Run Devil Run [Pv Doigts de Fée]

Journée habituelle au début du mois de septembre pour Samuele qui avait prévu en ce jour de rendre visite a sa tante au centre ville de New York. Pas franchement en forme ces jours ci, il s’attendait à devoir lui tenir compagnie dans son beau Loft parfaitement agencé, chauffé et agréable les jours de temps grisâtre. Ce qu’il ignorait, c’était qu’elle avait prévu un tout autre programme : en effet, la période d'halloween approchant (Déjà...), et fervente fanatique de ce genre de fêtes, elle avait décidé de l’emmener au centre commercial le plus grand, le plus fréquenté de la ville. Encore une journée sous le signe de la réserve et du contrôle de soi, quand on savait que les pouvoirs de Samuele pouvaient être aussi bien maléfiques que bénéfiques sur les autres mutants a une centaine de mètres autour de lui. Elle ignorait tout de sa mutation, persuadée que son neveu fréquentait l’école des surdoués de la région, sans penser un seul instant qu’au lieu de ça il s’agissait d’une école pour mutants, d’un repère caché pour les plus frileux sur le sujet. Il allait sans dire qu’il avait tout de suite repéré le gène X de son oncle, et que par conséquent, il se devait de le cacher à sa tante, attendant qu’un jour ce dernier lui annonce en bonne et due forme. Dans ce monde parfait, dans lequel vivait sa tante, Samuele n’était pas ce qu’elle pensait être, et malgré le désir insoutenable de lui raconter la vérité, il se contentait de vivre comme si de rien n’était.

A l’heure d’arrivée sur les lieux, le radar du jeune garçon s’affola, comme d’habitude, et il s’efforçait de garder les effets de son pouvoir a 99% pour ne pas copier n’importe quel pouvoir, afin d’éviter un accident de plus a son actif, mais également pour faire en sorte que les autres ne se rendent quasiment pas compte de sa présence et de son don. Chose difficile, surtout qu’en même temps, sa tante qui l’avait trainé dans les magasins les plus bondés du monde l’appelait sans cesse pour lui proposer des gadjets à installer à la maison :

- Wow, il est marrant ce petit fantôme ! Il irait parfaitement sur la commode du salon, non ? Comme ca on fera une petite frayeur a ton oncle.

Regardant avec le dépit le plus puissant du monde, le jouet qu’elle tendait devant ses yeux, il lui répondit la même et unique phrase :

- Je ne suis pas sur qu’il aime ce genre de fête, et heu… a vrai dire il y a très peu d'enfants qui passent chez vous non?

Pas franchement excitant comme jouet, car au-delà de sa couleur de première main, il était fait de plastique fin, résonnant à chacun de ses mouvements, presque prêt a fondre s'il était installé près d'une lampe de chevet trop forte. D'une inutilité indéfinissable en somme. Cette journée s’annonçait donc longue, très longue… surtout qu’il n’était que 16h et qu’ils n’allaient pas tarder à se rendre en ville, dans la foule pour boire un bon verre dans les bars bondés par les effets du week end.

Mais, chance du jour, quelque chose attira son attention, alors qu’ils venaient de rentrer dans une boutique de farces et attrapes. Intrigué par ce qu’il ressentait et semblait reconnaitre, il tendit la paire de chaussettes qu’il tenait dans ses mains, a sa tante et lui fit signe qu’il allait revenir.

- Attends-moi, j’ai quelque chose à aller vérifier.

S’absentant sans même lui lancer un regard, il se rendit devant l’entrée du magasin, qui se situait dans le hall du centre commercial, et s’arrêta net dans la foule, tournant sur lui-même pour regarder autour de lui. La trace qu’il avait ressentit, ne lui était pas inconnue. Il ne savait pas exactement de qui il s’agissait, mais il était certain d’une chose, il avait déjà eu à faire a cette identité de gène X. Son regard se précisa alors sur une silhouette qui passait à quelques dizaines de mètres de lui, reconnaissant ces cheveux longs et cette taille géante qui l’avait déjà marqué auparavant. Si ses souvenirs étaient bons, il devait s’agir d’un garçon de l’institut, que Samuele avait simplement croisé une fois, et qui s’était enfui de l’institut. Il n’avait jamais eu de retour concernant cette affaire, mais il était surtout intrigué par le fait qu’il semblait avoir acquis cette mémoire de gènes X, choses dont il était incapable auparavant. Désireux également de comprendre le pourquoi du comment de cette histoire, sa curiosité s’était vite retrouvée satisfaite alors qu’il entamait une marche vers le jeune homme. S’ensuivit alors un geste de salut propre a la jeunesse de New York, et du monde entier finalement :

- Hey toi !

