Des armes, toujours plus d'armes ! [Surion]

Depuis septembre, je me tiens assez tranquille. Je suis officiellement étudiant, parce qu’il faut bien sauver les apparences et puis, on ne sait jamais, si j’ai un jour envie de rentrer dans le rang, un vrai diplôme d’Harvard pourra toujours servir à quelque chose. En attendant, je me dis surtout que ça aura de quoi tenir les gens en respect. Du genre, eho, je ne suis pas n’importe qui, j’ai fait des études auxquelles ton cerveau de béotien ne pourrait jamais prétendre ! Je m’éclate. Il ne m’est rien arrivé de mieux ces derniers mois que ne plus être obligé de supporter les cassos du lycée. Ici, au moins, vu leurs dossiers, la plupart des gens savent plus ou moins où ils vont. Je me suis vaguement sociabilisé mais, selon les plus anciens, mon impression ne va pas durer. Je veux bien les croire. Je n’irais pas jusqu’à dire que j’adore ma promo, au contraire, mais je découvre un autre niveau de détestation, ce mépris tout particulier qu’on réserve aux arrivistes qui se voient déjà ministres. Au fond, on ne peut pas vraiment s’énerver contre eux. Ils sont assez drôles, surtout lorsqu’ils cherchent à faire valoir leur grande culture, ou leurs idées politiques calquées sur des opinions journalistiques déjà sclérosées. J’imagine qu’au bout d’un an, je serais lassé de débattre avec eux, mais pour l’instant, je les trouve plutôt distrayants. Bon, mis à part cela, j’ai finalement suivi la voix que me dictait en partie ma mutation. Mes parents voulaient que je finisse en droit ou en politique, je leur ai promis d’y réfléchir plus tard, les textes de lois, ça se potasse facilement chez soi, je préférais faire un truc plus stimulant pour moi mais, entre la robotique, l’informatique et la chimie, le choix est encore dur. J’ai quand même plutôt misé sur ce qui me parle le plus, je veux construire des machines et des armes sympas, quoique je ferais sans doute mieux de me concentrer sur l’énergie atomique. Enfin, vous savez, c’est dur de s’arrêter à un seul parcours quand il y a tellement de choses utiles et intéressantes à savoir. C’est un des trucs qui me frustre le plus dans le concept d’études bien cloisonnées à l’université, cette idée de se définir un profil et de s’y tenir.

La raison de ma présence en salle d’entraînement aujourd’hui rejoint plus ou moins ce problème. J’ai appris à utiliser un certain nombre d’armes à feu, je sais me battre convenablement au corps à corps, mais, quand je me retrouve avec une arme blanche en main, ma maîtrise reste assez aléatoire. Quand il s’agit de trancher une artère, ou autre point sensible, je suis capable de m’en sortir avec l’aide de mes pouvoirs. C’est pauvre. Les quelques entraînements que j’ai pu suivre en bridant ma mutation à la confrérie m’ont clairement fait comprendre que j’étais très loin d’être au point là-dessus. Instinctivement, je ne sais pas utiliser une épée ou tout autre objet tranchant ou contondant. Vous me direz qu’à l’ère de la technologie, ce n’est pas très grave, l’époque des ninjas est un peu dépassée, etc. Sauf que, dans un combat, j’aime être capable de réagir à toutes les possibilités. Je peux créer des armes. Le simple fait de ne pas savoir utiliser ce qui pourrait devenir un atout pour moi me pèse un peu sur la conscience. En plus, si je pouvais avoir la classe d’un assassin de La Main je… Oui bon, je m’égare. Après y avoir longuement réfléchit, pris le temps de régler mes autres affaires, de bien m’imposer sur le campus en me laissant un peu trop distraire, je l’admets, par tous les clubs cool à rejoindre et à essayer de diriger, j’ai pu clarifier mes idées, et contacter Surion en étant certain d’avoir le temps et la motivation pour m’investir dans ce nouveau projet. Comme je passe assez peu souvent au QG ces derniers mois, je l’ai d’abord contacté par mail. On s’est fixé un jour, une heure, mais, aucune directive précise concernant l’exercice du jour. Ça sera la surprise. J’ai déjà quelques idées sur les méthodes de combat que je souhaiterais maîtriser, à cause de mes expériences sur le terrain, mais je saurais me montrer flexible s’il le faut.

Je suis arrivé dans la salle avec un peu plus d’avance que prévu, j’avais terminé un boulot et préférais attendre une demi heure en me tournant les pouces plutôt que commencer une activité sérieuse que le temps m’obligerait d’interrompre. Du coup, j’attendais dans l’uniforme de déploiement basique de la confrérie en parcourant un magazine people. Même si ça a tendance à surprendre, j’aimais bien avoir des lectures vraiment stupides sur moi pour le vider la tête de temps en temps. Du moins, c’est ce que je dis toujours pour ma défense. A force, je commence quand même par devenir un peu trop incollable et addict à toutes les émissions de téléréalité sur lesquelles j’ai le malheur de tomber en zappant. Ceci dit, je maintiens, tout le charme est dans l’inutilité absolue de toutes ces informations à enregistrer.

Les couloirs de la confrérie étaient vides ces temps-ci. Est-ce parce que c'était les fêtes de noël ? Ou juste parce qu'il n'y avait vraiment plus personne à la confrérie. Ce qui n'arrangeait pas vraiment les affaires du mutant de glace qui cherchait des nouvelles recrues à entrainer, et entre ceux qui ne s'intéressent pas du tout et ce qui essaie qui ne se doutait pas que ce n'était pas une partie de plaisir, il ne reste plus grand monde à entrainer. C'est tellement dommage car pour l'instant ces gens là se sentent peut être invincible avec leur pouvoir mais quand ils ne pourront pas s'en servir, savoir comment lancer un couteau ou faire une clé bras leur sera bien utile.

