Seules... [PV : Enora Lacourt, Daniel Hopes puis Caitlyn Elioth]

Trois jours ; trois putains de jours ! Trois jours qu’Amy était assise là, sur le rebord du pont menant à l’une des entrées sécurisées du Triskelion ; trois jours qu’ils refusaient de la laisser rentrer, trois jours depuis qu’ils avaient enlevé Caitlyn.

Amy avait eut son temps de pleurs et de colère, sa détresse profonde et sa rage indicible ; cela n’avait pas duré. Des amis étaient venus la voir, la consoler, l’aider. Mais ce n’était pas elle qui souffrait le plus : Caitlyn, elle devait revoir Caitlyn.

Le soir même de l’incident, une fois que l’italienne eut ses larmes extérieures de séchées, elle avait emprunté sans permission l’une des voitures de l’Institution Xavier, la même qui lui avait été prêtée lorsqu’elle devait se rendre à la fac, et avait foncée droit sur New York, droit sur le Triskelion, droit sur ceux qui lui avaient enlevé Cait’.

Elle avait garé sa voiture le plus proche possible, le soir même, et s’y était rendue, sans même s’être changé, sans même avoir prit soin d’effacer les traces de son malheur. Elle était ainsi arrivée vêtue des lambeaux de sa tenue, son t-shirt sans manche ayant vu sa partie dorsale déchiquetée par les Ala-pulmos, parties qui pendaient désormais en lambeau au creux de ses reins, tandis que sa jupe jean était encore tachée par des traces de sang de quant l’italienne s’était essuyée les ongles dessus. Ses basket étaient le seul endroit de sa tenue qui n’avait pas de marque, à dire vrai. Le visage de Nephilim portait encore les traces des larmes, tendit que le Facteur Guérisseur n’avait pas encore régénéré la brulure électrique qui partait de son épaule jusqu’à son coude et couvrait une bonne partie de son torse. Cela ajouté à une coiffure des plus barbares n’avait pas aidé lorsqu’elle c’était présentée.

Elle avait exigé au vigile de voir Caitlyn, ou un agent responsable, lui répliquant que s’il était à la porte, c’était qu’il était portier, pas agent. Amy n’avait pas faite preuve d’un excellent tact durant la rencontre, il fallait bien l’avouer. Elle avait demandé une chambre en prétextant qu’il y avait marqué « hôtel de police » quelque part et lorsqu’il lui avait demandé si elle avait commit un crime nécessitant qu’on l’enfer, elle avait répliqué que cela pouvait s’arranger rapidement. Résultat, elle s’était faite insultée et était retournée à sa voiture à coup de pied dans le cul. Fallait laisser faire les professionnels : Caitlyn savait y faire dans le genre, Nephilim cela avait sonné faux du début à la fin. A part une sérieuse douleur postérieure, des insultes et du mépris, elle n’avait rien gagné à cela.

Mais l’italienne était plus entêté qu’une mule, et avait passé la nuit devant les portes fermées du Triskelion, seule dans le froid marrin, serrant un unique livre contre son cœur : Paradiso, de Dante. « Tu sais, si t’aime bien Dante, j’ai la suite, bien que je n’ai moi-même pas lut le Paradis. Du coup, si tu le lis avant moi, tu me laisse toute les pages, ok, sinon je pique dans ton porte-monnaie pour me le racheter. » lui avait-elle dit ; et elle lui avait amené le Paradis, pour que Caitlyn puisse le lire avant elle, pour que Fuzzy ne désespère pas.

Mais le livre avait morflé en trois jours, comme Amy d’ailleurs. New York était sur la côté et le Triskelion dans sa baie, le temps était donc différent qu’à l’Institut ; très différent. La brume, les embruns, toutes les conneries arrivant par la mer étaient tombées sur la Ptite Brune sans qu’elle acceptât de bouger. Elle ne repartirait pas avant d’avoir vu Caitlyn Elioth, qu’elle avait déclaré, et elle s’y tiendrait. Amy pouvait rester des semaines sans manger et sans souffrir de la faim, et elle les passerait plantée devant cette putain de porte jusqu’à ce qu’on la laisse entrer. Enfin, devant : à distance raisonnable pour ne pas avoir à fracasser le vigile, malgré que cela la démangeait sérieusement. Dommage qu’elle n’ait pas amené le Tesla.

Les minutes avaient passées, devenant rapidement des heures, alors qu’Amy, son livre contre elle, attendait assise sur le trottoir qu’on lui ouvre la porte, ou même que quelqu’un voit en elle non-pas une clocharde mais une personne en détresse. Tous les Bameurs ne pouvaient pas être aussi inhumain que leur portier, elle le savait pour en avoir déjà rencontré d’autres ; sauf que pour l’instant, aucun ne lui avait prêté d’attention.

C’était pas faute d’avoir gueulé pourtant : elle n’avait put approcher la porte, et si la première soirée cela avait été menace surréalistes et indignations profondes, la seconde journée avait vu le « vous êtes des connards » se transformer en supplications.

Oui, désormais Amy suppliait qu’on la laisse entrer, mais cela n’avait rien changé. Une nouvelle nuit de plus, dans le froid et sous les étoiles indifférentes. Caitlyn…

C’était le troisième jour, tard ou tôt elle ne savait plus et s’en foutait, recroquevillée comme une damnée, alors même qu’à l’Institut on devait s’affoler de sa disparition et que ses amis devaient être inquiets. La chose était simple cependant : Amy reviendrait avec Caitlyn ou elle ne reviendrait pas.

Vient un moment où l’on n’a plus de larme, où notre corps se déshydrate à force de pleurer et où même la plus profonde tristesse n’est plus suffisante pour nous faire vaincre le corps par l’esprit. On entre alors dans un état second, comme en état de choc : tout se déroule autour de nous sans la moindre importance, on est vide, creux, car on nous a tous prit et on n’a l’impression qu’on ne peut plus rien nous prendre.

Le vent, le froid, le temps, plus rien n’a d’importance : on contemple seulement notre impuissance, notre impuissance face à ce monde, notre impuissance face à notre tristesse même.

Ce n’est qu’une fois arrivé dans cet état, dans cette sensation de vide et de néant, qu’on envisage vraiment la mort non-plu comme un concept mais comme quelque chose de tangible. On ne parle pas de se donner la mort, mais de la comprendre. Ce vide, c’est la mort : tellement vide que l’on arrive plus à être malheureux, tellement vide que l’on n’arrive plus à être tout court. La mort de l’âme.

Amy – quel nom stupide quant on y pense, surtout dans un instant semblable – avait contemplé la décrépitude de son âme partagée entre ses propres larmes et l’indifférent de l’Homme. Désormais prise dans cet hiver de l’être, elle attendait simplement le printemps, n’ayant plus rien à faire d’autre. Ses injures n’avaient pas marché, ses suppliques non plus, son désespoir et sa tristesse avaient laissé les agents du BAM plus indifférent que des statues de pierre.

Plus rien ne vacillait en elle, car il n’y avait plus rien pour vaciller : elle n’avait plus de conviction, d’avenir ou d’espoir, elle attendait, elle attendait simplement, elle attendait l’inéluctable fin, quelle qu’elle fut. La seule mémoire qui lui restait était la raison de sa présence ici, sinon tout le reste avait disparu. Elle n’avait qu’une pensée, et une pensée qui, à défaut de la laisser indifférente, s’eut été trop facile, avait déjà épuisé son être.

Elle ne bougerait pas d’ici ; il n’y avait personne pour s’indigner ou ne serait-ce que se poser des questions ? Soit, elle ne bougerait pas quant même. Il n’y avait personne pour faire preuve d’humanité dans cette tour de fer ? Soit, elle ne bougerait pas quant même. Les secondes c’étaient confondues aux heures, ainsi Amy ne pouvait perdre patience. De toute façon, la patience était devenue étrangère au vide qui régnait en elle.

Il n’y avait qu’un nom, qu’une voix, qu’un visage : Caitlyn.

Recroquevillée sur elle-même, non-pas pour se tenir chaud car le froid marin qui lui mordait les chairs n’était plus une gêne depuis bien longtemps, elle laissait le monde s’écouler avec lenteur et rapidité autour d’elle, elle laissait les visages anonymes de la foule passer et l’ignorer, car elle n’était pour eux pas plus personnifiée qu’ils ne l’étaient pour elle.

L’éternité s’écoula en une seconde, à moins que ce ne fut une seconde qui s’écoula en une éternité, cela n’avait réellement d’importance, avant que quelqu’un la remarqua pour ce qu’elle était : une personne.

Un nom, un seul nom, mais qu’elle aurait aimé entendre d’une autre bouche. Elle ne réagit pas, son regard vide se portant vers la direction du son sans pour autant voir.

"Tu me reconnais? Je m'appelle Enora..."

Enora… Enora… elle avait déjà entendue ce nom… Enora… Enora… « Heu..C'est toi la Petite Nora ? Je veux dire Nora-la-courte ?? » Enora Lacourt ? C’était une élève de l’Institut, sans jamais avoir fait plus que la croiser dans les couloirs, Amy avait déjà entendu parler d’elle ; Wiccan, elle ne faisait pas parti des amis de Wiccan ? Possible, mais de toute façon cela n’avait aucune importance.

L’Institut l’avait retrouvé, mais elle ne partirait pas. Xavier se lavait les mains de Caitlyn ? Bah il allait devoir mettre double-couche de savoir, parce que des Sœur de Cœur, c’est un pack, on ne prend pas que celle qui nous arrange.

-Qu… qu’est-ce que tu veux… ? demanda-t-elle lacement, épuisée et toujours aussi creuse, sa voix trahissant parfaitement cet état de fait, son visage également.

-Qu… qu’est-ce que tu veux… ?