Simples paroles, qui n’eurent d’autre effet que d’angoisser le garçon visiblement sur la défensive. Encore une intrigue que Samuele comptait bien dénouer, pour sa satisfaction personnelle et probablement l’intérêt collectif ? Il ne savait pas, une chose était certaine, tenter de l’accaparer était cent fois plus excitant que de regarder des jouets chantants et moches avec sa tante.

Depuis combien de temps j'étais là, assis sur un banc ? Je ne savais pas. Je voulais réfléchir, c'était tout. Et je réfléchissais depuis plusieurs heures, assis, un inconnu posé sur une planche de bois qui entourait une fontaine d'un centre commercial, mon bâton sur l'épaule. Je réfléchissais à ce que je vivais, à ce qui s'était passé depuis quelques jours. À ce que maintenant j'avais gagné et perdu. Et à ce monde qui m'entourait, ce monde si étrange ou j'étais encore étranger. Je faisais tâche. Les gens passaient devant moi soient en m'ignorant, soit en me regardant avec mépris. Et pas parce que j'étais mutant, uniquement parce que j'étais différent d'eux, une chose un peu étrange, qui se baladait en débardeur alors que tous commençaient à mettre des pulls et tout. Qui n'était pas bien propre mais pas puant. Je savais comment me laver. Et puis les lacs de Central Park étaient parfaits pour ça, vu que je ne sentais pas la froideur de l'eau, aussitôt réchauffée par mon bouclier, c'était assez agréable.
Mais bon, à côté de ça, ils n'avaient aucune raison de me regarder ainsi. Nan, aucune.
Et pourtant, ils le faisaient tous alors qu'ils faisaient leur courses. Et je ne comprenais pas. Je jouais avec ma balle de contact en acrylique, la faisant tourner dans ma main, doucement. Et alors que je commençais à perdre tout espoir en l'humain, une petite fille arriva juste sous mes yeux, une petite fille à couette qui trottina devant moi. Elle s'avança, et observait mes mains, avec un sourire si doux.

-T'es un magicien m'sieur ?

Et son innocence, sa candeur réussit à faire à mon tour sourire. Mais j'eux même pas le temps de lui répondre qu'aussitôt sa mère, ou tante, ou je ne sais qui de sa famille arriva et lui prends violemment la main pour l'éloigner, en me foudroyant du regard. Et la petite disparut, en me faisant un signe de la main. Si mignonne, si pure. Bientôt elle saura dans quel monde nous vivons, et j'espérais pour elle qu'elle le sache le plus tard possible.
Alors, je décidais de partir, le regard de la femme m'avait achevé, je préférais encore me retrouver seul dehors que dans cet espèce de monde étrange. Et puis de toute façon, j'avais plus un sou pour m'acheter à bouffer. Et je mourrais de faim.

-Hey toi !

Ça faisait deux minutes même pas que je marchais que je me sentis suivi. Et mes soupçons, en moins de deux secondes furent confirmé lorsque j'entendis une personne appeler, et surtout quand lorsque je me retournais, il me regardait, droit dans les yeux. C'était moi qu'il regardait.
Ni une, ni deux, mon bâton en main, mon sac en bandoulière, je me mis à courir à travers la foule, sans même me retourner. Je ne savais pas qui il était, ni ce qu'il foutait là, mais il m'avait reconnu, et ça n'était pas bon pour moi. Je fis un sprint au milieu des gens qui s'écartait, et un bond sur un banc me donna plus d'élan encore. S'il réussissait à me rattraper, soit il était très douée, soit il n'était pas humain. Ce que j'espérais, c'est surtout qu'il ne m'attrape pas, du tout.

