le lien qui les unissait.
_ Quand ta mère m'a annoncé ta venue... »
Il vit dans son esprit les souvenirs qui se ravivèrent. Le noir absolu, le désespoir, et cette espèce de laisser aller qui les avait doucement étreint, avant que de nouveau la lumière ne survienne, inattendue.
_ ...Nous étions morts. »
Il la sentit retenir son souffle, imperceptiblement, se demandant où il voulait en venir avec une telle introduction.
_ Nous baignions dans les ténèbres, tels les monstres aveugles que nous étions devenus, et même encore aujourd'hui, je me souviens du souffle de la vie qui me quittait et de Son visage, impassible et froid et beau. Ce n'étaient peut-être que des hallucinations, mais c'est ce dont je me souviens. »
Une pointe de nostalgie et d'amertume dans la voix. C'était le temps de la liberté, le temps des folies, où ils étaient pareils à deux étoiles filant dans le ciel en se consumant pour y laisser une trace formidable et éphémère. C'était le temps où les ennemis avaient un nom et un visage, où la menace était la mort et la douleur, et où il ne fallait pas se battre contre soit même ou afficher les façades d'une normalité attendue. Ils emmerdaient le monde entier et défaisaient les convenances. Ils avaient une étoffe, une carrure, un poids dans l'existence. Ils savaient ce qu'ils voulaient réellement. Mais plus maintenant. Aislinn ne dit rien, se contentant d'écouter. D'habitude, il ne parle jamais de ce passé là. Mais ce n'est plus vraiment d'habitude, alors elle reste attentive à ce qu'il dit, et elle attend le point où il veut en venir, le cœur battant.
_ C'est toi qui nous a sauvés. »
Elle s'interroge, se redresse, le regarde. Elle ne se souvient pas être intervenue, ce jour là. Le cérulé de ses yeux brille dans l'obscurité crépusculaire comme deux joyaux dans la nuit.
_ Ton existence a jailli des ténèbres comme une lumière inattendue, douce et chaude. Nous étions morts, mais c'était une perspective d'avenir. Une perspective heureuse. Alors nous avons laissé derrière nous ce que nous étions, enterré sous terre, nous avons entrepris de nous sortir de là, et nous sommes nés de nouveau. Oui, une renaissance. Car nous avions, alors, un nouveau motif pour vivre. Et ce motif, ce n'était pas le bonheur, c'était toi. »
Elle le regarde, dans les yeux, ces yeux dont elle tient la teinte et qui expriment en ce moment l'inquiétude soucieuse d'un père pour sa fille, avant même tout le reste. Mais il semble passer sur son visage comme un trouble, tandis que ses pupilles vont et viennent sur lui. Ne lui répond plus que le silence, comme si tout était terminé.
_ Je... Je ne comprends pas. »
Il se détache d'elle, doucement, ayant dans le cœur le regret profond de ne pas pouvoir être là pour la voir grandir, s'épanouir, et vivre comme il en aurait dû être, plutôt que d'être là à la voir seule, perdu dans l'immensité d'un Chant qu'elle-même ne comprend pas tout à fait et qui la dépasse, victime de déboires dont ils sont en parti la cause. L'espace d'un instant, il a envie de lui dire qu'il ne tient qu'à elle et lui de tout plaquer. De partir, loin, de changer de continent et de redémarrer une vie nouvelle dans l'ignorance la plus totale des autres. Comme il fit autrefois avec Caitlyn, pour s'exiler sur sa terre natale.
_ Qu'est-ce qui compte, Aislinn ? L'objectif, ou le chemin ? »
Elle baisse les yeux, pensive. Elle se remémore le chemin qu'elle-même a choisit d'emprunter pour en arriver jusque là, mais surtout la manière dont elle a bouleversé le chemin des autres, pour les orienter dans une direction qu'ils n'ont pas forcément choisi.
_ Je ne vais pas te dire ce que tu dois faire, parce que ce n'est pas mon rôle. Je peux te conseiller, mais pas te gouverner, ce sont tes choix et ta responsabilité. Tu m'as dis une fois que tu étais là pour observer, et tu m'as demandé de considérer l'alternative que tu placerai sur mon chemin. Le fait est qu'il n'y a plus de chemin, Aislinn, et par conséquent plus de choix ni de considération. »
Il n'a plus rien à dire, tout est là. Il n'attend plus qu'Ailsinn fasse la part des choses en son âme et conscience. Il fait quelques pas, et se positionne devant le rift qui marque la séparation de son âme en deux, d'où jaillit ce Voile noir et brumeux pratiquement impénétrable. Il sait ce qu'il y a derrière. En grande partie du moins. Et il sait comment y parvenir.