"Ce que beaucoup de monde souhaite, Amy. Je veux que tu ailles bien et que tu rentres à l'institut avec le sourire..."

Amy ne cilla même pas, continuant de fixer le même point sans le voir ; le visage, sans doute, par habitude, mais l’italienne n’aurait véritablement su le dire. Elle ne le voyait pas, pas réellement du moins : c’était comme si son cerveau ne prenait pas la peine d’analyser les informations transmises par ses yeux, ou alors que sa mémoire les effaçait aussitôt. Mais cela n’avait pas d’importance, car en cette instant elle n’avait plus peur du jugement des autres, en cet instant elle n’essayait plus de lire sur leur visage, en cet instant elle n’essayait ni n’avait plus rien.

L’Institut voulait la récupérer ? Ils n’avaient pas envoyé Jubilee pour cela, qui devait avoir également mal prit le fait qu’ils n’eussent pas bougé le petit doigt durant l’enlèvement d’une de ses élèves, probablement car à la différence d’elle-même, sa professeur pouvait faire beaucoup de dégâts. Puis une élève qui pette un plomb et faim une grève de la faim devant le Triskelion, cela n’aurait pas attiré ces vautours de la presse plus que cela, alors qu’une X-Woman passée dans le journal des sports en début d’année faisant sauter la grande porte, c’était déjà plus ennuyeux.

Enora s’avança encore, sans plus de réaction de la part de Nephilim, allant jusqu’à se placer à ses côtés. Elle voulait y aller en douceur pour la forcer à rentrer à l’Institut ? Aimable à elle, et cela aurait put marcher si l’italienne avait encore eut un sursaut de bon sens ; mais son bon sens et sa raison étaient toujours à l’Institut, attendant comme tout le monde son retour à elle. Amy ne réussit même pas à voir la gentillesse du geste. Quelque chose fut passée sur ses épaules, entrainant une réaction tout aussi physique qu’involontaire cette fois ci : un frémissement, alors qu’un quelconque tissu chaud entrait en contact avec sa peau.

C’était une réelle surprise, cette chaleur nouvellement venue, et finalement bien venu, rappelant à Amy qu’elle avait froid. Désagréable certes, mais l’ajout de cette couverture lui fit prendre conscience de la bienveillance du geste, l’italienne tournant la tête vers Enora, détaillant pour la première fois son visage. Un visage ovale, pâle, serein, très enfantin et doux, compatissant, percé de deux yeux bleus-verts étincelant. Si Nephilim ne dit rien, sa réaction était encourageante, la sortant de la torpeur dans laquelle la tristesse et le froid l’avaient plongée.

Dommage que le discours qui suivit ne fut pas à la hauteur de ses attentes. Tous le monde était inquiet à l’Institut, et si elle ne c’était pas posé la question de savoir pourquoi certaines personnes de sont entourage proche n’avaient pas essayé de venir à sa rencontre, elle culpabilisait pour ceux qui l’auraient fait mais à qui cela était interdit. Elle pensait particulièrement à Alexander qui avait dû tourner en rond comme un fauve en cage depuis 72 heures, consigné qu’il était à l’Institut, ou Franklin qui n’avait pas de moyen d’en sortir seul. Cependant, point intéressant qu’elle ne releva pas, ce fut qu’Enora, malgré son affiliation à l’école Xavier, n’était pas là pour eux. C’était trop long à lui expliquer ? Bah elle ne voulait pas savoir de toute façon, ce qu’elle voulait, c’était qu’on lui rende Caitlyn, point.

"Je suis là pour te faire entrer dans le BAM, Amy. L'agent Hopes m'envoie te chercher... Et... Tu vas pouvoir voir Caitlyn Elioth..."

Caitlyn Elioth… les yeux d’Amy s’allumèrent, comme si elle avait ressuscité à la mention de ce nom.

Nephilim cligna des yeux, l’action de son cerveau sortant de sa léthargie presque trop brutale, alors qu’elle-même prenait conscience de nombreuses informations jusqu’à lors noyées dans la tristesse. Elle avait froid et était humide, elle avait sommeil et de dormir à même le sol – si dormir pouvait être considéré comme un terme adéquat – lui avait laissé de désagréables contusions. Elle n’avait pas faim, cela elle ne se souvenait même plus comment cela faisait, mais elle avait soif. Elle avait mal aussi, le sang n’ayant plus aussi bien circulé qu’il aurait dû, par l’action combinée de sa position qu’elle n’avait pas quittée depuis des heures et des embruns maritimes.

Mais surtout, ce qui avait ramené son âme s’imposa à elle et se répéta dans son esprit.

Caitlyn… elle allait voire Caitlyn…

- M…merci, fut le seul mot qui parvint à franchir ses lèvres gercées, le seul mot qu’elle eut besoin de dire et qu’elle pouvait dire.

Caitlyn… j’arrive…

Enora lui sourit, un magnifique sourit très enfantin, mais qu’Amy ne put réellement apprécier dans ce maussade moment. Elle la prit par le bras pour l’aider, lui déclarant qu’il fallait s’occuper d’elle. Nephilim ne dit rien, malgré que les pensées fussent là : elle devait entrer, au moins, et n’arriverait pas à le faire seule. Enora l’y aidait, gentiment, et n’y était pour rien dans tout cela. Il ne fallait pas s’en prendre à elle ou lui en vouloir, donc Amy ne fit pas de remarque, mais clairement, s’occuper d’elle-même n’était pas sa priorité.

Enora l’aida à se relever, tenant Amy par la taille, alors que les mains de cette dernière étaient occupées à deux choses : de la droite, elle appuya sur le plaid pour se réchauffer un peu plus, tandis que de la gauche, elle gardait son livre contre elle. Seule Cait’ aurait le droit de prendre ce livre, il était pour elle, même s’il avait grandement souffert du temps.

Et il n’était pas le seul : Amy aussi, bien qu’en meilleur état qu’elle n’aurait dû, n’était pas dans sa plus grande forme. Le manque de sommeil et le froid surtout, plus que la fin et la soif, l’avaient affaiblit. Elle marchait difficilement, les membres endoloris. S’eut été possible d’outrepasser cela et de se forcer à marcher, voir même de ce forcer à guérir, mais elle n’en avait pas la force morale. Puis la blessure au bras gauche, elle y tenait comme à un présent. La brulure électrique était certes très « stylée » comme aurait put le dire Caitlyn, espèce d’arbre de manga marqué à même la chair partant d’un point de son épaule pour couvrir une partie de son torse ainsi que son bras jusqu’au coude, chose parfaitement visible dans les guenilles qu’elle portait.

Lorsqu’elles passèrent la porte blindée, Nephilim ne put s’empêcher d’avoir un regard mauvais pour le portier, souhaitant très fort avoir un jour l’occasion de lui expliquer sa manière de pensée à coups de pied dans l’entre-jambes.

Une fois dans le Triskelion, Amy ne prêta plus d’attention au décor, baissant la tête comme si elle était coupable ; car oui, elle était coupable, coupable d’être la clodo forcenée qui faisait le pet depuis trois jours dans la porte, et cela allait faire jaser chaque agent qu’ils croiseraient. Ho, elle prenait bien leur mépris si cela lui permettait de revoir Caitlyn, mais elle ne pouvait s’empêcher d’être blaisée par leurs regards et leurs murmures.

Elles allèrent jusqu’à un ascenseur, y pénétrant, et Enora attendit que les portes soient refermées, qu’Amy n’ait plus d’autres choix, pour parler.

"On va passer chez moi... Tu vas pouvoir te laver et je dois bien avoir quelques vêtements qui t'iront... Et tu pourras manger et boire quelque chose parce que tu as vraiment une petite mine. Et après seulement, tu verras Caitlyn. Elle est pas au top de sa forme non plus... Mais je pense que te voir va lui faire plaisir..."

Amy ne dit rien, elle n’avait rien à dire, on ne lui laissait pas le choix ; pas encore du moins. Il fallut attendre d’arriver dans un appartement sobre aux murs blancs pour que ce choix se présente, alors qu’après avoir laissé l’italienne s’assoir sur le canapé sombre qui était en face d’une table basse de verre, Enora rompit le contact physique pour lui parler à nouveau, souriante.

"Dans d'autres circonstances, je t'aurais souhaité la bienvenue chez moi en soulignant que tu es la première en dehors de moi et Daniel à y mettre les pieds mais bon... Tu as faim? Soif? Tu préfères peut être te laver d'abord... Tu n'as qu'à me dire ce que tu veux!"

- N…non… je… je veux aller la voir… Avant !

C’était simple, concis, sans appel, prononcé avec bien plus de force morale qu’elle n’en avait démontré jusque là, soulignant le « avant » par un éclat de voix, un peu comme une enfant.

Elle était si proche de Caitlyn que toutes les autres considérations n’avaient plus vraiment d’importance. Caitlyn d’abord, le reste ensuite. Non négociable.

Il était intéressant de noter que le visage d’Amy s’était durci, mais surtout qu’elle se frottait le bras brûlé ; c’était la seule chose qu’elle avait encore de Caitlyn, physiquement parlant, et plus elle pensait à elle, plus elle touchait sa blessure. Certaines brûlures de ce type ne guérissaient jamais, et celle de Nephilim ne semblait pas guérir non-plus, l’italienne ne voulant pas la perdre. Ce n’était que temporaire, il était prouvé que son Facteur Guérisseur pouvait guérir presque tout, à moi que l’organe où le membre de soit complètement détruit. Là, c’était juste une brulure, alors certes normalement elle était à vie, chose qui n’aurait pas déranger Nephilim à l’heure actuelle, mais c’était plutôt improbable.

Mais tant que cette brulure restait la marque de Caitlyn apposée sur elle-même, l’italienne ne cesserait de la toucher quant elle penserait à sa sœur de cœur, à défaut de pouvoir voir Fuzzy.

