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 ... But We can try to save us, together. [PV Alexandre Wade]

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Enora Lacourt-Bourdieux
Élève à l'Institut Delta
Enora Lacourt-Bourdieux


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MessageSujet: ... But We can try to save us, together. [PV Alexandre Wade]   ... But We can try to save us, together. [PV Alexandre Wade] Icon_minitimeMer 19 Sep - 15:57

« Eh! Sale mutos! Attends-nous! »

Je frémis. Tout cela ne présageait rien de bon, je le savais. Cependant, je refusais de nouveau et pour la septième fois de me retourner. Des sifflements accueillirent cett tirade. Certains d’entres eux auraient pu être flatteurs dans d’autres circonstances, mais là, ils cherchaient juste à attirer mon attention. Sans réellement réfléchir, je tournai alors dans la première rue sur ma gauche, pressent légèrement mon pas.

Cette sensation d’être suivie, je l’avais eue assez tôt dans mon parcours qui consistait, à la base, à me faire traverser New-York, du BAM à l’institut. Au début, je m’étais persuadée que cela n’était qu’un pressentiment. Mais mon sixième sens avait rapidement repéré ce groupe de jeunes garçons qui m’avait pris en chasse depuis ma sortie du bâtiment. J’avais gardé profil bas, cherchant à devenir invisible à travers les foules des rues encombrées et passant même dans des rues inoccupées et donc, d’itinéraire. Mais rien n’avait pu faire perdre ma trace à cette bande.

Ils avaient longtemps gardé le silence. Ce ne fut que lorsque les rues se firent de plus en plus vides qu’ils commencèrent à me héler, me faisant alors sursauter. « Sale mutos », « gène X », plusieurs surnoms avaient été lancés à mon égard, tous plus dégradant les uns que les autres. Je me sentais insultée, salie à chaque fois qu’un mot sortait de leur bouche. Savait-il seulement que je n’avais pas choisi cette nature qui me faisait telle que je suis aujourd’hui ?

Une acclamation suivie de rires surgit derrière moi. Je ne comprenais pas pourquoi sur le coup, mais cela m’effrayait. J’avais l’impression horrible de tomber dans un trou toujours plus profond et de n’avoir que des parois lisses pour m’en sortir. Et ces rires qui étaient là pour me terrifier un peu plus. J’avais plusieurs fois tenté de mettre un nombre sur ce groupe, mais sans les regarder, cela devenait très compliqué.

« Cours pas si vite Barbie, tu vas te perdre… »

Certains passants observaient la scène d’un œil. Leur regard était à la fois curieux, inquiet et désolé. Désolé, car aucun d’eux ne me viendrait en aide. Il ne voulait pas être mêlé à cela. Rien que l’idée de me regarder, cherchant un moyen de m’enfuir ou d’éviter de me retrouver face à ce groupe, semblait les déranger. C’était bien trop dangereux pour eux, et ils le savaient. Et c’était eux, que nous, mutants, nous cherchions à épargner chaque jour. Je voyais se dessiner devant moi une gratitude invisible. Voilà qu’au moment où, sachant ce que j’étais, ils ne cherchaient pas à m’aider. Ils me laissaient sur le carreau alors que ma vie semblait clairement menacée. Pour la première fois depuis que mon statut de mutante m’était apparu, je vis la faiblesse de l’Homme. Ces gens ne méritaient peut-être finalement pas d’être sauvés… je secouai la tête, chassant cette pensée. J’avais appris que si la nature nous avait fait mutant, c’est parce que sa survie repose dans notre devoir. Et c’était cette vision que je souhaitais conserver.

Tandis que je continuai à marcher d’un pas pressé, je pris conscience que ce quartier m’était inconnu. Une multitude de petites rues qui s’entrecoupaient, surplombées par de hauts immeubles en briques. Oui, j’étais perdue. Et ce n’était vraiment pas le moment pour ce genre de constatation qui pouvait s’avouer très gênante pour mon futur proche. Et tout ça parce que j’avais été suivie de près par une bande d’anti mutants qui en avait après ma peau apparemment… Une nouvelle fois, je frémis et tâchai de ne pas paniquer. Cependant, je ne pus m’empêcher de lancer un regard derrière moi. Regard qui fut accueilli par des rires, des sifflements et de nouvelles moqueries sur mon patrimoine génétique. Mais j’avais une idée maintenant de ce à quoi j’avais à faire.

Ils étaient une dizaine. Tous devaient avoir entre 15 et 20 ans, toutes tailles et toutes origines confondues. La peur me glaça le sang. Ils étaient une dizaine, et j’étais seule dans ces rues désertes de New-York. Je pressai de nouveau le pas, faisant voler un peu plus ma jupe bleue marine. Ma poitrine se soulevait et s’abaissait à un rythme insensé sous mon chemisier blanc et mes pieds commençaient à devenir douloureux, malgré les chaussures basses en toile que j’avais mis.

Soudain, l’apparition d’un trio de personne me redonna la force d’avancer. Ils étaient là, à l’autre bout de la rue, et venaient dans ma direction. Une lueur d’espoir était lisible dans mon regard, mais rapidement, elle fut éteinte de force par les signes de la main que ces trois jeunes faisaient, à l’intention de mes poursuivants. Ainsi donc, ceux que j’avais pris pour des alliés l’espace d’un instant devinrent des ennemis. Des ennemis dont je n’avais même pas soupçonné l’existence. Les choses devenaient de plus en plus compliquées. La seule solution qui s’offrait à moi était de m’engouffrer dans cette nouvelle ruelle, sur ma droite.

« T’es coincée, princesse ! »

J’eus du mal à comprendre comment j’avais pu me faire avoir de la sorte. Mais une chose était définitivement claire : ils avaient tout planifié depuis le début. De l’itinéraire à me forcer à prendre à la façon dont je réagirai jusqu’à l’endroit où me coincer. Devant moi, la ruelle était fermée par un haut grillage métallique, comme il était assez commun d’en trouver dans ces quartiers. Il devait faire dans les trois mètres de haut. A ses pieds, des poubelles dans lesquelles un homme de taille moyenne pouvait entrer. L’adrénaline activa ma réflexion. J’avais peut être une chance de m’en sortir. Maigre, mais il fallait tout tenter.

Je pris le pas de course, cherchant à battre le record de vitesse du 100 mètres. Mais d’après ce que je pus entendre derrière moi, je n’avais pas été la seule à le faire. Ayant deviné ce qui se tramait dans ma tête, tous s’étaient lancés à ma poursuite afin de s’assurer que je ne passe pas de l’autre côté du grillage. Leur course s’était faite entendre à partir du moment où j’avais disparu de leur champ de vision en entrant dans l’impasse. Je n’avais donc rien à perdre. J’atteignis une poubelle en une dizaine de seconde. Emportée par l’élan de ma course, monter dessus fut un jeu d’enfant. Mes doigts se saisirent du haut du grillage et je tâchai de passer au dessus. Mais la seconde d’après, la poubelle avait été balayée et une main ferme s’agrippa a ma cheville, me forçant à lâcher prise. Le choc avec le sol fut rude et je savais qu’ils étaient désormais tous autour de moi.

Des rires, encore. Je tâchai de me relever, me saisissant de mon sac. Je les dévisageai alors un part un, les yeux écarquillés par la terreur de deviner ce qu’il allait se passer. Onze. Ces onze garçons risquaient de devenir mon cauchemar du jour, et peut être même de mon existence. A moins que je ne trouve le temps et la force de ne devenir le leur. Ils commencèrent alors à me pousser, rire de plus belle. Mais j’eus tout de même l’occasion d’en placer une.

« Mais qu’est ce que vous me voulez à la fin ? »

Ma question fut accueillie par un nouveau tonnerre de rires et d’imitations. Une nouvelle bousculade m’entraîna à terre. Le silence se fit tandis que l’un des jeunes hommes se détacha du groupe pour venir s’accroupir devant moi, se mettant à ma hauteur.

« A ton avis, poupée ? Tu crois qu’on est là pour te câliner ? On verra tout à l’heure, si tu es assez sage pour ça parce que, mine de rien, t’es quand même sacrément mignonne pour une mutante… »

J’écarquillai les yeux, hésitant entre surprise et peur. Je repris appuie sur mes pieds et, tandis que je me redressai, je lui dis simplement, au tac-au-tac :

« Je ne vois pas de quoi vous parlez, je ne suis pas mut… »

Je n’eus pas le temps d’achever ma phrase qu’une main atterrit sur ma joue, m’intimant de me taire. Une gifle. Il venait de me mettre une gifle. Mes yeux verts se posèrent sur lui, l’incompréhension et la terreur lisible à travers mes iris vibrantes.

« Sors pas de conneries, Barbie. Pas à nous. On t’a suffisamment observée pour savoir que tu as deux chemins répétitifs et que l’un deux relie, étrangement, deux endroits bourrés de mutos à la con. Donc essaie pas de nous prouver par A+B que tu ne vas les voir seulement pour leur dire bonjour. »

Merde. Depuis combien de temps, exactement, m’avaient-ils choisie comme proie ? Je ne m’étais doutée de rien. Jamais je n’avais pu envisager que quelqu’un me suivrait de la sorte. Mon emploi du temps réglé à heure fixe avait du les aider plus que jamais. Cela avait dû être un jeu d’enfant d’attendre que je sorte, de programmer mon isolement… Je me mordis la lèvre inférieure. Je tentai de me remettre sur mes deux jambes mais toujours, on me rejetait à terre. J’étais en train de devenir l’animal qu’ils tourmentaient et qu’ils voulaient rendre fou. Comme on rendait un chien méchant en le rouant de coups, je savais qu’ils cherchaient à me montrer telle que je devais être à leurs yeux. Et je tâchai de ne pas céder.

« Dis-moi, princesse, c’est quoi ton petit nom ? »

Je lui adressai un regard noir en guise de réponse. Je lui aurais volontiers fait la remarque de toujours apprendre à qui on avait à faire avant de le chercher, mais je gardais cette idée pour moi. Comme aucun nom ne sortait de ma bouche, il adressa un signe de tête à ses comparses. Deux d’entre eux s’avancèrent avec un seul objectif. Leurs mains se posèrent sur mon sac et ils commencèrent à tirer dessus. Comme je m’agrippai de toutes mes forces à mon seul bien, ils durent employer la force. Une nouvelle gifle suivie d’un coup de pied dans les côtes me firent lâcher prise.

Je me concentrai sur ma respiration qui avait été coupée, recroquevillée, tandis que le contenu de mon sac finit par me rejoindre par terre. Rapidement, celui que j’avais identifié comme le meneur de groupe se saisit de mon portefeuille. Il laissa tomber diverses cartes avant d’avoir affaire à mon passeport.

« Enora Lacourt. Ah, et tu es Française… Etrangère et mutante, tu cumules ma chérie. Bon. Et maintenant, si tu nous montrais ce dont tu es capable, hein ? Histoire que ça devienne intéressant… »

De nouveaux ricanements suivirent cette déclaration. Je les regardai de nouveau, assez surprise de cette demande. N’avait-il donc aucune notion de ce qu’un mutant était capable de faire ? Ou était-il fou au point de vouloir perdre la vie ? Je me remis sur mes pieds et repris de la hauteur.

« Je ne suis pas là pour vous faire du mal… »

Des rires fusèrent avant la reprise de parole du leader.

« C’est bien dommage… Parce que nous, si »

Je n’eus pas le temps de réagir. Deux d’entre eux me saisirent par les épaules et, tandis que je cherchai à me libérer de leur étreinte, les coups arrivèrent. Je ne comprenais pas ce qui se passait. Pourquoi ? Pourquoi moi ? Pourquoi ne comprenaient-ils donc pas que je suis là pour les aider et non leur faire le tord qu’il me reproche ? Pourquoi s’acharner contre une cause qui pouvait les surpasser si elle le souhaitait ? L’Homme était-il stupide à ce point ?

Je finis à terre, une fois encore. Mon chemisier et ma jupe faisaient peine à voir. Je me frottai le nez, constatant avec effroi qu’il saignait. Mon sang. Mon sang commençait à se répandre sur mon chemisier blanc, immaculé. Comme une métaphore, l’innocence venait d’être souillée. Mes pensées s’assombrirent, cherchant à me sortir de cette situation gênante. Je ne pris alors conscience qu’en cet instant des mains baladeuses qui cherchaient à me blesser. L’un des jeunes garçons finit alors par se jeter sur moi, me plaquant au sol. C’était trop. Assez. Voilà ce que j’avais envie d’hurler. Assez. Cette voix qui me soufflait cette idée ne s’arrêtait pas… Tout comme eux. Mes paupières se fermèrent pour s’ouvrir alors sur un regard nouveau. Ma pupille s’était contractée au maximum et le vert de mes yeux étincelait comme deux émeraudes. Le garçon qui, quelques secondes auparavant, cherchait à me malmener plus que nécessaire eut un mouvement de recul qui eut pour répercutions l’installation du silence autour de moi. Tous reculèrent d’un pas lorsqu’ils comprirent ce qui était en train de se passer. Ce fut le seul geste dont ils furent capables.

Je me dressai sur mes jambes tremblantes. Un à un, je les fixai dans le blanc de leurs yeux. Je fixai leur admiration, leur terreur. Je ne savais plus exactement quel sentiment ils éprouvaient. Je n’en avais plus rien à faire. L’un d’eux risqua un nouveau « sale mutos ». Je me retournai vers lui, faisant voler ma crinière blonde au dessus de mes épaules. Je tendis la main vers lui et un champ de force de la taille d’une balle de tennis se forma au creux de ma paume.

