X-men RPG
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 Sur les Chemins de l'Esprit

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MessageSujet: Sur les Chemins de l'Esprit   Sur les Chemins de l'Esprit Icon_minitimeMer 21 Aoû - 8:59

SUR LES CHEMINS DE L’ESPRIT

Chapitre 1
Une page qui se tourne

Il n’y a pas plus grande perte que celle de la volonté. Sans elle, le corps n’est plus qu’une coquille vide. L’esprit, ombre de lui-même, devient une fade nébuleuse. Plus de but, plus de priorité, plus de curiosité, plus d’envie, plus d’espoir, plus rien que des pensées creuses. Cette vie sans saveur n’en est plus une. Une petite mort qui fait attendre la grande.

A 15 ans, Ernest s’était donc arrêté d’avancer sur le chemin de l’existence. Si jeune et déjà tant d’erreurs... Si jeune et déjà si fatigué... Il avait voulu s’assoir, souffler un moment, mais il était tombé de tout son long. Au moment même où il avait lâché les commandes de sa raison, il avait sombré plus vite et plus bas qu’il ne se l’était imaginé. Bien sûr, il savait qu’il n’allait pas bien, pas bien du tout, il ignorait juste à quel point. Ce mal être démesuré, mué en démence depuis l’événement Phobos, trouvait sa source avant l’Altérium et les drames dû à cette molécule mutagène. Tant de choses se jouent lors des premières années... Mauvais départ, mauvaise suite... le résultat ne pouvait être que mauvais.

Déjà, au terme de la réunion d’équipe des X-Men, Altérion était en proie à une totale confusion. Il mélangeait les noms, les visages, les événements, les lieux. Il se mit à délirer, il devint agressif, sauvage, il fallut l’interner dans un hôpital psychiatrique. Les jours suivants, son état ne cessa de se dégrader, laissant les médecins très septiques sur ses chances de récupérer. Et aujourd’hui, près de trois semaines après son arrivée, il était méconnaissable.

Adieux le froid et professionnel hybride rat à la réactivité exacerbée et à l’impeccable apparence quasi bourgeoise. Bonjour la loque velue, amorphe, fiévreuse, en couche et camisole de force. Oui, une couche, comme pour les bébés ou les vieillards... Son renoncement total avait mené, entre autres, à l’incontinence. Son regard vague disait qu’il était ailleurs, loin, si loin de son corps. Celui-ci ne pouvait que dépérir. Plus d’activité physique, sa musculature fondait comme neige au soleil. Bientôt, même son pelage de plus en plus triste ne masquerait plus sa maigreur maladive. Communiquer avec le petit mutant était mission impossible. Un psy s’acharnait, en vain. On se contentait de le nourrir, de le laver. Parfois, on cherchait aussi à le stimuler par quelques activités, échecs systématiques. Une fois, il avait bien joué avec des cubes, faisant d’eux une haute tour. Mais quand la tour était tombée, il avait fondu en larmes tout en cherchant à se fracasser le crane avec l’un des objets. La camisole de force n’était pas là pour faire joli.

Ernest alternait entre somnolences passives, sommeils agités, monologues inintelligibles, crises de fureurs, crises d’angoisses, crises de tristesses... Pour le modérer, matin, midi et soir, il avait droit à ses cachets, de généreuses doses avec, forcément, en guise d’introduction, l’invariable Neutralium afin de le rendre sensible au traitement de cheval. Les frissons, qui ne semblaient plus vouloir le quitter, venaient de ce Neutralium. Dans ses rares moments de semi-conscience, l’adolescent s’observait, observait sa chambre aux murs blancs capitonné et il se demandait quand enfin il allait quitter ce monde où il avait tout échoué. Vivre était une torture. Réfléchir était une torture. Chaque souvenir était une torture...


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MessageSujet: Re: Sur les Chemins de l'Esprit   Sur les Chemins de l'Esprit Icon_minitimeJeu 22 Aoû - 8:47

Sur les Chemins de l’Esprit

Chapitre 2
Au détour d’une pensée, Rachel...

Ernest, assis face au mur blanc, trouvait amusant de jouer avec ses orteils. Drogué comme il était, sa réflexion se limitait à presque rien. Au moins, en cet instant, était-il un peu conscient de son propre corps. Il jouait donc en titillant ses doigts de pied avec sa queue ou avec son museau. Il n’avait pas l’usage de ses mains, étant entravé par la camisole de force.

Après un certain temps, ce fut son ombre portée sur le mur qui capta son attention. Il l’a fixa, il lui parla comme si c’était une autre personne. Le pire, c’était qu’il imaginait obtenir des réponses. Quoi qu’il en soit, devant ses yeux agars, son ombre devint une silhouette, celle d’une femme... celle de Rachel... Alors, il n’osa plus parler, il n’osa plus regarder. Il baissa la tête et se mit à pleurer.

Que devait-elle penser de lui à présent ? Il se revoyait, à ses côtés, dans l’infirmerie. Il s’entendait lui donner conseils et encouragements. Il se remémora le gouté dans le parc, point de départ de cette relation. Il songea à ce retour dans le parc, à l’émouvante manifestation de tendresse. Il frémit au souvenir de son sauvetage dans les égouts. Avec peu de monde, il avait été honnête. Il était parvenu à construire quelque chose de bien pour une fois. Qu’en restait-il ? Est-ce que cela allait se passer comme la tour de cubes ? Il avait dit qu’il serait toujours là pour elle... des paroles vaines...

Il n’était plus là... Même si elle venait à lui, il ne pouvait plus l’aider et c’était réciproque. Il avait craqué, il était brisé, à jamais hors du jeu désormais. Il ne pouvait même pas suivre ses propres conseils, quel manque de crédibilité ! Non, vraiment, Rachel s’en sortirait mieux sans lui. Le monde n’avait pas besoin d’un rat débile... Et le rat continuait de pleurer...


Dernière édition par Ernest Lenoir le Mar 3 Sep - 11:58, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Sur les Chemins de l'Esprit   Sur les Chemins de l'Esprit Icon_minitimeVen 23 Aoû - 15:18

Sur les Chemins de l’Esprit

Chapitre 3
Au détour d’une pensée, Karma...


C’était la nuit. Nul fenêtre dans la chambre d’Ernest. Seules les lumières closes pouvaient lui indiquer l’heure tardive. Dans le noir, sur son lit, il somnolait. La ventilation, constant bourdonnement, lui emplissait la tête. Perdu dans ses songeries tourmentées, il finit par l’associer au son d’un brasier.

Le voilà redevenu Confrériste. Le voilà de retour dans cette maison isolée où, tel un macabre boucher, il avait taillé en pièces une mère de famille et envisageait de faire de même avec ses enfants. Sans l’intervention de Karma, il y serait arrivé. Jolie duel, il avait bien faillit l’avoir malgré ses pouvoirs psy. La baraque avait cramé, joli spectacle, joli brasier. Il le revoyait, ce feu énorme dévorant le bois et illuminant les environs de lueurs dansantes. Lui, il avait fini pieds et poings liés dans le coffre du 4x4 de la X-Woman. Ramené de force à l’Institut, c’était comme ça qu’il avait eu sa seconde chance...

Karma... si forte en persuasion, si éloquente, l’une des rares à pouvoir tendre la main à des causes perdues. Elle était devenue sa tutrice, il avait juré de changer. Grâce à elle et le soutien de Daniel Hopes, il avait intégré le programme de réinsertion, il avait retrouvé un semblant de vie ordinaire, il avait croisé la route de Rachel... Hélas, il n’avait pas tant changé que ça. Malgré ses efforts, il avait échoué et Karma, éloignée de lui par d’autres impératifs, n’avait pu le remettre dans le droit chemin... Pourquoi n’arrivait-il à rien ? L’Altérium était-il bien une raison valable ou encore une façon de se cacher derrière un prétexte ?

Ernest voulu toucher la cicatrice qui courrait le long de son museau, souvenir de son combat contre Karma. Il en fut incapable, toujours à cause de la camisole. Alors, s’éveillant, il se mit à hurler comme le dément qu’il était et à se débattre furieusement contre ce vêtement qu’il entravait. Il y alla si fort qu’une infirmière entra dans la chambre, le sangla à son lit et lui administra de quoi le faire roupiller pour un bon moment...


Dernière édition par Ernest Lenoir le Mar 3 Sep - 11:56, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Sur les Chemins de l'Esprit   Sur les Chemins de l'Esprit Icon_minitimeSam 24 Aoû - 7:52

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Chapitre 4
Au détour d’une pensée, Cérès...


C’était l’heure du repas. Lequel ? Ernest ne savait pas vraiment. Matin, midi, soir ? Quelle importance ? Les jours se suivaient et se ressemblaient. Ils se confondaient, s’unissaient en un tout d’une fadeur sidérante. Fade était aussi ce repas. Visuellement, cela ressemblait à quelque chose, des carottes taillées en rondelles, des petits poids... une macédoine quoi. Au goût, cette macédoine, il fallait l’imaginer sans quoi elle ressemblait à du carton. Des légumes aussi minables, Cérès aurait trouvé ça scandaleux.

Cérès... Esther, le visage maternel de substitution... Altérion revit cette femme dont la seule apparence criait sa relation avec le monde végétal. Elle était... elle avait été l’un des pivots de sa vie, l’une des bouées de secours qui lui avait, un temps, évité de sombrer dans la démence. Cérès avait comblé le vide laissé par Ashley Willard, et pourtant, au départ, elle était juste là pour étudier l’Altérium et rendre docile le petit mutant au profit de la Confrérie. Elle était même aller jusqu’à le rendre amnésique pour arriver à ses fins. Le rat avait fini par tout apprendre, tout pardonner. Au fond, il n’avait que faire qu’on le manipule, il avait trop besoin d’une mère et celle-ci se révélait des plus tendres. Par la suite, Cérès voulait lui offrir une vie ordinaire, ce que Karma arriva presque à réaliser. Et Ernest avait même fait en sorte qu’Esther puisse le rejoindre à l’Institut... Ha, l’espace de quelques semaines, il avait vraiment cru être au paradis, tout avoir pour être heureux... c’était trop demandé...

Comme Karma, Cérès c’était éloignée. Où était-elle à présent ? Ce qui était sûr, c’était que la folie avait eu le dernier mot. Comment s’en protéger ? Même l’amnésie n’était pas une solution, Lenoir le savait d’expérience. Rien, il n’y avait rien à faire, il était la proie de son propre esprit. Pas de problèmes sans solution ? La belle blague ! Voilà que le rat, se redressant soudainement, jetant au sol son plateau, se mit à crier, à appeler le nom de sa seconde mère. Que de désespoir, de souffrance dans cet unique mot...


Dernière édition par Ernest Lenoir le Mar 3 Sep - 12:00, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Sur les Chemins de l'Esprit   Sur les Chemins de l'Esprit Icon_minitimeLun 26 Aoû - 8:27

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Chapitre 5
Au détour d’une pensée, Phobos...


A force de ruades, de caprices, de cabrioles fiévreuses et autres pas de danse chaotiques, Ernest s’était fait mal au pied. A demi conscient, baignant dans cette nauséeuse somnolence médicamenteuse, il était à présent allongé. Il fixait d’un regard vide le plafond d’un blanc uniforme, juste zébré de deux néons verdâtres. L’hôpital, c’était si moche... surtout celui-ci en tout cas. Quoi qu’il en soit, une jeune infirmière lui désinfectait sa petite blessure de rien du tout. L’odeur du produit vint à ses narines et alors... ce fut un nouveau souvenir...

Si mal être il y avait toujours eu en lui, la démence était née plus tard, avec Phobos. Avant même Sinistre, ce génie du mal avait fait kidnapper l’hybride rat afin d’exploiter l’Altérium. 15 jours en Enfer, 15 jours qui changent toute une vie... Traité comme un cobaye, un animal, nu dans son cube de ver, le jeune mutant avait vu sa raison peu à peu fléchir. Depuis cette date, si peu de nuit sans cauchemar... Depuis cette date, Altérion nourissait la peur de son propre gène X. Il maudissait autant Phobos que l’Altérium. Il avait également maudit, un temps, les X-Men, ce qui l’avait conduit, après sa tardive libération, à rejoindre la Confrérie.