Quelque chose n’allait pas, quelque chose n’allait pas chez elle. Et lorsqu’elle constatait cela, ce n’était nullement son comportement des derniers jours qu’Amy remettait en cause. La chose qui n’allait pas était d’ordre physique, mais elle ne savait ce que c’était ; et s’en moquait, d’ailleurs. Elle voulait voir Caitlyn, et cette idée fixe balayait toutes les autres.

"Amy... Tu es ici parce que la BAM te laisse cette chance. Leur règlement est pourtant strict et inflexible sur bien des points, crois moi. Alors ne fous pas tout en l'air pour un caprice. Je te jure que tu vas voir Caitlyn. Je te donne même le droit de me tuer si je t'ai menti..."

La phrase d’Enora la scotcha sur place, la laissant interdite et effrayée ; c’était donc cela qu’on disait d’elle depuis le départ de Cait’ ? Qu’elle était une brute épaisse ? C’était blessant, mais pas forcément immérité : après les dégâts qu’elle avait fait à la chambre, notamment passer le bureau 4 personnes par la fenêtre sans prendre à peine d’ouvrir cette dernière (heureusement qu’il n’y avait personne trois étages plus bas, sans quoi il y aurait eut des blessés) et défoncer la porte qu’on avait fermée à clé à coup de table de nuit, on faisait moins petite fille sage et élève modèle. Mais bon, un don de Berserk restait un don de Berserk, et elle-même n’avait pas explosé un Hummer à coup de panneau de signalisation, à l’inverse de la dernière Berserker qu’elle avait rencontré, et dont les compétences en droits lui auraient été bien utiles en ce jour. Kya, pourquoi t’es repartie ?

Enora se dirigea seule vers une autre pièce, laissant Amy avec son étrange sensation et un soupçon de culpabilité qui n’arrangeait rien à sa tristesse de ne pouvoir voir Cait’ immédiatement. Là où la blonde avait marqué un point, c’est qu’au moins pet de travers elle retournait dans la rue, et Photosynthèsiste ou pas, elle finirait par y laisser des plumes. Le BAM n’aurait en effet aucun remord à la laisser sur le portillon plusieurs jours de plus, jusqu’à ce que l’Institut ne vienne la chercher.

Lorsqu’elle revint, Enora la menaça d’une évidence qu’Amy connaissait déjà, l’opprimant encore plus. Tout ceci était une mascarade ou quoi ? Qu’est-ce qu’ils pouvaient en avoir à faire de son état ? C’était bien eux qui l’avaient laissé trainer dehors ces derniers jours en lui refusant le droit élémentaire de voir une personne proche. C’était pour ne pas salir leur réputation ? Pour éviter que la presse ne s’en mêle ?

C’était incroyable, Nephilim avait l’impression que l’autre voulait l’aider, mais en même tant les circonstances rendaient son comportement faux et traitre, et dans son état, l’italienne n’était plus bien sure d’analyser correctement. En fait, elle n’analysait plus du tout, d’ailleurs. Autre chose à penser, entre la tristesse, le froid, les menaces et cette sensation qui commençait à lui vriller le ventre.

"Je réitère donc ma question: tu préfères d'abord te laver ou manger quelque chose ? Et puis que dirait Cait’ si elle te voyait arriver dans cette tenue?"

- Elle se dirait que vous êtes des connards, pour peu qu’elle le sache pas déjà, répliqua Amy, immédiatement malgré sa lenteur de parole.

Ce n’était pas Enora qui était visé, mais le BAM en général, l’institution elle-même comme ses représentants. Mais quant elle se rendit compte qu’elle avait formulée sa pensée à haute voix, après une brève surprise, l’italienne baissa les yeux et se recroquevilla un peu plus sur elle-même.

- De… désolé, bafouilla-t-elle sans oser assumer ses propos.

Caitlyn, elle l’aurait fait ; et avait déjà du le faire d’ailleurs, leur cracher leurs quatre vérités à la figure. La nuit, c’était peut-être Amy la plus « forte » car elle n’avait nuls cauchemars, mais la journée, il n’y avait pas qu’en apparence que Caitlyn la bâtait niveau courage. Selon l’italienne, même la nuit Cait’ était plus courageuse qu’elle, puisqu’elle-même n’avait pas à affronter tant de cauchemars.

- Je pense que je m’en prendrais une, mais je l’accepterais avec joie si cela vient d’elle. Sinon, elle ne ferait aucune remarque : elle ne me juge pas. C’est la seule personne à ne pas me juger, c’est la seule personne à me comprendre, et je sais que si les rôles avaient été inversés, elle serait à ma place, la seule différence étant que vous auriez dû changer les gorilles à l’entrée. Aucune de nous n’aurait abandonnée l’autre ; jamais. On ce l’est promis. Veillez l’une sur l’autre, rester ensemble envers et contre tout. Vous lui avez fait du mal, vous m’avez fait du mal, mais c’est le fait de savoir que vous lui faisiez du mal qui m’a fait le plus mal. Je veux la voir, rien d’autre. Je ne veux pas manger, je ne veux pas me laver, je veux la voir. Foutez-moi dehors, cela ne changera rien, je resterai sur place : je veux la voir.

Voulant se montrer forte, voulant afficher sa détermination non-seulement dans sa voix mais aussi dans ses gestes, Amy tenta de ce lever. Personne l’arrêterait : le froid avait échoué, la pluie avait échoué, Enora allait échouer.

Cependant, il se passait quelque chose à laquelle Nephilim n’était pas habituée, et en même temps trop habituée.
L’italienne ne tint pas sur ses jambes, non pas que son sens de l’équilibre fut affecté, mais simplement qu’elle n’en avait plus la force. Sa volonté n’avait pas faillit, son corps lui, c’était une autre histoire.

Le sol, elle n’avait connu que cela les derniers jours ; sauf que ce sol là était différent. Ni humide, ni froid, ni crasseux, ni rien, elle se senti quant sa tête s’y écrasa. Tombée, elle était tombée, mais la véritable question était : pourquoi ?

Pourquoi ses jambes l’avaient lâchée maintenant ? Pourquoi défaillait-elle si proche du but ? Etait-ce une nouvelle épreuve, ou les forces empiriques de l’univers avaient décidé qu’elle ne révérait pas Caitlyn ? Amy espérait que ce soit la première solution, car elle rêverait Caitlyn, contre la volonté de Dieu s’il le fallait. Il avait un plan pour chacun, et était-ce là une partie ? Repousser l’attachement des Sœurs de Cœur jusque dans leurs extrêmes limites ? Faire naitre autre-chose ?

Amy ne savait pas, et n’en avait rien à faire. Elle reverrait Caitlyn, point.

Enora se pencha encore, l’aidant à se redresser une nouvelle fois, avant de la reposer à nouveau contre un canapé que l’italienne avait déjà dû salir de par sa personne et de lui tendre un verre d’eau, la forçant à le prendre. Nephilim la regarda pleine de gratitude, la voyant s’obstiner sans avoir aucune raison de le faire. Elle ne savait pas pourquoi, mais l’italienne pensait que quelque part, si on l’avait accepté ici, c’était grâce à Enora ; sans quoi on ne lui aurait pas confié de s’occuper ainsi de cette élève ayant visiblement mal tournée. Elle aurait dû lui dire merci, au lieu de quoi elle l’avait insulté ; honte à elle. Elle baissa à nouveau le regard alors qu’avec sa bienveillance innocente et déterminée, la blonde s’en retournait à la cuisine.

Le verre d’eau dans une main, Amy s’emmitoufla un peu plus dans le plaid, cherchant à comprendre.

Pourquoi son corps l’avait lâché ? Elle pouvait, avec les réserves de biomasse, tenir des semaines sans manger. Avec les réserves de biomasse… C’était là que cela clochait : elle avait usée plusieurs fois de l’Accélération des Processus Biologiques durant la journée fatidique où Caitlyn avait été enlevée, ainsi elles avaient dû être fortement réduite voir inexistante. De plus, la biomasse ne contenant pas de graisse, le corps de l’italienne n’avait rien de superflue, et donc souffrait bien plus rapidement de sous-nutrition en cas d’absence de biomasse pour le nourrir. Tout cela sans compter le climat du détroit de New York. Il aurait suffit qu’ils ne soient pas en été pour qu’elle y laisse la peau, visiblement.

Enora revint vers elle avec sandwich grillé sur lequel était déposé un œuf cuit, et à défaut que les maigres connaissances culinaires de l’italienne lui permirent de nommer ce plat, son ventre cria famine à l’odeur. C’était étrange quant on y pensait, le fait qu’elle posséda encore un estomac malgré son système de nutrition habituel. Le plus étrange, c’était que malgré son absence de nutrition, la taille de son estomac ne diminuait pas comme chez les autres. Il devait surement avoir une utilisation encore inconnue, tout comme le reste de son système digestif. La blondinette mit de suite les points sur les i : soit la Ptite Brune mangeait et se taisait, soi elle parlait et mangeait ensuite, mais de façon polysémique.

"Tu sais, je crois bon de souligner que je ne suis pas du BAM. Je vis ici, c'est tout. J'ai eu quelques soucis avec quelques mutants... Ou plutôt un, de l'institut et parce que Daniel a de l'affection pour moi, il a réussit à profiter d'une faute de ma part pour la tournée un peu en notre faveur... J'ai autant de haine pour cette endroit que toi je pense... J'essaie juste de ne pas y penser.
Mais pour en revenir à ce que je voulais te dire, je ne devrais même pas être la à m'occuper de toi. Ni même être un minimum au courant de tout ce qui se passe. Je ne suis pas ton ennemie, Amy. Ni a toi, ni à Cait. Le BAM ne l'est pas non plus. Malgré les apparences... Caitlyn est entre de bonnes mains pour le moment et aucun mal ne lui ai fait." déclara Enora après c’être rassise à son côté.