« Et alors ? Ce n’est pas ce que vous vouliez ? »

Et je projetai mon champ de force sur lui. Il fut soulevé du sol et atterrit lourdement contre le mur en brique de la ruelle. Je me retournais vers les autres. Je me concentrais sur eux. Eux et le combat qu’ils avaient cherché. Je n’étais pas plus fautive que les apparences me faisaient coupable. Ce n’était que de la légitime défense. Je n’étais pas là pour leur rendre le mal qu’ils m’avaient fait. Juste pour les tenir à bonne distance pour peut être pouvoir m’enfuir.

Mes champs de forces s’enchainèrent. Si ma précision n’était pas toujours parfaite, j’avais appris à les générer et je savais comment m’y prendre. Malgré tout, certains parvenaient parfois à m’atteindre, cherchant à m’agripper les poignets pour me stopper. Je n’hésitais plus, cependant, à jouer des pieds et des coudes pour garder le petit avantage qui m’était donné. Mais cela ne dura qu’un temps. Alors que je me retournai pour surveiller mes arrières, je reçus un coup dans le flanc. Violent. Dur. Je fus repoussée dans le grillage sur lequel je fus fixée par la force de mes assaillants. Mes yeux se posèrent alors sur la cause de ce mal. Une batte de base-ball. Mon regard se perdit dans cette vision tandis que la bande se regroupait autour de moi, parfois dans des gémissements de douleur.

Une main ferme m’attrapa alors les cheveux, tirant ma tête vers le haut et m’arrachant un petit cri. Le chef du gang me lança un regard assassin à travers le sang qui glissait depuis son arcade sourcilière.

« Espèce de sale mutante de merde… T’as vu ce que tu nous as fait ? Je vais te faire la peau, tu sais. Moi et mes potes, on va te régler ton compte… »

Je reçue une nouvelle gifle. J’étais sonnée et essoufflée. Mes pouvoirs m’avaient un peu fatiguée et les coups que je ne cessais de me prendre jouer également là-dessus. Ils avaient désormais leur motif pour m’abattre comme le chien qui mord et qui est jugé dangereux. J’avais toutefois une dernière chose à tenter.

« Ils vous tueront… »

Il m’observa de son œil mauvais. Il se saisit de la batte de base ball qu’un autre tenait et me la colla sous le menton. Les deux gaillards qui me maintenaient en place s’écartèrent et je pus me saisir du morceau de bois qui coupait ma respiration, cherchant à le repousser. Il approcha son visage du mien.

« Qui ça ? »

Je continuai dans mon jeu, voyant là la seule chance de me donner un sursis. A travers mes grimaces, je parvins à sourire maigrement.

« Les… Autres… Les mutants…Ils vont vous trouver… Et ils vous tueront… Tous… »
« Je crois que tu te trompe, Blondie. Parce que quand on en aura fini avec toi, tu seras tout simplement méconnaissable… »


Il relâcha la pression qu’il exerçait sur ma gorge et m’attrapa par les cheveux pour me jeter par terre. Ma tête heurta une poubelle et je m’effondrai entre elle et le grillage. Mes doigts s’accrochèrent aux nœuds métalliques de ce dernier et j’essayais de me redresser. Mes la batte vint heurter ma tête, m’envoyant alors contre le mur. J’étais cernée et assommée. Il ne me restait plus qu’à prier. Je lançai quelques petits champs de force dans leur direction. Je reçus des coups en échange. Alors je n’osais plus bouger. Je sentis mon bouclier se former sans le voir. Mon inconscient le projeta autour de mes organes vitaux afin de limiter un maximum la casse qui s’annonçait. Comme je me laissai faire, le leader fini par appuyer la batte sur la poitrine, me clouant au sol.

« Alors… Des dernières volontés, petite mutos ? »

Je fermai les yeux. Non, je n’avais plus rien à dire. Je voulais même m’arrêter de penser, car tout cela devenait douloureux. Je n’en avais peut-être plus pour très longtemps. Je voulais que ce soit rapide. Je ne voulais pas me voir mourir comme je l’avais fait dans la forêt. Je me contentai de me fermer à moi-même. Les paroles de mes bourreaux n’avaient plus aucun sens, même si je les entendais encore parler, hausser le ton, crier. J’attendais les coups. J’attendais l’ange qui viendrait me prendre et m’arracher à cette violence.
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Alexandre Wade
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MessageSujet: Re: ... But We can try to save us, together. [PV Alexandre Wade]   ... But We can try to save us, together. [PV Alexandre Wade] Icon_minitimeSam 10 Nov - 18:15


« Fait ch*er… » S’arrêtant brusquement, Alexandre porta une de ses mains à son poignet gauche. Les attaches de son bandage de fortune venaient de céder, tout comme sa mitaine noire, fendue en deux. Il grimaça, arrachant le tout sans grande difficulté, avant de tout balancer un peu plus loin avant de se repositionner comme précédemment, les coudes sur les genoux, le visage entre les mains. Assis sur un banc, il attendait. Ce qu’il attendait ? Son passage. Le passage de qui ? Celui de la jeune femme du bois de l’institut. Enora. Il ne savait pas vraiment pourquoi il était là, pourquoi il l’attendait, puisque depuis qu’il avait tenté de la détruire, pas une seule fois ils ne s’étaient parlés. Pas une seule fois non plus il avait tenté de se faire pardonner. Peut-être était-ce pour se donner un but, au milieu de la journée, s’obliger à quitter l’institut pour venir la voir passer par ici. Ainsi il s’occupait l’esprit, et oubliait pendant un court instant son pouvoir qui ne demandait qu’à sortir, qui lui rongeait l’esprit, lui faisait saigner les mains… Si elle était au courant de sa présence ? Il ne pensait pas. Après tout, il se contentait de la voir passer puis de regagner l’institut. Craignait-il de passer pour un fou, pour un psychopathe si elle s’en rendait compte ? Non. L’itinéraire de la jeune femme n’était pas bien compliqué. A une certaine heure, presque tous les jours, elle quittait les bureaux du BAM pour se rendre à l’institut. Puis elle faisait la route inverse. Ce qu’elle faisait au bureau des affaires mutantes ? Il l’ignorait, et il ne cherchait pas à le savoir.

Mais le temps passait et Enora n’arrivait pas. A ses côtés, sur le banc, un petit groupe de trois quatre personnes étaient venues prendre place à ses côtés. L’un d’eux avait une batte de baseball qu’il s’amusait à faire tourner. Ils parlaient à voix basse, tout en lui jetant des regards de temps à autre comme pour s’assurer qu’il n’écoutait pas. Ils semblaient nerveux, impatients. Une mélodie de portable se fit entendre. Ce fut le jeune à la batte qui décrocha. La conversation fut brève. « Ils ont choppé la mutante. Ils y sont déjà. » L’impatience se transforma en excitation. Et tous se levèrent d’un seul mouvement. Leur attitude était étrange. Suspect. La mutante... Son instinct le poussa à se lever et à les suivre, à bonne distance toute fois. Inutile de se faire repérer. Entièrement vêtu, de noir, des rangers aux pieds, la capuche sur la tête, il s'accordait parfaitement avec le style des quatre jeunes devant lui. Ils quittèrent le cœur de la ville pour s'enfoncer dans des petites rues désertes avant de s'engager dans un cul de sac d'où retentissaient cris et bruits en tout genre. Les adolescents rejoignirent leurs amis en ricanant. Alexandre fit de même, à une allure plus que lente. Il ne parvenait pas à voir ce qu'ils étaient en train de faire. A en juger par celui qui était à terre, sonné contre l'un des murs, il y avait eu une lutte. « Bravo. Quel courage. » s'écria-t-il. Pouvaient-ils l'entendre? Dans le doute, il continuait à s'avancer. Peut-être aurait-il mieux fallut qu'il trace sa route, sans se soucier d'elle. « Tous contre une. Pitoyable. » Aujourd'hui, il ne serait pas le méchant. Il ne serait pas plus cruel que le fermier qui après avoir offert pendant de longs mois tout son amour à ses vaches les conduits à laboratoire pour une mort douloureuse. Des vaches. Voilà ce que ces êtres étaient. Des animaux. Des bêtes qui avaient fait leur temps et qui devaient laisser leur place. De choses à anéantir. Des cadavres encore chaud. Ils n'étaient rien de plus. Pourtant il n'allait pas non plus être le héros. Il n'avait jamais été un héros, et il ne souhaitait pas le devenir. A vrai dire, il ne comprenait pas les motivations de ce genre d'individus. Pourquoi vouloir absolument faire le bien ou rendre justice? Était-ce pour se faire pardonner de leurs actes? Ou y trouvaient-ils une certaine fierté, une certaine reconnaissance qu'ils ne trouvaient pas ailleurs? Sans doute. Mais en même temps ils étaient si pitoyables.

Alexandre s'était immobilisé, les mains dans les poches, la tête basse mais le regard braqué vers le petit groupe. L'un d'eux eu le malheur de se détacher, de faire quelques pas dans sa direction. « Eh! Qu'est c'que tu r'gardes toi? Casse toi! » Un rictus vint tordre les lèvres du mutant, se transformant peu à peu en un mince sourire. Un craquement retentit. Le sol à ses pieds se fendit, dessinant une fine fissure qui prit son temps pour s'élargir avant de prendre la direction de l'adolescent qui lui faisait face. Combien de temps elle mit pour le rejoindre? Trop peu de temps visiblement, puisqu'il resta figé, surpris, ne pensant pas même à s'éloigner. Il y eu un cri tout d'abord, puis la chute d'un corps. La peau du ventre de l'adolescent venait de céder, libérant son contenu. Il y eu du sang, beaucoup de sang. Quelques gémissements encore, puis le silence. Tous s'étaient arrêtés, tous contemplaient leur ami. Etait-il mort? Ce n'était plus qu'une quelque de temps. Le liquide continuait de se déverser, tendit que le pouvoir d'Alexandre ne relâchait pas son emprise de ce jeune gamin. Ses vêtements se détruisirent alors que ses chaussures n'étaient déjà plus. Le corps continuait de se fissurer. Les os craquaient. Ce spectacle de destruction était tout sauf beau à voir. Insupportable pour certains, incompréhensible pour d'autres, il ne représentait rien pour Alexandre qui ne se rendait pas encore compte de l'étendu des dégâts. Aveuglé par sa colère, plus rien n'avait d'importance à ses yeux. Ni les cris, ni la douleur, ni la mort. Plus rien. Plus rien sauf Enora. Cette mutante qu'il avait torturé par le passé. Ils n'avaient pas le droit de lui affliger ça. Ils ne lui laissaient aucune chance. Elle ne le méritait pas. Il se devait donc de rétablir un certain équilibre, de faire taire leurs rires, leurs cris. C'était ainsi que ça fonctionnait. C'était logique - du moins ça l'était dans son esprit...

Il n’était pas triste pour cet individu à terre. Il n’était pas triste pour ces amis, ces frères. Il n’était pas triste pour cette mère qui apprendrait le décès de son fils dans la soirée, ni pour ce père qui s’effondrerait à terre en larme. Non. Il ne pensait pas à tout ça, il ne se rendait pas compte des conséquences de son actes. Il ne se rendait pas compte de la douleur qu’il causerait pour la simple et bonne raison que ce qu’il faisait lui paressait juste. Les humains, ces jeunes, haïssaient les mutants. Ils les blessaient, les humiliaient, les tuaient. Ils les montraient du doigt comme des monstres. Et bien qu’Alexandre ne portait que trop peu d’importance au sort des autres, il voyait là une opportunité de se venger. Mais de se venger de qui ? D’eux ? Des autres ? De l’humanité tout entière ? Ou tout simplement de lui-même ? Il n’en savait rien. Une chose était sûre cependant ; ils devaient payer. Payer par la peur, par la douleur, par le sang. Cette demoiselle n’était qu’un prétexte, qu’un motif si tout cela lui retombait dessus. D’un côté, il voulait que tout ça lui retombe dessus…

« Au suivant… » Marmonna-t-il pour lui-même tout penchant sa tête sur le côté. Le but de cette phrase n’était pas d’être entendu. C’était une manière comme une autre de se convaincre que ce qu’il faisait était une bonne chose. Après tout, ils l’avaient cherché. Et puis, il en avait tellement envie. En lui, son pouvoir le démangeait. Tout son corps tremblait, non par la peur mais par l’excitation. L’utiliser faisait tellement de bien, le contenir tellement de mal. Le choix était vite fait. Dans ces instants-là, il oubliait tout le travail qu’il faisait pour ne plus être l’instrument de son don. Il oubliait tout le reste à vrai dire. Un sourire sur les lèvres, il s’avança d’un pas. « Fils de p*te. Je vais te saigner. » Un grand, blond, pas bien épais, les traits tirés, attrapa la barre de fer que son voisin tenait. Il n’était visiblement pas content. D'un seul coup il se mis à courir dans sa direction. Alexandre ne broncha pas lorsqu'il dépassa le corps. Il ne broncha pas non plus quand se dernier perdit l'équilibre et rejoignit le sol douloureusement, coupé dans son élan par une soudaine tétanisation. L'adversaire gémi, en proie aux dons du mutant. « BUTEZ LE PUTAIN. » S'écria-t-il avant de se tordre dans tous les sens. Nouveaux craquements. La plupart s'élancèrent dans sa direction, brandissant leurs armes de fortunes. Toujours immobile, il savait qu'il ne pourrait tous les arrêter, pourtant il continuait de provoquer, de les mettre en colère. Pour les ralentir un peu, le temps de trouver un moyen de s'en sortir, il fit exploser le sol devant eux, juste assez pour les déstabiliser sans pour autant s'épuiser...

