A la recherche du temple perdu [PV Ernest]

HRP : suite du rp : La peur mène à la colère, la colère mène à la haine... La haine mène à la souffrance.

Nous prîmes l’ascenseur dérobé pour descendre dans les souterrains. Chargés de nos livres, le voyage s’était déroulé en silence. Perdu dans mes pensées, j’avais presque oublié la présence d’Ernest. Arrivés dans les couloirs, je repris contact avec la réalité et ralentis un peu ma marche pour me retrouver à la hauteur de mon interlocuteur. Je pris alors la parole :

« Dis-moi, depuis que tu prends le Neutralium, as-tu absorbé d’autres médicaments que les inhibiteurs ? »

Si j’avais bien assimilé toutes les données, mon élève ne peut prendre de remèdes sans avoir assimilé au préalable le Neutralium. En effet, son pouvoir bloquant toutes les drogues étrangères à son corps, je devais admettre que cela pouvait être embêtant dans un sens comme dans l’autre.

« Avant d’avoir accès au Neutralium, as-tu tenté d’ingurgiter des médicaments ? »

Ces questions visées à savoir quelles substances avaient déjà parcouru le corps du jeune rat, même si ce dernier en rejetait. Je n’étais pas très rassuré et, quoi qu’il dise, nous ne pouvions pas faire n’importe quoi : des tests supplémentaires étaient nécessaires car je n’avais aucune donnée concernant les allergies médicales éventuelles d’Ernest.

Nous arrivâmes bientôt devant la porte du laboratoire. Le nombre de mesure de sécurité était incroyable. Pour pouvoir déclencher l’ouverture du premier accès, je tapais un code : il s’ouvrit en silence. Nous entrâmes dans un nouveau couloir qui menait à une seconde porte : le système demandait alors mes empreintes digitales et rétiniennes avant de nous autoriser à entrer. Nous pénétrâmes dans une petite pièce qui était dominée par un laboratoire gigantesque. Certains appareils avaient des mesures disproportionnées pour un homme de taille normale. Je lançais :

« Posons les livres dans ce placard. Je les récupèrerais une fois que nous en aurons terminés pour aujourd’hui. »

J’avais joins le geste à la parole et déposais mes romans dans l’armoire murale. Je désignais ensuite une ouverture qui menait dans le cabinet de recherches scientifiques :

« Avant de pénétrer à l’intérieur, je vais te donner quelques consignes de sécurité. Comme tu peux le constater, un voyant se trouve juste au-dessus de cette porte. Lorsque celui-ci est vert, tu peux pénétrer à l’intérieur. Lorsqu’il est rouge, je t’interdis strictement de passer de l’autre côté de cette cabine de surveillance. Un voyant rouge indique soit qu’une expérience est en cours soit qu’un problème est survenu. Dans le second cas, il te sera alors impossible de passer la première porte à moins de la mettre en miettes. Mais c’est tout de même vivement déconseiller : il y a de fortes chances pour qu’une substance ait été libérée pendant une expérience et qu’elle se soit répandue. Bien entendu, il est très rare que nous en arrivions là. »

Je pénétrais dans le laboratoire après avoir invité Ernest à me suivre.

« Ne touche pas aux appareils tant que je ne t’ai pas invité à le faire. »

Je me dirigeais vers une table métallique. J’encourageais d’un signe de la main mon interlocuteur à prendre place sur l’une des chaises. J’ouvris un tiroir pour prendre un stylo et quelques feuilles et vins m’assoir en face de mon élève. Je sortis de ma poche les données qu’Ernest avait posé sur papier et les posais devant moi.

« Bien, nous allons passer deux ou trois heures ensemble dans ce laboratoire aujourd’hui. Nous allons beaucoup discuter et je te demanderais de poser des questions dès que tu sens que cela est nécessaire. N’hésite surtout pas à la poser même si tu trouves qu’elle a l’air complètement idiote. Aucun questionnement n’est stupide. A la fin de notre entretien, je te ferais une prise de sang : est-ce que cela te dérange-t-il ? »

J’inscris en haut de ma feuille la date d’aujourd’hui.

« Je tiens aussi à préciser que ce qui se dira durant cet entretien ne quittera pas cette pièce. Est-ce clair ? »

Je plantais mon regard dans celui d’Ernest :

« As-tu des questions ou pouvons-nous commencer notre entretien ? »

J’écoutais en silence le petit rat qui me faisait face. Prenant parfois des notes, je laissais planer le silence quelques minutes au-dessus de nos têtes lorsque le dernier son franchit la bouche d’Ernest. Oui, lorsque l’Altérium n’était pas contré par le Neutralium, mon interlocuteur était protégé contre toutes formes nocives pour le corps et la santé. Qu’adviendra-t-il s’il ingurgitait malencontreusement (ou volontairement) une substance malsaine alors que le Neutralium faisait encore effet ? Quoi qu’il advienne, Ernest était assez intelligent pour ne pas faire de bêtises.