Ni une ni deux, le garçon que Samuele avait détecté, et qui effectivement en vue de sa réaction était en fugue, se mit à détaler dans le centre commercial. Etrangement, Samuele eut un instant de doute, à savoir si c’était de lui particulièrement qu’il avait peur, ou si c’était parce qu’il l’avait reconnu de l’institut. Dans ce second cas, sa théorie était confirmée : il était bien ce garçon qui avait fugué de l’institut quelque temps auparavant, et sa conscience de X-men en devenir ne fit qu’un seul tour dans son esprit. Sans hésiter, enfin presque puisqu’il avait un peu honte de laisser sa tante dans le magasin toute seule sans la prévenir, il se mit à détaler lui aussi, sa sacoche pendue a son épaule et sa veste volant dans le courant de sa course. Il tenta de le suivre, d’abord pour tenter de comprendre pourquoi il était parti, mais aussi parce que les autres auraient aimé savoir les raisons également, même s’il se doutait que le professeur Xavier l’avait déjà repéré. Quand on vivait à l’institut, il fallait se donner bonne conscience, et se sentir concerné par les évènements qui se déroulaient en rapport avec les X-men… c’était bien connu en tout cas.

Courant sans aucun problème définit, pour le moment, (a part la foule qu’il fallait pousser sans trop créer d’émeute) il le suivit dans sa course, exercice qui promettait d’être sportif, surtout lorsqu’on voyait le fugueur sauter par-dessus les bancs avec une facilité incroyable. Ce n’était pas un problème pour Samuele qui désormais était bien entrainé et prêt a se donner a 100% pour arriver a ses fins, mais la tâche promettait de devenir de plus en plus compliquée… ayant eu vent du caractère de l’énergumène. A son tour il fit un bond pour passer au dessus du banc, après avoir marché sur ce dernier, en attirant toute l’attention sur lui et le fugueur quelques mètres en avant. Tout le monde dans les parages se mit à les regarder courir, les mains sur leurs bouches, comme outrés d’un tel comportement.

Mais ce n’était pas tout : en attirant cette attention, les deux garçons avaient eu la chance d’alerté la sécurité des lieux, dont deux molosses se mirent à les poursuivre craignant probablement un vol de sac ou de marchandise. C’était le pompon… voilà que Samuele devenait un délinquant en plus d’être un meurtrier… pas bien grave si on en jugeait l’évolution des faits… mais quand même, il n’était pas ce genre de garçon, alors partagé entre l’idée de s’arrêter et d’expliquer, et l’envie de suivre le garçon qui s’éloigner a grands pas, il décida de passer la seconde pour le rattraper, se laissant le temps d’expliquer plus tard le pourquoi du comment a la sécurité.

Dans sa course, il parvint à faire chuter un présentoir de cartes postales, un stand de chocolats mais aussi quelques vieilles mamies qui se trouvaient hélas là au mauvais moment et au mauvais endroit… Puis sans prêter attention à la multitude de bourdes qu’il accumulait, il lança encore plus fort quelques mots en sa direction.

- Arrête-toi ! Il faut juste qu’on parle !

Il pensa ensuite tout bas en serrant les dents : « quelle tête de mule ! » Samuele était pourtant bien connu pour sa gentillesse et ses intention jamais mal placées… il ignorait complètement de quoi il s’agissait, et pourquoi il le fuyait autant, mais il allait bien finir par comprendre, s’il ne cachait pas un pouvoir de rapidité excessive… dans ce cas autant baisser les bras de suite. Il s’en voulait, à ce moment précis, de ne pas être capable de détecter la nature des pouvoirs d’autrui… avec un peu de chance il pouvait le copier si les conditions et l’environnement le permettaient…