« Dégagez les jeunes ou j'appelle la police! » Hurla une femme. Une habitante au deuxième étage de la petite rue qui s'était mise à sa fenêtre. Fenêtre qui explosa, alors qu'une fissure naquit sur le mur. Se contenant encore un peu - non sans difficulté -, il espérait que la demoiselle à terre était encore consciente, et surtout qu'elle serait capable de se redresser et si possible prendre la fuite sans son aide.

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Enora Lacourt-Bourdieux
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Enora Lacourt-Bourdieux


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MessageSujet: Re: ... But We can try to save us, together. [PV Alexandre Wade]   ... But We can try to save us, together. [PV Alexandre Wade] Icon_minitimeLun 19 Nov - 16:42

Depuis la poubelle derrière laquelle j'avais trouvé refuge, je n'avais plus aucune notion de ce qu'il se passait dans la ruelle. Les yeux clos, j'attendais patiemment que les brutes qui m'avaient frappées m'achèvent. Ma respiration pesait sur ma poitrine, comme si elle devait soulever une enclume. Avec les coups que j'avais reçu, je devais avoir au moins une côte cassée et très douloureuse. Si ce n'était plus. Daniel n'allait pas être très content, ça, c'était sûr. Mais bon, peut être que l'état dans lequel il me retrouverait serait finalement bien pire. Peut-être qu'il ne verrait que mon cadavre dans une mare de sang, qu'il traquerait alors ces vauriens et qu'il leur ferait payer leur cruauté par un prix bien plus fort. Non... Je ne pouvais tolérer cela.

Mes yeux s'ouvrirent. Tout semblait tanguer. Le goût de mon propre sang me filait la nausée. Mes doigts agrippèrent au grillage et je repris conscience de ce qui m'entourait. Mes bourreaux étaient toujours là. Mes leurs yeux ne me regardaient plus. Leurs sourires s'étaient effacés. Quelque chose les effrayait. Ou quelqu'un. Un cri déchira alors l'atmosphère. Ce n'était pas le premier, je le savais. Ma main gauche vint se placer contre mon flanc droit, pour soutenir ma cage thoracique tandis que je tirais sur le grillage pour me redresser. Puis, je me glissai de derrière la benne pour assister à cette scène tirée du plus effrayant des cauchemars.

Allongé par terre, l'un des garçons avait cessé de crier. Ses tripes s'étaient déversées sur le macadam, offrant un mélange de chair et de sang à nos regards perdus. Ce crime aurait u être mis à côté du nom de Jack l'éventreur tant il semblait barbare. C'était un spectacle à la fois répugnant et réjouissant. Quelqu'un m'offrait son aide. Quelqu'un m'offrait la possibilité de m'en sortir. Quelqu'un voulait que je vive, au dépend de ceux qui voulaient ma mort. Mais cette personne, qui qu'elle soit, étaient capable de tuer dans une mise en scène des plus effroyables et spectaculaires.

L'un des autres réagit, tandis que son camarade se perdait dans des gazouillis sanglants. La peur et la colère parlaient pour lui. Il s'avança vers le bout de la ruelle... Où se tenait le responsable de ce crime, mais aussi mon sauveur provisoire. Un mutant ? Je le compris quand, après s'être élancé vers lui, le jeune homme s'écroula avant de hurler de douleur. L'autre n'avais pourtant pas bougé. Mes yeux s'écarquillèrent et la peur m’attrapa également. Je détournai le regard dégoutée et horrifiée. Je tentai simplement de canaliser ma respiration douloureuse ainsi que les coups que mon cœur adressait à ma poitrine. L'autre cria. Il cherchait de l'aide. L'aide de ses amis qui restaient simplement pétrifiés d'effroi et de stupeur. Ils ne comprenaient pas. Le sols laissa échapper un grognement. Je ne voyais pas ce qu'il se passait mais cela les effrayait d'avantage. Alors, l'idée me vint d'éclairer leur lanterne.

"Je vous avais prévenu..."

Le chef du gang posa ses yeux écarquillés sur moi. Je soutins alors son regard, comme cherchant à lui faire comprendre qu'il avait eu tort sur les mutants. Peu importe combien ils pouvaient être en face, ils ne pourraient surpasser notre nature qui était tout simplement supérieure, faisant de nous des instruments forts. Ses yeux trahissèrent alors une véritable peur quand une femme ouvrit sa fenêtre, menaçant d'appeler la police. Une colère nouvelle me frappa alors, à son égard. Je fixai la fenêtre qu'elle venait de refermer. Qu'est-ce qu'elle attendait ? Qu'elle les appelle donc ces foutus flics ! Et le BAM, tant qu'elle y était. C'était moi que l'on avait tabassé durant de longues minutes tandis que personne ne cherchait à réagir. Sa fenêtre vola alors en éclats. Je fus d'abord surprise puis, mes yeux suivirent la chute des débris de verre qui vinrent s'écraser à mes cotés. Puis, ce fut la panique.

"On s'arrache ! Putain !"

Le chef de la bande fut le premier à tenter de s'élancer au dessus du grillage. Certains le suivirent, d'autres prirent l'escalier d'évacuation de l'immeuble. Cependant, quel que soit le mutant qui m'aidait, il arrêta le maître de mes tortures. Poussant un cri de douleur, il lâcha le grillage avant de s'étaler sur le sol. Je l'observai dans son impuissance d'un air blasé tandis qu'il se tortillai sous la douleur, ses os émettant des craquements répugnants. Tous les autres l'avaient abandonné. Il avait beau hurler des noms, aucun ne daigna se retourner. Alors, il pleura. Il n'avait plus aucune fierté, plus de figure à garder devant ses camarades. Bientôt, il demanda de la pitié auprès de son nouveau bourreau. Ses cris se joignirent à ceux de son camarade encore à terre. Mes pensées s’alignèrent. Il ne fallait pas que je reste là. Pas une minute de plus.

M'agrippant au grillage, je me remis sur mes pieds. Ma jupe était en lambeaux, tout comme mon chemisier tâché de sang. Mes genoux étaient éraflés. Mes paumes me brulaient et mon corps tout entier était endolori. Mais je me relevai. Lançant un regard inquiet vers cet inconnu encapuchonné, je sortis de ma cachette. D'un pas peu assuré, je m'avançai vers mon sac et son contenu dispersé qui se trouvait maintenant auprès d'une large fissure. Je rassemblai tout de mes mains tremblantes. Cependant, je ne mis pas la main sur ma carte d'identité que cet imbécile avait sorti. Mon regard se posa alors sur lui qui ne cessait de se tordre de douleur en gémissant. A quatre pattes, je me dirigeai vers lui et fouilla ses poches sans ménagements.

"Pitié! Ne me laisse pas crever là! Je mérite pas ça..."

je mis la main sur ce que je cherchai avant de le regarder, interdite. Je me remis sur mes deux jambes et reculai d'un pas.

"Peut-être... Mais je ne méritais rien de tout ça non plus."

Je m'éloignai de son corps avec lenteur. J'enjambai ensuite celui de son camarade, dépecé, baignant dans la mare de son sang. Puis, en arrivant au niveau de mon sauveur, je le pris par la manche.

"Vite... Avant que quelqu'un ne débarque..."

Puis, nous quittâmes de concert la ruelle. Je marchai le plus rapidement possible mais chaque pas ravivait la douleur générale de mon corps. Cependant, je ne pouvais pas m'arrêter. Pas maintenant. Nous étions trop prêts de la scène du crime. Il fallait marcher, s'éloigner, partir...

Quand les cris furent éteints par la distance entre eux et nous, je ralentis l'allure. Les images retraversèrent mon esprit. L'image du sang, le son des os qui se brisent. Je m'arrêtai net et m'appuyai contre le mur. Puis, ce fut plus fort que moi. le dégout, l'horreur, le retombée du stresse. Tout ceci fut évacué par la plus répugnante des manière. Un gout âcre envahit ma bouche et une série de haut le cœur me firent recracher mon déjeuner, engendrant une vive douleur dans mes côtes.. Quand j'eus fini, je me sentis définitivement sale. J'étais juste censée aller à l'institut. Et je finissais à vomir dans une ruelle après avoir vécu un cauchemar.

Je repris alors conscience que je n'étais pas seule. Il était toujours là. Je tentai de calmer ma respiration, toujours appuyée au mur. Sans le regarder, je lâchai mes premiers mots.

"Merci... beaucoup... Sans toi... Je serais sûrement morte à l'heure qu'il est... Je..."

Je tâchai de me redresser, grimaçant légèrement sous la douleur que m’infligeaient mes côtes. Mes yeux se posèrent sur son visage, caché sous sa capuche.

"Je m'appelle Enora... Et je ne crois pas avoir déjà vu quelqu'un avec un pouvoir aussi effrayant à New-York..."
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Alexandre Wade
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MessageSujet: Re: ... But We can try to save us, together. [PV Alexandre Wade]   ... But We can try to save us, together. [PV Alexandre Wade] Icon_minitimeMer 21 Nov - 0:18

Le fait de briser le sol sous leurs pieds avait visiblement suffit à décourager le petit groupe qui s'était arrêté. Ils avaient peur. Peur de subir le même sort, peur de ce qui se passerait ensuite, peur de voir arriver la police? Alexandre n'en était pas bien sûr. Il était vrai que lorsque la voix de la dame de l'immeuble s'était fait entendre, plus d'un s'étaient échanger des regards paniqués. Ce qu'ils faisaient - même par les temps qui courraient - était illégal. Certes, il y avait toujours des agents qui encourageraient ce genre de pratique, mais il devait y en avoir un minimum qui jugerait cela comme un crime odieux méritant punition. Quelle punition? Un savon? Une nuit de garde à vue? Au pire une bonne baffe? Non. Ce n'était pas assez. Définitivement pas assez. Et puis, cela lui faisait tellement de bien dans l’immédiat. Pourquoi aurait-il cessé ? Pour souffrir à nouveau des effets de son pouvoir sur sa peau ? Se sentir petit bout de chaire par petit beau de chaire tomber en lambeau ? A choisir entre son propre corps, et n’importe lequel d’entre eux, il n’y avait pas besoin de réfléchir d’avantage. Il était en colère depuis trop longtemps pour gâcher cette chance de s’apaiser ne serait-ce qu’un court instant. Le prix de cet apaisement ?

Il était là, debout, les lèvres tirées en un sourire satisfait. Qu'aurait dit Karma si elle l'avait vu ainsi, se laissant aller, balayant le travail qu'ils avaient commencé, s'abandonnant à son pouvoir? Peu lui importait. Karma n'était plus là. Il n'avait plus à se soucier de ce qu'elle penserait, plus à se soucier de ce que ses actes engendreraient. Il n'avait personne à rendre fier, et par conséquent personne à décevoir. D'un côté, ce dernier détail avec un avantage. Celui de soulager sa conscience. Si personne n'avait à attendre quelque chose de sa personne, il n'aurait pas à répondre de ses actes devant elle. Pas à se justifier. Pas à chercher d'une manière ou d'une autre d'effacer ce qu'il avait causé. Du moins, c'était ainsi qu'il raisonnait, aussi fiable et logique ce jugement puisse-t-il être. Mais alors que certains prenaient déjà la fuite, un autre, vilain petit canard du groupe – ou simple tentative de fuite, s’était élancé dans sa direction, une barre batte de baseball dans la main avant de finalement faire demi-tour lorsqu’un ordre fut lancé. Le chef visiblement. Parfait. Sous sa capuche, les traits du visage d’Alexandre se tendirent, tandis que sa mâchoire émis un petit claquement. Fuir. Il n’y avait que les lâches qui fuyaient. Fuir. C’était si facile, et il en savait quelque chose. Il ne pouvait pas tous les arrêter, mais il savait qu’il pouvait en arrêter un. Qu’il devait en arrêter un. Alors il en arrêta un.

Retirant les mains de ses poches, le mutant s’avança de quelques pas dans la ruelle. La jeune femme semblait consciente et en état de se déplacer seule. Une bonne chose. Il n’aurait pas à la porter. Aurait-il seulement pris la peine de la porter d’ailleurs ? Avec lui, on peut tellement s’attendre à tout, qu’il aurait été capable de l’abandonner là - tout en sachant qu’elle ne risquait plus rien - pour attendre tranquillement les secours. Réajustant sa capuche sur son crâne tout en baissant légèrement la tête, il balaya l’assistance du regard. Quelques-uns à terre, d’autres fuyant. C’était excitant. La situation en elle-même était excitante. Il sentait monter en lui cette douce chaleur. Chaleur si délicieuse, mais si éphémère. La ressentir faisait tellement de bien. Mais il n’avait trouvé qu’un moyen pour la faire se diffuser dans son corps. Utiliser son don, exploser, détruire. C’est ce qu’il fit donc, quand le leader du petit groupe tenta d’escalader le grillage.
Les doigts du fuyard se crispèrent sur les bouts de métaux, il s’immobilisa, fini par lâcher prise se retrouvant à terre. S’il avait hurlé ? Alexandre ne s’en était pas rendu compte. Il semblait déconnecté de la réalité, les sons semblaient lointain, et sa vue focalisée sur cet être méprisable. Cet insecte. Cette vermine. La douce mélodie des os se craquant se fit entendre. Mélodie insupportable, non seulement pour la victime, mais aussi pour les oreilles de quiconque se trouvait à proximité. Le bruit n’était pas bien fort, mais il n’est pas bien difficile de s’imaginer un minimum ce que cela pouvait faire. Cette douleur. Les lèvres d’Alexandre étaient décollées désormais, laissant apparaitre dans un sourire sadique ses dents. « Arrête mec ! Arrête ! » Non. Il n’arrêterait pas. Finir le travail, avait un jour dit celle qui s’était présentée à lui comme une alliée, une amie. Finir le travail en tuant cette vache. Finir le travail en tuant cet homme.