Quelle ironie au fond... car Phobos, c’était aussi la naissance réelle de cet Ernest aujourd’hui interné. Les X-Men n’avaient pas sauvé le véritable mutant, mais un clone. Et le dit clone, qui ignorait jusqu’à peu sa nature artificielle, avait de fait prit la place du model original. Ce n’était pas une usurpation, simplement la logique des choses... Logique, qu’est-ce qui l’était maintenant ? Il était en fait assez logique que le pauvre Ernest ne portait pas en son cœur les labos... et les odeurs de produits désinfectants qui lui rappelaient trop ces douches froides auxquelles il était soumis lors de sa captivité.

Son souvenir devint panique et l’infirmière dû très vite se reculer pour éviter des coups de pieds. Intimidée par cette soudaine réaction, elle préféra quitter la chambre. Ce ne fut que par la suite qu’elle apprit qu’il était inutile de désinfecter ce rat fou, sa mutation s’occupait de tout. Décidément, les problèmes d’information étaient une constante où qu’on se trouve.


Dernière édition par Ernest Lenoir le Mar 3 Sep - 12:02, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Sur les Chemins de l'Esprit   Sur les Chemins de l'Esprit Icon_minitimeLun 2 Sep - 6:37

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Chapitre 6
Au détour d’une pensée, Sanzo...


Elles étaient deux pour s’occuper d’Ernest, une jeune, une plus âgée. Elles discutaient d’une série télévisée à l’eau de rose et partageaient leurs avis, leurs pronostiques. Est-ce que John allait divorcer ? Est-ce que Betty allait déclarer sa flamme à Annie ? Est-ce que le beau célibataire, apparut furtivement dans l’épisode 25 allait faire son retour ? Insipide sujet mais il ne fallait pas blâmer les deux infirmières. Quand on travaillait dans un asile toute la journée, quand on baignait au milieu des fous, se vider la tête devenait une nécessité. Les stupidités du petit écran étaient tout indiquées pour ce rôle.

Leur présente besogne consistait à changer la couche du rat déjà plus que pleine. Plus de sentiment, plus de délicatesse, seule comptait l’efficacité car après, il y avait encore beaucoup de travail, beaucoup d’autres déments. Altérion étant dangereux par ses morsures, une des demoiselles l’avait muselé. Comme ça, plus de problème. De toute façon, le mutant était drogué jusqu’aux oreilles et se laissait faire, ne pouvant plus prétendre à la moindre dignité.

Il se rendait toutefois encore un peu compte de ce qui se passait. Il se dit que, décidément, il avait tout perdu de sa superbe. Il songea à Sanzo, l’hybride chat qu’il avait pris en grippe. Ha, ce dernier devait être ravi. Au final, lui et ces belles paroles d’idiot restaient et Ernest avait dégagé, pire, craqué, lui donnant raison. Si opposition entre les deux jeunes il y avait eu, inutile de chercher le gagnant. Un fantôme d’égo blessé fit remuer le rat. Il était tombé si bas... Il ne fallait plus songer à tout ça, cette vie révolue. Il n’était plus rien, ne serait plus rien. Mais comment se raisonner ? Sa tête en faisait qu’à sa tête justement. Malgré les médicaments, malgré l’abandon de tout, l’esprit poursuivait cette auto torture. Sanzo s’accrochait à cette psyché déchirée pour la narguer. L’épreuve en salle des dangers fut rejouée mais cette fois, Silver Cat dominait Altérion. Insupportable...

Le rat remua plus fort. On lui envoya une petite claque sur le postérieur à nu pour qu’il se tienne tranquille. Il obtempéra et se laissa divaguer vers d’autres pensées acides...  


Dernière édition par Ernest Lenoir le Mar 3 Sep - 12:05, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Sur les Chemins de l'Esprit   Sur les Chemins de l'Esprit Icon_minitimeMar 3 Sep - 7:46

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Chapitre 7
Au détour d’une pensée, Ashley et Philippe...


Et bam ! La tête dans le mur. Et bam, bam et re bam ! Le mur tenait bon, forcément, la tête aussi, hélas. Bam, bam, bam ! Le bruit témoignait de la mollesse des impacts. Ce n’était guère étonnant qu’Ernest n’arrive pas à se faire mal. Parois capitonnée, muscles mous... non, vraiment, si le rat voulait se fracasser le crane, il devait s’y prendre autrement. Bam ! Toutefois, il ne semblait pas le réaliser. Alors, il se contentait de persister dans sa veine entreprise. Il reculait, baissait la tête et fonçait. Bam ! Il n’était pas rare que le rembourrage l’envoie au sol, assis comme un idiot. Mais tant pis, il continuait. C’était mieux que de penser. Tout était mieux que de penser, surtout quand ses géniteurs entaient sa satané tête qui refusait obstinément d’exploser.

Ses géniteurs ? Il n’avait ni père, ni mère, il était un clone bon dieu ! Idée juste mais sans aucun poids... Il avait tout de l’original, il ne pouvait se défaire de ce passé, c’était comme ça. Les parents du vrai étaient les siens. A lui de s’y faire, ou de ne pas s’y faire. Bam ! Bam !

L’image de Philippe Lenoir était accompagnée par un grand regret et une culpabilité sans borne. Homme trop sévère, trop absent, homme de devoir, Altérion pouvait lui reprocher cette rigueur quasi martiale. A quoi bon être exemplaire si c’est pour être triste ? Et triste, il l’avait été à cause de lui. Mais, par la suite, avec l’éveil du gène X et tout ce qi en avait découlé, le jeune mutant s’était rendu compte à quel point il ne connaissait pas son propre papa. Loin de le rejeté, Philippe n’avait eu de cesse de vouloir le retrouver, de vouloir réparer les erreurs passées. C’était en prison, au B.A.M., qu’Ernest avait ouvert les yeux sur cette vérité... trop tard... Emporté par le désespoir, persuadé que son fils était définitivement perdu, Philippe avait mis fin à ses jours. Seule restait la mère... seule restait Ashley... seule restait l’infâme traitresse... Bam !

Si Philippe avait été le point de départ du mal-être du rat, Ashley Willard avait fait en sorte de creuser ce mal-être jusqu’à en faire un cruel poison. Elle avait abandonné Ernest, elle l’avait reniée. C’était pourtant elle qui lui avait transmis l’Altérium. Elle-même était mutante. Elle n’avait pas assumée, elle l’avait toujours caché. Le propre fruit de ses entrailles l’avait horrifié à tel point que, publiquement, elle avait craché sa haine envers les porteurs du gène X. Comment pardonner ? Par son absence, elle avait poignardé Altérion, le condamnant à la souffrance perpétuelle puis, à la démence. Cérès avait en partie comblé ce vide... du rafistolage sur une épave qui prenait déjà l’eau...

Bam ! Bam ! Bam... Epuisé, Ernest resta à genoux, contre le mur. Lentement, il glissa au sol, il s’était endormi.
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MessageSujet: Re: Sur les Chemins de l'Esprit   Sur les Chemins de l'Esprit Icon_minitimeMar 3 Sep - 13:21

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Chapitre 8
Au détour d’une pensée, Kurkaru...


Elle était seule cette fois, sa collègue étant aller s’occuper d’un cas pressant. Malgré la porte close, des hurlements filtraient depuis le couloir. Il y avait pas mal d’agitation à l’extérieur, un pensionnaire devait faire des siennes. Mais l’extérieur, c’était un autre monde. Les trois quarts du temps, Ernest se conduisait en autiste. Aucune communication, pas même l’impression qu’il remarque les présences. Enfermé en son esprit, tourmenté par celui-ci, sa tête, ses idées étaient devenues sont présent, sa réalité. Difficile d’imaginer réalité plus décousue, plus torturée. Ne restait que ces rares moments de semi-lucidité où un soupçon de réflexion pouvait encore se faire. C’était alors l’instant des vrais souvenirs... des vrais sentiments... Petit à petit, comme s’il était au soir de sa vie, Altérion en dressait le bilan. Des visages se succédaient, des noms, d’autres vies qu’il avait croisé... Karma, Cérès, Rachel, Phobos, Sanzo, Ashley, Philippe...

Elle, visage anonyme à qui il n’avait dit un mot, elle qui pour lui n’était personne et qui pourtant le voyait tous les jours, et bien elle était en train de le laver. Pas la petite toilette rapide, le nettoyage en règle. Il s’imposait, plus pour le personnel que pour le concerné. Après tout, le rat n’en avait rien à faire de puer. Mais quand il parfumait la pièce entière, il fallait quand même y remédier. Elle ne cherchait plus à lui parler. Elle se parlait à elle-même, commentant ce qu’elle faisait, comme pour marquer une distance, mieux accepter cet étrange travail. Comme d’autres avant elle, elle se disait que le petit mutant, une fois débarrassé de sa couche et de sa camisole, ressemblait vraiment à un gros rat. Heureusement qu’elle n’avait pas peur de ce genre de bestiole. Elle manipulait donc le rongeur, juste muselé par précaution, mais qui de toute façon était en cet instant totalement amorphe. Elle aurait eu entre les mains une poupée que ça aurait été la même chose. Elle n’allait pas s’en plaindre. Avec d’autres fous, le bain, c’était tout une histoire. Altérion n’était au final pas si dur à gérer que ça. Du moment qu’il ne pouvait mordre, il était facile à maîtriser quand il s’agitait. Vraiment, il y avait pire...

Ernest, dans ses rêves, vaguement conscient de ce qui se passait, songea à Kurkaru. Le gnome vert de l’Institut, un idiot de première qu’il méprisait à ce titre, était décidément un drôle de personnage. Il était maintenant bien mal placé pour le juger. Même Kurk était moins fou que lui. Il se souvint de la boîte de nuit, du monstrueux désordre qui à eux deux ils avaient mis à l’intérieur. Il se surprit vouloir revoir le gnome. C’était peut-être la seule personne qui pouvait encore un peu le stimuler car détaché de cette raison perdue. Quoi que... La dernière fois qu’il l’avait croisé, lui et ces drôles de lutins, Kurkaru n’avait plus l’air si dément que ça. L’être était sans doute plus complexe que n’avait voulu se l’avouer Altérion. Il était trop tard, maintenant, pour percer ce mystère. Kurk était à l’Institut, lui, à l’asile, et ce n’était pas prêt de changer.

Elle le sortit de l’eau, le sécha sommairement et lui fit enfiler une couche neuve. Elle était toujours seule. L’incident devait être complexe à gérer. Elle décida d’en profiter. Elle assit Ernest à la manière d’un vrai rat, lui ôta la muselière de fortune et le photographia avec son téléphone portable. C’était strictement interdit, d’autant plus qu’elle venait de se mettre en danger, mais son petit ami aimait les photos bizarres. Et puis, les choses interdites, dans des endroits si clos, si loin des regards... Elle n’en était pas à sa première photos, ni à la dernière. Elle devait avoir une bonne moitié des fous de l’asile, à chaque fois dans des situations amusantes pour elle, humiliante pour eux.

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MessageSujet: Re: Sur les Chemins de l'Esprit   Sur les Chemins de l'Esprit Icon_minitimeMer 4 Sep - 13:09

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Chapitre 9
Au détour d’une pensée, Icare...