Et il se mit à ma poursuite, je n'en étais pas étonné. Mais je n'avais pas le temps de lui demander pourquoi, il fallait que je coure, parce que j'étais un fugitif, et que dans mon cas, un mec qui t'appelle de loin signifie souvent que la merde est pas loin. Pas d'autre choix. La survie avant tout. Pas question que je retourne dans une prison comme celle dans laquelle j'avais été frappé à mort, ou encore celle du BAM, avec ce collier, à cause duquel pour la première fois de ma vie depuis des années, j'avais ressenti le froid. Pas question … je refuse !
Ma rage de survivre, de liberté me donne un nouvel élan alors que je sais que ça commence à mal tournée, pour cause : les gens commençaient à remarquer, à crier, à paniquer. Les gens nous prenaient pour ce qu'on était pas, et gueulaient alors que je traversais, suivi par une sorte d'ombre, la foule qui remuait. Mine de rien, c'était pas un débutant. Il semblait jeune, mon âge ou pas plus mais je ne devais pas m'y tromper, ça ne voulait pas dire grand-chose à l'heure actuelle. Il était entrainé, un signe que je devais garder à l'esprit, et il me connaissait. Deux indices qui tentaient vers l'hypothèse de l'agent du BAM mais peu importe, de toute façon, il ne m'aura pas !
Et un putain de stand devant moi. Je n'avais pas le temps d'éviter, je devais … je fis un saut, les bras en avant, un tour au-dessus de la petite structure de bois vendant des biscuits et au-dessus d'une jeune fille qui s'était accroupie. Réception un peu dure, roulade qui me fit perdre du temps avant que je m'élance à nouveau. Le magasin était long, encore heureux, et il me fallait une sortie. Dommage que l'autre qui me courait encore après se soit trouvé devant la première, parce qu'il fallait maintenant que j'en déniche une autre pour me barrer. Troisième indice : il était devant l'entrée … Et merde, ils m'avaient retrouvé !
Sauf qu'en plus, un facteur entraina un quatrième indice : la sécurité …
Un mec, qui visiblement n'avait pas fait de sport d'endurance depuis un moment se retrouva juste sous mes pieds, se jetant dessus pour tenter de choper mes genoux pour me faire tomber. Bien que j'aurais voulu éviter, je dû passer au-dessus, encore, et malheureusement mon pied shoota légèrement par terre. Enfin bon, il avait qu'à pas se foutre là !
Mais c'était pas fini, deux problèmes qui arrivent : d'un, deux mecs qui m'arrivait dessus, genre en mode rugbyman, l'un par la gauche, l'autre par la droite. Et surtout, j'arrivais à la fin de l'étage, et la barrière de la terrasse en surplombs même encore loin commençait à se rapprocher dangereusement. Et merde, merde, merde !

L'autre derrière semblait galérer, un peu, je n'entendais que ses dégâts. Tant mieux, j'avais pris de l'avance sur lui, je pouvais le semer, mais les mecs allaient me planter là. Ils allaient me choper, en me rentrant dedans tous les deux. Une idée … vite … vite !!

- Arrête-toi ! Il faut juste qu’on parle !

Oui, bien sûr, et tu veux pas cent balles et un mars pendant que t'y es ! On va parler, oui, surement, avec un flingue sur la tempe, un collier au cou, et dans une cellule à peine plus confortable qu'une planche de fakir … non, il faudra d'une me rattraper, mais surtout me passer sur le corps pour y arriver. Je ne pouvais pas m'arrêter. J'avais fait une promesse, je devais revenir, même si je savais que j'aurais surement droit à une baffe comme première réponse, je devais faire cela. Amy, Cait, je vous reviendrais, entier.

Alors je fis le vide, dans un sens, et allais encore plus vite. Je devais avoir exactement la bonne vitesse, sinon c'était fichu. Les deux couraient, le timing devait être parfait. Mes yeux étaient fixés sur la rambarde. C'était elle le point culminant. Quatre mètre, c'était la hauteur qu'il devait à peu près y avoir entre les deux étages, d'après ce que j'en avais vu tout à l'heure. Quatre mètres, c'était risqué, mais je n'avais pas d'autres choix.
Enfin, on allait se cogner, j'arrivais à la hauteur des deux mecs, qui allaient me choper. Ils tendaient le bras, ils allaient m'atteindre. Alors je me laissais soudain glisser, et c'est presque allongé sur le sol que je passais entre les deux mecs qui s'entrechoquaient violemment. La vitesse que j'avais pris, pile la bonne, me fit faire encore trois mètre avant que je me redresse, saute sur la rambarde de fer et, les bras écartés, ne me laisse tomber dans le vide. J'entendis des cris alors je tournais et d'autres encore quand je fus en sol, une genou par terre après une roulade. J'avais eu peur, je ne pouvais le nier. Mais j'avais réussi, et il était là-haut, tout seul sans l'appui de ses chiens de garde, et j'avais réussi, je ne pus m'empêcher de relever la tête avec un sourire, pas arrogant ou provocateur, non, juste heureux d'être encore libre.