L’autre voulait insister sur un point : elle n’était pas du BAM, elle ne voulait pas être catégorisée en « ennemie », elle ne voulait pas être perçue différemment des autres élèves, ni par Amy ni par personne, une fois de retour à l’Institut. L’assiette sur les genoux et le verre dans la main, Amy l’écouta parlée, ayant pour seule action de se recourber un peu plus, pour profiter de la chaleur dégagée par le plat.

- Ce… cela doit faire des années… des années que je n’ai pas réellement mangé… Je ne suis pas comme vous, je me nourris comme les plantes ; mais je ne suis pas une plante pour autant, car mon système animal de nutrition est toujours efficient, commença-t-elle sans véritablement prendre attention à ses paroles, absente derrière son regard triste. Je suis différente… Caitlyn aussi était différente… Quel mal y a-t-il à être différent ? Surtout dans un lieu comme l’Institut. Je ne verrais jamais en toi une élève comme les autres… car il n’y a pas d’élève comme les autres… Nous sommes chacun unique, chacun irremplaçable… Il a fallut que je perde la personne à laquelle je tenais le plus au monde pour le comprendre… Je sais ce qu’on dit sur nous… à l’Institut… c’est triste de ce dire que même dans ce lieu, cela puisse faire jaser… est-ce vrai ou est-ce faux ? Je ne sais plus, je sais seulement que depuis qu’elle a été enlevée, il n’y a plus de raison, il n’y a plus de logique, il n’y a que son absence. Je n’ai jamais eut de famille, pas même de sœur, et je ne sais ce qu’est notre relation… mais je sais que je ferai tout pour elle, que je ne l’abandonnerai jamais. On ce l’a promit : ne jamais s’abandonner, ne jamais s’arrêter de courir, ensemble. Ensemble…

Le regard perdu dans le vague, Amy se tut, n’ayant fait que parler, parler doucement, parler lentement. Elle n’avait pas touché ni à l’assiette ni au verre, mais c’était confiée. Elle c’était confiée à la seule personne qui avait fait preuve d’humanité durant ces trois derniers jours, à la seule personne à qui elle s’en remettait, en ce jour par défaut peut-être, mais si les choses étaient amenées à changer, Nephilim savait avoir trouvé là une personne de confiance. Enora ne serait ni la « du BAM », ni une élève comme les autres : elle serait Enora, pleine et entière.

Enora traita les données par ordre d’importance pour répondre à l’italienne, lui répondant toujours avec sa gentillesse grandement bienvenue. Elle commença par s’avancer à pouvoir la comprendre, tout en soulignant que ce n’était là qu’un point de vue personnel, car bien que n’ayant nulle fraternité, ses amis l’avaient fuit à l’apparition de sa mutation. Quel était le rapport ? Il ne s’agissait pas de ne pas avoir de famille, il s’agissait de la perdre ; le manque était différent, et une orpheline comme Amy était très bien placée pour le savoir, l’ayant vécu. Lorsqu’on n’avait nulle famille, on souhaitait en avoir une, mais le manque était inconscient, car on ne savait pas de quoi on était privé. Maintenant qu’elle avait créée sa propre famille, on était venu lui la prendre, lui la briser : le manque était parfaitement conscient, et tellement plus douloureux. Là où avant, elle avait été dans le brouillard, elle voyait clairement le gouffre à ses pieds désormais, le brouillard n’en dissimulant que le fond. On ne pouvait comprendre cela à moins de l’avoir vécu… impossible


De plus, Enora avait été épaulée, car ils ne l’avaient pas tous abandonnés. Tant mieux pour elle, mais le lien unissant Amy et Caitlyn était tellement fort que tous les amis de l’italienne ne suffiraient à combler le manque. Nan, elle ne comprenait pas ; peut-être aimerait-elle comprendre, mais Nephilim ne lui souhaitait pas.

La blonde poursuivit, lui déclarant qu’il fallait ignorer – chose déjà faite malgré la gêne provoquée lorsqu’on évoquait à voix basse les rumeurs en sa présence – les rumeurs, et surtout les gens qui les propageaient, car c’était juste un système de défense. Ce n’était pas entièrement faux, ni entièrement vrai : certains avaient simplement qualifié le comportement qu’elles avaient l’une envers l’autre, les dortoirs n’étant pas mixe ce n’était pas deux filles ensembles qui suffisait à lancer pareilles rumeurs. Et s’ils avaient eut raison ?

Caitlyn n’était pas loin, lui assura Enora ; si proche et inaccessible, c’était encore plus dur à supporter, et tous les sourires enfantins ne changeraient rien à ce fait. A chaque évocation de Caitlyn, Amy se frottait le bras, encore et toujours, sur la brulure. Ce n’était pas pour se réchauffer, non, mais simplement pour se sentir liée à Fuzzy, comme si la blessure que sa sœur de cœur lui avait faite était le dernier présent qu’elle lui eut fait.

"Bon... Pour ce qui est reprendre des forces, si tu ne te sens pas d'attaque pour le croque... Tu peux te servir de la terre du pot de la plante... Je ne sais pas trop comment ça marche mais vu la tête de la plante, ça devrait pas te faire de mal ce que contient le pot... Et avec la baie vitrée, tu as une sacrée lumière solaire donc... Et faute de prendre une douche, je vais aller te chercher des vêtements entiers et te les mettre dans la salle de bain... Tu pourras au moins te changer si tu ne veux pas te laver... Je te laisse quand même du linge de toilette, au cas où..."

C’était une blague ? Enfin, de l’humour ? Amy n’en savait rien et ne rit pas, elle ne le pouvait tout simplement pas. Elle resta fixée sur le sandwich, soupirant. Elle n’avait pas envie de s’expliquer sur ses pouvoirs, sur son métabolisme, c’était une chose compliquée et qui n’avait aucun rapport avec l’affaire ni le moindre intérêt, mais dû s’y résoudre pour faire face à l’incompréhension d’Enora.

- Les… les plantes prélèvent dans la terre l’eau, et dans l’eau les nutriments, et dans l’air le CO2. Puis, grâce au soleil, elles transforment ces éléments en biomasse : c’est la photosynthèse. C’est mon pouvoir. Je ne me nourris d’ordinaire que d’eau et de lumière. Cependant, si je ne le fais pas assez, je fini par manquer de biomasse, et comme mes autres pouvoirs en consomme, pour me nourrir, me régénérer, améliorer mes capacités physiques, sans biomasse je ne suis plus rien. Je… j’ai eut une crise… dans la chambre… après l’enlèvement… j’ai tout dévasté. Sauf que cela a dû me couter les dernières réserves de biomasse, ayant déjà eut l’utilisation de mes pouvoirs dans l’après-midi, lorsque Caitlyn a perdu le contrôle. Je commence donc à souffrir de la faim, comme tout le monde. Je peux manger normalement, c’est pour cela que je ne suis pas une plante, en dehors de mon fonctionnement tissulaire. C’est juste… juste que cela fait longtemps… très longtemps… que je n’ai rien avalé autre que de l’eau, qui n’allait même pas dans mon estomac mais dans un estomac secondaire. Le Fauve pourrait faire étudier mon cas à des doctorants en biologie, tellement je suis différente des humains voir même des animaux, ainsi que des plantes. Je n’ai pas besoin de terre, ni d’engrais malgré tout ce que pourra dire Caitlyn ; juste de l’eau et de la lumière solaire. Je vais essayer de manger, de boire, mais j’ai pas le cœur à me doucher… Je pus tant que cela ?

Le temps qu’elle parle, Enora était déjà partie s’activer, ainsi Nephilim ignorait, vu le volume sonore et la vitesse de ses paroles, ce que l’autre avait entendu ou pas, si tant elle qu’elle avait entendue quelque chose.

Se retournant vers le sandwich, elle continua de le dévisager quelques instants, buvant le verre d’eau d’une traite. Son corps avait beau avoir faim, elle-même n’avait pas l’appétit et savait qu’elle allait devoir se forcer pour avaler ce truc, à défaut de savoir si elle aimerait le goût. Reposant le verre à son côté, indifférente au canapé, elle se servit de sa main nouvellement libre pour soulever les deux tranches de pain et les porter à la bouche.

Malgré ce qu’on eut put croire, c’était à ses yeux l’autre main qui faisait le plus important pour sa survie, accolée contre la marque de Cait’. Caitlyn… j’arrive.

Amy croqua, un grand coup, sur l’un des coins du sandwich en pain de mie, en arrachant un bout avec difficulté, mâchant lentement, comme s’il lui fallait se rappeler de comment faire. Le plus dur fut d’avaler cependant, car dans son état, elle fut prise d’un immédiat haut-le-cœur ; elle ne revomit pas, mais se fut dur. Qu’est-ce qui en était à l’origine ? Le fait qu’elle n’eut plus mangé depuis si longtemps ? Peu probable, les dernières fois qu’elle avait avalé quelque chose, cela c’était passé relativement normalement. Non, c’était ses émotions qui forçaient son corps à refuser tout besoin « secondaire » pour son esprit : Voir Caitlyn, elle voulait voir Caitlyn, elle ne voulait pas manger, elle ne voulait pas se changer, elle voulait juste voir Caitlyn. La forcer était faisable, forcer son corps à s’accepter alors que son esprit interprétait clairement le message comme une corvée, c’était une autre histoire.

Regrettant amèrement que le verre d’eau fut vide, l’italienne ne dit rien. Elle devait manger cette merde pour aller voir Caitlyn, et par tous les anges du Paradis elle allait l’avaler, quitte à la rendre en chemin, en plein milieu des couloirs ; ils ne la feraient pas revenir ici, et autre de la magnifique gerbe à nettoyer. A défaut de leur « pisser à la raie », Nephilim allait leur vomir dessus. L’intention n’était pas très différente au final, même si ce ne serait nullement volontaire pour l’italienne. Tant qu’Enora n’était pas éclaboussée, cela allait.