Comme partout, il y avait ceux sans conscience professionnelle, telle que cette infirmière avide de photos exotiques, et ceux qui avaient une vraie vocation, telle la psychologue en charge d’Ernest. Une nouvelle séance était en train de se dérouler, aussi peu fructueuse que les précédentes. La femme était réputée dans son domaine, elle était aussi très tenace. C’était pour ça qu’elle n’avait pas encore laissé tombé. Avec le rat, elle était bien loin de chercher à le raisonner. Pour ça, il fallait déjà arriver à communiquer d’une façon ou d’une autre. Communiquer, c’était son but du jour, de la semaine, du mois, peu importait, elle essayait encore et toujours. En cet instant précis, elle cherchait à capter l’attention du mutant en agitant la main devant son visage. Le rouge regard, pour l’instant vide d’expression, finit par accrocher cette main qui allait de droite, de gauche. Bon, c’était déjà ça, un premier pas. En agissant ainsi, la psychologue était certaine qu’elle faisait un peu émerger l’esprit du rat, sans quoi il rêvait tout le temps, prisonnier de son monde imaginaire.

La suite consistait à sortir la main du champ de vision et ainsi pousser la tête à se tourner pour la retrouver. Voilà, Ernest agissait comme escompté, même s’il était très mou. Après, la femme cachait sa main derrière un carton. Elle la remontrait puis la recachait, une fois, deux fois, dix fois... Altérion fronça les sourcils et, mue par un début d’irritation, dégagea le carton d’un geste hargneux. Petite victoire pour la psy. Il fallait s’en réjouir, elles étaient peu nombreuses. La voilà qui prenait quelques notes. Au début, constatant l’importance des troubles, elle avait suspecté une autre cause que le seul impact psychologique. Elle avait fait subir au petit mutant toute une batterie d’examens, cherchant à savoir si son cerveau n’avait pas eu des lésions. Mais rien d’anormal n’était apparut à ce niveau. Le problème était ailleurs et cela devenait de plus en plus évident. En repoussant le carton, Ernest prouvait qu’il comprenait que la main existait toujours, bien qu’invisible. Dit ainsi, cela semblait stupide mais il fallait savoir que le concept d’être caché échappait à certains autistes, par exemple. La séance se poursuivit.

Altérion rêvait toujours à moitié. Il réalisa tout d’un coup que dans cette pièce, qui n’était visiblement pas sa chambre, il y avait une fenêtre. Et par cette fenêtre, il voyait le ciel, les nuages. Il se mit à fixer se point et à repenser à Icare.

Ha, pauvre Icare, Ernest lui en avait fait voir de toutes les couleurs ! Maintenant, l’ange devait le détester, comme les trois quart des américains. Fragile artiste ailé, le gène X avait été sympa avec lui. Quelle chance de pouvoir voler ! Voler, c’était la liberté. Et Ernest voulait tant être libre... Ici, il ne l’était pas, toujours enfermé, toujours entravé. Mais la vraie prison, c’était ses réflexions. Captif de corps et d’esprit, ô que la symbolique du ciel l’attirait. La liberté, était-ce l’oubli ? Où était le salut dans cet enfer perpétuel ? S’il le pouvait, il demanderait à Icare d’à nouveau le prendre sur son dos. Et une fois en haut, si haut, il sauterait à nouveau. Qu’il avait envie de cette ultime chute... Icare aurait dû le laisser s’écraser la première fois. Tout aurait été plus simple...

Le rat avait froid. Etait-ce le vent ? Le vent du ciel ? Il se plut à le croire. En réalité, c’était le Neutralium qui le rendait fiévreux pratiquement en continu. La pauvre psychologue, de son côté, avait été oubliée. Mais demain, elle ferait une nouvelle tentative...
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MessageSujet: Re: Sur les Chemins de l'Esprit   Sur les Chemins de l'Esprit Icon_minitimeJeu 5 Sep - 6:04

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Chapitre 10
Frissons et sueur


Ernest ouvrit les yeux, encore hébété par ses songes torturés. Il était dans son lit, sa chambre était dans le noir. Pourquoi cet éveil prématuré ? Question stupide. Altérion ne faisait jamais une nuit d’un seul bloque. Mais quel était ce bruit couvrant celui de la vrombissante ventilation ? Et d’où venait cette angoisse qui lui serrait la poitrine ? Reste du cauchemar ? Le rat remua sous son drap. Il voulait replonger, fuir cette odieuse parodie d’existence au profit de rêves dérangés qui ne valaient pas mieux. C’est alors qu’il perçu ses tremblements. Il ne pouvait les réprimer. Tout son corps y était soumis, telle une feuille ballottée par le vent. Il claquait des dents aussi. C’était ça le bruit. Peu à peu, il prit conscience du froid mordant dont il était la proie. Il se recroquevilla, cherchant désespérément un peu de chaleur. Il se crispait si fort que ses muscles protestaient. Mais que lui arrivait-il ? Happé par ce présent angoissant, il eut la conviction d’être malade. Lui, malade... impossible. L’Altérium était la meilleure des barrières immunitaires. Mais quand était-il désormais avec tant de Neutralium ingéré ?

L’idée d’appeler ne lui vint pas à l’esprit. De toute façon, il hurlait si souvent que plus personne n’y faisait attention. Alors, il resta dans ce lit à geler. La sensation l’empêchait de divaguer, elle emplissait sa tête. Et si c’était la fin, enfin ? Et si son corps, au bout du rouleau, décidait d’arrêter là ? Peur et enthousiasme s’unirent en lui. Et voilà qu’en l’espace de quelques minutes, le froid disparu. A la place, une chaleur affreuse noya le petit mutant. Il eut l’impression d’être dans un four. Déjà il baignait dans une flaque de sueur, son drap trempé. N’y tenant plus, il sauta du lit et s’allongea au sol, en quête cette fois de fraicheur. Mis au supplice, il en gémissait.

Puis, la chaleur s’en alla. C’était terminé, voilà Ernest libéré, de ce phénomène tout du moins. Il se sentit bien mais aussi, très fatigué. Sans même prendre la peine de revenir dans le lit, il sombra. Ses rêves décousus emportèrent loin cette première alerte...
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MessageSujet: Re: Sur les Chemins de l'Esprit   Sur les Chemins de l'Esprit Icon_minitimeJeu 5 Sep - 13:18

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Chapitre 11
Au détour d’une pensée, Caitlyn...


Elle changeait les draps avec sa collègues. Dommage qu’elle ne soit pas seule, elle aurait pu encore en profiter. Son amoureux avait adoré les dernières photos, elle comptait bien en ramener d’autres... Dans sa tête, une petite voix lui disait qu’il fallait s’arrêter, qu’elle allait se faire pincer, la voix de la raison assurément. Mais elle n’était pas raisonnable, comme tant de monde. Braver cet interdit, cela donnait un peu de piments à ses mornes journées. Il fallait être prudent, rapide, un rien stratégique pour s’offrir de jolis clichés. Le rat était une cible parfaite. Déjà, ce n’était pas un inconnu, il avait été médiatisé, elle s’en souvenait. Elle connaissait son nom et savait qu’il avait été gosse de riche. Et bien, jolie dégringolade se disait-elle. Ensuite, il était passablement ridicule avec sa couche et son air de mongole, donc très photogénique. Enfin et surtout, il ne parlait à personne, ne se rendait compte de rien, impossible qu’il la dénonce. Des fous avec un tel potentiel dans l’hôpital, elle les comptait sur les doigts d’une main.

Hélas, sa collègue était là. Ensemble, elles discutaient de la même série télévisée à l’eau de rose. Pendant ce temps, Ernest chantonnait dans son coin, tourné vers le mur, vers son ombre, son seul ami. Il se balançait doucement de droite à gauche, au gré des notes discordantes. Sa voix n’était pas belle de base, son présent état n’arrangeait rien. Et voilà que tout d’un coup, il y eut un grondement, un tremblement. Tout le bâtiment avait vibré. Altérion se figea, sorti d’un cauchemar somnolant pour se retrouver dans un cauchemar concret. Qu’est-ce qui s’était passé ? A nouveau, le grondement, plus proche cette fois. Il sentit la vibration jusque dans son corps. Il avait reconnu l’orage. En un flash, il revit l’éclair que Caitlyn lui avait envoyé dans la bibliothèque de l’Institut. Il se recroquevilla. Pas Caitlyn ! Pas Caitlyn ! Ce visage lui était insupportable ! Déjà, il pleurait et gémissait, telle une âme en peine.

Caitlyn avait réussi là où lui avait échoué. Caitlyn était un clone, comme lui, avait été aidé par Daniel, comme lui, elle avait été une criminelle, comme lui, elle était son vrai rival. Trop de points communs pour ne pas se sentir proche d’elles et donc, pouvoir réellement la détester. Ha, au début, il pouvait se moquer de cette idiote croisée dans une librairie. C’était elle qui l’avait appelé Splinter au beau milieu de la foule. Mais quelle conne ! Comment aurait-il pu se douter qu’elle allait devenir X-Woman ? Elle avait par la suite tant changée... Elle pouvait lui faire la morale, à lui ! Et le plus frustrant, c’était qu’elle avait eu raison sur toute la ligne... N’était-ce pas Caitlyn qui lui avait dit qu’il allait craquer sans loisir ? Bon, ce n’était pas exactement le surmenage qui l’avait fait craquer... mais les faits étaient là, il avait craqué.

Il donnerait n’importe quoi pour lui prouver que, pour une fois, elle avait tort. L’ennui, c’était qu’il n’avait plus rien. En plus, la rousse balançait des éclairs, c’était pas la grande classe, ça ? Dix fois mieux que l’Altérium ! Oui, Ernest était jaloux. Et à chaque nouveau grondement, il avait aussi un peu plus peur.

Et voilà un coup bien plus fort, un vrai vacarme cette fois. Aussitôt, tout tomba dans le noir. Les plombs avaient sautés. Au dehors, c’était une vraie tempête qui secouait New York. Même les deux infirmières poussèrent un cri, ne s’y attendant pas du tout. Le rat, lui, hurlait tout en courant dans tous les sens. On lui mit la main dessus et, tant bien que mal, on le sangla sur le lit propre. Puis, une dose de Neutralium, suivit d’un calmant. Rien de mieux pour avoir la paix... Peu après, les lumières revenaient.
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MessageSujet: Re: Sur les Chemins de l'Esprit   Sur les Chemins de l'Esprit Icon_minitimeVen 6 Sep - 7:27

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Chapitre 12
Louise Bragel


Louise n’était pas ce qu’on pouvait appeler une belle femme. Petite et grassouillette dans sa robe move, tout juste pouvait-elle prétendre être quelconque. De toute façon, elle avait passé l’âge des batifolages. Cinquante-six ans, déjà. Dieu que le temps passait vite. Ce n’était pas pour autant qu’elle cherchait à le rattraper. Elle ne se tartinait pas la figure d’une tonne de produits miracles et autres crèmes thérapeutiques pour prétendre à cette jeunesse déjà fuyante. Tout juste mettait-elle un zeste de maquillage, la simplicité même en ce domaine. Elle n’avait pas peur de ses rides naissantes, ni de ses cheveux grisonnants. Elle vivait ni dans la nostalgie du passé, ni dans un futur trop hypothétique. Le présent lui suffisait. A ses lèvres, son invariable sourire. Sa bonne humeur la suivait partout, comme ici, à l’asile psychiatrique où elle prenait aujourd’hui ses fonctions.

« Nous y voilà, votre bureau. »

Le chef de service l’invita d’un geste à entrer dans la modeste pièce sobrement meublé. C’était sûr, elle allait vite se charger d’un minimum de retouches. L’endroit était... trop médical, trop froid à son goût. Il avait au moins le mérite d’être fonctionnel. Louise en fit le tour d’un regard attentif, puis revint à M. Newman, le chef de service. C’était un solide gaillard, quelqu’un de direct, sans doute un peu trop. Elle s’était déjà adaptée à lui, faisant preuve du même souci d’efficacité. La communication optimale était affaire d’adaptation justement.

« Parfait. Vous me parliez de cas difficiles que vous vouliez me confier ?
- En effet. Etant donné vos... facilités, et votre expérience, autant en profiter. Les dossiers sont sur la table. »

Ils étaient au nombre de trois. Difficile de savoir si Newman était honnête ou s’il cherchait à lui filer les pires pensionnaires. Ce qui était sûr, c’était qu’il n’était pas très à l’aise en présence d’une mutante. Il était trop instruit pour être victime de son ignorance. Par contre, peut-être estimait-il que le gène X était un élément sur lequel il n’avait aucun contrôle. Or, en sa qualité de chef, il aimait contrôler, tout contrôler. Louise s’empara des dossiers et commença à en feuilleter un. Un bruit de pas dans le couloir poussa NewMan à reprendre la parole.