Finalement, après un moment de réflexion dont le temps n'aura duré que la perception différente qu'ils ont de celui-ci, elle revient vers lui, lui prenant doucement le bras comme pour s'accrocher à celui-ci, sa tête venant reposer sur son épaule. Ils contemplent un moment l'opacité qui s'étale devant eux, de haut en bas, et de droite à gauche jusqu'aux deux horizons. Mais ce que lui ne sait pas, c'est qu'elle peut percevoir l'autre côté.
_ Je t'écoute. »
Il en est là où il voulait l'amener. Il en est là où il a un choix à faire. La facilité voudrait que maintenant, il ne sait trop comment exactement, que lui a été ôté cette douleur dans le cœur qui l'accompagne depuis l'enfance et qui l'a marqué à jamais en chaque instant de sa vie, il la laisse de côté. Comme un vieux jouet. Comme quelque chose dont on s'était dit qu'on ne pourrait jamais se défaire tellement on y était lié, et qu'on termine par finalement remiser au placard comme un souvenir, parce qu'il est certaines choses qu'il est plus facile d'oublier et d'enterrer que de continuer de porter, même dans une nouvelle vie. Mais Dimitry Lyov n'était pas de ce genre, il n'irait pas tirer un trait sur ce qui ne lui plaisait plus parce que, au jour d'aujourd'hui, ça ne lui convenait plus. C'était une part de lui-même, au même titre que ce qu'il avait vécu avec Aislinn et Caitlyn, et ça le définissait tout autant. Il pouvait fermer les yeux, mais jamais cela n'effacerait la réalité. C'était un choix difficile, mais il le fit. Dans un soupir, il demanda ce pour quoi il était venu.
_ Je ne pourrais jamais achever ma complétude sans ce que tu m'as pris, Aislinn, et rien de ce que je déciderai d'entreprendre n'aurait alors de sens, s'il reste ne serait-ce qu'une seule parcelle de moi qui m'est étrangère. Rends-moi ce que tu m'as pris. Ce sont mes démons, et c'est mon combat. Tu n'as pas à intervenir sur ce point. »
Elle ouvre la bouche comme pour protester, mais se retient. Il lui a rappelé sa nature profonde, de laquelle découle son surnom. A savoir, Maybe, et non pas Mustbe. Même elle est soumise à certaines lois, et intervenir brise sa propre réalité et l'intégrité qu'elle s'est forgée. Elle finit par se résigner, et apparaît alors devant lui, comme sorti de sous le tissu du réel, ce qu'il a demandé.
_ Voici. »
C'est comme une perle ou un cristal ou une flamme, il ne saurait le dire, qui luit de l'intérieur comme des reflets dans la nuit, de violets et de bleus. Il se sent attiré par elle, attiré au même titre que toute la dimension qui constitue désormais sa psyché. C'est une part de lui, et ses choix à venir ne sauraient avoir une quelconque légitimité sans elle. Il la saisit après un instant d'hésitation, et il sent sourdre entre ses doigts les échos que lui rappelle ce fragment rond et froid. Il soupir. C'est comme d'enfiler de nouveau un fardeau après une pause sur une longue route. Il sert le poing, et quand il rouvre la main, le fragment à disparu de nouveau et la lueur dans les yeux de Dimitry a changé.
_ Je sais aussi que tu lui as fait la même chose. Et là encore, tu n'avais pas le droit. »
Elle se détache de lui et défait l'étreinte sur son bras. Le cœur lui pèse, il n'a nul besoin de la voir pour le savoir. Il est toute une dimension qui le ressent partout à la fois.
_ Est-ce que tu me pardonneras, papa ? »
Une certaine dureté est revenue dans ses traits, et c'est sans cruauté ni haine que pourtant il prononce les mots qui viennent.
_ Peut-être. »
Il ne sait pas.
_ La prochaine fois, viens me voir plus tôt. Tu restes ma fille, quoi qu'il advienne. Au revoir Aislinn. »
Elle répond dans un murmure tout juste audible, un instant avant qu'elle ne s'en aille.
_ Au revoir, papa. »
Et d'un pas, il quitta son domaine pour pénétrer les brumes opaques du Voile.
***********
Les êtres ne changent pas, notre point de vue sur eux, si.