La course était belle et bien lancée, et quelque chose lui disait que ce garçon était sacrément bien entrainé : d’une part il y avait cette carrure de sportif, qu’il arborait presque avec fierté, mais le fait qu’il l’ait déjà croisé au sein de l’institut signifiait aussi qu’il devait bénéficier d’un entrainement important… du moins c’était ce que la majorité des étudiants de cette école pour surdoués faisaient, surtout les garçons. Il fallait admettre aussi que sa façon de réagir au quart de tour était un témoignage de ses mauvaises actions : clairement, il avait quelque chose à se reprocher, mais il ignorait ce que ce garçon imaginait à son propos. Pour être honnête, il aurait espéré qu’il le reconnaisse, même de vue, vaguement une fois dans sa vie, mais visiblement il n’en était rien. Il détalait déjà en direction de l’arrière du centre commercial. Par réflexe naturel et attisé par sa curiosité débordante, il se mit en chasse du jeune garçon, en se disant que d’un coté il aurait peut être le mérite de le ramener à l’institut, s’il y parvenait, ou peut être que tout simplement il pouvait comprendre les raisons de sa désertion, sans aller jusqu’à la lâcheté, car il s’agissait d’un mot qu’il détestait plus que tout. Pas très bavard, et pas très enclin a se laisser capturer aussi facilement, il avait préféré courir, soit… Samuele allait faire un peu de sport lui aussi.

Une des premières difficultés était de la voir sauter au dessus d’un stand sans aucune difficulté justement. Il devait être acrobate, pour faire des sauts aussi facilement sans même hésiter un seul instant, alors que de son coté, Samuele avait déjà choisit de contourner l’obstacle pour ne pas trop se mettre en danger. Malgré un bref cafouillage, il restait bouche bée devant une telle acrobatie, presque admiratif, mais un peu dégouté par la même occasion. Il s’éloignait de plus en plus, prenant de l’avance, lançant de brefs regards de temps en temps en arrière pour surveiller l’avancée de la course. Mais quelque chose semblait l’inquiétait d’avantage dans son regard, que Samuele en tant que tel. Voyant cette angoisse dans son regard, aussi bref fut il, il comprit qu’un élément extérieur était venu perturber la course du jeune garçon. Visiblement, deux hommes de la sécurité l’avaient également pris pour cible, et ce n’est que lorsqu’ils firent leur apparition dans son champ de vision que tout se mit en place. Il y avait de fortes chances pour que ce garçon pense que Samuele et ces deux balourds soient de mèche… encore une grosse incohérence, étant donné que leurs intentions étaient certainement bien différentes. Mais ne devant pas lâcher prise, et voyant la rambarde séparant les deux étages s’approcher dangereusement de lui, il continua sa course et émit même un coup d’accélérateur, en espérant pouvoir profiter de l’occasion, il commençait même a imaginer une excuse bidon a expliquer aux hommes de la sécurité dans le cas où ils parviendraient a le tenir en place… mais ceci n’était que pure illusion, car comme il pouvait s’en douter, il réussit a leur échapper en passant par-dessus la rambarde quelques micro secondes après que les deux gras du bides soient entrés en collision. Il laissa alors échapper un léger son destiné à mimer la chute des deux hommes de la sécurité puis il ajouta en serrant les dents, entre deux respirations haletantes :

- C’est qu’il est coriace le gamin !

Gamin, il n’en savait rien, a vrai dire, c’était le seul mot qui était sortit de sa bouche au moment où il avait eut envie de le décrire… mais l’instant n’était pas a la philosophie, mais plutôt à la survie, car en effet en plus de la rambarde qu’il devait s’apprêter a affronter, il devait sauter par-dessus ce gros tas de graisse qui gisait là a cause de ce garçon, chose qu’il fit en se servant de son élan et en atterrissant justement un pied après l’autre pour ne pas perdre trop son élan. Il n’eut même pas le temps de jeter un œil en arrière, qu’il eut le reflexe de poser ses deux mains sur la barrière pour passer ses deux jambes sur le coté. Ayant désormais une vue imprenable sur l’étage du dessous, il se rattrapa en s’accrochant de l’autre coté pour se laisser pendre. Pas très héroïque comme posture il fallait avouer, mais il avait préféré ne pas prendre trop de risque, maintenant il était clair qu’ils n’avaient absolument pas le même niveau. Il fallait qu’il trouve un autre moyen.