« Ha, voici votre collègue, Sophie Madvati. »

Une demoiselle se présenta dans l’encadrement de la porte. La trentaine, blonde, assez coquette, elle semblait en colère et tenait à la main un post-it. Le chef de service enchaîna :

« Sophie, voici Louise Bragel. C’est la remplaçante de M. Webec. Elle devrait donc rester quelques semaines parmi nous. »

Poignée de main de circonstance, puis Sophie fusilla son supérieur hiérarchique du regard.

« Excusez-moi, mais c’est quoi cette histoire de transfère ? Mayok, Lenoir et Birdy sont des cas que je commence à très bien connaitre. Pourquoi me les retirer ?
- Parce que vous n’arrivez à pas grand-chose avec eux. Madame Bragel va peut-être mieux s’en sortir. Elle a quelques dons que vous n’avez pas. Bon, sur ce, je vous laisse. Louise, s’il y a quoi que ce soit, vous savez où me trouver. Bonne chance. »

Newman disparu, laissant seules les deux psychologues. Consciente de la tension qui régnait, Bragel prit sur elle de s’excuser. Elle n’y était pour rien mais c’était une façon de rectifier le tir. Madvati finit par entrer et, mettant de côté sa colère, entreprit de faire plus ample connaissance avec la nouvelle venue dans le service. Celle-ci, tout en épluchant les dossiers à sa charge, entretint une conversation vite aimable. Elle avait un don pour atténuer les distances et, pour le coup, sa mutation n’y était pour rien.

« Alors, comme ça, vous avez le gène X ?
- Oui. Je suis un peu télépathe. C’est utile dans notre métier.
- Vous pouvez lire les pensées ? Les miennes par exemple ?
- Non, pas comme ça. Il me faut un contact physique. Et puis, je ne lis pas vraiment les pensées. Disons que j’entre dans la tête, dans l’univers intérieur. Je rencontre le conscient et l’inconscient. Je donne à celui que je visite les moyens de mettre de l’ordre. Mais rien n’est possible sans leur aval. C’est à eux d’avancer, à eux aussi de m’éclairer pour que je puisse les aider. Beaucoup de choses m’échappent, chaque cas est différent. Sans un guide, on se perd au milieu des idées.
- Je vois... Vous agissez directement de l’intérieur, au plus près des problèmes... ce doit être fascinant.
- Effrayant surtout. Les esprits dérangés ne sont pas de tout repos. C’est quoi le Neutralium ? »

Louise en était au dossier d’Ernest. Face à la photo d’identité aux traits bestiaux, elle n’avait pas eu l’ombre d’une réaction. Elle avait vu et vécu tant de choses bizarres lors de ses voyages spirituels que plus rien ne paraissait pouvoir l’atteindre. L’insolite, c’était son quotidien. Elle pointait en ce moment le doigt sur la mention du produit.

« Heu... Alors lui, il a une sorte d’immunité biologique. L’Institut Charles Xavier, il vient de là, nous fournit ce produit pour le rendre réceptif aux traitements.
- Ok. Faudra arrêter les traitements pour lui et les deux autres. S’ils sont drogués, je n’arriverai à rien. Je dois m’adresser à qui pour faire passer la consigne ?
- Newman peut s’en charger. Mais il ne va pas apprécier. Mayok est passif, mais Lenoir et Birdy peuvent être très agressif. Newman ne veut pas d’accident.
- On a tout ce qu’il faut pour les maîtriser, n’est-ce pas ? Lenoir est tout petit en plus, je l’imagine mal poser des difficultés.
- A vous de convaincre notre chef. Bonne chance. »

Et la discussion se poursuivit. Quand elle s’acheva, Bragel et Madvati étaient en très bon termes. La première prit la direction du bureau de Newman alors que la seconde s’en retourna à son propre travail.
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MessageSujet: Re: Sur les Chemins de l'Esprit   Sur les Chemins de l'Esprit Icon_minitimeVen 6 Sep - 15:56

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Chapitre 13
Au détour d’une pensée, Neko...


Ha, elle était drôle la nouvelle psy ! Sitôt débarquée, voilà qu’elle rendait le travail des infirmières absolument impossible ! Mais quelle idée d’arrêter les médocs ? Elle soupira devant cet Ernest forcément bien plus remuant sans sa dose de calmant. Pour le faire manger, c’était un vrai casse-tête. Elle n’avait pas oublié l’avertissement le concernant : ne surtout pas être mordu. Ha, très drôle ! Et comment le faire manger en le muselant ? Non mais vraiment, les psy, elles vivaient dans un autre monde ! C’étaient elles qu’il fallait interner !

Quoi qu’il en soit, l’infirmière en avait assez. On leur avait dit de se débrouiller, ok, elle allait se débrouiller. Cet avorton de rat n’allait pas avoir le dernier mot. Elle sortit un instant de la chambre et revint avec deux collègues. Un peu de renfort n’étaient pas de trop. La petite troupe eut tôt fait de sangler le mutant à sa chaise puis, avec précaution, on lui enfila un entonnoir dans la gueule. La suite se déroula comme sur des roulettes. Finalement, ce n’était pas si difficile que ça... Elle avait sans doute eu tort d’en faire tout un plat.

Le pauvre Ernest, quand à lui, ne trouvait pas la méthode à son goût. Furibond, il cherchait à broyer l’entonnoir sous ses mâchoire sans y parvenir. Un filet de bave lui coulait dans le cou. Il avait l’impression d’étouffer. Il forçait contre ses liens, sans plus de résultat. Dans sa confusion, il ne savait même pas si ce qu’il vivait était vrai ou pas. Car ses rêves semblaient tout aussi réel. Tout se mélangeait dans sa tête. Il confondait l’infirmière avec Neko, une hybride chate qui avait été sa petite amie. Il s’imaginait que Neko, mécontente de lui, l’avait attaché mais que tout ceci n’était qu’un repas amoureux.

Neko... Elle devait être folle de s’être approché de lui. Tout avait débuté par une pizza volée, un soir. Cela s’était poursuivit jusque dans le lit de la féline. Quel drôle de couple... un rat et un chat... Il lui avait mené la vie dure, si dure... Avec ses mésaventures et les siennes, leur relation avait fini par se rompre. Mais elle avait durée plus que de raison. Neko était repartie dans son pays natal, la France, et lui, toujours plus seul, restait ici...

Dans son délire, Neko était revenue, ils allaient passer une super soirée. Et la nuit venue, ils se donneraient l’un à l’autre, une fois de plus. Mais peut-être que la féline devrait le détacher avant, ce serait quand même plus pratique... Or, à présent, seul dans sa chambre, le repas achevé, personne n’avait jugé bon de libérer le rat de sa chaise. Il était très bien comme ça, qu’il y reste. Et pour qu’il arrête de brailler, comme il avait commencé à le faire sitôt l’entonnoir retiré, on lui avait aussi sanglé le museau. Est-ce que cela pouvait expliquer le froid mordant qui s’emparait de lui ? Maintenant, il tremblait comme une feuille. Et puis, voilà la chaleur, le corps en feu, la sueur... Puis, plus rien.
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MessageSujet: Re: Sur les Chemins de l'Esprit   Sur les Chemins de l'Esprit Icon_minitimeSam 7 Sep - 7:59

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Chapitre 14
Un nouveau visage dans le monde d’Ernest


Quand Louise passa la porte marqué du numéro 36, il était alors dans les environs de 15 heures, elle se retrouva pour la première fois devant Ernest Lenoir. Pour elle, cette journée avait été celle des rencontres, celles des évaluations préliminaires. Outres les cas moins graves dont Webec s’occupait et que, donc, elle héritait, elle avait déjà vu Mayok. Pour ce dernier, hélas, elle n’avait guère d’espoir de pouvoir l’aider. Malgré l’arrêt des traitements, malgré l’usage de son pouvoir, elle n’avait trouvé dans cet esprit que d’infimes traces de raison. La folie avait fait trop de ravage, c’était trop tard... Quand était-il de ce petit mutant à l’apparence de rongeur ?

Madame Bragel s’approcha et observa. Le rat offrait un triste spectacle. Il n’était pas vraiment habillé. Il ne portait sur lui que la camisole de force et une couche, preuve d’incontinence. Ses jambes velues étaient maigres, maculées de purée aussi, reste sans doute du dernier repas. La tête bestiale et la camisole, également, étaient décorées de purée. Ernest était attaché à une chaise et muselé. Il tremblait, fiévreux, et semblait somnoler, ses yeux mi-clos, le visage de côté, sur l’épaule. Bref, ce n’était pas élogieux, autant pour lui que pour le traitement qu’on lui faisait subir.

Louise n’en fut pas surprise. Certes, elle trouvait qu’on pouvait agir avec plus d’humanité, mais elle avait vu bien pire au cours de sa carrière. Personne ne pouvait imaginer ce qui se passait dans l’ombre des hôpitaux, pas forcément les asiles, mais aussi dans les maisons de retraite et lieux équivalents. Non, il fallait le voir et alors, on avait de quoi se poser des questions. Ha, la presse tirait à boulets rouges sur les psychopathes et autres monstres. On entendait moins parler des infirmières qui, blasées par leur travail, ou discriminant impunément, traitaient leurs patients comme des objets. Heureusement qu’il y avait nombres d’âmes nobles pour relever le niveau. En tout cas, Lenoir n’en était pas encore à baigner dans ses excréments, c’était déjà ça.

L’apparence extérieur n’était pas une indication fiable. Pour évaluer le mal, Louise devait aller à sa rencontre. Elle s’approcha encore et, prudente, posa un doigt sur la tête d’Ernest. Alors, elle fut en lui...

Autour d’elle, une ville difforme, monstrueuse, une parodie infernale de New York. Les bâtiments immondes s’élevaient sans fin de part et d’autre d’étroites ruelles tortueuses. On avait l’impression d’être étouffé, broyé par tout ce béton. Ciel gris, brume malsaine, quelques lampadaires à la blafarde lueur, si peu de couleurs... En ce monde, le malaise était poignant.

Louise, avec sa robe move, se détachait de la monotonie ambiante. Elle considéra les passages qui s’offraient à elle, puis, au hasard, en emprunta un. Elle ne tarda pas à entendre un bruit de cavalcade accompagné de cris. Des griffes sur le bitume, des voix aigües, grinçantes... Un croisement apparut devant elle. Une bonne vingtaine d’Ernest le traversa. Aussitôt, elle constata qu’un des rats se distinguait des autres, le premier. Il était poursuivit. En sang et en haillons, il cherchait à échapper à tous ses doubles qui, eux, avaient des allures de monstres. Le fuyard mal en point s’engagea dans une impasse. Affolé, il bondit sur une poubelle puis sur un tuyau qu’il entreprit d’escalader. Exténué, il avait l’impression d’être trop lent, toujours trop lent. Une main l’attrapa par la queue. Il envoya un coup de pied dans la face de la créature qui lâcha prise. Mais d’autres, déjà, étaient pratiquement à son niveau, bondissant lestement de balcons en balcons. Le tuyau se tordait, prêt à céder. Tout se liguait contre lui. Ernest sauta sur un escalier de secours branlant et poursuivit sa folle ascension.