_ Ah non Hein !! Ne m’appelle pas Emilie ! Tu sais que je déteste qu’on m’appelle comme ça ! Combien de fois il va falloir que j’te l’répète, Russe dégénéré !!! »
Son masque conserva l'allure qu'il empruntait déjà dans cette espèce de façade mi-blasée, mi-irritée et mi-supérieure qui étaient les caractéristiques communes d'un agent Tucker qui commençait à s'engager sur des voies où le mot « têtu » prenait une toute autre signification. Il avait horreur de la section Administration du Bureau des Affaires Mutantes, c'était empli de ces gens qui ne jurent que par le système, pour le système, et qui pensaient obtenir une quelconque légitimité en se réfugiant derrière des textes de lois obscurs et parfois totalement incompréhensibles ou loufoques en s'imaginant que ça les tirait de toute affaire. Les faits étaient les faits, un vice de procédure pouvait vous sauvez la mise lors d'un procès, mais jamais cela n'effacerait la réalité de votre culpabilité. La Justice, jamais il n'avait cru en celle-ci, il n'y avait que l'illusion d'une justice et des gens qui la servaient et s'en servaient, faisant croire ou en s'imaginant qu'il œuvraient pour des valeurs morales dont ils pouvaient être fiers.
Il perçut bien dans ses yeux la détresse qui l'étregnit l'espace d'une seconde, quand elle se rendit compte qu'elle venait de proférer là des mots interdits. Elle avait beau le cacher, elle ne pouvait pas lui cacher, et il lisait sur son visage comme en un livre ouvert dont il aurait lu et relu les pages mille et une fois, en connaissant jusque la texture, les imperfections, et ayant ses passages préférés et ces tournures qu'il chérissait tant.
_ Cette comédie a assez duré, j’y mets un terme. A votre tour d’assumer les conséquences, je m’en vais OU vous me placez en détention avec les répercutions que ça aura, en ce cas je demande un coup de téléphone, mon avocat et je conserverais le silence conformément à mes droits. Mais en ce qui me concerne, cette discussion s’arrête là. »
Et puis le silence, cinglant. Elle l'avait toujours été, cinglante, vive et forte comme une gifle volée. Il avait appris à apprécier ce caractère. Il avait appris à aimer sa maladresse comme il avait appris à aimer la manière dont elle le faisait se sentir quand ils étaient ensembles, à deux. Que ce soit pour tuer, que ce soit pour protéger, ou que ce soit pour vivre, tout simplement. Elle se tenait là devant lui, debout, et il percevait avec une acuité aigüe chaque fibre de son être et de son caractère, comme s'il avait été lié à elle de la même manière qu'il était lié à Aislinn. Ce qui, au fond, était le cas.
Imperceptiblement, son attitude avait changée. Dans sa manière de se tenir, dans sa manière de la regarder, mais aussi dans sa manière de penser. L'éclat dans son regard venait de percer ces tours et détours, crevant la surface des faux semblants pour afficher comme avec violence la réalité à la face d'un monde artificiel. On dit que les yeux sont le reflet de l'âme, et si telle est la réalité, alors Caitlyn pourrait apercevoir, en cet instant, ce qu'elle redoutait de trouver. Il ne bougea pas quand elle fit mine de s'en aller. Il avait encore un mot à dire, et il savait assez bien décrypter ses comportements pour juger de ce qu'il en était réellement. Il laissa passer quelque secondes, pendant lesquels il s'appropria ce silence assourdissant. S'il avait choisi cette salle et pas une autre, c'était pour une raison bien particulière : c'était la plus éloignée, et une de celle dont les baies vitrées donnaient sur l'extérieur, non sur le couloir.
Mais tout ceci avait assez duré. Il reprit les choses en main. D'une voix où ne transparaissait ni émoi ni colère il annonça, simplement, avec la froideur d'un métronome.
_ Je me dis qu'au moins, si je suis capable de te berner toi, tous les autres n'y verront que du feu. C'est à la fois rassurant et à la fois terrifiant. »
Un silence, encore, mais lourd de conséquences, cette fois-ci. Il prit son temps, pour l'observer, en tant que lui-même, et pas comme une mascarade. Alors, d'une manière imperceptiblement plus douce mais qui exprimait la tendresse chez lui, avec ce sourire au coin des yeux, il poursuivit.
_ Je suis content de voir que certaines choses n'ont pas changées, Caitlyn. Tu n'imagines pas combien j'ai attendu pour avoir cette occasion. » »
Caitlyn Elioth X-Men Beta
Messages : 1618 Date d'inscription : 06/04/2012 Age : 36
Sujet: Re: Dream Team Legacy ( Pv MotherTucker) Ven 9 Aoû - 15:47
Et le monde s’effondrait, du moins certaines certitudes. Son attitude reflétait déjà les prémices d’autre chose, une sensation familière et terriblement cruelle, jamais il ne s’était autant ressemblé que dans cette posture où le changement était perceptible réveillant des fantômes déchus d’une vie qui avait été leur l’espace d’errances partagées. Ce silence en était presque une signature, presque une évidence. Et je restais là, observant des nuances prévisibles, drapée dans mon jusqu’au boutisme flagrant et certaine d’avoir déchainé un monstre trop longtemps contenu ou déterré des cadavres ne demandant que de reposer en paix une bonne fois pour toute. Y avait-il de l’amour dans ce spectacle ? Non, sans doute pas car c’était autre chose, quelque chose de complètement indéfinissable. Cet homme faisait partie de mon existence mais n’avait plus de place défini, ni ami, ni amant : ni étranger non plus. Nous avions dansé, ils avaient dansé mais la musique avait changé, les décors aussi. Et à force de changements, moi aussi j’avais changé parce qu’on ne saurait rester perméable au monde, parce qu’il nous faut toujours danser.