Mais bon, certains ont trouvé la voix de la raison, et on accepté les règles de Surion qui, certes sont peut être dures, mais sont nécessaires pour l'apprentissage.
Et un des confréristes fait partie de ces personnes, Yitzhak Anavim, un jeune homme homme plein d'ambitions, et qui s'est avéré un très bon élève lors de leur premier entrainement. Le dénommé Cymrod lui avait envoyé un message, car il désirait refaire un entrainement plus poussé sur le maniement des armes, les armes blanches plus précisément. Ce n'était pas pour déplaire Peter, mais il fallait aussi qu'il apprenne le maniement des armes à feux. Même si Surion n'aimait pas trop ce type d'armes, c'était l'une des exigences d'Exodus, un entrainement complet. Donc avant de commencer les armes blanches il lui fera un petit test sur les armes à feux pour voir ce qu'il sait faire.

Surion était arrivé à la salle d’entrainement bien avant l'heure de rendez vous prévu, afin de préparer les différents "ateliers" qu'il aura à faire. En espérant que ça se passera mieux que le dernier entrainement individuel.
Tout était prêt, il ne manquait plus que "l'élève". Surion attendait assis dans le noir où personne ne pouvait le voir.

Cymrod entra dans la pièce, pensant surement qu'il n'y avait personne, il s'assit et commença à lire une revue people. Surion prit son couteau et le lança en direction de la jeune recrue, qui le frôla t alla se planter sur le mur derrière lui.

-Voilà comment tu devras lancer un couteau à la fin de ton entrainement.

Peter se dirigea vers Cymrod et lui serra la main et retira le couteau planté dans le mur, qui laissa une marque.

-Donc tu voudrais que je t'apprenne des choses sur le maniement des armes blanches si j'ai bien compris ? Cependant avant de commencer, j'aimerai savoir comment tu te débrouilles avec les armes à feux. Tu en auras plus besoin que les armes blanches.

Surion présenta le stand de tir juste derrière lui, ainsi que plusieurs pistolets posés sur une table juste à côté. Il avait le choix, la confrérie était blindée question armes à feux, elle avait tout ce qu'on désirait.

-Fais ton choix ! Et montre-moi ce que tu sais faire. Si je t'estime suffisamment doué, je t'apprendrai ce que je sais sur les armes blanches.

Et soudain, un couteau surgit de l’ombre pour venir se ficher juste à côté de moi, sans me laisser le temps de finir un article absolument passionnant sur les nouveaux déboires de Miley Cyrus. Youhou, ninja ! Surion était resté dans l’obscurité tout ce temps rien que pour m’impressionner. Il s’avança en déclarant que je devais savoir lancer un couteau avec la même dextérité à la fin de mes séances. Parfait, j’étais venu pour ça, apprendre de nouveaux trucs cool. Si je devais en juger par ce jet, le professeur avait de bonnes choses à me transmettre. En revanche, je ne savais toujours pas s’il était ou non bon pédagogue. L’entraînement de groupe que nous avions fait quelques mois plus tôt m’avait laissé l’impression d’un truc assez brouillon, et je n’avais pas entendu des bruits de couloirs très encourageants. Plusieurs confréristes s’étaient montrés particulièrement agacés par ses méthodes. Mais, comme ils avaient aussi le défaut d’être un peu trop présomptueux, je préfère juger par moi-même. On ne compte plus le nombre de mauvais élèves qui mettent leurs échecs sur le dos des profs après tout…

Malheureusement, les hostilités commencèrent très mal. « Tu veux apprendre à manier les armes blanches ? » Oui, chef ! C’est pour cela même que je vous ai écrit. « Par contre, les armes blanches c’est un peu has been, viens on va déjà voir si tu sais tirer ? » Wuuut ? Sur le moment, j’ai vraiment bloqué. Du genre, le visage parfaitement neutre, qui hésite entre la bonne blague, la déclaration sérieuse ou le foutage de gueule en règles. Il y avait comme un souci. Ok, cela part d’une bonne intention, je n’ai pas déballé mon cv à Surion mais il me semble qu’un entraîneur de la confrérie doit avoir accès à un truc qui s’appelle une base de données, et que la moindre des choses lorsqu’on accepte d’entraîner un élève est de vérifier par avance ses compétences. Je suis là depuis presque un an et il me prend encore pour un bleu, pire, il n’a pas l’air d’être au courant des critères qui m’ont valu d’être admis ici et de participer à quelques missions. Mais, le plus grave dans tout ça, c’est que j’ai l’impression d’être sur le point de perdre mon temps avec des révisions inadaptées, sur des trucs que j’ai déjà prouvés sur le terrain. Que les armes blanches ne soient pas la priorité, je suis au courant, merci. C’est bien pour ça que je n’ai jamais songé à les maîtriser plus tôt. En faisant un effort pour ne pas faire une réponse trop exaspérée, j’approche des armes, dont je connais quasiment tous les mécanismes par cœur et déclare d’une voix presque maîtrisée :

- Effectivement, les armes blanches ne sont pas aussi utiles qu’un bon vieux snipper ou fusil d’assaut, et c’est bien pour ça que je n’y voyais qu’un complément à la formation. Je m’étonne que tu n’aies pas plus d’informations sur moi mais j’ai déjà suivi des entraînements de tireur d’élite pendant une année à Tsahal, que j’ai continué à perfectionner ici, que j’ai déjà mis au service de la confrérie. Je suis capable de reconstituer de tête la plupart des armes présentes sur cette table avec mon pouvoir, et de m’en servir, quoique je garde évidemment des préférences. Bien sûr, j’ai d’autres choses à apprendre dans ce domaine, comme tout le monde. Mais je ne suis pas un débutant, j’ai déjà fait mes preuves au tir, aujourd’hui, je suis venu pour les lames.

J’avais dit ça d’un ton déterminé en espérant ne pas avoir de temps à perdre en bavardages inutiles pour entrer enfin dans le vif du sujet. Si Surion tenait absolument à m’admirer au tir et à trouver de nouvelles méthodes pour m’aider à me perfectionner, qu’il me convoque une prochaine fois, avec un intitulé plus adapté.

Et évidemment il n'est pas content ! Il suffit de modifier un tout petit leur programme pour que la plupart des gens soit déstabilisé et ne soit pas content. Mais Surion n'avait pas le choix, car outre le fait de devoir entrainer, il devait aussi vérifier l’aptitude des confréristes. Ce que serait normal, et si il est aussi fort qu'il le prétend ça prendrai juste 30 secondes et on est tranquille, et au moins Surion pourra être sur de ce qu'il a pu lire sur son sujet. Peter préfère voir de ses propres yeux plutôt que de faire confiance à des informations sur "papier".