Je me grattais la tête puis je me dirigeais vers l’ordinateur. Je l’allumais puis revins m’asseoir face à mon interlocuteur. Je lui souris puis repris :

« Dans quelques instants, nous irons vérifier ensemble les éléments de ton dossier médical pour vérifier s’ils sont corrects. »

Je fis une petite pause avant de reprendre :

« Durant les analyses et la conception du Neutralium tu auras le droit d’avoir accès aux informations et aux résultats que j’inscrirais dans ton dossier. Tu pourras les consulter en demandant à Karma, au professeur Xavier ou à moi-même. Je leur donnerai d’ici quelques jours les codes permettant d’accéder à ton dossier. »

Tout en jetant de temps à autre des coups d’œil vers l’ordinateur pour voir si son démarrage s’effectuait correctement, j’expliquais ma façon de travailler au jeune rat. J’aimais quand tout était clair entre les deux partis.

« Lorsque l’on me demande de travailler sur un pouvoir, je préfère qu’il n’y ait qu’un seul référent. J’admets difficilement qu’on vienne fouiller dans mes dossiers. Ces derniers seront visibles par les autres médecins et infirmiers lorsque nous aurons terminé et seulement si tu le souhaites. »

Ne voulant influencer en rien le choix de mon interlocuteur pour le moment, je m’en tins là avec mes propos. Néanmoins, je lui conseillerais plus tard de n’ouvrir son dossier qu’aux médecins de l’Institut pour jeunes surdoués en plus du professeur Xavier et de Karma. Les stagiaires et les infirmiers n’avaient pas besoin de tout savoir en détails. Et puis, il y avait toujours un médecin de garde quel que soit l’heure de la journée ou de la nuit.

Un petit son provenant de l’ordinateur retentit. Eh bien, il avait été long à s’allumer aujourd’hui. Je devrais peut-être penser à mettre les données sur un nouveau disque dur parce que la machine avait de plus en plus de mal à suivre. Et dire que j’en avais déjà une bonne vingtaine bien gardée à l’abri des regards. J’entrais mon mot de passe et le bureau s’afficha. Je remerciais le professeur Xavier de bien avoir voulu qu’un laboratoire à ma taille soit installé dans les sous-sols. Je débranchais le disque dur externe de l’ordinateur et collais une étiquette sur le côté droit. J’y inscris : « Recherches sur le projet Oméga, DDE (Disque Dur Externe) n°5 ».

Tout en le rangeant dans le coffre du laboratoire en attendant de pouvoir le déplacer dans la salle adjacente où je stockais les données, je demandais à Ernest :

« Quel est ton nom de famille ? »

Grace à sa réponse, je pus sortir le disque dur externe correspondant. Ayant beaucoup de dossiers médicaux, ils ne tenaient pas tous sur un seul disque dur. Les documents informatiques qui se trouvaient là étaient une copie de ceux se trouvant à l’infirmerie. Certains étaient beaucoup plus complets dans le laboratoire et bien que des mises à jour soient faites régulièrement, toutes les informations ne remontaient pas forcément au poste de secours de l’Institut bien que les médecins aient un accès total à ces données. Je branchais l’appareil à l’ordinateur et, après quelques minutes de recherches, je parvins au dossier du jeune homme. La machine me demanda plusieurs fois d’entrer des identifiants et des mots de passe afin de pouvoir accéder aux données. Avec un petit sourire, je dis :

« En temps normal, il n’y a pas autant de demandes pour entrer dans un dossier. »

Je n’entrais pas dans les détails. Non pas que j’avais peur qu’un collègue me vole mes données mais la vie m’avait appris à être méfiant. Certaines personnes étaient des pommes pourries et je n’admettrais pas qu’on se serve d’informations contre mes patients, surtout si c’est moi qui découvre ces dites données. C’est vrai que cette action pouvait passer pour un acte paranoïaque mais, peu m’importait !

Je repris d’un ton posé mais assuré et ferme :

« Nous allons concevoir le Neutralium. Afin de pouvoir y parvenir, je te ferais une prise de sang demain matin avant que tu n’avales quoi que ce soit. Nous conviendrons d’une heure à la fin de notre entretien. Le temps que je lise tes notes et que je mette en pratique tout cela, nous aurons les premiers résultats dans une semaine environ. Avant de te l’administrer et être sûr que je n’ai commis aucune erreur, je te ferais une nouvelle prise de sang dans une semaine et nous observerons les résultats de la rencontre entre ton sang et le Neutralium sur… disons… »

Je me tus quelques secondes et demandais :

« Les deux premières fois, combien de temps le Neutralium a-t-il fait effet ? »

Les tests seront faits en fonction de cette durée. Je me grattais une nouvelle fois la tête, signe que quelque chose me chiffonnait. Je demandais alors :

« Si mes souvenirs sont bons, tu m’as dit que les effets du Neutralium étaient quasiment identiques à ceux que vous espériez. Qu’est ce qui n’a pas fonctionné ? »