Nouvelle bouchée, nouveau haut-le-cœur ; elle le ravala comme le dernier. Elle devait ce concentrer sur le goût, cela passerait peut-être mieux. Elle ne se souvenait que de quelques saveurs, et ce pain là lui était inconnu, non dans la forme mais dans le goût, comme s’il avait été trempé dans autre chose. Peut-être de l’œuf ? Il y en avait bien un sur le dessus du sandwich ; œuf de d’ailleurs elle devait faire batailler pour qu’il ne tombe pas. Impossible de manger proprement, mais cela elle s’en foutait.

Enora revint à côté d’elle, toujours souriante, attirant son attention et lui faisant faire une pause dans son écœurante dégustation. Elle lui parlant, lui prêtant ses affaires de bon cœur, la rassurant sur l’odeur et lui déclarant qu’une fois les conditions remplies, elle passerait un coup de fils pour qu’on vienne la conduire à Caitlyn.

Amy ne devait pas se presser ? Bien sur que si ! Deux tranches de pains à la con, un œuf et du jambon, plus un jean et un t-shirt, c’était tout ce qui la séparait de Caitlyn, alors elle allait bâcler le travail, et vite ! Elle enfourna autant qu’elle put du sandwich dans sa bouche, chose qui ce révéla immédiatement une mauvaise idée. Elle s’étouffa, mais refusait de recracher sa pitance. Après plusieurs secondes, ses ailes se déployèrent, assurant l’apport en air des poumons, permettant à Nephilim de continuer son combat avec son plan, qu’elle finit par avaler.

Comparées à celles de mutants comme Angel, les ailes de Nephilim étaient ridicules, seulement une trentaine de centimètres chacune là où celles de Warren atteignaient les cinq mètres, cependant, voir deux appendices de couleur sang aux plumes fibreuses sortirent de l’épiderme dorsal alors que rien n’indiquait qu’elles fussent présentes, c’était toujours beaucoup plus surprenant que lorsque les ailes étaient là en permanence. Petit détail que cela permettait également de remarquer, Amy ne portait pas de soutien-gorge, les Ala-pulmos sortant d’entre les omoplates, mais se déployant depuis le long de la colonne vertébrale, ainsi un soutien-gorge les bloquaient au déploiement, chose très douloureuse. Au début, elles avaient été trop petites et chétives pour que chaque vêtement les bloquant ne soit pas douloureux, mais elles commençaient à être assez fortes pour déchirer les tissus désormais. Le plaid avait été rabattu sur sa nuque, soulevé par les Ala-pulmo. Mais le plus intriguant avec ses ailes à elle pour un observateur extérieur, c’était qu’elles se gonflaient et se dégonflaient légèrement dans un mouvement de respiration. Ce n’était pas beaucoup visiblement, certes, mais le synchronisme avec sa propre respiration « normale » aidait à le remarquer.

- La seule chose… pour que je me sente mieux… c’est voir Caitlyn… Mes fringues n’importent pas… Ma… faim… peut-être un peu plus, si… Je… j’ai soif… Je pourrais ravoir de l’eau ? S’il te plait.

Lâchant son bras, elle ramassa le verre à côté d’elle, dont les dernières goutes s’étaient rependues sur le canapé, puis le tendit à Enora, la remerciant au passage. Repliant ses ailes contre son dos, Amy vira le plaid, lequel redescendit sur elles, entrainant une réaction voulue de redéploiement comme pour éjecter une trop grosse couche de poussière.

Amy frissonna un peu, la chaleur du tissu lui manquant, étendant ses Ala-pulmos pour le remplacer. Elles étaient plus petites, certes, mais pour se couvrir les épaules et le haut du dos, elles étaient plus que suffisantes.

Regarda Enora, Nephilim se posa des questions totalement secondaires en se réattaquant à son sandwich : elle-même étant petite et plutôt chétive, 1m61 pour 45kg, les vêtements de la blonde ne serraient-ils pas trop grand ? Au-delà de cela, l’italienne n’aimait pas l’idée d’emprunter des choses aussi personnelles que des fringues à une inconnue, mais s’il fallait cela pour revoir Caitlyn, Exitus Acta Probat.

Les ailes d’Amy, de par leur nature si particulière, déclenchaient diverses réactions chez les gens : de la surprise, toujours, mais après c’était de l’intérêt, de l’admiration ou de envie, beaucoup plus rarement du dégoût, surtout venant de la part d’un autre mutant de l’Institution Xavier. Certes, elles étaient petites, certes, leur couleur était de chair, mais cela se voyait que c’était des ailes, des ailes d’ange ou de chérubin. La seule différence avec les ailes « classiques » des mutants ayant le don de voler était le fait que les plumes servaient à collecter l’air, et donc se gonflaient et se dégonflaient légèrement au rythme de la respiration de Nephilim. C’était tout, avec le fait qu’elle ne puisse pas voler, évidemment.

Bon, peut-être qu’elles avaient également un aspect plus « chair » de par leur couleur, mais c’était des poumons après tout, et les plumes n’étaient pas blanche ou gris mais de la couleur naturelle d’un poumon. C’était peut-être l’un des plus gros indicateur de sa nature animale d’ailleurs, la chair qui composait ses ailes. A défaut de blâmer Enora, Amy replia ses ailes sous son épiderme, une fois le morceau coincé en travers de la gorge avalé.

Alors que sa bienfaitrice ne se faisait pas prier pour lui ramener la bouteille d’eau entière, ne sachant pas qu’Amy était capable de descendre un bidon de cinq litres d’une seule traite à l’envie malgré qu’elle se contentât de deux litres le matin, deux l’après-midi et un le soir en général, passant du fait une partie de sa nuit au toilette, et ce sous la forme de nombreux aller-retour que Caitlyn n’aurait pas eut la délicatesse d’entendre même si Nephilim les avait fait avec un orchestre.

« Quand tu auras fini, je t’ai laissé de quoi t’habiller dans la salle de bain, au fond là bas. Je sais que ça n’est pas une priorité pour toi, mais quand tu te verras dans le miroir, tu comprendras peut-être… J’ai laissé aussi du linge de toilette, même si tu ne veux pas prendre de douche, si tu veux au moins te laver les mains, le visage… Il y a des élastiques pour les cheveux, des cotons-tiges… Enfin bref, tu n’as qu’à faire comme chez toi. Pendant que tu feras ça, j’appellerai l’agent Hopes qui viendra alors te chercher. Ca te va ? » demanda Enora après s’être rassise.

Amy la regarda longuement, ne sachant vraiment quoi répondre, puis regarda à nouveau la bouteille d’eau, s’en saisissant. Pas besoin de remplir son verre une dizaine de fois, c’était notée : l’italienne vida les un litre ou un litre et demi au goulot, d’une traite, cela ne lui prenant pas plus de temps qu’il n’en faudrait à une personne normale.

Reposant la bouteille, elle regarda Enora avec une face teintée de honte.

- Désolée, mais sa passe plus facilement que la nourriture, et j’ai besoin en général de quatre litres d’eau par jour, un par heure de photosynthèse, faisant une pause, elle termina son sandwich, qui passa plus facilement, comme si son estomac secondaire s’était dénoué, occupé qu’il était à filtrer l’eau. Vu la tête d’Enora face aux ailes, il était inutile de lui faire part de cela. Je comprends pas pourquoi le BAM tient tant à ce que je sois présentable, ils n’en n’avaient rien à foutre que je crève dehors la gueule ouverte jusque là, c’est par souci d’hygiène ? D’image ? Caitlyn ne me jugera pas sur ma tenue, au contraire, elle verra jusqu’où je suis prête à aller pour elle… Je vais le faire, mais parce que vous ne me laissez pas le choix ; enfin, vous… toi t’essaie juste de m’aider, désolé de… d’agir comme ça. C’est dur…

Elle ne dit pas un mot de plus, ses excuses ne feraient pas avancer les choses. Elle devait se plier aux exigences du Triskelion, et le ferait. Cependant, il y aurait des marques que la « bienveillance » du BAM ne pourrait effacer : salissure des cheveux, cernes, et le livre. Le livre était l’ultime preuve d’un lien qui même malmené par la tempête restait inamovible et éternel. Edition bilingue du Paradis de Dante, avec le nom d’Amy inscrit à l’intérieur comme il était de coutume dans son ancien établissement, qui même rongée par l’humidité représentait plus que tout ce que le BAM pourrait jamais faire pour elle, et qui était la matérialisation de leurs agissements. Peut-être voudraient-ils lui enlever cela aussi ? Qu’ils aillent se faire voir chez les Grecs ! Le livre restait avec elle, et ne quitterait ses mains que pour celles de Cait’. Non négociable.

D’ailleurs, Amy le reprit contre son flan après avoir déposé l’assiette sur la petite table, se levant avec difficulté pour se rendre, seule, à la salle de bain, qu’Enora dut lui indiquer cependant.

- M…Merci encore… Eno, déclara-t-elle avant de refermer la porte, se dirigeant vers les derniers présents d’une personne qu’elle aurait dû rencontrer plus tôt et qu’elle se devrait de remercier plus tard.

Une fois qu’elle serait habillée, elle irait voir ce Hopes, puis Caitlyn. Enfin Caitlyn...