Concentré à sa tâche, le gamin ne remarqua pas que la demoiselle s’était redressée. Il ne remarqua pas quel manège entre les corps vivants – ou non – elle débuta. Il n’entendit pas véritablement sa voix, ne compris pas toute les paroles, mais il sentit une pression sur son bras lui intimant l’ordre de la suivre. Opposant une faible – mais présente – résistance, Alexandre fini par se laisser emporter, gardant toute fois son emprise sur les lieux, laissant son don actif le temps qu’ils quittent le cul de sac. Des fissures peu profondes se dessinèrent sur les bâtiments qui les entourait, puis plus rien. C’était à leur tour de fuir la scène de crime, avant que quiconque n’arrive. Bien sûr, il n’était pas idiot ; lorsque la police arrivera et découvrira les dégâts et les jeunes, un mutant serait accusé. Tout le long de leur course, leur contact ne fut pas briser. Elle lui tenait la manche. C’était étrange. Il ne se sentait pas à l’aise. Il avait appris à ne plus aimer le contact physique avec les autres.
Ils s’arrêtèrent, quelque part dans une rue d’un quartier de New York. Leur localisation importait peu. Il l’ignorait. Ils n’étaient pas bien loin, la fuite n’avait pas été longue. Elle ne semblait pas en état. Et alors qu’elle déversait le contenu de son estomac sur le bitume, Alexandre se laissa glisser le long du mur jusqu’au sol. Il devait reprendre son souffle, mettre de l’ordre dans son esprit, et se calmer. C’était dur. Elle le remercia. Elle le remercia pour l’avoir sauvée, pour avoir été là à temps, pour lui avoir évité une mort douloureuse. S’était-elle prise un coup sur la tête, ou sa mémoire défaillait-elle ? Elle ne l’avait pas reconnu, et semblait gênée d’avoir ainsi vomi, de s’être laissé aller. Il ne la regarda pas, mais entre-ouvrit ses lèvres. « Tu as le droit de vomir, tu sais ? » Lâcha-t-il à voix basse. Il marqua un courte pause. « Ne remercie pas ça. » Avait-elle conscience que si elle ne l’avait pas arrêté, peut-être l’aurait-il ensuite attaqué ? Non.

Il l’observa se redresser difficilement, tout en se présentant. Qu’avaient-ils tous à se présenter ? Etait-ce parce qu’il venait de l’aider qu’il voulait forcément entamer une discussion ? Elle souffrait. Ses vêtements étaient en lambeau. Son visage saignait. Que penserait-on en le voyant ainsi avec elle. Qu’il était son agresseur ? Que c’était lui le responsable ? Qu’il n’avait sût maitriser son pouvoir à nouveau, ou que dans un coup de folie il avait craqué ? C’était fort possible. D’autant plus que la colère grondait toujours en lui, et qu’il lui fallait user de ses forces pour que son don ne lui échappe pas. « Je me fiche de ton prénom. » déclara-t-il, tout en tournant son visage dans sa direction. Ses mains étaient des poings. Ses lèvres affichaient un rictus figé. L’une de ses jambes était prise de tremblement. Retirant sa capuche, il se prit la tête entre les mains, passant une de ses dernières dans ses cheveux. Peut-être devrait-il lui demander si ça allait, si elle ne souffrait pas trop, si elle préférait reprendre la route maintenant ou plus tard. Si elle voulait qu’il appelle de l’aide. S’il devait faire quelque chose pour sa blessure. S’ils avaient eu le temps de lui faire quoi que ce soit… Mais il ne demanda sans grande surprise rien de tout cela. Sans chercher de contact visuel avec ses yeux, le mutant se redressa, venant poser son front contre la paroi de ciment devant lui. Au loin, une sirène de police se fit entendre. A croire que la femme de l’immeuble ne déconnait pas lorsqu’elle les avait menacés. Aussitôt, il donna un coup de poing dans le mur, son corps toujours tremblant d’excitation. « Donne-moi une bonne raison de ne pas y retourner. ».

Il se retourna, venant plonger ses yeux dans celle de la jeune mutante. Elle paressait si mal en point. Si fragile vue ainsi. Elle lui rappelait son chien – peut-être parce qu’elle était présente ce jour-là, dans les bois. « Une seule bonne raison… » répéta-t-il tout en tendant une main dans sa direction. Dans tous les cas, ils ne pouvaient rester là. Ils étaient trop voyants. Par ce geste, il lui proposait ainsi son aide pour qu’elle puisse se relever de manière moins douloureuse. Restait à voir si elle acceptait ou non cette main tendue. La main tendue d’un être qui avait par le passé tenté de la tuer…

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Enora Lacourt-Bourdieux
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MessageSujet: Re: ... But We can try to save us, together. [PV Alexandre Wade]   ... But We can try to save us, together. [PV Alexandre Wade] Icon_minitimeMer 28 Nov - 11:14

Je ne l'entendis pas. Pas tout de suite. Ses premiers mots ne furent qu'un murmure incompréhensible pour mes oreilles. Le monde entier semblait ne plus tourner rond et je sentais ma faiblesse m'envahir. Non. Il ne fallait pas que je m'effondre, pas maintenant. C'était encore trop proche, trop récent. Il fallait d'abord que l'on soient en sécurité. Que je sois en sécurité. Mais y aurait-il un endroit digne de ce nom ? J'avais l'impression que le monde m'observait. Qu'il avait ses yeux posé sur moi, attendant un autre moment où je serais vulnérable pour ne pas me rater, cette fois. Je devais la vie à un mutant. A ce mutant qui se tenait proche de moi, qui semblait attendre que je me redresse pour repartir. Une seule question cependant, résonnait en moi. Comment ?

Je me présentai à lui, cherchant à être le plus amicale possible, malgré mon apparence physique qui était plutôt répugnante. Je cherchai même à sourire, ce qui s'avoua être plus une grimace tant ma douleur était ingérable. Ma main soutenait mes côtes brisées, douloureuses. Pour peu, je me revoyais dans la forêt, allongée sur le sol humide, le craquement des arbres régulier qui me faisait frémir et la douleur. Cette terrible douleur infligée parce que j'avais juste commis la faute d'être là. J'avais alors eus l'impression que chacun de mes souffles serait le dernier. Mais cette fois, c'était différent. La douleur était moindre. Je n'avais pas été entièrement brisée. Comparé à ce que j'avais déjà pu vivre, c'était dans le supportable et bien au delà. Mais je soufrai et cela risquait de devenir un handicap.

C'est alors que mon interlocuteur reprit la parole. Des mots qui me glacèrent le sang, autant par leur sens que par la voix qui les prononçait. Je ne bougeai plus. Le moindre mouvement pourrait me coûter cher. Mais je le fixai, malgré tout. Les yeux écarquillés, la terreur lisible sur mon visage. Puis, ses mains se portèrent à sa tête et il fit tomber sa capuche. Alexandre. Même s'il se prit la tête dans ses mains, je l'aurais reconnu entre des dizaines de garçons similaires. On oublie pas ce genre de personnes. On ne peut oublier ceux qui nous blessent, ceux qui nous font du mal. Ma respiration s'accéléra tandis que mon cœur s'emballa de nouveau. Non, pas ça...

"Toi..."

Ma voix n'était qu'un souffle. Pourquoi ? Pourquoi s'acharner sur moi quand des tonnes d'autres méritent pire. Mes jambes me lâchèrent et je tombai en arrière. Mes coudes amortirent le choc du mieux qu'ils purent. Ce n'était pas possible. Cela ne se pouvait pas. Lui. Pourquoi ? Il m'avait suivit, c'était une certitude. Peut être avait-il l'intention de finir ce qu'il avait commencé. Peut être avait-il voulu faire la sale besogne lui même. J'étais SA proie, pas la leur. Un droit de propriété semblait être tombé sur moi.

Il détourna la tête et s'appuya le front contre le mur de ciment. Il tremblait. Je savais que cela ne présageait rien de bon. J'étais mortifiée. Bientôt, mon dernier souffle viendrait, je le savais. Mon instinct me poussait presque à ramper le plus loin possible de lui. Mais ça semblait terriblement impossible, comme ce jour là, dans la forêt, où chaque mouvement n'était qu'une torture supplémentaire. Je soutenais toujours mon flanc d'une main, l'observant avec une peur invaincue. Jours et nuits, je m'étais imaginé ces retrouvailles... Mais jamais elles n'auraient dues se passer comme ça...

Il parla de nouveau, frappant le mur de son poing. Je sursautai. Il voulait y retourner. Pourquoi ? Maintenant que la police était là, quel serait le but de cette bêtise ? Il plongea ses yeux dans les miens et c'est avec crainte que je le fixai. Mes paupières se refermèrent à plusieurs reprises avant de pouvoir soutenir son regard. Quelle serait la suite de cette misérable histoire ? Il allait m'achevait, là, sur ce trottoir ? Non. Ça ne semblait pas être dans ses plans. Ils voulait retourner là bas. Pourquoi faire ? Finir le travail ? Il se ferait massacrer.

Il fit alors un geste dans ma direction. Ce geste m'intima un mouvement de recul tandis que sa main tendue me semblait sincère. Je la fixai étrangement durant quelques secondes. Puis, je reposai mes yeux dans les siens. Je cherchai à y lire ce qu'il ressentait vraiment, ce qu'il voulait vraiment. Mais tout semblait si compliqué, illisible.

"Je... Ils te massacreront si tu y retourne... Tu en tueras surement beaucoup, mais ils finiront par te coincer... Et l'Institut... Xavier ne pourra pas te sauver... Pas cette fois..."

Je ne cherchai pas vraiment à le convaincre. Juste à lui énoncer les soucis qu'il s'attirerait. Je saisis sa main de la mienne, frêle, couverte de sang et fragile. J'avais fermé les yeux. J'avais trop peur d'éclater en morceaux tel un vase qui se brise. Mais rien ne se passa. Ce n'était qu'une main. Une main qui voulait me tirer de mes emmerdes.

"Il faut qu'on dégage... Qu'on retourne à l'institut... T'aurais trop de problèmes au BAM... Mais... Je peux pas traverser New-York dans cet état..."

Il allait nous falloir une solution, et vite.
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MessageSujet: Re: ... But We can try to save us, together. [PV Alexandre Wade]   ... But We can try to save us, together. [PV Alexandre Wade] Icon_minitimeDim 9 Déc - 14:19

Elle l’avait reconnu, c’était évident. Le regard qu’elle lui portait depuis qu’il avait retiré sa capuche, ce toi qui résonnait encore dans ses oreilles. Avait-elle peur ? Certainement. Et c’était une chose compréhensible. Après tout, il n’avait pas été des plus agréables ce jour-là, dans les bois, alors qu’il lui brisait ses membres. Aujourd’hui, il avait l’impression que la scène se répétait. Comme la dernière fois, il y avait eu un mort, des os brisés et du sang. Beaucoup de sang. Au moins il n’était pas responsable de ses blessures à elle, c’était déjà ça. On ne pourrait le lui reprocher. Il n’était pas la cause de ses douleurs, et le sang ne s’était pas écoulé de son corps par sa faute. Il n’était pas la cause de sa destruction. Sa main était toujours tendue, l’attendant. Et il attendrait le temps qu’il faudrait. Elle hésitait, ça se voyait, mais il ignorait s’il devait ou non lui en vouloir. Elle semblait plus distante depuis qu’elle avait appris son identité. Moins reconnaissante, presque fuyante. Il n’était pas bête ; si elle avait pu, sans doute aurait-elle tenté la fuite. Mais elle ne le pouvait pas, et d’un côté ce détail lui rendait service. Alexandre n’aurait sans doute pas apprécié de la voir partir ainsi, et dans l’état dans lequel il se trouvait, il n’aurait pas hésité à la pourchasser. Il n’était pas le méchant cette fois, elle ne devait pas le considérer quel tel. Et pourtant il se connaissait, il savait plus ou moins de quoi il était capable. Mais comment lui en vouloir pour ses quelques hésitations et ce manque de confiance qui se lisait dans ses yeux ? Il ne le pouvait pas.

