Passation : Amy de Lauro [Amy de Lauro - Caitlyn Elioth]

Caitlyn voulut détendre le truc par un sourire et une boutade, chose qui ne marcha pas vraiment, surtout puisque la fin du discours d’Amy eut droit à un olé général. Olé qui fit ce regarder les alter-égo comme si elles venaient de faire une bêtise et qu’elles n’en revenaient pas, toutes deux transies de surprise ; hého les filles, z’êtes les mêmes à quelques années prêt, vous allez faire beaucoup de choses similaires, réveillez-vous !

- C’est « ta » Cati… T’as qu’à l’appeler comme ça… Pour ma Part Fuzz’ ça me va parfaitement, déclara l’Holocait’, là où Amy c’était plus attendue à ce que ce soit la vraie qui réponde ; à moins que ce ne soit la vraie non-plus.

Dans tous les cas, c’était une chose de faite : Cati contre Fuzzy. Sauf que si c’était pas la vraie Cati, Amy ne pouvait l’appeler ainsi.

Caitlyn jeta un regard noir à son « futur », surement parce que cette dernière avait outrepassée ses droits avec cette initiative. Mais qu’importe, un quart d’heure de repos pour la jeune, qui avait pour ordre de virer son gadget sado-maso ; déclaration qui la stupéfia. Le dialogue qui s’en suivit fut surréaliste : Amy avait déjà assisté à une engueulade Caitlyn/James, où l’on sentait bien le gène Elioth et la geek-attitude qui allait avec, mais Caitlyn/Caitlyn, c’était de l’inédit ! L’une qui dit que c’est bon, l’autre qui lui dit non, et hop que je t’envoie chier !

- Stop vous deux ! Vous êtes des versions alternatives l’une de l’autre, vous allez pas me dire que vous n’êtes pas capable de vous blérer vous-même, si ?

Ne répétant pas les erreurs du passé, Amy resta en dehors du conflit, ne prenant pas parti mais suivant selon son plan initiale sans se perturber. C’était froid et décidé, et bien que sa Cati fut en tord, Nephilim ne fit aucune remarque. Toujours était-il que son regard fut lourd de signification et quelque peu déçu : comment osait-elle traiter son double d’incapable alors que sans, elle-même aurait été incapable de sauver Amy. C’était d’une cruauté de reprocher la mort d’une amante, surtout après le nombre de fois où elles c’étaient promises d’aller jusqu’en enfer s’il le fallait pour se chercher l’une l’autre.

Après avoir craché son venin à nouveau, ce qui laissait présager le meilleur quant Caitlyn numéro 1 serait reposée, la Ptite Rousse accepta de s’installer, et Amy la quitta sans le moindre commentaire.

Entrainant l’Holocait’ à l’écart, elle n’eut même pas besoin de déclamer un speech pour se faire envoyer chier. Ton froid et sans appel, bras croisé, tout y était.

- Vas te faire foutre. Je ne te laisserai pas te sacrifier pour rien, j’ai passé trop de temps à essayer de réparer. A quoi ça servirait qu’on rentre elle et moi sans toi ? Tu ne vois pas que je suis l’élément de trop dans ton équation ? Voilà ce que MOI je te propose. On fait selon ton plan mais si ça tourne mal, j’assure vos arrières à toutes les deux. Je connais les Limbes, je pourrais survivre le temps que vous reveniez avec les X Men. Si j’ai ta parole, ça me va. Je te suis parce que je te suivrais jusqu’au bout du monde mais crois-moi que si ça n’tourne pas comme prévu, désolé mais je ne t’obéirais pas dans ton délire. Notre mission était de comprendre l’origine du problème, pas de le résoudre. Vas et fais ton rapport puis reviens m’aider. C’est ce que j’aurais fait, moi. De toute façon, j’ai déjà laissé 2 parties de mon âme ici, et un pas plus tard que tout à l’heure pour ouvrir cette putain de porte. J’suis déjà damnée… vous, vous ne l’êtes pas. C’est un choix logique… pas un choix du cœur.
Girasole, t’es une pro… moi aussi. J’ai horreur qu’on n’agisse pas en professionnel, c’est clair ?
Alors… Agis.

Amy ne put s’empêcher de sourire face à l’utilisation de son surnom italien, comme elle ne put s’empêcher de ce dire que ce discours n’était pas original pour un sou. Elle savait que Fuzzy allait lui sortir cela, et qu’elle l’appliquerait, c’était pour cela qu’elles devaient mètre les choses au clair.