Il était déjà si haut que le sol disparaissait sous la brume. Et même cette brume faisait mine de lui courir après pour l’engloutir. L’air lui brûlait les poumons, ses jambes ne le portaient presque plus. Après une éternité, le voilà arrivé sur le toit. Un vent furibond se mit à hurler, comme s’il était au sommet d’une montagne. Ses clones difformes l’attendaient, l’ayant dépassé. Ils se jetèrent sur lui, la bave aux babines. Ils voulaient le ficeler à la grosse antenne pour ensuite le tondre, lui arracher les dents et les griffes, puis lui couper les cordes vocales. Ainsi, il deviendrait comme les cobayes d’Erval. Déjà il était trainé à l’antenne après un tabassage en règle. Toutefois, avec la force du désespoir, il parvint à se dégager. La course reprit sur le toit. Très vite, un vide vertigineux lui barra la route. En face, un immeuble encore plus haut, seul salut pour lui. Il fallait sauter, atteindre l’une des fenêtres. Alors, il sauta, mettant dans ce bond le peu d’énergie qui lui restait. Sous lui, la brume grise...

La fenêtre visée s’approchait, mais il commençait à chuter. Il n’allait pas y arriver. La brume allait le manger. Il se mit à hurler de terreur, les bras tendus vers l’inaccessible. Mais voilà qu’une main lui prit la sienne, l’attrapant au vol, le tirant vers cette fenêtre salvatrice. A présent, il haletait dans un salon confortable, pièce sur laquelle donnait la fameuse fenêtre. Sauvé ? Comment était-ce possible ? A chaque fois, il était prit, à chaque fois, il perdait d’une façon ou d’une autre... Réalisant qu’il n’était pas seul, forcément puisqu’on venait de l’aider, il tourna la tête vers une femme aux cheveux gris et à la robe move. Louise lui sourit et lui offrit une tasse de thé.

« Ernest, c’est bien ça ?
- Mais, mais vous êtes qui ?
- Louise Bragel, ta nouvelle psychologue. »
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MessageSujet: Re: Sur les Chemins de l'Esprit   Sur les Chemins de l'Esprit Icon_minitimeSam 7 Sep - 17:52

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Chapitre 15
Super Psy !


Pourquoi les autres rats ? Pourquoi Ernest se battait-il contre lui-même ? Qui était-il, lui ? Et qui étaient-ils, eux ? L’intrusion de Louise Bragel dans son univers n’avait pas laissé le petit mutant indifférent. Il n’aimait pas spécialement les psychologues, mais il ne pouvait nier avoir besoin d’un bon coup de main. Ils avaient discuté longtemps dans le salon. Puis elle avait dû partir. Elle lui avait promis de revenir. Mais lui, en retour, il avait dû promettre de réfléchir à ces questions. Elle voulait entendre ses réponses, sa réflexion.

Elle était gentille, Louise, mais comment réfléchir avec une horde de clones belliqueux sur le dos ? Altérion courrait dans le tunnel. L’humidité suintait de partout et la pénombre gouvernait sans concession. Ce devait être les égouts, des égouts aux airs de grottes si glauques. Le béton était irrégulier, comme défoncé. Au milieu du corridor, un ruisseau obscène s’écoulait dans un murmure écœurant. Voilà une intersection, le mutant s’y précipita, à bout de souffle. Sitôt l’angle passé, il se tapit dans une anfractuosité du mur et s’efforça d’être silencieux. Malgré ses efforts, il lui semblait que les battements de son cœur faisaient un vrai vacarme. Anxieux, il entendait des bruits de pas se rapprocher. Bientôt, il vit une dizaine de rats monstrueux passer devant lui, sans le voir. Leur course et leurs grognements s’éloignèrent dans l’inconnu. Ernest attendit jusqu’à ne plus rien percevoir. Alors, enfin, il soupira de soulagement. Il allait partir dans le sens inverse quand un souffle passa sur sa nuque. Il se figea d’horreur. Et voilà qu’une voix nasillarde, jubilante, lui susurrait à l’oreille :

« Coucou ! »

Derrière lui, il y eut des ricanements, beaucoup de ricanements. Ernest voulu se jeter en avant mais des mains l’attrapèrent, le tirèrent en arrière. La cavité était bien plus profonde qu’il ne l’aurait pensé. Pourtant, il aurait juré qu’il en voyait le fond au moment de s’y blottir. Il bascula dans une pièce semblable à une cave sordide où le toisaient tant de paires d’yeux rouges. Il hurla, se débâtit, distribuant aveuglément coups de poings et coups de pieds. Il serait resté passif que le résultat aurait été le même. Un affreux sentiment d’impuissance l’envahit quand les monstres l’immobilisèrent. Ils lui arrachèrent ses loques. Puis, ils lui versèrent sur la tête des tubes entier de sauce pour accompagner la viande. On lui mit ensuite un collier fait de saucisses autour du cou et une grosse tomate dans la bouche. Pendant ce temps, un feu avait été allumé au centre de la pièce. Altérion, ficelé comme un gros gigot, se retrouva suspendu au-dessus. Terrorisé, il vit les rats faire cercle autour du feu, chacun s’étant noué une serviette blanche au cou et tenant une fourchette et un couteau en main. Ils se mirent à chanter comme des scoutes lors d’une veillée.

Il allait cuir ! Il allait être dévoré ! Un songe de plus qui se terminait mal... Mais voilà qu’une détonation claqua dans l’air. Une tête de rongeur explosa comme une pastèque. Son propriétaire, forcément très surpris, resta un instant immobile avant de s’effondrer. Tous le regardèrent, même Ernest. Puis tous remarquèrent la femme à la robe move qui venait d’entrer. Elle tenait un énorme fusil et tira de nouveau. Les rats s’affolèrent sous les yeux médusés d’Altérion. Ils coururent de partout et Louise, vida son chargeur dans la foule. Or, son chargeur ne semblait pas avoir de fin et son arme, prit de frénésie, accéléra sa cadence pour égaler celle d’une mitrailleuse. En un rien de temps, les rats furent d’essimés. Une petite poignée s’enfuit, la queue entre les jambes.

Après le vacarme de la tuerie, le silence retomba, à peine troublé par les crépitements du feu. Bragel souffla la fumée sortant du canon, puis elle se libéra les mains en abandonnant l’arme au sol, entre deux cadavres.

« Alors, tu as réfléchis ? » demanda-t-elle comme si rien ne s’était passé.

Ernest, bâillonné par la tomate, ne put pas vraiment répondre. Par quelques cris étouffés, il fit comprendre qu’il commençait à avoir très chaud. Les flammes léchaient presque sa fourrure empoissée de sauce.

« Ho, pardon ! »

Elle le décrocha et coupa ses liens avec un couteau sortit de nulle part. Sa liberté de mouvement retrouvé, le petit mutant éjecta le fruit et le collier dans le feu, avant de se frotter ses poignets endoloris.

« Alors ?
- Et bien, heu... c’est que j’ai pas trop eu le temps... Et c’est pas faute d’avoir essayé ! Ils sont toujours là !
- Tu n’as pas la moindre idée de ce qu’ils représentent ?
- Non... enfin, si, un peu...
- Mais encore ?
- C’est difficile à dire... Mes erreurs peut-être. Ma folie aussi.
- Alors, toi, tu es la raison ?
- Je crois, j’espère... »

Louise ouvrit une porte dans l’ombre, révélant une salle de bain. Ernest sembla intrigué. Bragel le poussa en avant.

« Allez, tu en as besoin. »

Elle referma derrière lui et attendit sur le canapé, car la pièce au feu s’était mué en salon. Ernest réapparut bientôt, propre, et vaguement surpris par le changement. Louise se gratta la gorge, réprobatrice.

« Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?
- Tu n’as rien oublié ?
- Heu... »

Il se regarda et ne trouva pas. Elle le mit sur la voie d’un ton sévère.

« Va t’habiller. Ce n’est pas correcte de rester tout nu, tu devrais le savoir !
- Mais j’ai de la fourrure !
- Tu es un animal ?
- Heu, parfois, j’aimerais bien...
- Tu en es un oui ou non ?
- Non.
- Alors va vite t’habiller ! Sinon, je m’en vais.
- Ok, ok ! Vous avez gagné ! »

Ernest retourna dans la salle de bain et en revint avec un impeccable costume, similaire à ceux qu’il portait si souvent à l’Institut, avant. Il fut ensuite invité à s’assoir en face de la psychologue. Elle le questionna sur son manque affiché de pudeur. Il finit par lui avouer que pour lui, être un animal, c’était vivre sans se prendre la tête, sans réfléchir, sans souci. Honteux, il dit aussi que c’était comme une fuite, qu’il avait toujours fuit.

« Pour toi, la folie est une fuite ?
- Je pense...
- Tu fuis la réalité ?
- Oui. Elle me fait peur.
- Pourquoi ?
- J’ai peur de moi, de ce que j’ai fait, de ce que je peux faire...
- Tu as commis des erreurs ?
- Beaucoup...
- Les autres rats, ce ne seraient pas ce toi qui te fait peur ?
- C’est possible.
- Pourquoi ont-ils toujours le dessus ?
- Je ne sais pas...
- Penses-tu pouvoir aller au-delà de tes erreurs ? Peux-tu les corriger ?
- Je... non...
- Non ?
- Je n’arrive pas à changer... Je... j’ai essayé... j’ai promis... j’ai raté...

Altérion se mit à pleurer. Louise, sans le montrer, était satisfaite. Elle pensait avoir mis le doigt sur la clé du problème. C’était dans ce sens qu’il fallait aller.
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MessageSujet: Re: Sur les Chemins de l'Esprit   Sur les Chemins de l'Esprit Icon_minitimeDim 8 Sep - 9:26

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Chapitre 16
La forêt du vide


« A ton avis, pourquoi tes doubles ont toujours l’avantage du terrain ? N’as-tu pas l’impression que le terrain se plie à leur volonté ? Toi, tu ne fais que subir. Tu fuis encore et toujours, dominé par eux, par tes peurs. Tu vois ici la conséquence directe de ton incapacité à changer. Les situations se répètent à l’infinie, avec quelques variantes mais au fond, c’est systématiquement la même chose. »

Louise en était à la quatrième séance avec Ernest. Elle les faisait longues, six heures à chaque fois, car de son point de vu professionnel, il était urgent d’agir. La folie n’avait pas encore causé des ravages irréversibles dans cet esprit. Certains résistaient très longtemps sans qu’elle n’ait vraiment compris pourquoi. Toutefois, Lenoir était au bord du gouffre, à deux doigts d’y sombrer définitivement. Le rat face à elle était l’incarnation de tout ce qui restait de raison en ce lieu spirituel. C’était assez pour rebondir, reconstruire, mais elle devait lui donner les moyens d’aller de l’avant. Elle avait assez discuté avec lui pour bien le cerner. Altérion s’imaginait être immuable à cause de sa mémoire hors norme et de son incapacité à assumer l’Altérium. Il se dégoutait, accablé par ce passé qui ne cessait de se rappeler à lui à chaque instant. Il fallait désamorcer cette logique fatidique, éteindre cette bombe psychologique avant qu’elle ne saute pour de bon. Le moment était au bilan de la spécialiste et, surtout, à l’explication de la solution.

« Qu’est-ce que je peux y faire ? Ils sont trop forts, trop nombreux...
- Ils sont toi surtout. Tout ce qu’ils font, pourquoi ne pourrais-tu pas le faire aussi ?
- ...
- Déjà, tu dois te trouver un refuge, un endroit où ils ne pourront te suivre. Ils sont là parce que tu penses à eux, ils t’obsèdent. Oublie-les, oublie tout. Fais le vide.
- Faire le vide ? J’ai déjà entendu ça, ça marche pas.
- Qu’est-ce que le vide pour toi ?
- Et bien... le vide, le néant, rien du tout quoi...
- Tu es capable de concrètement te l’imaginer ?
- Pas vraiment... le vide est par définition l’absence de tout. C’est assez abstrait, vous en conviendrez.
- Pas du tout. Il ne tient qu’à toi de symboliser le concept de vide par du concret. Et c’est en te focalisant sur ce symbole que tu feras le vide. Certains se l’illustrent par un néant blanc. D’autres voguent dans l’immensité stellaire. Ce peut être un salon comme celui-ci, rythmé par le tic tac d’une pendule. Ce peut être la mer, le son des vagues paisibles. Ce peut être le sommet d’une montagne enneigée battue par les vents. Ce peut être la nudité, le dépouillement, l’osmose avec la nature, la jouissance des sens. Ce peut-être...
- La nudité ? L’osmose avec la nature ? Si je me souviens bien, vous m’avez engueulé quand vous m’avez vu nu.
- Ne mélanges pas tout. Faire le vide, c’est s’isoler, être seul pour évacuer, c’est un moment intime avec toi-même. Cela n’a rien à voir avec la vie normale en société où il y a des règles à respecter. Si la nudité te parle, utilise-là correctement. Il ne faut pas que ce soit un fantasme. Pour toi, nudité et sexualité, est-ce la même chose ? »

Ernest s’agita sur le canapé, un peu mal à l’aise d’aborder ce genre de sujets. Ils avaient quand même de drôles de discussions avec Madame Bragel. Mais de tout lui dire, il se sentait mieux, il vidait son sac. Et il lui en avait tellement dit déjà, sans compter qu’elle l’avait sauvé de situations plutôt humiliantes. Louise ne ressemblait pas à l’idée qu’il se faisait des psychologues. Maintenant, il lui faisait pleinement confiance. C’était cette confiance qui le mettait sur la voie de la guérison.