Alors il se laissa tomber, comme une masse, face au mur, et tournant le dos a son rival. Pendant ce temps lui continuait sa course, mais Samuele mettait ce temps à profit pour chercher une nouvelle solution. Il se releva et reprit sa course, tendant de puiser dans son énergie de réserve, celle qu’il considérait comme pleine de surprises.

Autour de lui, les gènes X étaient présents, et même s’il voulait user d’un pouvoir pour parvenir à ses fins, il n’était pas en mesure de faire le meilleur choix, le meilleur Pari. Il était torturé sur ce plan là, il y pensait, repensait, et re repensait alors qu’il continuait de courir, mais quelque chose l’empêchait de s’en servir…quelque chose qui était dans sa tête, quelque chose de bien ancré, comme un sentiment qu’il avait à maintes reprises ressentit. Il tenta alors une expérience tandis qu’il s’éloignait… annuler le gêne X de ce garçon. Si son pouvoir était d’être très agile, il s’en verrait handicapé… c’était un coup a tenter.

Il semblait bien agile, mais pas à mon niveau pour autant, je souriais, avais même envie de rire quand je le vis se laisser pendre pour descendre. Un peu de courage, cela était vrai, peu l'aurait fait, vu la hauteur qui séparait le balcon du vide. Mais malgré tout, son poursuivant venait de perdre son avance. Je courrais à nouveau après l'avoir vu joué les pères nawels suspendus (un peu trop tôt d'ailleurs dans l'année) sûr de moi, heureux d'avoir pu les rouler mais pensant, un court instant, que j'allais surement avoir d'autres problèmes encore. Amy, pourvu que ça n'arrive jamais à ses oreilles, cette histoire, et ce qui pourrait bien arriver après.
Je me doutais que ma disparition arriverai au bout d'un moment aux oreilles du BAM, l'Institut n'avait aucun intérêt à cacher ma fugue, vu le programme dont je faisais partie mais j'espérais avoir encore un peu de temps. Tant pis, on arrivera bien à quelque chose.
Juste du temps, et de l'air, c'était trop demander ?

Au final, il décida de se remettre à courir, mais j'avais déjà pas mal d'avance. Me rattraper ? À moins d'être une fusée, il risquait d'avoir du mal, beaucoup de mal. Et moi, j'étais sauf !

C'est ce que je croyais alors que je courrais dans la foule. J'étais à quoi, à moins de deux cent mètres d'une sortie, avec une fontaine à dépasser. Une grande fontaine à la con autour de laquelle se trouvaient des bancs occupés par des passants et autres acheteurs un peu épuisés de leur ''sport''. La liberté m'appelait quand …
J’eus un sursaut de surpris quand ça arriva … ça me prit soudain, violemment, comme un coup de poing dans la poitrine, dans la face ou dans le service trois pièces. Un vent glacial qui me stoppa net dans ma course …
Glacial … GLACIAL ???
Un peu confus, déséquilibré par cet arrêt soudain malgré ma vitesse et encore pris par cet élan, je faisais des pas mal assurés, la peau transis par ce que je ressentais soudain m'envahir. Mon cœur s'emballait, avec force alors que je me rendais compte avec horreur que ce que je ressentais, c'était le froid. Depuis l'apparition de mes pouvoirs, je n'avais plus jamais eu ce problème là … et là, en débardeur alors que déjà ça commence à se refroidir je me les GELAIS !!!

Et ce qui devait arriver arriva, mes pas déséquilibrés, pas nets, pas assurés me firent avancé, et d'un coup, je piquais un plongeon dans la fontaine, basculant en arrière et entrais dans l'eau avec force …

Et …
Ça …
CAILLAIS !!!!!