- Que j’aille me faire foutre ? J’aurai jamais pensé que tu me dises cela un jour après le temps que t’as passé à t’inquiéter du fait que je regardais toujours les garçons ; deux fois plus de personnes à surveiller, tu t’rappel ? Je suis parfaitement consciente que je ne pourrais jamais t’empêcher de faire cela ; qu’après toutes ces années, t’as l’impression que c’est ton devoir et ton unique raison de vivre. Le Rat l’a dit, en un sens, il est plus loquasse que toi, mais plus imprévisible aussi. Combien de temps a séparé mon arrivée de celle de Caitlyn ? Dix minutes ? Une journée ? Nous avons pénétrées ce portail de merde à quelques secondes d’intervalles ; mettons que nous ressortions pour aller chercher de l’aide, cela prendrait au moins un jour : tu serais morte de vieillesse avant que l’on ne revienne ! Pas moi. Tu me dis de réfléchir, c’est ce que je fais : je peux survivre, je peux me cacher, je peux encaisser, comme tu l’as fais, sauf que ma raison sera sauve, puisque je vous saurai en sécurité, et que mon corps ne s’affaiblira pas, car je n’ais besoin que d’eau et de soleil. Je n’vais pas essayer de te convaincre de pas le faire, on n’a pas le temps et cela ne servirait à rien : je sais que tu le feras, je sais que tu te sacrifieras pour moi et pour elle. Je ne le veux pas, mais je sais que c’est ce que tu feras. Notre mission était de comprendre l’origine du problème, pas de le résoudre, hein ? Les ordres sont devenus obsolètes à partir du moment où il a été question de retour d’une légion démoniaque pour envahir la terre : on n’est pas des soldats qui suivent bêtement les ordres, on doit prendre des initiatives, réfléchir par nous même et faire les choix qui s’imposent ; c’est l’unique raison pour laquelle j’accepte que tu te sacrifie si nécessaire, sans quoi…

Amy s’interrompit, serrant les dents, le froid ayant augmenté à mesure de son discours devenait plus cassant, ce qui avait commencé après le mot mission. Portant le dos de sa main gauche à sa bouche, elle déglutit péniblement, après quoi un léger sourire en coin se dessina sur ses lèvres.

- Je suis pas une pro, comme tu dis. Je le serai probablement jamais. Ça a toujours été toi la pro de nous deux, toi que la vie a endurcie, mise à l’épreuve, torturée. Moi, je suis la petite italienne qui débarque la gueule enfarinée un matin enneigé, rien de plus. J’ai voulut devenir autre chose, j’ai tout fait pour ; nous verrons bien ce que cela donnera. Mais quoi qu’il advienne, je resterais la petite italienne qu’est venue t’accueillir et que t’impressionnait tellement par ton exubérance et ta force de vivre dès l’instant où elle t’a vu. Comme toi tu seras toujours cette Caitlyn qui veut tout donner pour les autres et ne récupérer que leur crachat. T’es comme Hancock, en fait : autodestructrice mais avec ce besoin d’aider les autres qui te pousse à continuer malgré leur rejet, voir même à chercher leur rejet malgré que tu leur veuille du bien. Je vais agir, tu vas agir, chacun jouera son rôle. Simplement, promets-moi de tout faire pour éviter d’avoir à te sacrifier, et j’en ferais de même.

Attendant sa réponse sans bouger, ne partant pas sans l’avoir, Nephilim s’en retourna ensuite vers l’autre Caitlyn. Formant un « feu de camp » pour pouvoir discuter avec les deux autres simultanément, elle s’accroupie.

- Bon, on va tacher moyen de trouver le moyen de s’en sortir sans trop de dommage, et toutes les trois. On n’a pas toutes les pierres, il nous en manque deux, mais on ne sait pas les créer. On ne sait pas non-plus comment ouvrir le portail. Y’a pas trente-six solutions, je n’en vois même qu’une : N’astirh. On a ce qu’il veut, et lui ce que nous voulons : une autre pierre et un moyen d’ouvrir le portail. Je veux savoir si vous êtes prêtes à travailler avec lui. Il pourrait être plus salaud dans son marché et nous demander la tête de Belasco, mais non, l’épée lui suffit. Profitons-en. Si personne ne voit d’inconvénient, andiamo.

Se saisissant de son collier anti-magie qui l’espionnait, elle l’arracha, avant d’en faire de même avec celui de Fuzzy.