J’arrive Cait’, j’arrive…

Amy pouvait être très longue pour faire sa toilette, voir Amy était très longue pour faire sa toilette. Certain, cinq minutes, expédié c’est pesé ; elle, quant elle faisait vite, c’était quinze minutes. Et quant elle faisait lentement…

Mais aujourd’hui, elle ne ferait pas sa toilette, elle se débarbouillerait le visage pour ne pas trop faire clodo, elle virerait ses fringues décédées et prendrait celles qu’Enora lui avait amenées, fin de l’histoire. Cinq minutes seraient plus que suffisantes. Mais même cinq minutes avec pour seule pensée le fait qu’elle allait voir Caitlyn, c’était trop long. Trop long et trop court à la fois : désormais qu’elle était au pied du mur, elle commençait à stresser. Que dirait-elle à Fuzzy ? Serait-elle capable de faire autre chose que de fondre en larmes devant ses bras ? Dans quel était serait Cait’, après avoir passé trois jours dans les donjons du BAM ? Ils étaient pas accueillant à l’extérieur, ils ne risquaient pas de l’être à l’intérieur.

Amy stressait, mais même son stress ne pouvait résister à une simple envie : être présente et soutenir Caitlyn, la voir. Nephilim ne trouverait pas les mots ? Bah elles feraient sans. Elles n’avaient pas besoin de mots pour se comprendre, c’était des Sœurs de Cœur.

L’italienne arracha presque ce qu’il restait comme lambeau de son t-shirt, puis ôta les restes de sa jupe avec tout autant d’indélicatesse, se retrouvant pratiquement nue dans une salle de bain en plein milieu du Triskelion. L’idée ne l’avait pas effleurée avant, mais elle allât verrouiller la porte. S’en retournant, elle ne put s’empêcher de se regarder dans le miroir ; c’était vrai qu’elle pouvait faire peine à voir, crasseuse qu’elle était, mais ce qui attirait le plus l’œil était encore la marque sur son bras, qui lui partait de l’épaule jusqu’au coude et lui bardait une partie du torse, le couvrant le sein gauche.

Regardant la tenue déposée à son intention, Amy soupira ; d’une, elle n’emprunterait pas la culotte d’Enora, et de deux, elle ne portait pas de soutien gorge principalement à cause des Ala-pulmos, dont la jointure avec la colonne vertébrale était entre les omoplates. Nephilim c’était fait mal plusieurs fois, et avait profité de ses faibles mensurations pour se passer de cet accessoire. Donc elle n’emprunterait que le jean et le t-shirt, qui étaient légèrement trop grand pour elle. Rien à battre, elle fit cela en vitesse et usa de lingettes présentes près du lavabo pour se débarbouiller tout aussi rapidement et sans douceur, s’irritant encore plus la peau du visage. Il y avait même des élastiques pour les cheveux, chose on ne peut plus rare chez elle, mais si cela faisait parti des conditions ; c’était presque du foutage de gueule, vu celle des cheveux, et une queue de cheval toute crottée plus tard, Amy ressortie.

A défaut d’avoir de montre ou un portable encore en vie, Nephilim ne put savoir l’heure et combien de temps elle avait mit, mais son livre à la main, elle avança vers Enora.

- Je suis prête, on y va.

C’était peut-être dit avec une pointe d’agressivité non nécessaire, mais il ne s’agissait en rien d’une question : Amy avait fait sa part du job, bâclée mais faite, elle voulait voir Caitlyn.

Son visage, bien que nettoyé, était devenu dur, décidé, son entêtement des derniers jours renforcé par la proximité de sa sœur de cœur. Elle allait devoir se montrer forte dans les prochains instants, et Amy ne voulait pas faire défaut à Caitlyn ; non, elle ne ferait pas défaut à Caitlyn. C’était hors de question. L’italienne n’avait pas abandonné sa sœur de cœur et n’avait pas l’intention de fléchir maintenant. Elle n’avait plus de pouvoirs et elle n’avait aucune chance si on la forçait à obtempérer, mais elle essaierait quant même si nécessaire. Plus de logique ou de considération : elle verrait Cait’ dans les prochaines minutes.

Enora lui avait promi.

- Je suis prête, on y va.

Ses paroles avaient été destinées à Enora, mais ce n’était pas elle qui les avait reçue ; non, quelqu’un d’autre entra dans la pièce, et s’il sembla logique que ce ne soit pas la jeune fille qui la conduisit à travers le Triskelion, l’italienne n’y avait pas pensé, et n’avait encore moins pensé à qui la conduirait. Mais maintenant qu’il était là, cela lui fit un choque, et elle ne put réprimer un frisson d’effroi : taille moyenne, la trentaine, les cheveux bruns en bataille, vêtu d’un costume beige, il était là, inchangé par le temps et la distance, figure de Damoclès au visage fermé. Le Men In Beige.

Tout ce qu’il y avait eut de dureté dans le visage d’Amy fut balayé et elle s’immobilisa, alors même que le Men In Beige approchait de sa fille, avec qui il n’avait aucune lien de parenté visible, le remerciant, le visage dur et fermé laissant un instant la place à tellement plus d’humanité et de bonté.

Puis il lui parla, à elle ; oui, ils s’étaient déjà croisés, et Nephilim n’avait eut aucun moyen de tirer les verres du nez à Shan Coy Manh pour savoir qui il était. Oui, ils s’étaient déjà croisés, et il avait explicitement demandé à la professeure suscitée de surveiller Caitlyn. Il savait que cela allait arriver ? Il avait tout prévu et n’avait rien fait ? Pire, avait-il lui-même ordonné qu’on enlève Cait’ ? Tout ce qui était arrivé ces derniers jours étaient en effet scandaleux : comment avait-il put enfermer Fuzzy ici alors qu’elle avait déjà tant de problèmes ? Les personnes responsables seraient sanctionnées ? Qu’est-ce que cela lui foutait que l’Institut ou le BAM se tapent sur les doigts ? Elle voulait voir Caitlyn, point barre. Elle castrerait le connard de la sécurité en repartant.

Visiblement, elle était plus que prévisible, ainsi il commença par lui annoncer qu’elle ne verrait pas Caitlyn de suite, Amy retournant sa colère naissante contre Enora qu’elle fusilla d’un regard. Cependant, cela s’évapora aussi vite que c’était venu quant le MIB lui annonça que c’était à la demande de Cait’ que le entrevu était retardée. Nephilim le fixa, la bouche entr’ouverte de surprise dans un « quoi ? » silencieux. Elle était secouée et épuisée, mais elle allait bien ; l’italienne baissa le regard, les souvenirs de sa dernière venue au BAM lui revenant en mémoire : ils étaient un organisme de police, et avait agit conformément à leur fonction. Dans l’histoire, c’était elle qui avait dérapé, c’était elle qui était en tord. Elle ne castrerait pas le connard de la sécurité, okay, mais elle voulait toujours voir Caitlyn, et c’est cet entêtement qui lui fit relever les yeux, affrontant sa honte et le regard de l’homme qui se présenta sous le nom de Daniel Hopes. Ancien Intendant de l’Institut Xavier ? Bah il en manquait, un mec humain à la vie scolaire, s’eut été apprécié des nouveaux. Bon, d’un autre côté, plutôt que de s’occuper lui-même des fortes têtes de l’Institut, il en envoyait à travers le Programme de Réhabilitation : je m’occupe plus des fortes têtes, je délègue maintenant ! Sympas.

C’était très mauvaise lange de sa part, car sans le Programme de Réhabilitation, elle n’aurait ni rencontré Cait’ ni rencontre Alex Funke, qui étaient tous deux très cher à son cœur désormais. Elle aurait dû remercier Hopes, mais c’était tellement facile de lui en vouloir ; tellement plus facile, comme elle l’avait fait pour Enora.

- Je veux bien croire que nous ayons fait preuve d’un certain manque de « transparence » vis-à-vis de sa situation passée et présente mais il s’agissait avant tout de favoriser son intégration chez vous et faisant fi de certains…événements. Tout d’abord comprenez bien que ce qui s’est passé à la bibliothèque était un malheureux accident qui n’ai pas à l’origine de son retour ici, nous l’avons rapatrié pour évaluer à quel point sa psyché a été ébranlée par cet évènement et surtout à quel point sa mémoire lui ai revenu sur son « ancienne vie ».

Quels événements ? Comment-ça la bibliothèque n’était pas à l’origine de son retour ? C’était prévu, c’était cela ? Elle avait fini sa période test et hop, retour en cryogénisation ? Elle était à bout de force, et serrait les points en tremblant, en rage. L’enlèvement avait été prémédité… Enculés !

Daniel Hopes s’installa sur le canapé, demandant à Enora de les quitter car il allait révéler des choses personnelles et « compliquées » à accepter. Mais elle ne voulait pas discuter, elle en avait rien à faire de ses révélations, elle voulait voir Cait’ ; voir Cait’ ! Pas compliqué à comprendre où l’entêtement était un critère de recrutement dans cette institution de taré ? A noter que dans un tel cas, elle finirait ici en tant qu’agent, vu qu’elle était encore plus bornée qu’eux.

- Miss De Lauro, comprenez que cette discussion est voulue par Caitlyn elle-même, elle meurt de peur que vous ne puissiez pas accepter de la revoir suite à ces révélations et ne trouve pas la force de vous les exprimer en face. Je veille sur elle, je lui ai fait la promesse de vous préparer à certaines vérités.
Vous devriez vous assoir, juste quelques instants s’il vous plait, mademoiselle.

- Pourquoi vous pouvez pas juste me laisser la voir ? demanda-t-elle, les larmes aux bords des yeux.

Amy n’avait jamais vraiment eut d’instinct de survie, elle avait même un don plutôt prodigieux à se mettre dans les emmerdes, mais lorsque face à ce visage si sérieux qui lui promettait la vérité, elle eut un mauvais pressentiment, un frisson d'appréhension.

Nephilim obtempéra, une fois de plus. Elle avait peur de cette apocalypse qu’il allait lui révéler, et cette peur se voyait.