Il ne devait pas y retourner, elle n’avait pas tort. « Il ne faut pas compter sur les autres pour être sauvé. » marmonna-t-il à peine eut elle finit de parler. Il n’était même pas sûr qu’elle est pu entendre ou comprendre ce qu’il venait de dire. Fronçant les sourcils, l’air pensif. La police, là-bas, était armée. Ils avaient eu de la chance que les jeunes ne le soient pas. Si des armes à feux s’étaient mêlées au combat, les dégâts n’auraient été que plus grands. Et le nombre de morts bien plus importants. Massacre. Tuer. Ne comprenait-elle pas que s’il voulait y retourner c’était en partie pour elle ? Ils n’avaient pas pu voir son propre visage camouflé derrière une capuche, mais le sien à elle oui. Ils savaient où elle logeait, et connaissait peut-être nom et prénom. Etait-ce si compliqué que ça de comprendre qu’à leurs yeux c’était elle le monstre et que tout était de sa faute ? Les survivants seraient interrogés. Elle aurait des ennuis.

Elle lui saisit la main. A ce contact, il ne put réprimer un frisson. Sa peau était si lisse, si douce – peut-être à cause du sang. Tout d’un coup, elle lui semblait changée. Elle n’était plus l’adolescente forte qu’il avait rencontrée dans la forêt et qui ne cessait de lutter pour sa vie. Ce n’était plus la mutante de la ruelle. Subitement elle paraissait si fragile, si fatiguée. Un petit animal blessé. Une petite créature effrayée. Un mince sourire se dessina sur ses lèvres. Un de ces sourires sincères qu’il ne faisait plus. Sourire qui s’en alla en même temps qu’une nouvelle sirène se fit entendre. Police ? Ambulance ? Arrivante ? Partante ? Comment le savoir. D’ici, ils ne voyaient rien. Qu’est-ce que cela changeait de toute façon ? Il était trop tard. Trop tard pour revenir en arrière. Trop tard pour y retourner. Trop tard pour changer quoi que ce soit. Seul leur restait la fuite. Rejoindre un endroit où ils pourraient attendre que les choses se calment. Attendre qu’on vienne les chercher. Il soupira, resserrant entre ses doigts la main de la demoiselle, comme s’il cherchait à renforcer d’avantage leur contact, comme si cela le rassurait. Lui faisait-il mal ? Peut-être, mais il ne desserra pas pour autant. Il ne voulait pas la lâcher. Pas tout de suite.

« Mais... Je peux pas traverser New-York dans cet état... » A nouveau, il dut avouer qu’elle avait raison. S’immobilisant, reportant toute son attention sur Enora, il la dévisagea, adoptant un visage des plus inexpressifs. Elle saignait, ne se tenait pas droite, sans parler de ses vêtements en lambeaux. Son état était pitoyable, et allait sans nul doute attirer tous les regards. Mais ce n’était pas tout. Elle souffrait et donc ne pourrait parcourir une trop grande distance. S’il était d’accord sur le fait qu’elle fallait partir, il n’était cependant pas pour retourner immédiatement à l’institut. Il était trop loin de toute façon. Et le BAM, c’était comme aller directement de la bouche de loup, se rendre avant même que ce qui venait de se passer ne leur soit mis sur le dos. Nouveau froncement de sourcils, tandis qu’une certaine inquiétude traversa son visage. « C’est vrai, mais... » Lâchant sa main, se reculant de quelques pas, il retira son gilet noir qu’il lui balança sans grande douceur sur les épaules. Nouvelles sirènes. Ce bruit le stressait. Il paraissait soudainement plus agité. « Tu es stupide, vraiment. C’était si facile de te suivre, même un enfant aurait… je te croyais plus... » Lui lança-t-il d’un ton pleins de reproches. Ainsi, il avouait qu’il l’avait suivi, lui aussi. « Allez. » Lui tournant le dos, il se mis en marche, les mains dans son pantalon, la tête basse, l’allure soutenue. Quelques instants il sembla oublier Enora, sa présence, le fait qu’elle soit là derrière lui. Elle aurait pu parler, qu’il ne l’aurait pas entendu.

Alexandre avait parcouru quatre ou cinq mètres avant qu’il ne s’arrête subitement. Faisant volteface, il s’empressa de la rejoindre, passant rapidement un bras dans son dos, une main sous son bras. Il ne lui laissait pas vraiment le choix. L’entrainant à ses côté, un air grave, le regard braqué droit devant lui, il tentait de marcher à son allure, allant parfois un peu trop vite sans doute. Sa respiration était rapide, et il n’adressa pas un mot à la jeune demoiselle durant plusieurs minutes. Il ne lui adressa pas un regard, non plus. Un vieil homme croisa leur route, les dévisageant alors qu’ils le dépassaient. Le pouvoir du jeune garçon s’activa sur la canne de l’homme qui s’en aidait pour avancer. Surpris et déstabilisé, le vieillard s’écroula. « C’est pas grave. » marmonna-t-il pour lui-même tout en accélérant le pas, attendant que les jambes d'Enora ne cède sous la douleur et son poids pour s'arrêter enfin.

D'ici, les sirènes se faisaient toujours entendre, mais de manière moins menaçante. Peut-être qu'un ou deux policiers patrouillaient dans le coin. Certainement quelques renforts avaient été appelés. Pourtant, au détour d'une petite ruelle, Alexandre s'était arrêté. Il ne savait pas où aller. Il ne connaissait pas vraiment ce coin-là de la ville. Aidant la mutante à prendre appuis sur une poubelle. Prenant quant à lui appuie contre l’un des murs, il vint de nouveau appuyer son front contre la paroi de béton, tournant parfaitement le dos à la jeune femme. « P*tain Alex. » chuchota-t-il. « Quel con. » Il cogna à deux reprise son front contre le mur, avant de se retourner soudainement dans la direction d’Enora, la fixant. « Tu connais quelqu’un pas loin d’ici ? Tu n’arriveras jamais jusqu’à l’institut. Mais je peux trouver un téléphone. » A quoi cela servait-il de s’éloigner des lieux de l’agression s’ils n’avaient nul par où aller ?
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MessageSujet: Re: ... But We can try to save us, together. [PV Alexandre Wade]   ... But We can try to save us, together. [PV Alexandre Wade] Icon_minitimeMer 12 Déc - 11:36

« Il ne faut pas compter sur les autres pour être sauvé. »

Je l'observai avec curiosité. Je n'approuvai pas cette phrase. C'était faux. Sans le savoir, on pouvait toujours compter sur quelqu'un pour nous aider, nous sortir d'un mauvais pas ou... Nous tendre une main. Il se contredisait lui même. Comment pouvait-il penser ainsi tout en me tendant la main. Il venait d'être celui qui m'avait sauvé, sans que je ne puisse même espérer compter sur lui. je ne dis rien, mais je n'étais pas d'accord avec ses mots. Au lieu de ça, j'avais glissé ma main dans la sienne. j'étais épuisée. Seule, je ne pourrais rien. Je savais pertinemment que j'avais d'ores et déjà dépassé mes limites. J'étais au delà du supportable et si il m'abandonnait maintenant, je resterai clouée à ce trottoir, sans nul part ou aller. Ou plutôt, sans être capable d'aller nul part. Cette main tendue était mon espoir de survie. C'était ma porte de sortie. Et je n'allais pas bouder une telle opportunité dans ma situation.

Alors, il m'aida à me remettre sur pied. Il ne lâchai pas ma main. Il resserra même son étreinte dessus. Pourquoi ? Que se passait-il encore dans sa tête ? Avait-il l'intention d'y retourner et s'accrochait-il à moi pour lutter contre ça ? Quand j'abordai l'état pitoyable dans lequel j'étais, il prit le temps de m'observer. C'était comme passer sous un rayon X. Il regardait la moindre de mes blessures, la moindre goutte de sang, tâchant mes vêtements. Ma jupe était déchirée, mon chemisier ne semblait pas en meilleure forme. En temps normal, j'aurais certainement été gênée de me savoir observée de la sorte. Là, je n'en avais rien à faire. Je voulais partir. Je voulais que l'on puisse s'enfuir. Lui, semblait soudain plus dubitatif sur la question. Comme si ma tenue était un obstacle réel à ce que nous devrions faire. Il retira alors son gilet et me le jeta sur les épaules. Le contact du tissu me fit frissonner. C'était mieux. Mais ça n'était pas de nouvelles jambes toutes neuves que l'on m'offrait.

Puis, tout en s'assurant que le gilet était bien mi sur mes épaules, il parla de nouveau. C'était des reproches. Des reproches comme une mère pouvait en faire à son enfant. Son agitation reflétait le bruit des sirènes que l'on entendait au loin. Il me reprocha ma naïveté. Le fait d'être stupide et de ne pas surveiller mes arrières car n'importe qui pouvait suivre ma trace dans de telles circonstances. Ainsi donc, il m'avait également pistée. C'était comme ça que je traduisais ses mots. C'était la meilleure interprétation à ce reproche. je baissai les yeux, gênée. Oui, j'aurais dû être plus prudente, me méfier d'avantage. Mais comment aurais-je pu me douter qu'une bande de garçons sournois me feraient un tel coup ? Comment pouvais-je deviner qu'en sortant de chez moi, j'allais me faire agresser. Personne ne peut deviner une telle chose, à moins d'avoir don de voyance, et ce n'était pas mon cas.

Puis, d'un simple "Allez", il se sépara de moi et avança. Moi, toujours en appui contre le mur, je l'observai s'éloigner. Mes lèvres restaient closes tandis que mon cœur mourrait d'envie de lui hurler de revenir, de ne pas m'abandonner. Pas maintenant. Pas après m'avoir sauvée. Il ne pouvait pas simplement partir devant et attendre que je le suive. Mais il ne parcourut pas une longue distance avant de se retourner vers moi. Il revint vers moi et, passant son bras autour de ma taille, il me soutint. il ne m'abandonnerait donc pas. Je m'appuyai sur son épaule et, de mon autre main, je tenais fermement mon sac. Et ce fut ainsi que nous quittâmes ce lieu. j'étais inquiète. Mon flac me faisait de plus en plus mal et mes pas semblaient peu assurés. Nous n'irons pas bien loin. mais il me fallait au moins tenir cette cadence un moment, afin d'être assez loin, afin de ne pas se retrouver dans une galère pire que celle-ci.

Alexandre fixait la route, devant lui. Moi, je regardai partout autour de moi, effrayée de tomber de nouveau sur quelqu'un. Je lui jetai également des regards curieux, essayant de comprendre ce qu'il se passait dans se tête. Pourquoi était-il venu pour moi ? il aurait pu me laisser mourir simplement quand ces gredins me torturaient. Au lieu de ça, il m'avait sauvé. Pourquoi ? Cette question résonnait sans cesse dans ma tête, sans trouver de réponse rationnelle. Puis, sortant du coin de la rue, un vieil homme entra dans mon champ de vision. Je lui adressai un regard effrayé avant de baisser le regard. J'avais honte. Honte de mon état, honte de ce qui se passait. Oui, j'avais été stupide. je sentis le regard du vieil homme posé sur nous et continuer de nous suivre quand il nous dépassa. Puis, un craquement suivi d'un bruit sourd. je tournai la tête et vit l'homme à terre. Mon regard se posa alors instantanément sur Alexandre qui marmonna quelque chose. Je ne dis rien, me contentant de me laisser guider.

Finalement, après quelques mètres, l'effort devenait trop grand pour moi. Je me laissai aller contre la poubelle que me présentai Alexandre. Il était inutile d'aller plus loin. Les sirènes continuaient toujours leur chant épuisant. Nous nous étions rapproché de mon point de départ, mais nous étions encore dans une de ces ruelles peu fréquentées. Cependant, je savais que l'activité battait son plein non loin de la où nous étions. Je lâchai mon sac qui s'échoua sur le sol. Alexandre me tournait le dos. J'avais presque un peu de peine pour lui, qui s'épuisait à me garder en vie. Que devions-nous faire...? Il se retourna vers moi et me demanda si je pouvais connaître quelqu'un non loin de là que je pourrais appeler pour nous venir en aide. Le fameux coup de fil à un ami. Je m’apprêtai à hocher la tête en signe de dénégation quand je me rappelai d'où je venais. Le BAM... Daniel ! Pourquoi n'y avais-je pas pensé plus tôt ? Parce que je n'en avais pas réellement eu l'occasion. Rester trop proche des lieux du drame était dangereux pour nous. Je lui adressai un nouveau regard plein d'étincelles et me laissai tomber à terre, près de mon sac. Je plongeai mes mains dedans, à la recherche de mon téléphone. J'espérais de tout cœur ne pas l'avoir laissai là-bas. Mais non. Je ne fus jamais aussi heureuse de tomber dessus. Avec une vitesse fulgurante, mes doigts bougèrent sur le clavier, fouillant mes contacts à la recherche du favoris. Avant d'appuyer sur la touche d'appel, j'adressai un nouveau regard à Alexandre.

"Je connais quelqu'un, oui... Ne bouge pas..."

J'appuyai sur la touche d'appel et attendit, comptant les sonneries. Bon Dieu, Daniel, décroche... Finalement, la tonalité fut coupée par une voix que je connaissais bien. Et que je coupai dans la foulée.