- Le Démon peut plus nous entendre, maintenant. On va devoir l’invoquer, en mettant un de ces colliers sur l’épée. Il faudra le forcer à nous ouvrir le passage. On doit faire vite, Belasco ou S’ym pourrait nous localiser. Fuzzy, je veux qu’en cas d’absence de coopération, tu l’explose à coups d’éclairs, le temps que te récupère la lame. Ensuite, on se tire. Caitlyn, reste avec nous, t’expose pas. T’as le Tesla, tu t’en sers. J’use du Tesla et de l’APB.

Dépliant les ailes à nouveau, elle enclencha également ses pouvoirs, son cœur s’accélérant et le froid se répandant à nouveau à grande vitesse. Il avait déjà prit la totalité de son corps, il ne faisait que s’intensifier. Elle en avait presque des frissons.

Respirant profondément, frigorifiée, elle ramassa les deux médaillons pour les accoler à la lame. Manquerait plus que le loup-garou la téléporte et elles étaient baisées jusqu’à l’os.

- N’Astirh, ramène tes fesses, v’la ta lame, déclara-t-elle en reculant d’un pas, armant son Tesla.

- N’astirh, ramène tes fesses, v’la ta lame.

Amy fixa son regard sur les talismans, lesquels c’étaient illuminés au contact de la lame, mais seul le silence fit écho à ses paroles. Il n’allait pas durer, elle en était certaine. Et en effet, il ne dura pas : l’Epée de Belasco, comme l’italienne l’avait craint, disparut dans un éclair de lumière.

La réaction de Nephilim fut plus immédiate que ne le permettaient les capacités d’analyses des deux Caitlyn, et ce résuma en un mot :

- MERDA !

Il venait du cœur celui-là ; Amy ne jurait que peu, et elle avait apprise à le faire en langue étrangère pour ne pas se la faire savonner (littéralement) par l’un des surveillants de son orphelinat, dont le doyen pratiquait cette correction archaïque.

Elle avait agit stupidement, et en payait le prit : l’échec. Les promesses d’un démon n’engageaient que ceux qui y croyaient, c’était sa propre formule…

Non, il y avait bien la pierre de sang en lieu et place de l’épée ; de l'épée et des talismans. Son erreur était plus grande qu’elle l’autre crue : elles n’avaient toujours pas assez de pierres, et n’avaient plus de talismans pour se dissimuler aux yeux d’un Belasco probablement furieux, pas plus que de moyen de le vaincre.

Se retournant vers les deux Caitlyn, son corps accélérant toujours, elle vit Fuzzy soupirer, résignée. A peine commença-t-elle à se tourner vers le portail que déjà Amy se mouvait. Combien de secondes ? Dix ? Quinze ? A partir de 12 secondes d’APB, elle se mouvait deux fois plus vite qu’un être humain normal, autant dire qu’à défaut de courir, ses foulées la firent atteindre l’Holo-cait’ avec célérité. Se saisissant de son épaule, elle la bloqua de sa force améliorée, même si elle n’était pas suffisante pour réellement la contraindre à rester, la forçant à se retourner et à la regarder.

- N’y pense même pas, ma vieille ; on n’a pas encore perdu. Toutes les trois, ensembles, on va y arriver : on ne laisse personne derrière, et si tu crois que c’est ce contretemps qui justifie ton sacrifice, tu te fourre le doigt dans l’œil, sans mauvais jeu de mots. Dis-moi : pourquoi tu abandonne ? Il nous manque soit une pierre de sang, soit un magicien ; on peut trouver l’un comme l’autre. D’accord, on n’est plus invisible, et d’accord, on est plus capable de vaincre Belasco, on ne peut pas vaincre S’ym et N’astirh n’a plus de raisons de nous aider ; on est dans la merde. Génial, est-ce que cela change fondamentalement de ce qui nous arrive depuis qu’on est ici ? Pour moi, non. On y est presque, c’est pas le moment d’abandonner. Ne jamais s’abandonner, ne jamais arrêter de courir mais suivre ses objectifs, ne jamais cesser de s’aimer ; je sais que tu préfère les toujours, mais jamais et toujours ont un point commun : ils ne sont pas affectés par le temps. Ne jamais s’abandonner, à travers le temps et les mondes, ne jamais s’arrêter de courir, car le destin nous rattraperait, se saisissant du poignet de l’Holocait’, elle monta son bracelet et son pendentif soudé devant son dernier œil, à nouveau, Ne jamais cesser de s’aimer, jusqu’à la mort et encore au-delà.