Mes pieds encore hors de l'eau, je me redressais, sortant la tête de l'eau, cherchant à sortir de ce guêpier mortel. Je devais ressembler à un chat, qui se débattait désespérément pour échapper à l'eau polaire. Je respirais à plein poumons alors que je tremblais de la tête aux pieds, me sautant presque hors de la fontaine. La vache, c'était méchant … j'avais tellement passé de temps sans ressentir ça que là, c'était explosion de sens, et là, j'allais me choper un rhume, la crève, ou même mourir la maintenant. Putain de merde, c'était quoi ce binz ? L'autre allait me rejoindre alors que j'étais recroquevillé contre le muret de la fontaine me frotter avec vigueur les bras pour tenter de me réchauffer, impact moins quelques secondes pendant lesquels je tenta …
Et la sentence tenta alors que ma main restait froide et humide ...
Plus de pouvoirs...
Mais c'était quoi ce BINZ ???

La chute difficile, malgré tous ses efforts, il avait finalement décidé de tester son pouvoir sur le jeune garçon qui faisait voler sa chevelure à une vitesse incroyable au travers du centre commercial. De plus, il commençait à prendre une sérieuse avance sur lui, et emporté par la compétition, il finit par user de ses capacités spéciales. Le regard perçant l’identité de son gène, il se concentra sur son empreinte de mutant pour taper au bon endroit : son radar s’affolait, comme si la course l’empêchait d’être assez précis. Il continuait ses grandes foulées, tandis qu’en face de lui, une porte de sortie se dessinait au loin. Il était si rempli d’adrénaline, que son cœur se mit à battre plus vite, un stress de louper son coup probablement, le tout conjugué à la terrible envie de se servir de son pouvoir à bon escient, pour une fois, pas comme ces innombrables fois où il avait faillit détruire l’institut, tuer ses amis ou tout simplement quiconque se trouvait autour de lui. Cette fois ci, il allait y arriver, et son coup de maitre allait être une réussite, il se l’était promis.

Une fois le gène X masqué, il put l’apercevoir divaguer, perdre l’équilibre, ralentir légèrement, comme si quelque chose l’avait attaqué sans prévenir : c’était lui, sans aucun doute, et effectivement, la disparition de son pouvoir l’avait affaiblit. Même s’il ne connaissait pas la nature de ses pouvoirs, il savait que cette action l’avait assez handicapé pour qu’il finisse pratiquement noyé dans le bassin de la fontaine qui séparait les deux garçons de la sortie. Ses cheveux aplatit sur son crâne, il se releva inquiet, le regard empli de doutes, et l’air conscient qu’une bonne fois pour toute, Samuele allait le rattraper. Quand à lui, il souriait de satisfaction, de voir que les choses semblaient se passer bien pour une fois, et surtout qu’il allait pouvoir le ramener à l’institut, s’il s’agissait bien du fugueur dont il avait entendu parler. Il le vit cependant tendre ses mains en sa direction, mais ce qui attira son attention, ce fut son regard perplexe, dérangé, presque ahuri par la situation et ce qu’il devait ressentir à ce moment précis.

Samuele quand à lui retenait encore son gène X en otage, et terminait sa course sur le rebord de la fontaine, l’air fier, et grandit par la satisfaction. Il souriait, presque avec vice, et lui dit, la voix essoufflée sans nul doute, et fragile.

- Tu m’en donne du fil à retordre dis donc. T’es pas celui qui est parti de l’institut ?

S’il pouvait négocier quelque chose, c’était potentiellement son retour à l’institut, car Samuele savait bien que les départs en douce n’étaient jamais de bonne augure, pour qui que ce soit. Il valait mieux le faire dans les règles ou les concernés pouvaient avoir des problèmes. Et en parlant de problèmes, Samuele se rendit vite compte que de nouveaux agents de sécurité étaient sur le point d’arriver, sortant de la double porte qui se trouvait juste en dessous du balcon qu’ils avaient escaladé. Samuele tourna alors sa tête a nouveau en direction du garçon, et afficha une mine pincée par la situation qu’il vivait : si en effet il était parvenu à le rattraper, il n’en restait pas moins coupable, en attirant la sécurité a ses trousses… plutôt a leurs trousses. Une femme assez âgée apparut alors au niveau de la barrière par-dessus laquelle ils avaient sauté, et pointa du doigt la fontaine en hurlant :

« Ce sont eux ! Ils ont détruit mon stand ! »

Samuele lança alors un regard en direction du chat noyé, sentant la foule s’agiter autour de lui, les gens hurlant croyant à une attaque terroriste… Samuele était presque dépité. Mais alors il prit le garçon par la main, et comprit désormais qu’ils étaient ensemble dans ce beau merdier. Il le tira en avant et l’invita à le suivre, le sortant de force hors de l’eau, en prenant le soin de masquer encore et toujours son gène X. Si jamais il se retournait contre lui.