-Écoutes je ne veux pas te forcer à le faire, mais c'est un test juste pour moi, ça prendra pas longtemps, mais je veux juste vérifier tes compétences. Certes, vu ton passé tu es probablement un bon tireur, mais je crois seulement ce que je vois. C'est pour ça que je veux juste vérifier, et je ne veux absolument pas remettre en cause tes compétences si c'est ce que tu croyais.

Surion fait des efforts de compréhension. C'est rare qu'il en face, mais si il veut garder le peu de confréristes qui viennent s'entrainer, il doit commencer à être plus indulgent. La preuve avec l'allemand, avec qui il avait fait l'erreur de se montrer trop dur, même si il n'y a que comme ça qu'on apprend vite et bien, les égos des confréristes sont encore trop gros pour supporter les remarques de Surion. Donc c'est triste à dire, mais c'est au mutant de glace de s'adapter.

-J'ai eu pour mission d'entrainer le plus possible et le mieux possible les confréristes, donc si Exodus apprend qu'un des apprentis que j'ai entrainé ne sait pas tiré et du coup a échoué dans une de ses missions, je me ferai prendre une race...littéralement.

-Mais si vraiment tu ne veux pas le faire, très bien, je te ferai confiance et on passera donc à ce pourquoi tu es venu.

Je le regarde droit dans les yeux, avec cet air totalement neutre qui a tendance à énerver mes interlocuteurs. Aucune idée de ce qui ne leur plait pas. Paraît que ça fait insolent. Je vois bien en tout cas que Surion prend sur lui pour ne pas réaffirmer son rôle de chef. Ce serait quand même une mauvaise idée puisqu’il est en tort. Je veux bien me plier à l’autorité, tant qu’elle ne me fait pas faire n’importe quoi. La confrérie doit sacrément mal se porter si on en vient à donner des recrues à des types incapables de maîtriser les bases de la communication ou de l’organisation. Mais bon, les vrais dirigeants sont plus occupés par leur île que par ce qui se passe aux Etats-Unis, et ça attire moins les aspirants terroristes de construire une utopie. Faut pas pousser non plus. Détruire pour une cause c’est cool, le reste, « on a toujours le temps d’y penser plus tard ». La moitié des nouveaux débarquent en se donnant de belles raisons d’aller foutre la pagaille en ville. C’est pas en les contrariant qu’on en fera quelque chose. Les paumés ça se mate, ça vous fait de bons soldats dans le meilleur des cas, ou de la chair à canon quand ils présentent un peu trop de tares. Le discours actuel de Surion n’a aucune chance de fidéliser les éléments les plus douteux du QG.
A défaut d’une séance fructueuse, il y aura au moins de quoi observer un mutant qui commence à faire son trou ici. On va faire des efforts chacun de notre côté, et tout ira bien, je crois.

Maintenant, je découvre qu’il était déjà « au courant » de mes compétences, c’était juste un test. Tiens donc ! Je ne marche qu’à moitié. J’ai plutôt tendance à y voir une tentative de se rattraper pour ne pas perdre d’emblée la face avec un inférieur. Donc, évidemment, j’ai droit au classique du « je veux le voir moi-même » et, en dernier recours à « sinon Exodus risque de me gronder très fort ». Ahah ! On essaye, juste pour rire ? Allez, je vais retenir l’excuse. Je peux bien concevoir que n’importe quelle personne ici ait les glandes de se retrouver en tête à tête avec big boss pas content. De toute façon, je préfère m’exécuter, puisqu’il insiste, plutôt que me payer un long discours sur mon manque désespérant d’obtempération. La première option est vraiment moins pénible. Et puis, voyons le bon côté des choses, il y a plus ennuyeux que tirer sur des cibles, surtout quand on a une relation malsaine et fusionnelle avec les armes à feu.

- T’inquiète, je ne vais pas laisser Grand Méchant Exodus te faire ta fête, dis-je dans un sourire. Du moins, ça ne devrait pas être à cause de moi, ou pas sur cette question là.

Je commence à évaluer plus sérieusement les cibles. Elles ne sont pas très éloignées et ne nécessitent pas de sortir une artillerie trop lourde dans l’immédiat, la pièce n’a pas un énorme recul. Histoire de ne pas contrarier Surion, j’opte pour un modèle posé sur la table au lieu d’en créer un nouveau. J’ai pas l’habitude d’utiliser le matériel des autres. Tous mes flingues sont des inspirations d’armes préexistantes, un peu comme mes fringues. Il y a toujours un détail sur les articles en boutique que j’ai besoin de changer pour être vraiment à l’aise. C’est important le confort quand on part risquer sa vie vous savez ? Bref, je prends un taurus parce que c’est assez simple à manier, ça fait du bruit, des gros impacts, donc, quand on n’a pas besoin d’y aller subtilement, c’est forcément amusant. L’autre petite difficulté est de me retenir d’ajouter un viseur automatique à ma vision mais, par simple fierté, j’ai appris à viser sans, c’est juste moins précis et moins infaillible. Je me positionne et j’aligne les six coups, les trois premiers avec les cibles les plus proches pour me remettre en forme, les derniers sur des ronds plus éloignés. Ma main est droite et ne tremble pas. Je connais l’exercice par cœur, c’est le genre de truc que je fais parfois pour me détendre, ça m’aide à réfléchir. Même sans l’appel de mes pouvoirs, le résultat est à sans faute, à part une cible éloignée un peu décentrée, si on veut chipoter.

- Ce sera suffisant pour te confirmer que je ne ferai pas d’erreur basique sur le terrain ? J’ai gagné le droit de passer au programme du jour ?

J’y vais détendu, peut-être un peu trop. Mais je ne doute pas que Surion aura tout le loisir de corriger mes imperfections et se venger quand nous passerons aux lames.