Nephilim s’interrompit, regardant sa main qui tenait celle de Fuzzy ; elle tremblait. Relâchant l’hologramme, l’italienne la regarda trembler une seconde. La dernière fois qu’elle avait usé de l’Accélération des Processus Biologiques à un niveau social, cela avait été dévastateur ; aujourd’hui, la vitesse de pensée lui semblait plus familière, plus contrôlable, et elle cédait moins à l’excitation due à l’accélération de son cœur avec les ailes déployées.

Jusqu’à lors, l’APB avait été utilisé purement physiquement, mais elle comprenait désormais que la vitesse de pensée était un redoutable avantage, pour peu qu’Amy ne se perdit pas dans le flot : en des instants graves comme celui-ci, c’était le cas, et son intellect lui semblait avoir été relativement plus performant.

Elle se retourna vers Cati, l’invitant d’un geste à les rejoindre. Un cercle, l’italienne voulait un cercle, ou un triangle rectangle, selon ; dans tous les cas, elle ne voulait personne à l’écart.

- Croyez-vous en moi ? Moi pas, commença-t-elle. Mais je crois en vous. Si vous croyez en moi, et que je crois en vous, alors nous croyons en nous, et à partir de là, nous irons jusqu’au bout, ensemble. Quoi qu’il advienne, nous croirons les unes envers les autres, et cette force nous portera mutuellement. Aucune de nous ne cèdera car elle sera soutenue par les autres, et comme elle les soutiendra, les autres ne cèderont pas non-plus : qu’est-ce qui peut nous arrêter ? Qu’est-ce qui peut nous empêcher d’aller jusqu’au bout si ce n’est nous-mêmes ? Qu’on réussisse ou qu’on échoue, on aura essayé et donné le meilleur. C’est drôle, plus je réfléchis, et plus je me dis qu’on ne peut pas être à la hauteur, pas seule ; c’est les autres qui nous portent pour nous mettre à la hauteur. Rengainant rapidement le Tesla avant de poser une main sur l’une des épaules de chaque Caitlyn, elle conclue, les regardant tours à tour : Portez-moi, et je vous porterais. Restez avec moi, quoi qu’il arrive, car je resterais avec vous, quoi qu’il advienne.

Son plan avait changé, et était près ; elle y avait réfléchit alors même qu’elle parlait. Elle n’avait plus besoin de penser si vite, alors elle interrompit son pouvoir. Les tremblements cessèrent, mais Nephilim ne bougea pas. Pas tant que les deux autres Caitlyn n’auraient pas réagit à ses dires, pas tant qu’elles n’auraient formé le cercle unificateur, qu’elles n’auraient prêté ce serment de fraternité.

Quelque part, c’était con de faire cela avec sa Cati, à qui elle avait déjà promit cela, et un androïde, qui retournerait rapidement au néant ; une importante question serait si l’italienne parvenait à trouver des gens avec qui recréer cela, mais cette question était inutile, à l’heure actuelle.

Relâchant les Cait’, elle se dirigea d’un pas normal vers la pierre de sang, la ramassant. La montrant aux autres, Amy reprit la parole :

- Gardez-la votre auprès de vous, ne la perdez pas ; ne la mangez pas non-plus, je me serais étouffée sans les organes de respiration secondaire. Comme je l’ai dis, il nous manque soit une pierre de sang, soit un magicien, pour ouvrir le portail sans tuer la propriétaire des pierres de Belasco. L’un comme l’autre sont trouvable : N’astirh. Il a l’épée, génial : il se fera dérouiller magiquement par Belasco et physiquement par S’ym, j’estime ses chances de survies, s’il est seul, à 10%, et vous connaissez ma nature optimiste. Donc, on va faire un nouveau marché avec lui, il a respecté le premier, je lui donne une autre chance : on l’aide à prendre le pouvoir, à faire son coup d’état, et n échange, il nous ouvre le portail vers notre monde, et il le détruit après notre passage. Notre monde ne l’intéresse pas, il nous l’a dit, donc, il a tout à gagner et rien à perdre qu’il n’ait déjà perdu en nous faisant voler l’épée. On réussit la mission, on rentre toutes les trois, le portail est fermé, tous le monde est content. J’aime pas l’idée, j’aime encore moins le principe, mais on n’a pas vraiment d’autres choix. Si vous êtes d’accord, on retrouve N’ et on lui propose ; Fuzz’, tu serais capable de retrouver l’endroit où t’as retenue prisonnière ? Cela va être dur pour toi, mais il y a des années, tu as demandé à une Amy de ne pas te ménager ; ce n’était pas moi, mais je tiens sa promesse. Tu t’en crois capable ?