"Papa ! C'est urgent, je me suis fait avoir comme une bleue, j'ai besoin d'aide, je suis blessée, mais pas seule... Viens m'aider, s'il te plaît..."
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Daniel Hopes
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MessageSujet: Re: ... But We can try to save us, together. [PV Alexandre Wade]   ... But We can try to save us, together. [PV Alexandre Wade] Icon_minitimeDim 16 Déc - 14:27

- Non Maeva, je ne pense pas que mobiliser une équipe de plus pour arrêter Forman va pouvoir nous permettre de nous dégager plus de temps, de toute manière, il nous faut impérativement ses codes pour décrypter le document et il va nous sortir sa carte joker « immunité diplomatique » pour repartir aussi libre que l’air, on ne va pas l’arrêter ma chère, on va « l‘emprunter ». Deux véhicules pour le prendre un épingle près de Elm Street, je vous veux dans celui de tête afin d’arraisonner le véhicule d’escorte, faites le ménage, j’m’en fous mais rien de létale ou on va nous tomber sur le dos. Il faut juste réduire le champ entre moi et son véhicule, juste assez pour que je puisse activer mon pouvoir pour le figer. Après. J’aurais tout mon temps pour obtenir ce que nous désirons. On vient, on frappe, on repart sans bobo. Il pourra toujours se plaindre ensuite d’avoir été malmené, avec ce qu’on a sur lui et le réseau K, on le tient par les parties intimes. Le décryptage du document nous donnera la liste des ramifications du réseau K dans les parties politique d’au moins 15 états des Etats Unis.

Il adressa un sourire charmeur à la jeune femme qui se tenait assise d’une façon complètement désinvolte au bureau qui lui faisait face. Puis tout en jetant dans la réglure du tableau la baguette qu’il tenait pour montrer la progression sur un plan géant du centre-ville des véhicules cités dans son plan d’action, il soupira en passant sa main dans les cheveux et termina par caresser sa barbe plus que naissante.

- On va enfin boucler cette affaire, ce qui implique que je vous emmène dans le plus chic resto de la ville pour fêter ça. Un réseau de trafic humain de mutant et des financements politiques comme usufruit. Vous rendez-vous compte du…


Son téléphone dans la poche de son costume sonna. Hopes s’excusa prestement et ayant pris connaissance de l’émetteur de l’appel décrocha rapidement.

- Oui ?.........

Le silence qui s’en suivit fut plus éloquent que tous les discours. Enora. Le fait qu’elle l’appelle « papa » avait annoncé d’emblée la couleur et cette couleur ne lui plaisait pas du tout. Il se décomposa, littéralement et visiblement comme si on venait de lui porter un coup au visage.

- Où ? Chuuut…Parles moins vite. Je vois…Tu vas essayer de gagner un lieu public, il doit y avoir un Mc Do, non loin…Apres la troisième rue. Tu y vas…Tu peux y arriver ? Blessée comment ? Ok…Et eux ? Où sont-ils ? Calme toi…respire.


Sans s’occuper de son environnement, il se déplaça l’appareil toujours collé à l’oreille et ouvrit précipitamment le tiroir de son bureau pour en sortir un large étui renfermant une lame d’une quarantaine de centimètres dans une sorte de holster qu’il passa à la taille. Enfin harnaché, il attrapa sa veste toujours sas jeter un regard à l’agente qui semblait plus que perplexe.


- Fais ce que je viens de te dire, je suis là dans dix minutes maximum, j’envoie une ambulance. Le plus gros est passé, laisse la cavalerie arriver. Tu t’accroches et je serais là bientôt. Le temps de sortir du Triskelion et je te recontacte : n’oublies pas : un lieu public et à la vue de tous ! J’arrive mon ange.

Il raccrocha en se précipitant vers la porte de son bureau en trouvant enfin le temps de décrocher quelques mots à son interlocutrice.

- J’ai une urgence, ma fille vient de se faire molester en pleine rue par une bande d’anti-mutants. En plein jour ! Bordel ! On n’en sortira jamais !!!


Il s’engouffra dans le couloir avec une mine terriblement résignée et une colère bouillonnante dans ses veines.

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MessageSujet: Re: ... But We can try to save us, together. [PV Alexandre Wade]   ... But We can try to save us, together. [PV Alexandre Wade] Icon_minitimeDim 16 Déc - 18:31

    -Non Maeva, je ne pense pas que mobiliser une équipe de plus pour arrêter Forman va pouvoir nous permettre de nous dégager plus de temps, de toute manière, il nous faut impérativement ses codes pour décrypter le document et il va nous sortir sa carte joker « immunité diplomatique » pour repartir aussi libre que l’air, on ne va pas l’arrêter ma chère, on va « l‘emprunter ». Deux véhicules pour le prendre un épingle près de Elm Street, je vous veux dans celui de tête afin d’arraisonner le véhicule d’escorte, faites le ménage, j’m’en fous mais rien de létale ou on va nous tomber sur le dos. Il faut juste réduire le champ entre moi et son véhicule, juste assez pour que je puisse activer mon pouvoir pour le figer. Après. J’aurais tout mon temps pour obtenir ce que nous désirons. On vient, on frappe, on repart sans bobo. Il pourra toujours se plaindre ensuite d’avoir été malmené, avec ce qu’on a sur lui et le réseau K, on le tient par les parties intimes. Le décryptage du document nous donnera la liste des ramifications du réseau K dans les parties politique d’au moins 15 états des Etats Unis.

    Assise en face de lui, les jambes croisées, les bras également, je l'observais alors qu'il jouait au maître avec sa longue baguette dure. En fait, c'est limite si depuis tout à l'heure, je ne mourrais pas de rire à cause de ça. Je me contenais parce que même si depuis un moment, c'était cent fois plus sympathique de travailler avec lui. Depuis ses instant, la mission, tout ça. On avait fait du chemin, et ce que j'avais pu ressentir au début contre lui n'était plus qu'un vieux souvenir. C'était une amitié, une confiance que nous partageons maintenant. Et j'étais heureuse de travailler avec lui. De tous les salauds chez qui j'aurais pu tomber, c'était sur la tête de Papy Chieur que j'étais tombé. Et maintenant, ça se passait si bien.

    Mais ma mission me faisait souffrir, sur le plan psychologique. On en parlait jamais, plus depuis le premier jour, de ce que je devais faire. Chaque jour, je rédigeais un paragraphe. Et chaque semaine, je devais poser le tout dans un café, à une personne différente à chaque fois, des hommes aux visages variés. Le premier jour, au-dessus de ma feuille, je n'avais pas su quoi écrire. Trahir mes employeurs ou Hopes. Tel était le dilemme. Trahir ceux qui me manipulait ou lui. Le premier jour, j'avais suivi le protocole, le deuxième jours j'avais déchiré ma feuille et l'avais réécrite. Parce qu'il était comme Ghost à mes yeux. Le bureau et le monde étaient contre eux, mais moi je serais un soutien. Je ne savais presque rien de lui, mais je faisais confiance à mon instinct. Et depuis des semaines, Daniel Hopes était décrit comme le plus consciencieux des agents, le plus droit, le plus tortionnaire aussi au début mais rien dans ce que j'écrivais ne trahissais la moindre chose. Sûrement que mes employeurs s'en rendraient compte, à un moment, mais peu importe. Je faisais mon boulot, et j'étais en accord avec mes principes, rien de plus. Ce dont j'avais peur, c'est qu'ils décident de me virer, et que je sois à nouveau comme avant, chez moi, sans aucune possibilité, priver de mes armes, de mon environnement …

    Le claquement de la baguette qu'il rangeait me fit revenir un instant à la réalité qui m'entourait, et j'eus une seconde avant de me reco, de voir son sourire et d'y répondre, sincèrement.


    -D'accord, Hopes, c'était qu'une suggestion. Mais j'avoue, ce sera plus simple comme ça. Mieux encore, avec ma moto, je serais plus rapide, plus mobile, et si problème y a, genre changement d'itinéraire, ce sera bien plus simple de récupérer le bon tour. J'suis plus réactive qu’un écureuil shooté à la caféine dessus, rien ne pourra m'arrêter. Je pourrais lui barrer le passage avant que le mec ne puisse tourner le volant. Et au pire, si la voiture est un peu éraflée, c'est pas grave tant qu'on le chope non ?


    -On va enfin boucler cette affaire, ce qui implique que je vous emmène dans le plus chic resto de la ville pour fêter ça. Un réseau de trafic humain de mutant et des financements politiques comme usufruit. Vous rendez-vous compte du…

    J'allais répondre, quand son téléphone sonna. Il le prit, c'était son arme ça, son portable qui ne le quittait jamais. Je ne bougeais pas, fis juste un signe de tête et attendais sur ma chaise, tranquillement, en pensant déjà à ce que j'allais devoir écrire ce soir. Mais très vite, trop vite, je sortis de mes pensées, en entendant un ''papa'' presque hurlé au tel qui me fit grincer des dents. Papa … PAPA ?
    Mes yeux s'ouvrirent en grand alors que son visage à lui se décomposait, en moins d'un instant. Lui qui savait rester neutre, qui était capable presque en toute situation de se contrôler était à nu devant moi là. Je me redressais, l'observant, sentant très bien que la situation n'était plus la même.


    -Où ? Chuuut…Parles moins vite. Je vois…Tu vas essayer de gagner un lieu public, il doit y avoir un Mc Do, non loin…Apres la troisième rue. Tu y vas…Tu peux y arriver ? Blessée comment ? Ok…Et eux ? Où sont-ils ? Calme toi…respire.

    Sans le vouloir, j'entendais la voix de jeune fille lui répondre. Et je ne savais pas de qui il s'agissait. Je ne connaissais cette musique, mécanisée par l'appareil. Je voulais lui demander mais déjà, il semblait m'avoir occulté, me tournant le dos pour aller vers son armoire. Inquiétude, c'était plus que ça que je ressentais dans son attitude, dans sa voix. Il ne se cachait plus, il avait tout oublié, là, maintenant. Et moi, j'étais perdue.
    Je m'approchais alors qu'il sortait quelques choses. J'eus un frisson en venant une lame, que sans plus attendre il accrocha à sa taille, continuant son chemin sans me voir. Hopes avec une arme … là, c'était grave. Mais il était devenu fou ou quoi ?!


    -Hopes …

    Je le suivais alors qu'il continuait de parler, de se présenter, en pressant le pas. Il chopa son manteau, il s'apprêtait à partir, mais what's the fuck ?


    -Hopes.

    -Fais ce que je viens de te dire, je suis là dans dix minutes maximum, j’envoie une ambulance. Le plus gros est passé, laisse la cavalerie arriver. Tu t’accroches et je serais là bientôt. Le temps de sortir du Triskelion et je te recontacte : n’oublies pas : un lieu public et à la vue de tous ! J’arrive mon ange.

    Et il accélérait encore en rangeant son téléphone maintenant fermé. Je le suivais, et m'arrêtais brutalement quand il se retourna à la porte, manquant de lui rentrer dedans. Et j'eus droit au plus gros coup de gueule qu'il n'eut poussé, de plein fouet.

    -J’ai une urgence, ma fille vient de se faire molester en pleine rue par une bande d’anti-mutants. En plein jour ! Bordel ! On n’en sortira jamais !!!

    Et aussitôt, il partit, avec une putain de lame à la taille. J'eus besoin d'une seconde pour remettre mon cerveau en place qui avait grillé un fusibile à cause de ses cris avant lui courir après

    -Daniel !!

    Il me fallut à peine cinq secondes pour le rattraper. Je n'osais pas l'arrêter, son expression, je savais que c'était pas le moment de l'arrêter là. Son ange l'attendait mais pas question que je reste là, comme une couillonne. Là, il risquait de tuer quelqu'un, je sentais cette rage qui semblait créer une aura autour de lui. C'était flippant, que Papy Chieur soit aussi … enfin bref, je comprenais, je pense que presque mieux que quiconque, je pouvais comprendre ça. Vouloir protéger ceux qui nous sont chers. Mais il ne pouvait y aller seul. Je me taisais, lui collant le train. Il allait vite, je ne savais même s'il m'avait vu. Mais peu importe. S'il voulait me virer, me dire que c'était pas mon problème, je lui répliquais que c'était mon boulot de nounou, mais bon, je ne savais comment il le prendrait. Non, décidément, cette situation était explosive, et j'avais peur pour la personne sur qui Hopes voudra faire passer ça.
    Sa fille … ça me faisait encore bizarre d'entendre ce mot, Hopes avoir une fille, dans le genre nouvelle qui choque, elle était pas mal.
    Il s'engouffra dans un ascenseur, et la porte se ferma avant que je puisse passer le bras pour l'arrêter. Oh le … j'avais vu ou il allait, je me mis à courir, ouvrant à la volée la porte de service et m'élança dans les escaliers. Pas question qu'il me plante ce con, il allait faire une connerie, je ne pouvais pas le laisser seul. Je manquais trois fois de me manger un mur mais je ne m'arrêtais pas. La porte du garage, je l'ouvris bien énervée à coup de New-Rock. Et je fonçais. Il était déjà en voiture, il démarrait, il allait se barrer !

    Je courus à nouveau et sans réfléchir me planta un mètre devant le capot. Je crus pendant une demi-seconde qu'il ne s'arrêterait pas, vu son expression, mais le crissement des pneus me rassura. Je me précipitais vers la portière et l'ouvris, lui ne bougeait pas, sauf que je voyais bien à son visage que là, je le faisais chier. Sans un mot d'abord, je montais, boucla la ceinture avant de dire, un peu essoufflée mais le plus fermement que je pouvais :


    -Me refaites plus jamais un coup pareil.