C'est aimable à lui d'accepter. Au moins il n'est pas aussi opiniâtre que certains autres confréristes, il est prêt même à contre cœur à faire ce que Surion lui a gentiment demandé. Il pourrait s'avérer du coup être un très bon élément. Bien sur, Surion ne profitera pas trop de sa supériorité hiérarchique, ça n'a pas marché avec l'allemand, ça risque de se reproduire avec Yitzhak, donc il se contrôlera, et surtout pas d'accès de colère, si il déroge une règle. Toujours rester zen.

Pour le remercier, d'accepter ses conditions, Surion inclina légèrement sa tête. Et oui car il est dur de sortir un "merci" de la bouche de Surion, faut vraiment lui avoir sauvé la vie pour ça, c'est quelque chose de très rare.

-Vu que j'ai raté ma première mission qui me dépassait au plus haut point, je me dois de réussir celle la, du moins pour quelque confrériste. Et j'espère que tu en feras partis.

Peter devait entrainer les recrues, mais cela avait un but secondaire, qui était de faire une petite équipe de confréristes à envoyer dans des missions plus secondair que celle faites par les acolytes. En tout cas, si c'était pas le but d'Exodus, c'est un projet que Surion pourrait lui soumettre si il trouve suffisamment de recrues volontaires et prêtes au combat.

Il regarda alors Yitzhak s'exécuter. Comme il l'avait dit, et comme c'était écrit dans son dossier, les tirs étaient quasi parfait. Quasi, car on peut toujours faire mieux, mais ça Surion ne pourrait pas lui apprendre, seul les hyperkinétique sont capables de tirs meilleurs.

-Très bien ! Ça me va amplement !

-Maintenant on va passer aux choses sérieuses. Tu veux donc t'améliorer en armes blanches, et pour commencer, rien de mieux que le couteau.

Surion sortit un des couteaux factices (car il ne faudrait pas se blesser non plus) qu'ils avaient préparé et le donna à Yitzhak.

-On va partir sur le corps à corps au début, je t'apprendrai le lancer de couteau après. Je vais donc t'apprendre, à te défendre, et on à attaquer, ainsi se sera plus facile d'attaquer après avoir esquiver, plutôt que d'attaquer en mode bourrin comme beaucoup d'ennemis peuvent faire.
Donc tout d'abord la tenue du couteau est très importante, il ne faut pas qu'au moindre contact tu lâches le couteau, donc toujours avoir la main ferme. Et aussi, prends le couteau à l'envers. C'est comme ça que je fais, et vu comment je vais t'apprendre, cette manière de tenir le couteau sera plus simple.

Peter montre sur son propre couteau comment il faut le tenir.

Illustration:

-Ensuite la position de ton corps. Tu ne dois jamais être face à ton adversaire mais toujours de biais, à 30°, la jambe droite en avant, si tu es droitier. Ainsi, il te sera plus facile d'esquiver, ou de parer le coup de ton adversaire, qu'il attaque à mains nues, avec un couteau ou même une épée, ça marchera.

Surion se positionna comme il vient de l'expliquer.

-Je vais te montrer, ce sera ton tour après. Attaque moi avec ton couteau, de la manière que tu veux.

Je crois que l’accord est bien scellé entre nous. Pas de vagues, chacun fait son boulot, et tout va rouler. J’aurais pas forcément dit non à un peu plus de complicité en prime, vu qu’il est pas tellement plus vieux que moi, mais ça reste en option. Ce type laisse vraiment pas passer grand-chose. Quoique je lui dise, j’ai l’impression que ses réactions seront toujours plus ou moins contrôlées, voire à côté de la plaque si je sors une vanne. Je vais éviter. Apparemment, son truc c’est juste de s’éclater avec des couteaux, et ça tombe bien puisque je vais devoir y toucher aussi. On ne règle pas tout à coup de munitions. J’aime pas me retrouver dans la situation frustrante où on ne peut rien faire d’autre que se dire bêtement « si seulement je savais faire ça, je galèrerais moins. Heureusement, avec les armes, ce n’était pas encore arrivé. Je me suis surtout rendu compte que, parfois, créer des lames me semblait plus logique pour régler une situation, comme couper les jarrets d’un dinosaure de six mètres de haut par exemple. Bon… certes, c’est pas l’exemple le plus probant du monde, mais on va dire qu’on se comprend.

Surion me passe un couteau émoussé pour débuter en m’annonçant qu’on allait d’abord commencer l’esquive. Ouais, je vois l’idée. Ça doit pas être trop différent d’une esquive en sport de combat mis à part que, comme toujours, faut que j’oublie les mauvais réflexes de mon pouvoir pour lui faire plaisir. Je dois avouer que j’ai quand même une tendance bourrine qu’on m’a souvent demandé de contrôler. Tant que « ça passe », je fonce. C’est le problème de ne pas craindre la douleur et de se dire qu’au pire, on a une armure et un squelette ultra souple. Au lieu de réfléchir à la meilleure manière d’éviter les dégâts frontaux, j’ai misé sur une grosse artillerie défensive. Du coup, je vais plus ou moins devoir à apprendre à contrer les débiles comme moi.
Il me demande de tenir le couteau d’un manière que j’ai déjà un peu appris - jusque là tout va bien - et il me conseille de rester de biais. Ok, pour une meilleure vue latérale. Ça aussi, je connais déjà un peu. Maintenant, il me demande d’attaquer. C’est la partie que je n’aime pas trop, parce que les seules fois où j’ai foncé sur un ennemi avec une arme blanche, j’ai profité d’une diversion ou j’étais tout simplement contre un animal totalement fermé aux arts martiaux. Face à un type qui maîtrise, je me suis jamais amusé à ça, ni même envisagé les manœuvres à suivre dans le cas d’un combat à armes égales. Parce que s’il fallait en plus se bastonner à la loyale, où irait le monde ? Il serait sans doute plus clean… Donc ennuyeux.

- Ok, ok, je vais voir ce que je peux faire.