C’était très étrange, malgré le fait qu’elle eut stoppé l’APB, Amy avait l’impression que tous aller encore un peu trop lentement, mais ce n’était qu’une impression, ou alors…

Pas le temps de s’en préoccuper, la réponse de Fuzzy arriva.

- Tain… Sweetlove… Tu m’troues l’cul là… Si je te connaissais pas comme j’te connais… J’te dirais que t’as des burnes gonflées à l’hélium pour le coup.

Scratch ! Façon Caitlynienne de dire qu’en effet, son discours avait été superbe, et si Amy n’avait dû enchainer sur la suite de sa pensée, n’ayant nullement déclamé tout ce qu’elle avait à dire, elle se serrait arrêter sur ce point pour une merci. Mais elle ne devait pas ce déconcentrer, son temps lui était compté en ABP, bien qu’elle l’interrompit à la suite.

Ne pas ce déconcentrer, ne pas ce déconcentrer, difficile vu comment sa compagne enchaîna ! Amy rougit, les pensées déplacées de sa Cati se frayant sans difficulté un chemin jusqu’à son cerveau ; cependant, ce n’était ni l’instant ni le lieu, et les capacités analytiques accélérées l’aidèrent à clore le sujet avant qu’il ne devienne trop envahissait. Affaire classée jusqu’à réouverture dans quelques heures ; la rougeur s’en alla aussi vite qu’elle était apparue, mais une idée persista : rien de prévu d’autre ces soixante-dix prochaines années… c’était une demande en mariage ? Houlà, stop ! Certes, Amy avait été élevée dans l’idée du mariage avant le sexe, mais fallait déjà qu’elle ce fasse au second pour envisager le premier ! Puis ce n’était vraiment pas le moment, là.

L’Holocait’ resta machinalement concentrée, accomplissant le geste prévu par Amy et l’aidant à se rappeler de sa déclaration, déclaration qu’elle fit une fois le cercle rompu et la pierre ramassée, comme prévu.

Sa question sur le fait de retrouver les geôles de N’astirh, arracha un ricanement et un déplacement vers une sortie qu’Amy n’avait pas remarquée jusqu’à lors.

- Le Rat a peur, pas moi… plus maintenant. On y va, on devra retourner vers l’un des téléporteurs au bout de la galerie sud, à environs 800 mètre de ce couloir. C’est beaucoup plus loin ensuite. Il sentira que nous sommes dans son antre, ca va l’attirer comme une guêpe sur un fruit trop mûr. Tu as raison sur un point, N’astirh ne va pas se risquer à affronter Belasco de face… Au mieux il attendra son heure pour l’assassiner en toute « trahison ». Par contre fais gaffe, il pourrait sans doute prétexter notre capture pour expliquer la disparition de l’épée et nous livrer à Belasco pour créer une diversion dans le but de l’assassiner. Il est rusé, très rusé…

- Je sais, mais à temps désespérés, mesures désespérées. Si cela tourne mal, on se repli, ok ?

Amy se doutait bien que face à une créature intemporelle, l’intelligence humaine était plus que limitée, et qu’elles prenaient le plus gros risque, un risque peut-être même inconsidéré, mais elle ne voyait pas véritablement quoi faire d’autre.

Suivant les instructions de Fuzzy, une Caitlyn de chaque côté, Tesla dans une main et poing fermé et serré, elle continua d’avancer en suivant le couloir, jusqu’au téléporteur. Nephilim ne comprenait pas le fonctionnement de ces choses, ainsi pour elle il n’y avait aucune différence à prendre celui de la salle de garde ou celui vers lequel elles se dirigeaient, mais elle faisait confiance à l’Holocait’ pour en maîtriser le fonctionnement.

L’impression d’avancer vers la fin était omniprésente, car à défaut de s’aventurer dans l’inconnu puisqu’elles avaient un plan, elles avançaient dans l’obscurité puisqu’elles n’avaient aucune idée de comment il allait se dérouler. Mais Nephilim ne montra pas sa peur, faisant preuve de courage non-pas pour elle, mais pour les autres. Si elle flanchait, les autres flancheraient aussi ; elles la suivaient, c’était elle qui menait la danse, elle l’Alpha, et cela avait la responsabilité de la placer pour exemple, et que les vies de ses camarades étaient entre ses mains.