    C'était tendu, je jouais avec un mec qui était armé là et plus du tout stable d'après ce que j'observais alors que je n'avais qu'un cran d'arrêt à ma taille dans la ceinture de la surjupe de mon pantalon punk, et un petit couteau de chasse dans ma New-Rock (on est parano ou on l'est pas …). Dire que j'étais mal à l'aise était peu dire. Je me sentais carrément mal, j'étais persuadée qu'il devait penser que j'étais un poids, à moi de lui prouver le contraire.



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Enora Lacourt-Bourdieux
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MessageSujet: Re: ... But We can try to save us, together. [PV Alexandre Wade]   ... But We can try to save us, together. [PV Alexandre Wade] Icon_minitimeMar 18 Déc - 11:48

La voix de Daniel me réconfortait. Rien que le fait d'entendre cette voix m'emmenait ailleurs, dans un endroit sûr où je n'avais plus besoin de m'inquiéter de rien. Mais je savais que ce ne serait qu'une illusion. La douleur me ramenait à la réalité. Débitant des mots à la vitesse d'un TGV, je cherchai à lui faire comprendre l'urgence de la situation. Lui, de l'autre côté, tachait de me calmer, de comprendre de quoi il en ressortait et surtout, de donner des directives simples.

Mes yeux étaient fixés sur Alexandre qui ne pipait mot. Rejoindre le Macdo... Serait-il seulement d'accord pour m'aider? Il avait déjà fait tant de choses pour me sauver qu'il en devenait presque héroïque. Cependant, je ne savais toujours pas quelles étaient ses motivations. Peut être allait-il me lâcher maintenant que j'étais en sécurité. Mes yeux posés sur lui, je cherchai à décrypter son expression pour être sûre de ce qu'elle signifierait.

"Le Macdo... Okay... Fais vite..."

Je raccrochai, me rendant compte que mon téléphone était humide. Je ne m'étais même pas rendue compte de mes larmes qui s'étaient glissées sur mes joues. Des larmes de fatigue, de douleur et de soulagement. Mes émotions étaient déboussolées. C'était à peine si j'arrivais à ressentir autre chose. Je remis mon téléphone dans mon sac et poussait un long soupir. Daniel avait l'affaire en main et je savais que d'une minute à l'autre, il serait là. Mais tant que je ne serais pas avec lui, le danger courrait toujours, qu'il vienne de ces anti-mutants... Ou même de mon camarade de galère.

M'appuyant contre la poubelle, je me remis durement sur mes pieds. La douleur venant de mon flanc empirait. Combien de côtes avais-je de brisé? Je grimaçai, retenant un gémissement de douleur. Puis, je pris plusieurs fois de profondes inspirations. Puis, mon regard émeraude se reposa dans celui du jeune homme.

"Il va venir... Mais... Il m'a demandé de regagner un lieu public, il a peur que les autres rappliquent pour finir le sale boulot... Il y a un Macdo, à deux ou trois rues d'ici... Peux-tu encore m'aider? S'il te plaît... Je ne sais pas si j'y arriverais seule et... Tu seras aussi en sécurité..."

Je tachai de vendre mon truc du mieux que je le pouvais. Il me fallait son aide, sinon, jamais je n'y arriverais...
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Alexandre Wade
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MessageSujet: Re: ... But We can try to save us, together. [PV Alexandre Wade]   ... But We can try to save us, together. [PV Alexandre Wade] Icon_minitimeSam 22 Déc - 22:51

Tout en observant Enora fouiller dans son sac, Alexandre se laissa glisser le long du mur pour rejoindre le sol. Elle connaissait quelqu’un visiblement. C’était déjà une bonne chose. Du moins, ça devait l’être – sans doute. Déjà elle tapait sur les touches de son portable et portait ce dernier à son oreille. Lui, de son côté, ne la lâchait pas du regard. Toujours nerveux, excité, sa jambe était à nouveau prise de tremblements tandis que ses mains formaient des poings. Papa. Alexandre grimaça, détournant son regard sur l’entrée de la ruelle comme pour s’assurer que personne n’arrivait. Ce n’était pas le moment idéal pour qu’un policier ne débarque. Ni maintenant ni plus tard d’ailleurs. Reportant ensuite son attention sur ses mains, il se mit à fixer ses mitaines, pensif.

Elle venait de raccrocher le téléphone, et des larmes dévalaient sur ses joues. Des larmes de désespoir ? De douleur ? De tristesse ? De joie ? Il n’avait pu entendre ce que lui racontait la personne au bout du fil, et ignorait si ses larmes n’étaient qu’un surplus d’émotions qui s’évacuait sous l’apaisement soudain, ou si elle n’avait tout simplement pas obtenu la réponse qu’elle espérait. A en juger par ce qu’elle lui annonça ensuite, il en conclut que ce n’était dut qu’à ses émotions. « Foutaises... Y aura que des p*tains de flics près à te trouer le crâne parce que t'es mutante... et que pour eux t'as tué ces gars. » Marmonna-t-il alors qu’à nouveau il s’approchait d’elle, prêt à l’aider dans sa marche. Rejoindre un lieu fréquenté… Dans son état, c’était comme se rendre directement dans la gueule du loup. S’exposer aux regards de tous, attirer l’attention de tous, mais surtout d’attirer les policiers. Non. Il n’approuvait décidément pas cette idée. Mais Enora semblait confiante, comme si elle savait que s’ils rejoignaient ce McDo, tout serait fini. Peut-être avait-elle raison. Qu’avait-il à perdre s’il l’écoutait au pire ? Pas grand-chose. Et ils ne pouvaient de toute évidence pas rester dans cette ruelle éternellement. Elle devait voir un médecin, et il devait retourner à l’institut avant de faire d’avantage de dégâts.

Elle lui demandait son aide. Etait-il seulement encore en mesure de le lui refuser ? A vrai dire, avec lui on pouvait s’attendre à tout et pourtant… Pourtant il n’émit aucune réponse négative. A vrai dire, il n’avait pas laissé paraitre grand-chose étant donné que malgré ses dires il s’était approché d’elle pour se saisir de son bras, et la laisser se tenir à son épaule. Son contact le rassurait, il semblait presque le calmer. C’était étrange, légèrement déplaisant, mais il ne souhaitait pas pour autant rompre ce dernier. Il lança un rapide regard à Enora. Le sang sur son visage, ses mains, son corps. Sa manière de marcher toujours plus recroquevillée. Elle semblait de plus en plus mal en point. En même temps, qu’est-ce qu’il y pouvait ? On ne pouvait lui reprocher d’être arrivé trop tard, et on ne pouvait lui en vouloir de ne pas être arrivé assez tôt. Le scénario aurait pu être bien plus horrible, elle pourrait être morte ou pire.

La soutenant afin que ses jambes ne cèdent pas sous son poids, il se laissa guider, tachant de garder une allure raisonnable. Si ce « il » avait raison alors il n’y avait plus de quoi s’inquiéter. Quelque chose en lui pourtant lui disait de fuir. De l’abandonner là. Paradoxalement, un autre lui ordonnait de ne pas la lâcher. C’était étrange. Il avait l’impression de ne pas être en accord avec lui-même. L’avait-il déjà été ? Pas depuis un moment. Soupirant, il accéléra un peu le pas. Les bruits de la circulation se firent de plus en plus bruyants. Les vrombissements des moteurs. Les klaxons. Les cris des passants. Resserrant d’avantage son étreinte sur son propre gilet qui reposait désormais sur les épaules d’Enora, Alexandre crispa sa mâchoire, lâchant l’horizon du regard pour lancer des coups d’œil furtifs sur les environs. L’ampoule d’un lampadaire explosa, ce qui le fit presque sursauter. Relevant sa tête dans la direction de l’objet, il marmonna quelque chose entre ses dents. « C’est mauvais… très mauvais... »

Un véhicule de police passa alors qu’ils s’apprêtaient à rejoindre l’avenue que le père au bout du fil avait apparemment indiquée à sa fille. Une simple voiture, mais dans le doute Alexandre se stoppa, se plaquant contre l’un des murs de la ruelle, poussant peut-être un peu trop violemment Enora, il la lâcha même sans le vouloir. Le McDo ne devait pas être très loin, mais il n’était pas sûr de vouloir y aller. Il y avait trop de monde là-bas. Trop d’individus susceptibles de représenter une menace. Il était impossible qu’ils passent inaperçus, et il savait que la nervosité dont il faisait preuve rendait la maitrise de son don plus qu’instable. Sans parler de cette envie intense de s’en servir. « Hey, ça va ? » Il fit volteface. Devant eux se trouvait une femme. La trentaine. Un peu plus sans doute. Le mutant lui lança un regard noir. Une nouvelle ampoule de lampadaire céda, alors qu'il s'avançait d'un pas dans sa direction. Tout fut ensuite très rapide. La femme s'éloigna d'un pas rapide sans demander son reste, sans doute effrayée par le fait de se retrouver en face d'un mutant. On disait tellement de chose à leur sujet à la télévision. Pitoyable. Se retournant vers Enora, son expression malsaine toujours en travers du visage, il s'immobilisa. Il attendait. Il attendait de savoir si elle voulait continuer ou attendre ici. Il attendait une simple parole, quelques mots de sa part pour reprendre la route à ses côté. Espérant toute fois intérieurement ne pas lui avoir fait mal...
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Enora Lacourt-Bourdieux
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MessageSujet: Re: ... But We can try to save us, together. [PV Alexandre Wade]   ... But We can try to save us, together. [PV Alexandre Wade] Icon_minitimeSam 29 Déc - 13:04

Le jeune homme ne semblait pas avoir un avis aussi tranché que Daniel sur la question du lieu public. Et il n'avait pas tord. Combien de temps resterons nous en vie si nous entrions maintenant dans un lieu où nous serions dévisagés, regardés de haut... Et surtout, combien de temps aurons nous avant l'arrivée de la police dans ces lieux? Je priai intérieurement pour que Daniel soit plus rapide qu'il ne l'ait jamais été. Il fallait qu'il arrive rapidement pour nous sortir de ce faux pas, de ce traquenard. Nous nous jetions dans la gueule du loup.

Cependant, même si Alexandre ne semblait pas rassuré sur ce fait et qu'il jugeait cela de folie, il ne me laissa pas tomber. Il me reprit le bras, me laissant reprendre appui sur son épaule. Je le regardai avec une reconnaissance inégalée. Qui était-il vraiment pour se mettre en danger de la sorte, pour me sauver la vie? Ses motivations m'échappaient toujours, surtout que j'avais toujours l'impression de n'être qu'un insecte qu'il pouvait écraser en une fraction de seconde. Je ne trouvais toujours pas de raison valable pour laquelle il faisait ça, mais il le faisait et pour l'instant, c'était tout ce qui importait.

Nous reprîmes la route, de notre démarche peu assurée. Je grillai mes dernières forces, mais c'était la rage, l'envie de m'en sortir qui me poussait. Daniel serait au bout du chemin et ce serait la fin. La fin de cette sordide mésaventure que nous n'aurions pas du vivre. C'était comme avancer dans un long couloir, sachant que la sortie se trouverait au bout. Mais jamais vous ne semblait pouvoir l'atteindre. Le Macdo semblait inaccessible. La seule chose rassurante, c'était l'animation urbaine qui grandissait à chaque pas. Les sirènes de police, bien que toujours présentes, furent dissimulées derrière l'agitation New Yorkaise. Des gens passaient au loin, traversant la rue que nous remontions ensemble. Mais si cela me rassurait, Alexandre m'effrayait.

L'ampoule d'un lampadaire explosa derrière nous. Les débris de verres tombèrent, cinq mètres plus bas, faisant miroiter le macadam. Le jeune homme marmonna quelque chose que je compris. Non, ça n'allait pas. Il semblait ne plus trop pouvoir se contrôler. Je voulus prendre la parole mais il me projeta contre un mur, me lâchant. Mon dos heurta le béton froid du bâtiment, ébranlant mon corps tout entier. La douleur me traversa, manquant de me faire crier. Mais la vue de la voiture de police me fit garder le silence. Elle passa son chemin, nous permettant de pousser un long soupir de soulagement. Je lâchai un maigre gémissement. Mon flanc droit semblait en piètre état. Je me retournai vers Alexandre quand une voix féminine s'éleva. Je me pétrifiai, incapable de lancer le moindre regard dans la direction d'où elle provenait. Puis, du verre brisé de nouveau, et la jeune femme s'envola. Alexandre l'avait fait fuir.

Mes yeux se reposèrent dans les siens. Son expression... Je l'avais déjà vue, dans la forêt. Et cela n'annonçait rien de réellement bon. Je respirai profondément tandis qu'il attendait que je prenne la parole. M'appuyant contre le mur, je fis un pas vers lui. Nous étions proche de la sortie de la rue. Proches de notre but. Nous devions y arriver. Je refermai ma main sur la sienne, ne cessant de le fixer.

« Je sais que c'est risqué... Qu'on va vouloir notre peau. Mais je sais aussi que cette personne que j'ai appelé viendra, et que peu importé qui il y aura en face de nous, il luttera avec nous. La cavalerie arrive, c'est ce qu'il m'a dit... Alors laissons la faire son boulot et aidons la du mieux que nous pouvons... »

Je lâchai sa main quelques secondes pour enfiler le gilet et le fermer. Bon, ça, c'était fait. Pour le reste, en revanche, cela serait très certainement bien plus compliqué. Ma main se glissa de nouveau dans celle d'Alexandre, mon regard toujours sur lui.