Pour le coup, j’évite de trop la ramener parce que je ne suis pas sûr d’assurer. Donc, j’ai pas envie d’avoir l’air doublement con en me faisant feinter. Je prends le couteau bien en main, observe Surion en me disant que c’est juste pas possible de trouver une faille. Sérieux… Il SAIT que je vais l’attaquer, il va pas me quitter des yeux un moment. Alors, à moins de lui faire le coup du « oh ! un flamant rose », ça risque de ne pas tellement fonctionner. Là, comme ça, dans l’immédiat, l’inspiration me manque. Je décide d’opter pour un classique, celui de la fausse attaque, sans me montrer trop ambitieux non plus, parce que j’ai aussi envie d’observer sa manière d’agir avant de tenter de vrais trucs, avec des figures acrobatiques et tout ! Enfin… Je m’avance vers lui en accélérant le pas, le couteau à hauteur de poitrine, fais un faux mouvement et m’abaisse d’un coup pour viser la jambe d’appui. Dans le doute, je vise toujours les jambes, c’est toujours bien pour neutraliser un adversaire sans le tuer.

Cymrod s'exécuta et tenta une attaque, laquelle Surion ne s'attendait pas, il pensait qu'il allait donner un coup de couteau classique vers la tête ou dans le buste, et c'est ce qu'il semblait vouloir faire faire au début, mais il essaya d'abord une feinte.Il tenta donc une toute autre forme d'attaque en visant les jambes, c'est très risqué, car le meilleur moyen pour quelqu'un qui ne sait pas frapper de perdre l'équilibre et par la même occasion de perdre le combat. Cependant, même si il fût surpris par la feinte, il n'eut pas plus de mal de le maitriser en levant la jambe et en évitant son coup de justesse, car même si il est novice, il semble quand même bien savoir viser. Il agrippa en suite le poignet du jeune mutant, avec sa main gauche (celle où il ne tenait pas son couteau), le tordit un peu afin de le mettre à terre et de le faire lâcher son couteau. Le jeune confrériste à terre, Surion posa son couteau sur la gorge.

-Bien tenté, mais t'es mort !

Peter le relâcha et le releva.

-La feinte était très bien vue, mais il te manque un peu d'expérience dans le domaine du combat pour la réussir parfaitement, mais j'ai failli me faire avoir. Ensuite tes appuis sont pas trop mal, mieux que certains adversaires que j'ai rencontré, mais il reste encore du travail.

Il a déjà de bonnes bases, ce qui fera gagner beaucoup de temps à Surion pendant les entrainements d'Yitzhak.

-Maintenant on change, je t'attaque, et tu défends. Je vais aller doucement, et on va voir ce que tu me feras. Je me laisserai me faire maîtriser si la défense est bonne.

Il le laissa se mettre en place, et attaqua.
Il commença classique, un coup de couteau dans le ventre, à la façon gros bourrin sans aucune technique. Voyons comment va-t-il se défendre.

Et voilà ! Qu’est ce que j’avais dit ? Je ne suis pas un ninja, j’ai autant de compétences au couteau qu’un serial-killer de base, même avec une petite feinte, j’étais presque certain de me faire aligner. J’aurais même pu prédire à l’avance la manière dont ça allait se passer. Bien sûr, en travaillant un peu plus la rapidité, l’effet surprise aurait pu le surprendre mais, ensuite, la parade était déjà écrite. Tout se tient souvent à peu de chose. On vous apprend presque toujours à contrer un couteau en considérant que vous serez plus rapide que l’adversaire. Donc voilà, j’étais fictivement mort. Mais ce n’était qu’un début, une mise en bouche. Personne n’est encore à son maximum. D’ailleurs, je considère que, pour l’être vraiment, il faut être en danger réel, c’est là qu’on réfléchit le plus vite. J’ai donc hoché la tête en me relevant.

Pour le second round, les rôles s’inversaient, ce qui me mit d’emblée un peu plus à l’aise. L’entraînement militaire m’avait largement appris à parer un couteau à main nues, même s’ils avaient un peu trop tendance à considérer que seul un fou furieux pouvait nous attaquer à l’arme blanche. Mais, finalement, Surion ne me servit rien de très fantaisiste. Il m’attaqua comme n’importe quelle petite frappe, un élan et un couteau à hauteur du visage, clairement dirigé vers le ventre. En vrai, j’avais déjà vécu ça. Sauf que le vrai ne comptait pas, je pouvais me payer le luxe de ne pas juger ce type d’attaque mortel. S’il faut se défendre pour de bon, réflexes et instinct ne font plus qu’un. Je connais les mouvements par cœur. Même pas besoin d’y penser. Dans ce genre de moment, on n’a pas le temps, la technique doit être acquise d’avance. Mon entraîneur module sa vitesse, j’en fais de même. Comme l’allonge de la jambe est toujours meilleure que celle du bras, je lui donne un coup de pied, pointe en avant, dans le ventre, attrape son bras armé pour profiter de son élan et, dans un même mouvement, tend mon couteau vers sa gorge. En général, on apprend plutôt à désarmer l’adversaire avant, mais je crois que je préfère miser sur du plus radical. Il m’a provoqué par un « t’es mort », je tiens à lui rendre la pareille.

- Je sais que tu m’as largement facilité le travail, mais il semble qu’on peut partir d’une égalité sur ce premier tour, ai-je dit en souriant.

Je me suis reculé, déjà prêt à recevoir n’importe quel retour, du style « eh ouais, mais non, parce que tu n’as pas encore vu mon coup spécial ! ». ça n’aurait pas été du jeu… Ceci dit, une fois un entraînement lancé, n’importe quel temps mort peut devenir prétexte à une feinte si l’adversaire est un peu sadique.

Sa défense était très bonne, pas de perte d'équilibre, la maitrise de l'autre, il a bien réagit, mais le coup que lui avait donné Surion était le plus basique et il s'était laissé plus ou moins faire pour voir comment il savait se défendre, maintenant ça va changer.

-On peut dire ça en effet, mais le deuxième tour sera autre chose. Je vais t'attaquer différemment avec plus de force. On va voir comment tu réagis.

Si il arrive encore à parer ces coups là, et bah déjà ça veut dire qu'il est plutôt fort, mais aussi qu'il ne lui restera peu de choses à lui apprendre au niveau de la défense des armes blanches. Il ne lui apprend toujours pas les techniques de défense, car il voulait savoir jusqu'où il pourrait arriver à se défendre, jusqu'à quelles types d'attaque.

-En garde !