Et il parla et cette fois ci, le monde s’effondra pour de bon. Je su avant que les mots ne sortent, je su lorsqu’il les expulsa avec ce visage que je connaissais par cœur. Mais je ne pus m’empêcher de les prendre en plein visage comme une gifle du destin. Une partie de moi en fut terrifié, une autre soulagé mais j’étais bien incapable de dire laquelle aurait ma préférence, j’étais déjà ailleurs, j’étais déjà en train de me rendre compte de la difficulté de cet instant et de la montagne de complexités que représentait cette situation. Je ne m’étais pas préparer à le revoir, c’était déjà un fait et je ne m’étais surement pas préparer à le revoir « lui ». Pour la première fois de ma vie, j’avais peur de cette personne, peur de son jugement, peur de ses douleurs légitimes, peur de ce qu’on lui avait fait même si je me persuadais de n’y être pour rien. Je l’amusais sans doute avec cette expression embarrassée, changée brutalement en cariatide dans ma posture mi indignée, mi effrontée. Oui je savais bien entendu aussi combien ça l’amusait de me voir ainsi, alors sans vouloir y mettre la volonté, j’esquissais un sourire de gêne en laissant échapper un très bref rire sarcastique.
- Sacré Hopes, j’espère que de là-haut, il voit ça…Je lui avais dit qu’ils n’arriveraient pas à te tenir muselé bien longtemps.
Un soupire face à l’ampleur de la tache alors que j’avais d’un pas en posant la main sur le dossier de la chaise pour l’amener à moi et m’y installer dans un silence à nouveau pesant. Je cherchais mes mots comme jamais, me contentant de l’observer, m’agaçant de ne pas trouver l’accroche et je savais combien il ne m’aiderait pas sur ce coup.
- J’aurai pu mentir.
Un silence.
- J’aurai pu dire que je ne voyais pas d’quoi tu parlais, mais j’me suis déjà trahie. C’était ça cette mise en scène ? Pour savoir où moi j’en étais ? J’ai attendu longuement aussi ce moment, et je l’ai craint d’autant plus.
Nous n’avons pas eu le même parcours depuis notre réveil…j’ai su bien après qu’ils t’avaient reconditionné, a dire vrai…tu es officiellement entré à nouveau dans ma vie il y a deux ou trois mois. Avant tu n’étais qu’un vide, une ombre…une sensation…une impression même. Moi je me suis réveillée ici, seule…avec un trou de trois ans dans les neurones, ils ne sont pas parvenu à m’appliquer un passé, t’sais à cause de la nature électrique de mon cerveau alors ils ont lobotomisé. Tout ce qui concernait mon passé de maraudeuse…envolé…tout sauf mes raisons de fuir San Francisco. Ils m’ont expliqué ce que j’avais fait…que j’étais une saloperie coupable de terrorisme, une criminelle. Ils m’ont proposé l’Institut ou la prison à vie, ils m’ont retourné le cerveau comme à une gamine et c’est ce que j’étais à ce moment-là : coupable de crimes dont elle ne se souvenait pas.
Le Programme de Réinsertion de l’Institut…tu vois, je ne t’apprends rien. J’ai eu du mal, tu te doutes que moi dans une école, ça fait plutôt tache…Au début, je leur en ai fait voir des vertes et des pas mures au point que j’ai failli me faire jeter. Mais ils ont pris le temps, peu à peu…j’ai écouté, j’ai commencé à comprendre et j’ai réfléchis. Je ne m’étais jamais posé autant de questions..j’veux dire…sur qui j’étais et ce que je voulais vraiment faire, vraiment devenir. Jamais j’avais pensé plus loin que le jour d’après et là…c’est..j’sais pas, j’ai découvert que peut-être j’avais un avenir, peut-être que les dons qu’on m’avait donné pouvait servir à autre chose que…que mes propres intérêts. J’ai rencontré des personnes qui ont changé ma vie, j’ai beaucoup échangés, j’ai été beaucoup écouté, c'était assez inhabituel. Personne ne m’avait jamais fait confiance sur ce que je pouvais devenir, sur ce que j’avais à dire d'important ou pas.