« Je ne sais pas pourquoi tu fais ça... Mais fais moi confiance... On va s'en sortir, tous les deux... Et tu n'auras pas à te servir de ton pouvoir à présent, je te le promet. Il n'y à plus personne qui nous veut du mal. Juste des flics qui cherchent des explications et des gens trop curieux... Aucuns d'eux n'a le droit de nous blesser... Je vais faire de mon mieux pour que l'on passe inaperçus... »

Je tentai un pas en avant, le plus naturellement possible, et seule. Mes jambes tremblaient, mon flanc manquait de me faire crier mais... Je pourrais y arriver. Mes pensées restaient concentrées sur Daniel et son aide qui bientôt serait là. Donc peu m'importait que j'ai l'impression de marcher avec des escarpins vertigineux, un corset trop serré, une jambe de bois ou même une planche dans le dos. Il le fallait. Je me retournai vers le jeune homme avec un mince sourire quand une lumière clignotante se fit voir au bout de la rue. J'écarquillai lentement les yeux.

« De toutes façons, on à plus le choix, viens! »

Je tachai d'entraîner Alexandre vers la sortie, vers le monde, vers notre sauvegarde. Mon pas était tout sauf naturel. Je resserrai mon étreinte sur la main d'Alexandre à chaque pas. Autour de nous, les gens semblaient ne pas comprendre la raison de mon état. Mais nous ne devions pas nous en préoccuper. Le Macdo était là. À une dizaine de mètres. Bientôt, nous serons en sécurité. Mais derrière nous, les sirènes retentirent de nouveau. N'adressais un regard inquiet à Alexandre. En aucun cas, il ne fallait qu'il perde le contrôle ici et maintenant. Sinon, c'était sur, on était bon pour la prison et peut être plus... Mais je lui faisais confiance. J'étais prête à essayer de l'aider comme il l'avait fait pour moi. La seule chose qui me faisait peur, c'était que mon aide, il pouvait encore la refuser, comme la première fois...
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Alexandre Wade
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MessageSujet: Re: ... But We can try to save us, together. [PV Alexandre Wade]   ... But We can try to save us, together. [PV Alexandre Wade] Icon_minitimeSam 12 Jan - 19:59

Tout en parlant, Enora s’était avancée de quelques pas des plus hésitants dans sa direction, venant prendre en otage l’une de ses mains. Elle disait être consciente des risques, consciente de ce qui pouvait leur arriver, le meilleur comme le pire. Mais elle semblait aussi confiante. Confiante en cet inconnu, ce « il », cet étranger au bout du file. Selon elle, ce père serait là. Après tout, n’était-ce pas la tâche d’un père d’être là pour sa fille, dans les bons comme les mauvais moments ? En effet. Il fut un temps, son propre père aurait fait de même. Peut-être serait-il venu aujourd’hui s’il était encore de ce monde. Rien n’était moins sûr mais en se disant ça Alexandre tentait de se convaincre lui-même qu’Enora était dans le vrai. Elle avait raison. Une fois de plus… Cela en devenait presque énervant. Tenant fermement sa main, ne cessant de la fixer, il l’écoutait en silence, les yeux légèrement plissés.

Lorsqu’elle retira sa main pour se vêtir correctement du gilet noir, il détourna son regard, venant plonger ses yeux sur le bout de l’allée. Il était facile de deviner l’affluence de passant d’ici. Reportant son attention sur Enora qui venait de reprendre sa main, de nouveau il l’écouta. Son ton, ses mots, le tout donnait une impression d’une légère perte d’assurance. Elle se contredisait même. « Fais-moi confiance. » « Tous les deux. » « Je te le promet. » « Plus personne qui nous veux du mal. » Par ses paroles, Alexandre avait l’impression qu’elle cherchait à se rassurer, à se donner du courage. Elle avait peur, et c’était compréhensible. La laissant faire quelque pas seul, sans pour autant rompre le contact visuel qui s’établit entre eux deux. Ce fut elle qui détourna la première son visage, venant poser ses yeux derrière lui. Une voiture venait d’apparaitre au loin. « Viens ! » Ne réagissant qu’une dizaine de secondes plus tard alors que la jeune fille tentait de l’entrainer dans sa course. Laissant échapper un soupire alors qu’il prenait une grande inspiration, le mutant s’élança vers l’avant, se saisissant sans aucune douceur de l’épaule d’Enora. Il n’avait plus le temps pour ça. Ils devaient fuir. Peu importait si elle souffrait ou non, ils ne pouvaient plus marcher. Seul restait à espérer qu’elle tiendrait le coup le temps de rejoindre le McDonald’s. De toute façon elle n’avait pas le choix.

Lorsqu’ils arrivèrent à la fin de la petite rue Alexandre lâcha l’épaule d’Enora, venant se saisir de son avant bras ce qui lui permis d’accélérer son allure tout en la tirant plus facilement. Derrière eux les sirènes de nouveau se firent entendre. Accentuant son étreinte, il s’engagea à toute vitesse entre les promeneurs, en bousculant plus d’un au passage, fermant les yeux dès qu’il rentrait en contact avec quelqu’un. Intérieurement il bouillonnait. Ses pensées se mélangeaient. Son cœur s’excitait, bouchant ses oreilles de ses battements toujours plus puissants. La peur ? Une certaine appréhension. Subitement il vira sur la droite, le McDo était là, devant eux, se détachant de lot de boutiques en tout genre par son imposant « M » jaune. A quand remontait son dernier repas dans un fastfood ? Plusieurs années, plus de quatre ans.

Lorsqu’il poussa la porte, la vitre de cette dernière se volatilisa en une multitude de petits bouts de verre. Quelle idée aussi, de faire des façades de vitres ? Ramenant Enora auprès de lui tendis que la plupart des individus présent à l’intérieur des bâtiments se retournèrent dans la direction de l’entrée. L’endroit si bruyant était en quelques secondes devenus aussi silencieux qu’une église. La demoiselle s’était-elle prise quelques bouts de verre ? Alexandre l’ignorait. Ne lui lançant pas le moindre regard, trop occupé à chercher une échappatoire en ce lieu inconnue, il s’engagea rapidement entre les rangées dans la direction des toilettes. Poussant la planche de bois lui barrant l’entrée de ces derniers, il pénétra dans la petite pièce vivement éclairée d’une blanche lumière. Lâchant Enora, il rabattit la porte derrière eux, prenant soin de refermer le verrou. Un verrou. Ce n’était pas grand-chose un verrou, mais c’était toujours un obstacle de plus entre le monde extérieur et eux. Une fois assuré que la porte était verrouillée il se retourna, venant y appuyer son dos et se laissant glisser jusqu’au sol. Il devait reprendre son souffle. Leur course - aussi courte fut-elle - l’avait essoufflé. Sans doute le fait de devoir retenir son don avait grandement participé à son épuisement.

Passant une main dans les cheveux, il releva enfin ses yeux dans la direction d’Enora. « Ça va ? » lui lança-t-il plus par reflex que par réel intérêt. Lui adressant toute fois - l'espace de quelques secondes - un regard inquiet. Un sourire s’était décidé sur ses lèvres. Un sourire d’amusement. Sourire qui s’évapora au moment même où le son d’une chasse d’eau retentit. Une femme brune, la quarantaine, vêtue d’un simple jogging violet et d’un haut blanc venait de faire irruption dans leur champs de vision. Ainsi ils étaient entrés dans les toilettes pour filles. Quelques secondes elle resta figée à les observer. Lorsqu’elle entre-ouvrit ses lèvres comme pour parler, Alexandre la coupa. « Retourne là dedans. » Sa voix était agressive. C’était voulut. Appuyant ses paroles d’un signe de tête en direction de la petite cabine, il constata qu’elle ne bougeait pas. Aussitôt il se releva, s’approchant de quelques pas. « Je répète ? » Les deux miroirs explosèrent. Cela suffit pour qu’il se fasse obéir par cette inconnue qui alla prendre place sur le cabinet.

« Tu peux… » Cette fois-ci il s’adressait à Enora. Grimaçant, coupant sa phrase il s’approcha des robinets. Il n’eut pas le temps de poser sa main dessus que ce dernier explosa, laissant jaillir un filet d’eau qui l’éclaboussa. Marmonnant quelques mots incompréhensibles tout en se reculant, il vint reprendre place sur le sol, non loin d’Enora, adressant un regard noir à celle qu’on pouvait considérer comme un otage. « Et maintenant ? ». La jambe prise de tremblements, quelques griffures commencèrent à se dessiner sur son bras droit, nu. Des bruits montaient de la salle principale du McDonald's, mais il faisait tout son possible pour faire ne pas y faire attention. Restait à espérer que l'aide tant espérée par la jeune mutante ne tarde pas...
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Maeva N. Hunter
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MessageSujet: Re: ... But We can try to save us, together. [PV Alexandre Wade]   ... But We can try to save us, together. [PV Alexandre Wade] Icon_minitimeJeu 17 Jan - 15:49

    Je me sentais comme en trop. Attachée dans sa voiture par la ceinture, alors qu'on roulait après avoir pris le ferry, je n'arrêtais d'observer Daniel. Jamais je ne l'avais si … féroce.
    Ça faisait deux minutes qu'on était sur la route, ou plutôt qu'il tenterait de vaincre le continuum espace-temps. C'était flippant, ma main du côté portière était crispée sur l'accoudoir, ou je menaçais d'enfoncer mes ongles à chaque tournant. Depuis qu'on était monté dans le ferry, je n'avais pas osé ouvrir la bouche, par peur je l'avoue. Il semblait si tendu, plus qu'un foutu string. J'avais peur de ses réactions, de ce qu'il pourrait faire. Rien que le regarder, aussi fixement relevait de l'exploit de courage vu la fureur que je ressentais émaner de lui. Ce n'était plus le même, je ne l'avais jamais vu aussi émotif, aussi ''humain'' et ça me faisait trembler presque.
    Parce que là, il était imprévisible. Et dangereux, en témoignait le sabre qu'il avait passé à sa ceinture. Je devais le surveiller. Chaperon, c'était mon boulot, mais là, c'était pas pour les grosses pommes que je le faisais, mais bien pour lui, pour lui éviter de faire une connerie qu'il pourrait regretter toute sa vie. Sa fille, qu'on allait récupérer, si on tombait sur ses agresseurs au passage, comment réagirait-il ? Sûrement qu'il tentera de leur faire la peau, je ne pouvais que le comprendre, j'aurais sûrement eu la même réaction … ou plutôt j'avais eu ce type de réaction envers ceux qui tentait de blesser Neera.
    Ma respiration que j'avais réussie à calmer après ma folle-poursuite avait repris un rythme un peu plus court, surtout dans les putains de virages, mon cœur battait plus fort, par l'appréhension de ce qui allait suivre. Je craignais énormément ce qu'il pouvait faire. Je ne savais pas ce qu'il pourrait bien tenter. Qui sait s’il serait pas capable de me balancer hors de la voiture ? Je pensais le connaître assez pour savoir qu'il n'irait pas jusqu'à là, mais pourtant, le fait qu'il m'ait au final si peu parler, qu'il m'en ai si peu me faisait penser que je devais m'attendre à tout. Après tout, je venais tout juste de découvrir qu'il avait une fille !

    Je ne saurais dire si c'était du courage, ou alors de la folie, mais je réussi enfin à ouvrir ma bouche, pour parler. :


    -Que comptez-vous faire avec votre arme Daniel ?


    Je ne lui laissais pas le temps de répondre, j’enchaînais aussitôt, le cœur battant plus fort en même temps que mon ton. Mon but, tenter de le calmer, pour éviter l'irréparable.

    -Je devine ce qui vous traverse l'esprit, vous voulez la protéger, mais c'est pas ainsi que vous devez faire. La lame que vous portez ne sauvera pas votre fille. Elle ne fera que vous apportez des ennuis, et risquerai même de se retourner contre vous. Vous comptez quoi ? Tuer de vos mains ceux qui lui ont fait de mal, alors que vous-même êtes de ceux qui sont censé protéger ? Chercher vengeance ? Ça ne vous apportera rien si ce n'est des larmes et des remords …

    J'en savais quelque chose, et j'espérais pour une fois qu'il ait lu mon dossier, même si je détestais cette idée, pour qu'il sache que même si je n'avais pas la même expérience du monde que lui, je savais de quoi je parlais …


    -Votre fille va avoir besoin de vous, pas de cette arme. Ses mecs, on les foutra à l'ombre mais sans votre arme. Tentez quoique ce soit, et je n'hésiterai à vous foutre une baffe, c'est clair, tout grand dadet que vous soyez.

    Je tentais d'avoir l'air convaincante mais c'était assez laborieux. Lui coller un pain ? Même si la tentation était grande, je n'oserai jamais. Mais me mettre entre la lame et la victime, ça, je le ferais, même si c'étaient des mecs irrécupérables, ce n'était ni à nous de les juger, ni à nous de rendre la sentence. Je croyais encore la justice, quelque qu'elle soit, légale ou non, qu'elle soit une Ombre dans la nuit, ou un vieux con dans un bureau. J'avais confiance en lui, et j'espérais que je n'aurais pas besoin de lui montrer qu'il avait tort, parce que le sang coulerait sûrement.
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Daniel Hopes
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MessageSujet: Re: ... But We can try to save us, together. [PV Alexandre Wade]   ... But We can try to save us, together. [PV Alexandre Wade] Icon_minitimeSam 19 Jan - 17:44