Surion se prépara à l'attaque. Il réfléchit un instant à ce qu'il pouvait faire. Une fausse attaque, suivit d'une feinte et un coup de couteau dans la gorge ? Donner une balayette pour le faire tomber et lui asséner un coup de couteau lorsqu'il est au sol ? Bonne idée mais c'est risqué la balayette, c'est facilement esquivable, il faut rajouter quelque chose avant, une simple feinte peu aller, donner un faux coup de couteau dans la tête pour le distraire, la balayette sera alors plus facile à mettre.

Allez on part là dessus, et si il arrive à parer le coup, on passera à un niveau supérieur.
Surion s'élança, le coup de couteau partit droit dans la tête, mais il s'arrêta avant même qu'il ait pu le parer, car à priori, cette attaque, Yitzhak pouvait la parer, il enchaina tout de suite avant même d'avoir fini son coup par la balayette. Le point de l'attaque qui pouvait s'avérer risqué, car facilement évitable. Mais allait-il réussir cette esquive, si oui, que ferait Peter ? Il enchainerait sur un nouveau coup, ou il le laisserai gagner ? Un nouveau coup serait la meilleure idée. Le but de ces petits tests et de voir ses limites, donc voyons jusqu'où il peut encaisser.

Quelle enchainement il peut faire si Yitzhak esquive la balayette ? Facile ! Pour esquiver une balayette, il faut sauter, alors un simple coup de pied dans le buste avant même qu'il ait put retomber, le sécherait. Évidemment, Surion irait doucement sur le coup, il ne faut pas non plus le jeune Cymrod se blesse.

Mais bon voyons voir d'abord si il arrive à esquiver la balayette.

Pour la suite, il paraît qu’on va monter d’un niveau. J’espère bien, ça manque de challenge ! J’ai envie de me battre pour de vrai, avec un adversaire de haut niveau. A force de baisser la difficulté en utilisant mes pouvoirs à tout va, je finis par m’ennuyer sévère. J’éclate des types tellement facilement que j’ai le sentiment paradoxal de me défouler sans vivre la scène, comme si c’était un genre de routine, viser, frapper, tirer pour faire passer à un anti-mutant ou autre rat vérolé, le goût de me déplaire. Le reste du temps, je le passe à m’entraîner dans mon coin ou bricoler dans ma chambre. J’améliore le matos, je me rouille physiquement. C’est pas bon. Pour avoir de nouvelles idées d’armes et de modifications efficaces, je dois connaître toutes les situations où je peux être mis en danger. Quel meilleur moyen que celui d’oublier son pouvoir quelques heures ? Se mettre dans une condition de vulnérabilité sortie de mon existence depuis des années ? ça me donne une perception nouvelle, plus entière de mon corps, je songe à des faiblesses qui relevaient presque de l’irréel. Pour autant, je ne me dis pas, comme Surion l’avait expliqué au premier cours, que c’est un exercice utile dans le cas où je perds mon pouvoir. Ma mutation fait partie de moi, et ce n’est pas une métaphore. Si le métal dans mes os, les trucs dans mon cerveau, dans mon organisme tout entier arrêtaient soudain d’être assimilés, j’aurais pas le temps de me battre à échelle humaine. Non clairement, le mec qui peut me priver de mon don peut me tuer en claquant des doigts. Vive le super cyborg de seconde zone, ouais ouais. Quand on sait ça, je peux dire qu’on est plutôt prêt à tout pour que ça n’arrive pas.

Mais revenons à l’exercice. Quand Surion revient à la charge avec son couteau, pour un coup tellement grossier que même un idiot pourrait le parer « involontairement », je sens direct la feinte. Il m’a annoncé du lourd. Je ne peux pas croire qu’il soit sérieux. Le problème, c’est que, même en devinant le leurre, on peut se faire avoir. Le doute appelle la panique. On craint l’embrouille, on ne sait pas d’où elle va arriver. D’en bas, logiquement. Il ne pourra pas me placer un autre coup de poignard vu l’ange de visée, donc, il frappera avec une main, ou les pieds. La puissance d’un coup avec la seconde main sera très limitée par le fait qu’il garde toute sa puissance de frappe dans celle qui s’apprête à me couper la gorge. Donc, les jambes. Déduire ce que va faire l’adversaire est un truc que j’adore faire. Là-dessus, franchement, je me trouve pas mauvais du tout. Là où ça devient bancal, c’est que tous les réflexes qui se mettent en place dans ma tête sont liés à mon pouvoir. En temps normal, rien de plus facile qu’esquiver ça, je surprends l’adversaire avec un bond plus haut que la moyenne, et je l’aligne. Les vieilles habitudes me perdent un peu. J’essaye de les chasser, ça me contrarie, je n’arrive pas très bien à imaginer quelque chose de plus « soft ». Alors je saute, en sentant le mouvement du balayage un peu trop proche de mes jambes, et je suis incapable de contre-attaquer, faute d’idée. Mon seul automatisme est de placer le couteau en garde au travers de mon ventre. Je sais que les choses peuvent s’enchaîner très vite, et que ce sera probablement la zone la plus simple à toucher à ce stade du combat.

Comme Surion l'avait prévu, Yitzhak avait n'était pas dupe, et avait esquivé la balayette, en sautant plutôt haut, le coup de pied aller donc être assez dur à placer. Mais il fallait le tenter et ne pas le laisser s'en tirer comme ça. Donc à peine la balayette terminée, il enchaina sur un coup de pied. Ses appuis étaient parfaits, il allait devoir lever la jambe très haut. Et même plus haut qu'il ne le pense, car son adversaire avait fait une chose à laquelle il ne s'attendait pas, il avait mis son couteau au niveau du buste, pour contrer le coup de pied. Était-ce par réflexe ? Par génie ? Ou juste par pur coup chance. Mais en tout cas, ça allait poser problème. Surion l'avait vu au dernier moment, ce qui lui permis de stopper son couteau de reprendre appuis sur celui-ci et de lui renvoyer un autre coup de pied, plus haut sur le corps cette fois ( car il avait eu le temps de redescendre) dans le menton.