Ils ont été là pour moi, même lorsque j’ai retrouvé une partie de mes souvenirs et que j’ai voulu mourir parce que j’étais bouffé par cette culpabilité…Ils ont été là et ils m’ont rendu mon âme, tout ce que Sinistre m’avait pris : ils m’ont redonné l’espoir et un avenir.
Ca ne s’est pas fait tout seul, il fallait que je le mérite, que je me batte effort après effort. J’ai souffert…bien plus que ce que j’ai enduré à l’époque, j’veux dire notre époque. J’y suis arrivé parce que…
Une hésitation, je n’arrive pas à poursuivre, c’est pour moi le moment le plus pénible alors je plante mon regard dans le sien parce que je lui vaux bien ça.
- Parce que je n’étais pas seule. J’ai..j’ai rencontré quelqu’un là-bas, je l’aime. C’est devenu ma compagne et ma raison de vivre, nous avons souffert pour nous en sortir ensemble, nous sommes devenues des X men toutes les deux. Et nous sommes fiancées, nous allons nous marier dans deux mois.
....
Je..C’est monstrueux , j’sais bien mais voilà, je suis vraiment heureuse avec elle. J’arrive à me projeter, à faire des projets…à entrevoir le futur. Je ne veux plus de cette vie d’éclats, d’incertitudes et de tourbillons d’insouciance, je veux vivre, être heureuse, vieillir auprès de celle que j’aime. J’ai changé Dimitri…Ce n’est pas de ma faute à l’origine mais c’est là le fruit de ma volonté et de mes choix. Je suis devenue une adulte, j’ai des responsabilités envers des idéaux et des personnes…j’ai cessé de regarder ce monde et ma vie se détruire : je veux sauver ce qui peut l’être.
J’espère de tout cœur que tu peux comprendre ce que ça signifie pour moi et combien c’est essentiel.
Un nouveau silence embarrassé.
- Ca ne veut pas dire que tu ne m’es rien, juste que les choses ont changé. Et toi ? Tu as changé…à quel point ?
James Tucker Agent du BAM Alpha
Messages : 470 Date d'inscription : 29/03/2012 Age : 33
Is our secret safe tonight And are we out of sight Or will our world come tumbling down Will they find our hiding place Is this our last embrace Or will the walls start caving in
(It could be wrong, could be wrong) But it should have been right (It could be wrong, could be wrong) To let our hearts ignite (It could be wrong, could be wrong) Are we digging a hole (It could be wrong, could be wrong) This is out of control (It could be wrong, could be wrong) It could never last (It could be wrong, could be wrong) Must erase it fast (It could be wrong, could be wrong) But it could have been right (It could be wrong, could be)
Love is our resistance They'll keep us apart and they won't stop breaking us down Hold me Our lips must always be sealed
If we live a life in fear I'll wait a thousand years Just to see you smile again Kill your prayers for love and peace You'll wake the thought police We can't hide the truth inside
(It could be wrong, could be wrong) But it should have been right (It could be wrong, could be wrong) To let our hearts ignite (It could be wrong, could be wrong) Are we digging a hole (It could be wrong, could be wrong) This is out of control (It could be wrong, could be wrong) It could never last (It could be wrong, could be wrong) Must erase it fast (It could be wrong, could be wrong) But it could've been right (It could be wrong, could be)
Love is our resistance They'll keep us apart and they won't stop breaking us down Hold me Our lips must always be sealed
The night has reached its end We can't pretend We must run We must run It's time to run Take us away from here Protect us from further harm Resistance
~ Un rire. Gêné et sarcastique à la fois, dans lequel il put y lire toute l'étendue du problème qui se posait entre eux et, surtout, à quel point les choses avaient désormais changées. Elle n'était plus la même, elle n'était plus réellement Caitlyn Elioth. Mais, plus encore que de se trouver face à celle qu'il avait connu et qui était maintenant différente, la réalité lui apparut bien vite et d'une manière bien cruelle. Au-delà même de ça, il ne semblât pas retrouver en elle, et en ces excuses malhabiles qu'elle plaçait entre eux comme une distance froide, ce qui avait fait l'ardeur de la vie d'éclat qu'elle avait menée avec lui comme deux lueurs brillant dans une obscurité froide et sans pitié et la familiarité qu'ils avaient partagé. Elle était gênée. Ils ne s'étaient pas acharnés qu'à le reconditionner et à le pousser dans une direction qui les arrangeait, non, ils avaient fait la même chose avec elle et s'étaient assurés de ne voir en eux deux aucune chance de réunification possible, et aujourd'hui était l'exceptionnel, le risque infime qu'ils redoutaient et qui devenait concret : leur rencontre, de nouveau. Son expression changea peu à peu à mesure qu'elle continuait son discours, imperceptiblement. Il l'écoutait, du début à la fin, et encaissait les mots qu'elle lui lançait un à un comme autant de gifles cinglantes à mesure qu'il découvrait ce qu'ils avaient fait de sa vie. De leur vie. Qu'elle lui déroulait comme autant de coups de couteau dans le cœur la destruction de ce qu'ils furent et de ce qu'ils avaient entrepris comme si c'était quelque chose de lointain que l'on pouvait remiser au placard, au final, avec juste une nostalgie éphémère avant de refermer la porte. Il n'attendait pas d'elle de lui dire ce qu'il voulait entendre ou de le ménager, non, il attendait d'elle la vérité, aussi crue et terrible soit-elle. Et la vérité il eut. De libres, ils étaient passés à en cage et d'en cage à libres mais contrôlés. Comment maîtrise-t-on une psyché indomptable ? La force ? Oh non, inutile. Il suffisait de remonter au cœur du problème, de réécrire ce qui n'allait pas pour faire penser comme l'on voulait, et on obtenait ensuite la parfaite petite chose qu'il suffisait de reconditionner. C'était ce qu'il avait l'impression de voir, en face de lui, leur expérience réussie, les ailes arrachées et le tout camouflé avec des bandages et quelques artifices placés ici et là pour compenser. Comme si lui-même s'était laissé absorber par James Tucker et en aurait été reconnaissant.