Personne ne meurt, elle l’avait clamé haut et fort, mais dans les ombres, elle avait accepté ce qu’elle ne pouvait changer, à savoir le sacrifice de Fuzzy. Avait-elle bien fait ? N’avait-elle pas menti ? Elle voulait qu’elles s’en sortent toutes les trois, mais ne conduisait-elle pas le mauvais chemin ? Ses décisions n’étaient pas remise en question, mais cela ne signifiait pas qu’elles étaient bonnes ; le siècle précédent contenait foule d’exemple tragique de ce fait.

Douter, avoir peur, elle ne devait pas le montrer, mais c’était bien là ; assumer, elle devait assumer, quoi qu’il arrive. Mais le ferait-elle ?

Elles arrivèrent jusqu’au téléporteur, et Nephilim laissa à l’Holocait’ le soin de le déclencher, puis elle regarda les deux autres.

- C’est là que je suis sensée vous déclamer une nouvelle tirade, je suppose, mais je sais pas quoi dire. Ensemble, tout devient possible, c’est du slogan de politique véreux. Donc, on reste ensemble et on se bat pour les autres. Une pour toutes, toutes pour une, et Dieu qui nous file la main. C’est parti.

Amy attendrait qu’elles franchissent toutes trois le cercle, tenant la main de sa Cati par reflexe.

Durant un instant, elle la tenait, sentant son contact chaleureux dans la paume de sa main, sur sa blessure, puis l’instant d’après, plus rien. Seigneur-Dieu… non…

Impossible à éblouir, Amy découvrit la pièce dès que le téléporteur l’y déposa. Il s’agissait d’une gigantesque salle, avec de grandes arches et des couloirs tout aussi immenses, vide à l’exception d’un autel ; d’un autel et de deux Caitlyn menottées par des liens plasmiques comme précédemment. Capturées, elles avaient été capturées ; c’était quoi le délire, elles étaient parties ensemble !

Activant instantanément l’Accélération des Processus Biologiques, déployant ses ailes pour maintenir son contrôle sur les symptômes, elle regarda aux alentours ; personne à par ses amies, personne à l’horizon. Un piège, c’était un piège, pas que pour elles, mais pour elle aussi.

- Amy !! Écoute-moi, je t’en supplie !! On a peu de temps ! Tu vas devoir nous faire confiance, on est arrivé quelques heures avant toi, il nous a blousé le gros con de démon, il s’est foutu de nous depuis le début. C’est moi… heu… l’autre qui avait raison : il tourne sa veste et va nous livrer à Belasco ! Il nous l’a montré grâce à sa magie.
Tu t’souviens de ce que tu disais on est une « équipe, il faut que nous fasses confiance, on a peu de temps, il arrive avec toute une armée, les deux chiens en tête et le maitre ouvrant la marche, on va s’en prendre plein les fesses !!

Elle avait quelques heures de retard ; cela lui fit plus mal qu’une dague en plein cœur. Elle les avait abandonnées, elle les avait envoyée à leur perte alors qu’elle leur avait promit d’être là. Elle les avait trahies, et c’était trahi elle-même. L’italienne avait toujours été prompte aux promesses, essayant d’en tenir un maximum, mais il y avait des promesses plus importantes que d’autres ; mais même celles-là, elle ne pouvait les tenir ! Elle avait menti à Caitlyn en lui cachant la chose qui la rongeait désormais, selon sa propre volonté, et elle avait envoyée les Cait’ droit dans un piège, les avait laissé seule.

Elle avait rompu de ses promesses les plus importantes, de celles en lesquelles elle croyait aussi.

Mais elles avaient encore du temps, trop peu, confirma la seconde Caitlyn : une bataille qu’elles ne pouvaient gagner, il fallait prévenir les X-Men, tout de suite. Mais cela impliquait sacrifier quelqu’un : il leur manquait toujours une des pierres ! Soit l’une d’entre elles, soit la propriétaire inconnue de l’âme… Non, non, non !

Amy ne sacrifiait personne, et portait autant secours aux inconnus qu’à ceux qu’elle aimait. Elle ne pouvait sacrifier personne, pas même elle, sans quoi elles disparaissaient toutes, les Caitlyn refusant de l’abandonner, ou bien elle les trahissait, ce qu’elle ne pouvait pas faire.

- Il faut qu’on se tire : Dante m’est témoin ! Tu entends Dante m’est témoin !!! Il nous a montré ce qui va se passer Belasco arrive lui et une horde de démon, on va se faire massacrer, y’a pas d’autre issue !!!! On a peu de temps à peine deux ou trois minutes !!! C’est mort !!! C’est mort !! Fais-moi confiance ne joue pas à l’héroïne, s’il te plait !