Le coup partit alors sans même qu'il ait pu le temps à un nouveau contre. Évidemment, Surion n'avait pas envoyé toute sa force sinon le pauvre Cymrod (à moins qu'il ait une résistance surhumaine, mais c n'était pas affichée dans son dossier) aurait eu la mâchoire cassée pendant quelques semaines. Il se prit donc le coup, et tomba sur le tapis. Il était quelque peu sonné, mais conscient, le coup était donc bien dosé.

Surion aurait se laisser avoir par le contre du couteau, mais son élève semble vouloir se défouler un peu et avait la rage de combattre (dans le bon sens du terme biens sur), alors vu que Surion avait vu qu'il n'était pas tout à fait noob dans le domaine du combat, il monta donc la barre très haut.

Il retourna vers Cymrod et le releva. Il prit une bouteille d'eau posée sur l'un des bancs et donna.

-Tiens ça te fera du bien... Ton truc avec le couteau sur le buste était bien trouvé, et j'ai failli me faire avoir et j'aurai pu me laisser avoir, mais comme tu voulais du haut niveau je t'en ai montré.

Il le laissa reprendre ses esprits et continua.

-Prêt à poursuivre ? Le lancer de couteau ? Ou tu veux continuer le corps à corps avec un petit combat souple ? Ou pas souple d'ailleurs, c'est à toi de voir.

Surion doit aussi laisser le choix à ses élèves. Certains ont des objectifs bien précis, et Peter ne les connait pas forcément.

J’avais placé le couteau juste à temps pour contrarier son premier coup, mais il ne se laissa pas perturber très longtemps. Moins de cinq secondes plus tard, il attrapait mon bras pour m’attirer vers le sol, reprendre de l’élan et m’envoyer finalement le pied droit sur le menton. D’habitude, j’ai le réflexe de me créer une carapace, mais, là aussi, j’ai résisté. Le choc a résonné un peu bizarrement, à cause du métal sur la mâchoire. C’était bien joué. Je pouvais presque me réjouir d’être déjà trop customisé pour sentir la douleur me traverser l’os. En retombant, j’avais aggravé la puissance de l’attaque. D’habitude, un coup de pied si haut ne peut pas frapper très fort. Il avait su tirer parti de la situation pour ne presque rien perdre de la violence prévue. Il en faudrait encore un peu plus avant de le surprendre. Ceci dit, la déviation de sa cible était un moindre mal. Il aurait été difficile de me mettre KO. On peut répliquer avec une mâchoire de travers, même maladroitement. Avec la respiration coupée, on tombe sans pouvoir se relever dans l’instant. Même si je me suis effondré en titubant sur le tapis, j’avais toujours le couteau en main, et mes yeux ne se sont embués qu’un temps. Enfin, j’aime bien sentir que les choses se resserrent. Souffrir un peu rend tout de suite les choses plus concrètes. Et je dois prendre sur moi, vraiment, pour continuer à me dire que c’est pour de faux, ne pas m’énerver et répliquer sans réfléchir. En vrai, j’ai du mal à accepter la défaite. Ça me contrarie à un point incroyable. Je sais ce qui arrive quand on perd.

Sauf qu’ici, le mec se contente de te passer une bouteille d’eau en te disant que ça va te faire du bien, et te complimenter sur tes idées. Je prends une gorgée.

- Merci. Y’a pas de problèmes, je ne suis pas là pour être ménagé. C’est pas tellement la théorie qui me manque, mais j’ai vraiment pas l’habitude de réfréner autant les possibilités de ma mutation.

Et tout en disant cela, j’imbibe d’eau un chiffon qui vient juste de sortir de ma main pour le passer sur mon visage. C’est pas que je veux me justifier en soulignant mes limitations forcées, au contraire. Je ne veux pas qu’il s’excuse d’aller trop loin. J’ai besoin d’éprouver toutes les difficultés que je pourrais avoir à le battre si je n’étais qu’un simple humain. D’une certaine manière, ça remet un peu l’égo en place. Je vois bien qu’il serait pas si classe, le « roi de la castagne » sans ses métamorphoses multiples.
J’hésite un peu lorsqu’il me propose de passer aux couteaux ou de continuer le corps à corps. Cependant, je suis venu pour les armes. Le corps à corps, c’est bien cool, mais, comme je reste un mutant à la génétique instable, l’exercice relèverait actuellement plus du défi personnel que de l’utile immédiat.

- Tout pourrait m’aller, à partir du moment où ça implique une arme blanche en fait. Je veux bien apprendre comment lancer correctement un couteau, ou de bonnes techniques pour toucher au corps à corps, plus que pour me défendre.

Pour le reste, c’est lui le prof aujourd’hui. Tout ce que je ne connais pas encore est potentiellement intéressant.

Il a pas l'habitude de ne pas utiliser son pouvoir lors d'un combat. C'est compréhensible, mais au moins il a une bonne maitrise de son pouvoir et c'est ce que Surion veut voir lors de ses entrainements. Qu'il continue ainsi.
Maintenant que Cymrod a des bases dans le combat au couteau, on va lui apprendre à lancer le couteau, ce qui lui sera bien plus utile. Car c'est très rare d'affronter un ennemi au corps à corps, et en tout cas vaut mieux l'éviter des surprises peuvent vites arrivées.

-Ok ! On verra lors d'un autre entrainement plus musclé les derniers détails sur les attaques au couteau et avec toutes autres armes blanches. Donc maintenant on va passer au lancer de couteau qui te sera très utile pour les attaques de loin lorsque tu n'auras plus de munitions.

Surion alla chercher de vrais couteau cette fois-ci, couteaux bien équilibrés, ni trop lourds, ni pas assez. Il en prit une bonne dizaine histoire d'avoir suffisamment de réserve.

-Donc le lancer de couteau, ça n'a rien de compliquer, il suffit de lancer au bon moment et de mettre la force qu'il faut.

Peter se munit d'un couteau.

-Le mieux c'est de le tenir par la lame, de cette manière, ensuite il faut lâcher le couteau lorsque le bras est en extension. Et pas avant, sinon il va aller se planter au sol, et à moins que tu veuilles toucher le tapis c'est pas une bonne idée.
Ensuite la position, elle n'est pas très importante lorsque tu seras suffisamment habile avec ton couteau, mais pour le début elle est essentielle. Jambe gauche en avant et jambe droite en arrière, comme lorsque tu veux donner un coup de poing.