Pourquoi fallait-il que des humains détruisent toujours ce qu'elle s'évertuait à bâtir ?

Il était triste, triste pour elle, triste pour elles. Triste de compassion… cette compassion, il n’y avait qu’en cet appartement qu’elle l’avait trouvé. L’Institut l’avait prévenu, lui qui avait quitté leurs rangs, pour l’aider elle, pour les aider elles. Xavier ne les avaient pas abandonnées, mais il fallait quelqu’un de bien plus intelligent qu’Amy pour le comprendre sans en être témoin. Cela faisait chaud au cœur après tant de doute et de tristesse, de savoir que même lorsqu’on ne les voyait pas, nos anges gardiens veillaient quant même sur nous. Evangeline, où es-tu ?

- Parce que ce n’est pas là ce que Caitlyn m’a demandé et que j’agis dans son intérêt à elle, Amy. Je la connais depuis longtemps, vous savez, beaucoup plus longtemps qu’elle ne se connaissait elle-même. Miss Elioth est une de mes protégées, une de ces personnes pour qui je me bats ici et que j’essaye de sauver parfois même d’eux même. Karma m’a expliqué que vous étiez une fille sérieuse et compréhensive et que vous visiez à devenir une X Men. Il est des moments douloureux dans la vie d’une personne se sacrifiant à un idéal, croyez moi, j’en sais quelque chose à titre personnel. Gardez cette force en vous pour pouvoir avancer, lutter… ou pardonner.

Ces paroles sonnèrent comme un glas, Amy déglutissant avec difficulté ; qu’avait-elle à pardonner ? Même les Purificateurs, elle n’aurait put se venger si l’occasion lui en avait été donnée : elle avait un sens de l’abnégation à en devenir bonne poire, cela lui avait couté dans la cruauté innocente de l’enfance et lui coutait toujours aujourd’hui. Mais que pouvait-elle bien avoir à pardonner ? A Caitlyn ?

Nephilim reprenait la foudre avec joie si cela lui ramenait Caitlyn, elle la prenait même dix fois, cent fois, mille fois, ou jusqu’à ce que même l’APB ne puisse relancer son cœur, tant que cela lui ramenait Caitlyn.

Après un soupir, Hopes continua de parler, et les larmes coulèrent, silencieuses témoins de la douleur et de la tristesse.

Un mensonge, tout avait été un mensonge. Un mensonge auquel elles avaient crues, et on les avait laissé croire.

La genèse de la tragédie qui se jouait aujourd’hui prenait place plusieurs mois auparavant, voir plusieurs années auparavant : trois années, exactement. Un groupe de criminels et de terroristes, manipulés par un mutant encore plus puissant. Cait’… Nephilim tremblait, fermant les yeux et s’adossant ; les yeux rouges… c’était ça les yeux rouges… et par conséquent…

Seigneur non, par pitié, pas elle… Une terroriste… Une meurtrière… Caitlyn… non… non !

Les larmes redoublèrent alors que la bouche d’Amy s’ouvrait, cette dernière s’étouffant dans un sanglot. Le Men in Beige choisissait les bons mots, compatissait, mais cela faisait mal, trop mal. Nephilim n’avait jamais perdue Caitlyn, elle ne l’avait jamais eut. Tout n’avait été qu’un mensonge.

Blessée, Fuzzy avait été blessée et avait perdue la mémoire, et Hopes gageait sur son expérience qu’elle n’avait rien de mauvais ; non, bien évidemment qu’elle n’avait rien de mauvais en elle, c’était Caitlyn ! Caitlyn, Cait’, Fuzzy, Tite Rousse…

Ou pas… Une terroriste… Une meurtrière… non… pas elle… Comment avait-elle put ? Même manipulé, personne d’autre que nous-mêmes ne choisissait d’appuyer sur la détente. On lui avait peut-être donné les buts, mais c’était elle qui avait choisit les méthodes… Cait’…

Dans un autre environnement, elle aurait put devenir « quelqu’un de bien » ; non, elle n’aurait put le devenir, c’était quelqu’un de bien ! Amy le savait. Tout ce que racontait l’agent n’était que mensonge, une tentative désespérée pour la faire repartir. Si seulement s’eut put être vrai.

Yeux clos, Amy n’avait besoin de voir pour savoir que c’était la vérité : un mensonge n’aurait pas fait aussi mal. Jamais.

C’était la vérité, tout concordait avec les rêves, avec les… blessures.

Caitlyn avait retrouvée sa mémoire, redevenant la véritable Caitlyn, et pas l’innocente copie qu’Amy avait connue et adoptée. Sa Sœur de Cœur…

Les souvenirs défilaient derrière les paupières closes de l’italienne, les rires, les sourires, les soirées passées devant l’ordinateur, Amy dormant paisiblement sur les genoux de Caitlyn, les deux assises en tailleurs sur leurs lits respectifs, Cait’ jouant de la guitare pour le plus grand bonheur de sa petite sœur d’adoption.

- Cette jeune fille qui vous attend, ne sera plus jamais celle que vous avez connue, mais gardez à l’esprit que c’est toujours elle dans ce que vous lui avez donné et dans ce qu’elle peut devenir.

Comment cela pouvait-il être Caitlyn sans être Caitlyn ? Et qui était Caitlyn ? La meurtrière, ou son amie ? Son amie tourmentée par la meurtrière, se réveillant chaque nuit en sueur pour trouver les bras réconfortant d’Amy qui l’attendaient. Tout cela était fini, brulé dans des arcs électriques et un antique savoir dont il ne restait, à l’instar de son cœur, que des cendres.

Amy tremblait, de tout son corps, de toute son âme. Ne jamais s’abandonner, ne jamais s’arrêter de courir… ensemble… elles y avaient cru, ensemble justement, elles y avaient crues et ce l’était promit, mais tout cela avait été conclut à cause d’une absence. Qui était Caitlyn ? Celle qui la prenait dans ses bras et lui parlait la nuit, ou une personne capable d’achever de sang froid quelqu’un dans la rue, à l’instar d’un Purificateur ?

- Ce que je sais Mademoiselle, c’est qu’elle est réellement morte de peur et honteuse à l’idée de vous revoir et qu’elle est brisée par les remords de cette vie passée « qui s’impose à elle ». Elle m’a demandé » de vous expliquer tout cela parce qu’elle ne supporterait pas…que vous la traitiez comme un monstre.

Un Monstre… un monstre… Meurtrière… Terroriste… ses mots raisonnaient dans son esprit en opposition aux rires et aux sourires que Caitlyn. Des images de violence comme celles de Néron s’opposaient aux soirées où elles discutaient, où elles plaisantaient, où elles étaient ensembles, simplement.

L’italienne se saisit de ses côté, toujours autant tremblante et crispée, un mal de ventre se joignant à la danse. Pas qu’un mal de ventre, un mal que cœur également.

- Elle ne l’est pas Amy, je vous assure qu’elle ne l’est pas. Je veux la renvoyer dans sa famille, l’Institut, c’est là qu’elle trouvera la force de montrer qu’elle peut laisser tout ca derrière elle et devenir « cette personne dont vous serrez fière ».. .Ce sont ses propres mots. J’ai beaucoup discuté avec elle ces derniers jours, elle mérite qu’on lui tende la main…avez-vous la force de le faire ?

Nephilim rouvrit les yeux, les tournants vers cet homme qui semblait croire en elles plus qu’elles-mêmes, et qui sans la moindre raison avait fait barrage à la destinée et à son allégeance même pour les aider. Les mots ne lui vinrent pas… Amy était incapable de parler, s’adossant à nouveau au dossier du canapé, les larmes dégoulinant et le visage crispé par la douleur, les bras croisés serrés contre son corps, sa main droite griffant sa brulure. Tête posée contre le dossier, bouche entrouverte dans un râle silencieux, l’italienne laissa des larmes qu’elle ne croyait plus avoir fuir de son corps.

- … E… E… Elle… fini-t-elle par dire, les sanglots et les contraction rendant la prononciation de la moindre syllabe difficile. E… Elle… Elle… Elle a tué… Elle a tué… tué… C… C… C’est… c’est un… un… un m… un… monstre… cracha-t-elle avec encore plus de difficulté, les larmes redoublant et devenant plus sonore face à sa propre conclusion.

Caitlyn était un monstre… elle avait tuée… elle ne s’en souvenait pas… mais l’avait fait… pire maintenant, elle s’en souvenait… Amy aurait préféré mourir dans le froid et la brume plutôt que d’entendre ça, plutôt que de le savoir vrai. Cela faisait tellement mal, tiraillé qu’elle était entre ses souvenirs et la réalité.

Pourquoi Hopes tenait-il tellement à la faire passer pour une victime en occultant tout le mal qu’elle avait fait ? Comment pouvait-il ? Nephilim aurait voulut pouvoir, mais Caitlyn avait détruit des vies… Lorsqu’on tuait quelqu’un, ce n’était pas qu’une vie que l’on réduisait à néant, c’était un certain nombre qui étaient à reconstruire. Comment pouvait-on avoir fait cela et se voir ? Visiblement, Cait’ se posait la même question.

Cruel destinée, pourquoi ? Pourquoi ? Divin Seigneur ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?!

Pour la rédemption…

- C… c’est… c’est un monstre… un monstre… se répéta-t-elle, comme si elle voulait se forcer à l’accepter, à se faire toujours plus mal, comme si cette sentence était contre elle, avait put lui ôter la douleur, la tristesse, le chaos.

Comment pourrait-elle jamais redevenir les yeux verts et le sourire niait ? Comment Caityn pourrait-elle vivre, maintenant qu’elle savait quel sang tâchait ses mains ? Comment Amy pouvait-elle l’accepter sachant cela ?