Alors non, il ne rigolait pas de la situation et de l'embarras dans lequel elle était. Non, tout ceci ne l'amusait pas, au contraire même, et à un point que rarement il avait atteint jusque présent, même dans leur vie d'avant. Impassible, il avait ce masque de neutralité absolue qui le définissait si bien et qui opposait au monde cette constante imperturbable et imprévisible d'où pouvait jaillir le calme absolu comme la plus grande des furies. Mais dans ses yeux acier brûlait cette fureur froide et grondante qui enflait de plus en plus à mesure qu'il la voyait prendre part à cette mascarade, non pas comme si tout ceci était normal, car ils savaient tous deux qu'il n'y avait rien de normal dans ce qu'ils vivaient en ce moment, quelque soient les apparences, mais c'était cette espèce d'acceptation qui s'était emparé d'elle qui l'enflammait. Cette espèce de caution qu'elle donnait en prenant part à ce rôle qu'ils voulaient la voir jouer. Il ne savait pas ce qu'elle avait traversé, en effet, mais ce qu'il savait désormais, c'est qu'elle l'avait accepté. La question étant de savoir si elle reniait ce passé qu'elle dépeignait comme si obscur et d'où pourtant la lumière et l'avenir avaient néanmoins jaillis, ou si elle allait le jeter à la poubelle, lui y compris.
Et puis la claque finale, comme une insulte, comme une maladresse jetée là sans trop savoir qu'en faire, comme une cruauté d'enfant qui ne saisissait pas la façon dont ce qu'il venait de faire était blessant. Elle foulait au pied le cœur et tout ce qu'ils avaient traversé, elle savait l'état dans lequel il avait été depuis tout ce temps sans n'avoir pourtant réagit, et la seule personne qui lui avait montré la lumière et l'avait éclairé de ses rayons ardents détournait maintenant le regard et presque le dos pour le laisser retomber dans ces abysses d'obscurité. Elle lui demandait de comprendre ? Pour qui, à part elle-même, se serait-il battu dans les miasmes suffocants de la psyché déconstruite de James Tucker pour ne pas sombrer dans son propre oubli ? Pour qui, à part elle-même, aurait-il sacrifié sa vie, son âme, ou même le peu d'humanité qu'il lui restait et qu'elle lui avait redonné ? Et enfin qui, à part elle-même, aurait été capable de lui faire si mal ?
Personne.
Et aujourd'hui, que restait-il, à part les ruines de leurs souvenirs ?
Il resta un moment silencieux, l'observant à mesure qu'il évaluait la situation, ses arguments, ses idées, ces émotions et ces vérités qu'elles venaient de lui dévoiler. Restait-il seulement une place pour lui dans cette nouvelle vie qu'elle avait embrassée ? Ou ne valait-il pas mieux, au final, qu'il se résigne dès maintenant et ne coupe court à cet entretien, pour ne plus jamais la revoir ? Devait-il seulement se sentir lésé, ou éprouver la compassion qu'il savait là malgré tout face à ce qu'elle avait vécu et qu'il avait lui aussi expérimenté de son côté ? Son existence avait-elle encore un sens, ou bien pouvait-il désormais poser les armes et attendre la mort, maintenant que sa raison de vivre lui avait été ôtée ? D'une certaine manière, il était déçu. Profondément. Ils avaient réussi l’impossible, pour que finalement quelqu'un n'appuie sur le bouton reset et ne laisse plus qu'un parfum d'amertume flotter dans l'air. Pour la première fois depuis longtemps, il hésitait.