« Merde, bouge toi on s’casse ! »

Il commença alors à courir dans la foule, en espérant que tout ce brouhaha leur permettrait de se fondre dans la masse, puis de sortir tranquillement sans faire de grabuge. Bon dieu, Samuele s’était encore retrouvé dans de beaux draps… il était vraiment déçu de voir que malgré toute sa bonne volonté, les choses étaient difficiles à aboutir de la meilleure façon qui soit. Direction la porte que convoitait le jeune garçon quelques secondes avant… et cette fois ci, elle était fortement désirée par les deux fuyards du jour, sans aucun doute.

Je claquais des dents, comme je ne l'avais plus fait depuis des années. J'avais l'air d'un couillon, trempé jusqu'aux os, à peine vêtu, les cheveux dégoulinants, plaqué dans le dos, dans la figure, la main devant mes yeux, et rien d'autre. Pas de chaleur, pas de feu, rien du tout.
J'étais pauvre, mais pas d'argent, pauvre de puissance. Un humain …
J'observais mes mains, tremblant de peur, d'inquiétude, de ne pas réussir à comprendre ce qui se passait. Ce bouclier, ses flammes … tout ça avait disparu de moi ? Je n'en revenais pas. Là, maintenant, tout venait de disparaître, ce que j'avais du endurer pendant des années, cette chose que j'avais pris pour une malédiction, ce qui m'avait pris Lyra et m'avait transformé en assassin. Je ne bougeais plus, les gens s'approchaient de moi, ainsi que l'autre qui n'avait pas censé de courir … lui, ce connard qui s'approchait de moi, avec un grand sourire. On riait, se marrait de ce pauvre crétin tomber à l'eau, d'autres me trouvait pathétique et surtout avaient une lueur de compassion dans le regard mais personne ne bougeait. L'autre arriva jusqu'à moi, je ne bougeais toujours pas, le visage fixé sur mes mains, mains que je voyais en effet un peu oscilo à cause de mes tremblements. Même si mon corps était gelé, je n'avais presque plus l'impression de le ressentir vraiment.

- Tu m’en donne du fil à retordre dis donc. T’es pas celui qui est parti de l’institut ?

Je me tournais vers lui. Énerver … oui, et non, je voulais l'étrangler, le foutre à l'eau, tenter de le noyer, de me venger de ce qu'il m'arrivait. Mais … même si j'étais mort de trouille et glacé, j'étais soulagé, monstrueusement soulagé. J'avais tant rêvé de me séparer de cette malédiction, d'espérer que jamais, jamais elle ne soit là, que jamais je n'en acquière, que je sois resté un p'tit con normal, un humain ordinaire. Plus rien qu'un humain.
Je sentis soudain sa main sur moi alors qu'il commençait à courir. Mes sac (certes trempés) encore sur l'épaule, je me mis en marche à nouveau, courant, le dépassant à nouveau même si pour une fois, ce n'était pas de beaucoup. Mon corps se réchauffait avec cet exercice, m'empêchant de trembler à nouveau. La porte ? Je l'enfonçais à coups de pieds et aussitôt dehors (où à nouveau on se les PELAIT!) je me mis à courir vers la gauche, le laissant là, et tentant par la même de m'échapper. Plus qu'un humain. Cette phrase explosait en moi, me faisant oublier que j'étais en train de m'hypothermiser dans le froid de la ville, encore à cause de l'eau qui laissait une trace derrière moi. Je ne saurais dire si c'était à cause/grâce à lui que je n'en avais plus, mais peu importe. Ce que je voulais, simplement maintenant, c'était fuir.