« Non, je ne crois pas. Neko me manque, j’aimerais bien qu’elle revienne ou que je me trouve une nouvelle petite amie, retrouver le sentiment amoureux... c’est comme un manque, mais je n’y associe par l’idée de nudité.
- Elle t’évoque l’animal ?
- Oui.
- Pour toi, l’animal, c’est une fuite. La fuite de la société, la fuite des souvenirs. Le concept de fuite n’est pas forcément incompatible avec le symbolisme du vide. Toutefois, j’ai peur que sous cet angle, cela te nuise. Comme toute chose, faire le vide ne doit pas être employé avec excès. Faire le vide pour évacuer, se reposer, oui. Faire le vide pour fuir tout et n’importe quoi, non. Si tu prends la nudité comme base, travaille sur le sensoriel, l’abandon contemplatif. Tu aimes la nature ?
- Oui.
- Tu t’y sens bien ? En paix ?
- Oui, c’est possible... Cérès m’a rendu sensible à tout ça.
- Pense flore plutôt que faune. Immerge-toi dans cette flore, profite, ressent sa quiétude. Il ne doit exister plus que ça autour de toi et en toi. Ton vide à toi, ce sera une forêt.
- Une forêt...
- Tu préfères autre chose ? Une jungle ? Une île déserte ?
- Non, non, une forêt, c’est très bien.
- Et bien, on y va. Suis-moi. »

Louise se leva et déposa sur la table sa tasse. Puis elle s’approcha de la porte qu’elle ouvrit. Derrière, il y avait cette forêt, immense, sauvage, accueillante. Les arbres majestueux étendaient leurs ramures sous le soleil estival. Une brise légère faisait chanter les feuilles en un doux murmures. Le champ des oiseaux emplissait l’air d’une joie ineffable. L’infini verdoyant, chaleureux, invitait à l’éternelle balade. Altérion, le seuil passé, resta bouche bée d’admiration. Après tant de cauchemars, il avait presque oublié à quoi ressemblait un rêve.

« L’endroit est à ton goût ?
- Ha oui ! C’est parfait ! La plus belle forêt du monde !
- Laisse-la t’imprégner. Pour cette première fois, reste ici jusqu’à mon retour.
- Vous partez déjà ?
- Non, pas tout de suite. Je vais surveiller la porte, faire en sorte que personne ne puisse la passer. »

Ernest se retourna. La porte était plantée dans un tronc. Madame Bragel se plaça dans l’embrasure, prête à refermer.

« Allez ! Retire tes habits et va visiter ! »

Sur ce, la porte claqua. En vérité, Louise ne fit rien pour protéger la porte. Elle l’était déjà tant qu’Altérion y croyait. Doucement, elle le poussait à agir sur son monde intérieur pour ne plus le subir. Elle le poussait à mettre de la distance avec son passé douloureux. En faisant le vide, il était possible de construire.
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MessageSujet: Re: Sur les Chemins de l'Esprit   Sur les Chemins de l'Esprit Icon_minitimeDim 8 Sep - 18:05

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Chapitre 17
Séisme psychique


Ernest se prélassait dans l’herbe. Il se délectait des rayons du soleil sur son pelage. Il emplissait ses poumons d’air frais. Il humait le parfum délicats des fleurs. Il enivrait ses oreilles du chant des éléments. Le vent paisible, la rivière cristalline... Les yeux ouvert, il observait à travers les frondaisons la course des blancs nuages. Depuis combien de temps était-il ainsi ? Il s’en fichait. Il se sentait bien, léger, libre, c’était tout ce qui comptait. Jamais, absolument jamais, il n’avait déjà ressenti pareille quiétude. Comme Madame Bragel le lui avait demandé, il faisait le vide. Il était lui-même surpris d’y être arrivé aussi vite. Pas l’ombre d’un rat monstrueux, pas la silhouette d’une peur, la forêt lui accordait un répit salvateur. Ses forces lui revenait, son moral aussi.

Ayant faim, il se redressa doucement, s’étira, bailla, puis se mit en quête de fruits à cueillir. Le voilà bientôt assis sur une branche, dégustant une poire aussi sucrée que juteuse. Il se mouillait les jambes. Pas grave, il irait ensuite nager. Mais voilà qu’un avion en papier plana jusqu’à lui. De sa main libre, il l’attrapa et déplia la feuille dont il était fait. Sur celle-ci, il lut :

"Ernest, je t’attends à la porte. C’est l’heure de la leçon suivante.

Louise Bragel"

Enthousiaste, Altérion engloutit le reste de la poire, puis sauta lestement de l’arbre, passa sous une cascade pour se rincer, se sécha en courant avant de retrouver sans difficulté la porte dans le tronc. Juste à côté, pliés soigneusement sur une grosse pierre, il y avait ses vêtements. Il les enfila. Ensuite, il passa le seuil, émergeant dans le salon. Louise était assise dans le canapé.

Elle était très satisfaite des progrès de Lenoir. En fait, elle était elle-aussi surprise qu’il ait si bien réussi l’exercice. Tenir à distances les monstres était une chose, faire un vide total en une seule tentative en était une autre. Elle n’allait pas s’en plaindre. Désormais, maintenant qu’Ernest avait son sanctuaire, sa forêt où se ressourcer, il devait apprendre à chasser ses doubles pour purger son esprit. Hors de question de foncer dans le tas. Dans les mondes psychiques, tout n’est que symbole. La première étape fut donc de discuter. Altérion devait croire au changement déjà amorcé. Il devait retrouver la volonté de faire face à son passé pour envisager l’avenir. Fort de sa motivation nouvelle, il tint des propos bien plus positifs. Il se laissait volontiers persuadé par Louise. Après tout, vivre sans mal être était une expérience inédite qu’il aurait jurée impossible à peine deux jours plus tôt. Alors, qu’est-ce qui l’empêchait de tirer un trait sur ce qui le hantait ? Pourquoi ne pourrait-il pas assumer pleinement sa mutation ?

« Parfait ! Le changement est en marche. Garde confiance en toi et tes doubles ne pourront rien faire. Ce monde, c’est chez toi, ce monde t’aidera. »

Sur ce, la psychologue rouvrit la porte. Derrière, la ville si terne, si oppressante avec ses étroites ruelles apparut. Ernest s’approcha et hésita.

« Heu... j’y vais sans arme ?
- Il y en a peut-être une ou deux là-dedans. »

Elle désigna un placard mais prit bien soin de laisser le rat agir cette fois. Il le fit, découvrant un pistolet silencieux à l’intérieur. Sans le savoir, c’’était lui qui venait de le faire apparaitre. Et le voilà parti en chasse, Bragel ne faisant que le suivre afin de le rassurer. Très vite, elle constata que c’était inutile. Il s’en sortait très bien. Les monstres, ombres d’eux-mêmes, tentèrent bien de trucider Altérion, mais celui-ci se jouait d’eux avec de plus en plus d’aisance.

Décidément, Louise était impressionnée. Elle n’avait pas du tout prévue une amélioration si rapide, si marquée. Le mutant avait pris au moins quatre ou cinq séances d’avance sur le programme. Il avait des ressources psychiques insoupçonnées, à tel point que la psychologue se demanda si cela ne venait pas de son gène X. Ce fut sur cette pensée qu’elle commença à sentir le tremblement de terre. Ernest, tout aussi surpris qu’elle, élimina d’une balle une créature de plus, puis se retourna, un brin inquiet.

« Qu’est-ce qui se passe ? »

Les secousses sismiques prirent de la puissance, la ville vacillait, comme un fragile château de cartes.

« Sans doute pas grand-chose. Peut-être es-tu fatigué. On va arrêter là pour cette fois. Retourne dans ta forêt et repose-toi. »

Elle n’eut qu’à ouvrir la porte d’un immeuble pour découvrir la voie vers le sanctuaire. Altérion s’y engouffra. Plus loin, les bâtiments se fissuraient, les routes se tordaient. Louise n’en avait rien montré mais elle était très inquiète. Ce genre de phénomènes, elle en avait déjà vécu à quelques reprises. C’était le signe que l’esprit éclatait, ou était sur le point de le faire. Un AVC, une hémorragie cérébrale, voilà des causes possibles. Non, c’était trop bête ! Que se passait-il dans la réalité ? Elle rompit le contacte télépathique, provoquant ainsi sa sortie.

La voilà de retour dans la chambre 36. Ernest était fermement sanglé à son lit. Ses progrès n’étaient pas encore visible de l’extérieur. Sans traitement, le rat fou était intenable. Il restait donc attaché le plus souvent. Bragel l’observa. Il suait abondamment. Elle le toucha. Il était bouillant. De plus, son cœur battait à toute vitesse. Elle se redressa et alerta les infirmières. Ernest était malade, c’était sans doute grave.

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MessageSujet: Re: Sur les Chemins de l'Esprit   Sur les Chemins de l'Esprit Icon_minitimeLun 9 Sep - 8:33

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Chapitre 18
Bavardage entre psy


« ...et pour Lenoir, qu’est-ce qui se passe ? J’ai entendu dire qu’il y avait un problème.
- Oui. D’après l’Institut, c’est à eux qu’on a envoyé les analyses, il fait une sorte de crise. C’est sûrement à cause du Neutralium. Ça a déstabilisé sa mutation. Heureusement que j’ai demandé de stopper tous les traitements dès le début. Un coup de chance, ça aurait pu être pire.
- Je présume que l’Institut a filé la solution pour régler la situation.
- Même pas, enfin si, ils disent d’attendre et de ne plus utiliser le Neutralium. D’après les analyses, ça devrait rentrer dans l’ordre tout seul. »

Louise Bragel et Sophie Madvati s’étaient installées ensemble à la table du réfectoire. L’hôpital disposait de sa cantine, celle-ci étant séparée en deux, une partie pour le personnel, l’autre pour les internés en état de se déplacer. On y mangeait mal, voir très mal, à tel point qu’une bonne moitié du personnel se restauraient ailleurs. Louise préférait emmener de chez elle des plats convenables qu’elle faisait réchauffer sur place. Sophie faisait de même, d’habitude. Un imprévu l’avait aujourd’hui forcé à supporter le menu local. Heureusement qu’elle était prise par la conversation. Elle en oubliait cette purée sans saveur et cette viande achée incroyablement grasse.