Finalement, il revint à lui. Il était calme, encore plus, si tant est que ce soit possible, que d'habitude. Mais c'était bien là ce qu'il fallait redouter chez lui, le silence. Mais nulle animosité dans ses propos, les mots seuls suffisaient à rendre compte d'une réalité.
_ Tu as peur, Caitlyn. »
Un constat. Élémentaire, mais qui balayait toute son argumentation précédente pour ne finalement que retenir l'essence même de son discours. Mais là était bien tout le malaise, et toute l'ironie de la situation.
_ Peur de moi. »
Quand l'être à qui on a fait des promesses sur lesquelles on ne peut revenir sans briser quelque chose de primordial vous regarde soudainement avec, dans ces yeux, l'éclat d'appréhension d'une crainte sourde, c'est, assurément, la pire des sensations possibles. Alors dans un murmure il continue, avec cette monotonie froide mais terrifiante dans la voix, comme s'il ne faisait qu'énoncer des faits qui ne le concernaient pas.
_ Que veux-tu que je te dise ? Tu me regardes, mais je vois la crainte dans tes yeux. Je te regarde, et tu vois un étranger. Les choses ont changées à un point où je ne suis même pas sûr que cette conversation possède un sens. Pire, les choses ont été effacées. Je me suis réveillé il y a un an et demi dans un lit d'hôpital, après ce qui était officiellement un coma amnésique de cinq mois. Je me suis réveillé et à mes côtés surgirent aussitôt ma compagne et mon chien, qui depuis tout ce temps avaient désespéré de me voir refaire surface. Leur vision m'était étrangère, mais la mémoire me revint peu à peu à mesure que je reprenais conscience. J'étais James Tucker, ex agent du FBI transféré au Bureau des Affaires Mutantes et tombé dans un coma peu après par la faute d'un criminel télépathe. J'avais une vie simple, mais bien remplie, et mes talents associés à mes ambitions m'offraient des perspectives d'avenir alléchantes. Sous couvert d'une période de rééducation, ils m'ont fait passer des tests médicaux, psychologiques et psychiques pour savoir si « j'allais bien ». Autrement dit, ils ont violé quotidiennement mon esprit et mon corps pour voir si leur petite expérience avec laquelle ils jouaient à dieu marchait comme il fallait. Et puis ils m'ont remis dans leurs locaux, et progressivement, ils m'orientent depuis vers ce qu'ils veulent faire de moi depuis le début. Une arme. Toi et moi savons parfaitement quelle est la réalité de James Tucker : artificielle. Tu penses qu'ils allaient me laisser croupir dans un bureau à résoudre des affaires débiles pour des gens débiles ? Oh non, après les avoir fait tourner en bourrique aussi longtemps, ils ne pouvaient pas passer à côté de l'opportunité de se réapproprier totalement ma psyché, mes espoirs et mes idéaux, il fallait qu'ils prennent également mon passé et mon destin. Inutile de t'expliquer pourquoi je fais le meilleur assassin ou espion, et si toi tu as eu le droit à une « réinsertion professionnelle » à l'institut, ce n'est pas vraiment le cas pour moi. »
Une pause, très légère, avant de tirer la conclusion de toute cette tirade avec plus d'emphase.
_ Je suis leur pute, Caitlyn, et ils fondent en moi beaucoup d'espoirs pour récupérer leurs investissements. »
Il n'était pas stupide, et il avait depuis longtemps deviné ces chemins soit disant anodins qui apparaissaient devant lui à mesure qu'il avançait. Il suffisait de regarder le passé qu'ils lui avaient attribué, dans lequel chaque choix avait été méticuleusement étudié. Il n'avait pas fait parti d'un groupe d'opération spécial du FBI pour rien, tout comme il n'avait reçu l'ambition qui était la sienne pour rien non plus. Il savait ce qu'ils voulaient de lui, et il savait également jusqu'à quel point certains étaient prêts à aller pour avoir ce qu'ils fantasmaient. « Il fera un agent d'exception le moment venu. » Voilà ce que Daniel Hopes avait dit un jour, mais il n'était plus là désormais pour voir à quel point il ne se doutait pas de la mesure dans laquelle il avait raison.
Mais il n'avait pas terminé. Il continua.