Il n’y avait pas de réponse. Il n’y avait pas de réponse car elle en était incapable, car elle s’en croyait incapable. Mais une chose était sure également : elle était incapable de vivre sans Caitlyn.

- C’est un monstre… déclara-t-elle une nouvelle fois en tournant sa tête vers Hopes, ouvrant des yeux noyés sous les larmes. C’est un monstre… mais… mais cela ne m’importe pas… Quoi qu’elle ait fait… Qui qu’elle ait été… je m’en fous… je veux la voir… je… je sais qui elle est… maintenant…

Les pleurs se calmèrent, et si les larmes coulaient toujours, brouillant la vue d’Amy, les sanglots c’étaient tus.

- E… Elle mérite… elle mérite qu’on… qu’on lui tende la main… peut-être… peut-être pas… je ne sais ce qu’en penseraient ses victimes… mais je veux le faire… je veux le faire non-pas parce qu’elle le mérite… mais… je sais pas… ce… c’est Cait’… tout simplement.
…
On s’est promises tellement de choses… des rêves en communs, des serments en commun… tout… on partageait tout… Sœurs de Cœur… Je… j’ai jamais eut… de famille… avant Caitlyn… et ça m’importe plus… plus que tout le reste… plus que ce qu’elle a put faire ou pourra faire encore… Je ne veux pas la perdre… Je ne peux pas la perdre… Ne… ne jamais s’abandonner… ne… je jamais s’arrêter de courir… ensemble…
…
Je… je l’ai… je l’ai… je l’ai… abandonnée… Je l’ai pas… abandonnée… Je peux pas… je veux pas… Je… je sais qui elle est… je… je crois le savoir… je veux y croire… Je me moque de ce qu’elle a fait… je veux me moquer de ce qu’elle a fait… la souffrance et les larmes lavent de toutes les fautes… je veux la voir… l’avoir… Je veux être à ses côtés…

Amy cligna des yeux, vidée. Depuis trois jours, son cœur saignait, mais c’était la première fois depuis trois jours que quelqu’un recueillait ce sang dans une coupe. Le Graal ? Caitlyn était-elle son Graal ? Peut-être.

Elle était épuisée, mais se refusait à sombrer ; pas tant qu’elle n’aurait pas tout vidé, pas tant qu’elle n’aurait révélé à cet ange gardien silencieux tout ce qu’elle avait à dire. Il croyait en Cait’, et devait bien être le seul dans tout le Triskelion. Ils croyaient en Cait’, tous les deux.

- Je… je veux être à ses côtés… je veux l’aider… qu’elle trouve la rédemption… ou pas… tant qu’on essai… ensemble…

L’Agent Daniel Hopes du BAM était plein de contradiction, affichant un air froid de l’extérieur, mais ne pouvant s’empêcher de protéger et d’aider les autres, elle s’en rendait compte à présent. Il n’était pas un anonyme homme en noir dont le costume avait déteint au lavage, et le beige de son costume était en ce sens très révélateur. Il prit sa main, et se pencha vers elle, comme pour la protéger.

Amy releva la tête, le regardant sans comprendre. Elle n’avait jamais eut de famille, et il n’y avait que deux êtres ayant jamais eut de comportements similaires avec elle : Eva et Caitlyn. Jamais Nephilim n’avait eut besoin d’être rassurée de cette manière, et face au geste de Daniel Hopes, qu’elle identifiait comme bienveillant et « paternel », elle ne savait comment réagir. Elle n’avait jamais eut ni père ni mère, et avait toujours refusé de leur trouver des substitues, laissant vacante la place qu’ils auraient dû occuper, comme s’ils pouvaient un jour revenir vers elle.

Paralysée, elle resta paralysée, ne sachant ce qu’elle devait faire. Il y avait de la tendresse dans son geste, une grande tendresse, comme si après avoir défendu Caitlyn comme sa propre chair, il passait à la sœur de cette dernière. Il voulait la rassurer ? Peut-être, Amy ne savait pas : pour elle, il était clair qu’elle aurait dû reculer face à cette attitude intrusive et presqu’effrayante de la part de l’agent, qui sortait complètement de son rôle, mais elle ne bougea pas, se laissant faire. Elle voyait la compassion, mais ne parvenait pas à la ressentir. Peut-être que la tristesse était encore trop grande, ou peut-être qu’elle en était incapable, toujours était-il qu’elle se crispa face à cette proximité. La seule personne à avoir le droit d’être aussi proche d’elle, c’était Caitlyn.

Il recommença à parler, défendant Fuzzy jusqu’au bout, malgré qu’il n’eut aucune raison de le faire. Il avait raison, il n’y avait pas de mutants et d’humains, car ce n’était pas un gène qui leur enlèverait l’âme que leur avait donné Dieu, cette âme apportant le bonheur et la souffrance. Amy ne méprisait personne, car elle considérait que ce n’était pas à elle de juger, et que chacun était ce qu’il était. Tous devait faire des choix, Caitlyn avait eut celui de tuer, Hopes de l’aider, et elle-même avait eut celui d’écouter ses valeurs moral ou son égoïsme, et avait choisit la seconde option, celle qui lui ramenait Cait’.

Et visiblement, cela avait été aussi le cas de l’autre côté du miroir : le Men in Beige, s’il avait conscience de la gravité des actes de Cait’, se refusait à l’abandonner car il avait fait ce choix, celui de croire en elle, et avait dû se battre contre elle pour que la Ptite Rousse le fasse aussi. Caitlyn avait voulut disparaitre, cette idée était insupportable à Amy : elle pouvait attendre à en mourir de faim devant le BAM, mais face à la mort, qu’aurait-elle fait ? On ne pouvait pas ramener les morts à la vie, et si Cait’ avait plongé dans l’abîme, Nephilim l’aurait-elle suivit ? Sans doute. Sans doute aurait-elle trouvé le courage. Et même Alex n’aurait put l’empêcher cette fois.

- C’est en annonçant votre arrivée qu’elle s’est effondrée et qu’elle a accepté cette main tendue, cette dernière chance. Savez-vous ce que cela signifie ?

Oui, Amy savait ce que cela signifiait, et cela tenait en une phrase : ne jamais s’abandonner, ne jamais s’arrêter de courir, ensemble. Elles étaient toutes deux incapables de vivre l’une sans l’autre, et devraient être fortes, non-pas pour elles-mêmes, mais pour l’autre.

Oui, elle croyait au miracle, et oui, cela en était un : Caitlyn avait traversé l’Enfer et lui était revenue, tandis qu’Amy avait pénétré le Purgatoire pour aller la chercher. L’italienne baissa les yeux vers ce qu’elle tenait toujours dans sa main gauche, contemplant ce signe du destin : elles réussiraient. Cait’ lui donnerait la force de se battre, et elle-même lui procurerait cette même force. Ensemble, elles réussiraient, elles réussiraient l’une pour l’autre. Etait-ce ainsi que fonctionnaient des sœurs ? Amy n’en savait rien, mais c’était ainsi qu’elles fonctionnaient, elle et Caitlyn.

Elle ne devait pas la voir comme un monstre, mais s’il était manichéen de percevoir ainsi le monde, c’était son point de vue. Tuer… c’était la pire chose que l’on pouvait faire, cela tuait une partie de notre âme et nous déshumanisait. Un monstre ne pouvait pas souffrir ? Y avait-il seulement quelqu’un sur terre de suffisamment inhumain pour ne pas souffrir ?

Daniel rentra dans les confidences, pour la mette plus en confiance et qu’elle arrête de se crisper ainsi, probablement. Il lui révéla qu’il était immortel, et que son détachement venait de là : il avait trop vu le malheur, mais cela ne le rendait pas insensible pour autant ; c’était pour cela qu’il avait sauvé Caitlyn, qu’il les avait et les sauvait toutes les deux. Il se déclara lui-même un monstre car il avait du sans sur les mains, plus que n’en auraient jamais l’Institut. Amy releva la tête, le regardant dans les yeux alors qu’elle avait jusque là détourné le regard. Il était peut-être détaché, mais ses émotions étaient toujours là, et il y avait de la tristesse. Le simple fait qu’il eut retiré sa main avant de se confesser en était une preuve : il marquait une rupture entre eux, il s’éloignait pour parler de chose qu’il avait connu et qu’il ne souhaitait à personne. Il ne se considérait pas comme un homme de bien mais œuvrait de manière à le faire.

- Si les monstres ne souffrent pas, alors vous n’en êtes pas un non-plus, Monsieur Hopes, déclara-t-elle doucement, sachant enfin comment elle aurait dû réagir à son geste précédent.

- Caitlyn a cette force aussi que vous avez su lui donner. Elle change, elle apprend, elle devient celle qu’elle aurait dû être. La mort, le crime ne sont jamais excusable et je vous assure qu’ôter là vie tue une part de naïveté qui dort dans notre âme : Personne n’en sort indemne, elle devra vivre avec ça et certains jours seront meilleurs que d’autres. La mort ne peut jamais être légitimée, c’est ce que j’ai appris et ce que Charles essaye de vous apprendre. Elle peut apprendre, elle l’a déjà fait.

Puis il la remercia ; il n’avait pas à le faire, elle ne l’avait pas fait pour lui. Elle l’avait fait pour elle, pour Caitlyn mais aussi pour elle-même, car sa sœur de cœur lui était devenue indispensable. Si c’était cela d’avoir une famille, si c’était si douloureux de perdre un proche, elle plaignait Daniel Hopes et sa longue vie, qui avait dû lui couter bien plus que cela n’aurait du.

- Ce… c’est vous… c’est vous que je dois remercier… monsieur le Men in Beige… C’est vous qui l’avez sauvée, qui nous avez sauvées. Je n’ai qu’une seule question, déclara-t-elle en regardant son livre, le soumettant au regard de l’Agent. Ai-je le droit de lui donner ?