« Et pour ton travail, du coup ?
- Et bien... je ne sais pas. J’ai perçu la crise jusque dans l’esprit d’Ernest. J’ai eu peur qu’il fasse un AVC ou une connerie du genre. Ça m’est déjà arrivé d’être dans la tête de quelqu’un qui, tout d’un coup, a le cerveau qui lâche.
- Qu’est-ce qui se passe, dans ce cas ?
- L’univers intérieur explose. C’est la mort de l’esprit sous forme symbolique, généralement un cataclysme démesuré. Je dois sortir avant l’instant fatidique, sinon je crois que mon propre esprit ne le supporterait pas.
- Comme dans un film catastrophe ?
- Tout à fait.
- Dis, un jour, tu pourras me montrer ton pouvoir ? J’aimerais vraiment expérimenter ce genre de voyage mental. Je suis sûr que je pourrais en tirer d’intéressantes conclusions.
- Pourquoi pas. »

Les jours passants, Louise et Sophie s’étaient beaucoup rapprochées. Elles s’entendaient bien malgré leur grande différence d’âge. Elles savaient toutes les deux discuter et écouter, la divergence de leurs avis sur nombre de sujets ajoutait à la richesse de leurs échanges. Madvati, qui avait enfin terminé son plat principal, passa à la tarte aux pommes caoutchouteuse. Du coin de l’œil, elle aperçut le chef de service Newman qui prenait place à une table distante.

« Et avec Newman, ça se passe mieux ?
- Pas vraiment. Depuis que j’ai fais arrêter les traitements, les infirmières et aides soignantes lui mènent la vie dure. Je crois qu’il m’en veux. Heureusement que pour Lenoir, la recommandation de l’Institut l’empêche de revenir sur sa décision. Plus de Neutralium, plus de calmants. Lenoir montre encore peu de signes extérieurs d’amélioration. Newman ne manque pas de me le faire remarquer.
- Ne t’en fait pas, il est comme ça avec tout le monde. Il aurait bien besoin d’une psy canalise. Et Lenoir, au final, tu penses qu’il va récupérer ? La crise n’a pas tout foutu en l’air ?
- A première vue, il s’en sort très bien, voir même encore mieux depuis le séisme psychique. Je suis maintenant quasiment certaine qu’il exerce un contrôle sur son esprit trop important pour que ce ne soit pas dû à sa mutation. A chaque séance, il nettoie des régions entières de son monde. A ce rythme, il va retrouver la raison global dans quelques jours à peine.
- La raison globale ?
- Un terme personnel. Je soigne de l’intérieur vers l’extérieur. La raison globale, c’est quand le sujet que j’aide, au départ juste un résidu de lucidité, a assez grandi à l’intérieur pour sortir à l’extérieur. C’est le passage du plan psychique au plan réel. En d’autres termes, Ernest va d’un coup retrouver un comportement normal. Je l’ai dit à Newman, il ne me croit pas. Ça va lui faire tout drôle. Mais...
- Mais ?
- Je ne sais pas... quelque chose m’inquiète. J’ai l’impression que Lenoir ne se purge pas de sa folie, comme ce devrait être le cas normalement. A chaque fois qu’il triomphe de ses démons, ceux-ci deviennent moins nombreux mais plus forts. J’y vois là une idée de concentration. J’ai peur qu’il finisse par se retrouver avec une sorte de noyau dur de démence dans un coin de sa tête.
- Concrètement, ça peut donner quoi ? Un caractère instable ? Une forme de schizophrénie ?
- Non. Enfin, de ce que je sais, la schizophrénie n’est pas symbolisée comme ça. J’ai pensé au phénomène de personnalités multiples, mais là encore, l’illustration interne diverge. Bref, je ne sais pas. C’est sans doute une spécificité dû à la mutation.
- Affaire à suivre en gros.
- Oui. Affaire à suivre... »

Louise et Sophie, leur repas respectif achevé, se levèrent. Désormais, il fallait y retourner...
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MessageSujet: Re: Sur les Chemins de l'Esprit   Sur les Chemins de l'Esprit Icon_minitimeLun 9 Sep - 12:54

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Chapitre 19
Altérion VS Vermine


Ernest avançait à grands pas sur le chemin de la guérison. Désormais, il n’avait plus besoin de l’appui de Madame Bragel pour se lancer à la reconquête de son univers. Il l’avait décidé, c’en était terminé du règne de la démence. Il allait montrer à tous qu’il était devenu un autre, meilleur, qu’il avait jeté à la poubelle tous ses défauts. Il était fier, il serait humble. Il était froid, il serait jovial. Il était égoïste, il serait altruiste. Adieux la souffrance du passé, il allait renaitre, mériter l’avenir, se faire pardonner et servir la paix. Certes, lucide, il savait que tout ne serait pas aussi simple une fois de retour dans la réalité. Mais c’en était fini des fuites et des conneries. Il allait assumer, enfin, son héritage génétique, cesser cette jalousie aberrante. Peu importait la force du corps, il voulait être fort d’esprit, ce qui lui avait toujours manqué. Au diable le muscle, il voulait le cœur. Caitlyn avait raison, Amy aussi. Des semaines reclus dans sa tête, la remise en question avait été faite. Ne restait qu’à la concrétiser...

Altérion poussa le portail et s’avança sur l’allée de graviers blancs. Devant lui, le parc, plus loin, le manoir... le manoir des Lenoir... tout du moins la représentation qu’il s’en faisait. L’édifice, toujours hanté par les monstres, était haut et sombre, majestueux et tragique, juge de pierre menaçant. Au-dessus, forcément, l’orage menaçait, symbole évident de la menace comme dans tous les bons films. Un instant, sous la pénombre nuageuse et le vent lugubre, au milieu de ce parc bruissant de mille feuilles, face au castel terrible, le petit mutant s’imagina venir affronter le célèbre Comte Dracula.

Le premier rat difforme bondit d’un arbre bordant l’allée. Ernest l’affronta, implacable de détermination. Il n’était plus si simple de les vaincre ces démons rongeurs. Toujours plus coriaces et belliqueux, ils mettaient à chaque fois la barre un peu plus haut. Ce n’était pas assez haut, ce ne le serait jamais assez ! Voilà bientôt la créature au sol, criblée de balles. Dans un dernier râle, elle fondit en brume. Cette dernière, en volutes rapides, s’enfuit vers le manoir où elle disparut.

Ernest était à présent au pied des marches du perron. Un pistolet dans chaque main, vêtu de son plus beau costume, il s’approcha de la porte à double-battants. Il eut quand même un frisson quand elle s’ouvrit toute seule, grinçante, révélant un gouffre de ténèbres. Il sursauta quand elle claqua sur ses talons. Deux de ses doubles, cachés derrière les colonnes du hall marbré, se ruèrent à l’attaque. Féroce bataille, Altérion demeurait invincible. Des deux cadavres, la brume fuit vers les profondeurs.

Ernest s’avança dans les larges couloirs. Voilà un rire de femme, un échos douloureux, Ashley Willard... Le jeune mutant s’efforça de rester impassible. Ni la peur, encore moins la colère ne devait le faire trébucher. Dans le salon, éclairé par les dansantes lueurs de l’âtre, il vit son père, si triste, un vrai spectre assis dans le fauteuil. Cette fois, il ne put réprimer une larme.

« Père... je... pardon... Pardon pour tout... » murmura-t-il.

L’homme, prématurément vieillit, tourna vers lui son visage émacier.

« C’est moi, fils, qui te demande pardon. Je n’ai su voir l’essentiel. Je n’ai su être là pour toi... »

Sur ce, il sortit un vieux pistolet à un coup qu’il se mit dans la bouche.

« NON ! »

Altérion se jeta en avant, désireux d’empêcher le suicide. Mais il ne pouvait changer ce qui déjà avait eu lieu. La détonation traversa tout le manoir, effroyable. Elle fut suivie de la voix méchante d’Ashley.

« Tout est de TA faute, misérable petit rat ! »

Un monstre en profita pour surgir traitreusement de sous la table basse et il manqua de peu envoyer Ernest brûler dans la cheminée. Au final, ce fut lui qui y eut droit. Et encore la brume... Au dehors, l’orage éclata. La pluie tambourinait contre les nombreuses vitres. Altérion avança, monta aux étages et, après un autre duel, gagna sa chambre.

Ha, ce qu’il connaissait cette pièce... C’était là que son mal être était né, au cœur de cette cage dorée. Le drame de son enfance aux si graves conséquences... Il efflora les livres sur l’étagère, ses compagnons, ses seuls amis. Puis, il se tourna vers le lit. Des draps défaits s’échappaient des volutes de brume. Il y avait une grosse bosse dessous. Le dernier monstre songea Altérion. Prudent, il s’approcha pour retirer d’un geste sec les draps. Finalement, il se les reçut en pleine figure car on venait de les lui jeter. Alors qu’il se dégageait, il perçut un rire fou, plus insupportable encore que celui de sa mère, c’était le sien. Debout sur le lit, il y avait effectivement le dernier rat...

« Coucou Altérion ! Alors, on veut être un super héros ? »

Ce n’était pas un monstre, enfin si, mais pas comme les autres. Il n’était pas difforme, c’était un vrai clone. Et, en cela, il en était bien plus réel, bien plus terrible. Dans cette chambre, il y avait bel et bien deux Ernest, aussi semblables que différents. Celui sur le lit était sale et nu. Tout en lui transpirait la folie, la bestialité, la sauvagerie et la cruauté.

« Tu es qui, toi ? demanda Altérion.
- Voyons, tu ne me reconnais pas ? Je suis toi ! Le VRAI toi ! Pas cette aberration que tu veux devenir !
- Vermine...
- Gagné !
- Quand tu auras disparu, je serai enfin libéré !
- Crois-tu ? Ce monde est autant le mien que le tien !
- Plus maintenant ! Tu es le passé et je tire un trait sur le passé !
- Mais que tu es mignon ! Tu as besoin d’une bonne correction ! »


Altérion tira mais déjà Vermine était sur lui. D’un coup de pied dans la main, il lui fit lever le bras. La balle parti dans le lustre. L’instant d’après, les deux hybrides se roulaient au sol, enlacés haineusement. Les griffes, les dents, les coudes, les genoux, tout était utilisé pour faire mal. A un instant, Vermine commença à étrangler Altérion. Ce dernier se dégagea et expulsa son rival dans l’étagère qui s’effondra. Profitant du répits, Altérion chercha ses armes au sol. Elles avaient dû glisser sous le lit car il ne les voyait plus. Vermine revint à la charge, furibond. Un coup dans le museau étourdit Altérion. L’instant d’après, il passait à travers la fenêtre. Dans une pluie de verre, sous la pluie du ciel, il se réceptionna dans l’herbe du parc, deux étages plus bas. Vermine lui sauta dessus. Il l’évita et ce fut dans la boue qu’ils continuèrent à se battre. Plus le temps passait et plus Altérion ressemblait à Vermine, celui-ci semblait le vouloir ainsi. Néanmoins, leurs expressions demeuraient tellement opposées, leurs attitudes aussi.

Voilà le sol qui se mettait à trembler. Un nouveau séisme. Sous la foudre, le vent et la grêle, les deux rats se livraient encore bataille...
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MessageSujet: Re: Sur les Chemins de l'Esprit   Sur les Chemins de l'Esprit Icon_minitimeJeu 12 Sep - 8:24

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Chapitre 20
La Photo de trop


Il était désormais de bon ton de se moquer secrètement de Madame Bragel tant son travail semblait dépourvu de résultat. Il n’y avait qu’à regarder ses principaux patients, Birdy et Lenoir. Aucun n’était moins fou qu’avant. En fait, sans traitement s’était pire. Elle entra dans la chambre 36. Elle était doublement chanceuse. Elle était seule et le rat roupillait. Depuis quelques jours, il dormait si profondément qu’il était possible, en y allant doucement, de le manipuler sans qu’il se réveille. C’était un gain considérable de temps et d’efforts. L’infirmière entreprit donc de ne pas faire de bruit tout en défaisant les sangles. C’était l’heure du nettoyage en règle.