_ Et puis le doute. Terrible, formidable, comme si l'esprit tout entier se fissurait d'un horizon à l'autre pour suinter les miasmes d'une espèce de folie monstrueuse. Ce n'était pas censé arriver, mais nous savons tous les deux qui est à l'origine de ceci. Tu n'imagines pas le vacillement que c'est, que de se voir sombrer lentement mais sûrement dans une espèce de paranoïa sévère, qui te fait remettre tout en question en permanence, jusqu'à ta propre identité, jusqu'à ta propre vie et la réalité physique des choses que tu tiens entre tes mains, avec toujours cette pensée pernicieuse qui revient seconde après seconde, érodant tes convictions avec plus de force que la plus implacable des volontés, et qui te murmure à l'oreille que tu n'existes pas. Tu regardes alors autour de toi, et il y a tout pour te dire le contraire. »
Une espèce de résolution calme s'emparait de lui à mesure qu'il parlait. C'était la première fois qu'il pouvait expulser ces sentiments malsains hors de lui et exprimer toute l'horreur de cette situation, et même lui qui était des plus introverti avait eu de mal à ne pas complètement se fissurer. Caitlyn était la seule à qui il aurait confié ce genre de ressenti, et elle était là.
_ Mais j'ai une compagne, Caitlyn. Des photos de famille sur le buffet de notre appartement. Ces petites habitudes et les attentions que j'ai pour usage de lui procurer. J'ai une mère, décédée. Un père, dans le coma à l'hôpital. Et des amis qui sont censés être en vadrouille ici et là. Tu n'imagines pas, Caitlyn, l'ampleur de la mascarade qu'ils ont développée. J'ai un passé artificiel bien plus tangible que ce qui existait avant. Ils ont tout effacé de ma vie précédente. Tout. Et personne en ce monde ne se souvient plus de Dimitry Lyov, cet être qu'ils ont choisi d'écraser comme on gomme une erreur pour la rectifier parce qu'elle ne leur convenait pas, sous prétexte de terrorisme et de criminalité. Je n'existe plus, Caitlyn, et les preuves de ma - de notre - réalité, disparaissent chaque jour un peu plus. Nous n'étions pas censés nous revoir, car c'est de nous que jaillissait la force. »
Il reprend sa respiration. Il n'y a aucune volonté de blesser dans ses propos, aucune volonté d'étaler sa misère ou d'attirer une quelconque pitié. Non, voilà bien longtemps qu'il sait qu'il ne peut compter que sur lui même pour mener sa vie à bien.
_ Je vais me fiancer. Moi aussi. Avec cette femme, que je suis censé aimer. Et puis j'ai découvert la vérité. J'ai découvert que celle qui se faisait passer pour ma femme n'était en réalité rien d'autre qu'une espionne professionnelle engagée par l'état pour avoir en permanence des yeux posés sur moi. Des yeux seulement ? Oh non. Ma femme influe sur les psychés par contact physique et vocal, et y introduit des suggestions étrangères que l'on assimile alors comme sienne. Le moyen de contrôle ultime, à défaut d'avoir un télépathe assez puissant et doué chez eux. Mais j'ai des atouts qu'ils ignorent et je me suis battu. Je me suis battu et je me suis accroché à ce que j'étais. A ce que nous étions, pour finalement découvrir aujourd'hui que le bonheur que nous avions finalement trouvé t'avais aussi été ôté. L'avenir que nous avions enfin réussi a nous forger également. Il est des choses dont tu ne te souviens toujours pas, Caitlyn. Nous avions réussi l'impossible pour sauver ce qui pouvait être sauvé : l'espoir dans la vie. Notre famille, notre avenir, notre bonheur. A trois. »
Sans doute était-ce là la première fois qu'il prenait la parole d'une manière aussi profonde et longue depuis des années, mais cela ne faisait que refléter l'ampleur de la situation.
_ Et ils ont fait ce que ni Sinistre ni Apocalypse n'ont jamais réussi à faire : ils nous l'ont pris. »
Exploit notable, quand on connaissait non seulement le niveau de puissance de ces deux là, mais également leurs méthodes d'action qui n'avaient pas grand chose à envier non plus.
_ Alors tu me demandes de comprendre, mais comprendre quoi ? Ils nous disent que deux et deux font cinq, et nous sommes obligés de le croire, de le répéter et de le penser si nous voulons subsister dans ces souvenirs et ce passé qui est le nôtre. Mais au fond, peu importe la mascarade qu'ils nous font danser, peu importe les réponses qu'on leur donne, les choix qu'ils nous forcent à faire ou les gens dont ils nous entourent, nous savons que c'est faux et qu'ils ont commis un crime que même toute notre carrière de Maraudeurs n'égalera jamais : ils nous ont effacés. »
Le silence, terrible. Avec la dureté d'une guillotine qui tombe et, pourtant, dans sa voix, les échos imperceptibles d'une tristesse sans nom.
_ Alors oui, comme tu le dis... C'est Monstrueux. » »