Ne pas jouer à l’héroïne ? Dante m’est témoin ? Malgré la lenteur croissante des sons, cela avait toujours autant d’impact sur son être : Héroïne, n’était-ce pas ce qu’elles voulaient devenir ? Dante m’est témoin… elles s’aventuraient dans les gouffres périlleux qui allaient leur coûter et les faire souffrir ; c’était dit. Mais Dante m’est témoin, c’était pour lorsqu’elles allaient ce blesser l’une l’autre dans leur relation amoureuse, cela n’avait rien à faire là ! Etait-ce une supplique pour s’assurer qu’elle face un choix impossible à temps ?

Des bruits de pas dans les couloirs, l’Holocait’ qui confirma qu’elles n’avaient plus le temps. Tout reposait sur elle, la survie de ses amies, de cette inconnue… tout. Son visage se déforma de colère, ses ailes se déployant de tout leur volume parallèlement à son dos, ses mains se serrant alors que tout son corps se crispait. Son cœur s’accéléra encore plus ; le combat final, il n’y aurait pas de combat final : juste un massacre. Un massacre qui prendrait au moins une âme, ou les trois.

Elle, elle ne pouvait pas sacrifier sa Cati, elle ne voulait pas sacrifier l’Holocait’, et elle ne pouvait pas se sacrifier elle-même ; mais elle ne voulait pas tuer la blondinette : un meurtre, c’était un meurtre ! Non, elle ne pouvait pas tuer… pas même une personne qu’elle ne connaissait pas et n’avait jamais vu. Ce n’était pas sa nature, elle ne pouvait tout simplement pas tuer.

Sa nature voulait qu’elle puisse vivre de soleil et d’eau, sans jamais avoir à faire du mal autour d’elle, et elle ne voulait pas faire de mal. Être X-Men, pour elle, ce n’était pas sacrifier une personne pour en sauver trois, car si l’on suivait cette logique, fallait-il en tuer un million pour en sauver un milliard ? C’était inhumain, tout simplement inhumain, hors elle était humaine.

Etait-ce cela, les X-Men ? Les X-Men ne tuent pas, c’était la devise de l’équipe, mais était-ce simplement une maxime pour paraitre bon samaritain ? Elle ne comprenait pas, elle ne voulait pas comprendre ; la seule chose qu’elle savait, c’était que si elle n’agissait pas tout de suite, tout était perdu.

Les cercles, ils ne marchaient plus, mais c’était leur seule chance d’essayer de s’échapper, le rituel, rituel que l’Holo-cait’ ne pouvait accomplir à moins qu’Amy ne lui fournisse la quatrième pierre et qu’elle ne revomisse la première. Rituel qui signifiait tuer la blonde.

Mais même si elles s’échappaient, les Démons allaient les suivre, puisqu’elles ne savaient pas comment refermer le portail. Echoué, elles avaient échoué ; elle avait échoué.

L’italienne s’effondra, genoux à terre, frappant le sol du poing, sa vitesse et sa force accrue. Combien de secondes pour penser tout cela ? 10 ? 15 ? Trop peu, beaucoup trop peu. Le temps semblait toujours se ralentir, avec une inhabituelle vélocité ; parfait.

Ils se rapprochaient, elle n’avait plus le choix. C’était maintenant où jamais, mais pour prendre cette décision, elle devait abandonner son humanité.

Avoir du sang sur les mains, elle devait avoir du sang sur les mains, mais elle ne pouvait pas. Elle ne pouvait pas, mais elle allait devoir, c’était le prit pour être à la hauteur. Mieux vaut un mort utile que trois morts inutiles.

Quelque chose se brisa en elle lorsqu’elle prit cette décision froidement, et dans la même seconde, une goute de sang tomba sur le dos de sa main.

Etrange, mais inutile de s’en préoccuper, ils approchaient toujours, le facteur temporel était trop restreint pour se permettre de douter.

En moins d’une seconde, Nephilim se releva, se saisissant de sa Cati par le bras sans la moindre douceur. Tout émotion avait disparu de son visage, remplacée par le sang qui lui coulait du coin des lèvres et des yeux, des narines et des oreilles, des Ala-pulmos même. De fines gouttelettes, mais qui coulaient rapidement, l’accélération biologique obligeant, leur gout dans sa bouche lui apprenant que ce n’était que le début. Sans savoir comment, Amy comprit ce qui se passait : Elle recyclait son sang pour produire de nouvelles Sanguis, se débarrassant de l’ancien après avoir épuisé la biomasse et consommé les cellules mêmes. Pourquoi ? Parce qu’elle atteignait un nouveau stade ; cela ne l’effraya pas, non, cela la laissa parfaitement indifférente, autant que son sang qu’elle perdait.