En ce moment même, dans le monde spirituel d’Ernest, la lute entre Altérion et Vermine continuait de faire rage.
« Regarde-toi ! Tu te penses si différent de moi ? Tu vas faire les mêmes erreurs, les mêmes horreurs ! »
Plus que les coups, c’était les mots qui pouvaient faire mal. Il fallait faire douter, il fallait faire ployer, s’en prendre à la volonté de l’autre pour l’emporter.
« Personne ne te pardonnera ce que nous avons fait ! Nous resterons à jamais Vermine ! Rien ne changera jamais !
- Je ne suis pas toi. Je ne pourrais pas nier notre passé, mais toi, tu vas rester dans ce passé. Moi, je vais faire l’avenir. Ce sera dur mais je me dois d’essayer ! »

Vermine eut un rire méprisant qui ne cachait plus sa frustration. Altérion, certes ébranlé, tenait bon. Lentement mais sûrement, il prenait l’avantage. Cela ne se ressentait pas dans son efficacité au combat, enfin pas totalement. C’était surtout le monde qui le favorisait de plus en plus. Vermine aurait voulu lui arracher tous ses habits et le maculer de boue de la tête au pied, afin qu’il ne soit plus possible de les différencier. Cela aurait été un symbole fort. Mais Altérion se défendait trop bien. Et puis, la pluie s’évertuait à le nettoyer, lui seulement, alors que la boue s’était éclipsée au profit d’un gazon entretenu. Et voilà que son costume, pourtant déchiré par maintes griffes haineuses, se reformait, effaçant les efforts du monstre.

L’infirmière porta le rat assoupi dans le coin salle de bain. Ha, les mutants, non vraiment, elle ne les avait jamais aimés. On ne pouvait pas la considérer comme raciste, pas ouvertement, mais il y avait quand même un peu de ressentiment. Ernest était l’exemple typique de ces nuisances qui pourrissaient la société. Raison de plus pour ne pas se priver. Certes, elle avait un don pour se trouver des raisons, comme si elle en avait besoin au fond.

Un genou dans l’estomac coupa le souffle de Vermine. Une série de coups de poings le fit reculer. Il bascula en arrière, dans l’escalier menant à la cave, escalier qui bien sûr s’était fait une joie d’échapper à sa vigilance. Une fois en bas, il peina à se relever.
« Tu ne peux pas gagner ! Tu ne peux pas me détruire ! Je suis une partie de toi, que tu le veuilles ou non !
- Je peux gagner sans te détruire. Pourquoi t’effacer, pourquoi vouloir t’oublier ? En me rappelant qui tu es, je sais qui je veux être. Tu me pousses en avant ! Tu m’aides sans le vouloir, que tu le veuilles ou non ! »

Altérion descendait les marches avec calme. Si, au début, il y avait eu en lui un doute, ce n’était plus le cas. C’était fini les fuites. Vermine, définitivement dominé, fit ce qu’il savait le mieux faire, il partit en courant pour s’échapper. Mais la cave était pour lui un labyrinthe. Et le voilà bientôt dans une impasse. Contre le mur, des chaînes pendaient, de lourdes entraves. Il se retourna, affolé, Altérion était déjà là. Et pourtant, il n’avait fait que marcher.

Une fois sous l’eau, le rat allait se réveiller, forcément. Autant prendre la photo avant. Une belle photo pour sa déjà grande collection. N’ayant pas peur d’un mutant si petit et assoupi, elle ne jugea pas nécessaire de l’entraver, pas pour l’instant. Elle lui retira sa camisole, précautionneuse, puis sa couche, avant de le disposer au fond de la baignoire vide. Faisant comme s’il était debout, elle lui fit prendre une pause ridicule. Il serait parfait ainsi, crade, nu, laid...

« Ok, ok ! On peut sans doute discuter ! Je suis prêt à quelques compromis...
- Pas moi. Tu as fait assez de mal comme ça. Et puis, je te connais bien, tu mens. »

Vermine se jeta sur Altérion, voulant surtout forcer le passage. Il fut repoussé contre le mur. Dans un déclique métallique, ses bras furent pris par les entraves. Altérion se chargea de terminer de l’enchaîner. Vermine se débâtit comme un beau diable, ce qui ne changea rien. Il multiplia alors les insultes, les menaces, les promesses funestes jusqu’à être muselé. La folie réduit au silence, ultime symbole.

Elle sortit son téléphone portable, s’assura que personne ne venait dans la chambre et se mit en position. Le rat ouvrit les yeux, la fixa, c’était parfait ! La cerise sur le gâteau ! Mais quand elle prit la photo, la main d’Ernest obstruait déjà l’objectif. Une fraction de seconde plus tard, il lui arrachait le téléphone. Surprise, elle eut un geste de recul, ainsi qu’un petit cri. Mais sa surprise passa à un tout autre niveau lorsque le fou s’adressa à elle, d’un ton tout à fait lucide.
« Je suis presque sûr que vous n’avez pas le droit de faire ça.
- Heu, du calme, du calme ! Tout va bien ! »
Elle se dirigeait déjà vers les sangles. Ernest s’était redressé. Il parcourait les photos. La réprobation apparut sur son visage.
« Je suis calme. C’est vous qui ne l’êtes pas. Allez chercher Madame Bragel. Si vous ne le faite pas, je hurle. Et si je hurle, des gens vont venir. Et si des gens viennent, vous êtes dans la merde. »

L’infirmière, malgré ses protestations, fut bien forcé d’obtempérer. Altérion baissa alors les yeux sur la couche souillée, puis sur lui-même. Combien de temps s’était-il écoulé ? Il était si maigre... Déposant le portable dans un coin, il entreprit de se laver, tout seul pour une fois.
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MessageSujet: Re: Sur les Chemins de l'Esprit   Sur les Chemins de l'Esprit Icon_minitimeLun 16 Sep - 6:25

Sur les Chemins de l’Esprit

Chapitre 21
De retour dans la réalité


Au début, Ernest fut tout de même un peu troublé. Depuis tant de jour, les bribes de sa lucidité peu à peu renforcées, évoluaient dans son psychisme. Le retour dans la réalité était donc de nature déstabilisante pour lui. Louise Bragel s’efforça de lui remettre les pieds sur terre en douceur. Après quelques jours, le jeune mutant déménageait d’une chambre à l’autre. Il quittait l’étage des cas graves pour celui des plus légers. Sa pièce, bien que de style médical, avait un mobilier plus conventionnel. Terminé les murs capitonnés et le lit pensé pour sangler. Terminé les couches et les camisole de force. Altérion retrouvait son indépendance. Il mangeait au réfectoire. Il se promenait dans la cour intérieur de l’hôpital. Il en profitait pour faire de l’exercice. Personne ne doutait plus désormais de sa guérison. D’ailleurs, il marquait déjà par son calme stupéfiant. Plus une once d’hostilité, il faisait partie des patients sans aucun problème, ceux qui se dirigeaient forcément vers la sortie.

Néanmoins, les séances avec Madame Bragel n’avaient pas cessé pour autant. Désormais plus conventionnelle, car la psychologue n’avait plus à faire usage de son pouvoir, le rat continuait de beaucoup y parler, confiant ses doutes, ses peurs, ses désirs. Tourner la page était son objectif affiché. Louise l’invitait à diversifier ses centres d’intérêts. Ses voyages intérieurs, qu’Ernest faisait désormais de lui-même chaque nuit, étaient un bon moyen de faire le point et d’œuvrer à la paix de son esprit. Mais ce n’était qu’une partie de la solution. La vie entière devait s’harmoniser, former un tout, pour rendre le changement possible et durable.

Ce fut dans cette logique qu’Altérion acquis une flûte. La musique était un puissant vecteur émotionnel, un formidable exutoire. Il envisageait aussi de se mettre à la danse pour dériver sa maîtrise physique en quelque chose de moins martial mais de très défoulant. Il changea de tenue vestimentaire également, délaissant le costume mondain, celui qu’il avait en arrivant ici, pour des vêtements plus simples, plus décontractés. Bien sûr, jamais il ne sortait de l’hôpital, il en avait la strict interdiction. C’était Louise qui se chargeait de tout. Celui qu’elle remplaçait, Monsieur Webec, était de retour après d’importants soucis de santé. Il reprenait progressivement le travail, allégeant d’autant l’emploi du temps de Bragel.

Cette femme ne semblait reculer devant rien pour le bien de ses protégés. Un jour, quand Ernest émit le curieux désir de se faire tatouer une rose des vents sur le dos, elle fit en sorte de faire venir à domicile un tatoueur qu’elle connaissait bien, c’était son fils. Pour beaucoup, cela passa pour une fantaisie inutile. Or ceux qui voyageaient dans les mondes spirituels connaissaient l’importance des symboles. La rose des vents, le repaire, le nord... ne plus se perdre, jamais...

Le jeune mutant était allongé sur le ventre, torse nu, pendant que l’artiste exécutait habilement ce qu’on lui avait commandé. Louise lui apprit alors que le B.A.M. l’avait chargé de faire un bilan sur son état psychique. Celui-ci allait forcément être positif. Cela sentait le retour vers l’Institut ou, en tout cas, le début des démarches en ce but. Altérion ne put s’empêcher de ressentir de l’appréhension. Le défi du changement, c’était là-bas qu’il allait se jouer... Louise lui apprit également, pour l’anecdote, que l’infirmière au téléphone portable venait d’être renvoyée. Le rat se remémora la photo de lui-même qu’il avait trouvé sur le fameux portable. Il songea à sa folie, à tout ce qu’il avait traversé. Il songea aussi à Sinistre, celui qui avait tout précipité.
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MessageSujet: Re: Sur les Chemins de l'Esprit   Sur les Chemins de l'Esprit Icon_minitimeLun 16 Sep - 7:40

Sur les Chemins de l’Esprit

Chapitre 22
Oliver Wels


« Bonjour Monsieur Lenoir. Veuillez prendre place. »

Ernest s’exécuta. Face à lui, derrière le bureau, un homme grand, maigre, pâle, chauve et au sombre costume. La sévérité transpirait de ses traits. Une chose était sûre, avec lui, ça ne rigolait pas.

« Bien. Je me présente, Agent Wels du Bureau des Affaires Mutantes. J’ai ici votre bilan psychologique qui est, ma foi, très positif. Il me faut avouer être quelque peu septique à la vue de ces conclusions, compte tenu de... l’épaisseur de votre dossier en nos locaux. Le changement constaté est... significatif, c’est le moins qu’on puisse dire. Qu’en pensez-vous ?
- Je veux changer...
- Le vouloir es une chose. Le pouvoir en est une autre.
- J’ai beaucoup réfléchi sur moi, on m’y a aidé. Je suis conscient de mes erreurs. Je suis conscients des efforts qu’il faudra faire. J’ai déjà commencé, je suis prêt à continuer.
- Certes. Une seconde chance vous a déjà été offerte, l’Institut et le BAM ont été déjà excessivement patients avec vous. Pourquoi devrions-nous encore vous accorder une chance ?
- Parce que ce sera la bonne.
- Je l’espère car, soyez-en certain, il n’y en aura pas d’autre. »

Wels baissa un instant ses yeux d’acier sur les papiers devant lui avant de reporter son attention sur Altérion.

« Votre internement ne semble plus nécessaire. Vous allez être renvoyé à l’Institution Charles Xavier. Et j’ai été chargé d’être votre nouvel Agent Probatoire. Zéro tolérance, enfoncez-vous ça dans le crane. Mettez ne serait-ce qu’un orteil hors de l’Institut sans mon aval et c’est terminé. Provoquez le moindre incident et c’est terminé. Suis-je bien clair ?
- Oui, Monsieur.
- Une fois par semaine, Madame Bragel viendra à l’Institut, vous continuerez vos séances avec elle. Vous vous conformerez à toutes ses exigences, ainsi qu’à celles de vos professeurs... et aux miennes bien sûr. Enfin, tout ça, c’est évident, n’est-ce pas ?
- Oui, Monsieur.
- Voici ma carte. Si nécessaire, vous avez mon numéro. Utilisez-le judicieusement. Vous allez aussi signer ceci. »

Une feuille glissa sur la table. Ernest ne se fit pas prier.

« Parfait. Soyez à la hauteur, cette fois. Ne me décevez pas. Le transfert aura lieu demain, huit heures. Alors je vous dis, à demain Monsieur Lenoir. »

FIN
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