Surion se positionna comme il venait de dire, et lança le couteau en direction d'un panneau en bois, qu'il toucha et où vint se planter le couteau.

-Le plus important, et le plus difficile, c'est vraiment de lâcher le couteau au dernier moment. Concentres-toi et essaies !

Peu de gens réussissent le lancer du couteau du premier coup, on va voir si il fait partie de ces personnes.

Plus de munitions ? Je me retiens de ne pas ricaner. J’imagine qu’il se trompe par habitude, tout le monde ne peut pas créer une réserve presque illimitée de balles. Et autant dire que si je n’avais plus assez d’atomes pour en former de nouvelles, ce serait le même échec avec une lame. L’intérêt du lancer de couteau s’imposerait plus pour l’effet surprise. Un adversaire qui se prépare à parer une arme à feu peu se retrouver déstabilisé par une attaque d’un autre genre. Puis, on peut faire d’autres choses, comme couper et planter des trucs. Ce n’est peut-être pas la technique la plus moderne, mais elle est loin d’être dépassée. Je sais qu’elle me sera utile, surtout pour le combat à distance. A vrai dire, je pratique assez peu le corps à corps. Je suppose que ça se devine rapidement. J’ai pas la silhouette du bourrin. Je suis pas une brute, juste un violent, parfois sadique, c’est différent. Face à un adversaire sérieux, j’essaye toujours de frapper avant, de préférence là où ça lui posera le plus de problèmes pour m’affronter ensuite. Alors, des avantages, je sais que j’en verrai un tas une fois que je maîtriserai mieux la discipline.

Surion me rapporte des lames classiques, et tranchantes, cette fois. Il me donne des conseils qui me rappellent de lointaines histoires de javelot (un truc sympa aussi, soit dit en passant). Tout en l’écoutant, je mime ses gestes en coinçant la pointe d’une lame entre mes doigts. Après, on ne peut pas dire que je me sente hyper confiant. J’ai jamais blessé un type comme ça, et encore moins un bout de bois, même pour essayer d’imiter les mafieux qui balancent des poignards sur les photos des cibles à abattre dans les films un peu has been.
Je devrais au moins être capable de viser à peu près… En tout cas, je fais de mon mieux pour évaluer la distance et imaginer le bon axe de tire. Le premier essai effleure la cible et tombe mollement sur le côté, le second rebondit violemment dessus, et le troisième, un peu plus concluant s’y accroche de justesse, en oscillant sur le bout de la pointe, sans être franchement au milieu non plus.

- Ok… ok… Je commence à comprendre le truc je crois, ai-je dit autant pour moi que pour l’entraîneur.

Comme je suppose qu’il vaut mieux enchaîner les tirs, malgré le regard stressant d’un mentor par-dessus son épaule, plutôt que s’arrêter à chaque échec en attendant le conseil miracle ou pleurnichant qu’on n’y arrivera jamais, je fais un quatrième essai pour la route, un peu plus soigné, légèrement plus fort, et un peu mieux évalué. Ça fonctionne ! En tout cas, il se plante plus franchement dans le bois, et fait tomber le troisième couteau qui oscillait piteusement. C’est encore à côté de la marque rouge, mais on approche aussi un peu. Suffit de l’assimiler. Après, ça deviendra mécanique, comme l’arme à feu, je suppose.

Surion observa le jeune mutant pendant qu'il tentait le lancer de couteau. Évidemment, ça n'a pas marché du premier coup et le couteau passa à côté de la cible. Au moins la force était là, mais le plus important au lancer de couteau, c'est la technique et non la force.
Surion resta silencieux, il voulait le laisser comprendre le truc tout seul, c'est que comme ça qu'on peut y arriver rapidement et pas en forçant l'élève à bien faire. Il sait ce qu'il faut faire, il arrivera donc à le faire.
Il réessaya une deuxième fois et une troisième fois, qui cette fois-ci toucha la cible, la dernière, le couteau s'est même planté. C'était plus un coup de chance qu'autre chose, sinon il ne serait pas aussi instable sur la planche de bois.

Ah ?! Il a compris le truc ? Voyons voir cela. Surion observa avec attention le jeune confrériste. Regardant sa posture et son lancer. La position du buste était nickel, le lancer presque parfait puisqu'il se planta plus fortement que le dernier couteau, mais il manque un peu de force. Car même si ce n'est pas le plus important, pour tuer la cible, c'est essentiel.

-Pas mal du tout ! Seul problème, tu dois améliorer ton transfert de poids, qui te permettra de faire un jet plus puissant. C'est comme si tu mettais un coup avec une batte, il faut transférer ton poids de la jambe jambe droite à la jambe gauche. C'est ce transfert de poids que tu dois améliorer, ainsi tu feras des jets mortels. Dans le sens propre du terme.

Maintenant qu'il a compris le lancer de couteau, Surion n'a plu grand chose à lui apprendre sur les armes blanches, en tout cas sur les techniques de bases. Après, il doit s'entrainer.

-Bon on va arrêter là pour aujourd'hui, je ne peux plus rien t'apprendre sans que tu ai maitrisé ces techniques. Donc entraine toi de ton côté, refais tout ce qu'on a fait et quand tu sentiras que tu es prêt à passer à l'étape suivante, contact moi.

Il se sent peut être prêt maintenant, car il pense avoir tout compris, mais si il essaie d'autres armes blanches telles que l'épée ou le bâton, il n'y arrivera pas car le couteau ne sera pas assez maitrisé.

-Je te laisse là, si tu veux continuer à t'entrainer, vas y la salle est à toi et surtout n'oublie pas la posture et ton transfert de poids ! Très important ! Sur ce, bonne continuation à toi.

La maitrise d'une technique de combat ne se fait pas en un entrainement, et ce qu'il a apprit, même si ça semble peu, est très important pour la suite des entrainements, surtout la posture et le transfert de poids, et c'est la base pour ce genre de combat.

Surion prend ses affaires et laisse Cymrod dans la salle d'entrainement.