Quelle différence qu’elle s’en inquiéta ou pas, cela ne changerait rien ; par contre, si les Caitlyn commençaient à plus se préoccuper de cela que de leur tâche, cela allait devenir plus problématique.

Tirant Caitlyn jusqu’à l’autre Caitlyn, qui se tenait en face d’un cercle d’une taille incomparable, elles la rejoignirent, Nephilim parlant rapidement, relâchant sa prisonnière pour ôter de sa ceinture la pierre de sang et la tendre, dans un même geste, à l’Holocait’

- Il semblerait que la leçon d’aujourd’hui soit qu’on ne puisse rester pure et croyante dans ce combat, alors tant pis pour la blonde : active le portail, déclara-t-elle sans la moindre intonation dans la voix.

C’était un ordre simple, lancé sans appel, immédiatement suivit par deux doigts dans le gosier à l’intention de la luette, Nephilim se faisant vomir sans le moindre dégoût pour récupérer la pierre de sang qu’elle avait avalée. Son vomi éclaboussa le sol, mêlé de sang, ce qui ne lui arracha même pas une expression, contrairement, selon toute probabilité, au cas de ses deux compagnes. Se saisissant de la pierre dans la régurgitation, elle regarda les deux autres.

- Je vous en prie, nous en perdrons toutes les trois bien plus si vous tardez trop. Ouvrez le portail, maintenant.

Se relevant, elle remarqua également sans la moindre surprise qu’à travers les gants de sa combinaison, ses ongles commençaient à pousser.

Les secondes s’écoulaient bien plus lentement qu’à l’habitude, mais cela ne l’émut même pas.

- Nous avons échoué, déclara-t-elle simplement. Nous n’avons aucun moyen de refermer le portail de l’autre côté, pas plus que de moyen de les arrêter. De l’autre côté, dans le temple, la corde nous permettant de nous échapper a disparue, mais cela vous ne pouviez le savoir. Il y aura surement une autre sortie, si tant est que nous la trouvions à temps. Avoir survécu et sacrifié une innocente sera notre seul mérite ; soit.

Nephilim marquant une pause, incapable de s’émouvoir de ses propres paroles, dont la fatalité et l’absence d’espoirs ne causaient rien d’autre que de l’indifférence. Que lui arrivait-il ? Aucune importance. Elle reprit après ce qui fut pour elle une pause suffisante, tant les secondes lui semblaient longues à présents, mais qui dû ressembler à un enchainement pour ses camarades de jeu.

- Tant que nous avons une faible chance de réussir, cela doit être tenté, que blondie ne meurt pas pour rien. Fuzzy, que tu rentre avec nous ou dans ton temps, n’oublie jamais ceci : ta Amy ne t’as jamais abandonnée, elle a toujours été avec toi, dans ton cœur. Elle est peut-être enterrée sous les fondations de votre amour, mais celles-ci restent aussi réelles que de son vivant. Tu la retrouveras lorsque le moment sera venu, mais d’ici là, sache qu’elle te regarde, où qu’elle soit, et qu’elle ne t’a jamais abandonnée.

Le rituel s’accomplit ouvrant le portail.

Le regardant dans la même seconde, Amy prit une décision.

- Cati… n’oublie jamais cela, toi non-plus.

D’un seul geste, Nephilim se saisit des épaules de ses deux consœurs et les poussa dans le portail, les pierres de sang consumées alors qu’elles disparaissaient vers l’autre monde, selon toute probabilité, laissant l’italienne seule dans les limbes.

Regardant sa propre pierre de sang, Nephilim, libérée des contraintes de compréhension de l’espèce humaine, s’interrogea seule : Et si cela avait été vrai ? Aurait-elle put sacrifier une parfaite inconnue, une enfant, pour survivre elle-même, ou se serait-elle laissée elle-même aux griffes de ses assaillants pour l’épargner. Qu’auraient fait les X-Men ? En entrant ici, elle n’en aurait pas douté, mais maintenant, elle ne savait plus. De toute façon, la question ne se poserait jamais : les démons n’existaient pas, il n’y avait que des hommes mauvais.

Et un Nephilim, désormais, puisqu’elle laissait son humanité ici, dans ces « Limbes ».

Elle fit un pas en avant, et franchit à son tour le portail, consumant la pierre et accomplissant ce que l’on attendait d’elle.